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Point de presse de Mme Pauline Marois, chef de l'opposition officielle

Version finale

Le jeudi 6 mai 2010, 12 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Douze heures quarante minutes)

Mme Marois: Je vais être très brève, de toute façon. D'abord, je suis profondément inquiète de la façon dont nous répond le premier ministre actuellement quant à toutes les allégations qui sont faites à l'égard du financement du Parti libéral du Québec. Il banalise les faits, rejette du revers de la main des faits qui sont inquiétants et qui concernent le financement du Parti libéral.
Ce qu'il essaie de faire depuis déjà un moment, c'est de colmater les brèches au fur et à mesure qu'elles apparaissent, tentant ainsi de faire de la diversion. Par exemple, il applique de nouvelles règles dans les garderies. Ça veut dire qu'il y avait un problème avec les règles précédentes; il décide d'adopter des règles pour gérer les FIER, il n'y en avait pas avant, et le Vérificateur général était très critique; le rapport du Vérificateur général sur le ministère des Transports est dévastateur. Qu'est-ce qu'ils font? Ils embauchent un ancien policier pour s'assurer qu'il y ait plus de transparence. Il devait donc y avoir quelques problèmes; il nomme la commission Bastarache 24 heures après des propos tenus par l'ancien ministre de la Justice et Procureur général; il y a quatre ministres sous enquête; il y a l'opération Marteau. Il me semble qu'il y a suffisamment de faits où le premier ministre est intervenu parce qu'il voyait bien que ça coulait de toutes parts.
Alors, ce n'est pas nous, à mon point de vue, qui fabulons actuellement, ce sont des faits évoqués, des faits allégués. S'il est tellement persuadé qu'il n'y a aucun problème, ce n'est pas difficile de déclencher une commission d'enquête, à ce moment-là, et ce serait très simple de pouvoir faire la lumière, et il pourrait le faire rapidement. Ce qui augmente mon inquiétude, c'est que personne au Conseil des ministres ne semble capable, n'a le coffre qu'il faut pour ramener le premier ministre à la raison et lui faire comprendre qu'actuellement, c'est à tout le gouvernement qu'il nuit, et c'est à son propre parti qu'il nuit.
Enfin, je vous dirais que premier ministre a tellement peur du jugement de la population sur son administration qu'il n'a toujours pas déclenché d'élections partielles dans Vachon. Vous savez que ça fait déjà un moment que le député de Vachon, Camil Bouchard, a démissionné. Est-ce qu'il a atteint un tel niveau de cynisme qu'il ne veut pas se présenter devant la population, et qu'il va nous faire tenir une élection pendant l'été, alors qu'on sait que ça serait un déni de démocratie? Il a encore 15 jours pour pouvoir faire... décider d'une élection partielle dans Vachon, qui lui permettrait de faire l'élection partielle avant la fin juin. Sinon, on pourrait se retrouver... On a fait... évidemment, on a fait les scénarios, on pourrait aller aussi loin qu'au début du mois d'août, ce qui est absolument inadmissible, quand on sait qu'il y a déjà un bon moment que le député a démissionné.

M. Chartrand (Yves): Mme Marois, je voudrais savoir, là, ça fait déjà un an, et... pendant cette session, ça s'est ajouté, les faits s'ajoutent, vous en sortez souvent, l'ADQ en sort aussi, Khadir en sort. Est-ce qu'il y a un danger que tout ça... que le scandale, entre guillemets, soit banalisé finalement et qu'il y ait une espèce de... dire... de rajouter une couche de cynisme à la population? Est-ce qu'il y a... Est-ce que vous avez une stratégie, de ce point de vue là?

Mme Marois: Bien, écoutez, la seule stratégie que l'on a, c'est de questionner le premier ministre pour qu'il se ressaisisse et qu'il prenne une décision qui soit la meilleure dans les circonstances. Ce n'est pas nous qui les inventons, les faits. C'est vous, souvent, qui par vos enquêtes, vos recherches, nous les identifient. Ce matin, encore une fois, dans La Presse... c'est vrai qu'on a fait qu'on a fait du travail de recherche dans le cas des services de garde, parce qu'on avait des gens qui nous avaient indiqué qu'ils trouvaient anormal qu'on ne donne pas de permis à des centres de la petite enfance alors qu'on en donnait allégrement dans les garderies à but lucratif. Mais, pour le reste, tous les faits, les événements... Quand on regarde les FIER, vitement le gouvernement s'est retourné vers le Vérificateur général pour lui demander un avis. Or, le Vérificateur général a dit: Non, on ne trompe pas les règles, il n'y a pas de règles. C'est grave!
Alors, que peut-on faire de plus et de différent? Nous allons continuer à questionner le gouvernement, nous allons continuer à l'inviter, et j'essaie de le faire, malgré ce qu'en dit le premier ministre, j'essaie de le faire le plus sobrement possible en rappelant des faits. Et la population, je crois, attend ça de nous. Mais la population le juge actuellement, et je crois que son jugement est très dur, à... l'endroit du gouvernement.

M. Chartrand (Yves): Deuxième question, Mme Marois. M. Khadir, ce matin, a demandé aux gens qui servent de prête-noms aux compagnies de sortir de l'ombre et de dire à la population, de contribuer de façon citoyenne à faire sortir le méchant, je vais dire ça comme ça. Est-ce que vous êtes d'accord avec cette démarche-là de?

Mme Marois: Moi, je crois que toutes les personnes qui seraient susceptibles de donner des informations qui permettraient de clarifier cette situation ou de confirmer que, de fait, il y a des prête-noms doivent le faire. Il en va de leur devoir de citoyens et de citoyennes.

M. Chartrand (Yves): Ils peuvent le faire aux députés, à la police? C'est ce qu'il a dit ce matin, là.

Mme Marois: Bien, écoutez, là. Il y a le directeur général, qui a mis d'ailleurs quatre ministres sous enquête, là, maintenant, semble-t-il. Alors, le directeur général est susceptible d'être saisi de ça. S'il juge à propos de le faire autrement, vers les... la justice, les policiers, moi, je n'ai pas d'objection à ça. S'ils veulent le faire à travers vous, ils peuvent le faire aussi. Mais je pense que l'important, c'est que, si ça existe, il faut être capables de le dire.

M. Duchesne (Pierre): Mme Marois, on sent que, du côté gouvernemental, quand vous parlez d'hypothèses autour d'un système de mis en place, ça suscite beaucoup de réactions. Comment vous expliquez ça?

Mme Marois: Bien, le mot «système» réfère au fait qu'on a une organisation bâtie en fonctions de l'objectif qu'on veut atteindre. Et ils n'aiment pas ça, mais tous les faits qui nous sont présentés depuis quelques mois, pour ne pas dire un peu plus, nous amènent à constater qu'il semble y avoir un vrai système pour ramasser de l'argent, pour le financement du Parti libéral. Chaque ministre doit recueillir 100 000 $. Ensuite, on constate que des ministres ont eu des lapsus pour dire «des entreprises peuvent financer». Après ça, on constate que le financement du Parti libéral double quand ils sont au gouvernement.
Je comprends que M. Charest peut bien dire : «Ils aiment la démocratie et ils aiment financer notre parti». Ils doivent aimer la démocratie, les gens, aussi, quand c'est un gouvernement du Parti québécois, notre financement reste essentiellement à la même hauteur. Alors, quand on voit que des dizaines de personnes, je pense qu'on doit être rendus à une bonne dizaine, à une bonne vingtaine de personnes, qui ont reçu des permis de garderie pour des garderies à but lucratif, commercial, qui ne finançaient pas nécessairement le Parti libéral, se sont mis à le financer, moi, je suis obligée de poser des questions et de me dire: Tous ces événements-là nous ramènent... Il y a un fil conducteur, c'est le financement du Parti libéral.

M. Duchesne (Pierre): Quel est... Excusez-moi. Quelle est la valeur de M. Tomassi, là, aux yeux de M. Charest? Quelle est la valeur de M. Tomassi? Parce qu'il est toujours là.

Mme Marois: Il a l'air de peser très lourd avec son financement. Et je ne parle que de son financement. Je ne parlerai pas de la personne. Je ne ferais pas... jamais faire ça. Et... À cause de son financement. C'est très clair. Écoutez. Quand on ramasse 230 000 $... C'est de l'argent à ramasser d'un coup! Dans chacun de nos comtés, quand on a ramassé 60 000, les gens sont au plafond de bonne heure.

Journaliste: Mme Marois, dites-vous que c'est le premier ministre qui est à la tête de ce système-là?

Mme Marois: À ce que je sache, il est le chef du Parti libéral du Québec. Quand on organise du financement pour un parti politique, le chef donne les orientations et exerce un leadership.

M. Plouffe (Robert): Mais, en ce sens-là...

Journaliste: Les libéraux...

La Modératrice: Robert.

M. Plouffe (Robert): En ce sens-là, le fait que M. Charest ait signifié, cette fois-ci, sur les états financiers de son parti qu'il touche 75 000 $, est-ce que ça vient le dédouaner? Est-ce que ça vient apporter plus de transparence au chef du Parti libéral?

Mme Marois: Bien, pourquoi ça lui apporterait plus de transparence, quand on reprend tous les autres faits, sur lesquels on n'a toujours pas de réponse, entre autres ces dons qui sont faits par des propriétaires de garderie privée après qu'ils aient reçu un permis de garderie? Encore ce matin, des faits allégués, de gens qui auraient participé à des activités de financement du Parti libéral et qui se seraient vu donner des... c'est rapporté dans l'article de La Presse, se seraient vu donner des billets pour assister à un cocktail.

La Modératrice: Antoine Robitaille.

Mme Marois: Et puis, vous savez, le 75 000 $, là, nous, nous pensons, transparence ou pas, il ne devrait pas en recevoir. Il n'a qu'un seul maître, le premier ministre, c'est la population du Québec. Et, en plus, est-ce qu'on saura exactement à quoi ça sert? Est-ce que c'est mis sur son revenu? Est-ce que ça sert à couvrir des dépenses? Mais, de toute façon, au-delà de ça, le premier ministre du Québec n'a qu'un seul maître.

M. Plouffe (Robert): Ce 75 000 $ là est - c'est ce que vous dites - la contrepartie du système de financement ...

Mme Marois: C'est... en fait, ce n'est pas... je pense que ce serait être très réducteur, si vous me permettez, Robert, de simplement dire qu'il s'agit de cet aspect-là en particulier. C'est l'ensemble des autres événements, que l'on peut relier les uns aux autres, qui font qu'apparaît actuellement ce qui nous semble être un véritable système organisé pour cueillir des fonds par le Parti libéral.

La Modératrice: Antoine Robitaille.

M. Robitaille (Antoine): Les libéraux rappellent souvent que... ou affirment souvent qu'il y a un seul cas prouvé de système de contournement de la Loi électorale. C'est... ce serait celui qu'avait mis en place Ginette Boivin dans votre parti. Il me semble, à ma connaissance, que vous ne répondez pas à ça.

Mme Marois: On n'est pas...

M. Robitaille (Antoine): Êtes-vous gênée par ce passé-là de votre parti?

Mme Marois: Non, on n'est pas gênés. C'est un fait qui a été avéré. Remarquez que, quand on lit le rapport Moisan, on peut avoir quelques doutes sur les intentions au départ derrière ça, parce que la vice-première ministre est aussi identifiée dans le rapport Moisan, n'est-ce pas? Et les fonds qui auraient été recueillis en ne respectant pas les règles ont été... ont été reversés, hein? On a... on a éliminé ça, on a payé pour ça, c'est-à-dire qu'on a retourné les fonds. On n'a pas gardé ces fonds-là.

M. Robitaille (Antoine): Est-ce qu'il y a quelque chose dans votre parti qui a changé qui fait qu'on pourrait...

Mme Marois: Ah bien! Écoutez, là...

M. Robitaille (Antoine): ...on pourrait être certains que ça ne... qu'il n'y a pas de nouvelle Ginette Boivin?

Mme Marois: Les... les règles sont très claires au Parti québécois, déjà depuis longtemps, depuis longtemps - il peut y avoir des gens qui ont commis des erreurs - elles sont très claires depuis longtemps. Il ne peut y avoir de prête-noms. Il ne peut y avoir que des dons qui sont faits par des personnes au Parti québécois. Et, pour nous assurer que, pour la suite des choses, l'ensemble du financement des partis politiques soit mieux,  je dirais, soit mieux encadré, nous pensons qu'il faut descendre le plafond du 3 000 $ à 500 $.

M. Robitaille (Antoine): Pourquoi vous ne répondez pas à M. Charest, qui a l'affaire Tecsult aussi, qui est une firme de génie-conseil, puis vous... vous...

Mme Marois: Écoutez, ça a été...

M. Robitaille (Antoine): ...parce que le Parti libéral, là-dedans, n'était pas...

Mme Marois: Pourquoi je répondrais à ça, alors que c'est du passé, et que c'est terminé, et que c'est derrière nous, et que nous avons... nous nous assurons tous les jours que notre financement est fait correctement, en vertu des règles?

M. Robitaille (Antoine): Si j'ai un ton cynique, Mme Marois, c'est parce qu'il se disent justement, comme dans l'affaire Tecsult, c'étaient les deux grands partis qui faisaient... qui avaient les mêmes pratiques, et vous étiez beurrés égaux.

Mme Marois: Oui. Disons que, quand on regarde, là, actuellement comment ça se passe, le Parti québécois cueille 4 millions par année, au pouvoir ou pas, le Parti libéral en cueille quatre quand il est dans l'opposition puis il en cueille huit quand il est au pouvoir.

La Modératrice: Rhéal Séguin.

M. Séguin (Rhéal): Mme Marois, sommes-nous, oui ou non, devant un gouvernement corrompu?

Mme Marois: Il en a tous les indices. Il en présente tous les indices. Et, moi, je l'ai dit la semaine dernière, je le répète aujourd'hui, je l'ai dit encore dans ma question: Il faut retrouver un certain sens de l'éthique. C'est ce que les citoyens et citoyennes du Québec attendent de leur gouvernement. Il y a des gestes que le premier ministre devrait poser et qu'il ne pose pas. Et je peux vous dire que je suis remontée dans le temps justement, M. Robitaille, et j'ai regardé comment avait agi un gouvernement du Parti québécois lorsqu'on avait souligné des événements qui apparaissaient critiquables, que ce soit en termes de lobbying, d'accusations faites auprès de ministres qui n'auraient pas respecté des lois. Jamais, jamais on ne s'est retrouvés devant des événements comme ceux-là, et, à chaque fois qu'il y a eu un événement qui nous a été souligné... Pensez à Mme Rita Dionne-Marsolais qui va démissionner de son poste de ministre du Revenu parce que, dans son ministère, on a transmis des listes de personnes qui étaient identifiées pour faire des sondages. C'est dans son ministère, là, qu'on avait fait ça. Elle a démissionné sur ça. Quand il y a eu le début du commencement d'une accusation de lobbying pouvant concerner des gens près du gouvernement, au Parti québécois, immédiatement il y a eu d'abord démission, dans certains cas, et loi sur le lobbying trois mois plus tard. Quand Mme Malavoy avait voté avant de se présenter, il y a bien longtemps, parce qu'elle n'était pas citoyenne, qu'elle avait voté pour le Parti québécois, parce qu'elle croyait poser un geste citoyen, on l'a beurrée en Chambre. Elle a démissionné.
Alors, les questions d'éthique, là, quand on a eu des problèmes avec l'éthique, on les a résolus. Et puis c'est... ça n'a aucune commune mesure avec l'ampleur de ce que l'on constate maintenant de la part du Parti libéral. Alors, quand on met les deux partis dans le même... dans le même plat, là, c'est ça, ma réponse.

Journaliste: Mme Marois...

La Modératrice: Geneviève Lajoie. Excuse-moi, c'est Geneviève Lajoie...

Mme Lajoie (Geneviève): C'est un autre sujet, Mme Marois. Ce matin, le Parti québécois a appuyé la motion sur... qui salue la programmation du Festival d'été. Est-ce que ça veut dire que le Parti québécois se dissocie des 25 personnalités qui sont allées dans le sens contraire?

Mme Marois: Non. Non. Nous ne nous dissocions pas des 25 personnalités. On peut souhaiter qu'il y ait plus de présence francophone au sein du festival, mais il reste que c'est au festival à décider de sa programmation, et c'est à la ministre qui octroie les subventions de voir s'il y a des demandes particulières qui doivent leur être offertes.

La Modératrice: M. Bergeron.

M. Bergeron (Marc): J'aimerais revenir sur quelque chose que vous avez dit tout à l'heure à propos des membres du Conseil des ministres. Vous demandez carrément à des ministres de faire fronde... ou de confronter le premier ministre à propos de ces indices de corruption là?

Mme Marois: Bien, moi, je crois que, lorsqu'on se retrouve devant une telle situation, une telle déliquescence, il me semble qu'il doit y avoir quelques membres au Conseil des ministres qui se ressaisissent. Moi, je peux vous dire que j'ai participé à plusieurs conseils des ministres, pendant, au moins 15 ans, et puis, quand il y avait des situations difficiles, ce n'était pas long que le débat avait cours et avait lieu au sein du Conseil des ministres pour qu'on redresse la barre si c'était nécessaire de le faire.

M. Séguin (Rhéal): Comme vous avez fait avec M. Baril?

Mme Marois: Pas avec M. Baril. M. Baril a pris sa décision lui-même. Mais comme je l'ai fait avec le directeur général du parti.

La Modératrice: Yves Chartrand.

M. Chartrand (Yves): Mme Marois, est-ce... est-ce qu'il y a des choses, comme le prétend M. Charest, que vous dites en Chambre et que vous ne dites pas à l'extérieur de la Chambre? Est-ce que vous... moi, je n'ai pas l'impression, mais est-ce qu'effectivement il y a des choses que...

Mme Marois: Moi, je suis prête à répéter tout ce que j'ai dit ici. Ce que j'ai dit en Chambre, je le répète d'ailleurs, je l'ai répété dans différentes émissions, dans différentes entrevues, devant vous aujourd'hui. Mes collègues, je pense à Nicolas Girard, qui était à une émission la semaine dernière, Bernard Drainville, on n'a jamais eu de crainte de tenir les propos que l'on tient en Chambre, et, encore une fois, on ne se sert pas de l'immunité parlementaire. Nous demandons qu'il y ait... qu'on clarifie la situation, que l'on enquête pour que justement, si ces allégations sont fausses, on en fera la démonstration.

M. Chartrand (Yves): Mme Marois, est-ce la société québécoise a atteint un degré de corruption qui vous trouble?

Mme Marois: Bah! c'est-à-dire, j'espère bien que ce n'est pas la société québécoise! Non, non, je ne crois pas.

M. Chartrand (Yves): ...la question, là, parce que on en sort tout le temps, là.

Mme Marois: Oui, mais je ne crois pas. Je ne crois pas que la société québécoise... Au contraire, je crois que, moi, la majorité des gens... Vous savez, je ne devrais pas donner nécessairement trop d'explications, mais la majorité des gens, là, dans une société, c'est la courbe normale, comme on dit, où on a des gens qui sont honnêtes, corrects, qui paient leurs impôts, qui respectent les lois, etc. Et puis il y a, dans les extrêmes, des gens qui sont superorthodoxes puis, de l'autre côté, il y a des gens qui font de la magouille puis essaient toujours de passer à côté des règles. D'accord? Bon. Alors, non, je ne crois pas que la société québécoise est corrompue.
Mais, cependant, il peut y avoir, dans certains secteurs industriels - et on pense actuellement à l'industrie de la construction - certains, encore une fois, entrepreneurs... Et il ne faut pas non plus mettre toute l'industrie de la construction dans le bain, je l'ai dit avec les nuances que ça comporte. M. Charest s'en sert d'ailleurs à chaque fois, je trouve ça un peu ridicule, là. Parce qu'on le souhaite, que ce soit effectivement un nombre le moins important possible de gens qui seraient en contravention et qui poseraient des gestes illégaux, et c'est pour ça qu'il faut arrêter de faire en sorte qu'apparaissent des allégations un peu partout et qu'on ne mette pas correctement le doigt sur là où sont les problèmes. Mais l'attitude du premier ministre amène à ce que tout le monde est un peu attaqué et atteint. Et c'est incorrect, et c'est sa responsabilité.

La Modératrice: Une dernière en français.

M. Duchesne (Pierre): Êtes-vous satisfaite du DGE, qui réagit constamment plutôt qu'agir?

Mme Marois: Bon. Écoutez, je ne veux pas... Bon.

M. Duchesne (Pierre): Il semble avoir les mains pleines actuellement, là.

Mme Marois: Bon. Peut-être devrait-il être un peu plus discret. D'accord?

M. Duchesne (Pierre): Discret?

Mme Marois: Un peu plus discret dans... Bien, essayer de faire ses enquêtes, là - il a des enquêtes à faire, il a du travail à faire - puis, quand ce sera terminé, il rendra compte.

La Modératrice: Alexandre Robillard, et dernière en français.

M. Robillard (Alexandre): Êtes-vous d'accord avec M. Bellemare, qui...

Une voix: Non. De toute façon, Dutil, il dit...

Des voix: ...

M. Plouffe (Robert): Vous n'avez pas aimé que Mme Boulet... Vous n'avez pas aimé que Mme Boulet ait déjà les rapports en main? C'est ça?

Mme Marois: Bien, on aurait... ça aurait peut-être été bien qu'on en soit informés. N'oubliez pas que le Directeur général des élections est nommé par les deux tiers des membres de l'Assemblée nationale.

M. Chartrand (Yves): Son mandat est échu, je pense?

Mme Marois: Je crois qu'il est sur le point, oui, effectivement.

M. Chartrand (Yves): Ça doit le fatiguer un petit peu, ça, non?

La Modératrice: Alexandre Robillard.

Mme Marois: Vous lui poserez la question.

Une voix: Ce matin, il disait que...

M. Robillard (Alexandre): Il a réagi plus vite dans le cas de M. Bellemare que dans le cas de... que dans le cas des ministres.

Mme Marois: Vous l'avez vu vous-même, vous l'avez vu vous-même.

M. Robillard (Alexandre): Qu'en pensez-vous?

Mme Marois: Je ne veux pas poser d'autres jugement, je vous dis simplement qu'un peu de discrétion serait de rigueur.

La Modératrice: Alexandre Robillard.

Journaliste: M. Dutil, ce matin, il s'est fait demander la question, qu'est-ce qu'il pensait des allégations formulées envers les trois ministres qui sont l'objet de l'attention du DGE, il dit que c'était faux. Est-ce que vous pensez que...

Mme Marois: Qu'est-ce qui est faux?

Journaliste: Que ces allégations-là étaient fausses.

Mme Marois: Bien, le DGE le prouvera, si c'est le cas, le DGE fait l'enquête.

Journaliste: Oui, mais, si c'est le ministre qui est responsable du DGE, de la Loi électorale, est-ce que...

Mme Marois: Ah oui, d'accord, c'est vrai, je n'avais pas fait le lien, excusez-moi, parce que, là, je le voyais comme occupant l'autre chapeau, là.

Journaliste: Non, il est intérimaire. Est-ce que vous trouvez que ce genre de commentaire là est approprié pour quelqu'un dans ces fonctions-là?

Mme Marois: Effectivement, moi, je crois qu'encore une fois on a un certain devoir de réserve, comme a un devoir de réserve le Procureur général, le ministre de la Justice.

Journaliste: ...un message au DGE?

Journaliste: Le gouvernement Charest essaie-t-il d'envoyer un message au DGE?

Mme Marois: Bien, j 'espère que non, ce ne serait pas à la hauteur de sa fonction, de sa responsabilité, à l'honneur.

Journaliste: Mme Marois, s'il présente tous les indices d'un gouvernement corrompu, est-ce que ça ne devient pas tout doucement une affaire de police?

Mme Marois: Ça pourrait, à la limite, devenir une affaire de police, mais, écoutez, moi, je crois toujours qu'une commission d'enquête indépendante, avec des gens qui sont au-dessus de la mêlée, bien encadrée, avec un mandat clair, mandat encore une fois qui pourrait être défini par des gens extérieurs au gouvernement, de telle sorte que ça dégage le gouvernement de cette responsabilité-là, serait la meilleure voie à choisir, à privilégier pour faire taire les rumeurs, si ce sont des rumeurs, pour contrer les allégations, si ce sont des allégations. Mais, si ce sont des faits, il faut être capables de les aborder et de punir les gens qui auraient commis des fautes.

Journaliste: Ça pourrait devenir une affaire de police?

Mme Marois: Ça pourrait devenir une affaire de police.

La Modératrice: En anglais. Tim Duboyce.

M. Duboyce (Tim): Mme Marois, our system upholds the notion that we're innocent until proving guilty.

Mme Marois: Yes.

M. Duboyce (Tim): Do you feel that Jean Charest and the Liberal Party have been afforded that privilege of being seen as innocent until proven guilty?

Mme Marois: You know, it is true in our system, in our legal system, but we have so many allegations now that it's our responsibility and the responsibility of many people in the Québec society to ask questions to this Government and to Mr. Charest. Because there is too many events. If you have a look about the construction, about the day care centers, about the FIER, which is a project of investment in business, in private business, you have so much events. You have four ministers on inquiry by the Directeur général des élections.
So, O.K., if you are innocent, why do you not accept to institute a commission, an inquiry commission, on all these facts, so you could prove you are innocent?

M. Duboyce (Tim): How much longer do you think the Premier can hold on to his legitimacy to keep governing?

Mme Marois: I think, he's at the beginning of the end of his legitimacy.

M. Grant (John): You have stopped banging on just Tomassi and you've today said that it's the Government at large, the Liberal Party. When you talk about a system, what are you talking about?

Mme Marois: We are talking about many events, who are known now by you, by the journalists or by reporters, and also by some words from citizens, if you think about Mr. Bellemare... that is not the case of Parti québécois, that is not the case of any body else. We have many, many events. You have the permits who are given to private day care centers, and when they receive their permit, they give money to the Liberal Party. Mr. Tomassi is organizing big, big party, and, this morning, we know, in the newspaper, that a businessman is giving some cocktail tickets to his employees; you have four ministers on inquiry from the part of the Directeur général des élections, and each minister has the responsibility to report to the Liberal Party $1,000... it's $1,000...

Une voix: $100,000.

Mme Marois: $100,000 for the financing of the Party Liberal. When the Party Liberal is in the opposition, he receives $4 millions from the people who give money to the Liberal Party, when he is in power, when he is at the government, he receives the double, $8 millions. Do you think it could be possible to have a system? That is my question.

M. Dougherty (Kevin): The Premier said all this is allegations and insinuations. What do you think?

Mme Marois: If that is the case, it's easy for him to constitute an inquiry commission so he could do the proof about this question. That's all. It's so easy. And it is possible to ask some people who are not in the government to do the description of this mandate for this inquiry. Merci. Oui?

Mme Montgomery (Angelica): Do you think that we can go a day without hearing some kind of bad news about Tony Tomassi?

Mme Marois: Écoutez, this morning, I opened my BlackBerry and I saw that. That was not my imagination, that was not a fact revealed by the Parti québécois, and that was Mr. Tomassi. He received some financing for the Liberal Party by a businessman, and he is on the «sellette». So, I don't invent these events. I hope and I think... I think that Mr. Charest should say to M. Tomassi to stay at home. Merci.

(Fin à 13 h 6)

 

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