(Quinze heures trente-cinq minutes)
M.
Hamad
: Alors,
j'ai... Mesdames et messieurs, bon après-midi. J'ai présenté aujourd'hui le
projet de loi n° 70 qui contient trois éléments importants. Le premier, c'est
la création d'un nouveau programme d'aide sociale, il s'appelle Objectif
emploi; le deuxième, c'est la formation... la loi sur la formation
professionnelle, la loi 1 %, et la loi aussi sur le développement des
compétences; et le troisième élément dans ce projet de loi, c'est l'exclusion
des revenus de succession pour les personnes à la solidarité sociale.
Alors, le premier point, donc, la création
d'un nouveau programme... s'appelle Objectif emploi. En fait, Objectif emploi
s'adresse à tous les nouveaux demandeurs de l'aide sociale qui sont sans
contrainte, aptes pour travailler et en bonne santé. On estime annuellement le
nombre des premiers demandeurs qui ont ces spécifications-là, à peu près
17 000 personnes par année. La triste réalité aujourd'hui, c'est que
60 % des nouveaux demandeurs sont âgés de 29 ans et moins, 38 %
de ces gens-là sont issus d'une famille à l'aide sociale. On parle de
6 200 jeunes, à chaque année, qui arrivent à l'aide sociale, sont
issus d'une famille à l'aide sociale. On parle d'à peu près de 7 000 à
8 000 personnes qui sont âgées de 29 ans et moins.
Est-ce qu'une société développée,
généreuse, solidaire et ambitieuse peut se permettre de laisser tomber, à
chaque année, des milliers de jeunes dans la pauvreté et la détresse sans
pouvoir les aider à accomplir leur plein potentiel et à réaliser leurs rêves?
Est-ce que le Québec ambitieux d'aujourd'hui peut accepter le cercle vicieux
que la seule destinée d'un enfant d'une famille à l'aide sociale soit de vivre
dans l'aide sociale? La réponse, c'est assurément non. En même temps, chaque
citoyen doit faire un effort, surtout pour améliorer son sort et gagner sa
dignité.
Donc, le programme Objectif emploi est
obligatoire et contient des ententes de réciprocité, c'est-à-dire les
contribuables québécois, par le biais de ce programme, investissent dans le
potentiel des participants en leur offrant un incitatif financier pour les
accompagner dans leurs démarches d'intégration à l'emploi. De son côté, le
participant doit faire des efforts, c'est-à-dire s'inscrire et participer dans
les démarches personnalisées en fonction de sa situation. Vous comprendrez que
les contribuables qui investissent dans ces démarches s'attendent à ce que les
participants fassent les efforts pour s'en sortir. Donc, dans le cas d'un refus
non justifié de faire ces démarches, des sanctions monétaires sont prévues, en
cas de récidive aussi. Notre seul objectif, c'est de briser ce cercle vicieux
et de donner à nos jeunes la chance de réaliser leur plein potentiel et surtout
de leur assurer un avenir meilleur. Alors donc, ça, c'est le premier volet.
Le deuxième, c'est la formation
professionnelle, la loi 1 %. Alors, ce ne sont pas les jobs qui manquent
au Québec aujourd'hui, ce sont les travailleurs qualifiés qui manquent. Ce n'est
pas le nombre d'emplois disponibles qu'il faut améliorer, c'est la compétence
et la formation qu'il faut améliorer. La loi 1 % est là pour améliorer les
compétences et n'est pas là pour faire des séances d'amusement. Nous sommes
déterminés comme jamais à mettre en place tous les outils, l'organisation, les
mécanismes nécessaires pour que nos entreprises obtiennent la meilleure main-d'oeuvre,
pour que nos jeunes et nos travailleurs aient la possibilité d'obtenir la
meilleure formation et les compétences qui leur procurent les meilleures jobs.
À cet effet, nous allons changer la loi...
le 1 % pour, en fait, concentrer les cours de 1 % sur la formation
des compétences et pas pour l'amusement, mais les gens, s'ils veulent s'amuser,
ça ne fera pas partie du 1 %; changer la gouvernance de la Commission des
partenaires du marché du travail, c'est-à-dire que la commission des
partenaires où il y a les syndicats, les patrons, les milieux de l'éducation, l'immigration,
les universités, les commissions scolaires, les cégeps, la commission va
établir, à chaque année, les besoins de formation et les besoins d'emploi dans
chaque région. Nous aurons un portrait des besoins de formation et d'emploi
dans chaque région et, par la suite, nous allons demander aux gens de la
formation, c'est-à-dire les commissions scolaires, les cégeps, les universités,
de préparer les formations en fonction des besoins du marché du travail dans
chaque région.
La commission aura un pouvoir de reddition
de comptes. Une fois qu'on a établi le besoin, la commission va demander au
ministère de l'Éducation, aux autres partenaires : Qu'est-ce que vous avez
fait pour répondre à la demande? Et, bien sûr, nous allons travailler tous
ensemble, ça veut dire que les patrons, les fédérations de chambres de
commerce, les entreprises, les syndicats, le milieu de l'éducation, le milieu
communautaire aussi, nous allons tous travailler ensemble pour répondre aux
besoins du marché du travail dans chaque région au Québec. Et, bien sûr, nous
allons demander de faire une reddition de comptes sur l'argent investi pour la
formation, sur les gestes posés par les organisations de formation en fonction
des besoins d'emploi, ça, c'est le deuxième volet.
Le troisième volet du projet de loi, c'est
un volet plutôt humanitaire, qui touche d'ailleurs des enfants ou des gens, des
personnes qui ont des contraintes sévères, c'est-à-dire ils sont dans la
solidarité sociale. Actuellement, c'est le revenu de succession qu'on parle.
Autrement dit, aujourd'hui, il y a des parents qui vont mettre l'argent de côté
pour un enfant handicapé, ou pour une personne handicapée, ou leur enfant, dans
le fond, et actuellement le calcul, on le fait sur l'actif, et, lorsque ces
gens-là reçoivent des revenus de succession, de placement de succession, ces
gens-là sont pénalisés.
Alors, ce que nous allons faire pour
continuer à encourager la solidarité, la prévoyance des parents, par exemple,
qui mettent l'argent de côté et, quand l'enfant vieillit, les parents partent,
au moins, les revenus de succession, jusqu'à un montant de 950 $ par mois,
la personne ne sera pas pénalisée pour ça. Donc, on veut encourager le geste
solidaire des parents puis aussi on ne veut pas pénaliser la personne qui est à
la solidarité sociale de recevoir un revenu additionnel. Parce qu'aujourd'hui
une personne qui reçoit l'aide sociale en solidarité sociale ne peut pas avoir
des revenus additionnels, ces revenus-là, jusqu'à 100 $ par mois, après
ça, on coupe dans l'aide sociale. On ne le fera pas parce que c'est un geste
important à poser par les parents. Donc, on va respecter cet élément-là et on
parle d'actifs de 203 000 $ par... d'actifs de 203 000 $.
Donc, nous allons poser ces gestes-là.
Alors, voilà, j'écoute vos questions
maintenant.
Mme Richer (Isabelle) : M.
Hamad, pourquoi ça semble si évident pour vous de rendre obligatoire la
formation en emploi pour les nouveaux demandeurs alors que ça ne l'était pas
dans le passé jusqu'à maintenant?
M.
Hamad
: Oui.
En fait, c'est un cheminement, hein? Ce n'est pas un hasard qu'on arrive ici,
et j'ai eu la chance de participer à ce processus-là. C'est que, dans les
années 2008, 2009, je me souviens, c'était moi qui a fait le Pacte pour
l'emploi. Le Pacte pour l'emploi, dans le temps, nous l'avons fait avec les
syndicats, les patrons. C'était un investissement de 1 milliard. On a fait
le Pacte pour l'emploi Plus, on a ajouté un demi-milliard. C'est 1,5 milliard
pour répondre à la crise économique, mais, en même temps, pour aider les gens à
retourner sur le marché du travail.
Donc, c'était un programme qui s'adresse à
l'aide sociale, et, dans le temps, on a décidé de le faire volontaire. On a dit :
On va prendre la chance, on va dire à chacun qui veut améliorer son sort qu'il
peut aller, sur une base volontaire... de prendre les services d'Emploi-Québec,
services d'orientation. En passant, Emploi-Québec, on ne les prend pas
nécessairement, les gens, immédiatement pour les envoyer travailler ou étudier.
Il y a peut-être des gens qui ont besoin d'améliorer leur estime de soi, de
s'orienter, etc., et on était prêts à faire ça. On l'a fait. On l'a fait et on
a vu les résultats. Les résultats sont bons, sauf qu'il y a encore des gens...
on a encore de l'ouvrage à faire, on a encore le travail à faire parce qu'on
n'est pas satisfaits. On a encore... on n'a pas atteint la limite, c'est-à-dire
de couvrir le maximum.
Ça, c'est le premier élément. Et
aujourd'hui on constate que, malgré tous ces efforts-là, qu'on a investi
plusieurs milliards pour faire ça, aujourd'hui, il y a encore à peu près
17 000 personnes qui arrivent à l'aide sociale à chaque année, et, dans
ces gens-là, la triste réalité, c'est qu'il y a 6 200 jeunes qui viennent
qui sont issus d'une famille à l'aide sociale. C'est comme un cercle vicieux,
l'aide sociale, et on veut le briser.
Mme Richer (Isabelle) : Ceux
qui refusent, quelle sera la pénalité?
M.
Hamad
:
Alors, ce que, d'abord... Et d'ailleurs, pour ajouter, ce qu'on fait par
rapport à avant... parce qu'il y a quelques années, il y a une dizaine d'années
et plus, il y avait... on donnait des sanctions pour ceux qui ne participaient
pas aux démarches d'emploi. Dans le temps, seulement, on donnait l'aide sociale,
mais on avait des pénalités.
Aujourd'hui, ce que nous faisons, ce
qu'une personne à l'aide sociale qui... les nouveaux demandeurs, les nouveaux
arrivants, là, d'abord, il y a des rencontres avec le ministère pour établir
ensemble quel est l'état de la personne, est-ce qu'il est possible qu'il s'en
va faire... il est prêt pour aller étudier ou il est en démarche, au début,
d'estime de soi, de confiance, etc. Pour participer à ces programmes-là, en
plus du chèque de l'aide sociale, cette personne-là va recevoir un montant
additionnel qu'on va établir par un règlement. Peut-être, mettons, une
hypothèse, 250 $ de plus par mois pour sa participation. Là, évidemment,
on fait un programme avec la personne, personnalisé à sa situation, et là il
faut que la personne participe à des démarches.
Il peut arriver que la personne est prête
tout de suite pour faire la recherche d'emploi ou la formation. La même chose,
on donne un montant. Là, si la personne refuse de participer... Alors, si elle
est malade, a des raisons valables de dire : Là, je ne suis pas capable de
faire ça, là, là, on comprend ça. Mais, si la personne refuse parce qu'il n'y a
pas de justification de refus, alors la première chose qu'on fait, le premier
élément, première sanction, on enlève le montant de 250 $ qu'on donne de
plus. La personne récidive, continue à refuser d'embarquer et de travailler
dans les démarches, bien là, on va être obligés de couper dans le chèque de
l'aide sociale. Et donc la durée du programme, c'est 12 mois, mais la formation
peut avoir à peu près... peut s'étaler sur 24 mois.
Mme Richer (Isabelle) : Mais couper
à quelle hauteur? La moitié?
M.
Hamad
: On
peut aller jusqu'à la moitié du chèque de l'aide sociale. Cependant, si la
personne est coupée dans son chèque de l'aide sociale, par contre, le
lendemain, il dit : Moi, je veux participer à une démarche de recherche
d'emploi, on va redonner un chèque de participation à des démarches, mettons
250 $, 130 $. Mais la récidive, la sanction, elle peut durer deux
mois, trois mois. Alors, tout dépend de la situation.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Peut-être juste une petite question très technique. Dans l'article 83.4, on dit :
«Parmi les engagements qu'il énonce, un plan d'intégration en emploi peut
prévoir que le participant est tenu d'accepter tout emploi convenable qui lui est
offert.» Donc, c'est donc dire que la personne, dès qu'il y a une offre
d'emploi qui se présente...
M.
Hamad
: Qui
est convenable.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
O.K. Ça veut dire quoi, «convenable»?
M.
Hamad
:
«Convenable», ça veut dire répond à ses compétences. On ne l'envoie pas en
Afrique et on s'adapte à la situation. Alors, si la personne refuse plusieurs
offres d'emploi et là, à un moment donné, on a des doutes sur la volonté de
cette personne-là d'accepter l'emploi qu'on offre, donc on fait l'effort... Là,
le principe de ça, là, c'est que la société, le contribuable, le payeur de
taxes québécois fait un effort envers les personnes, un geste de solidarité, de
partage, de générosité, puis ça, en passant, ça fait notre marque de commerce.
De l'autre côté, on demande à l'autre
personne de faire un effort pour elle. L'effort pour elle, c'est quoi? C'est
faire les démarches puis, après ça, arriver à un emploi, ou à faire des études,
ou sortir de la situation de pauvreté. Sortir de la situation de pauvreté et
gagner sa dignité, ça signifie accepter un emploi et trouver un emploi. Je ne
dis pas qu'un emploi décent qui n'est pas à la hauteur de ses ambitions...
mais, quand même, en fonction de mes compétences. Si je n'ai pas la formation nécessaire
pour occuper un emploi de cadre et je refuse une offre de cadre, on se
comprend, là; mais si j'ai une formation qui me permet d'être, je ne sais pas,
moi, un technicien à tel endroit et je reçois une offre de technicien, bien là,
à un moment donné, si j'en refuse, des offres, je pense, on se pose des questions.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Comment vous savez ça, quand les gens refusent des offres?
M.
Hamad
: Bien,
on va demander : Êtes-vous allé? D'abord, il faut... Ces gens-là, quand
ils sont en période de recherche d'emploi, ils vont rencontrer l'agent pour
dire : J'ai postulé, j'ai fait ma démarche de recherche d'emploi, j'ai eu
des offres, etc.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Donc, au premier emploi refusé, il va être pénalisé?
M.
Hamad
: Bien,
il faut qu'on comprenne, là, il n'y a pas des règles strictes, là. C'est que
l'agent va comprendre... va s'asseoir avec la personne, va comprendre pourquoi
il a refusé l'emploi, et évidemment, si c'est justifié, on continue la
recherche. Si c'est vraiment juste parce que je ne veux pas, bien là, je ne
veux pas… Malheureusement, le contribuable ne veut pas payer des gens qui ne
veulent pas. Ils veulent payer des gens qui sont responsables.
M. Lessard (Denis)
: Est-ce
qu'il y a des critères comme la distance? Vous êtes à Rivière-du-Loup, puis on
vous offre un emploi à Montréal, est-ce que vous pouvez refuser?
M.
Hamad
: Bien,
c'est… Je vais dire non. Il n'y a pas de critère de distance parce que c'est…
M. Lessard (Denis)
:
Vous n'avez pas le droit de refuser.
M.
Hamad
: Vous
êtes en situation… Non, non. Vous êtes en situation de pauvreté, vous voulez
améliorer vos conditions de vie, et votre condition de vie passe par l'emploi,
si vous avez aujourd'hui une offre d'emploi qui vous amène de Montréal à Québec,
moi, je pense, c'est une promotion, mais… Mais, en fait, on va laisser… Évidemment,
c'est améliorer ses conditions de vie, c'est sortir de la pauvreté. Alors, vous
avez deux choix : ou vous restez à 300 $, à 600 $ par mois, ou
vous trouvez un emploi qui est digne.
M. Lessard (Denis)
:
Est-ce que vous avez des simulations? Sur les 17 000 nouveaux demandeurs, combien,
au bout d'un an, vont finalement rentrer dans l'aide sociale? Est-ce que vous
avez des…
M.
Hamad
: Très
bonne question. On l'a faite, la simulation. Je voulais savoir, moi, le
partage, comment ça se passe. Et il va y avoir à peu près, notre estimation,
avec les années, parce qu'on a pris les statistiques des années, comment ça
marchait, on pense qu'il va y avoir à peu près, c'est des estimations,
10 % qui auront des sanctions. Alors, c'est un sur 10. Il va y avoir des
gens qui… ça va prendre deux, trois mois, ils vont partir.
Alors, il y a plusieurs statistiques, mais
ce qui est important pour nous de voir, les personnes qui peuvent avoir des
sanctions, c'est autour de 10 %. Mais là je ne dis pas des sanctions
complètes, mais ils vont avoir des types de sanction, peut-être, au début, une
coupure de 250 $. Ça réveille la personne. Il dit : O.K. Bien là, c'est
sérieux, là, il faut que je fasse l'effort.
M. Lessard (Denis)
:
Combien vont partir? Avez-vous un chiffre? Combien vont dire…
M.
Hamad
: On
pense qu'on va récupérer à peu près, de total, 80 %, 85 % de
l'ensemble des nouveaux arrivants qu'on va faire... ou ils vont être à l'étude,
à l'emploi ou ils vont prendre en charge leur destinée.
M. Poinlane (Pascal)
:
Je regardais votre communiqué de presse. À qui s'adresse ce que vous annoncez
aujourd'hui?
M.
Hamad
: Les
nouveaux… les premiers demandants d'aide sociale qui sont en bonne santé, sans
contrainte et aptes pour travailler. Donc, une personne handicapée, une
personne qui a des contraintes, il est malade, il a le cancer, quelqu'un qui
est dans des centres désintox, par exemple, quelqu'un qui a subi des violences
conjugales, il est dans une maison, ces gens-là ne sont pas touchés dans cette
réforme-là.
M. Poinlane (Pascal)
: Donc,
ce sont uniquement les nouveaux demandeurs.
M.
Hamad
: Les
nouveaux demandeurs sans contrainte, en bonne santé, aptes pour travailler, ne
sont pas dans un centre de désintox, ne sont pas dans... ils n'ont pas subi une
violence conjugale, ils sont dans des problèmes psychologiques.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Ce n'est pas des gens qui touchent déjà l'aide sociale.
M.
Hamad
: Non,
c'est les premières fois, ces gens-là arrivent pour demander l'aide sociale,
pas les... Les gens qui sont à l'aide sociale actuellement, on ne les touche
pas. Ces gens-là, par contre, s'ils veulent avoir l'accompagnement, c'est
volontaire, mais on va offrir l'accompagnement comme on fait d'habitude.
M. Poinlane (Pascal)
: Les
programmes d'employabilité, ils ne sont pas toujours accessibles localement.
M.
Hamad
: Oui,
ils sont...
M. Poinlane (Pascal)
:
Alors, si quelqu'un habite dans un petit village, il faut qu'il fasse
100 kilomètres pour avoir un programme accessible.
M.
Hamad
: Non. D'abord,
c'est... En passant, les CLE sont partout dans les régions du Québec. Il y a
des groupes communautaires pour travailler, par exemple, orienter, aider, et il
y a la formation. La formation, à mes connaissances, au Québec, on a partout.
Alors donc... Et, en passant, je le répète, c'est un programme personnalisé qui
va être fait en rencontrant l'agent. Ils vont s'asseoir ensemble, voir comment
on peut faire pour aider la personne.
Alors, ce n'est pas... Il ne faut jamais
pénaliser quelqu'un, il habite loin des centres urbains. Ce n'est pas vrai. Au
contraire, on va travailler pour ça aussi.
M. Poinlane (Pascal)
:
C'est juste une précision...
M. Lacroix (Louis) : Mais,
quand vous faites le pour et le contre, M. Hamad...
M. Poinlane (Pascal)
: Louis,
c'est juste pour être sûr...
M. Lacroix (Louis)
: Non,
non, mais c'est parce que... Bien non, mais, regarde, calme-toi, là...
M. Poinlane (Pascal)
:
Pardon?
M. Lacroix (Louis)
: Bien,
calme-toi.
M. Poinlane (Pascal)
: C'est
parce que Denis vous posait la question. Juste pour être sûr, le critère de
distance ne sera jamais pris en compte, là, en termes de refus.
M.
Hamad
: Ce qu'on
veut, là, c'est sortir des gens de la pauvreté. Si la personne a eu une offre
d'emploi viable pour la personne et, malheureusement, n'est pas dans son
périmètre de vie, bien, je pense qu'il devrait l'accepter s'il veut se sortir
de la pauvreté. Et un jour, peut-être, il récupère l'expérience puis il va
revenir. On va aller à M. Lacroix. Vous avez une question, M. Lacroix?
M. Lacroix (Louis)
:
Bien, je ne sais pas si mon collègue a terminé.
M. Poinlane (Pascal)
: Oui.
Maintenant, tu es poli, maintenant.
M. Lacroix (Louis)
: On
va aller régler ça dehors.
M.
Hamad
: Non,
non. Arrêtez, arrêtez les...
M. Lacroix (Louis)
:
Bien, M. Hamad, est-ce que vous êtes capable de faire le partage de ce que vous
allez économiser, jusqu'à un certain point, ce que ça va coûter également en
termes incitatifs...
M.
Hamad
: On
injecte l'argent... Oui.
M. Lacroix (Louis)
: En
bout de ligne, là, est-ce qu'il y a une balance qui se fait?
M.
Hamad
: En
bout de ligne, là, on veut mettre de l'argent additionnel, parce qu'il faut
investir davantage pour payer les primes additionnelles, il faut mettre
l'argent pour les accompagner davantage.
Évidemment, ces gens-là, il y a une partie
qui venait avant à Emploi-Québec. Donc, on investit à peu près autour de
40 millions par année pour les programmes, pour les primes, etc. Mais, à
la fin, quand les gens vont sortir de l'aide sociale, c'est briser le cercle, c'est
amener ces gens-là sur le marché du travail, puis notre taux de réussite, parce
qu'on met plus d'efforts, d'énergie et d'argent, on va avoir des résultats qu'il
va avoir moins de monde à l'aide sociale.
Alors, c'est payant pour la société à long
terme, mais, les premières années, c'est un investissement que nous mettons,
d'argent, pour essayer de diminuer les gens qui restent à l'aide sociale. Notre
objectif emploi, c'est quoi? C'est de ne pas rester longtemps à l'aide sociale,
c'est 12 mois, et formation après, puis on sort de l'aide sociale.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Justement, sur la durée, juste une durée initiale de 12 mois...
M.
Hamad
: 12
mois, il peut aller jusqu'à 24 s'il a la formation.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
O.K. Donc, si une personne ne suit pas, là, décide de ne pas le suivre, elle
est pénalisée, donc, déjà par...
M.
Hamad
:
Pendant 12 mois.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
...je ne sais pas, 250 $. Après ça, elle continue de refuser, donc elle
peut être pénalisée jusqu'à la moitié de son traitement à l'aide sociale.
M.
Hamad
: À
l'aide sociale.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Mais, après ces 12 mois là ou ces 24 mois...
M.
Hamad
: Après
ça, après 12 mois, puis on voit qu'il n'y a rien à faire, malheureusement, on
ne peut rien faire, là, la personne va aller à l'aide sociale.
M. Lessard (Denis)
:
Quand vous parlez d'emploi convenable, c'est un emploi que la personne est
capable de faire. Si on a un cas, je ne sais pas, moi, quelqu'un qui a une
maîtrise en littérature, puis on lui offre un poste de commis au Provigo, il
est tenu de l'accepter?
M.
Hamad
: Non,
mais on va regarder sa situation. Peut-être, à la limite, on dit : Bon,
mais actuellement, dans ta connaissance...
M. Lessard (Denis)
: C'est
un emploi convenable, il est capable de le faire.
M.
Hamad
:
Pardon?
M. Lessard (Denis)
: C'est
un emploi convenable, puis il est capable de le faire.
M.
Hamad
: Oui,
convenable, il est... c'est sûr, mais on ne veut pas non plus, là, obliger les
gens à défavoriser leurs connaissances puis leurs compétences. En fait, là, ça
se peut que cette personne-là, à la limite, on lui offre des formations
additionnelles pour améliorer ses compétences puis aller plus loin. Alors, c'est
à voir avec chaque personne, c'est...
Là, là, on a 17 000 personnes,
17 000 cas différents puis traitements différents, et, pour ça, c'est
important de personnaliser puis vivre avec les personnes, leur vécu, leur
potentiel, leur volonté. Mais ce qui est important de dire, c'est réciproque,
hein? C'est une responsabilité de la personne de s'occuper de lui-même, puis
l'État, la société va aussi faire l'effort. Évidemment, là, si quelqu'un brise
le contrat entre les deux, bien, il est pénalisé.
Mme Richer (Isabelle) : Vous
avez dit que... vous avez parlé des 40 millions supplémentaires que vous
injectez dans différentes mesures.
M.
Hamad
: On
injecte 5 millions additionnels, plus le 35 qu'on utilise déjà, qui va
faire partie de ce programme-là.
Mme Richer (Isabelle)
:
Mais vous ne dites pas combien d'argent, combien d'économie vous anticipez,
grâce à ces nouvelles mesures?
M.
Hamad
:
L'économie, en passant, à long terme, si... mettons, dans trois ans, là, là, on
parle de 40, 50 millions par année d'économie.
Mme Richer (Isabelle) :
D'économie, 40 à 50 millions?
Une voix
: Si les
85 %...
M.
Hamad
: Si le
85 %... Imaginez, là, 16 000 personnes,
17 000 personnes qui arrivent, on a... 85 % de ces gens-là
retournent sur le marché du travail, retournent aux études, produisent et ils
n'ont plus besoin de l'aide sociale, ils n'ont plus besoin de tout ça, puis, en
plus, ces gens-là participent à l'économie, alors c'est... la société, elle est
très gagnante. Puis, en plus, dans un contexte où on a un défi démographique au
Québec, on a 700 000 jobs qu'on veut combler d'ici trois ans, puis
ça, c'est le départ à la retraite en bonne partie. Il y a des jobs à créer.
Alors, tout ça, là, ces gens-là, évidemment, ils vont aider notre économie.
Mme Richer (Isabelle) : Vous
ne craignez pas de créer deux catégories d'assistés sociaux : ceux qui
sont déjà dans le système et qui ne seront pas obligés de participer à des
programmes d'emploi et ceux qui aujourd'hui voudraient le devenir puis disent :
Bien, moi, je suis pénalisé?
M.
Hamad
: Le
choix qu'on a fait, ce n'est pas un choix par hasard. On veut prendre les gens
qui arrivent dans l'aide sociale, pas ceux que ça fait 20 ans qu'ils sont
là, parce que la différence est énorme sur les résultats. Parce que j'assume
que la personne que ça fait 20 ans à l'aide sociale n'a pas choisi de
l'être, mais malheureusement elle est là. Donc, c'est pus difficile, cette
personne-là, d'être en mouvement puis de sortir, parce que, si elle avait voulu
sortir puis si elle avait la chance de sortir, elle est sortie depuis
longtemps. Mais la personne qui arrive, là, les jeunes, là... pensez aux
jeunes, les 6 230 jeunes issus d'une famille de l'aide sociale qui s'en
vont chercher leur chèque d'aide sociale. Ça, il faut briser ça. Il faut briser
ça, puis prendre ces jeunes-là, puis s'en occuper, puis essayer de réussir
avec.
Mme Richer (Isabelle) : Mais
là ils vont dire : Pourquoi je n'ai pas les mêmes droits que les autres?
M. Lacroix (Louis)
: Ce
n'est pas comme des clauses orphelines pour assisté social?
M.
Hamad
: C'est
que c'est... Pourquoi ces gens-là? Parce qu'on a des chances, ensemble, de
réussir avec ces jeunes-là. On a des... Puis, en fait, on ne le fait pas pour
nous, on le fait pour ces jeunes-là. Puis je ne pense pas, comme société comme
la nôtre, on peut laisser tomber des jeunes, puis on dit : Bien, on va les
laisser dans la pauvreté, dans l'aide sociale puis... Puis évidemment...
Donc, notre choix, c'est de dire : On
va s'occuper tôt puis on va prendre ceux qui arrivent en premier, la première
fois, parce qu'ils n'ont pas vécu cette expérience-là, puis on va leur donner
un autre goût de faire quelque chose dans la vie qui correspond à leurs
ambitions et évidemment bâtir leur ambition en même temps.
La Modératrice
: Bon,
bien, merci. Merci à tous.
M.
Hamad
:
Merci.
(Fin à 15 h 59)