(Douze heures trente-sept minutes)
M. Khadir
: Très
brièvement, je souhaitais réagir à l'annonce, par M. Barrette, d'un nouveau
guichet centralisé par la RAMQ. Je trouve que c'est encore un témoignage de la
pensée magique centralisatrice et très bureaucratique de M. Barrette, qui se
manifeste de diverses manières. On a dénoncé, la semaine dernière, des
conséquences de sa centralisation de la direction des établissements et de la
fusion des établissements. En voilà une autre manifestation.
Le problème, ce n'est pas... la gestion se
fait... ou, s'il y a quelque chose, une gestion plus régionalisée, plus
décentralisée, en principe, pour ce genre de problème là, apporte de meilleurs
résultats. L'ennui, c'est que le ministre pense qu'en centralisant la gestion
il va régler un problème. Le problème, ce n'est pas la gestion des listes; le problème,
c'est l'accessibilité; le problème, c'est le type d'accessibilité. Le problème,
c'est que le système se trouverait beaucoup plus accessible aux besoins de la population,
notamment pour l'orientation vers des médecins de famille, si la première ligne
était axée sur une équipe multidisciplinaire, notamment les autres
intervenants, les infirmières, comme ça se fait dans plusieurs pays européens,
comme ça se fait en Colombie-Britannique, comme ça se fait partout où il y a eu
une pensée bienveillante, non pas axée sur la vision curatrice ou
centralisatrice d'un ministre, mais sur les meilleures pratiques qui peuvent
donner des résultats puis offrir de meilleurs soins partout où les gens en ont
besoin.
Journaliste
: De façon
générale, la mesure qui a été annoncée ce matin par le ministre Barrette
favorise tout de même un plus grand accès au réseau de la santé, non? Qu'il y ait
un guichet unique...
M. Khadir
: Mais on a
pensé la même chose en offrant des guichets régionalement avec les GACO. Est-ce
que c'est vraiment la gestion des listes... Je concède qu'il faut une gestion
et la plus intégrée, intégrée, pas centralisée, intégrée le mieux. Mais le
véritable problème dans notre système, ce n'est pas ça, c'est qu'il y a un
profil de pratique installée en première ligne, contrôlé par les GMF, qui n'ont
pas donné le résultat escompté. On a... Puis d'ailleurs on en donne toute
latitude aux médecins qui choisiront leurs patients, hein? On a donné toute
latitude aux médecins avec les GMF, il y a une quinzaine d'années, quand on a
commencé. Puis après on a dit : Bien, on va surveiller. Mais à chaque fois
qu'on s'est aperçu que l'accès n'était pas au rendez-vous, qu'est-ce qu'on a
fait? On a prié les médecins... On a introduit d'autres mesures, ça n'a pas
amélioré les choses.
Nous, on propose des mesures systémiques,
structurantes dans le réseau, un accès aux premières lignes à travers des
cliniques 24/7, des CLSC qui sont déjà sur le territoire, largement répandus,
où les médecins... il y a un modèle européen par exemple qui s'appelle 0-7, c'est-à-dire
il y a zéro délai pour voir une infirmière, ensuite, en dedans des sept jours,
si la personne, son problème nécessite la consultation d'un médecin, dans les
sept jours qui suivent, la clinique, l'infirmière s'assurent d'assurer un rendez-vous
avec les médecins, et ça marche très bien, sauf que ça repose sur une vision
intégrée multidisciplinaire qui n'est pas la vision du ministre.
Le ministre pense que sa baguette magique,
à chaque fois qu'il la brandit, à Québec ou dans son bureau, va régler des
problèmes exactement comme il est en train de mener la barque avec nos établissements,
avec toutes les conséquences qui ont été dénoncées au cours de la dernière
semaine.
Journaliste
: Un autre
sujet qui a été évoqué ce matin, c'est les cliniques sans médecin. M. Barrette
a dit notamment, l'initiative dans Saint-Roch, ici, à Québec, jamais...
M. Khadir
: SABSA?
Journaliste
: C'est ça,
jamais il ne l'appuierait puisqu'il y a un CLSC à quatre minutes de marche de
la clinique sans infirmière et que les infirmières, oui, on est prêt à leur
donner des pouvoirs accrus et une plus grande marge de manoeuvre, mais elles
doivent exercer leur pratique dans un CLSC, ne pas créer, dans le fond,
d'autres établissements en parallèle.
M. Khadir
: C'est vraiment
curieux que le ministre évoque les CLSC pour neutraliser la demande de SABSA,
mais, de l'autre main, dépouille les CLSC de tous leurs services et de tout
leur financement. Ça, c'est pour le moins curieux, et je vous rappelle que les
gens du CLSC du coin n'ont rien contre SABSA. S'il y a quelque chose, ils sont
en appui à des initiatives comme le SABSA, travaillent en étroite collaboration.
Alors, le ministre ne peut pas invoquer le
CLSC pour dire qu'il ne voit pas d'intérêt à appuyer des cliniques sans
médecin. Ceux qui oeuvrent au service des patients au Québec, les infirmières,
les médecins dévoués dans les CLSC, ne voient aucun problème à intégrer les
ressources, à remettre plus de pouvoirs entre les mains des infirmières. Le
seul qui y voit un problème, c'est le ministre radiologiste au service de
l'élite médicale, qui a une vision très centralisée, très axée sur le curatif,
très médicomédicale. Et c'est ça qui fait en sorte, aujourd'hui, qu'on a tant
de problèmes d'accessibilité.
Journaliste
: Une
dernière question. Que décodez-vous des résultats de l'élection partielle dans Chicoutimi
hier? Est-ce qu'on doit comprendre que votre parti est en grande difficulté,
notamment en région?
M. Khadir
: Bien,
regardez, les élections ont été excessivement polarisées. Je ne sais pas si
vous avez été dans la région, tout ce que les gens voulaient s'assurer, c'est
que, malgré leurs millions, malgré des dizaines de ministres libéraux et des
membres des cabinets des ministres qui ont débarqué dans la région, malgré le
maire de la municipalité qui s'est mis derrière une candidate qui jouissait de
tout l'appui de la nomenclature locale, qu'elle ne passe pas. Donc, il y a eu
une extrême polarisation qui a fait en sorte que la CAQ a perdu presque
35 % de ses appuis, qu'une bonne partie des appuis qui allaient ailleurs
se sont rués vers le PQ dans le seul but de bloquer la candidate libérale, dont
les appuis, d'ailleurs, malgré tout l'argent et l'énergie investis, n'ont pas
augmenté par rapport aux dernières élections.
Le nôtre a modestement augmenté. Nous
n'avons pas pu faire le plein de l'appui qu'on sent dans la population en
raison de cette polarisation. Combien de fois je l'ai entendu sur la rue? Tous les
journalistes, vos collègues, qui étaient là, le savent très bien, les gens se
sont parfois bouché le nez, sachant très bien que le Parti québécois n'est pas
la solution pour le Québec, mais sont allés pour le moins pire, dans les circonstances,
pour éviter le pire.
Mais je rappelle que le Québec y perd à
chaque fois. À chaque fois qu'entre le pire et le moins pire, on choisit le
moins pire, on abandonne le meilleur. Or, bien des gens, je le sais pour avoir
pratiqué le terrain plusieurs fois, dont trois jours de suite juste avant les
élections, beaucoup de gens qui nous appuient, qui trouvent que Québec
solidaire est la solution de l'avenir, malheureusement, devant de tels choix
déchirants, choisissent de bloquer le gouvernement libéral étant donné les
scandales de corruption qu'on a connus récemment et l'insatisfaction par
rapport à l'austérité.
Journaliste
: M.
Khadir, la semaine dernière, M. Couillard a dit qu'il n'était pas responsable
des pratiques de financement du PLQ d'avant 2013. Est-ce que, selon vous, c'est
sa façon de pointer vers Jean Charest?
M. Khadir
: On peut le
voir comme ça. Je pense que M. Couillard cherche surtout à enlever de la
pression devant un questionnement légitime, et qui le taraude, et qui est dans
la tête de tous les Québécois. M. Couillard était lui aussi un ministre à
100 000 $ de Jean Charest. Jean-Marc Fournier est aussi, lui, un
ministre à 100 000 $, un ministre pivot de l'ère Charest.
Dans les pires moments, dans la pire
période de ces cocktails de financement, de ces pratiques de financement
frauduleux et illégal, dans le trafic d'influence au sommet du pouvoir, dans le
détournement des fonds publics pour graisser la patte d'entreprises amies du
parti au pouvoir, Jean-Marc Fournier était au centre des décisions et il est toujours
là, aux côtés de M. Couillard.
Alors, c'est sûr que M. Couillard
sent de la pression, alors là il fait toutes sortes de choses pour se
disculper. Mais Jean Charest, Philippe Couillard, Jean-Marc Fournier, Nathalie
Normandeau et Sam Hamad font partie du même orchestre, l'orchestre qui a
orchestré la corruption et la collusion dans l'octroi des contrats publics et
le financement illégal du Parti libéral. Tous ces éléments-là font partie du
même orchestre, chantaient le même... en fait, jouaient de la même musique et
chantaient le même refrain.
Journaliste
: Mais
hier, quand même, M. Charest, il a senti le besoin de défendre l'intégrité
de son gouvernement quelques jours après les déclarations de M. Couillard
concernant son niveau de responsabilité...
M. Khadir
: Comme tout
suspect. Comme tout suspect, comme toute personne qui se voit accusée de crimes
graves, bien oui, il va nier. Mais il est suspect et il est accusé aux yeux du
public. Marc Bibeau était son ami et principal collecteur de fonds.
L'entreprise de Marc Bibeau, Schokbeton, a connu la visite de l'UPAC et a été
saisie. Jamais les faits que nous avons démontrés n'ont été remis en question.
Journaliste
: Mais
est-ce que, de votre point de vue, M. Charest est davantage responsable de la
situation actuelle que M. Couillard?
M. Khadir
: Bien sûr.
Comme dans toute organisation, il y a des postes de responsabilité. M. Charest
était, après tout, chef du Parti libéral. Mais, à moins qu'on accepte encore
des, disons, des justifications à la Gérald Tremblay, là, les aveuglements
volontaires, les «je ne le savais pas», les «je ne voyais pas», à moins que M.
Couillard veut qu'on le juge de la même manière que M. Tremblay, qu'il était
aussi naïf, aussi incapable du moindre jugement que Gérald Tremblay, qu'est-ce
qu'il veut comme choix? Il nous donne le choix. On a le choix de trouver en lui
une personne naïve, incapable de comprendre ce qui se passe alentour de lui.
Alors, je me demande en vertu de quelle
compétence il veut diriger le Québec aujourd'hui. Sinon, s'il est la personne
intelligente qu'on sait, capable de discernement, capable de savoir ce qui se
passe alentour de lui, il ne pouvait pas ne pas savoir.
La Modératrice
: Simon
Boivin.
M. Boivin (Simon) : Est-ce
qu'il est possible selon vous que les enquêtes de l'UPAC ne remontent pas
jusqu'à M. Charest?
M. Khadir
: Je souhaite
qu'on n'évoque jamais cette possibilité, parce qu'en principe, si quelqu'un est
responsable, si Amir Khadir est responsable, il ne faudrait pas que l'UPAC se
gêne. Si Jean Charest est responsable, il ne faudrait pas que l'UPAC se gêne.
Moi, je prends... je dis en toute liberté
que l'attente minimale aujourd'hui que la population a dans ses institutions et
dans l'UPAC, c'est qu'on aille au fond des choses, peut-être pas dans toutes
les choses, parce qu'il y en a trop, mais au moins qu'on frappe le plus fort et
le plus haut, qu'on attrape les gros poissons. Et c'est sûr que, dans la tête
des gens, M. Charest est gravement accusé. C'est le premier suspect dans toutes
ces affaires-là.
M. Boivin (Simon) : Question
sur le mouvement... l'aventure olympique. Est-ce que c'est avisé, selon vous,
d'investir...
M. Khadir
: Est-ce
qu'on passe tout de suite à l'aventure olympique ou il y a... c'est encore sur
Charest et les libéraux?
M. Boivin (Simon) : Oui.
Bien, même, au pire...
M. Khadir
: Très bien.
Pas de problème. C'est parce que, pour moi, c'est un peu difficile. Très bien.
Bien, je me soumets à vos...
M. Boivin (Simon) : C'est les
us. Donc, pour vous, est-ce que c'est une aventure qui vaut l'investissement,
l'aventure olympique?
M. Khadir
: Il y a tellement
de beaux projets pour créer des emplois durables au Québec, là. On a besoin de
transport électrique collectif partout dans le Québec, les régions nous le
demandent. On a besoin de projets de transition énergétique, d'emplois durables,
d'emplois verts et là on se lancerait avec le comité olympique, dont on sait
combien les pratiques sont affligées de scandales de corruption, là on se
lancerait avec eux, on dépenserait des milliards de dollars pour deux semaines?
M. Boivin (Simon) : Donc,
vous êtes contre.
M. Khadir
: Bien, un
jour, quand il y aura toute la pratique... En fait, quand le sport amateur, le
sport olympique sera remis en question dans ses pratiques, ça sera moins
commercial et moins entaché de corruption, puis quand nous, on aura accompli
tous les autres beaux projets qu'on a besoin pour relancer l'emploi et le développement
économique écologique du Québec, bien, on verra. Mais, pour le moment,
franchement, il n'y a pas d'autre chose, là, de plus urgent? C'est des
milliards de fonds publics, là. On n'en a pas assez gaspillé déjà dans la
corruption, dans l'octroi de contrats, dans la réalisation de mégaprojets qui
nous sont sur les mains, comme, par exemple, la Romaine ou les contrats
éoliens?
La Modératrice
:
Patrick Bellerose.
M. Bellerose (Patrick) :
Donc, juste pour finir sur M. Charest, donc, pour vous, ce serait absolument
logique que l'UPAC remonte jusqu'à M. Charest?
M. Khadir
: Bien,
regardez, on est en train de parler d'une organisation politique qui a pratiqué
le financement illégal sur une quinzaine d'années au moins. On parle de 20 millions
de dollars d'argent collecté frauduleusement, possiblement, si on extrapole les
chiffres du DGEQ entre 2006 et 2011 sur les 15 ans du mandat de Charbonneau. D'accord?
Et le plus clair de cette période-là, c'est M. Jean Charest qui était à la
commande de cette organisation.
Alors, dire ça et le reste, ça veut dire
que, s'il y a eu des pratiques frauduleuses, du trafic d'influence, des
contrats gonflés, de la collusion, en définitive, ça relève de celui qui avait
les commandes de l'État. Il avait les deux mains sur le volant, n'est-ce pas?
Ce n'est pas moi qui l'a dit, c'est M. Charest qui disait qu'il avait les deux
mains sur le volant. Alors, ce volant-là, c'est un véhicule qui a dérapé vers
la corruption, vers le trafic d'influence, vers la fraude pour ramasser de l'argent.
Donc, c'est lui le responsable, c'est lui qui tenait ce volant.
M. Bellerose (Patrick) : Il y
a une lettre ouverte, dans La Presse ce matin, de la Fédération canadienne
des contribuables qui propose de créer un processus de révocation des députés s'ils
sont accusés de malversation ou de mauvaise gestion grave. Est-ce que c'est une
idée qui vous séduit?
M. Khadir
: On a à
réfléchir sur différentes réformes pour rendre les partis, les députés, les
représentants, les élus, à tous les niveaux, imputables. Sur la révocabilité
des élus, il y a quelque chose de séduisant dans cette proposition-là. Nous, à
Québec solidaire, on a d'autres propositions qui viennent d'une vision un peu
plus globale que prendre cas par cas. On a besoin d'un remède, mais ce remède
doit être plus complet, ça ne peut pas être dans une solution. Alors, je
réserve mon commentaire là-dessus.
Moi, je pense qu'il y a bien des choses
qu'on doit faire avant, et révoquer des députés sans des mécanismes de contrôle
et des balises, ça peut être aussi une approche très populiste qui fragilise la
démocratie. Alors, ce genre de décision là, il faut le faire après mûre
réflexion, dans un portrait d'ensemble.
La Modératrice
: Alain
Laforest.
M. Laforest (Alain) : M.
Khadir, bonjour. Vous savez, ce matin, il y a un groupe qui s'est formé, un
groupe de citoyens, pour suivre les recommandations de la commission
Charbonneau parce qu'ils ne font pas confiance au gouvernement. En quelques
secondes, vous en pensez quoi?
M. Khadir
: Bien, j'en
pense beaucoup de bien. Je pense qu'une mobilisation de la société, de groupes
de citoyens de la société civile, c'est toujours bon pour la démocratie. Je
vous rappelle qu'il y a eu quelque chose d'à peu près similaire, il y a
plusieurs années, lorsqu'ils sont venus me voir pour une pétition pour demander
la démission de Jean Charest pour tous ces scandales de corruption, et on a
recueilli 250 000 signatures.
Ces gens-là savent, et aujourd'hui tout le
monde sait, y compris ceux qui se sont lancés, qu'ils peuvent compter sur un
parti, à l'Assemblée nationale, qui n'a jamais été accusé de quoi que ce soit,
un parti qui a les mains propres, ça s'appelle Québec solidaire; un parti qui
n'a pas les mains liées par le pouvoir des lobbys, ça s'appelle Québec
solidaire; un parti qui a le verbe libre pour nommer les choses, pour nommer
les gens quand c'est nécessaire, et c'est Québec solidaire; un parti qui a
travaillé sur les prête-noms, sur le financement sectoriel, sur le lobbyisme,
donc qui est capable de produire des résultats. Donc, ces gens-là peuvent
compter sur nous, et je pense que c'est les deux qui vont faire le travail,
c'est-à-dire une mobilisation citoyenne puis un relais politique avec Québec
solidaire.
M. Laforest (Alain) : Verbe
libre. Gilles Ouimet était assis à la table ce matin. C'est un ancien libéral.
M. Khadir
: Oui,
ancien. Assis à la table de?
M. Laforest (Alain) : Assis à
la table de cette coalition-là.
M. Khadir
: Écoutez,
lorsque M. Ouimet était ici comme député, il manifestait beaucoup
d'insatisfaction par rapport au comportement de son gouvernement dans plusieurs
dossiers. Il m'a… Je peux le dire, je pense, aujourd'hui, maintenant qu'il est
assis à cette table-là, je me sens autorisé de révéler qu'à plusieurs fois il s'est
plaint auprès de moi en confidence combien il se désolait que le Parti libéral
ne se remette pas en question, qu'on voit les mêmes pratiques s'installer, qu'il
y a un déni et que sont récompensés ceux qui étaient là avant et qui
participaient à cette culture de corruption et que des gens comme lui qui
voulaient changer les choses de l'intérieur ont été tenus à l'écart. Je vous le
répète, c'est des confidences que j'ai entendues de lui. Il s'en désolait, mais
je pense que c'est une conséquence logique de cette réflexion et de cette
expérience au sein du Parti libéral qu'ils conduisent aujourd'hui.
Maintenant, moi, je pense que c'est une
bonne chose que des gens du Parti libéral se joignent à l'ensemble de la population.
Moi, je suis sûr, dans le Parti libéral, même sur les banquettes actuelles du gouvernement,
il y a des députés, des hommes et des femmes honorables, qui voudraient que ça
change, sauf que pour que ça change, ce n'est pas le silence qu'il nous faut,
là. Ça suffit. Ça fait huit, neuf ans qu'ils ont fait le silence, voyez-vous,
on est encore dans le déni. C'est le moment que des gens comme Gilles Ouimet se
lèvent et disent : Basta! Ça suffit.
La Modératrice
: Martin
Croteau.
M. Croteau (Martin) :
Bonjour, M. Khadir. Vous avez dit que M. Charest était un suspect. Donc, juste
pour vous poser la question clairement : Soupconnez-vous que M. Charest a
commis des gestes criminels?
M. Khadir
: Écoutez,
fabriquer des faux pour obtenir des avantages financiers, c'est dans le Code
criminel. Le Parti libéral fabriquait des faux lorsqu'il pratiquait les
prête-noms. C'était faussement déclaré que des gens avaient donné… mettaient en
place une structure où des collecteurs de fonds disaient à des entrepreneurs,
mettons, comme Paul Sauvé : Tu vas m'emmener des gens qui vont participer
au cocktail, tu t'arranges pour qu'ils puissent payer des trucs de
1 000 $. Puis là on déclarait au DGEQ, le Parti libéral, sachant très
bien que ces gens-là ne faisaient pas ça en vertu de leur adhésion au Parti
libéral, mais pour financer un cocktail sur commande politique pour obtenir des
faveurs, mais le Parti libéral les rapportait comme des dons faits en vertu de
la Loi électorale pour les seules fins d'appuyer un parti. Donc, c'était
fabriquer des faux.
Écoutez, c'est mon interprétation de
non-juriste, mais je pense qu'on comprend bien que des gens qui ont orchestré
tout ça sont passibles d'accusations criminelles. C'est le cas de Mme
Normandeau, n'est-ce pas? Elle a été arrêtée en vertu d'accusations
criminelles. Alors, si la responsabilité doit monter plus loin, puis, un jour,
on démontre le rôle de M. Charest dans tout ça, moi, je ne vois pas d'autre
possibilité.
M. Croteau (Martin) : Mais je
veux juste vous… c'est parce que vous n'avez pas répondu directement à ma
question, et pardonnez-moi d'insister…
M. Khadir
: Parce que
je ne suis pas un juge.
M. Croteau (Martin) : Bien,
vous n'êtes pas un juge, mais vous avez dit que M. Charest était un suspect,
donc…
M. Khadir
: Pour moi,
c'est un suspect, oui, bien sûr.
M. Croteau (Martin) : Donc,
je vous pose la question très clairement une deuxième fois : Est-ce que,
oui ou non, vous le soupçonnez d'avoir commis des crimes?
M. Khadir
: Je
soupçonne qu'il a été à la commande de la machine qui a commis ces crimes. Je
soupçonne que c'est lui qui décidait en dernier lieu que, oui ou non, on
opérait comme ça. Je soupçonne donc que les choses qu'ont fait Mme Normandeau
et qui ont conduit l'UPAC à l'accuser en matière criminelle relèvent aussi de
la responsabilité de M. Charest.
M. Croteau (Martin) : J'ai
une question sur un tout autre sujet qui n'a rien à voir avec ça, si vous
permettez. Comment accueillez-vous le projet…
M. Khadir
: Et je mets
en garde… moi, je mets au défi M. Charest, s'il pense le contraire, qu'il n'est
pas suspect d'avoir collaboré ou orchestré ce que ses ministres ont fait, qu'il
me poursuive en justice. Il est avocat, il a un grand cabinet, je le mets en
défi que, si c'est faux, que ce n'est pas lui qui avait les deux mains sur le
volant, que ce n'est pas lui qui contrôlait le Parti libéral, que ce n'est pas
lui qui était le chef de l'organisation qui a fait tout ça, qu'il me poursuive.
M. Croteau (Martin) : Donc, vous
êtes prêt à vous défendre en cour pour…
M. Khadir
: Je suis
prêt à me défendre, oui, contre lui.
M. Croteau (Martin) : Vous
êtes à ce point certain qu'il est un suspect que…
M. Khadir
: Bien, il
est suspect d'avoir orchestré tout ça puisque c'est lui, le chef du Parti
libéral, et c'est le Parti libéral qui a fait tout ça. Mme Normandeau n'a pas
fait ça dans l'ignorance du Parti libéral.
La Modératrice
:
Dernière question en français.
M. Croteau (Martin) : J'ai
une question qui est sur un tout…
La Modératrice
: Bien,
ça fait déjà trois questions, donc…
M. Croteau (Martin) : Comment
accueillez-vous le projet de créer un NPD québécois qui est caressé par
certains militants?
M. Khadir
: Ça
appartient aux militants du NPD. Nous, on est un parti indépendantiste qui
oeuvrons pour l'indépendance du Québec, pour un projet de pays juste,
équitable, ouvert à la multitude et à la diversité, mais soucieux de préserver
les intérêts de la nation québécoise et de sa spécificité. Dans ce cadre-là, on
va travailler avec n'importe quel acteur politique qui est capable de
rencontrer les demandes et les aspirations du peuple québécois.
M. Croteau (Martin) : Est-ce
que l'arrivée d'un parti fédéraliste de gauche ne viendrait pas nuire à Québec
solidaire?
M. Khadir
: Bien, vous
savez, en démocratie, c'est bon. Le problème de notre démocratie, c'est qu'on
n'est pas capables d'accueillir la diversité des opinions. Pour nous, il n'y a
aucun problème. Pour nous, il faut qu'il y ait de la diversité dans l'offre.
Vous le savez, il y a beaucoup, beaucoup de gens aujourd'hui qui se bouchent le
nez et qui votent pour les libéraux, mais qui sont en complet désaccord avec
les politiques d'austérité, de coupures, d'injustice et de corruption du Parti
libéral. Pourquoi? Parce que c'est des fédéralistes. Alors, ça serait bien
qu'il y ait un débouché pour eux.
La Modératrice
: Merci.
Ryan Hicks.
M. Hicks
(Ryan) : Good afternoon.
M. Khadir
: Hi. Good afternoon.
M. Hicks (Ryan) : How confident are you in your assertion that Mr. Charest is
responsible for what has happened over the years with the political financing?
M. Khadir
: I am as confident as he was when he was saying that
he has both hands on the…
M. Hicks (Ryan) : Wheel.
M. Khadir
: …on the wheel. He had both hands on the wheel of a
party that has committed criminal offence, because, when you gather money
illegally under the law and you fabricate information that aren't true to
gather money, it is… passible? It can be condemned by the
Criminal Code. OK? So it's
indictable under the Criminal Code. That's why probably Mme Normandeau was indicted, OK? She is under criminal charges. But Mme Normandeau wasn't doing
that alone. She had the whole Liberal Party doing that. And who had the control
over that party? Mr. Charest. So I'm as confident as he was when he was
asserting that he has both hands on the wheel.
M. Hicks (Ryan) :And you're so confident that you're saying
to him to take you to court to challenge that if it's untrue.
M. Khadir
: Yes. If it's untrue that he had the control and he was the chief,
the leader of the Liberal Party in charge of his decisions, he can take me to
the court. If he can blame us for saying that the Liberal Party has done wrong
by collecting illegal money to organize its elections and has practiced
influence peddling in giving contracts to private companies, he can bring me to
justice.
M. Hicks (Ryan) :On another topic, on the announcement this
morning by the Health Minister about the «guichet unique», what's your reaction to this?
M. Khadir
: I'm a bit amazed that Mr.
Barrette thinks that, you know, only him has the right solution and he's
inventing solutions. We have tried that, you know, guichet, centralizing
«guichet»… How do you call a «guichet»?
M. Hicks (Ryan) :A one-stop shopping, registry…
M. Khadir
: Yes, centralized register for
those who are looking for doctors is an idea that has very interesting aspects.
It is practiced elsewhere in Canada, but it cannot alone solve the problem. In Québec, the problem is not the centralized management of these lists, the
problem is the access to doctors. The problem is that we have a system which
has been planned in accordance to the needs of a certain type of, you know,
doctors that want to practice medicine according to their needs not to the
needs of the population.
And there are lot a
doctors, like me, you know, I don't know with what proportion, but thousands of
doctors who would want some changes to allow a more integrated system, very
close to the population through CLSC, through GMF, through cabinets, but
organized in accordance with the needs of the population, not the doctors. But
Mr. Barrette is on the other side. Mr. Barrette thinks that everything must be
controlled by doctors who know better than everybody else, and we have these
problems because of that.
M. Hicks (Ryan) : But he says that this new system will
organize everything so that it will be centralized, there won't be empty places
in doctor's schedule.
M. Khadir
: It's marginal. Those empty
places are no marginal because the system is clogged because of a bad
management of its first line access. If we want that problem to be resolved,
not for a few thousands people, but for the 300,000 people who are still on the
registry, we need better measures. It's not the «baguette», how do you say, the
magic…
M. Hicks (Ryan) :Magic wand.
M. Khadir
: …wand of the minister we can
solve that. We have to have a systematic approach, relieving the first lines
from the control of doctors, organizing better the first time, all over the
territory, by a massive improvement of the first line through CLSC and through
doctor cabinets.
Journaliste : Mr. Khadir, I just want to make sure that I'm not taking your words
out of context. I want to be absolutely 100% crystal clear. You were saying
that you believe former Premier Jean Charest was spearheading efforts for
illegal party financing for the Liberal Party?
M. Khadar : Of course. I'm believing that
because he was saying to us all along that he was the chief, the leader of the
Liberal Party, and he had both hands on the wheel. I don't think anybody could
contest seriously today that Mr. Charest was in charge of the Liberal Party, and
the Liberal Party was doing that. And Marc Bibeau, who is his main collector,
who is under scrutiny from UPAC, whose enterprise, Schokbeton, a cement
enterprise in construction, was raided by the UPAC, was a close collaborator
with him, doing these type of things, collecting money, organizing benefit
activities.
So how could we believe
reasonably that we can indict, we can take for responsible only Mme Nathalie
Normandeau? Is that a just approach to that question? Is Mme Normandeau the
only corporate, the only person responsible for all that? Was Mme Normandeau
acting alone or she was acting under the orders of Mr. Jean Charest? It's
crystal clear, she was doing everything under the orders of its leader.
So, in my dictionary of
the responsibilities, Mr. Charest is the main suspect in all the wrongdoings of
the Liberal Party, when it comes to illegal financing.
Des voix
:
Merci.
(Fin à 13 h 6)