L'utilisation du calendrier requiert que Javascript soit activé dans votre navigateur.
Pour plus de renseignements

Accueil > Actualités et salle de presse > Conférences et points de presse > Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Recherche avancée dans la section Actualités et salle de presse

La date de début doit précéder la date de fin.

Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Le jeudi 27 mai 2010, 11 h 15

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures et dix minutes)

M. Khadir: Alors, bonjour, tout le monde. Merci de votre attention.

M. Charest, aujourd'hui en Chambre, le premier ministre du Québec semblait montrer un intérêt particulier pour le système des prête-noms. Il s'en inquiétait beaucoup. Il se désolait que ça puisse avoir existé dans le passé et que le PQ puisse avoir été condamné dans des jugements, à partir des informations révélées dans les médias ces derniers jours. Or, s'il y a un champion toutes catégories aujourd'hui des prête-noms, en tout cas, selon toute vraisemblance, c'est bien la firme CIMA+, une firme qui contribue à coups de centaines de milliers de dollars par année à la caisse du Parti libéral, par l'intermédiaire des prête-noms vraisemblablement.
Par exemple, l'année dernière, 2008, en fait, il y a deux ans, la campagne électorale, 170 000 $ octroyés par 64 des employés ou dirigeants de CIMA+, en moyenne, à peu près 3 000 $, parmi lesquels toutes sortes de personnes, ce qui laisse planer un sérieux doute sur un possible conflit d'intérêts de M. Charest directement.

C'est le chef du gouvernement qui est mis en cause dans cette situation. Pourquoi? Parce qu'un des plus hauts dirigeants de cette firme, qui a comme principal client le gouvernement du Québec, des dizaines de millions de contrats, plusieurs millions de contrats sans appel d'offres, donc, on tue la concurrence, on favorise la firme. Or, un des principaux dirigeants, M. André Couturier, a dirigé des campagnes du premier ministre dans le comté de Sherbrooke en 2007 et en 2008. Et retenez bien ceci. Sur la biographie qui apparaît sur le site de CIMA+ de M. Couturier, on dit: «M. Couturier a eu ce poste pour son habileté à développer de bonnes relations avec des clients.»
Je le rappelle, le principal client de cette firme d'ingénierie, c'est le gouvernement du Québec, qui donne des millions de dollars de contrats publics chaque année. Alors, il y a un lien étroit entre ce haut dirigeant, qui organise les campagnes du premier ministre. La firme en question donne des centaines de millions de dollars par année, obtient... je m'excuse, donne des centaines de milliers de dollars à la caisse du Parti libéral et obtient, pendant la même période, des dizaines de millions de dollars, dont plusieurs sans appel d'offres. Si, ça, ce n'est pas un conflit d'intérêts, je voudrais bien qu'on m'explique qu'est-ce que peut être une apparence de conflit d'intérêts.

M. Séguin (Rhéal): Quel a été exactement son rôle dans les campagnes de 2007 et 2008?

M. Khadir: Directeur de campagne. Ça, c'est le rôle le plus central.

M. Séguin (Rhéal): C'est la seule fois...

M. Khadir: Moi, j'ai fait quatre campagnes politiques, le directeur d'organisation de campagne, c'est la personne clé, c'est celui qui est le chef d'orchestre, qui...

M. Séguin (Rhéal): ...dans Sherbrooke.

M. Khadir: Oui, ça, c'est dans Sherbrooke.

M. Séguin (Rhéal): Dans le comté de Sherbrooke.

M. Khadir: Dans le comté de Sherbrooke, où a été élu le premier ministre du Québec.

M. Plouffe (Robert): M. Khadir, pourriez-vous me répondre à une question? Qu'est-ce qui est pire: les enfants d'une candidate à la direction d'une course qui donnent 3 000 $ ou ce que vous venez de dénoncer aujourd'hui?

M. Khadir: Bien, le pire que je peux trouver dans le cas des enfants, mettons, d'une personne, dans une campagne de course à la chefferie, c'est quoi? C'est le trafic d'influence pour avoir plus d'affection, plus de temps? Je ne comprends vraiment pas... Je veux dire, qu'on juge Mme Marois, si jamais il se trouve qu'une de ces personnes, des membres de sa famille proche ou éloignée qui a donné obtient une quelconque faveur... ou donne l'apparence d'avoir obtenu un passe-droit.
La réalité est que c'est actuellement M. Charest qui est sur la sellette. Lui, il a obtenu des centaines de milliers de dollars. Je répète: Juste en 2008, 170 000 $ d'une seule firme. Des centaines de milliers de dollars, depuis des années, de la firme CIMA+. Ensuite, le vice-président principal exécutif de cette firme organise des campagnes du premier ministre du Québec. Puis ce qu'on voit, pendant toutes ces années, c'est des millions de dollars de contrats qu'offre le gouvernement à cette firme d'ingénierie qui, soit dit en passant, a des liens importants avec des firmes de Tony Accurso, dans des contrats où ils sont conjoints, où ils font le travail ensemble, l'un comme génie-conseil, l'autre comme entrepreneur.

M. Lessard (Denis): Pensez-vous que les enfants ont contribué de leur argent? C'est ça, la question. Personne ne pense qu'ils vont avoir des faveurs particulières, là. Vous faites dévier le débat...

M. Khadir: Mais c'est ça, je comprends très mal, parce qu'on.... Regardez, quand on demande à quelqu'un, par exemple un député, d'éviter de se placer en conflit d'intérêts, que ça soit lui ou les membres de sa famille, ça veut dire qu'on considère que l'intérêt de la famille est ensemble. Parce que, dans une famille rapprochée, souvent, bon, on se prête de l'argent, on donne de l'argent. Je ne vois pas là véritablement un problème. C'est des adultes en plus. C'est des adultes qui sont... qui sont en mesure de savoir que, pour eux, le fait d'aider leur mère à accéder à la direction d'un parti peut être suffisamment important pour dégager des fonds.

M. Lessard (Denis): La loi ne prévoit pas ça, monsieur...

M. Khadir: ...prévoit très bien que des personnes puissent donner de l'argent pour... Moi, je... Regardez, si j'estime que mon épouse aujourd'hui, dans une campagne à la... je ne sais pas, moi, au Secrétariat général de l'ONU, a des chances de...

Journaliste: ...

M. Khadir: Pour elle, oui. Si vous la connaissiez. Je ferais tout, j'emprunterais à des amis, je dirais: Écoutez, là elle a besoin de ça, j'emprunte auprès de vous, je vous garantis que je vais vous le retourner, pour l'aider si je n'ai pas moi-même les moyens. A fortiori, si mes enfants veulent faire ça, je vais les encourager à le faire. C'est une question qui tombe sur le sens.
Là où il y a un problème, puis c'est M. Charest qui doit répondre ça... S'il trouve qu'il y a le moindrement un problème à ça, moi, je n'y trouve pas de problème, mais, si M. Charest trouve qu'il y a matière à se poser des questions sur Mme Marois, bien, qu'il déclenche une commission d'enquête. Parce que c'est exactement ce qu'on demande: on veut qu'une commission d'enquête publique se penche sur tous ces systèmes de prête-noms, voir quand est-ce qu'ils peuvent avoir été vraiment un système de prête-noms, puis en retour de quelles faveurs.
Y a-t-il un système ou il n'y a pas un système? C'est ce qu'on cherche à savoir. Et Mme Marois, à ce que je sache, a accepté cette réalité, a accepté de se plier à cet exercice puisqu'elle demande comme nous, nous, on avait fait la demande, si vous vous rappelez, en mai 2009 d'élargir l'investigation, l'enquête, pas juste sur la construction, mais sur les liens entre contrats publics et le financement des partis. On y arrive maintenant, puis Mme Marois a accepté exactement les mêmes conditions.

M. Séguin (Rhéal): ...est-ce que vous dites clairement qu'il y a eu trafic d'influence entre CIMA et Jean Charest ou le gouvernement libéral?

M. Khadir: Il y a une grave apparence de trafic d'influence. Je le répète, le chef d'une entreprise qui a fortiori donne des centaines de milliers de dollars au Parti libéral, organise des campagnes de M. Charest, puis pendant ce temps-là sa firme, sa compagnie obtient des dizaines de millions de dollars de contrats publics, dans beaucoup d'occasions sans appel d'offres. Ça veut dire qu'on a éliminé la concurrence pour les favoriser.

M. Chouinard (Tommy): C'est pour services rendus que ces... donc, ces contrats-là, ces contrats publics sont donnés à cette firme pour services rendus au parti?

M. Khadir: Il y a apparence à tout le moins de conflit d'intérêts. Et dans le contexte actuel, regardez, si on apprenait cette chose-là pour la première fois, il n'y avait rien d'autre qui circulait, il n'y avait pas le cas Tony Tomassi, il n'y avait pas le cas David Whissell, il n'y avait pas toute la question des allégations de M. Marc Bellemare, il n'y avait pas tout ce qu'on connaît sur les firmes de génie-conseil dans la corruption, par exemple, rampante à la ville de Laval, on dirait: Bon, bien, là, c'est une apparence qui n'est pas très, très inquiétante. Mais, quand on connaît la situation dans le domaine de la construction, dans la proximité entre des lobbys et des firmes, des corporations privées et le gouvernement libéral, c'est excessivement inquiétant, puisque ça touche le premier ministre du Québec lui-même qui est en apparence de conflit d'intérêts.
S'il n'a rien à se reprocher, M. Charest, moi, je l'invite, je ne demande pas mieux qu'il ait le courage de déclencher une commission d'enquête publique. Parce que, s'il ne le fait pas, qu'est-ce qu'il laisse comme impression? L'impression qu'il laisse, c'est que soit, comme le dit M. Picard, la vérité pourrait être beaucoup plus dommageable que les rumeurs ou les allégations, ou bien il n'a même pas l'autorité, il n'a pas le leadership nécessaire pour contrer la volonté de ses collecteurs de fonds dans le Parti libéral.

M. Robitaille (Antoine): Sur sa campagne à la chefferie en 1998, là...

M. Khadir: Je m'excuse, il y avait une question là, puis je viens à vous.

M. Robillard (Alexandre): Mais donc les liens entre M. Couturier puis M. Charest ont quand même surtout... selon ce que vous avancez, là, ont surtout l'air de favoriser CIMA à Laval. Mais c'est quoi, les autres cas, au-delà de...

M. Khadir: Non, c'est CIMA en général. CIMA, ce n'est pas juste à Laval. CIMA a obtenu des dizaines de millions de dollars de contrats gouvernementaux dans des projets d'infrastructures, surtout avec le ministère du Transport. On va vous fournir les documents. Ce n'est pas juste à Laval.

M. Robillard (Alexandre): Puis ils ont été favorisés, à votre avis, dans l'octroi de ces contrats-là?

M. Khadir: Bien, c'est parce que plusieurs de ces contrats... Dans le cas de CIMA, juste pour l'année 2008, je crois que c'était 4 millions de dollars de contrats sans appel d'offres. Alors, pour CIMA, c'est un investissement qui semble être très rentable.

M. Boivin (Mathieu): M. Couturier a donné combien au total?

M. Khadir: M. Couturier lui-même, chaque année, il contribue à hauteur à peu près de 2 400 $, 2 500 $ à titre personnel. Mais son entreprise, juste en 2008, 170 000 $, c'est-à-dire des dizaines de personnes, 64 personnes qui en moyenne ont donné à peu près 3 000 $ au Parti libéral juste pour une année. Si vous regardez toutes les années, là, c'est des dizaines et des dizaines de milliers de dollars.

M. Chouinard (Tommy): Pour vous, c'est clair, c'est des prête-noms, tous ces gens-là, ou quoi?

M. Khadir: Bien, il semble y avoir un système de prête-noms, parce qu'on comprend mal, par exemple, qu'alors que le Québécois moyen, le contribuable moyen n'a pas 2 500 $, hein... la moitié des gens au Québec n'ont pas 2 500 $ à mettre dans leur REER, il se trouve des secrétaires dans certaines de ces firmes d'ingénierie, des techniciens qui donnent 3 000 $.

Journaliste: Est-ce que c'est le cas de...

M. Khadir: Dans le cas de CIMA, on n'a pas encore... parce qu'il y a une espèce de barrage qui fait que les personnes ne peuvent pas parler. Alors, on n'a pas pu identifier clairement quelle est la position, le travail, le poste qu'occupe chacune de ces personnes. Mais admettez avec moi que, dans un parti qui dit que les gens donnent... M. Dutil a dit tout à l'heure: Ils donnent par conviction. Je comprends. Le premier ministre donne par conviction. Combien il donne par année, vous pensez, en moyenne? 1 200 $, le premier ministre du... à son propre parti. La vice-première ministre, la deuxième en rang, donne à peu près 1 000 $ par année depuis 10 ans. M. Dupuis, le leader du gouvernement, ne donne pas plus que 350 $ par année dans les 10 dernières années.
Je peux comprendre qu'on peut donner par conviction, mais je comprends mal, alors que les trois principaux dirigeants d'un parti, qui doivent être les plus convaincus, donnent à peu près 1 000 $, en bas de 1 000 $ en moyenne, que des secrétaires puis des techniciens donnent 3 000 $. Avouez que, lorsqu'on connaît l'histoire du Québec récent, les enquêtes Gomery, le rapport Moisan, lorsqu'on sait que des firmes d'ingénieurs organisent - et ça a été déjà démontré - des systèmes de prête-noms, tout porte à croire qu'il y a un système de prête-noms. Si CIMA pense le contraire, si CIMA refuse d'accepter mes allégations, CIMA, qui contribue... qui a contribué 170 000 $ par conviction au Parti libéral, doit avoir une certaine influence. Je leur demande de convaincre le Parti libéral de déclencher une commission d'enquête publique puis laver leur réputation.

Journaliste: C'est quoi, les dons au Parti québécois, selon vous?

M. Khadir: Je m'excuse, il y avait M. Robitaille.

M. Robitaille (Antoine): Sur 1998, là, le passage de M. Charest au Parti libéral du Québec, là, la chef de l'opposition tantôt demandait plus de transparence. Est-ce que vous considérez qu'il devrait justement, avant de quitter la politique, M. Charest, être davantage transparent sur ce passage-là?

M. Khadir: Malheureusement, je ne suis pas assez bien informé sur ce dossier, mais on aura entendu tous ces rumeurs et ces allégations, d'accord. M. Desmarais a été impliqué là-dedans. Je pense que M. Desmarais, M. Charest ensemble, puisqu'ils font partie d'une même famille politique, ont une responsabilité morale de lever ces doutes-là, ces allégations-là, surtout dans le contexte actuel. S'il ne s'agissait que ça, si on apprenait juste cet élément-là isolé de tout contexte, d'accord, bien on dirait: Bon, d'autres... des allégations fortuites. Mais il y a une série d'événements, il y a une série... un faisceau d'informations aujourd'hui qui sont disponibles dans l'opinion publique qui font en sorte que les allégations sont sérieuses, puis M. Charest ne peut pas juste, tu sais, continuer à dénier ou avec indolence tout rejeter ou essayer de ridiculiser les demandes de l'opposition. Je pense qu'il ne rend pas service à lui-même, à sa propre postérité.

M. Chartrand (Yves): Écoutez, M. Khadir...

M. Khadir: Oui.

Journaliste: Pourquoi les dons au Parti québécois, selon vous?

M. Khadir: Les dons?

Journaliste: Il y a des dons, les employés ont fait des dons au Parti québécois...

M. Khadir: Bien, j'imagine que ces compagnies cherchent à obtenir de l'influence auprès de n'importe quel parti qui aspire au pouvoir; c'est ça qui est malheureux. Le PQ est prêt à le reconnaître. Le PQ veut se débarrasser de ces pressions inutiles qui s'exercent sur le parti.

M. Dutil a dit: On fait cet exercice pour que ça ne se reproduise plus dans l'avenir. Je suis bien d'accord. Mais le simple citoyen, là, qu'on épingle pour une contravention de conduite de la route, on ne lui laisse pas... on ne dit pas: Bien, on oublie tout, on va instaurer de nouveaux règlements, vous n'avez rien... vous n'avez qu'à respecter le nouveau règlement, on poursuit. D'ailleurs, M. Dupuis lui-même, face à des suggestions que je lui ai faites hier, il a dit: Non. Nous, on veut épingler les coupables, on veut que ce soit un exemple. Bon, bien, d'accord. Alors, allons-y.

M. Chartrand (Yves): M. Khadir, pour un député de Québec solidaire, je trouve que vous défendez avec passion le Parti québécois. Est-ce que vous avez un rapprochement assez... ces événements vous rapprochent beaucoup du Parti québécois? Est-ce que vous êtes en réflexion sur quelque chose ou...

M. Khadir: Non, c'est... Non, pas du tout. Si vous saviez.

M. Chartrand (Yves): C'est parce que...

Journaliste: N'oubliez pas de nous avertir.

M. Khadir: ...vous avertirons... mais ça ne risque pas d'arriver, ne retenez pas votre souffle, là, en tout cas. Ce qui est certain, c'est que je suis très reconnaissant que le Parti québécois ait bougé parce que j'ai eu des discussions avec M. St-Arnaud, le député du Parti québécois, déjà il y a plusieurs mois. Je lui ai répété que, depuis le mois de mai 2009, avec Françoise David devant l'hôtel de ville de Montréal, nous, on réclame une commission d'enquête sur les liens entre l'octroi des contrats publics et le financement des partis politiques. D'accord, et ce n'est pas obligé de se limiter de 2003 à 2010; ça peut s'étaler sur une décennie, par exemple. Puis le Parti québécois est d'accord maintenant avec ça. Je pense qu'il faut reconnaître ce courage. Des gens se mettent sur la sellette. Mme Marois est sur sellette, mais elle accepte le verdict populaire qui nous juge actuellement très sévèrement.

Des voix: ...

M. Khadir: Juste une... Oui.

M. Chartrand (Yves): Comment vous voyez... Comment vous voyez... - excusez-moi, je n'ai pas terminé - comment vous voyez la suite des choses maintenant que la motion a été rejetée?

M. Khadir: Bien, la motion est rejetée, mais le gouvernement, je pense, ne pourra pas résister longtemps à la pression venant de l'opinion publique. Puis, si le gouvernement pense qu'on va... que la - disons - la pression va diminuer dans la... dans le presto, je pense que le gouvernement fait une grave erreur de calcul. Tous les partis disposent d'énormément de pistes, et tant et aussi longtemps qu'il ne fait pas une enquête, une commission ordonnée officielle, l'enquête va se faire de manière désordonnée par nous, par le public et par les journalistes.

Des voix: ...

M. Khadir: Mais la population fait ce que le gouvernement ne fait pas, c'est-à-dire quand le gouvernement a renoncé à ses responsabilités démocratiques, bien la population actuellement le fait. C'est pour ça qu'à plusieurs reprises j'ai appelé les gens à s'avancer et à témoigner, ceux qui ont été forcés de jouer le jeu des prête-noms.

M. Chouinard (Tommy): Vos relations ont tout de même changé avec le Parti québécois. Vous avez adopté un ton, bon, assez bas, là, au sujet des contributions de Mme Marois. Pas plus tard qu'aujourd'hui, vous avez obtenu un consentement de la part du Parti québécois pour pouvoir poser une question. Est-ce qu'il y a... vous aviez...

M. Khadir: Ça répond à une attente du public. Non. Non, ça répond surtout à une attente du public, parce que le public ne veut pas qu'il y ait de la partisanerie. Le public estime qu'il a droit à des réponses pour l'intérêt public; alors, dans ce sens-là, on le fait. Mais nos relations n'ont jamais été antipathiques ou non cordiales avec le PQ; d'ailleurs, pas plus avec l'ADQ et le Parti libéral. Et c'est bien entendu dans un contexte comme ça, c'est sûr que les partis politiques ont intérêt à travailler ensemble pour forcer le gouvernement à changer de ton, à changer de réponse, à cesser de se réfugier dans le déni.

M. Lavoie (Gilbert): M. Khadir, je suis un petit peu surpris, il y a à peine deux mois, vous avez, lorsque vous avez dévoilé, je pense, les donateurs de la compagnie Axor, vous avez vous-même soulevé le doute sur la capacité de la réceptionniste de donner 3 000 $. Je suis un petit peu surpris qu'aujourd'hui vous n'ayez pas le même questionnement sur la capacité de tous les membres de la famille de Mme Marois et de M. Blanchet de donner 3 000 $ à sa campagne.

M. Khadir: Regardez, c'est parce qu'il m'apparaît assez évident que pour quelqu'un, un membre de la famille proche, faire un effort pour appuyer sa mère, sa tante, sa soeur, son... ses... il y a une légitimité, c'est...

M. Lavoie (Gilbert): ...dans certains cas, le lien de parenté est assez clair.

M. Khadir: Regardez... C'est-à-dire qu'on peut comprendre que quelqu'un fasse un effort particulier, d'accord? Moi, ma mère, là...

M. Lavoie (Gilbert): ...pas la réceptionniste.

M. Khadir: Moi, ma... Je veux... Regardez, pour essayer de comprendre la chose, et je veux jouer le plus ouvertement possible. Ma mère n'a pas des sources de revenu importantes, mais, à chaque fois que je fais un campagne électorale, elle fait des pieds et des mains pour ramasser de l'argent pour moi auprès de ses amis puis, elle-même, elle contribue le maximum. Ma soeur le fait également... Hein? Mais, maintenant, à ce que je sache, ma mère n'a pas d'entreprise de pavage de routes, ne cherche pas à ouvrir une garderie, ne veut pas construire de...

Journaliste: ...n'a rien à voir.

M. Khadir: Bien oui, il y a quelque chose à voir.

M. Lavoie (Gilbert): La question, est-ce que ça... La question, c'est: Est-ce que ce sont des prête-noms ou non? C'est la question soulevée par l'article de Denis Lessard.

M. Khadir: Bien, regardez, si on en vient à vouloir défaire le système des prête-noms, bien on y arrivera si on a une commission d'enquête ouverte où on puisse faire ce débat-là, puis voir c'est quoi, qu'est-ce qui est légitime, qu'est-ce qui n'est pas légitime. Mais, en même temps, il ne faudrait pas...

D'abord, vous savez que nous avons proposé de rabaisser le niveau... le total, pour qu'il y ait moins de tentation d'utiliser le système de prête-noms. Mais, une fois ceci dit...

M. Lavoie (Gilbert): Dernier point, M. Khadir. Vous semblez... Vous avez donné... Vous semblez donner le bénéfice du doute à tout le monde de la famille de Mme Marois et de M. Blanchet et vous ne l'avez pas donné à la réceptionniste d'Axor. C'est ça qui me surprend.

M. Khadir: Non. J'ai dit que je peux comprendre qu'une réceptionniste, même un, de temps en temps, technicien, qui gagne 30 000 $, 40 000 $ par année, donne 3 000 $ une année au Parti libéral. Mais quand c'est un ensemble de firmes qui se comportent tous de la même manière, puis c'est des gens qui n'ont pas un intérêt immédiat, qui n'ont pas de liens familiaux, qui ne font aucune autre implication dans le Parti libéral que ça, il y a un problème. D'accord? M. Blanchet, à ce que je sache, depuis des années, était impliqué aux côtés de sa... Moi, je ne voudrais pas absoudre M. Blanchet. J'ai de sérieuses critiques sur sa gestion de la SGF, de sa vision de l'économie, ainsi que de celle de Mme Marois. Je pense que Mme Marois, le Parti québécois et la Parti libéral sont responsables tous les deux de cette trop grande proximité entre l'entreprise privée et la gestion de l'État qui cause tous ces problèmes. C'est cette proximité toxique qui cause la corruption. Ça, c'est une responsabilité politique.
Ceci étant dit, je ne voudrais pas blâmer des gens de la famille qui veulent aider leur mère, leur tante, leur soeur à se lancer en campagne. Si c'est un système de prête-noms, si un entrepreneur a donné de l'argent à ces personnes pour donner à Mme Marois, pour par la suite s'attendre à un avantage financier, là il y a un problème. Là, ça, c'est un prête-nom critiquable.

M. Lessard (Denis): Vous voyez une proportion importante des donateurs à Mme Marois à sa campagne de 2007 qui sont associés à des firmes de génie-conseil. La relation toxique, est-ce qu'elle existe aussi?

M. Khadir: M. Lessard, regardez. Si relation toxique il y a, ça va s'avérer lorsqu'on aura une commission d'enquête publique. Et le seul qui peut le déclencher, c'est M. Charest. Donc, vous devriez poser la question à M. Charest. S'il veut savoir la vérité là-dessus puis étaler tout ça aux yeux du public d'une manière ordonnée, bien, qu'il déclenche une commission d'enquête. À ma connaissance, Mme Marois a accepté; c'est M. Charest qui refuse.

Mme Plante (Caroline): M. Khadir, Mrs Marois' children were students by the time when they gave money, 3 000 $ each. So, doesn't it... Do you think that it could be a system of straw name, «prête-noms», it could be...

M. Khadir: Well, if it is a system of straw name, we will know it for sure if we have a public commission of inquiry. And that could not be begun by Madam Marois. Mr. Charest only has the capacity to do that. So, I invite him to make things clear, to open up a public commission of inquiry. So, we will understand... If it is so, it is condemnable. It is... C'est ça.

Mme Plante (Caroline): ...critical of the Parti québécois, Mrs. Marois...

M. Khadir: Well, I am... Where I am critical is in the vision of society, in the vision of politics. It is the Parti québécois who has begun all this public-private partnership, this proximity between the private sector, big corporate business and the Government. And this is the... an opening door for all this corruption.
So, yes, they have a responsibility. But, remind you, today, they are open to a public commission of inquiry, to see in all that. And I think we should acknowledge this. I don't want to defend Parti québécois, but they have accepted the judgement of the public opinion who wants to know what is this all about. The only person who doesn't accept it is Mr. Charest.

M. Grant (John): Are you surprised that, given the amount of money that CIMA+ and its employees give to political parties, that they haven't been nominated for l'Ordre national du Québec for their contribution as citizens?

M. Khadir: Well, I appreciate your sarcasm. I hope it is not with this type of irony and cynicism that Mr. Charest looks into today's politics because the public opinion is really outraged. I... In my riding, there are Liberals, who vote for the Liberals and they don't recognize themselves. And I think that the others Members of the Parliament from the Liberals don't render service to the Prime Minister by applauding him because Mr. Prime Minister is very nervous in these days, has answers which are not dignified of his function. So, I invite them and the Prime Minister to open up, to acknowledge that we have to see more clearly into these allegations.

M. Grant (John): You connected directly CIMA+ to the Premier today. Can you explain that?

M. Khadir: Yes. Because there is a connection. There is a big engineering corporation which obtains millions of dollars of contracts from the Government, part of them without bidding, O.K., so without...

Une voix: Public tender.

M. Khadir: ...public tender, without «concurrence», and the same time, this firm gives hundreds of thousands of dollars, employees and leaders of the firm, to the Liberal Party. And on top of that, one of the main executive officers organizes political campaigns for Mr. Charest in 2007 and 2008, as a chief organizer. So, there is a problem because there is, at least, a serious perception of conflict of interests. So, Mr. Charest has to answer that. He didn't answer today.

Mme Montgomery (Angelica): So, you seem to be saying that it's OK to have dozen of your family members donate, why is... why would that be OK to have 50 some of your extended family members donate to your political campaign?

M. Khadir: Well, if they donate because they believe, they want to support a cherished person, they want to support a person in which they believe, it's OK. What we have to see is that: Is there any relationship between this donation and somebody who has given them the money to do so to obtain favors? Is that is so in the case of Mme Marois, so let's open up a commission of inquiry. Mme Marois has accepted the possibility that the commission inquires in her business. Only Mr. Charest could open up this commission. So, it's to Mr. Charest to answer to that.

Mme Plante (Caroline): On Bill 48, the ethics legislation, do you think that the ethics legislation has to be passed, has to be adopted as quickly as possible? Is there an emergency there?

M. Khadir: No. What is to be done as quickly as possible is the commission of inquiry. Because while we are waiting, it costs Québec taxpayers millions of dollars in corruption. But, if we want to have a good law to protect the system from corruption, we have to take our time, that doesn't mean years, but we have to take our... no rush for that, in my opinion. It has to be a good law. It's better to be a good law and take a bit more time.

(Fin à 11 h 34)

 

Participants


Document(s) associé(s)