(Seize heures quatre minutes)
M. Legault
: Oui, merci,
tout le monde. Rebonjour, tout le monde. Comme on l'a dit au cours des derniers
jours, on va avoir deux grands défis au cours des prochains mois, un défi du
côté de la santé, mais un défi aussi du côté de l'économie. Je veux aujourd'hui
vous parler d'économie avec mes deux collègues. Évidemment que le coronavirus,
la pandémie mondiale va avoir un impact très important, un impact très négatif
sur l'économie mondiale, incluant l'économie du Québec. Il va y avoir, en fait,
quatre impacts négatifs.
Premier impact, les échanges
internationaux. On va avoir moins d'exportations. Nos entreprises vont avoir
moins d'exportations puis on va avoir des entreprises aussi qui vont avoir de
la difficulté à avoir des matières premières ou des intrants, donc vont être
obligées de limiter leur capacité de production. Ça, c'est le premier impact
négatif.
Deuxième impact négatif, tourisme et
culture. Évidemment, on va avoir beaucoup moins de touristes. Et toutes les
activités culturelles, bien, il va y avoir beaucoup moins de gens, que ça soit
des touristes de l'étranger ou même des touristes québécois, étant donné qu'on
ne souhaite pas voir de rassemblements pendant un certain temps. Donc, ça,
c'est le deuxième bloc d'impacts négatifs.
Le troisième bloc d'impacts négatifs en
économie va venir des investissements des entreprises. La confiance des
investisseurs, c'est très important pour les décisions d'investir ou non. Ce
qu'on a senti depuis quelques jours, c'est que des entreprises, que ça soit des
entreprises québécoises ou ailleurs, ont mis sur la glace leur projet
d'investissement. Donc, on va voir une baisse des investissements des entreprises,
donc une baisse des emplois.
Quatrième impact négatif du côté de
l'économie, la baisse du prix des actions en bourse. Étant donné que les gens vont
voir leur portefeuille diminuer de valeur, ça va avoir un impact important sur
la consommation. Quand on est moins riche, on consomme moins. Donc, c'est le
quatrième impact.
Donc, tout ça va effectivement nous amener
des impacts très négatifs sur l'économie, les emplois, les revenus du
gouvernement et les revenus des entreprises.
On va, au cours des prochains jours,
annoncer des mesures dans trois grands groupes de mesures.
Premier groupe de mesures, puis je vais y
revenir tantôt avec mon collègue Jean Boulet, c'est pour aider les individus,
entre autres, à très court terme, les individus qui doivent s'isoler, mais
aussi les individus, éventuellement, qui vont perdre leur emploi.
Deuxième groupe de mesures, les
entreprises. Il y a déjà beaucoup d'entreprises qui nous appellent, qui
appellent chez Investissement Québec. Il va y avoir beaucoup d'entreprises qui
vont avoir des problèmes de liquidités. Donc, étant donné qu'ils ont moins de
revenus, bien, ils vont avoir des problèmes de liquidités. Donc, ce qu'on va
faire dans un premier temps, c'est d'aider avec des prêts aux entreprises
rapidement. Et, par la suite, bien, il y a une partie de ces prêts qui vont
être convertis en aide directe, là, après analyse des dossiers puis des
perspectives pour chacune des entreprises. Mais, pour être capables d'aider les
entreprises rapidement, on va commencer par des prêts rapides à ces
entreprises.
Troisième groupe d'entreprises. Étant
donné qu'il va y avoir une baisse du secteur privé, bien, c'est un peu normal
qu'on veuille stimuler l'économie avec une hausse des investissements publics.
Donc, vous savez qu'on a ce qu'on appelle, au Québec, le PQI, le Plan québécois
des infrastructures. Ce qu'on va vouloir faire, c'est d'accélérer tout ce qu'on
est capables d'accélérer.
Et il y a trois grands groupes d'infrastructures,
trois très importants. Évidemment, on va commencer par la santé parce qu'on va
faire d'une pierre deux coups en investissant en santé. En améliorant les
capacités d'accueil de notre réseau de la santé, on va s'aider pour notre défi
en santé, mais on va aussi s'aider pour créer des emplois, entre autres, dans
le secteur de la construction.
Les deux autres endroits où c'est
important puis qu'il y a beaucoup d'infrastructures, ce sont les routes, donc
tout le transport, puis l'éducation. Donc, il y a déjà beaucoup de projets de
déposés. Ce qu'on va essayer de faire, c'est, dès les prochaines semaines,
devancer tout ce qu'on est capables de devancer, des infrastructures qui, de
toute façon, devaient être faites. Mais ça va nous permettre, entre autres... Par
exemple, les gens, qui, peut-être, construiront moins de maisons, bien, ils
vont construire des infrastructures publiques.
Moi, j'ai déjà, à quelques reprises, parlé
à Justin Trudeau sur ces trois groupes de mesures. Puis notre objectif, c'est
de s'arrimer le plus possible, c'est-à-dire que ça soit le moins compliqué
possible et pour les individus et pour les entreprises, idéalement, qu'il n'y ait
pas besoin de cogner à deux portes pour avoir de l'aide, mais qu'il y ait une
espèce de guichet unique. Donc, on a des discussions avec le gouvernement
fédéral.
Bon, aujourd'hui, on annonce un nouveau
programme pour les individus. Pourquoi c'est important de le faire? Parce qu'il
faut un incitatif pour que les gens qui ont des symptômes, qui ont voyagé, qui
doivent s'isoler, bien, qu'ils n'hésitent pas à s'isoler parce qu'ils ont peur
de perdre des revenus en n'allant pas travailler. Donc, l'idée, c'est de dire :
Il faut qu'il y ait un superprogramme pour aider les personnes qu'on veut qui
s'isolent. J'ai parlé de ça encore ce matin avec M. Trudeau, et ce qu'il m'a
dit, c'est qu'il arriverait avec une bonification de l'assurance-emploi d'ici
deux ou trois jours.
Mais moi, je veux tout de suite,
aujourd'hui, donner un signal très fort pour dire : Les personnes qui
doivent s'isoler, si vous n'êtes pas éligibles au nouveau programme
d'assurance-emploi du gouvernement fédéral, nous, on va avoir un programme,
entre autres, pour les travailleurs autonomes, mais pour toutes les personnes
qui ne seront pas couvertes par l'assurance-emploi. Ce programme-là va
s'appeler PATT, P-A-T-T, un programme d'aide temporaire aux travailleurs qui
sont touchés par le coronavirus.
Bon, le montant qu'on a fixé pour que ça
soit simple et rapide à gérer, c'est qu'on a pris le maximum actuellement qui
est donné pour l'assurance-emploi, c'est-à-dire 573 $ par semaine. Donc,
les personnes, on leur demande de s'isoler pour deux semaines. Bon, il y en a
qui vont devoir s'isoler un peu plus que deux semaines si elles continuent
d'avoir des symptômes. Donc, ces personnes-là, ça serait limité à quatre
semaines, donc, mais la grande majorité des personnes, ça serait pour deux
semaines.
Puis encore une fois, évidemment, étant
donné qu'on veut agir rapidement, pour le bien de l'ensemble de la société
québécoise, on compte sur la bonne foi de tout le monde, là. Donc, ça, ça va
être important, là, qu'on s'entende bien, ce sont les personnes qui doivent
s'isoler et qui vont avoir le droit de demander 573 $ par semaine et les
personnes qui n'auront pas le droit à l'assurance-emploi. Donc, on veut
s'assurer, là, qu'il n'y ait pas du dédoublement, que les gens ne demandent pas
et à Ottawa et chez nous.
Donc, Jean est en train de mettre en place
un formulaire. Je pense qu'il va être disponible dans les prochains jours. On
va essayer de, d'ici, maximum, une semaine, être capables d'émettre les
chèques, là, pour que les gens qui se retrouvent en difficulté soient capables
d'être aidés. Mais, absolument, là, l'idée, c'est de dire : Limitez la
contagion. Donc, tous ceux qui doivent s'isoler, on veut envoyer un signal. C'est
important, si vous revenez de voyage, si vous avez des symptômes, de rester à
la maison. On vous aide financièrement.
Donc, là-dessus, je passe d'abord la parole...
parce que j'aurais dû le dire au début. Je vous le disais, il y a trois grands
groupes de mesures. Il y a un comité de vigilance économique qui été mis en
place. Puis ce comité-là est présidé par le ministre des Finances, Eric Girard,
à qui je passe la parole.
M. Girard (Groulx) : Merci, M.
le premier ministre. Alors, je vais lire un bref communiqué. Et ça me fera
plaisir de prendre vos questions par la suite, après que mon collègue, le
ministre Boulet, ait parlé.
Alors, le premier ministre m'a demandé de
former une équipe de vigilance économique qui inclut les ministres de
différents secteurs économiques particulièrement affectés par la crise que nous
vivons actuellement. Le rôle de l'équipe est d'évaluer et suivre l'évolution de
la situation économique mondiale et québécoise, et, selon les différents
scénarios possibles, elle déterminera les meilleures actions à poser pour
soutenir l'économie du Québec.
Nous avons tenu notre première rencontre
samedi matin par téléphone. Chaque ministre nous a informés de la situation qui
touche les travailleurs et entreprises de son secteur. Avec leurs équipes,
chaque ministre s'est déjà assuré d'être en contact constant avec les acteurs
du milieu afin de bien prendre le pouls de la situation sur le terrain. En
équipe, grâce à ces informations, nous travaillons à trouver les mesures les
plus efficaces qui viendront en aide autant aux particuliers ainsi qu'aux
entreprises.
Par ailleurs, je maintiens un contact
constant avec les ministres des Finances de l'Ontario et du Canada ainsi que
les dirigeants de nos principales institutions financières. L'objectif est
d'aider les Québécois et nos entreprises rapidement. L'annonce d'aujourd'hui
est un premier geste ciblé. D'autres mesures suivront.
Sur ce, je passe la parole à mon collègue Jean
Boulet, ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
M. Boulet : Merci, Eric. M. le
premier ministre, représentants des médias, évidemment, ça me fait plaisir
d'être ici avec vous, mais pour annoncer une mesure qui nous apparaît
fondamentale pour les Québécois et les Québécoises.
Comme le mentionnait le premier ministre,
on met en place un programme d'aide temporaire aux travailleurs dans le cadre
de la pandémie COVID-19. Et ce programme-là, essentiellement, il vise à
soutenir financièrement les travailleurs qui sont invités à un isolement et qui
ont une perte temporaire de revenus de travail. Je pense que c'est important de
rappeler les personnes qui sont invitées à s'isoler : d'abord, les
personnes qui ont contracté le virus, deuxièmement, les personnes qui ont des
symptômes du virus, soit la fièvre, toux ou problèmes respiratoires,
troisièmement, des personnes qui ont été en contact avec des personnes
infectées et enfin des personnes qui reviennent de l'étranger.
Ce programme-là, il vise donc les
travailleurs qui sont en isolement ou susceptibles de l'être, qui ne peuvent
pas travailler et qui ne peuvent pas être compensés soit par leur employeur
soit par un programme d'assurance invalidité ou par un autre programme
gouvernemental et qui ne sont pas admissibles aux prestations
d'assurance-emploi. On veut vraiment diminuer la pression vécue par les
travailleurs qui ne sont pas admissibles à un programme de remplacement de
revenus, notamment l'assurance chômage.
Donc, notre gouvernement souhaite que
personne ne soit préoccupé par la perte de revenus causée par un isolement et
veut limiter la propagation du virus. En contexte d'urgence sanitaire, tous les
Québécois ont un devoir civique d'éviter la propagation du virus. Par cette
mesure, nous invitons les Québécois et les Québécoises à faire preuve de
solidarité civique et à respecter leur période d'isolement de manière
préventive. L'aide octroyée sera aussi, comme le mentionnait le premier
ministre, 573 $ par semaine. C'est une prestation non imposable pour une
période d'isolement de 14 jours, qui peut aller cependant jusqu'à concurrence
d'un mois si c'est nécessaire. Ça va être offert le temps que la situation soit
résorbée ou, évidemment, que le gouvernement fédéral ait mis en place un
programme d'aide. Et à ce moment-là on va s'adapter parce qu'on veut éviter les
dédoublements. Et, comme le mentionnaient Eric et le premier ministre, moi
aussi, je suis en contact fréquent avec mes homologues à Ottawa.
Pour le versement de ces sommes, on va
compter sur la collaboration de la Croix-Rouge. D'ailleurs, le V.P. de la Croix-Rouge,
M. Pascal Mathieu, est avec nous. Il est responsable des opérations pour le
Québec. La Croix-Rouge a l'infrastructure, les moyens, les ressources
nécessaires. Souvenez-vous des résultats atteints lors des incendies de Fort
McMurray en 2016. Ça avait permis de transmettre des compensations à un peu
plus de 80 000 personnes. Ils vont déposer par dépôt bancaire ou par carte
prépayée pour éviter que les gens aient à se déplacer dans le contexte actuel.
Donc, dès maintenant, j'invite les gens à
consulter Québec.ca pour connaître les détails d'admissibilité. Le formulaire
va être disponible ce jeudi. On anticipe que les versements puissent se faire
dans un délai de 48 heures de la demande. Et, je le répète, on veut vraiment
agir de façon parallèle à ce qu'Ottawa va annoncer. Je rappelle aux Québécois,
Québécoises qu'ils peuvent obtenir des renseignements aussi sur le site Web Québec.ca
et, par la suite, en utilisant la ligne dont on fait souvent référence, le 877 644-4545,
tous les jours, de 8 heures à 20 heures.
Et, pour augmenter notre capacité à
répondre aux interrogations des citoyens, mon ministère a mobilisé, bon,
Retraite Québec, la SAAQ, Revenu Québec, la commission des normes, équité,
santé et sécurité, la Régie de l'assurance maladie du Québec. On fait
l'interconnexion de nos centres d'appel. Et je veux profiter de l'occasion pour
remercier tous ceux qui contribuent à répondre de façon diligente aux
interrogations des Québécois et des Québécoises.
Donc, pour conclure, on est, vous le
savez, en contexte d'urgence sanitaire. Tous les travailleurs ainsi que les
employeurs ont un devoir civique afin d'éviter la propagation du virus. C'est important
de simplifier la vie aux travailleurs, d'offrir l'équité à tous les Québécois,
sans que le revenu ne soit un frein pour ceux qui sont invités à se placer en
isolement. La situation étant exceptionnelle, je réitère aux employeurs notamment
de faire preuve de compréhension, d'accommodement et de flexibilité. Alors,
voilà. Merci.
Le Modérateur
: Alors,
pour les questions, on va commencer avec Mathieu Dion, en vous invitant à vous
limiter à une question et à une sous-question.
M. Dion (Mathieu) : Bonjour,
M. Legault. Combien d'argent a été réservé pour les mesures que vous annoncez aujourd'hui?
Est-ce qu'il y a un montant, là, très précis?
M. Boulet : Donc, c'est une
période d'isolement de deux semaines, jusqu'à concurrence d'un mois. On va
s'adapter avec ce qu'Ottawa va annoncer. Si jamais on se rendait, ultimement, par
exemple, au 31 décembre cette année et qu'on se fie sur une hypothèse de 10 %
des travailleurs qui pourraient être affectés par les conditions dont j'ai fait
état, ça représenterait un montant de 150 millions et ça couvrirait
jusqu'à 65 000 travailleurs.
Le Modérateur
: Ça va?
Michelle Lamarche, TVA.
Mme Lamarche (Michelle) : Par
rapport aux parents, par exemple, qui doivent rester à la maison, qui ne sont
pas en isolement, pourquoi ça ne les concerne pas aujourd'hui? Et est-ce que le
fédéral vous a assurés que, de son côté, il y aura une aide directe pour les
familles qui sont touchées?
M. Legault
: Bien,
écoutez, d'abord, nous aussi, on n'exclut pas d'annoncer d'autres aides
éventuellement pour les personnes qui doivent rester à la maison. Déjà, on a
annoncé que ceux qui travaillent pour la fonction publique, incluant, par
exemple, le réseau de l'éducation, à qui on demande de rester à la maison pour
deux semaines, eux autres vont être payés à 100 %. Donc là, il faut
évidemment, là, qu'on pousse un peu pour que le gouvernement fédéral annonce
son programme puis on va s'ajuster. Mais là, aujourd'hui, c'est une annonce
pour les personnes qui doivent s'isoler à la maison. C'est ça qui est le but de
l'annonce. Ça ne veut pas dire qu'il n'y en aura pas d'autres.
M. Boulet : Il y a quand même
une dimension sanitaire à l'annonce d'aujourd'hui, la dimension économique. On
travaille, comme l'a dit le premier ministre, avec Ottawa. Il faut distinguer
entre les travailleurs qui doivent s'isoler, ce qui est pertinent à l'annonce
d'aujourd'hui, des travailleurs qui perdent leur emploi. Puis ça, il y aura une
forme de compensation financière. Il y aura des mesures économiques. Et ça, ce
sera fait par notamment mes collègues. Et moi, j'aurai aussi des mesures
spécifiques en ce qui concerne les travailleurs qui voient leur nombre d'heures
de travail diminuer ou pour éviter des mises à pied dans certains secteurs qui
sont affectés par le virus.
Le Modérateur
: Louis
Lacroix, Cogeco Nouvelles.
M. Lacroix (Louis) : Bonjour,
M. Legault, M. Boulet, M. Girard. On me signale qu'il y a des employeurs qui
sont assez intransigeants envers certains employés puis qui refusent que les
employés se mettent en isolement pour une période de 14 jours, qui ne croient peut-être
pas au bien-fondé de ces mesures-là. Est-ce que c'est une obligation pour les
employeurs d'aider ou de venir en aide à leurs employés, première des choses?
M. Boulet : Bien, écoutez, si
vous me permettez, oui, c'est une obligation, et je le rappelle fréquemment aux
employeurs. Puis il y a même un article de la Loi sur la santé et sécurité du
travail qui impose aux employeurs de prendre les mesures nécessaires et
appropriées pour protéger la santé, la sécurité et l'intégrité de leurs
travailleurs. Donc, oui, c'est une obligation.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
qu'il pourrait y avoir des sanctions à l'égard de certains employeurs qui
pourraient y aller jusqu'à des congédiements, par exemple? Surtout dans les
PME, là, on peut penser que...
M. Legault : Je veux juste
dire, là... Évidemment, il y a la loi, mais il y a aussi la situation actuelle.
Moi, je veux faire appel à la bonne foi, à la compréhension, à la souplesse des
employeurs. On est dans une situation exceptionnelle. Moi, je leur demande de
collaborer.
Le Modérateur
: Tommy
Chouinard, La Presse.
M. Chouinard (Tommy) : Je
reviens avec un élément qu'on a abordé un peu plus tôt, sur la disponibilité
des soins intensifs et des respirateurs. Quel est l'état des lieux, M. le
premier ministre, à l'heure actuelle? Est-ce que c'est suffisant?
M. Legault : Oui. Écoutez, ça
fait partie évidemment des analyses qui sont faites selon différents scénarios.
Donc, pour répondre à votre question, il faudrait que vous me disiez : Ça
va être quand, le «peak» du nombre de personnes qui vont être dans les hôpitaux?
Et là je pourrais répondre, mais là on a différents scénarios. Mais j'aimerais,
là, qu'actuellement on s'en tienne à l'économie. On fait une conférence de
presse chaque jour pour parler de la santé, là. Donc, j'aimerais ça qu'on se
concentre sur l'économie. Mais Danielle McCann suit ça de très proche. Et on
est en parfait contrôle dans le réseau de la santé actuellement. Mais
évidemment ça dépend des projections qu'on fait dans les prochaines semaines.
M. Chouinard (Tommy) : Mais
est-ce qu'il y a lieu de s'inquiéter? Est-ce que la population doit s'inquiéter
de la disponibilité des lits de soins intensifs?
M. Legault : Écoutez, ça
dépend des scénarios qui sont envisagés. Ça dépend de quel pourcentage de la
population qui sera infectée, là. C'est pour ça qu'on prend des mesures
préventives le plus possible, pour, comme l'explique le Dr Arruda, là, que le
«peak» soit moins élevé, parce que la principale raison pourquoi on fait ça, c'est
pour éviter qu'il se retrouve trop de personnes en même temps dans notre réseau
de la santé. Donc, ça dépend des projections. Mais, pour l'instant, on est en
contrôle et puis on ne prévoit pas de problème. Dans les scénarios qu'on a, on
ne prévoit pas de problème.
Le Modérateur
: Merci.
Olivier Bossé, Le Soleil.
M. Bossé (Olivier) :
M. Girard, c'est la période des impôts. Qu'est-ce qu'on fait avec ça?
M. Girard (Groulx) : Nous
sommes en discussion avec Revenu Canada. Et notre premier ministre a
mentionné qu'il y a des annonces qui vont suivre. Et, puisque les Québécois ont
deux rapports d'impôt, bien, je pense que ce serait très approprié qu'une telle
annonce soit synchronisée. Alors, j'ai eu plusieurs discussions avec
M. Morneau, Mme Lebouthillier. L'Agence du revenu du Canada parle à
Revenu Québec. On s'en vient avec des précisions. Mais on est conscients que la
date du 30 avril est problématique.
M. Legault : Je ferais juste
une précision, là. Produire son rapport d'impôt le 30 avril, c'est une
chose. Je pense, c'est important. Puis éventuellement, si on a un chèque à
faire, est-ce qu'on le fait le 30 avril? Là, il y a deux choses là-dedans.
On est d'accord?
Le Modérateur
: Ça va?
Patrick Bellerose, Le Journal de Québec.
M. Bellerose (Patrick) : Oui,
bonjour à tous. En France, on a vu les entreprises permettre le travail à temps
partiel ou fermer leurs locaux et payer seulement le salaire minimum.
M. Legault, tantôt, vous avez parlé de collaboration des employeurs. Est-ce
qu'il y a des idées comme ça qui peuvent être mises de l'avant, une flexibilité
pour permettre de garder les emplois même si on ne peut pas faire travailler
tout le monde à temps plein?
M. Legault : Absolument, c'est
le genre de mesure qu'on regarde, par exemple, que les entreprises qui peuvent
mettre en place un programme de formation qui était prévu puis que, pendant un
certain nombre de semaines, les employés qui, habituellement... bien là qu'ils
soient en formation. C'est des choses qu'on regarde avec Jean.
M. Girard (Groulx) : Si je
peux ajouter un point là-dessus, le point de départ est important. Dans la
mesure où on était près du plein emploi, je pense que les entreprises ont un
incitatif à vouloir conserver leurs employés puisqu'il y aura, bien sûr, un
après.
M. Boulet : Puis, oui, comme
le mentionne le premier ministre, c'est important. Puis il y a des employeurs,
d'ailleurs, qui le font. Ils sont en train d'analyser toutes les méthodes
alternatives de travail, dont le télétravail, le travail dans des lieux autres,
pour éviter des rassemblements de trop de personnes, et les nouveaux moyens
électroniques aussi, par la visioconférence. Il y a beaucoup de méthodes
alternatives de travail et ça développe beaucoup la créativité des employeurs
québécois. Et enfin on est en discussion, puis il y aura des mesures à
dimension économique particulièrement, encore une fois, pour éviter des mises à
pied ou pour éviter des réductions d'heures de travail en raison de la
pandémie.
Le Modérateur
: Patrice
Bergeron, La Presse canadienne.
M. Bergeron (Patrice) : O.K.
Je n'allais pas demander de question, mais...
Le Modérateur
: Vous en
avez une? Non, ça va? Alors Mylène Crête, Le Devoir.
Mme Crête (Mylène) : Je voulais savoir est-ce que vous avez un estimé de la perte de
revenus que ça représente pour l'État jusqu'à maintenant, là, l'impact du
coronavirus.
M. Girard (Groulx) :
Disons que ce qu'on fait présentement, on est dans la gestion de la crise. Et
il y aura un post-mortem. Alors, il y a la gestion de la crise. Il y aura
la relance. Et puis, certainement, au moment approprié, on donnera l'état de la
situation. Mais là ça va dépendre de la durée, l'ampleur, la profondeur. Et
donc je vous dirais : Priorité présentement à la santé publique, la
gestion de la crise, aider les travailleurs, les entreprises. Et, bien sûr, au
moment approprié, on fera l'évaluation de tout ça puis on donnera une mise à
jour de l'état des finances publiques.
Mme Crête (Mylène) :
Dans les achats ou, en tout cas, les investissements qui seront accélérés avec
le PQI, je sais que vous avez nommé les secteurs que vous souhaitez prioriser.
Avez-vous des exemples concrets de ce qui pourrait être accéléré comme achats
ou autres?
M. Legault :
Commençons par la priorité des priorités, tous les agrandissements d'hôpitaux,
construction d'endroits pour mettre des lits de façon temporaire. Évidemment,
la santé, c'est la priorité. Puis on peut en profiter pour… Il y avait déjà des
investissements de prévus pour accroître la capacité de notre réseau. Bien, ça,
c'est la priorité. Mais évidemment on va faire appel aux… Je sais que les
municipalités ont beaucoup, beaucoup de projets pour des travaux routiers.
Donc, le président du Conseil du trésor est en train de tout accumuler ça puis
de voir aussi qu'est-ce qui peut être démarré dès les prochaines semaines.
Le Modérateur
:
Charles Lecavalier, Journal de Québec.
M. Lecavalier (Charles) : M. Girard,
est-ce qu'il y a un exemple historique ou… Comment est-ce qu'on pourrait
décrire, là, la crise économique qui va frapper le monde en ce moment?
M. Legault : Bien, écoutez, à
chaque fois qu'il y a une récession, il y a un impact important. Donc, bon, je
ne veux pas m'avancer moi non plus, là, dans les prévisions économiques pour
l'instant, mais on peut penser qu'il va y avoir un ralentissement économique.
Donc, c'est certain, là, que le principe de base en économie... Quand le privé
se retire, c'est important de stimuler l'économie avec le secteur public. Donc,
on va appliquer cette façon de faire là qui est appliquée habituellement durant
les récessions.
M. Lecavalier (Charles) :
J'aimerais vous entendre... Vous avez un peu abordé la question, là, mais sur
les lieux... disons, peut-être pas les hôpitaux préfabriqués, ce n'est peut-être
pas le bon terme, là...
M. Legault : Les modulaires.
M. Lecavalier (Charles) :
...les modulaires, merci, alors ça va ressembler à quoi? Est-ce que vous avez
déjà une idée en tête, un plan sur le nombre de lieux modulaires qui pourraient
être faits?
M. Legault : Bien, encore une
fois, là, j'aimerais être avec Danielle McCann pour qu'elle vous donne plus
d'informations. Mais on travaille sur un plan pour ajouter rapidement, là, des
modulaires qui vont nous permettre d'augmenter le nombre de lits dans les
prochaines semaines.
Le Modérateur
: Gabriel
Béland, LaPresse.
M. Béland (Gabriel) :
Concernant les succursales de la SAQ, SQDC, aujourd'hui, on disait qu'il y
avait des mesures... On demandait aux gestionnaires de succursales de respecter
le concept de la distanciation sociale, réduire le nombre de personnes.
J'aimerais d'abord que vous expliquiez un peu ça. Puis ensuite j'aimerais
savoir si on pourrait les voir fermer dans les prochains jours.
M. Legault : Bien, il ne faut
rien exclure, là, dans les prochaines semaines. Mais, pour l'instant, les
magasins, que ça soit des vêtements, ou la SAQ, ou peu importe ce qu'ils
vendent, ce n'est pas fermé. Ce qu'on demande aux gens, par contre, c'est — puis
on me disait justement que la SAQ faisait un bon travail — s'assurer
que les clients, là, se maintiennent à un ou deux mètres les uns des autres puis
par rapport aux employés. Je pense, c'est ça qu'il faut appliquer partout.
M. Béland (Gabriel) : Et la
logique de laisser ces commerces-là ouverts en ce moment...
M. Legault : Bien, d'abord, il
y a une question, là, d'emploi pour les gens. Et, bien, c'est important, là,
qu'il y ait des services qui soient donnés aussi à la population.
Le Modérateur
:
Marie-Michèle Sioui, Le Devoir.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Bonjour, messieurs. Qui n'est pas admissible à
l'assurance-emploi? Qui aura droit à votre programme?
M. Legault : Bien, ça dépend de
ce que le fédéral va annoncer. Est-ce qu'il y aura un programme pour les
travailleurs autonomes? On sait qu'actuellement les travailleurs autonomes ne
sont, la plupart du temps, pas éligibles. Donc, il faut attendre de voir. Mais,
moi, ce que je veux envoyer comme message aujourd'hui, c'est que tous ceux qui
ne seront pas couverts par le programme actuel et à venir du gouvernement
fédéral, bien, il y aura un programme du gouvernement du Québec, le PATT, pour
donner un montant de 573 $ par semaine.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : On reçoit plusieurs questions d'éducatrices en
garderies non subventionnées, de caissières dans une épicerie, de quelqu'un qui
travaille dans une pharmacie. Si ces personnes-là doivent s'absenter, vous leur
dites : Ne vous inquiétez pas, vous allez être éligibles?
M. Legault : Non, ce n'est pas
ça que je dis. Je dis : Toutes les personnes qui doivent s'isoler parce
qu'elles reviennent de voyage, parce qu'elles ont des symptômes, ces
personnes-là vont être éligibles à ce programme-là. Maintenant, les exemples
que vous mentionnez, ça pourra faire partie de d'autres annonces qu'on fera. Mais
déjà on a dit que les gens qui travaillent pour le gouvernement du Québec, à
qui on a demandé... que ça soit les services de garderies publiques et les
écoles, eux vont recevoir 100 % de leur salaire.
M. Gagnon (Marc-André) : Maintenant,
si je peux m'en permettre une... Marc-André Gagnon, du Journal de Québec.
Vous nous parlez d'infrastructures. Je comprends que vous allez peut-être me
dire : Bon, ce n'est pas la priorité à ce moment-ci, mais parlons
infrastructures. Il y en a qui croient que de grands projets, comme par exemple
celui du troisième lien, sur lequel vous êtes fermement engagé, ou encore la
réalisation du réseau structurant en transport en commun, là, de la ville de
Québec, pourraient être retardés à la fois en raison de ce qui se passe avec le
coronavirus, mais aussi des différents impacts, là, sur le plan économique.
M. Legault
: Bien, il
n'est pas question de retarder quoi que ce soit. C'est le contraire, on veut
accélérer. Puis ce qu'on cherche actuellement, bien, ce sont des dépenses qui
sont non récurrentes parce qu'on ne veut pas s'embarquer dans des dépenses qui
vont se répéter une fois que la situation économique sera rétablie. Donc, la
meilleure approche, c'est de regarder toutes les infrastructures. Il n'est pas
question de retarder. Au contraire, on essaie de tout devancer ce qu'on est
capables de devancer, en donnant la priorité à la santé.
M. Gagnon (Marc-André) : O.K.
Et, bon, le printemps s'amène. Il y avait aussi des investissements attendus
pour prémunir des municipalités du risque d'inondation. Parce que, là, on
demande aux gens de rester chez eux. S'il fallait que le niveau d'eau monte et
qu'on soit obligés d'envoyer les gens, par exemple, dans ces centres
communautaires, des arénas et tout ça, ça irait complètement à l'encontre des
directives que vous avez données.
M. Legault
: Bien, deux
choses. D'abord, si on parle, par exemple, de Sainte-Marthe, les travaux sont
faits ou sont proches d'être terminés. C'est sûr qu'une des choses qu'on
regarde actuellement, ce sont toutes les chambres d'hôtel qui sont disponibles,
là. Les taux d'occupation des hôtels sont très bas actuellement. Donc, ça veut
dire qu'il y a des chambres de disponibles, si jamais c'était nécessaire, avec
les inondations éventuelles, de mettre des gens dans les hôtels. On n'est pas
du tout dans la même situation que l'année dernière.
Le Modérateur
: Merci. Peut-être
une question additionnelle pour M. Chouinard de LaPresse.
M. Chouinard (Tommy) : Est-ce
qu'il est nécessaire d'avoir... Parce que je comprends qu'on demande
l'isolement pour toutes les personnes qui ont voyagé à l'étranger, également
les personnes qui ont des symptômes. Là, est-ce que, là, le programme le donne
sur la bonne foi des gens même s'ils n'ont pas de billet médical, ou preuve, ou
quoi que ce soit, là?
M. Boulet : Non. Les gens qui
reviennent de l'extérieur, vous allez voir dans les informations sur le site
Québec.ca, et ça va faire partie de ce qui est requis dans le formulaire,
d'abord le passeport et aussi le billet d'avion, pour s'assurer que la personne
a effectivement voyagé à l'étranger et qu'elle est de retour au Québec. Donc,
il va y avoir un processus de vérification.
M. Chouinard (Tommy) : Et les
personnes qui ont juste des symptômes puis qui se disent : Je vais me
mettre en isolement, donc là il faut-u un billet de médecin pour ça?
M. Boulet : Bien, écoutez, on
est dans une période un peu extraordinaire. On va se fier beaucoup à la bonne
foi des Québécois. Il faut se serrer la ceinture. On fait confiance aux
personnes qui vont dire effectivement : J'ai de la fièvre, j'ai de la toux
ou j'ai des problèmes respiratoires. On n'est pas dans une période où on va
demander une preuve médicale en béton.
M. Legault
: Il faut
penser aussi que les gens de la Croix-Rouge, il y en a dans toutes les régions,
puis ils sont à proximité des gens. Donc, je pense, ils ont géré des programmes
comme ceux-là, entre autres, l'année dernière, avec les inondations.
Le Modérateur
:
Dernière question pour Mme Sioui, Le Devoir.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Oui. Bien, ça allait dans le même sens, M.
Boulet, c'était sur les critères. Tantôt, vous en avez donné trois, là, avoir
contracté le virus, avoir des symptômes, ou avoir eu des contacts avec des
personnes infectées, ou revenir de l'étranger. Je comprends pour le passeport
puis le billet d'avion. Mais autrement comment les gens vont faire pour prouver
qu'ils sont admissibles au programme?
M. Boulet : Bien, ceux qui ont
contracté le virus, ça aura été diagnostiqué, c'est un cas clair. Ceux qui
présentent les symptômes, je viens de donner les réponses à cette catégorie-là.
Ceux qui ont été en contact avec une personne infectée, on demande, dans les
informations et dans le formulaire, d'identifier la personne infectée. Après ça,
on va faire les vérifications avec la santé publique pour s'assurer que cette
personne a effectivement contracté le virus. Et ceux qui reviennent de
l'étranger, j'ai aussi répondu à cette question-là.
Le Modérateur
: Merci.
S'il n'y a pas d'autre question en français, on va passer aux questions en
anglais, à commencer par Cathy Senay, CBC.
Mme Senay (Cathy) : Well, I'm
following a question of Louis. We're getting messages that large well-known
companies are basically trying to force workers to use their own vacation time
if they work from home or telling them that it's at their own expense if they
choose to do that. What are you doing basically to make sure that all employers
cooperate in this situation? And, if they don't, what do you do?
M. Legault : OK, first, I'm
asking companies for their collaboration. I think that they have to understand
that we are in a very exceptional situation. I'm asking them not to ask for a
proof from the doctor because we need all our doctors to do something else. And
there will be two possibilities. Either they will get some money from the
federal Government with the new program that Mr. Trudeau is supposed to
announce no later than in the next two or three days. That's what he told me
this morning. And, if they don't qualify for this program, then they will
qualify for our program, for a total of $573 a week.
Mme Senay (Cathy) : And also
Saint-Hubert, Tim Hortons, Pacini, they're all restaurants that are partially
closing or totally closing. So what are the measures that you put in place?
Because you said yesterday that it's still important to keep restaurants open
because you need Quebeckers to get some food.
M. Legault : Yes. It will come
with some announcements in the next few days helping companies, including
restaurants, including theaters, all shows. It will come in the next few days.
Today, we're only talking about people that must stay at home
for isolation. That's it. That's all today. But we're working on other programs
for these people.
Mme Senay (Cathy) : But, even with your program today, you're really counting on Quebeckers' good faith?
M. Legault : We count on Quebeckers' good faith, absolutely, yes.
Le Modérateur
: Phil Authier, The Gazette.
M. Authier (Philip)
: Good day again. I would just like to ask Mr. Girard how serious
this is, the possibility of extending the deadline for filing income tax as a
result of the...
M. Girard (Groulx) : Well, the Premier gave the precision. We're looking at two things.
There's the act of filing your income tax return and then there's the question of paying your taxes if taxes are
due, and a substantial portion of Québec citizens do have a payment to do. And also there is monthly and
quarterly remittances by businesses, and we are also looking at that. So we are
in close collaboration, Revenu Québec, l'Agence de
revenu du Canada. I'm speaking with Minister Lebouthillier, Minister Morneau,
and we will have a precise announcement. But we understand that this is a good
way to inject liquidity in the system for both businesses and citizens. It has
been done in the past. So it has proven to be an effective tool to generate
liquidity.
M. Authier (Philip)
:
And, for Mr. Boulet, do you think people are going to be honest enough in such
a program? I know you said you're going to ask for airplane tickets, but it
seems pretty wide open.
M. Boulet :
No. It seems to me that it's very precise. The information that will be
required to fill out the form is very precise. And we have to rely upon people.
We have to rely on the good faith of Quebeckers. It's an exceptional
circumstance. And we have to make sure that everybody who has been infected
isolates themselves in order to prevent the spread or in order to counter the
spread of the virus. I think it's an exceptional measure. And again we call on
Quebeckers to make sure that this is implemented in a good way.
Le Modérateur
:
Raquel Fletcher, Global.
Mme Fletcher (Raquel) : Good afternoon again. You are here today giving this presser before
the federal Government has announced their measures. You said you wanted to
send a strong message to Quebeckers. Are you concerned that the federal program might not be adequate?
M. Legault : No. The indication I had from Mr. Trudeau is that they will improve
their program and they will announce that no later than in two or three days.
So that's fine with me.
Mme Fletcher (Raquel) : What is the message that you're...
M. Legault : My message today is: If you need to be isolated, please do so and
don't hesitate for financial reasons.
Le Modérateur
: Any other questions in English?
M. Authier (Philip)
: And how is your relationship with Mr. Trudeau? There's been
speculation that because of...
M. Legault : Very good.
M. Authier (Philip)
: ...well, that Ottawa seems to have been dragging its feet on a lot
of things, that you're much more proactive. What's the holdup?
M. Legault : I think, at this point, we have to work together. So it's very key
that we work together. It's important.
M. Authier (Philip)
: No disputes between...
M. Legault : No.
Le Modérateur
: Thanks, everyone. Merci, tout le monde. À demain.
M. Legault : Merci, tout le monde.
(Fin à 16 h 46)