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Conférence de presse de M. François Legault, premier ministre, Mme Danielle McCann, ministre de la Santé et des Services sociaux, et Mme Marguerite Blais, ministre responsable des Aînés et des Proches aidants

Situation au Québec quant à la COVID-19

Version finale

Le samedi 14 mars 2020, 13 h

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Treize heures une minute)

Le Modérateur : Bonjour à tous. Bienvenue à ce point de presse du premier ministre François Legault, accompagné de la ministre de la Santé et des Services sociaux, Mme Danielle McCann, la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Mme Marguerite Blais, et du directeur national de la santé publique, Dr Horacio Arruda. M. Legault, à vous la parole.

M. Legault : Oui. Merci beaucoup. Bonjour, tout le monde. Aujourd'hui, on a quatre personnes de plus qui sont infectées au coronavirus, donc pour un total de 21. On a 853 personnes qui sont sous investigation, mais c'est important de dire aussi qu'on a 1 399 personnes qui ont été testées et qui ont reçu un résultat négatif.

Aujourd'hui, je veux vraiment envoyer un message sur les personnes âgées, sur les aînés, parce que les personnes âgées sont beaucoup plus à risque de conséquences graves, alors que les personnes plus jeunes, je veux un peu comme rassurer, incluant les personnes qui ont été infectées, la grande majorité des personnes plus jeunes qui ont été infectées vont s'en sortir, n'auront pas de conséquence grave.

Et je veux partager avec vous les données qu'on a vécues en Chine parce qu'évidemment, en Chine, on a vécu avant nous la situation, donc on peut profiter de ces données-là. Donc, en Chine, quand on regarde par catégories d'âge les taux de décès des personnes infectées, chez les 30-39 ans, c'est 0,2 %, donc moins de 1 %, chez les 40-49 ans c'est 0,4 %, chez les 50-59 ans, c'est 1,3 %, chez les 60-69 ans, 3,6 % et, là, on le voit, là, chez les 70-79 ans, c'est 8 % de décès des personnes infectées, et, chez les personnes qui ont plus de 80 ans, c'est 14,8 % de décès chez les personnes qui sont infectées. Donc, comme vous le voyez, les personnes plus jeunes, les risques sont très faibles. Donc, je veux comme rassurer les personnes plus jeunes, là. Même si vous êtes infectés, les risques de conséquences graves sont très faibles. Mais il faut, comme société, qu'on soit capables de tout faire pour protéger nos personnes qui sont plus âgées.

Donc, aujourd'hui, je veux demander à toutes les personnes qui sont âgées de 70 ans et plus d'éviter de sortir de chez eux. Donc, pendant un certain nombre de semaines, jusqu'à ordre contraire, de demander à toutes les personnes au Québec qui ont 70 ans ou plus de ne pas sortir — à moins que ce soit vraiment, là, nécessaire — de rester chez elles.

J'annonce aussi aujourd'hui que toutes les visites dans les centres de personnes âgées puis dans les hôpitaux vont maintenant être interdites. Ce qu'on veut, c'est évidemment limiter les risques de contagion, donc éviter que des personnes se présentent dans les centres de personnes âgées, dans les hôpitaux, viennent infecter les personnes âgées parce que c'est ça qui est notre plus grand risque au Québec.

Évidemment, aussi, je peux profiter de l'occasion pour répéter aux personnes que ce n'est pas une bonne idée de voyager à l'étranger, peu importe l'âge que vous avez. Quand on regarde actuellement les 21 cas de Québécois qui ont été infectés, ces personnes — je nomme les pays — ont été infectées aux États-Unis, en France, en Italie, en Iran, en République dominicaine, en Inde et sur des bateaux de croisière. Donc, comme vous le voyez, là, c'était un peu partout dans le monde, là, il y a très peu de pays qui sont épargnés. C'est pour ça, là, que j'exhorte les Québécois de ne pas voyager à l'étranger.

Bon, pour ce qui est des visiteurs étrangers, j'ai parlé hier à M. Trudeau, je vais lui reparler aujourd'hui, mais je continue à penser que c'est urgent de réduire le nombre de visiteurs étrangers au Canada, puis là-dessus, le Dr Arruda est très clair.

Bon. Je veux vous dire... Évidemment, là, je vois les gens qui travaillent très fort, entre autres la ministre de la Santé, son équipe. Ce qu'on essaie de faire d'abord, c'est d'avoir le plus de cliniques possible pour tester. Donc, actuellement, on a sept cliniques désignées, puis dans les prochains jours on va en ajouter 12, donc on va en avoir 19. Ce qu'on essaie aussi de faire, là, une grande priorité, puis on a la collaboration, là, du Conseil du trésor puis des différents ministères concernés, c'est d'augmenter le nombre de lits, donc d'avoir des lits dans des locaux temporaires le plus rapidement possible.

Évidemment aussi, une clé importante, puis probablement la plus importante, c'est nos anges gardiens, c'est tous ceux, toutes celles qui travaillent dans le réseau de la santé. J'ai demandé, demain, à rencontrer les représentants syndicaux des employés, infirmières, préposés, médecins, pour essayer de voir ce qu'on peut faire ensemble pour les aider, bon, évidemment voir ce qu'on peut faire aussi avec la négociation qui est en cours, avec la rémunération. Donc, je vais demain à les rencontrer pour en discuter. Donc, on a un peu une espèce de course contre la montre, et, pour freiner le virus, il faut agir vite, il faut prendre des décisions très rapidement. C'est pour ça qu'il faut mettre un peu de côté les règles ordinaires.

Hier soir, j'ai fait un Conseil des ministres pour que le gouvernement adopte un décret pour déclarer l'état d'urgence sanitaire sur tout le territoire québécois. L'objectif de ce décret, c'est d'être capable... Bon, d'abord, le décret est bon pour une durée de 10 jours, mais peut être renouvelable par la suite. L'idée, c'est d'avoir des mesures exceptionnelles qu'on est capable de mettre en place rapidement. Je vous donne quelques exemples : tous les achats, que ça soit pour les lits, pour les médicaments, pour tout ce qu'a besoin la ministre de la Santé — d'ailleurs, le décret donne ces pouvoirs-là à la ministre de la Santé — donc, être capable de procéder sans appel d'offres, donc être capable de faire les achats rapidement, être capable aussi d'ajuster certaines mesures. Par exemple, les médecins demandaient qu'à l'avenir la RAMQ paie pour les actes qui sont faits par téléconférence. Donc, ça va maintenant être possible, Danielle va avoir ce pouvoir-là. On essaie aussi de ramener des infirmières qui étaient retraitées dans le réseau. Aussi simple que de dire... il y en a qui hésitaient à cause de leurs cotisations à l'ordre des infirmières. Bien, là, on va dire : On n'aura plus besoin, elles n'auront plus besoin de payer leurs cotisations à l'ordre des infirmières. Donc, c'est le genre de pouvoirs qui est important de donner... qu'il est important de donner à Danielle pour agir rapidement.

En terminant, bien, vous dire, d'abord, toutes les équipes dans tous les ministères sont mobilisées. Je pense, entre autres, à l'Éducation puis le ministère de la Famille, on travaille très fort, là, avec la Santé pour que les personnes qui travaillent dans le réseau de la santé puis qui ont besoin de services de garde, bien, qu'on soit capables de leur offrir. Donc, on est en train de faire un inventaire, puis on travaille autant du côté des services de garde que des écoles.

Je veux aussi vous dire, là, évidemment, la priorité, c'est la santé, mais je comprends très bien les impacts économiques, puis on va, dans les prochains jours, annoncer des mesures, d'abord pour les individus... bon, encore là, on veut s'arrimer avec le gouvernement fédéral parce qu'il y a des personnes qui ont droit à l'assurance-emploi, il y a des personnes qui n'ont pas droit à l'assurance-emploi. Donc, nous, notre objectif, là, c'est qu'on soit capables de compenser financièrement tous ceux qui auraient besoin de s'isoler, qu'il n'y ait pas d'incitatif, là, à aller... a être obligés de prendre le risque d'infecter d'autres personnes sur les lieux de travail.

Je réalise très bien aussi qu'il y a des entreprises pour qui c'est très difficile. Je pense, entre autres, à tout le secteur de la culture, les travailleurs autonomes. Donc, Pierre Fitzgibbon est en train de travailler, encore là, avec le gouvernement fédéral. On essaie de s'arrimer. Il y a la BDC, là, qui va annoncer des mesures, mais on voudrait simplifier la vie aux entreprises, aux travailleurs autonomes, pour ne pas qu'ils aient besoin d'aller cogner à trop de portes, là, donc, être capable de bien s'arrimer. Ça va être annoncé dans les prochains jours.

Mais évidemment, là, la priorité des priorités, c'est la santé. Bon, j'ai parlé tantôt aux trois chefs de l'opposition. Je les remercie, d'ailleurs, pour leur collaboration. On va avoir besoin d'eux autres du côté budgétaire, voir aussi, bon, ce qu'on fait avec les travaux à l'Assemblée nationale.

Donc, je termine en vous disant... je comprends très bien que les décisions qu'on annonce, ça peut créer une espèce de sentiment d'angoisse dans la population, mais moi, je veux dire aux Québécois : Ce qu'on fait rapidement, c'est pour justement éviter le pire. C'est de prendre toutes... de mettre toutes les chances sur notre côté pour que le virus se propage le moins rapidement possible puis au moins de personnes possible. Donc, il n'y a pas de raison de paniquer. Moi, je suis convaincu qu'ensemble on est capables puis on va passer au travers. Merci.

Le Modérateur : Alors, pour la période des questions, on va faire un premier tour en vous invitant à vous limiter à une question, une sous-question. On fera un deuxième tour si le temps le permet. Pierre-Olivier Zappa, TVA.

M. Zappa (Pierre-Olivier) : Bonjour, M. le premier ministre. Concernant les actions déployées par le gouvernement fédéral, avez-vous l'impression que si Justin Trudeau et son gouvernement ne prennent pas des actions plus draconiennes, bien, que l'action du fédéral pourrait commencer à nuire à vos efforts, aux efforts du Québec?

M. Legault : Bien, c'est certain qu'on demande aux Québécois de ne pas voyager à l'étranger, on demande à ceux et celles qui ont voyagé à l'étranger de s'isoler pour 14 jours. C'est certain qu'il faut la collaboration des visiteurs étrangers, bon. Donc, plus rapidement on pourra prendre des décisions pour limiter le nombre de visiteurs étrangers, mieux ça sera, mais évidemment ça relève du gouvernement fédéral. Comme je l'ai dit, j'ai parlé hier à M. Trudeau. Il m'a dit qu'il regarde ça. Je vais lui reparler aujourd'hui. Je pense qu'il y a une certaine urgence d'agir de ce côté-là.

M. Zappa (Pierre-Olivier) : J'aimerais vous entendre, M. le premier ministre, de même que M. Arruda : Est-ce que la gestion de crise chez nos voisins du Sud par l'administration Trump est matière à vous inquiéter à l'heure actuelle?

M. Legault : Je ne veux pas commencer, là, à commenter, là, ce qui se passe ailleurs, là. On va s'occuper de nos affaires, là.

Le Modérateur : Merci. Hugo Pilon-Larose, LaPresse.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Bonjour. J'ai lu la loi par rapport à l'état d'urgence sanitaire et j'essaie de comprendre qu'est-ce que ça peut changer dans la vie des citoyens. Que doivent-ils comprendre aujourd'hui que ça change dans leur vie que vous déclarez l'état d'urgence sanitaire?

M. Legault : Pour l'instant, dans la vie des gens, ça ne change pas vraiment les choses, mais ça donne les pouvoirs à la ministre de la Santé d'être capable d'agir rapidement. Mais, pour l'instant, ça ne change pas ce qu'on a déjà annoncé.

M. Pilon-Larose (Hugo) : J'ai lu que ça vous permet d'interdire l'accès en tout ou partie à un territoire concerné. Imaginons un scénario qu'on ne souhaite pas, qu'il y aurait une éclosion très forte, par exemple, à Montréal. Est-ce qu'on doit comprendre que le gouvernement serait en mesure, par exemple, de bloquer l'accès à l'île de Montréal et d'empêcher quiconque de rentrer sur l'île ou d'en sortir?

M. Legault : Ça serait possible de le faire, mais on n'est pas rendus là.

Le Modérateur : Charles Lecavalier, Journal de Québec.

M. Lecavalier (Charles) : Bonjour, M. Legault. Il y a une situation particulière au Québec avec les snowbirds, c'est-à-dire qu'il y a des centaines de milliers de Québécois qui sont en ce moment en Floride et qui se demandent : Est-ce qu'on doit rentrer tout de suite? Puis pour le gouvernement du Québec, ça va être un défi parce que s'il y a 10 000, 15 000, 30 000, 50 000 Québécois qui rentrent d'un coup, qu'est-ce qu'on fait avec eux? Comment est-ce qu'on gère leur entrée? Est-ce qu'on leur demande une isolation au complet? Donc, j'aimerais ça que vous... Et qu'est-ce que vous dites aux snowbirds, en ce moment, qui sont en Floride et qui se demandent quoi faire?

M. Legault : Bien, moi, si j'étais à leur place, je rentrerais le plus rapidement possible. Maintenant, on va tester les personnes qui ont des symptômes seulement, là, parce qu'on ne veut pas engorger notre réseau de la santé. Je ne sais pas si vous voulez ajouter quelque chose.

M. Arruda (Horacio) : Oui, peut-être. Bon, écoutez, la recommandation actuelle, c'est que toute personne qui revient de l'extérieur se met en isolement volontaire, hein, à moins d'avoir été dans certains pays. Tant qu'ils n'ont pas de symptôme, de toute façon, ça ne sert à rien de faire le test parce que le test va être négatif, mais, au moindre symptôme, on va les prendre en charge pour s'assurer qu'ils n'ont pas attrapé le coronavirus en sol américain. Donc, la consigne, actuellement, elle est la même que celle qu'on donne à toute personne qui revient... Donc, c'est ça.

L'enjeu qui est discuté ici aussi, ça va être comment on fonctionne avec les touristes et les visiteurs, là. C'est sûr qu'en toute cohérence, si on demande à nos personnes chez nous de se mettre en isolement, ça soulève des questions par rapport à la question du tourisme non essentiel, je veux dire, là, par rapport à certaines exceptions. Ça, c'est en train d'être regardé, et notamment c'est aussi en lien avec le fédéral, comme l'a dit le premier ministre.

Mme Blais (Prévost) : J'aimerais peut-être ajouter quelque chose parce que, quand on parle de visiteurs, il y a eu une chose très importante que le premier ministre a mentionnée tout à l'heure. On interdit les visites pour nos personnes âgées de 70 ans et plus et nos personnes vulnérables partout, partout où il y a des personnes âgées, et c'est parce qu'on les aime et qu'on veut les protéger qu'on fait ça. Parce que, quand on voit que ça affecte davantage les personnes de 70 ans et plus et de 80 ans et plus, je sais que ça va être difficile pour la population d'accepter ça, mais il faut réellement être en mesure d'agir, et c'est comme ça qu'on va être capable de contrer, par exemple, une crise qui pourrait survenir dans un endroit où il y a des personnes vulnérables.

M. Arruda (Horacio) : Si vous me permettez, au-delà de cette consigne d'âge qui est associé à une augmentation de mortalité si on fait la maladie, toute personne qui a des maladies chroniques, toute personne qui a un problème d'immunosuppression ou qui est malade, même si elle est plus jeune, elle devrait commencer à penser à ne pas sortir si ce n'est pas essentiel. Parce que ce qu'on veut éviter, là, c'est que ces personnes-là soient exposées à des personnes qui seraient asymptomatiques ou au tout début de la maladie et qui pourraient les contaminer.

C'est véritablement... On y va en disant... On y va par étapes, O.K.? Je pense qu'il faut voir que cette situation-là, elle peut évoluer, on l'a toujours dit, de jour en jour. On y va par étapes, mais il faut commencer. Dans les faits, nous, ce qu'on fait, c'est qu'on va contrôler ce qui est sous notre contrôle, et ça implique... Ce n'est pas parce qu'on est en CHSLD nécessairement que c'est pire qu'ailleurs, mais nous...

Mme Blais (Prévost) : ...ou en résidence privée.

M. Arruda (Horacio) : Il y a plein de gens âgés qui... Ce n'est pas la majorité des gens qui sont âgés qui sont en CHSLD. Donc, les personnes qui ont un certain âge, les personnes qui ont des maladies chroniques, même si elles sont plus jeunes que 70 ans, il faut commencer à penser à éviter, j'appellerais, les rassemblements, éviter les sorties non essentielles.

M. Lecavalier (Charles) : Une question peut-être plus pour vous, M. Arruda ou Mme McCann : Il semble, on voit la situation en Italie, là, les conséquences du coronavirus, quand ça devient grave, que les gens sont hospitalisés, ça nécessite des ventilateurs. Bon, il en manque là-bas, mais j'imagine... Ici, est-ce que la réserve est bonne? Qui peut les fabriquer? Est-ce que vous allez pouvoir en acheter plus? Puis est-ce que vous allez commencer tout de suite à délester des chirurgies? Parce que ça semble être utilisé aussi en salle de réveil pour les chirurgies, là. Est-ce que vous délestez les chirurgies présentement, les gens qui attendent une chirurgie pour la hanche, là?

Mme McCann : Oui, on est dans un mouvement, là, de délestage des activités qui ne sont pas urgentes. C'est clair, là, c'est commencé et ça va prendre de l'ampleur, là, tous nos hôpitaux se préparent actuellement. On veut libérer des lits, libérer des équipements et, même, on va ajouter des lits, hein, comme le disait le premier ministre. Notamment, on a l'Hôtel-Dieu, on a le Royal Vic, on travaille sur ces deux sites, déjà, pour ajouter des lits. Alors, c'est sûr que ce mouvement-là va prendre de l'ampleur et on veut être prêts le plus vite possible.

Le Modérateur : Merci. Jocelyne Richer...

M. Arruda (Horacio) : Si vous permettez...

Le Modérateur : Oui, allez-y.

M. Arruda (Horacio) : J'aimerais aussi dire que, dans les faits, au niveau de ce qui concerne le système de soins puis les actions de santé publique, là, on va s'en occuper. Mais, comme le dit le premier ministre, ça va prendre la collaboration de tous. Si vous avez voyagé puis vous ne le dites pas, puis vous vous présentez à l'urgence ou à un endroit, puis vous ne le dites pas que vous avez voyagé, vous ne rendez pas service, O.K.? On va avoir besoin de la collaboration de toute la population parce que les mesures qu'on va annoncer, là, c'est sûr que, comme on dit, quand on agit trop tard, comme pour toutes sortes de raisons dans d'autres pays, on se retrouve avec une crise. Et n'oubliez pas ce fameux aplanissement de la courbe qu'on veut faire, et, pour aplanir la courbe, ce n'est pas des mesures de respirateurs ou d'achats de place. On se prépare à... si jamais on a un problème, si on n'est pas capables de... Mais c'est ensemble, tout le monde, les entreprises, par rapport aux mesures qu'on va pouvoir mettre en distanciation sociale, et si on le fait trop tard, on a perdu la guerre.

Je vais donner une image, là. C'est comme si, là, si on attend trop tard, c'est comme si on a un cancer avec des métastases partout, c'est qu'il y a des foyers partout. Si on agit tôt sur le contenir, la masse, on peut opérer, par exemple, la tumeur du poumon, puis il n'y a pas de métastases, on guérit de ça ou on amoindrit les conséquences. En fin de compte, il faut voir cette dynamique-là comme étant... Et ailleurs, ils sont rendus... Comme l'Italie, si je vous donne une image, c'est un cancer avec des métastases partout. En Chine, il y avait un cancer dans la région d'Hubei, mais les mesures qu'ils ont prises ont fait que les autres provinces, en agissant rapidement, n'ont pas eu de métastases. Des petites, là, mais qu'on a pu traiter. Et c'est ensemble qu'on va aplatir cette courbe-là en écoutant les consignes et en protégeant, en prenant des actions d'hygiène respiratoire, d'éviter les visites, et c'est pour ça qu'on en provoque certaines, maintenant, mais après ça, ça va prendre une collaboration de toute la société, des travailleurs, des employés, etc. Ça fait que je veux juste placer ça, là, en perspective, parce que c'est vrai qu'on travaille les soins, qu'on va s'organiser pour avoir plus que moins, mais il faut qu'on gagne la bataille d'étaler la courbe au cours des prochaines semaines.

Le Modérateur : Jocelyne Richer, LaPresse canadienne.

Mme Richer (Jocelyne) : Oui, bonjour. Jeudi, vous avez annoncé que... vous avez interdit les rassemblements de plus de 250 personnes. C'est difficile de comprendre pourquoi deux jours plus tôt vous avez forcé des centaines de personnes à rester confinées dans une salle du matin au soir pour déposer votre budget. Or, lundi, on connaissait l'ampleur de la crise. Dans la salle, il y avait des centaines de personnes. La semaine précédente, il y avait la semaine de relâche. On peut présumer qu'il y avait plein de gens qui revenaient de voyage. Est-ce que vous n'auriez pas dû reporter le dépôt du budget?

M. Legault : Moi, je veux vous dire, là, la situation évolue. À chaque jour on rencontre le Dr Arruda puis on laisse la science décider. Bon, évidemment, ce n'est pas une science qui est exacte, là. Les recommandations du Dr Arruda, c'est normal qu'elles évoluent. Je ne sais pas si vous pouvez...

M. Arruda (Horacio) : Oui, tout à fait. Regardez, là, si le budget était la semaine prochaine, ça serait une autre décision, O.K.? J'ai parlé de l'image du fruit mur, là, hein, le fruit, là, nous, là, on regarde quand c'est vert, le fuit, hein, puis, à un moment donné, il va devenir rouge. On regarde quand c'est vert, puis, à un moment donné, il va devenir brun puis pourrir. C'est l'image que je donne. Nous, on regarde quand c'est vert, là, on regarde, c'est vert, c'est vert, puis, là, à un moment donné, on est proche du momentum, puis, à un moment donné, il faut qu'on prenne une décision par rapport à ça.

Mme Richer (Jocelyne) : Mais lundi, là, l'ampleur de la crise, on la connaissait, là.

M. Arruda (Horacio) : Oui, mais on était... Écoutez, on n'est pas encore en crise. Ça, j'aimerais ça spécifier, là : on est dans des mesures... On n'est pas en crise. Si on attendait d'être en crise, c'est là qu'il serait trop tard, O.K.? Je comprends votre préoccupation. Je ne suis pas en train de dire que ce n'est pas logique, mais nous, là, à un moment donné, il y a un chiffre qui se fait à un certain moment donné, puis ce n'est pas parce qu'on a dit 250 que, s'il y a un rassemblement de 40 personnes qui n'est pas nécessaire, ça ne va pas être fait. Mais il y a un séquençage qui doit être fait là-dessus. Puis les gens, de toute façon aussi, déjà ont commencé à voir certaines mesures... au niveau des éléments. Je n'étais pas là, moi, je n'ai pas été invité à cet événement-là, mais je vais vous dire, dans les faits... Ce que je veux vous dire, c'est qu'à ce moment-là, là, on n'était pas dans cette dynamique. Puis, très honnêtement, on est précurseurs déjà maintenant par rapport à d'autres. Ça fait que, je vais vous dire, c'est toujours facile le lendemain de dire : Ça aurait dû être hier puis avant-hier... Puis l'autre élément aussi, il faut que vous compreniez qu'on commence à mettre des mesures pour préparer les gens à changer leur comportement parce que ça ne se fait pas du jour au lendemain. Ça fait que là, quelque part, bon, l'histoire nous le dira, si le budget a été la source de plusieurs cas, on investiguera, puis on fait les choses.

Puis, deuxièmement, je tiens à vous dire qu'au-delà de ça, des cas, il va y en avoir encore ce soir, peut-être qu'il va y en avoir huit de plus ce soir. Mais on est encore au stade où les équipes de santé publique font des enquêtes, vont identifier des contacts, vont les isoler, puis on va avoir eu... puis on va instaurer, dans la société au complet, des mesures pour diminuer la probabilité.

Mme Richer (Jocelyne) : Sur le fond, on sait maintenant que la pandémie aura un impact majeur difficile à prédire sur l'économie. Encore là, est-ce que vous avez songé à reporter la publication du budget cette semaine? Parce que, que vaut-il aujourd'hui? Que valent les prévisions économiques qui sont dans le budget aujourd'hui? Et est-ce que vous prévoyez présenter une mise à jour économique prochainement pour ajuster justement les chiffres?

M. Legault : O.K. Bon. D'abord, on avait prévu une certaine incertitude économique dans la préparation du budget. Évidemment, on ne voyait pas la situation aussi grave qu'elle l'est actuellement. Donc on avait dans le budget une augmentation de 5,1 % des dépenses, ce qui est beaucoup plus que l'inflation. On avait une augmentation aussi des dépenses d'investissements, d'infrastructures, entre autres dans les routes. Maintenant, aujourd'hui, la situation évolue, on sait qu'il n'y en a pas assez dans le budget. Donc, il va falloir en ajouter. On est en train de regarder, entre autres du côté du Trésor, quels sont tous les projets qu'on peut accélérer dans le transport, dans la santé, dans l'éducation pour mettre au travail des gens rapidement dans les prochaines semaines parce qu'il va y avoir, si vous regardez les compagnies aériennes, les compagnies de théâtre, tout le tourisme étranger, il va y avoir des pertes d'emploi. Donc, c'est le rôle du gouvernement d'en faire plus. Moi, je suis content d'avoir eu un budget qui est... Certains ont dit : C'était un budget dépensier. Une chance qu'il était quand même généreux. Mais il va falloir en faire beaucoup plus actuellement, puis on parle de milliards de dollars de plus, là, qu'il va falloir ajouter.

Mme Richer (Jocelyne) : Mais ça ne nécessitera pas une mise à jour économique, par exemple?

M. Legault : Ça n'exclut... On n'exclut pas ça, sûrement pas. Actuellement, à court terme, donc, on va avoir besoin... puis j'en parlais tantôt avec les trois chefs de l'opposition, effectivement, il va falloir être capables d'adopter des crédits supplémentaires assez rapidement.

Le Modérateur : Merci. Louis Lacroix, Cogeco Nouvelles.

M. Lacroix (Louis) : Bonjour, M. le premier ministre, Mme la ministre... mesdames les ministres. Je voudrais savoir... L'urgence sanitaire... Vous avez dit que vous allez rappeler également des infirmières à la retraite. Est-ce qu'on peut avoir une idée des effectifs, combien vous croyez, là, qu'on va pouvoir aller chercher d'effectifs supplémentaires avec cette mesure-là?

Mme McCann : Bien, écoutez, je pense que, ça, ça va en attirer davantage, parce qu'on a entendu beaucoup, là, que c'est, par exemple, la cotisation à l'ordre, là, qui faisait comme un peu une embûche. Donc, je n'ai pas vraiment la hauteur, mais moi, je pense que ça va être un incitatif important. On a déjà des gens qui nous font signe, et on rencontre d'ailleurs... on parle aux ordres professionnels, là, bientôt. Moi, je pense que les infirmières vont répondre, et d'ailleurs, moi, je leur dis, je l'ai dit depuis longtemps : Les infirmières à la retraite, là, on en a eu besoin tout le temps, mais, cette fois-ci, c'est encore plus important qu'elles viennent nous aider, prêter main-forte et on va mettre les mesures financières nécessaires pour leur ouvrir la porte.

M. Lacroix (Louis) : Mais ma question, c'est davantage... les besoins d'effectifs supplémentaires, c'est de combien?

Mme McCann : On est en train de le chiffrer. On est tous en train de faire cet exercice, au niveau des lits, au niveau de l'équipement, au niveau du personnel, mais il faut... Vous savez, là, si on parle d'un certain pourcentage d'atteinte de la population, bien, il faut penser qu'il y a un certain pourcentage d'atteinte du personnel. Ça fait que c'est dans ce sens-là qu'on fait nos planifications de main-d'oeuvre. C'est en cours.

M. Lacroix (Louis) : Et je voudrais avoir un état de la ligne 877. On est rendus où? Est-ce que ça fonctionne? On me dit qu'il y a encore des problèmes d'attente importants, là. Alors, on en est rendus où?

Mme McCann : Bien, moi, ce que j'ai eu comme vérification ce matin, là, le 877, c'est réglé. Il y avait une attente de 10 minutes vers huit heures, neuf heures ce matin, peut-être que ça a changé. Mais cette ligne-là, il fallait renforcer la bande passante, là. Ça a été fait, on a fait ça avec le ministère de l'Emploi, là, qui s'occupe de Services Québec. Alors, il y a une réponse. On va doubler le nombre de préposés, d'ailleurs, aux renseignements à cette ligne-là. Donc, ça a été renforcé, ça va pouvoir répondre.

Mais moi, je veux réitérer quelque chose. C'est qu'il y a un site Internet, hein, www.quebec.ca/coronavirus, et il y a également le fait que les gens qu'on doit prioriser, là, ce sont les gens qui sont revenus de voyage, qui ont des symptômes ou bien qui ont été en contact avec quelqu'un qui revient de voyage, qui a des symptômes, et ces gens-là devraient avoir accès à ce service, qui va référer au 8-1-1.

Mme Blais (Prévost) : Moi, je voudrais, si vous me permettez, M. Lacroix, je voudrais peut-être rassurer la population que le ministère, entre autres, hier, a communiqué avec les directions de tous les CHSLD, directions de résidences privées pour aînés, toutes les directions où vous retrouvez des personnes. Il y a eu des guides qui sont partis, il y a eu aussi des informations supplémentaires concernant les plans de contingence. Le ministère a même parlé avec la FADOQ parce que, la FADOQ, c'est un organisme qui regroupe plusieurs personnes et ils ont beaucoup de rassemblements. On va parler à tous les organismes de personnes âgées. Donc, on est en action pour protéger. Et nous avons ressenti vraiment, de la part du regroupement des résidences privées pour aînés, un désir et une volonté de collaborer. Parce qu'on est rendus dans un moment de solidarité, puis c'est vrai qu'on n'est plus dans une étape individuelle mais très, très collective et dans un milieu où il faut absolument agir ensemble pour protéger la population.

Le Modérateur : Merci. Hugo Lavallée, Radio-Canada.

M. Lavallée (Hugo) : Oui. Bonjour, M. Legault. J'aimerais revenir sur le commentaire que vous avez eu tout à l'heure concernant votre discussion d'hier avec Justin Trudeau. Si je comprends bien, vous ressentez le besoin de lui reparler aujourd'hui puis de réitérer à nouveau votre demande concernant les visiteurs étrangers. Est-ce qu'on comprend donc que M. Trudeau n'accueille pas favorablement jusqu'ici votre demande, d'une part? Et qu'en est-il aussi des premiers ministres des autres provinces? Est-ce que vous avez des appuis dans cette revendication-là?

M. Legault : Bon, évidemment, il y a certaines provinces, là, qui ont des gros enjeux, comme la Colombie-Britannique, à cause de la proximité avec l'État de Washington. J'ai justement un message, là, de Doug Ford tantôt. Donc, c'est sûr que ce n'était peut-être pas une préoccupation de tous les premiers ministres des provinces, là, mais, moi, c'est une préoccupation, puis je pense que ça va s'accélérer de la part de tous les premiers ministres des provinces puis, je l'espère, du premier ministre du gouvernement fédéral, M. Trudeau, parce qu'il y a une urgence, là, de limiter le nombre de visiteurs étrangers pour éviter d'accélérer la contagion.

M. Lavallée (Hugo) : Les mesures annoncées hier, ce n'est pas suffisant?

M. Legault : Bien, pour l'instant, on n'a pas rien, là, de très concret. Ils nous ont dit qu'ils réduiraient le nombre d'aéroports puis le nombre de passagers en provenance de l'Europe, là, mais ça veut dire quoi exactement, là?

M. Lavallée (Hugo) : Concernant l'annonce de la ville de Québec hier, là, de maintenir ouvertes certaines infrastructures municipales, comme les piscines par exemple, arénas, le maire a indiqué avoir reçu l'approbation, là, si je comprends bien, de la santé publique. Est-ce que ce n'est pas étrange, dans la mesure où on ferme des écoles, des garderies pour éviter qu'il y ait une contamination, mais qu'on laisse, d'autre part, un certain nombre d'infrastructures municipales où ces mêmes personnes là risquent de se retrouver aussi nombreuses? Ça semble contradictoire.

M. Arruda (Horacio) : Bien, votre question est très bonne, puis vous pourrez voir, là, ce qu'on dira demain. Parce que c'est sûr que... Et une des choses qu'il ne faut pas faire, c'est qu'avec la fermeture des écoles, qu'on fasse les rassemblements ailleurs, notamment dans les activités style on saute dans des... Je veux dire, je ne veux pas le nommer, là, mais il y a une série d'actions qui vont être posées par rapport à ça.

Puis, comme je vous le dis, là, à chaque jour, tout dépendamment, là, on réévalue la situation, et de plus en plus... C'était correct, hein? Je trouve que les initiatives des différentes personnes démontrent qu'ils sont préoccupés, mais, de plus en plus, quand on va avancer, je vous dirais, dans le processus, les orientations vont être plus précises, et il va y avoir une plus grande harmonisation à travers le Québec. Puis, encore là, ce que je tiens à vous dire, il faut voir encore actuellement qu'on n'est pas en situation de circulation intensive. Il y a peut-être des cas qui sont là mais qu'il va falloir voir, mais... Puis aussi, ce qui se passe, c'est qu'on ne sait pas quel sera le phénomène, là, où ça va commencer comme tel, mais je pense qu'en prévention probablement, et on aura des discussions avec ça, on est en discussion continuelle, je vous dirais aussi, avec le premier ministre, on verra demain qu'est-ce qui sera décidé. De la même façon qu'on a mis un seuil à 250 la dernière fois pour justement... en fonction des gros événements qui s'en venaient, on va réévaluer. Il y a peut-être des choses qu'on vous a dites hier et avant-hier qui vont changer. Je ne sais pas si vous comprenez. Il faut regarder en avant tout en regardant qu'est-ce qui s'est passé ailleurs, dans d'autres pays, là, puis ce qu'on va faire... C'est qu'on va le faire.

M. Lavallée (Hugo) : Donc, la ville a pris la mauvaise décision?

M. Arruda (Horacio) : Non. C'est-à-dire que... je l'ai dit, là, à chaque jour, on prend des décisions, je veux dire, on... Là, actuellement, les robinets sont un peu ouverts avec l'extérieur, on va peut-être fermer certains robinets, là. Ça fait que, dans le fond, ce que j'essaie de vous dire, c'est qu'on n'aurait pas pu prendre toutes les décisions qu'on prend au jour le jour actuellement, là, d'un seul coup. Je pense que ça serait trop difficile. Déjà, de faire les annonces comme on les fait, en termes d'orientations puis de prendre des décisions au jour le jour, il y a du peaufinement à faire, hein? Puis il faut aussi que les propres responsabilités... les gens qui ont des responsabilités au niveau local, puis etc., réfléchissent dans le sens de ce que ça envoie. C'est quand on rentre dans le détail ou tel événement que, là, il faut le préciser. Puis moi, je vous le dis, je préfère qu'on fasse une bonne job à chaque jour à 90 % que d'attendre d'avoir 100 %, puis on est une semaine trop tard. Et c'est pour ça que ça va prendre beaucoup de communications, de réactivité. Puis plus on va être en situation, je vous dirais, alarmante, entre guillemets, ou de crise, ou nécessaire, les orientations vont être excessivement précises.

Là, on est dans un processus d'escalade. Puis là, je tiens à vous le dire aussi, il ne faut pas paniquer, là, il ne faut pas commencer à se garrocher tout le monde un peu partout. On va rester calme. On va faire les faits. Mais si vous me dites tout le temps : Bien, hier, vous avez dit ça, puis aujourd'hui vous dites d'autres choses, c'est normal. Si je ne faisais pas ça, je ne serais pas adéquat. C'est comme quand j'examine un patient puis j'ai un nouveau test de laboratoire qui change ce que je faisais, je suis obligé de le faire. C'est comme quand on a un patient avec un cancer, on fait des examens, c'est localisé, mais maintenant il y a des métastases partout, ça dépend, si c'est des métastases au foie seulement, il y a des traitements, pour d'autres, ça ne l'est pas. Ça fait que c'est exactement ça qui est en train de se passer. On traite la situation en termes de population avec un diagnostic qui va évoluer. Et là, tu sais, c'est comme si on voit un patient, ah! on pense que ce n'est pas grave, on a le résultat, puis là on se rend compte qu'il faut faire autre chose. Ça fait que c'est un peu comme ça, là. Je vous parle comme un docteur de population, c'est ça, la santé publique, c'est ça, notre spécialité.

Donc, dans les faits, si vous revenez continuellement sur hier, là, je vais vous dire que vous allez... on va passer notre journée là-dessus parce qu'on fait notre... Puis il ne faut pas penser que je suis tout seul là-dedans, là, j'ai des gens qui m'appuient, des directeurs de santé publique, des experts à l'institut, on s'est parlé, je veux dire, on est ensemble dans ce moment-là. Puis le meilleur moment, là, il n'y a pas de recette, il n'y a pas un livre qui va vous dire : C'est le meilleur moment. Mais nous, ce qu'on sait actuellement, c'est qu'il faut agir intensément dès le début, et non pas nécessairement en termes d'escalade. Puis là, peut-être, vous dites : Vous allez lentement. Écoutez, là, on n'était pas là, lundi. Voyez-vous où est-ce qu'on est rendus cette semaine? Puis ça va aller effectivement en s'accélérant, en temps de mesures, puis certains vont dire que nos mesures sont exagérées. Je tiens à vous le dire, c'est normal, là, ils vont dire : Aïe! C'est exagéré, hier, ce n'était pas ça, puis etc., mais on veut agir avant que le cancer soit généralisé.

Le Modérateur : Merci...

M. Legault : Peut-être juste rajouter, là, l'approche que je prends, là... Moi, je pose beaucoup de questions, à chaque jour, au Dr Arruda, puis je lui demande : Est-ce qu'on est rendus là, est-ce qu'on est rendus là? Je regarde ce qui se fait dans les autres provinces, les autres États, les autres pays dans le monde, compte tenu d'où on est rendus dans la progression. Puis moi, je suis très fier de dire, là, qu'on est en avant d'à peu près tout le monde. Donc, on est en avance, quand on regarde l'évolution de la maladie, donc, et je suis fier de ça, là, de dire qu'on a fait plus de prévention, jusqu'à présent, qu'à peu près n'importe où dans le monde, compte tenu d'où on est rendus dans la contagion. Et puis je le challenge, le Dr Arruda, puis il n'est pas question qu'on néglige quoi que ce soit, là, mais on se dit à chaque jour : Bien, voici où est la ligne. Mais on a déjà commencé à regarder ce qu'on pourrait faire dans les prochains jours, puis, bon, parfois, le Dr Arruda me dit : Oui, ça, il faut faire ou, donc, non, on n'est pas rendus là. Mais dites-vous, là, on peut être fiers, on est en avance sur pas mal tout ce qui se fait partout dans le monde.

Le Modérateur : Merci. Gabriel Béland, LaPresse. Par la suite, je pourrai prendre trois questions additionnelles.

M. Béland (Gabriel) : Oui, une question au premier ministre. Vous avez mentionné, tout à l'heure... Vous avez invité les Québécois à l'étranger à rentrer; Ottawa vient de faire la même chose. Ce que j'entends de beaucoup de voyageurs québécois à l'étranger, en Europe, notamment, c'est qu'ils ont peur que les frontières ferment, ils ont peur, aussi, de ne pas pouvoir rentrer. Ils sont incapables de joindre les compagnies aériennes, en ce moment, pour devancer leur retour, le prix des billets de retour a explosé, donc, c'est des gens qui paniquent en ce moment. Est-ce que vous êtes au courant de cette situation? Est-ce que ça vous inquiète?

M. Legault : Oui. Bien, c'est normal parce qu'actuellement il y a beaucoup d'annulations de vols. Les compagnies aériennes, là, ont vu une chute drastique de leurs réservations, donc c'est certain qu'il y a beaucoup de vols d'annulés. Donc, si j'avais un conseil à donner aux personnes qui sont à l'étranger, si vous avez la possibilité de trouver une place pour revenir dès maintenant, faites-le parce que, dans les prochains jours, il va y avoir de moins en moins de vols.

M. Béland (Gabriel) : Ce n'est pas très rassurant, ceci dit, de vous entendre dire ça.

M. Legault : Bien, ce n'est pas rassurant, mais en même temps, bon, il faut effectivement être capable de dire la vérité aux Québécois, là. Il va y avoir de moins en moins de vols, donc, moi, je dis, que ça soit des gens de la Floride, des gens qui soient en Europe ou qui soient n'importe où... D'abord, ce n'est pas une bonne idée de sortir, justement, parce que ça va peut-être être difficile de rentrer, puis ceux qui ne sont pas encore rentrés, bien, c'est le temps de le faire.

M. Béland (Gabriel) : Deuxième question, sur le test de dépistage qui, présentement, dans les cliniques spécialisées, est réservé à ceux qui reviennent de voyage. Est-ce qu'on pense l'élargir à des gens qui ne reviennent pas de voyage, mais qui présentent des symptômes, dans les prochains jours, prochaines semaines?

Mme McCann : Pas pour le moment, parce qu'en fait, maintenant, là, on n'a pas de transmission dans la communauté. Alors, il s'agit vraiment de gens qui reviennent de voyage, qui ont des symptômes ou de personnes qui ont été en contact avec des gens qui reviennent de voyage et qui ont des symptômes.

Puis vous me permettez d'ajouter à ce que je répondais tout à l'heure, par rapport à la ligne 1-877-644-4545, que ce service-là, évidemment, va faire un triage et va référer les gens qui ont besoin de parler à Info-Santé directement.

Et je veux dire à la population : Il pourrait encore y avoir quelques difficultés au niveau de l'Info-Santé en fin de semaine parce que nos appels, là, on est passés de 4 000 à 16 000. Ça a quadruplé en 24 heures, mais nous sommes en train de bonifier le service et, dès lundi, on va avoir beaucoup d'améliorations, et toute la semaine, parce qu'on va ajouter beaucoup d'infirmières — je le disais hier, là, 80, tout au courant de la semaine. On va ajouter aussi des lignes. On était à 1 200 lignes et on va en avoir 2 000 dès lundi.

Alors, ça va s'améliorer, et ce qui va améliorer les choses aussi ce sont les cliniques de dépistage qui ouvrent, là. À partir de lundi, il y en a plusieurs, comme on vous l'a dit, et ça va aider Info-Santé à référer plus rapidement les gens qui en ont besoin. Alors, ce que je veux dire à la population, c'est que si vous avez des difficultés, là, actuellement, pendant la fin de semaine, restez en isolement volontaire. Vous avez des symptômes, vous revenez de voyage... de toute façon, vous auriez été dépisté, on vous aurait demandé de retourner à la maison.

Alors, restez à la maison et les choses vont s'améliorer, certainement, au cours des prochains jours. On a la capacité, on va avoir la capacité et aussi la capacité de dépister.

Le Modérateur : Rapidement, Pierre-Olivier Zappa, TVA.

M. Zappa (Pierre-Olivier) : M. le premier ministre, dites-moi, avec... c'est une question un peu technique, là. Selon la Loi de la santé publique, lorsqu'on décrète l'état d'urgence sanitaire, est-ce que ça pourrait vous donner, par exemple, des pouvoirs d'intervenir aux aéroports ou aux abords des aéroports?

M. Legault : Non, les aéroports, là, sont de compétence fédérale. Mais ça peut nous donner des pouvoirs d'interdiction de certaines activités ou de certains employés qui pourraient souhaiter quand même aller travailler, même s'ils ont des symptômes, des choses comme ça, là. Donc, ça nous donne des pouvoirs spéciaux, mais moi, en même temps, là, je ne veux pas inquiéter les gens, là. Notre objectif, ce n'est pas d'imposer des choses, c'est d'avoir la collaboration de tout le monde.

Puis je veux revenir peut-être à ce que je disais concernant les personnes de 70 ans et plus, là, puis j'invite toute la population, là, comme je l'ai fait, là. J'ai appelé ma mère de 91 ans, puis je lui ai dit : Ça serait mieux, dans les prochaines semaines, de ne pas sortir de la maison. Elle n'était pas contente que je lui dise ça, là. Ce n'est pas quelque chose qui est agréable à demander à ses parents ou grands-parents. Mais moi, je demande à tous les Québécois : Appelez vos parents, vos grands-parents qui ont 70 ans et plus, puis dites-leur : Ce n'est pas une bonne idée de sortir de la maison dans les prochaines semaines.

M. Zappa (Pierre-Olivier) : Et quand vous parlez juste de téléconsultation, dans la Loi sur la santé publique, avec les mesures extraordinaires, qu'est-ce que ça veut dire?

M. Legault : Ça veut dire que...

M. Zappa (Pierre-Olivier) : La semaine prochaine, on pourrait, par téléphone, avoir une consultation?

M. Legault : Bien, ça veut dire qu'avant, là... Bon. Quand un médecin fait un acte par téléphone, il n'est pas nécessairement payé. Mais moi, je pense que c'est une bonne idée de faire le maximum d'actes par téléphone ou par vidéoconférence, puis je ne voudrais pas qu'il y ait comme un incitatif à ne pas le faire parce qu'ils ne sont pas payés. Donc, là, ça nous permet de dire à la RAMQ : Vous allez payer dans ce temps-là.

Le Modérateur : Charles Lecavalier, Journal de Québec, rapidement.

M. Lecavalier (Charles) : Voilà peut-être une situation un peu différente, mais, dans les palais de justice, est-ce que c'est ouvert, est-ce que c'est fermé? Les gens qui attendent des procès, qu'est-ce qui arrive? Ça semble être la confusion la plus totale, là, un peu partout au Québec.

M. Legault : Oui. Bien, on essaie de limiter, encore là, le fonctionnement aux cas qui sont urgents. Donc, Sonia LeBel puis les gens qui sont responsables des palais de justice essaient de limiter les travaux à ce qui est absolument essentiel.

M. Lecavalier (Charles) : Sinon, qu'est-ce que vous allez faire pour justement... Vous demandez à plusieurs, j'imagine, centaines de milliers de Québécois de rester à la maison. Qu'est-ce qu'on va faire justement pour s'assurer qu'ils aient tout ce qu'il faut, de l'épicerie, qu'ils aient... Est-ce qu'il va y avoir des groupes de solidarité? Est-ce que vous encouragez...

M. Legault : Oui. Bien, effectivement, là... D'abord, je veux répéter qu'on n'anticipe aucune pénurie de nourriture. Mais, effectivement, je demande à tous les Québécois d'être solidaires, que ça soit leur enfant, le voisin, le... Est-ce que vous pouvez aller aider les personnes qui ont 70 ans et plus à ne pas être obligées de sortir pour aller acheter de la nourriture? Effectivement, là, je fais un appel à la solidarité.

M. Blais : Et c'est la même chose quand le premier ministre mentionnait qu'il a téléphoné à sa mère. Il n'y a rien qui nous empêche de téléphoner à nos personnes hébergées dans les résidences privées pour aînés ou dans les CHSLD. Il y a même des professionnels de la santé qui se promènent avec des iPad et qui peuvent même se servir des nouvelles technologies pour mettre des personnes en vis-à-vis et pour pouvoir se parler. Donc, on a, là, maintenant ces équipements-là. Alors, ce n'est pas parce qu'on ne les visite pas qu'on ne doit pas communiquer. La communication est quelque chose de fondamental. Il ne faut pas hésiter à communiquer avec nos personnes plus âgées.

Le Modérateur : Hugo Pilon-Larose, LaPresse. Je vais bientôt devoir passer en anglais aussi.

M. Pilon-Larose (Hugo) : M. Legault, hier, les traversiers ont limité à 250 personnes le nombre de passagers à bord. Mais, encore aujourd'hui, le métro de Montréal fonctionne. Il y a du monde, là, sur une rame de métro. Pourquoi est-ce que le métro ne ferme pas à ce stade-ci pour être remplacé par un service d'autobus?

M. Legault : Bien, d'abord, il faut se dire, là, les employés, par exemple du réseau de la santé, on veut qu'ils se rendent au travail, puis il y en a beaucoup qui utilisent le transport en commun. On s'est posé la question. On en a discuté ensemble. Quand on pèse la balance des inconvénients, on pense, c'est important de laisser les transports en commun ouverts.

Maintenant, ce qu'on essaie de faire avec les employeurs, c'est d'étendre les périodes de pointe le matin puis en fin de journée, d'être capable qu'il y en ait qui commencent un peu plus tard ou qui finissent un peu plus tard ou plus tôt, mais on a besoin des transports en commun. Je pense que, dans la balance des inconvénients, il y a plus d'avantages à les laisser ouverts, mais on se pose des questions, effectivement. Mais prenez le transport pour le personnel du réseau de la santé : on ne pourrait pas se permettre que ces gens-là ne soient pas capables de se rendre à leur travail.

Le Modérateur : ...dernière question. Hugo Lavallée, Radio-Canada.

M. Lavallée (Hugo) : Oui. Rebonjour. En ce qui concerne le télétravail, vous avez envoyé des consignes ou, en tout cas, des recommandations aux entreprises privées un peu plus tôt cette semaine en disant : Dans la mesure du possible, favorisez le télétravail. Pour ce qui est des employés des secteurs publics, ministères, organismes publics, est-ce qu'on comprend qu'à partir, donc, de ce lundi il y a un mot d'ordre généralisé pour tout le personnel de faire du télétravail? Parce qu'il y a des fonctionnaires qui nous faisaient part de directives divergentes à ce stade-ci.

M. Legault : Bien, effectivement, il faut être exemplaire. Donc, les différents ministres, les différents ministères vont essayer de passer le plus possible au télétravail. Je pense que notre société est en train de changer, de côté-là, et, s'il y a un bon côté, c'est que moi, je pense que pour toujours, là, on va avoir un grand changement puis une migration vers le télétravail. Puis il faut donner l'exemple, effectivement, dans nos ministères.

M. Lavallée (Hugo) : Puis depuis, donc, l'annonce de la fermeture des garderies, on a vu apparaître sur Internet des offres de personnes, là, qui proposent leurs services pour faire de la garde à domicile, par exemple des gens de CPE, qui se retrouvent avec salaire mais sans travail, qui disent : Bien, moi, je suis disponible puis je vais garder vos enfants. Est-ce que c'est une bonne idée? Est-ce que vous découragez ou approuvez ce genre d'initiative?

M. Legault : Non, pas du tout, là. C'est une bonne idée. C'est un geste de solidarité, absolument. Donc, ceux qui sont disponibles pour aller faire du gardiennage, là, oui. Je m'en allais faire une farce avec mon épouse Isabelle, là, mais de dire... hein, puis Pascal et puis tous ceux qui... Je suis content de voir qu'il y en a beaucoup, là, qui ont offert leurs services à ceux qui ont des jeunes enfants. J'invite tous les Québécois à le faire, ceux qui ont des ados ou des gens qui sont en mesure de garder. Oui.

Le Modérateur : Merci, Hugo.

M. Lavallée (Hugo) : ...

M. Legault : Pardon?

M. Lavallée (Hugo) : ...même problème que...

M. Legault : Pas vraiment. Pas vraiment parce que... Bon, encore là, faisons la différence entre les 70 ans et plus puis les autres, O.K.? J'aime mieux voir des jeunes aller garder des enfants que des grands-parents qui ont 70 ans et plus, là. Donc, solidarité. Aidons-nous, actuellement. On a besoin de donner un grand coup, là, pour passer au travers dans les prochaines semaines. Donc, j'invite tous les jeunes, là, qui sont capables de garder des enfants à le faire.

Le Modérateur : Merci. On passe aux questions en anglais. Phil Authier, The Gazette.

M. Authier (Philip) : Good day. I wonder if Premier... We are getting lots of correspondence from worried Anglophone seniors about the state of the virus. I was wondering if you could repeat in English your remark that, first of all, elderly people should stay home. And secondly, your appeal to their children to help them out, could you repeat that in English?

M. Legault :O.K. Yes. So, I would like today to ask all Quebeckers over 70 years old, so all elders, to stay at home. And I would like to ask all Quebeckers that can help them, getting, for example, some food, to do so. I think it's important. Those people are more at risk.

And I want to give you some figures coming from the China experience. People, for example, under 50 years old, they have less than 1% of chance of death after contracting the coronavirus. But if they have over 70 years old, it's 8%, and over 80 years old, it's 15%, the death percentage. So, it's very key that we ask all people over 70 years old to stay at home and try to meet as few people as possible.

And what we said also today is that in all centers having people together of 70 years old and more, we will not accept anymore visit. So, I know it's tough, because, when you have your mother or grandmother, you would like to visit her, but it's not a good idea to visit people and take the risk that they get the coronavirus. Our focus in Québec has to be trying to help people over 70 years old not getting this virus.

M. Authier (Philip) : And for Minister McCann, we're at 21 cases. This is just a verification, are we still with only two people hospitalized?

Mme McCann : We're at three now.

M. Authier (Philip) : Three hospitalized, right. And also because I'm getting lots of comments from confused people, if someone feels the symptoms, should they still call 1-877-644-4545 first?

Mme McCann : Yes.

M. Authier (Philip) : And then, if necessary, they would be referred to Info-Santé.

Mme McCann : If they have... they come back from a trip, they have symptoms, then they should call that number and they will be referred to 8-1-1 if need be.

M. Authier (Philip) : And Mr. Legault, I'm also getting some... There're some school boards, apparently, which are saying, because the schools are closed as of Monday, that children would be allowed to go to the schools on Monday to clean up their lockers? Is that... that's not...

M. Legault : No, no, no, that's not true. We don't want to see anybody in our schools starting Monday.

Le Modérateur : Raquel Fletcher, Global News.

Mme Fletcher (Raquel) : Yes. There used to be some inconsistencies or incoherencies in the measures that are being made, for instance... I mean, we've known for a long time that this virus affects or is riskier for older people. But yesterday, you announced that you're closing the schools, and today you're announcing that visitors cannot visit, you know, seniors' homes. It seems like that measure should have been implemented earlier as well, as one of my colleagues mentioned in French, you know, that schools are closed, but then, you have the Mayor of Québec city saying : Well, take your kids to the pool and take your kids to the hockey arena. What is going on?

M. Legault : O.K. It's a good question. Right now, if you take people in our schools — we had the school break — a high percentage of the teachers, they went south or someplace where they may have got the virus. So what we're trying to do is, for 14 days, make sure that they don't come and take the risk of giving this virus to the children. The children are not really at risk of major impact on their health if they get the virus, but we know that the young people, they may visit their grandparents and they may, then, transfer the virus to those people that are at risk. So that's why we're closing the schools for the next two weeks.

Now, regarding people that are getting together, we say : You cannot put more than 250 people together but, honestly, you must not, if it's not necessary, have any kind of grouping of people together right now.

Mme Fletcher (Raquel) : You don't want kids going to pools or going to hockey rinks.

M. Legault : No.

Mme Fletcher (Raquel) : O.K. I have a question also about taxi drivers who are picking up people from the airport. They might be going directly to their houses and self-isolating, but what about the taxi drivers?

M. Legault : Yes, yes, we had many questions from taxi drivers. What we're telling them is to wash their hands very frequently and that must be the... that's the best measure. If they wash their hands frequently, they will be OK.

Mme Blais (Prévost) : If I can just say something about your first question, we made a lot of things. We said : If you are coming back from a trip, don't visit people in CHSLD, don't visit old people in a nursing home. We don't want to see you because you can infect old people. We already said that. We also put someone who is responsible in every CHSLD to be able to ask people: Wash your hands before entering. Have you traveled?

Today, we are announcing that, you know, we don't want people to go and visit them. So, it's not because we didn't do anything before, we did a lot of things before, but today it's like a point of... the point that we have to act this way.

Le Modérateur : Thank you. Peter Tardif, CBC News.

M. Tardif (Peter) : Hi. Mr. Arruda, I'm just curious if you could give us a bit more information on the four new cases, where these people that had traveled abroad... Was this from... a transmission from people that were already in Québec, that would have traveled abroad? What's...

M. Arruda (Horacio) : This is new cases. There are still inquiries, but from the information I've got, they all traveled outside. So, it's not... That's the information I've got now.

M. Tardif (Peter) : And could you give us a sense of the age of... I mean, Mr. Legault is mentioning obviously the infection rates among elderly people, senior adults. Are these people more than 60 years old, more than 70 years old? Are there people that are in their thirties, in their twenties perhaps?

M. Arruda (Horacio) : There is a mix of them, OK? And the risk of being in the hospital is higher... older ones, but there is a mix of them.

M. Tardif (Peter) : So, a mix... So, there are people in their sixties and seventies, there are people that are younger than 50 years old. Can you give us a bit of an idea?

M. Arruda (Horacio) : I can... I don't have the figures in front of me, but I can tell you that there is people that are young, very young, and people that are old. I can tell there is probably a case in all the categories of age.

M. Tardif (Peter) : And everybody would have traveled, at this point, from all the cases that...

M. Arruda (Horacio) : Exactly. Yes, exactly.

M. Tardif (Peter) : OK. ...the stock piling, you know, you've seen the images in big city centers, Montréal, Québec city. There are people that live in regions really far out that have to get everything shipped by trucks, by vans. We're talking about Sept-Îles all the way up to Natashquan. You've got people on the Gaspé coast. What are your messages to them? You know, if big city centers are running out of supplies because people are stock piling, should they be concerned that they might not have toilet paper, peanut butter, whatever, next week?

M. Legault : I think it's important to tell the people that we don't expect any shortage. Right now, the only shortages we see is because of the people that had too much stock. But, in the next few days, they continue to get the... about the volume that was consumed before. So, we don't expect any shortage.

M. Tardif (Peter) : I had a message from someone who was recently at a bar after your announcement of these 250 people and assumed that there were 100 or more than this limit amount of 250 people at least, in this bar, it would have been in Montréal. But that being said, there are restaurants, there are bars that are still in action, that are still, you know, opening up their doors. Is there a way to monitor these activities? What are you asking to... government buildings, and schools, and all this stuff, but what about restaurants and huge, you know, centers like...

M. Legault : We count on the good faith of everybody at this point. But please, if you see a bar where there are more than 250 people, you must tell the owner not to do so.

M. Arruda (Horacio) : And I think if you are sick or have symptoms, don't go to a bar. And if you're a person which is at high risk of disease, you're being treated for cancer or you have diabetes, don't go to a bar, you know. It's also... There are going to be rules, we are not at the time today, and I wanted to say that, we are not telling that we're going to close restaurants tomorrow morning. But people can also adapt, change their habits. If it's not necessary that... going to the bar, you can drink it with less people at home. I don't know... I just want to say that we must lower as maximum the rate of social... we can be together later, but after we've done that important thing for helping us to survive and help others. This is our responsibility to also help to save your own life and the life of the others.

M. Tardif (Peter) : There are also people in indigenous communities. Obviously, they're very isolated. That can play in their favor but, at the same time, there are concerns of what would happen if this virus ended up in a region, in a community that doesn't have the resources. What's been the conversation with either leaders in those communities to make sure that there is a system in place for them, wherever they may be across the province? It's a big place.

Mme McCann : Yes. And I have recently talked with Chef Picard, «de l'assemblée des nations autochtones», and we've discussed the measures that we can take to help them, and we will certainly give all the support that we can to the communities.

M. Tardif (Peter) : Can you give us... do you have an idea what that might look like?

Mme McCann : Well, for instance, the request was to have increased communication, organize it better, which we will do... we're doing right now. So, that's the first base.

M. Tardif (Peter) : Can I have one more...

Le Modérateur : No, no, just one last question for CTV, Samuel Pouliot.

M. Pouliot (Samuel) : Just a quick question for my colleagues in Montréal. There are many small businesses that are scared right now or worried about surviving the next month. Do you have any measures to help them?

M. Legault : Yes. We will announce in the next few days measures for people, for companies and also measures for the economy in general, including infrastructure. But, yes, we will have measures for companies having cash flow problems right now, and I understand that we have many of them. So we're putting together a program. I know that the Federal Government is also working on a program. So what we are trying to do, Pierre Fitzgibbon is working on that, is to try to put them together in order not to have to knock at two doors at the same time.

Le Modérateur : Une dernière précision.

M. Lecavalier (Charles) : M. Legault, juste une petite précision parce qu'il y a des gens du public qui nous écrivent là. Très rapidement, il y a des gens qui veulent savoir: Si je veux aller porter de la nourriture à mes parents, comment je fais si je ne peux pas rentrer? Puis, deuxième question, il y a une infirmière qui m'écrit : Si je veux offrir mes services comme infirmière retraitée, qui j'appelle?

M. Legault : Bien, effectivement, là, pour les infirmières...

Mme McCann : Oui.

M. Legault : ...allez voir le CISSS ou... quoi?

Mme McCann : Oui, dans votre région, il y a un établissement régional, là, le CISSS ou le CIUSSS de votre région, il y a un service de ressources humaines. Vous allez sur le site, vous appelez. Si vous avez un problème, appelez au ministère de la Santé et des Services sociaux, on va vous répondre. On a besoin de vous.

Une voix : Pour ce qui est de...

M. Legault : Oui, allez-y.

Une voix : Pour apporter de la nourriture...

M. Arruda (Horacio) : Vous pouvez y aller.

M. Legault : Non, non, allez-y.

M. Arruda (Horacio) : Écoutez, je vais vous dire, dans le fond, si vous avez des symptômes, vous n'y allez pas. Ça, c'est la première des affaires. Si vous n'avez pas de symptômes, vous prenez votre nourriture; vous cognez à la porte, votre mère ouvre la porte, votre mère s'en va un peu plus loin, vous êtes à deux mètres de distance de la personne, vous pouvez parler à deux mètres, hein; puis là, vous donnez la nourriture, vous la placez dans le frigidaire pour votre maman ou... en tout cas, je ne veux pas rentrer dans le détail de la scène, mais vous gardez une distance, vous ne l'embrassez pas comme d'habitude, mais vous dites : Maman, ça va-t-u bien? Regarde, je t'ai préparé ça, ça, ça, et puis on essaie de rester le temps qu'il faut, mais pas trop longtemps non plus.

Mme Blais (Prévost) : Pas d'accolade, pas d'embrassade.

M. Arruda (Horacio) : Non, c'est ça. Ce qu'on fait, habituellement, là, on va leur faire, espérons-le, à la fête des Mères ou... si on est sortis de ce moment-là. Mais là, à ce moment-là, vous avez respecté la distance, vous n'êtes pas malade, vous avez respecté une distance pour ne pas la contaminer. Si vous toussez, bien, vous n'y allez pas, et si vous avez toussé par hasard, bien, la zone dans laquelle vous avez toussé, là, essayez de la nettoyer, en tout cas, ou... Gardez l'hygiène respiratoire, comme ça, ça va être correct. Mais il y a moyen de faire ces interactions-là, mais pas de fêtes avec grand-maman, puis tout le monde collé ensemble, puis on s'embrasse, etc.

Le Modérateur : Merci à tous.

M. Legault : Merci, tout le monde. Bonne journée.

(Fin à 14 h 3)