(Douze heures onze minutes)
M. Bergeron: Alors, bonjour. Je serai très bref. Je pense que ce qui avait à être dit l'a été il y a quelques instants. Simplement peut-être revenir sur le fait que la ministre n'a eu d'autre chose à dire, par rapport à tous ces faits troublants qui surgissent ponctuellement depuis l'automne dernier, qu'elle avait agi, qu'elle avait posé tel, tel, tel geste. Elle nous a livré, comme elle le fait inlassablement depuis l'automne dernier, sa litanie de gestes posés pour tenter, semble-t-il, de mettre un terme à la situation. Or, ce que j'ai tenté de faire comme démonstration, c'est que cette ministre a la fâcheuse habitude de ne pas faire ce qu'elle dit qu'elle ferait. J'ai donné, à titre d'exemple, puis je pourrais parler également des bonis, des ingénieurs au ministère, mais j'ai donné à titre d'exemple le fait qu'en 2008 elle s'était dit troublée, outrée par le fait que des ingénieurs quittaient son ministère pour aller joindre presque instantanément des firmes de génie-conseil, et avait dit qu'elle mettrait un terme à cette situation. Or, en janvier dernier, à la Commission de l'administration publique, nous avons effectivement posé une question concernant cette situation qu'on a appelée «les portes tournantes», et on nous a dit à ce moment-là: Bien, on va... on est encore à réfléchir aux moyens à mettre en place pour tenter de corriger cette situation.
Alors, j'ai voulu en savoir davantage aujourd'hui de la part de la ministre pour savoir si effectivement, depuis janvier, il s'était fait quelque chose, et elle s'est bien gardée de dire quoi que ce soit. C'est donc dire que, malheureusement, avec cette ministre, quand il s'agit de corriger des problèmes, les bottines ne suivent pas tout à fait les babines. Alors, ça fait en sorte que je n'ai pas très confiance que toutes ces mesures qu'elle a annoncées l'automne dernier vont effectivement se traduire par une amélioration de la situation, d'autant que ce gouvernement a la fâcheuse habitude également de ne poser des gestes que lorsqu'une situation est révélée au grand jour. Autrement, les choses continuent à la va comme je te pousse, comme ça allait auparavant. On ne peut pas le dire de façon plus claire que comme l'avait dit le ministre délégué au Travail... aux Transports, dis-je, quand il nous avait dit en Chambre: C'est de même que ça se fait, c'est de même que ça c'est toujours fait et c'est de même que ça va toujours se faire.
Alors, c'est pour le moins préoccupant de voir que, sur le fond, les choses ne risquent pas de changer, d'autant qu'on peut bien sûr mettre un cataplasme ici et là en pensant que ça va régler l'état du patient, mais, si on ne connaît pas l'état du patient, si on ne se fie qu'à quelques symptômes ici et là mais qu'on ne va pas voir au fond quel est le véritable problème, on risque effectivement de passer à côté. Et le gouvernement ne veut pas aller au fond des choses, ne veut pas faire la lumière sur ce qui se passe dans l'industrie de la construction, manifestement. Je ne sais pas ce qu'il veut protéger, ce qu'il veut cacher, qui il veut protéger, mais il semble bien que ce soit le cas.
Or, ce que les Québécoises et les Québécois veulent, c'est que le gouvernement fasse la lumière sur ce qui se passe, et pas simplement sur la nomination des juges, parce que tout ça semble lié, alors ils veulent qu'on élargisse le mandat, qu'on aille au fond des choses sur ce qui se passe dans l'industrie de la construction. Or, ce gouvernement s'y refuse toujours.
M. Perron (Sébastien): Est-ce que, dans le cas de monsieur... vous avez parlé du cas de M. Turcotte. Est-ce que ce cas-là est... s'est produit après les présumés engagements de la ministre en ce qui concerne...
M. Bergeron: Oui. Oui, oui, absolument. Ça date de... ça date du mois de... je pourrais vous donner précisément le mois, mais ça date de 2009. Ça date de 2009. Or, les engagements de la ministre dataient de 2008. Donc, c'est vraiment un cas, là, c'est vraiment un cas qui nous indique que, depuis, il ne s'est absolument rien fait. Et puis, je vais vous dire, c'est à ce point préoccupant qu'à la liste que j'avais déjà donnée durant l'interpellation le député de Chomedey a été ajouter d'autres noms de hauts fonctionnaires du ministère qui se sont joints également à des firmes d'ingénieurs. Mais, dans le cas de M. Turcotte, on parle de juillet 2009. On parle de juillet 2009, alors que la ministre s'était dite outrée de la situation en 2008.
M. Perron (Sébastien): Quels autres cas il a ajoutés?
M. Bergeron: Bien, je ne les ai pas... Il faudra voir au niveau de... du compte rendu de l'Assemblée, là, mais il a donné un certain nombre d'autres cas. Il en a ajouté quatre.
M. Duchesne (Pierre): Parlez-nous un peu de M. Turcotte. Donc, on parle de qui, son prénom?
M. Bergeron: C'était le directeur régional de Montréal, du ministère des Transports. Or, ce qu'on constate c'est que, de 2006 à 2008, la firme Dessau avait été la firme préférée de la direction de Montréal du MTQ, obtenant 20 % des contrats. Curieusement, en juillet 2009, M. Turcotte joint Dessau comme vice-président aux opérations transports et... alors même que le ministère négociait un contrat de gré à gré d'une valeur de 1 million de dollars, que la firme a finalement obtenu.
M. Perron (Sébastien): ...fait quoi, ce...
M. Bergeron: L'échangeur Turcot.
M. Perron (Sébastien): Donc de réfection, de...
M. Bergeron: Bien, pour les détails, je peux vraiment pas vous les fournir.
M. Perron (Sébastien): ...de gré à gré de 1 million, ça... 1 million? C'est combien, le contrat, M. Bergeron?
M. Bergeron: 1 million. Oui. Sans appel d'offres.
M. Perron (Sébastien): ...au-delà de 500 000, je pense, ils sont... normalement, ça doit aller en appel d'offres, non?
M. Bergeron: Bien, oui, mais ça n'a pas été en appel d'offres.
M. Bergeron (Patrice): ...sur le cas des contrats qui ont été accordés à Neilson... qui a été donné en sous-traitance, que vous avez soulevé hier en Chambre, vous avez dit... En fait, vous soulevez des doutes sur ce que M. Whissell a expliqué hier. Vous remettez donc en doute sa parole, quoi, ou... Vous dites qu'il n'était pas... qu'il était au courant ou?
M. Bergeron: Écoutez, je suis simplement surpris de l'entendre nous dire qu'il ne connaissait pas... au début... si je me fie à ce que j'ai lu ce matin dans Le Soleil, là, il ne savait pas, au début, qui il était vraiment. Alors, au début, c'est quand, ça? Quand est-ce qu'il a finalement su qui il était? Première des choses. Puis la deuxième des choses, c'est: Comment celui qui était ministre du Travail, responsable de la CSST, peut-il ne pas connaître quelqu'un qui siège au conseil d'administration du... de ladite commission dont il est lui-même responsable comme ministre?
M. Bergeron (Patrice): M. Whissell se défend en disant que, lui, de toute façon, son entreprise est sous fiducie, qu'il n'a aucune droit de regard sur sa gestion d'ABC Rive-Nord.
M. Bergeron: Je suis parfaitement d'accord avec vous, sauf qu'il est clair que, lorsque son entreprise fait des profits, il en bénéficie.
M. Bergeron (Patrice): Mais, s'il... il n'a pas intercédé en faveur de sa compagnie, il n'a pas rapport non plus avec les profits, non?
M. Bergeron: Comment, il n'a pas rapport aux profits?
M. Bergeron (Patrice): S'il n'a pas intercédé dans la gestion de la compagnie, puis ce n'est pas lui qui fait des approches pour la compagnie parce qu'il...
M. Bergeron: Mais je ne vous dis pas qu'il fait des approches pour la compagnie, mais il bénéficie des profits que fait sa compagnie, malgré tout.
Une voix: Ça va? C'est tout? Parfait.
M. Bergeron: O.K. Merci.
(Fin à 12 h 19)