Point de presse de Mme Pauline Marois, chef de l'opposition officielle.
Version finale
Le jeudi 18 mars 2010, 12 h
Salle Bernard-Lalonde (1.131),
hôtel du Parlement
(Douze heures une minute)
Mme Marois: Alors, il y a plusieurs sujets dans l'actualité, ces jours derniers, évidemment, mais il y en a deux qui nous préoccupent d'une façon toute particulière, entre autres la question des garderies.
Notre gouvernement avait mis en place un système d'octroi de permis et de places qui satisfaisait tout le monde, les parents, les centres de la petite enfance et même, et même le secteur privé à but lucratif. J'ai eu beaucoup d'échanges, d'ailleurs, avec M. Lévesque, qui en est le président, et ils étaient satisfaits de notre façon de faire. Notre intérêt, c'était d'abord et avant tout les enfants. On a perverti ce système-là.
D'abord, vous savez qu'il était neutre, nous n'intervenions pas dans l'octroi des permis, c'étaient les CRD qui étaient l'organisme intermédiaire qui faisait l'évaluation des demandes et qui identifiait là où les places devaient se développer, parce qu'évidemment on essayait de créer un équilibre entre les régions pour être sûrs qu'on répondait minimalement au plus grand nombre de gens possible partout à travers le Québec.
Or, on a perverti un système qui était, à mon point de vue, bien rodé, qui était complètement dépolitisé. On se retrouve en plus devant une sorte de marché spéculatif du permis de garde. La décision se prend, selon les propos tenus par les ministres M. Tomassi et même Mme Courchesne, dans les bureaux des ministres. On octroie des permis à des demandeurs qui ont des notes de D, alors que probablement on aura mis de côté, pour donner ces permis, on aura mis de côté des gens qui avaient de très bonnes évaluations à cet égard.
Et en plus s'ajoute le fait qu'on constate qu'il y a eu, depuis 2003, des sommes importantes qui ont été versées par ceux qui ont reçu... qui ont été versées au Parti libéral du Québec par ceux qui ont reçu de tels permis. Et notre évaluation nous amène à conclure qu'il y aurait eu 1 600 places de données à 33 projets, et, en retour ou préalablement, peu importe, le Parti libéral, lui, aurait reçu 134 000 $ en dons de ceux qui ont obtenu les permis. Et je passe sur le fait que les membres de l'exécutif de M. Tomassi sont tous des... étaient, pour six d'entre eux, des propriétaires de garderie à but lucratif.
Quand on a mis ça en place, ce système de services de garde à la petite enfance, ce n'était pas pour faire du profit sur le dos des enfants, et c'est ce qu'on est en train de faire. Et, à mon point de vue, c'est absolument immoral et scandaleux, ce que l'on constate maintenant. Et, moi, je crois que M. Tomassi doit répondre de ses actes, et M. Charest a une responsabilité à son égard.
Quant au deuxième sujet qui nous préoccupe particulièrement, ce sont les dénonciations de M. Bellemare. M. Bellemare a affirmé des choses. Le premier ministre dit qu'elles sont fausses. Le titre du Soleil était éloquent, ce matin: Qui ment? Et là, tout à l'heure, on a essayé... on a essayé de nous passer une astuce, finalement. On a dit: On va demander au directeur général qu'il convoque... le directeur du financement des partis politiques, qu'il convoque M. Bellemare - là, j'ai la motion pas trop loin, là, je vais la retrouver, peu importe, elle est en dessous, bon - on a dit: «Que l'Assemblée nationale demande formellement au directeur général des élections, conformément aux dispositions[...], de faire la lumière sur les allégations de [M.] Bellemare liées au financement des partis politiques...»
On n'a pas besoin de motion à l'Assemblée nationale pour faire ça. C'est dans la Loi électorale, article 486: «En ce qui a trait à la présente loi, [le directeur général] doit recevoir les plaintes et faire enquête s'il le juge nécessaire.» Pas besoin d'adopter cela.
487. «...enquêter sur la légalité des dépenses d'une entité autorisée, des contributions et des dépenses électorales.» Le Directeur général des élections peut, de sa propre initiative... D'ailleurs, il a dit qu'il le ferait pour au moins trois ministres du gouvernement. En plus, on sait très bien qu'imaginons que M. Bellemare va témoigner ou rencontrer le Directeur général des élections et met en cause une, deux, trois personnes quant au financement des partis politiques, le directeur général se retourne vers ces personnes et leur dit: Est-ce que c'est vrai?, elles peuvent dire simplement: C'est complètement faux, M. le Directeur général, et ça va s'arrêter là. Le directeur général n'a pas la possibilité... le directeur des élections n'a pas la possibilité de contraindre une personne, de l'amener à témoigner autrement que de prendre sa parole.
Alors, ce qui nous amène donc à conclure, et c'est pour ça que nous avons soutenu la motion, d'ailleurs, de M. Khadir, à conclure que ça prend une enquête sur le financement du Parti libéral. Il m'apparaît que c'est la seule façon. Et là une commission d'enquête évidemment va protéger M. Bellemare. Et c'est à travers... je pense qu'à travers les lignes qu'on peut lire ça, et même pas, il l'a dit. Il dit: Je vais... je veux une commission, et ça va ainsi me protéger.
Alors, ce sont deux sujets, nous, qui nous préoccupent énormément. La question des services de garde, je trouve ça tellement malheureux, ce qu'on est en train de faire actuellement avec ce réseau qui est un vrai bijou, je vous le dis, qui répond aux besoins des enfants. Et l'urgence, là, ce n'est pas de donner de l'argent aux amis du Parti libéral, l'urgence, c'est de dégager des places à travers le Québec. Il y a des centaines de parents qui attendent des places. Vous le savez, vous êtes parfois de jeunes parents, vous avez des enfants sur des listes d'attente depuis un an, deux ans, trois ans. En fait, ils vont être à la maternelle avant d'être à la garderie.
Des voix: ...
Mme Marois: Marie. Je vais demander à Marie de...
La modératrice: ...Richer.
Mme Marois: Mme Richer.
Mme Richer (Jocelyne): Avez-vous le sentiment que le gouvernement a mis en place un système visant à récompenser les amis du Parti libéral sur le dos des enfants?
Mme Marois: Soit il a mis un système visant à les récompenser ou soit il a mis un système visant à obtenir des contributions. Mais, à sa face même, il ne peut pas y avoir autant de faits qui se recoupent pour que ça ne soulève pas cette question-là.
La modératrice: Robert Dutrisac.
M. Dutrisac (Robert): Mme Marois, est-ce que vous considérez que la revente de permis, que ce soit pour des permis où il n'y a pas encore de garderie de construite ou des garderies existantes pour former, on l'a vu, des espèces de chaînes de garderies, cet argent-là, est-ce que vous ne croyez pas que c'est de l'argent qu'on retire...
Mme Marois:
C'est exactement ce que je vous disais dans ma conclusion, c'est inacceptable qu'on fasse des profits sur le dos des enfants. Et, à cet égard-là, les garderies privées avec lesquelles, moi, j'ai eu à travailler, je peux vous le dire, étaient des gens très responsables, et on avait convenu ensemble, d'ailleurs, d'une entente, parce que leurs subventions étaient un peu moins élevées que celles qu'on versait dans les CPE ─ là, maintenant, je ne sais plus, honnêtement, où c'en est, là, concrètement ─ mais étaient un peu moins élevées parce que justement on disait: Vous pouvez vous chercher un salaire, ça va de soi, être capables de payer les frais que vous encourez, à les... mais il faut que ce soit dans une zone raisonnable, bon. Et nous nous opposions, nous, au fait qu'il y ait des chaînes de services de garde. Et, quand Mme Théberge a changé la loi, nous lui avons dit qu'on craignait qu'il y ait de ce type de chaînes qui apparaissent, et c'est exactement la démonstration qui en est faite aujourd'hui. Puis en plus on ne spécule pas sur le dos des enfants et des services de garde. En plus, c'est de l'argent public, là.
M. Duchesne (Pierre): Mais, Mme Marois, pour parler de racket, là, avez-vous d'autre chose, comme appui, que les propos de M. Ezio Carosielli?
Mme Marois: Bien, écoutez, à sa face même, nous, ce que l'on constate, c'est que, de fait, il y a des permis qui semblent émis et pour lesquels on n'a pas livré la marchandise. Est-ce que c'est parce qu'on essaie de les vendre? Monsieur... ─ comment il s'appelle déjà? ─ ...
Une voix: Carosielli.
Mme Marois: ...Carosielli, d'ailleurs, ce matin, à Mongrain, je pense que c'est M. Tomassi qu'il citait ou M. Charest, il dit: Ils essaient de vendre ces papiers, ces bouts de papier. Il n'est pas revenu sur ça, là, c'est-à-dire il n'a pas démenti ça. Il a dit : Effectivement. Bon. Pour l'instant, ce sont les cas que l'on croit être... qui existent, et il y a peut-être d'autres cas qui existent. On verra pour la suite.
M. Robitaille (Antoine): Pensez-vous que M. Tomassi devrait démissionner?
Mme Marois: Moi, je crois que le premier ministre devrait lui demander de démissionner. C'est au premier ministre à prendre cette décision-là, c'est lui qui l'a nommé.
M. Boivin (Simon): Et pensez-vous que, lorsqu'ils ont changé le système, les libéraux, là, le système de distribution des places qui partait des CRE pour le système qui est en place actuellement, donc, ils ont agi de façon préméditée pour mettre en place un système...
Mme Marois: Moi, je ne veux pas... Oui, d'accord.
M. Boivin (Simon): ...qui allait leur permettre d'obtenir des ristournes à partir des places en garderie?
Mme Marois: Est-ce que c'était au départ leur intention? Je ne fais pas cette affirmation. D'accord? Mais il reste qu'ils ont décidé de politiser le système, dans le sens où ce sont les ministres qui ont maintenant l'autorité et la main haute sur l'octroi des permis. À partir de là, pourquoi l'ont-ils fait? Pour pouvoir les donner là où ils le souhaitaient, c'est une chose, ou les donner pour pouvoir obtenir ensuite du financement, c'est une autre chose. Nous, nous soulevons la question.
La Modératrice: Mathieu Boivin.
M. Boivin (Mathieu): Vous demandez, Mme Marois, au Vérificateur général d'enquêter?
Mme Marois: Oui.
M. Boivin (Mathieu): Lui demandez-vous d'enquêter sur l'octroi premier de permis ou sur le système de revente?
Mme Marois: Bien, moi, je crois que c'est...
M. Boivin (Mathieu): Où est exactement le racket?
Mme Marois: Bon, d'accord. Bien, nous...
M. Boivin (Mathieu): J'essaie de comprendre où est-ce qu'il se fait de l'argent de façon illégitime, là.
Mme Marois: O.K. D'abord, nous demandons au Vérificateur... Un Vérificateur général, ça regarde s'il y a des processus qui permettent d'être équitable, d'être transparent et de bien utiliser les fonds publics. Peut-être que j'ai oublié une autre fonction, là, mais c'est à peu près ça que fait un vérificateur général. Alors, ce qu'on lui demande de faire, c'est une enquête pour voir: Est-ce qu'il y a un processus d'octroi de permis qui est équitable, qui est transparent et qui permet de faire les bons choix? Est-ce que ce processus d'octroi de permis fait en sorte qu'on utilise les fonds publics correctement, donc qu'on ne permet pas à des gens d'aller faire des profits exorbitants sur le dos des enfants? Alors donc, ça veut dire qu'il faut qu'il regarde l'ensemble du système d'octroi, la façon ensuite dont opère le réseau de services de garde à but lucratif. Est-ce qu'il y a des ventes, comme ça, entre les différents propriétaires? Est-ce qu'on fait du profit à ce moment-là? Puis est-ce que ça permet la concentration dans des chaînes? Parce que ce qu'on constate, c'est quand même une concentration actuellement. 800 places dans une même... possédées par les mêmes personnes dans une chaîne, nous ne voulions pas ça, nous. Nous pensions qu'entre 60 et 80 places par service de garde, c'était le maximum.
M. Boivin (Mathieu): Est-ce que c'est le mandat du VGE que d'enquêter les possibilités de retours d'ascenseur au Parti libéral?
Mme Marois: Bien, c'est-à-dire que le DGE doit s'assurer qu'effectivement il n'y a pas... quand on donne un permis, qu'on ne le donne pas conditionnel au fait que les gens aient versé des fonds dans un parti politique. Bien, le VG peut poser des questions sur ça, certainement.
La modératrice: Rhéal Séguin.
M. Séguin (Rhéal): MM. Charest et Tomassi ont expliqué que, lorsqu'il y a eu revente de permis, ils devaient obtenir l'approbation du ministère.
Mme Marois: Oui.
M. Séguin (Rhéal): S'ils obtiennent l'approbation du ministère, il n'y a pas, à ce moment-là, de l'argent qui se fait sur le dos des enfants, à moins que des gens du ministère jouent le même jeu que...
Mme Marois: Ou à moins que les gens se soient entendus préalablement, qu'il y ait eu une espèce de spéculation préalable et puis que, dans le fond, la personne dise: Bon, bien, moi, regarde, mon permis, il vaut cher en maudit, là; je n'ai pas construit encore, là, mais, si je te le transfère, bien tu me verses tant pour pouvoir l'avoir. Tu sais? Alors, nous, on soulève la question. D'accord?
Mais vous posez autre chose, là, Rhéal, que j'ai peut-être... qui m'a peut-être échappé...
M. Séguin (Rhéal): L'approbation par les gens du ministère...
Mme Marois: Bon. O.K. Bon. Alors, maintenant, les gens du ministère peuvent se faire berner aussi, hein, de cette façon-là. Ils ne déclarent pas nécessairement: Écoutez, là, moi, j'ai racheté son permis puis en même temps je lui ai donné une garantie que je lui verserais une rente, par exemple, qui va aller jusqu'à 300 000 $ ou 200 000 $. Tu sais? Tout n'est pas nécessairement dit. Bon. Alors, nous, donc, dans ce sens-là, ce qu'on pense, d'abord, un, il faut que l'enquête... que le Vérificateur général vérifie ça et voie à comment se font les autorisations....
Mais c'est ça que je ne voulais pas oublier. Nous, ce qu'on veut aussi, là, on veut savoir combien il y en a eu comme ça...
La Modératrice: Antoine Robitaille.
Mme Marois: ...que ce soit déposé, que les documents soient déposés.
M. Séguin (Rhéal): Juste une autre précision.
Mme Marois: Oui.
M. Séguin (Rhéal): Là, on voit un système qui est dans les garderies, qui est semblable à ce qui existe aussi dans le domaine de la construction. M. Khadir a dévoilé des données tantôt. Est-ce que vous sentez que c'est généralisé, que ce système-là est en train de prendre racine à l'intérieur du gouvernement depuis 2003?
Mme Marois: Bien, écoutez, on a dit, en fin de semaine... Mais le premier ministre trouvait que j'exagérais en fin de semaine, là. Mais, la semaine passée et il y a deux semaines, j'ai demandé qu'il y ait une enquête sur le financement du Parti libéral, ça fait des mois qu'on demande une enquête sur l'industrie de la construction, et c'est justement pour savoir... pour qu'on fasse la lumière sur ce genre de question. Alors : Est-ce que c'est vrai qu'il y a un système, est-ce qu'il est organisé puis est-ce qu'il profite au Parti libéral du Québec? C'est ça, la question.
M. Robitaille (Antoine): Sur le financement des partis politiques, Mme Marois, là...
Mme Marois: Oui.
M. Robitaille (Antoine): ...vous savez que le Parti libéral remet toujours sur le tapis le rapport Moisan, Ginette Boivin.
Mme Marois: Oui, oui.
M. Robitaille (Antoine): Le Soleil avait enquêté sur Tecsult, le Parti québécois aussi était impliqué là-dedans. Amir Khadir, dans son document, aujourd'hui, fait ressortir des liens aussi avec le Parti québécois. Est-ce que c'est juste sur le Parti libéral ou ce n'est pas sur les deux grands partis qu'on aurait besoin d'une enquête?
Mme Marois: Bon. On a appuyé la motion de M. Khadir, soit dit en passant, pour justement indiquer que, nous, on n'a aucun problème à ce qu'il fasse des enquêtes sur le financement des partis politiques. Mais là, pour l'instant, on aimerait bien que le premier ministre commence par une enquête sur l'industrie de la construction, et ça, là, c'est sa responsabilité.
La Modératrice: Taïeb Moalla.
M. Moalla (Taïeb): Un des cas soulevés tout à l'heure par M. Khadir, c'est le cas d'une réceptionniste d'Axor qui aurait... qui a contribué à la hauteur de 3 000 $ au Parti libéral, puis il semble dire, il a suggéré qu'il puisse y avoir un système de prête-noms. Vous, le fait qu'une réceptionniste, qui a priori n'est pas réputée faire du six chiffres chaque année...
Mme Marois: Écoutez, moi, je n'ai pas...
M. Moalla (Taïeb): ...est-ce que ça vous inquiète?
Mme Marois: Oui, c'est ça. Je n'ai pas regardé ce cas-là en particulier, mais c'est sûr que, s'il y a un système, j'imagine qu'il doit y avoir des prête-noms. Alors, c'est... ce sont les questions qui sont soulevées à l'heure actuelle.
Des voix: ...
La Modératrice: Yves Chartrand.
M. Chartrand (Yves): Mme Marois, on a l'impression, nous, que le gouvernement est paralysé par une crise aiguë qui ne semble pas vouloir se résorber, et que vous ne...
Mme Marois: Un gouvernement à la dérive.
M. Chartrand (Yves): ...et que vous ne donnerez pas de... vous ne faciliterez pas la tâche du gouvernement.
Mme Marois: Ce n'est pas notre rôle.
M. Chartrand (Yves): Qu'est-ce qui ferait que... Est-ce que c'est simplement la commission d'enquête qui peut résoudre cette crise-là, que le gouvernement ne fonctionne plus et...
Mme Marois: On voit, là, on a deux dossiers devant nous, là: le financement des partis politique, l'industrie de la construction ─ trois ─ les services de garde, mais c'est un peu lamentable. Regardez du côté de l'éducation, la ministre a réussi à obtenir une levée de boucliers de tout le milieu de l'éducation sur la modification de son règlement pédagogique. On va voir les résultats de ce qu'a fait le ministre des Finances jusqu'à maintenant, mais ça n'a pas été très éclairant, hein? On a repoussé le fait qu'on tienne un débat à Lévis sur les finances publiques. Vous vous en souviendrez., tout le monde était convoqué pour ça à l'origine et puis, une fois rendus, on a discuté des 30 prochaines années de ce qui va se passer dans l'économie. C'est absolument déplorable.
La Modératrice: Tommy Chouinard.
M. Chartrand (Yves): Deuxième question. Est-ce que vous avez vraiment confiance en M. Blanchet? Je parle du DGE évidemment, là. Mais avez-vous confiance...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Marois: Oui, à l'autre aussi. Dans l'autre aussi.
M. Chartrand (Yves): Avez-vous vraiment confiance en lui? Ça fait plusieurs mois que ce monsieur-là a eu des choses, comme sur les ministres, il n'y a rien qui sort, il n'y a rien... Ça flotte, c'est dans les limbes et ça ne bouge pas. Est-ce que c'est la personne qu'il faut pour faire ça?
Mme Marois: Bien, écoutez, moi, je ne veux pas mettre en cause la personne qui est là. Il y a les limites dans la loi. Et, comme je vous dis, elle peut bien... si quelqu'un lui dit : Non, je n'ai pas fait ça, et puis qu'il n'est pas capable de trouver de preuve, bien, qu'est-ce que vous voulez qu'il fasse? Alors donc, en ce sens-là... C'est pour ça qu'à un moment donné il faut passer à une étape subséquente. Et la prochaine étape, c'est une commission d'enquête, c'est une enquête. «Commission», ça a toujours l'air gros, mais une enquête, ça peut être limité, ça peut être bien encadré. Mais ça n'a pas de sens, il y a trop de bruits de fond actuellement, et c'est ça qui est inquiétant. Oui, M. Chouinard.
M. Chouinard (Tommy): Oui, Mme Marois. En Chambre, M. Tomassi n'a pas dit qu'il allait y avoir des vérifications au sujet des allégations lancées par M. Carosielli, encore moins une enquête du Vérificateur général. Il a dit qu'il y avait déjà tout dans la loi, un système d'approbation, et tout ça. Qu'est-ce que vous pensez d'une réaction comme celle-là?
Mme Marois: Moi, je crois que c'est une réaction pour faire de la diversion. Ce gouvernement est le champion de la diversion, et le premier ministre en tête. Vous l'avez vu aujourd'hui, là, c'était à l'évidence: éviter d'avoir à répondre aux questions, donc on fait toutes sortes de questions de privilège, etc. Mais, dans le cas de M. Tomassi, c'est évident que c'est de la diversion. Si tout est si rigoureux, correct, fait selon les règles de l'art, aucun problème pour que le Vérificateur général débarque et fasse sa vérification.
J'ai été aux prises avec des situations comme celle-là. Souvenez-vous de la Caisse de dépôt et placement. Ça a été immédiat. On a donné un mandat au Vérificateur général, qui est allé vérifier les livres, qui est allé vérifier les allégations - n'a pas trouvé grand-chose, d'ailleurs. Alors et donc, en ce sens-là, moi, je crois que, s'il est franc et s'il dit toute la vérité, aucun problème, à ce moment-là, si le processus est rigoureux, pour que le Vérificateur débarque. Il va sans doute trouver certaines petites anomalies, s'il y en a, mais, s'il trouve plus, bien, on verra.
La modératrice: Cathy Senay.
Mme Senay (Cathy): Mme Marois, quelles sont vos attentes par rapport à la rencontre entre M. Arsenault de la FTQ et M. Hamad plus tard aujourd'hui?
Mme Marois: Bien, on souhaite toujours évidemment que le calme règne sur les chantiers de construction au Québec. Il n'y a personne qui a intérêt à ce que les gens fassent de l'intimidation, bloquent l'entrée des uns et des autres. Mais c'est une chose que M. Hamad rencontre M. Arsenault, c'en est une autre que de faire en sorte qu'il y ait une enquête sur l'industrie de la construction au Québec qui touche beaucoup plus largement et pas nécessairement les relations de travail d'ailleurs, parce que, s'il ne s'agit que de quelques cas, ils seront, j'espère, solutionnés, mais l'industrie de la construction actuellement au Québec est soupçonnée de surenchérir sur les contrats en mettant des soumissions à des niveaux... en présentant des soumissions à des niveaux plus élevés que ce que cela vaut comme projet sans que des entreprises s'entendent ensemble pour se partager les contrats. Les affirmations qui ont été faites par différents analystes économiques, c'est qu'il y aurait un écart de coût de l'ordre de 10 milliards de dollars. Est-ce que c'est trois, est-ce que c'est deux, est-ce que c'est quatre? Ce serait 1 milliard que c'est trop si ça va dans la poche de gens qui veulent exploiter le système à leurs fins propres.
M. Boivin (Simon): Mme Marois, dans le cas de M. Bellemare, est-ce qu'il n'y aurait pas à l'Assemblée nationale des mécanismes, notamment à travers une commission parlementaire, qui pourraient lui offrir l'immunité dont il dit avoir besoin pour présenter...
Mme Marois: Écoutez, bien, moi, je crois que c'est toujours des mécanismes qui sont boiteux dans un sens parce qu'il y a des choses qu'on ne peut pas faire, il y a des témoins qu'on ne peut pas convoquer, etc. Et c'est pour ça qu'à ce moment-là, s'il y a un mandat clair... Vous savez, le Parti libéral n'a pas hésité, hein, à essayer de faire des démonstrations quand il a donné des mandats au juge Moisan ou au juge Grenier, pourquoi il hésite tout d'un coup?
La modératrice: En anglais, John Grant.
M. Grant (John): Mme Marois, when you take the declarations of Marc Bellemare and you see what is apparently happening in the day-care system, what are your conclusions about the two of them as they go together...
Mme Marois: I think there is many major questions we are in cause now because it's not acceptable to make profit on the children needs and on the day-care centers. First of all, when we implemented this project, we wanted to respond to the needs of the children and of the family, and all the parents... all the owners of the private day-care centers agreed with our way of working about this question. And now, we see that it's a process which is politized because the minister can decide at what person he will give the permit. That was the same case for Mrs. Courchesne. And we can see that the donator of the Liberal Party has more permit than the other. There is a major problem, I think.
M. Grant (John): If there is a system where day-care permits are essentially a merchandise, what does that...
Mme Marois: It seems like that. And I hope that it's not the case. We disagree with this way to do the things because we have to use the public money to serve the children and to serve the parents, not to serve the Liberal Party and the people who give money to the Liberal Party.
La Modératrice: Kevin Dougherty.
M. Dougherty (Kevin): Yes, Mme Marois. Mr. Tomassi seems to be saying that, in fact, the permits aren't sold. They have to go through the same process. Is that your understanding?
Mme Marois: Non, I don't understand your question.
M. Dougherty (Kevin): When he was asked... Mr. Tomassi was asked about the system selling the day-care places, selling the permits...
Mme Marois: Yes.
M. Dougherty (Kevin): ...he seemed to be denying it. Do you understand his...nuance?
Mme Marois: He seems. He seems. But it is why we ask to him to present and to give the information about the transfer from one owner to another one. He says the process is very good. O.K., fine. If it's good, why do not present these cases? And we ask also to Mr. Tomassi to ask to the Vérificateur général to come at the ministry. If it is clear, if it is rigorous, if there is no problem, I suppose that Mr. Tomassi will accept and will agree to ask to the Vérificateur général to come in his ministry.
La Modératrice: Mademoiselle, ici.
Mme Montgomery (Angelica): There, Tony Tomassi says that six persons at his executive have resigned. Is that a satisfying response?
Mme Marois: Yes. Well, no, it is not a satisfying response. They resigned, but they... all the six were owners of private day-care centers, all the six were organized... were...
Une voix: On his executive.
Mme Marois: ...on his executive, and they were members of the Parti libéral, and they have a permit? Ask the questions.
M. Grant (John): Mr. Khadir just told us, a few minutes ago, that, in his opinion, Marc Bellemare has more credibility on this subject than Jean Charest. Do you agree with that analysis?
Mme Marois: You know, when Mr. Bellemare decided to leave the Government, he made that for his conviction. I have respect for people who have conviction. And now, he said the contrary of Mr. Charest. And I think we have to accept the words of Mr. Bellemare. Merci. Oui?
M. Séguin (Rhéal): Est-ce que vous êtes d'accord avec cette proposition-là avancée par l'ADQ, probablement par d'autres, je pense, par Mme Carbonneau aussi, qu'on procède... qu'on remplace la FTQ-Construction ou les placements, là, par un syndicat, par une commission d'enquête...
Mme Marois: Écoutez...
M. Séguin (Rhéal): ...pas une commission d'enquête, mais une commission indépendante.
Mme Marois: Oui, oui, je comprends. C'est une avenue qui pourrait être utilisée. C'est de l'ordre des moyens. Je ne suis pas... je ne peux pas vous dire: Oui, oui, c'est parfait, parfait. Je pense qu'il faudrait le regarder d'un peu plus près. Mais cependant, encore une fois, on fait dévier le débat. On dit: Ah! ça, ça va solutionner un problème. On ne connaît pas l'ampleur du problème. On peut-u connaître... est-ce qu'on peut connaître l'ampleur du problème avant de vouloir appliquer un pansement?
Mme Senay (Cathy): ...clarifier une chose avec vous, Mme Marois.
Mme Marois: Oui?
Mme Senay (Cathy): Quand je vous ai parlé de la rencontre entre Michel Arsenault de la FTQ et de M. Hamad aujourd'hui, est-ce qu'on fait... est-ce qu'on crée une diversion? Est-ce que ça va vraiment donner quelque chose, cette rencontre-là?
Mme Marois: Bien, moi, j'espère toujours que la rencontre entre des personnes donne quelque chose. Mais, encore là, on sait que l'ampleur des problèmes dans l'industrie de la construction est d'un autre ordre. Il y a des questions de relations de travail, il y a des questions de corruption, de collusion qui sont en cause. Et je maintiens le fait que, tant qu'on n'aura pas procédé à cette enquête, il va y avoir un climat de suspicion, de suspicion, qui est très dommageable pour cette industrie et pour aussi le gouvernement.
Mme Senay (Cathy): Et idéalement, lors de cette rencontre-là, vous, vous voulez voir quoi?
Mme Marois: Bien, idéalement... je voudrais que M. Hamad sorte en recommandant à son premier ministre de faire une enquête sur l'industrie de la construction.
La modératrice: Merci.
Mme Marois: Merci.
(Fin à 12 h 25)