(Onze heures cinquante-sept minutes)
M. Legault : Oui. Bonjour,
tout le monde. Aujourd'hui, tout le Québec doit se mettre en mode d'urgence.
Pour le moment, la pandémie de coronavirus est sous contrôle au Québec, je dis
bien, pour le moment. Donc, on a aujourd'hui 13 cas, dont deux qui sont
hospitalisés, mais notre défi, au cours des prochaines semaines, c'est de
freiner la contagion. Les prochaines semaines vont être critiques, et notre
but, c'est de ralentir au maximum la propagation du virus. Donc, notre grande
priorité, on aura l'occasion, par exemple, d'économie au cours des prochains
jours, mais notre grande priorité actuellement, c'est la santé publique. On
doit se protéger, et la meilleure façon de protéger nos proches, c'est de se
protéger nous-mêmes.
Donc, je veux faire appel à la solidarité
des Québécois, au sens des responsabilités de tout le monde. C'est pour ça
qu'aujourd'hui je demande à toutes les personnes qui reviennent de l'étranger
ou qui ont des symptômes comparables à la grippe de se placer en isolement
volontaire pour 14 jours. Donc, toutes les personnes qui reviennent de
tous les pays étrangers, je demande de vous mettre en isolement pour
14 jours.
Pour les employés de l'État et des réseaux
de la santé, de l'éducation, des services de garde, l'isolement va être
obligatoire, que ça soit dans le secteur public ou dans le secteur privé. Donc,
toutes les personnes qui travaillent dans ces réseaux, qui reviennent de
l'étranger, devront obligatoirement se placer en isolement. Toutes ces personnes
vont continuer d'être payées. Je parle des personnes qui travaillent dans le
secteur public.
Pour ce qui est du secteur privé, bon,
d'abord, je veux demander aux employeurs d'être compréhensifs. C'est très
important que toutes les personnes qui reviennent de l'étranger ou qui
soupçonnent d'avoir les symptômes de rester à la maison. On va, dans les
prochains jours, annoncer des mesures financières pour compenser ces
personnes-là qui travaillent dans le secteur privé. On va aussi, au cours des
prochains jours, annoncer des mesures pour aider toutes les entreprises qui ont
des problèmes de liquidité dus aux impacts du coronavirus. Donc, on ne va
laisser tomber personne.
Je demande aussi à tous les organisateurs
d'événements intérieurs de plus de 250 personnes d'annuler ces événements
et je demande aussi, de façon générale, d'annuler tous les événements qui ne
sont pas nécessaires. Je demande aussi à tous ceux qui sont capables de faire
du télétravail, de le faire.
Évidemment, je le rappelle, il faut se
laver les mains régulièrement puis, au moindre doute, il faut s'isoler et il
faut aller se faire tester. Je demande évidemment aux Québécois de porter une
attention spéciale aux personnes vulnérables, en particulier nos aînés. Que nos
aînés habitent dans leur maison ou dans toutes sortes de centres d'hébergement,
si vous revenez de l'étranger ou si vous avez des symptômes comparables aux
symptômes de la grippe, n'allez pas visiter les aînés. C'est important, ce sont
les personnes qui sont les plus à risque.
Donc, tout le monde, tous les Québécois
doivent faire leur part, mais je veux, en terminant, dire un mot spécial pour
tout le personnel du réseau de la santé. Vous êtes actuellement nos anges
gardiens. Je veux, au nom de tous les Québécois, vous dire un énorme merci. Je
sais que ce n'est pas facile, qu'il y a des heures qui sont longues, que ça va
être difficile pendant plusieurs semaines. Donc, on est là pour vous soutenir,
on est là pour vous appuyer de toutes les façons possibles.
Donc, je le répète, les prochaines
semaines vont être critiques pour la propagation du virus, mais il faut être
réaliste, on est dans une crise qui va durer des mois. Donc, il faut se
préparer. Je vais, à tous les jours, faire le point avec les Québécois et je
suis convaincu qu'on est capables, tous ensemble, de passer au travers de cette
épreuve. Merci. On va prendre les questions.
Le Modérateur
: Alors,
on va commencer avec Alain Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) :
Messieurs dames, bonjour. Les échos qu'on a, M. le premier ministre, c'est que,
dans le réseau de la santé, actuellement, ils sont débordés. Il y a des cas qui
rentrent dans les hôpitaux et les consignes ne sont pas claires. Les médecins
ne savent... pas faire avec les patients, ils disent qu'ils ne sont pas équipés
et qu'il y a des risques énormes de contamination. Est-ce que le personnel de
la santé, actuellement, est équipé pour faire face à la crise et a des
consignes claires?
Mme McCann : Oui, le personnel
a des consignes claires et le personnel est équipé. Alors, on a pris toutes ces
mesures, ça fait des semaines qu'on se prépare. Il y a des rencontres
journalières avec les présidents-directeurs généraux des établissements. Il y a
également des rencontres très soutenues avec les fédérations médicales et avec
les instances syndicales.
Alors on continue d'être en contact de
façon presque quotidienne avec ces instances, et les consignes sont claires, et
le support à notre personnel, c'est notre priorité.
M. Laforest (Alain) : On a vu
ce qui s'est passé en Italie très rapidement. Est-ce que vous écartez, à court
terme, de faire des inspections, des vérifications, des tests à l'extérieur des
réseaux de la santé, c'est-à-dire dans des tentes avant que les gens entrent
dans les hôpitaux?
Mme McCann : On n'est pas
rendus là à ce moment-ci, mais on est en train de regarder et même de
travailler très, très activement la possibilité de faire des prélèvements à
domicile. Mais là, c'est ce qu'on vous dit aujourd'hui. Ça ne veut pas dire
que, dans le futur, même demain ou après-demain, il n'y aurait pas d'autres
avenues qu'on va travailler. Mais, pour le moment, les tests qu'on fait
actuellement dans les cliniques, dans les hôpitaux, on pourrait en faire à
domicile. C'est à ce point-là qu'on est rendus, mais effectivement, si le
besoin est, on pourrait avoir d'autres modalités.
Le Modérateur
: On
poursuit avec Louis Lacroix, Cogeco Nouvelles.
M. Lacroix (Louis) : Bonjour.
Est-ce que... Je vois, M. Legault, que vous êtes beaucoup dans la demande, en
fait, vous demandez aux gens, puis même dans les CHSLD, les centres pour
personnes âgées. Est-ce que vous pourriez aller un «step» plus loin, si on
veut, là, une marche plus loin et interdire carrément certaines visites dans
les CHSLD ou encore fermer les écoles? Est-ce qu'on est en train de songer à
ça?
M. Legault : On n'est pas
rendus là, mais, à ce moment-ci, on ne peut rien exclure.
M. Lacroix (Louis) : Mais c'est
dans la possibilité de le faire. Vous êtes en train de...
M. Legault : Bien, vous avez
vu des pays qui le font, des pays qui sont plus infectés que le Québec. Donc, c'est
pour ça que je vous dis : Les prochaines semaines vont être critiques. Les
deux, trois prochaines semaines, on va voir comment les infections évoluent,
puis là, bien, les mesures pourraient évoluer.
M. Lacroix (Louis) : Il y a
des professeurs, on me dit, entre autres, qui sont allés à l'étranger... il y a
un cas, je pense, dans une école en Outaouais, et qui est revenu d'Italie puis
qui enseigne quand même, l'école l'a laissé enseigner. Est-ce que ça, ce n'est
pas un manque de prudence?
M. Legault : Absolument.
D'ailleurs, je l'ai dit clairement, là, ça va être obligatoire pour les
professeurs, les gens des réseaux de la santé, des services de garde de
s'isoler 14 jours lorsqu'ils reviennent de l'étranger. Donc, ça, ça va
être clair, puis ces personnes-là vont continuer d'être payées.
Donc, je pense que le signal qui est
important d'envoyer, c'est que, dans le réseau public, le gouvernement va payer
pour les personnes isolées. Maintenant, au cours des prochains jours, on va
annoncer des mesures pour le secteur privé parce qu'il faut que ce soit la même
chose dans le secteur privé.
Le Modérateur
: Robert
Dutrisac, Le Devoir.
M. Dutrisac (Robert) : Oui, bonjour.
Le premier ministre a parlé justement de freiner la contagion. Peut-être, M.
Arruda, j'aimerais savoir : Les dernières connaissances sur la propagation
du virus, où est-ce qu'on en est? Et, en fait, quel est le scénario le plus
probable que vous envisagez, à l'heure actuelle, pour le Québec? Donc, ce que
vous semblez dire, c'est qu'il y a une assurance qu'il y ait ce qu'on appelle
une contagion communautaire, et je voudrais savoir si vous avez des projections,
justement, sur le taux de létalité et également de ce que vous envisagez comme
contagion.
M. Arruda (Horacio)
:
Il faut comprendre qu'il y a encore beaucoup de... c'est un nouveau virus. Il y
a encore beaucoup de données, puis les études qui ont été faites dans certains
pays ne sont pas encore complétées. On n'a pas fait d'étude sérologique pour
connaître le total de gens hospitalisés, mais on fonctionne sur la base de
scénarios de ce qu'on connaît et d'interprétations des différentes...
Vous pouvez parler à différentes gens qui
font de l'économie... des projections des cas, vous allez avoir des scénarios
qui vont varier selon ce qu'on met comme hypothèse. O.K.? Habituellement, la...
On pense que ça pourrait atteindre à peu près entre 30 % et jusqu'à
70 % de la population, si rien n'est fait. Vous comprendrez que si rien
n'est fait, à ce moment-là, ça veut dire que ça va rentrer. Comme nous sommes
une population vierge au virus, c'est un nouveau virus, c'est normal que, quand
il vient, il va trouver plus de monde qui sont susceptibles, donc il va y avoir
plus de cas. Et c'est un virus qui se propage plus que la grippe, O.K.? Il se
propage plus en termes de R0, c'est le nombre de cas que génère chacun des cas.
Mais, si on est en mesure, par nos actions
ou... parce que le virus ne va pas sauter d'une personne à l'autre s'il n'est
pas... par nos actions qu'on est en train de mettre en place, que recommande l'OMS,
que recommande le plus grand expert qui est allé en Chine, c'est véritablement
cette approche très agressive au départ qui va diminuer l'introduction et qui
va l'étaler. On ne pourra pas... écoutez, très honnêtement, je ne pense pas
qu'on va avoir 13 cas, puis ça va redescendre, puis ça va être zéro. Je
pense que c'est presque impossible. Compte tenu de ce qui circule, ça va
diminuer au printemps, ça va peut-être reprendre à l'automne, on ne le sait pas
encore.
Mais, si on est très agressifs maintenant...
Puis nous, on a un profil très différent de la Colombie-Britannique. Eux, ce
sont des Chinois qui les ont infectés à travers les vols qui sont ici. Nous, la
France, l'Italie, ce sont des pays où il y a beaucoup de circulation. Donc, si,
au début, on met des mesures importantes, notamment que les gens... parce que
les gens peuvent traverser la frontière sans aucun symptôme, mais arrivés ici,
être malades puis répandre la maladie ailleurs.
Donc, c'est pour ça que le gouvernement
joue un rôle de leadership important, à mon avis, ici. C'est de dire : On
y va fort au départ pour être capable... Une courbe d'épidémie, au lieu qu'elle
soit comme ça, qu'elle monte très haut, puis qu'elle redescende, puis là ici on
n'est plus capable de traiter les patients, on manque de soins intensifs, on va
étaler la courbe comme ça de telle sorte qu'on va demeurer en capacité. On va
sortir aussi de la saison hivernale des grippes et des virus, ce qui va nous
aider à faire les diagnostics. On va tester beaucoup de monde, on va enquêter
chacun des cas pour savoir qu'est-ce qu'ils ont fait exactement, on va
rapidement prendre les personnes, les contacts étroits, les mettre en isolation.
On est clair qu'on brime un peu les droits individuels, mais c'est pour le bien
collectif et c'est pour le bien des personnes.
Et je pense que notre système... On fait
appel à la solidarité de tous les gens. Les gens doivent être aussi
responsables par rapport à leur comportement. Quand on dit : Vous revenez
de voyage, faites une isolation volontaire, c'est une bonne chose. On essaie de
ne pas contaminer les autres. Ces comportements-là, il y a seulement les
personnes qui peuvent le faire. Puis nous, on va l'être, de notre côté, puis on
va aussi permettre à... donner les moyens aux gens d'être capables de le faire,
là. Parce que, si ça les brime trop...
Mais on est rendus à ce stade-ci, on est
rendus à un stade où, je vous dirais, la liberté des personnes peut être... puis
c'est la Loi de santé publique qui le permet, là, compte tenu de la menace,
peut être moins importante que le bien collectif. Parce que, sinon, c'est tout
le monde qui vont le payer. Ça pourrait même être vous qui, plus tard, pourriez
être infecté et ne pas pouvoir être traité de façon adéquate. On est à ce
stade-ci et... pour ne pas être à courir, si vous me permettez, après notre
queue, parce qu'il va être trop tard.
M. Dutrisac (Robert) : Mais
vous pouvez traiter combien de personnes, à ce moment-là, sans que le système
déborde? Combien de gens infectés vous pouvez...
M. Arruda (Horacio)
:
On est en train de faire ces calculs-là. Il faut comprendre que ça va dépendre
des choses. Dans un scénario hypercatastrophe, avec des taux de létalité à
6 %, puis etc., là, ça va être difficile. Mais on ne pense pas que c'est
là qu'on va être. On va peut-être être un peu plus que le H1N1, qui d'ailleurs
était très fort à Winnipeg, au printemps, et qui est devenu faible au Québec.
D'ailleurs, on s'est fait dire qu'on avait trop fait de choses, à ce temps-là,
parce que ça n'avait pas été si pire. Moi, je préfère être prêt, à mon avis, que
de dire : Il est trop tard.
Ça fait que les calculs se font... Ça va
dépendre. Heureusement, il y a beaucoup de gens qui peuvent être traités à
l'externe, O.K., donc qui n'ont pas besoin de milieu hospitalier, il y a des
ailes d'hôpital qui peuvent être transformées, il y a des respirateurs qui
peuvent être ajoutés, puis etc. Mais ce peaufinement-là est en train de se
faire, là. Je ne voudrais pas vous donner un chiffre, aujourd'hui, qui ne
serait pas adéquat, mais on va revenir avec ça. Le ministre nous demande ces
scénarios-là, là, comme tels, ça fait qu'on va vous revenir avec cet
élément-là.
Puis, comme je vous le dis, c'est des
situations qu'on va évaluer jour, par jour, par jour. On est en lien avec les
fédérations, on est en lien avec les microbiologistes, on est en lien avec les
intensivistes, pour la partie clinique, là. Puis tous mes directeurs de santé
publique au Québec appuient cette recommandation-là qui, à mon avis, est la
décision que le premier ministre a prise pour la santé de tous. Et on
interpelle la population à faire ce que je dis, et je vais vous parler encore
du lavage de mains puis de l'hygiène respiratoire, c'est très important, et je
pense que c'est ces choses-là.
Le Modérateur
: Merci.
Hugo Pilon-Larose à La Presse.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Les
citoyens qui nous écoutent à la maison et qui peuvent s'inquiéter,
M. Arruda, de toutes les informations qu'on entend en ce moment, est-ce
qu'ils doivent, de façon préventive, modifier certains comportements, par
exemple cesser d'aller au gym, où qu'on partage de l'équipement sportif avec
beaucoup de personnes, ne plus fréquenter les spas, limiter les déplacements
dans les centres d'achats? Est-ce qu'on est rendu là?
M. Arruda (Horacio)
:
Écoutez, je pense qu'il faut y penser, O.K.? Et je vous dirais qu'il faut
utiliser notre intelligence. Actuellement, il n'a pas de circulation du virus.
Tu sais, des gyms où il y a de la transmission, il n'y en a pas. Mais moi,
j'aurais tendance à vous dire, actuellement, certains... C'est clair qu'on
vient d'interdire des rassemblements intérieurs en haut de 250. S'il y a des...
Un, surtout pas si vous revenez de voyage ou vous commencez à avoir des
symptômes, n'allez pas voir nos personnes âgées. Téléphonez-leur. Tu sais, il
faut prendre des habitudes. Là, on devrait faire ça dans toutes les saisons de
grippes, vous comprenez? Parce que ces gens-là sont très vulnérables.
Dans les transports en commun, on va en
arriver à dire aussi : Essayez de limiter... On peut étendre. Il y a des
heures de pointe, à un moment donné, il y a trop de monde, on peut essayer de
partir un peu plus de bonne heure, un peu plus tard. Les employeurs pourraient
faire cette recommandation, particulièrement quand il va y avoir de la
circulation. Mais c'est sûr qu'on va devoir changer nos comportements. Puis, ce
n'est pas parce que le métro nettoie son poteau qu'il ne faut pas se laver les
mains. Le poteau, il va être lavé, mais la personne peut, tout de suite après,
le recontaminer. Donc, lavez-vous les mains, prenez ça. Quand vous êtes malade
puis vous avez le rhume, n'essayez pas de vous coller sur les autres, puis etc.
C'est tout ce genre de petits comportements, la somme de tout ça va faire qu'on
va avoir un impact sur la maladie. Mais tout le monde doit le faire à mon avis.
Puis, comme dit le ministre, on va revenir
au jour le jour. Si on se rend compte qu'il y a de la transmission dans une
ville puis qu'il n'y en a pas ailleurs, on va faire... On va évaluer la
situation. S'il y en a partout au Québec, ce n'est pas les mêmes
recommandations que dans une ville. Parce que vous devez penser à ce qu'on va
mettre une île, une ville ou... en quarantaine. Il faut regarder notre
épidémio. Et ça, c'est très important. On s'inspire de ce qui se passe ailleurs,
mais on n'est pas la Chine, puis on n'est pas la Corée du Sud puis on n'est pas
la Finlande. On est le Québec.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Dans
les scénarios que vous étudiez en ce moment, y a-t-il le scénario où l'île de
Montréal est mise en quarantaine?
M. Arruda (Horacio)
: Écoutez,
je vais vous le dire, tout est possible en termes de scénario. On va prendre la
décision qui est logique, qui est objective par rapport à la situation. Bon, je
veux dire, là, je parle de ça parce qu'on voit que les zones de d'autres pays
ont été isolées, là. Mais, actuellement, déjà, au Québec, les cas où ils sont...
ils reviennent de l'extérieur, hein, ils sont éparpillés un peu dans le Québec,
surtout dans les régions où il y a plus de monde. Plus de monde, plus de
probabilités de faire un voyage, plus de probabilités de faire un voyage, plus
de chances que le virus se retrouve là. Mais ça va dépendre de la transmission.
Mais, je vous dis, rien n'est exclu. Les
pouvoirs du directeur national par rapport à la Loi de santé publique et les
pouvoirs de la sécurité civile par rapport à la Loi à la sécurité civile
permettent de faire des quarantaines, permettent... Moi, c'est un isolement
obligatoire parce qu'on réserve le mot «quarantaine» au fédéral.
Le Modérateur
: Merci,
Hugo. Charles Lecavalier, Le Journal de Québec.
M. Lecavalier (Charles) :
Juste au début, une petite précision, là. Vous parlez... est-ce qu'on a
interdit les rassemblements de 250 personnes et plus ou vous demandez aux
organisateurs de les annuler? C'est interdit?
Une voix
: C'est
interdit.
M. Lecavalier (Charles) : Ah!
Bon, O.K. Sur le nombre de tests, hier, bon, vous avez dit qu'on avait
200 tests par jour. J'imagine que vous voulez en faire plus, là. Il me
semble qu'une des clés du succès c'est de faire un repérage rapide. Donc, la
semaine prochaine, si on dit : Dans une semaine, on va avoir combien de
tests par jour de...
M. Arruda (Horacio)
:
On va l'augmenter. Mais je ne veux pas vous donner le chiffre aujourd'hui parce
qu'on garde... Il faut faire certaines validations, vérifications, là. Il faut
que vous compreniez, là, que ça va vite, hein? Je ne sais pas si vous
comprenez, là, ça va très vite. Mais, dans nos scénarios, on est en train de
les calculer, là. Bien, on va vous les communiquer après validation, etc. parce
qu'il faut vérifier aussi la disponibilité de matériel, puis etc., auprès des
compagnies. Mais on va le faire. C'est clair qu'on va augmenter la capacité de
tests, puis on va utiliser les tests là où c'est nécessaire en priorité,
c'est-à-dire sur les personnes qui reviennent de voyage puis qui ont des
symptômes. Puis éventuellement, si c'est de la transmission locale, à ce
moment-là les tests vont se faire de façon beaucoup plus importante. Mais on
n'en est pas là, heureusement.
M. Lecavalier (Charles) : Et
en ce moment il y a combien de lits, là, d'urgence, là, qui sont disponibles
pour l'épidémie... la pandémie de coronavirus?
Mme McCann : Bien, ce qu'on
peut vous dire, c'est qu'on a fait le relevé des chambres à pression négative.
Ça, c'est des chambres très importantes, là, pour des troubles respiratoires
comme le coronavirus, des gens qui nécessiteraient une hospitalisation. On en a
environ 900, 900 chambres à pression négative. Mais, ce que je veux vous
dire aussi, aujourd'hui, c'est qu'on a des possibilités, dans notre réseau, de
délester des activités, hein, qui sont moins essentielles. On l'a fait dans la
situation du H1N1. Alors, on prépare aussi... Dans ce sens-là, d'ailleurs, on
va commencer à délester graduellement certaines activités parce que, là, on a
une demande, évidemment, auprès de nos équipes, là, de s'occuper de ce dossier-là
en priorité. Mais on a la possibilité de délester un certain nombre d'activités
qui ne sont pas urgentes — c'est ce qu'on a fait dans le
H1N1 — ce qui augmente notre capacité de recevoir des patients qui
auraient le coronavirus.
Le Modérateur
:
Olivier Bossé, Le Soleil.
M. Bossé (Olivier) : Vous
dites : Interdire les rassemblements de 250 personnes, les gens qui
arrivent de voyage se mettent en quarantaine. Par contre, si, en fin de semaine...
je sais que c'est un évènement extérieur, mais, juste à côté, il y a la Coupe
du monde de ski de fond, plusieurs centaines de gens qui arrivent d'autres
pays, 13 pays. Donc, ça me semble contradictoire.
Mme McCann : Moi, l'information
que j'ai actuellement, c'est que l'organisation de l'évènement est en
discussion avec la fédération internationale, alors il y a des discussions, à
ce moment-ci, qui se font concernant l'évènement en question.
M. Legault : Juste préciser
aussi : la directive, c'est concernant les évènements intérieurs.
M. Arruda (Horacio)
:
Bien, ça, c'est... Si vous me permettez, M. le ministre, c'est important parce
que, vous savez, le virus, il s'étend maximum un mètre en avant, un mètre en
arrière, à peu près deux mètres autour de la personne. Et, à l'extérieur, le
vent va rapidement les envoyer, et ce n'est pas le même genre de contact
étroit. Donc, dans ce contexte-ci, comme il n'y a pas non plus de transmission
locale, ça, c'est une chose encore, je pense que ça peut... Bien, ils vont
évaluer, là, la situation, mais la recommandation, aujourd'hui, c'est vraiment
pour les événements intérieurs.
Puis quand on parle de ça aussi, c'est des
événements... On ne parle pas de situations où on va faire du magasinage
quelque part puis qu'il y a beaucoup de personnes, là. On est vraiment dans...
on fait une activité, cette activité-là... Puis même, à la limite, on a dit
250, mais quelqu'un pourrait décider, là, qu'une réunion qui n'est pas
essentielle est à 200 ou à 150, puis il peut décider de la tenir dans d'autres
modalités. On n'est pas en train de dire que le 250, c'est le chiffre magique,
là. On fait une analyse des situations actuelles puis...
Une voix
: ...
M. Legault
: Bien,
malheureusement, le match ne pourra pas être vu par les spectateurs. Il ne
pourra pas y avoir de spectateurs.
Journaliste
: Vous
voulez dire que les prochains matchs des Canadiens vont être à huis clos? C'est
ça que vous dites, là?
M. Legault : Ce qu'on dit, c'est
que les prochains matchs du Canadien, il ne pourra pas y avoir de spectateurs,
puisque c'est un événement intérieur avec plus que 250 personnes.
Le Modérateur
:
Jocelyne Richer, LaPresse canadienne.
Mme Richer (Jocelyne) : Bonjour
à tous. Ma question s'adresse à M. Arruda. J'aimerais savoir : Dans un
calcul de probabilités, quelles sont les chances, à ce moment-ci, pour le
Québec d'éviter le scénario catastrophe de l'Italie?
M. Arruda (Horacio)
:
Ça va dépendre, si vous me permettez, du respect de l'application des mesures
qu'on met en place. Vous savez, là, le premier ministre demande des choses; si
les gens le font, ça augmente notre probabilité. Est-ce qu'on va la réduire de
50 %, de 30 % ou de 20 %? Toute réduction va être importante. Je
veux dire, si on réduit juste, mettons, de 10 % la courbe, à un moment
donné, c'est 10 % de moins et moins de personnes qui vont être... Mais je
pense, honnêtement, que ça va être efficace. Ça a été démontré dans d'autres
situations, on pourrait avoir véritablement une baisse importante du pic, mais
surtout aussi son étalement.
Parce que, je vous le dis, là, le pire, c'est
que tout arrive en même temps et qu'on soit obligés, à un moment donné, de
faire des choix et dire : Est-ce que c'est cette personne-là qu'on traite
ou l'autre? Et ça, on ne veut pas arriver à ça. Puis c'est pour ça aussi qu'on
veut aussi protéger nos vulnérables. Quand on vous dit, là, de ne pas aller
visiter des personnes âgées dans les centres d'accueil, c'est pour ne pas les
amener à la maladie. Parce que, si on ne rentre pas le virus dans le centre
d'accueil, il n'y aura pas la maladie.
Mme Blais (Prévost) :
D'ailleurs, j'aimerais peut-être mentionner que, d'ici demain, dès demain, dans
tous les CHSLD, il y aura à la porte une personne responsable de la sécurité
qui va poser des questions par rapport à : Avez-vous voyagé?, il faudrait
vous laver les mains. Poser les questions d'usage pour être absolument certain
que, si on n'est pas obligé d'aller visiter nos personnes vulnérables dans les
CHSLD, qu'on s'abstienne.
Normalement, je vous dis le contraire :
Allez visiter nos personnes âgées parce que les gens vivent une situation
d'isolement. Mais là je suis en train de dire : Si vous sentez que vous
avez un syndrome d'allure grippale, si vous toussez, si vous avez des problèmes
respiratoires, si vous avez voyagé au cours des 14 derniers jours, n'allez
pas visiter nos aînés dans les CHSLD.
Et on a un guide aussi qui a été fait en
2009 pour, justement, contrer une pandémie d'influenza, qui a été revu
concernant le coronavirus, la COVID-19, et tous les établissements maintenant
ont ce guide qui s'adresse particulièrement aux professionnels de la santé.
Mme Richer (Jocelyne) : Une
question au premier ministre, s'il vous plaît, à propos des voyageurs arrivant
de l'étranger. Les mesures dont vous parlez aujourd'hui, choses quand même
incitatives, est-ce que vous avez envisagé et est-ce que vous avez le pouvoir,
dans les prochaines semaines, si la situation dégénère, d'empêcher des gens de
débarquer au Québec?
M. Legault : Bien, évidemment,
il faudrait le faire avec le gouvernement fédéral. Ça va faire partie des
discussions, surtout avec la décision que M. Trump a prise hier soir. Donc, ça
fera partie des discussions avec le gouvernement fédéral. Mais la santé
publique...
Mme Richer (Jocelyne) : Vous
songez à ça sérieusement? Est-ce que c'est un scénario probable, possible?
M. Legault : On ne l'exclut
pas.
Le Modérateur
: Hugo
Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo) : Oui,
bonjour. Juste une petite précision rapidement. D'abord, pour ce qui de la
quarantaine pour les employés de l'État, ça s'applique à tous les employés de
l'État, ne serait-ce que quelqu'un qui est allé faire du ski une journée au
Vermont? Ça s'applique à lui? Tout voyage à l'étranger?
M. Legault : Absolument.
M. Lavallée
(Hugo) : O.K. En ce qui concerne les rassemblements de 250 personnes,
il y a des écoles secondaires au Québec où il y a plus de 250 élèves,
1 000, 2 000. Quelle est la différence? Pourquoi est-ce qu'on ne
ferme pas ces...
M. Legault :
Bien, on va s'assurer... Effectivement, dans certaines universités, il peut y
avoir des amphithéâtres qui ont plus de 250 personnes. On parle de 250 personnes
dans une salle. Il peut arriver que, dans une cafétéria, dans une école, il y
ait plus que 250 personnes, donc il va falloir avoir le repas qui va être
divisé par groupes. Donc, ce qu'on recommande, ce qu'on demande aussi à nos écoles,
nos cégeps, nos universités, c'est de ne jamais avoir plus que 250 personnes
dans la même salle. C'est une question de probabilité. C'est la recommandation
de la santé publique.
M. Lavallée
(Hugo) : Pour faire un suivi à la question précédente de ma collègue,
on a vu beaucoup de reportages, ces derniers jours, de gens, justement, dans
les aéroports, qui arrivent d'Italie, par exemple, qui racontent à la télé :
Bien, on nous a remis un feuillet explicatif, pas plus de vérification. Est-ce
que ça vous semble normal? Est-ce qu'il n'y aurait pas des précautions
additionnelles à prendre que vous pourriez suggérer au gouvernement fédéral?
M. Legault :
Exactement. Ce qu'on souhaite avec le gouvernement fédéral... Bon, comme vous
le savez, on ne peut pas avoir un test qui est concluant avec les personnes qui
arrivent à l'aéroport. Mais on peut par contre donner des directives très
claires de dire : Bien, si vous avez des symptômes, pendant les 14 prochains
jours, soyez prudents; d'abord, n'allez pas visiter des personnes âgées,
mettez-vous en isolement, puis, s'il y a des symptômes, allez vous faire
tester. Donc, il faut surtout informer les voyageurs. Mais c'est quelque chose
qu'on discute avec le gouvernement fédéral.
Le Modérateur
: De
façon très rapide, donc question courte, réponse courte, Fanny Lévesque, LaPresse.
Mme Lévesque (Fanny) : Oui.
Dans les nouveaux cas confirmés, est-ce qu'il y a des cas qui touchent du
personnel de santé comme des médecins ou des infirmiers?
Mme McCann : Dr Arruda.
M. Arruda (Horacio)
:
Écoutez, vous comprendrez qu'on a au Québec une très grande importance pour la
question de la confidentialité, particulièrement les autorités de santé
publique. Il y a des maladies à déclaration obligatoire qui sont des maladies
transmises sexuellement, etc. Et quand, là, il y a des petits nombres, O.K... Nous,
là, on veut protéger l'information. Quand vous dites : Il y a tel... un
médecin, une infirmière de tel hôpital, puis etc., je ne sais pas si vous
comprenez, on donne une information qui est une piste pour l'identification. Je
suis convaincu que vous-même, ou moi-même, ou n'importe qui d'autre n'aimerait
pas qu'on soit ciblé.
L'information, elle, que ça soit médecin
ou pas, s'il n'y a jamais des interventions à faire... s'il y a eu des
patients, on va les faire, puis etc., mais on essaie de ne pas rendre publiques
ces choses-là. Des fois, les journalistes vont le faire, vont retrouver la
personne, la personne va accepter de le faire, ils peuvent le faire. Mais nous,
là, il n'y a jamais eu de faille, en termes de confidentialité, au Québec sur
les maladies à déclaration obligatoire. Et je sais, je me rappelle très bien,
dans l'épidémie où on avait la méningite du méningocoque qu'il y avait eu à Québec,
là, les enfants mouraient dans les écoles, il y avait des enfants dans les
garderies, les gens voulaient connaître le nom de la personne, puis etc. Ce
n'est jamais sorti de notre côté, c'est sorti notamment par la presse, puis
etc.
Ça fait que dans ce contexte-là, si vous
me permettrez, je vous dirais qu'il peut y avoir des fois des... il peut y
avoir des professionnels de la santé ou d'autres. Mais l'important, ce qu'il
faut que vous sachiez, c'est : que ce soit une personne ou l'autre, on va
faire les interventions qui vont être efficaces.
Mme Lévesque (Fanny) : Est-ce
que vous considérez toujours que le risque est faible, au Québec, de contracter
le coronavirus?
M. Arruda (Horacio)
:
Je vous dirais qu'actuellement le risque est encore faible parce qu'on n'a pas
de circulation importante. La projection va faire qu'on va avoir de la
transmission, puis ce qu'on veut faire, c'est, d'un risque très élevé,
l'abaisser à modéré faible... bien, je dirais modéré moyen, là, tu sais, là? Il
ne restera pas faible parce qu'il va y avoir de la circulation éventuellement.
Mais, à date, on est chanceux, tous les cas qu'on a eus au Québec, ce n'est pas
des cas qui sont le deuxième cas, le frère, le beau-frère de quelqu'un qui est
allé en voyage puis qui l'a attrapé, c'est carrément des gens qui sont revenus
de voyage. Mais ça va arriver, comme c'est arrivé ailleurs, en Colombie-Britannique.
Le Modérateur
: On va
bientôt passer aux questions en anglais. Juste avant, j'ai Michel David et
Mylène Crête. Mme Crête, d'abord.
Mme Crête (Mylène) :
Je voulais savoir : Est-ce qu'il n'aurait pas été souhaitable de prendre
ce genre de mesures musclées là avant le retour des gens après la semaine de
relâche, là? Parce qu'on sait que les gens vont en voyage pendant cette
période-là.
M. Arruda (Horacio)
:
Bien, il faut avoir certains indices. Je vais vous dire, ces mesures-là ont été
prises dans des pays alors qu'il y avait des milliers de cas. Donc, déjà, on
est beaucoup en avance par rapport à ça. Il faut voir aussi... L'OMS a déclaré
la pandémie, mais, indépendamment que l'OMS a déclaré la pandémie, comme hier
on est passé de huit à 11 cas dans la soirée, ce qui augmente une certaine
accélération, je pense qu'on est assez tôt dans les éléments.
On peut toujours dire... il y a aussi une
question d'acceptabilité sociale de la population. Parce qu'avoir voulu
implanter ça dès, mettons, là... j'aurais dit... parce qu'on savait qu'on
allait arriver à ces mesures-là éventuellement. En janvier, on m'aurait dit :
Mais, Dr Arruda, qu'est-ce qui se passe avec vous? Et l'acceptabilité sociale
des gens à ça, à le faire... Parce qu'on a beau le faire, mais il faut que les
gens le fassent. Et là je pense que la société est mûre à ça. Les gens
commencent à être plus inquiets. On a vu l'expérience de l'Italie, on est en
relation avec les Français, en termes de... Moi, je pense qu'on est, au
contraire, proactifs.
Ailleurs, au Canada, ça ne s'est pas
encore fait. Ça va probablement se faire, je ne sais pas comme tel. Mais moi,
au Québec, je vais vous dire, comme directeur national, et mes directeurs de
santé publique et mes experts considèrent que c'est le momentum, et on aurait
eu de la difficulté à le faire, peut-être, antérieurement. C'est facile,
toujours, de dire en rétrospective, mais je vais vous le dire, là,
actuellement, là, le fruit, il est mûr pour être cueilli puis il n'est pas
encore tout à fait mûr, il n'est pas en train de devenir fripé. On arrive au
bon moment.
Mme Crête (Mylène) :
Et donc ce n'est pas nécessaire, donc, à ce moment-là non plus, de fermer les
écoles? Parce qu'il y a certains experts qui prétendent que ce serait
souhaitable.
M. Arruda (Horacio)
:
Je vous le dis, là, le ministre l'a dit, là, la ministre l'a dit...
M. Legault : Premier ministre.
M. Arruda (Horacio)
:
Oui... Hein?
M. Legault : Premier ministre.
M. Arruda (Horacio)
:
Ah oui! Excusez-moi, le...
M. Legault : Premier ministre.
M. Arruda (Horacio)
: C'est
la première fois que je fais un point de presse avec vous. Je vous présente mes
plus sincères excuses si je vous ai insulté. Le... Mon Dieu Seigneur!
M. Legault : Le premier
ministre, ça va aller.
M. Arruda (Horacio)
:
Je sens que je vais faire Le bye-bye... le... Infoman.
Excusez-moi, M. le premier ministre. Il faut donc comprendre qu'on fait des
annonces à tous les jours. Quand il va y avoir de la circulation locale, ça se
peut qu'on ferme les écoles. Comprenez-vous? C'est que, là, là, il faut
vraiment, là... On fait ça sur la base des informations qui sont chez nous puis
on le fait en fonction de notre épidémiologie, qui n'est pas la même que celle
de la Colombie-Britannique puis qui n'est pas la même de l'Ontario. C'est pour
ça qu'on fait de la surveillance, c'est pour ça qu'on est aux aguets. C'est
pour ça que depuis le mois de, je dirais, mi-janvier, on est là-dessus. C'est
pour ça que, depuis le début janvier, on a commencé à penser approvisionnement,
masques, etc. Parce qu'on l'a déjà vécu, puis qu'on va faire mieux que la
dernière fois, puis on va survivre à tout ça grâce à notre solidarité, puis la
prochaine fois on fera encore mieux.
Le Modérateur
: De
façon donc très rapide, parce que le temps file puis que je veux laisser la
chance à nos collègues des médias anglophones de faire leur travail également,
il y avait Annabelle Blais du Journal de Montréal.
Mme Blais (Annabelle) :
Bonjour. Juste pour que ce soit très clair, là, la Loi sur la santé publique et
les pouvoirs du premier ministre, donc, vous pouvez forcer une personne à un
isolement obligatoire, vous pouvez fermer tout lieu que vous jugez bon? Vous
n'avez pas besoin, dans la mécanique, d'attendre quelconque déclaration du
fédéral en lien avec la loi de la quarantaine, les pleins pouvoirs?
M. Arruda (Horacio)
: Non.
Parce que c'est l'évaluation, ce qu'on appelle, d'une menace appréhendée. O.K.?
La menace peut ne pas être là encore. Même, à la limite d'une menace
appréhendée, si nous jugeons que le bénéfice est plus grand pour la communauté
que les droits individuels, on peut aller de l'avant là-dessus. On peut même
obliger une personne à être traitée, et, si elle ne veut pas être traitée, on
l'enferme complètement. Ça existe dans les cas de tuberculose. On a ces
pouvoirs-là qu'on doit utiliser de façon intelligente, bien entendu, toujours
avec la collaboration du maximum de monde, mais ces pouvoirs-là sont là. On
peut même déclarer une vaccination obligatoire d'urgence en cas d'urgence
sanitaire, ce qu'on n'a jamais fait puis qu'on espère ne jamais faire au Québec.
Mme Blais (Annabelle) : O.K.
Mais vous n'avez pas besoin de... le premier ministre n'a pas besoin nécessairement
de déclarer un état d'urgence ou un état précis, là. Ce pouvoir-là
s'applique...
M. Arruda (Horacio)
: C'est-à-dire
qu'il y a deux lois. Il y a la Loi sur la sécurité civile qui, elle, est souvent
utilisée dans les questions de catastrophes, etc., mais là on est véritablement
dans un domaine de maladies infectieuses. On travaille avec nos partenaires de
la sécurité civile parce qu'il va falloir voir à de l'approvisionnement de
nourriture ou certains éléments autres. On travaille avec... tout le gouvernement
travaille là-dessus. Mais, on n'est pas, actuellement, régis par la Loi de
sécurité civile. Si c'est nécessaire parce qu'il y a un dysfonctionnement de la
société, là, on peut utiliser cette loi-là.
Le Modérateur
: Michel
David...
Mme Blais (Annabelle) : ... en
fait, c'est parce que là on parle de rassemblements, d'évènements, là, comme un
match du Canadien. Mais dans un centre commercial ou, par exemple, au casino, il
y a des personnes qui se déplacent, ce n'est pas un évènement, mais il y a beaucoup
de monde. Donc, est-ce que ça aussi, à cette étape-ci, on interdit aux gens d'y
aller?
M. Arruda (Horacio)
: Non,
parce qu'on n'est pas encore... il n'y a pas de circulation intense chez nous.
Puis ce que je veux vous dire aussi, c'est qu'on va voir que les gens vont
commencer aussi à prendre ça en charge puis ils vont éviter... Ce n'est pas :
on est ensemble, tout le monde ensemble pendant trois heures, puis on est
enfermés, là. Quand vous allez chez votre... Les gens vont faire attention,
vont faire de la distanciation sociale. Si vous voyez quelqu'un, quelqu'un qui
va tousser, il va être mal vu dans le Costco, s'il ne fait pas d'étiquette
respiratoire. Ça fait que c'est ça qui va être fait. Mais, comme je vous l'ai
dit, ça, c'est en date d'aujourd'hui.
Le Modérateur
: Merci.
Michel David, Le Devoir. Ensuite, on passe en anglais.
M. David (Michel) : ... vous
empêchez les fonctionnaires et les élèves d'aller aux États-Unis, mais alors,
en toute logique, il faudrait empêcher les gens qui viennent des États-Unis
d'entrer au Québec. Je comprends que ce n'est pas le Québec qui peut décréter
une fermeture de frontière puis que vous allez en parler demain, mais vous,
qu'est-ce que vous en pensez? Qu'est-ce que vous allez proposer à vos collègues
demain à Ottawa?
M. Legault : Bien, justement,
là, je veux qu'on le fasse en collaboration. Je ne veux pas aller vous donner
une réponse directe aujourd'hui puis après, bon, en discuter dans un deuxième
temps avec Justin Trudeau ou les premiers ministres des autres provinces. Moi,
je pense qu'il faut le considérer sérieusement.
M. David (Michel) : Tout ce
qui se passe là, votre gouvernement va être concentré là-dessus, là, au cours
des prochaines semaines, prochains mois. Est-ce que ça va avoir un effet sur un
certain nombre de choses que vous vouliez faire et que vous allez reporter? Et
j'ai à l'esprit, par exemple, parce que vous aller exercer... il va y avoir
beaucoup de pression sur les services, le secteur de la santé, il y a des
négociations dans le secteur public, actuellement, qui peut créer un climat
plus difficile. Est-ce que vous envisagez de faire une pause dans les
négociations, le temps que le pire de la crise passe?
M. Legault : Oui,
effectivement, la question se pose, là. Puis j'ai commencé à en parler avec
Christian Dubé, là, qu'est-ce qu'on doit faire concernant les négociations avec
le réseau de la santé, parce qu'on va avoir besoin de leur appui. Et
évidemment, dans le cadre d'une négociation, il y a toujours un climat tendu
qui peut arriver. Donc, on regarde différents scénarios avec le Conseil du
trésor pour voir comment on pourrait faire peut-être une entente spéciale avec
le réseau de la santé.
Le Modérateur
:
Merci. On passe à l'anglais. Phil Authier, The Gazette.
M. Authier (Philip)
:
Good day. Mr. Arruda, just to clarify something you said about at what level
we're at in the crisis. And Mr. Legault said at this : Well, we are not at
the point of closing schools because we don't have direct communication of the
virus from individuals. But at what point do you step in further? As my
colleague mentioned, shopping malls are still opened, food courts are still
opened, the casino is still opened. At what point do you step up to the point
of closing these places in addition? Because some of these places have
certainly more than 250 people in them.
M. Arruda (Horacio)
:
Yes. And I just want to say that we are not in crisis because we have not lost
control of the situation. We could be in crisis. And what we want to do is to
prevent the crisis. So, all the work we did since January is around this.
Actually, there is only... there is 13 cases in Québec, all coming from outside
of the country, no local transmission.
So, actually, our focus
is to lower the risk of somebody coming from elsewhere to Canada to contact...
give the disease and don't be worried about that. And it's why most of the
measures are related for travel issues. Because we want to begin to lower the
risk also of unknown transmission that could be at a lower rate now. It's why we
are taking those measures.
But tomorrow, if we get
information about there is local transmission, those steps are going to be
added. And it depends if it's in schools or in adults...
But actually, there is no reason to say somebody : Don't go shop there.
But, if you're sick, try to have a good hygiene thing. And this is all those
things that are going to be added that will make us lower the risk of having a
high curve.
M. Authier (Philip)
: And also, for Mr. Legault, will this also imply, if we get to that
stage, much faster testing? Because now, we're only testing people who have
symptoms, who voluntarily... But, could you expend the testing?
M. Arruda (Horacio)
: Yes, it's clear, based on the epidemiology, you know. If there is
cases here, we'll have to take... test. As for diagnosis, we are going to have
to do it. So, it's clear, it's clear. But we are now focusing where the risk
is. I cannot... Actually, for
the Quebeckers, if they haven't
travelled outside, the risk is not zero, but almost zero.
Le Modérateur
: Raquel Fletcher, Global.
Mme Fletcher (Raquel) : Mr. Legault, you said that everyone now needs to think about this
as a state of emergency, in your opening remarks. Can you elaborate on that a
little bit?
M. Legault : Yes. I think that the next few weeks will be critical. And it's important that we take some measures to try
not to have too many people contaminated. That's why we're saying : Starting
now, all people that travel in another country, whatever is the country, that
they should be at home for 14 days when they come back. And for our
employees, including employees of the health care and education network,
private and public, we will require them to stay at home for 14 days.
Mme Fletcher (Raquel) : So, you're declaring a state of emergency?
M. Legault : There's an emergency to take action in order to make sure that we
don't become in a crisis. So, right now, it's under control. We only have
13 cases, and it's under control. But the next few weeks will be very important. But also, I want to tell Quebeckers that it will take months before
we see the end of this situation.
Mme Fletcher (Raquel) : Sir, just one quick clarification. Can you tell us how many people will be in self-isolation, how many
teachers, how many public health servants? And do we have enough people to
replace them?
M. Legault : We don't have those figures so far. It's starting today, so it
means it's not retroactive. It's starting today for all people, and we're
asking them not to travel anymore. But some are in other countries today. So we
don't have those figures so far.
Le Modérateur
: Stéphane Giroux, CTV.
M. Giroux (Stéphane) : My question is for
Mr. Premier and Mrs. McCann. You're asking teachers and nurses to
self-quarantine if they come back. First question : OK for teachers,
but what about students? Because there's a lot of them that are coming back
from March break. And, if it also touches nurses, and there's a lot of them,
are you afraid it's going to create a shortage in the health care system at a
time when you need your nurses the most?
Mme McCann : Well, I think it's important to follow this request, this very serious request. It's mandatory
for nurses, teachers, the students to go into mandatory isolation. For,
certainly, people in the health system, it's mandatory, but for the others,
what we're saying is that the teachers, the students who come back, any
traveller who come back from all the countries in the world, we ask them
voluntarily to go in isolation. For the health system and the education system,
it's mandatory.
M. Giroux (Stéphane) : But are you afraid that it's going to limit the pool of nurses? Because
a lot of them are travelling at this time of the year. It's March break.
Mme McCann : I agree, but it's better to prevent at this point because, if we
don't do that, it's going to be worse, we're going to have more cases and we're
going to have more shortages. So it's better to do it now and to prevent a
greater shortage in the future. And again, as I mentioned, we can reorganize
our activities and let go of some activities in the health system that are not
urgent to concentrate on the necessary essential activities.
Le Modérateur
: Cathy Senay, CBC News.
Mme Senay (Cathy) : Mr. Premier, you're basically asking Quebeckers to change their habits for months. You realize how much you're
asking them today?
M. Legault : Yes. I'm asking a lot. I think that we have a major challenge, and,
if we want to succeed, I need the help of all Quebeckers. So, I know I'm asking a lot, not to travel anymore, make sure
they don't go to a show or a hockey game. It's a major change, I understand
that. But the situation is very
critical, and, when we see what happened in Italy, for example, what's
happening, very close, in the State of Washington, I think people can understand that it's for the best of all Quebeckers that I'm asking that.
Mme Senay (Cathy) : And for businesses, when you say : OK, and employees will have to self-quarantine themselves, I mean, we
don't know how far that's going to go. So how far are you willing to go to help
them, and Quebeckers as well,
to limit the...
M. Legault : We know that we have a stabilisation reserve of 14 billion
dollars. So, I will not try to save money. I think it's important. If we see
that the private sector is dropping activities, that we compensate by the
public sector. Because the impacts, the economic impacts will be coming from
many reasons. First, the commercial exchanges, they will be reduced, less
exportation, less input for some companies. Tourism, we'll see less tourists in
Québec. There's maybe an
opportunity to ask Quebeckers
to take their next vacation in Québec. But, for sure, you'll see here, in Québec City, less tourists. Of course, the confidence is so important in
economy. We see already that some projects that were supposed to be done soon,
they will be delayed by some investors. And, of course, the drop of 20%, 25% in stock exchanges, it means that people will have less money
for consumption of all kinds of goods and services. So, we will need to
compensate that.
So, of course, today, I
want to talk about health care, and I think our top priority must be health care,
but we are already working on many measures to help our economy going through
this tough situation.
Mme Senay (Cathy) : ...in front of you, Mr. Legault.
M. Legault : Yes, yes.
Le Modérateur
: Merci à
tous. M. Legault, Mme Blais. On a déjà beaucoup débordé déjà...
M. David (Michel) :
...la conférence qui a été annulée à Ottawa, là, il y a quand même un
développement important, là. Vous ne pourrez pas parler de la frontière avec
vos homologues, là, et de rien d'autre.
M. Legault : Il y a des
téléphones, il y a des vidéoconférences, on va quand même... puis on se parle
déjà, là, donc je pense que les discussions vont se poursuivre, là, qu'il y ait
une rencontre ou non. De toute façon, dans la rencontre de deux jours, c'était
seulement un des sujets. Il y avait les autochtones, il y avait toutes sortes
d'autres sujets. Je pense que c'est important qu'on se concentre actuellement
sur les impacts du coronavirus, puis on va trouver des moyens de parler avec
nos collègues des autres provinces puis avec le gouvernement fédéral.
Le Modérateur
: Merci à
tous d'avoir pris le temps de répondre à nos questions. À bientôt.
(Fin à 12 h 45)