(Treize heures huit minutes)
M. Deltell: Très bien, messieurs dames. Alors, bonjour et bienvenue. Merci bien d'être là à notre point de presse concernant nos réactions par rapport au rapport du Vérificateur général.
Bien, écoutez, la grande conclusion qu'on tire du rapport du Vérificateur général, c'est que les constats du Vérificateur sont les mêmes que nous, à l'ADQ, faisons depuis des années concernant les commissions scolaires et concernant également l'immigration ,de même que le Dossier santé Québec.
Concernant les commissions scolaires, ça fait des années que, nous, on estime qu'il y a mauvaise gestion des fonds publics dans ce dossier-là, et le Vérificateur conclut également aux mêmes situations, à la même situation. Il parle d'économies d'échelle qui pourraient être réalisées, il parle d'une meilleure coordination qu'il pourrait y avoir entre les commissions scolaires et il parle d'un effort qui devrait être supplémentaire dans ce dossier-là, et ce n'est pas fait, et des économies qui peuvent être quand même assez substantielles, quand on pense, entre autres, à une commission scolaire, qui est d'ailleurs dans ma circonscription, des Premières-Seigneuries où on pourrait économiser 23 % si les efforts étaient faits pour avoir une meilleure gestion. Bien, nous estimons que c'est dans la ligne directe que ce que, nous, nous préconisons depuis des années, c'est qu'il y a énormément de pertes d'argent dans la gestion des commissions scolaires et que c'est... les Québécois seraient mieux servis si on donnait davantage de services directs aux élèves plutôt que d'engranger et de grossir une structure qui est déjà très lourde.
Concernant l'immigration, le constat du Vérificateur est assez sévère, mais, malheureusement, le constat est le même que nous, à l'ADQ, faisons depuis des années, c'est-à-dire que nous souhaitons une immigration, mais, pour réussir l'immigration au Québec, il faut qu'à la base la sélection soit juste et honnête et dire exactement l'heure juste aux immigrants potentiels et, une fois que les immigrants sont ici, au Québec, pouvoir les accueillir comme il se doit.
Or, dans les deux cas, le Vérificateur constate qu'il y a des lacunes. Ce qui donc nous amène à la conclusion que nous souhaitons une immigration, et, pour réussir une immigration réussie au Québec, et nous la souhaitons, il faut que les gens soient, à la base, bien informés, que la sélection des immigrants se fasse correctement et, une fois que les gens sont ici, au Québec, qu'on puisse les accueillir convenablement, qu'on leur offre les services auxquels ils ont droit pour que cette intégration... que cette immigration soit réussie.
M. Ouellet (Martin): M. Deltell, il y a 55 000... on attend 55 000 immigrants cette année. Est-ce qu'il y en a trop?
M. Deltell: Ce n'est pas une question qu'il y en a trop, c'est une question qu'on doit les accueillir comme il se doit. Et le Vérificateur...
M. Ouellet (Martin): Donc...
M. Deltell: Voilà. Et le Vérificateur général affirme, constate que la sélection n'est pas à la hauteur des attentes et qu'une fois qu'ils sont ici les services qu'on leur offre ne sont pas non plus à la hauteur des attentes. Alors, nous, ce que nous disons, c'est qu'il faut réussir l'immigration au Québec. Nous voulons qu'il y ait des immigrants au Québec, nous le souhaitons ardemment, mais encore faut-il les accueillir comme il se doit. Et le constat que nous faisons depuis des années et le constat que fait aujourd'hui le Vérificateur, c'est que, malheureusement, au Québec on n'a pas... on n'est pas à la hauteur des attentes concernant l'immigration. Nous souhaitons qu'on les accueille correctement, mais pour ça il faut avoir les moyens, et actuellement nous n'avons pas ces moyens-là.
M. Chartrand (Yves): Donc, vous autres, vous souhaitez que, si on n'a pas les moyens de les accueillir... qu'en attendant qu'on ait ces moyens-là il faut y aller avec la pédale douce.
M. Deltell: Absolument, et la raison est la suivante: c'est qu'il n'y a personne qui gagne dans ces cas-là, le Québec ne gagne pas, et les immigrants surtout ne gagnent pas. Ces gens-là deviennent des victimes de notre système, et il n'y a personne qui gagne lorsqu'on accueille quelqu'un puis qu'on lui dit: Ah! Bien, regarde, finalement on n'a pas les moyens de t'accueillir, mais ce n'est pas grave.
M. Ouellet (Martin): Non, mais soyons pragmatiques, M. Deltell, là. Le VG l'a dit, bon, il y a 17 % de chômage chez les immigrants et qu'on... il n'y a aucune façon de mesurer la capacité du Québec de les intégrer dans le marché du travail. À ce moment-là, est-ce qu'il ne faudrait pas revoir les taux justement pour savoir combien le Québec est capable d'accueillir, combien on est capables collectivement d'intégrer tous ces gens-là?
M. Deltell: Bon, souvenons-nous qu'il y a quelques années, lorsque le débat a fait... a été soulevé, on parlait de 45 000 immigrants au Québec. Nous estimons que c'est un chiffre qui devrait être maintenu. Bien sûr qu'on souhaiterait qu'il y en ait davantage, mais, actuellement, notre société n'est pas en mesure d'accueillir tous ces gens-là comme il se doit, et, tant et aussi longtemps qu'on se fait des accroires entre nous autres, il n'y a personne qui gagne, le Québec ne gagne pas, et surtout les immigrants ne gagnent pas. Quand on les accueille puis on leur fait dire: Oui, oui, vous allez voir, ça va bien aller, et finalement la francisation ne se fait pas comme il se doit, l'accueil pour l'emploi ne se fait pas non plus, et les familles ne sont pas bien accueillies comme il se doit, c'est... les premières victimes, ce sont les immigrants, et on ne gagne pas du tout.
M. Moalla (Taïeb): J'ai bien compris qu'il faudrait idéalement ramener à cible de 55 00 à... revenir à 45 000 ou j'ai mal compris?
M. Deltell: Notre position est celle-là, c'est à dire qu'il faut les accueillir comme il se doit. À l'époque où le débat faisait rage, il était... a été lancé, plutôt, il était à 45 000. Nous estimons que c'est une cible qui doit être... qui est réalisable, mais le constat est cruel et brutal, est qu'actuellement, 55 000, on n'a pas les moyens d'accueillir ces gens-là comme il se doit, et c'est nous que nous pénalisons mais, d'abord et avant tout, les immigrants, et c'est ça qui est triste. On génère des attentes et on crée des déceptions, et il n'y a personne qui gagne là-dedans.
M. Moalla (Taïeb): Est-ce possible que le problème de fond demeure le fait que le Vérificateur général dit: «Absence de critères socioéconomiques ou des choses... des balises bien claires pour savoir comment ils viennent»? Donc, que ce soit 55 000, 45 000 ou 30 000, là, dans tous les cas, le problème de base serait d'avoir des critères plus objectifs.
M. Deltell: C'est à la racine même du cas, du problème qui est généré actuellement avec ça. C'est-à-dire que si, à la base, on disait aux gens qui veulent immigrer au Québec: Ah oui, vous allez voir, la terre d'accueil et ci, et ça, c'est bien beau, mais, si la réalité n'est pas celle-là, on crée des déceptions. Alors, le Vérificateur constate deux choses: constate un problème à la base, c'est-à-dire pour l'arrivée des immigrants, et constate un autre problème une fois que les immigrants sont ici. Dans les deux cas, ce sont des signaux d'alarme que, nous, à l'ADQ, avons identifiés et avons sonnés depuis des années, et là le Vérificateur, malheureusement, nous donne raison.
M. Grant (John): When you talk about the problems you bring up, how much of the problems you talk about could be solved if there was a real link between the needs of the labor market in Québec and the choice of immigrants?
M. Deltell: Well, the point is that we have to tell the truth to the people. If we don't tell the truth, well, the reality will be very strong and very difficult for them. First of all, we have to tell exactly what is the situation here, in the Province of Québec, when someone would like to immigrate here. If we have some big difficulties with... unemployed, with «francisation», well, we have to tell them. We have to be clear with them. We have to tell the truth. If we don't, people will arrive here and will face big difficulties, and then they will create problems. The problem is that if we receive too much people and we can't welcome them as good as we have to, well, we have problems here for «Québécois» and we have problems for immigrants. And the real problem is that immigrants will not be happy here, so that we'll not be... no one will win with that. The immigrants will not win, and us, we'll not win neither.
M. Grant (John): ...Québec chooses. So, shouldn't they say: OK, we need 10 structural engineers, two architects, three doctors and then go out and find them rather than go out and say: OK, we need, you know, a bunch of people who speak French and...
M. Deltell: Well, I don't think that we have to identify clearly or exactly, numerically speaking, what kind of people we need, but, most of all, we have to tell them the truth. And, yes, we would like to welcome high-educated people, people who have a lot of money with themselves, big families and all that stuff, you know, for sure, we would like to have that, but the point is that we have to be clear with them. We have to tell them the truth. We have to be honest with them because the situation now is that we welcome them, saying everything, and sometimes that's not true. And we create difficulties, we create problems with them. And so it's not fair for them.
M. Duboyce (Tim): ...seems to be indicating that Québec sort of trades in the supremacy or the primacy of work qualifications in order to take into account knowledge of French and other social factors. Essentially, we're passing by otherwise qualified immigrants in order to insure a quota of people who speak a bit of French. Is that reasonable?
M. Deltell: Well, as we know, we are a French society. As we know, people here have to speak French, to be 100% powerful or... I mean, «efficaces»...
Une voix: ...
M. Deltell: ...empowered. Thank you. As you know, I'm not bilingual, so... but hopefully I can speak French. But it's a French society, and we have to tell them the truth about that. But we have to offer them the tools to be ready to achieve the life here, in the province of Québec, in French. And, for that, we need more French courses. But if we receive them, if we welcome them, and they are right here, and we don't have any structural situation to help them to learn French, well, we disserve them. And we create problems. We create problems. It's not them who have... who are the problems. We are the problem because we cannot receive them as good as we have to.
Une voix: ...
M. Deltell: Sorry, madam, but, first of all...
Une voix : Same question...
M. Deltell: OK. Thank you.
Mme Plante (Caroline): Why say you want to reduce or bring down the number of immigrants when, in fact, the problem seems to be that there's a lack of criteria?
M. Deltell: Well, because we are not as good as we have to. For sure, we want to welcome everybody here. For sure, we have manworker problems in the future, for sure we have to welcome, as much... as many as we can, immigrants, but the point is that we don't have here the facilities to welcome them as good as we have to. And we create more problems than we have to, and no one will win with that. The Québec society will not win, but, most of all, the immigrants will not win because they will arrive here and they will not achieve their personal goal. And, let me be clear with you, my parents are immigrants, I'm an immigrant's son, and I know what it is when you arrive in a new society. Well, the point is that it's a hard work, but you come here with your heart, but if the society cannot welcome you as you want, you create problems.
Mme Plante (Caroline): So, the solution is to bring it down, bring that number down to about 45 000?
M. Deltell: This is where we stand for... this is where we stand because right now we are... we cannot welcome them as good as we have to. We create more problems for them. They are the first victims of our situation now.
Mme Montgomery (Angelica): When the Minister says that we have fewer qualified candidates to choose from because we're looking for Francophones, you don't see that as the problem?
M. Deltell: Well, what I see is that if those people cannot speak French, we have to welcome them with French courses. And if we cannot offer them French courses, well, see you next year. We have to be honest with them. If we don't tell them the truth, that it's a French society, you have to live in French, we have to work in French, but for that we will give you a hand, we will give you French courses... that's great. But if we cannot give them the tools, well, we create problems.
Le Modérateur: Robert Plouffe.
M. Plouffe (Robert): Oui. Si vous me permettez...
M. Deltell: Oui.
M. Plouffe (Robert): ...sur un autre sujet, l'affaire Coretti, est-ce que, selon vous, c'est terminé? Est-ce qu'on a fait le tour du jardin?
M. Deltell: Bien, le problème, c'est qu'on ne le sait pas encore. Vous avez vu ce que, moi, j'ai parlé tout à l'heure, de la vérité au compte-gouttes. C'est clair que ce gouvernement-là se distingue avec une vérité évolutive. Les jours se passent, et la vérité éclate au grand jour. C'est la vérité au compte-gouttes. Jour après jour, on apprend des nouvelles choses, jour après jour, le gouvernement nous dit: Bon, c'est beau, c'est fini, puis, pouf, le lendemain, il arrive autre chose. Alors, est-ce que c'est la fin? On ne le sait pas parce que malheureusement ce gouvernement-là se distingue en disant une chose puis le lendemain il dit le contraire.
M. Plouffe (Robert): Maintenant, vous avez... vous semblez douter de la réponse de Mme Boulet. Est-ce que la réponse de M. Dupuis sur le fait qu'on ait nommé M. Duchesneau, un homme qui était contre les commissions d'enquête... en faveur d'une commission d'enquête publique... Est-ce que vous pensez que la réponse de M. Dupuis vous a contenté, vous a rassuré?
M. Deltell: C'est sûr que non, bien entendu. Je veux dire, il n'y a rien de mieux que la vérité qui éclate au grand jour, lorsqu'on surprend quelqu'un avec une question. Et, quand hier, justement à TVA, j'ai vu Mme Boulet se faire poser une question somme toute fort simple : Est-ce que c'est là pour le taire?, la réponse évidente, si c'était réellement le cas, c'est de dire: Bien, non, voyons donc. Au contraire, elle a laissé traîner un long silence douloureux pour elle. Mais la vérité lui permet d'éclater au grand jour. Alors, c'est clair, à sa face même, que M. Duchesneau a été nommé pour se taire. Il faut remarquer que M. Duchesneau a été un des premiers porte-parole, très forts d'ailleurs, à souligner qu'en effet il fallait une commission d'enquête publique dans le domaine de la construction. Et voilà qu'il est nommé dans ce dossier-là et, hop, ça y est, il dit: Ah, non, finalement ce n'est pas si pire que ça. Comment après ça on peut poser des questions sur le cynisme en politique? En voilà un autre exemple.
M. Plouffe (Robert): Et sur ce qui est sorti sur la FTQ-Construction, encore une fois, est-ce que c'est un élément supplémentaire pour réclamer cette commission d'enquête là?
M. Deltell: C'est clair qu'encore une fois les pierres s'accumulent les unes par-dessus les autres. Et, encore une fois, on voit que l'étau se resserre vers deux groupes, qui refusent obstinément la tenue d'une enquête publique, à savoir le Parti libéral et la FTQ-Construction. C'est clair que, là, ils sont vraiment isolés. Et, jour après jour, il y a des cas qui s'accumulent, il y a des pierres que s'imbriquent les unes par-dessus les autres mais qui édifient de façon très éclatante ce que les Québécois veulent, une commission d'enquête publique sur la construction.
(Fin à 13 h 22)