(Treize heures trente-sept minutes)
M. Coiteux : Alors, voilà.
Donc, merci d'être là, tout le monde. Bonjour. Alors, ce matin, l'honorable
Lucienne Robillard et les commissaires de la Commission de révision
permanente des programmes nous ont présenté leur rapport final. C'est
le deuxième rapport, le premier ayant été présenté l'automne dernier. C'est un
rapport qui s'intitule Cap sur la performance. Évidemment, vous
avez constaté que c'est un rapport qui est volumineux. C'est un rapport qui
contient de nombreuses recommandations, et ces recommandations-là, qui sont
très sérieuses évidemment, méritent une réponse de la part du gouvernement.
J'aimerais vous rappeler pour commencer
pourquoi on a créé la commission. Lorsqu'on a créé la commission, en
juin 2014, on lui a confié deux mandats particuliers. Le premier mandat,
c'était celui de nous aider à trouver des pistes de solution afin de rétablir l'équilibre
budgétaire en 2015‑2016. C'est d'ailleurs ce qui a fait l'essentiel du premier
rapport. Mais on avait un deuxième mandat qu'on a confié à la commission, un
mandat à plus long terme. On avait demandé à la commission de nous donner des recommandations
visant à institutionnaliser la révision permanente des programmes à l'intérieur
de l'administration publique québécoise, et, comme vous avez constaté ce matin,
c'est une partie substantielle du rapport final.
Alors, pour répondre à ces demandes, le
travail de la commission est un travail extrêmement minutieux. C'est un travail
qui a amené les membres de la commission à rencontrer pratiquement toutes les
équipes sous-ministérielles du gouvernement du Québec au cours d'une période
d'une année, et ce travail-là, très minutieux évidemment, a permis de dégager
des constats qui sont extrêmement utiles quant aux suites qu'on doit apporter.
Vous savez, on n'a pas le choix, on doit
agir, ne serait-ce que pour trois raisons. De un, on sait, les déficits du budget
au Québec, les déficits budgétaires sont chroniques depuis plusieurs années. On
le sait aussi, deuxième raison, tous les retours à l'équilibre budgétaire, et
ils n'ont pas été si fréquents que ça, tous les retours à l'équilibre
budgétaire ont été fragiles. Et aussi, troisième raison, puis je pense que
c'est extrêmement important, les Québécoises et les Québécois ont le sentiment
souvent qu'avec l'État ils n'en ont pas pour leur argent. Et, ça aussi, c'est
très important.
Vous savez, équilibrer le budget, c'est
incontournable, c'est essentiel, mais on ne peut pas s'arrêter seulement à
équilibrer le budget. Il faut que les programmes du gouvernement fonctionnent,
il faut que ça marche, l'État. Il faut que les programmes, donc, atteignent
leurs objectifs, et ce deuxième volet, au-delà de l'équilibre budgétaire, est
extrêmement important, et, en fait, c'est là que réside une bonne partie du
travail de la commission.
Autrement dit, on ne veut pas seulement
équilibrer le budget, ce qu'on veut faire, c'est mettre en place, dans
l'ensemble de l'appareil gouvernemental, les processus nécessaires pour que
tous les programmes soient systématiquement évalués à l'égard des résultats
qu'ils atteignent ou non. Et, lorsqu'ils n'atteignent pas les résultats
attendus ou qu'ils les atteignent à des coûts exorbitants par rapport à ce que
ça pourrait être, bien, ces programmes-là vont devoir être révisés. Ce sont ces
deux éléments-là que le gouvernement veut mettre en place : l'équilibre
budgétaire sur une base permanente, mais des programmes qui fonctionnent, un
État qui marche. Et ces deux objectifs — un État qui fonctionne puis
l'équilibre budgétaire — sont intimement liés. Il faut absolument
qu'on les arrime ensemble, ces deux façons-là.
Je vais vous expliquer un peu ce que ça
veut dire parce que c'est important qu'on le comprenne dans ces termes-là. De
façon traditionnelle, quand on prépare un budget, on constate une impasse
financière, on a un déficit chronique, on a des difficultés budgétaires
chroniques. On constate une impasse et là on cherche des solutions, on cherche
des révisions qui vont nous permettre de colmater la brèche. Ce qu'il faut
faire, c'est inverser la séquence. Il faut que nos exercices systématiques de
révision des programmes, qui apportent des changements, nous dégagent des
marges de manoeuvre en amont du cycle budgétaire, de telle sorte que la
discussion, plutôt qu'être celle : Où est-ce qu'on va couper dans le
prochain budget?, est beaucoup plus : Qu'est-ce qu'on va faire de
constructif avec les marges de manoeuvre que nos exercices systématiques de
révision... les marges de manoeuvre qu'elles nous ont permis d'atteindre? Et
donc, en amont du cycle budgétaire, bien en amont du cycle budgétaire, cette
évaluation systématique et ces exercices de révision vont nous donner les
marges de manoeuvre avec lesquelles on va être capables de financer les
priorités du gouvernement et les priorités de notre société. C'est ça, un État
moderne; c'est ça, un État performant.
Maintenant, peut-être que certains d'entre
vous ont été étonnés ce matin d'apprendre que l'évaluation des programmes
n'était peut-être pas à la hauteur des attentes à l'intérieur de l'administration
publique québécoise. Ce n'est pas par manque de volonté. Ce n'est pas par
manque de compétences. La fonction publique québécoise est très compétente, est
très capable, capable des plus grandes choses. C'est que, dans le passé, on n'a
pas mis en place les processus adéquats pour s'assurer que l'évaluation et la
révision des programmes ça soit aussi incontournable que tout ce qu'on a à
faire par ailleurs. Il va falloir désormais que l'évaluation systématique et la
révision, ça soit aussi important dans nos processus que l'atteinte de
l'équilibre budgétaire ou que le versement des sommes au Fonds des générations.
Un État qui ne s'endette pas au-delà de ce qui est raisonnable pour s'assurer
que les générations futures en aient pour leur argent, un budget équilibré,
mais un État aussi qui a des programmes qui fonctionnent. C'est ces choses-là
qu'on doit mettre de l'avant.
Alors, qu'est-ce que le gouvernement
entend faire maintenant, suite à ces recommandations concernant ce mécanisme
permanent? Alors, ce qu'on a l'intention de faire, ce sont les choses
suivantes. D'abord, le gouvernement annonce qu'un bureau de la révision permanente
des programmes va être mis en place au sein du Secrétariat du Conseil du
trésor. Le mandat de ce bureau sera défini conformément aux conditions de
succès établies dans le rapport de la commission à partir d'une planification
qui lui sera donnée par un comité de la révision permanente, un comité
permanent logé au ministère du Conseil exécutif et sur lequel siégeront
le premier ministre, le ministre des Finances, le président du Conseil
du trésor et d'autres ministres nommés par le premier ministre en fonction des
sujets qui seront abordés.
Ce bureau permanent de la révision des
programmes aura un double mandat. Dans un premier temps, l'évaluation. Alors,
il s'agit ici de faire la promotion d'une culture de gestion axée sur la
performance. Est-ce que les programmes atteignent les résultats, ce qu'on
appelle l'efficacité? Est-ce que les programmes atteignent les résultats à un
coût compatible avec la capacité de payer des Québécois, ce qu'on appelle
l'efficience? Ça va être aussi un des rôles du bureau d'encadrer les exercices
d'évaluation avec les ministères et les organismes, de faire de la formation
dans l'appareil gouvernemental en matière d'évaluation afin de développer une
expertise plus conforme aux nouveaux standards que nous allons mettre en place.
Et son deuxième mandat, bien sûr, est
celui de la révision. Il s'agit ici de piloter les révisions de programmes et
de proposer les changements à apporter, d'assurer les arrimages au processus
budgétaire, de dégager des marges de manoeuvre financière en amont du cycle
budgétaire et donc, de cette façon, d'améliorer la performance des programmes
sur une base continue et, bien entendu, de mettre en place une véritable gestion
par les résultats à l'intérieur de l'administration publique.
Ce nouveau mécanisme d'évaluation
continue, dont la portée va couvrir l'ensemble des activités et des missions de
l'État, ne permettra plus que des programmes soient renouvelés sans avoir été
dûment évalués, révisés lorsqu'ils n'atteignent pas leurs résultats. C'est de
cette façon qu'on va vraiment institutionnaliser ce qu'on appelle le cran
d'arrêt. Le cran d'arrêt, ça veut dire que, lorsque quelque chose ne fonctionne
pas, on le révise et, lorsqu'on dégage des marges de manoeuvre et qu'on décide
de mettre davantage de ressources dans des programmes qui, eux, fonctionnent et
ont besoin de davantage de ressources, on a autofinancé, à travers notre
exercice de révision, nos initiatives gouvernementales.
Évidemment, pour faire tout cela, il va
sans doute être nécessaire de retoucher certaines de nos lois, notamment la Loi
sur l'administration publique. Également, la commission dit qu'il faut
davantage axer l'action sur l'atteinte des résultats, et c'est évidemment cela
qui va être la mission principale du nouveau mécanisme. Par ailleurs, et c'est
très important, les travaux d'évaluation du bureau seront faits en toute
transparence. Les évaluations vont être rendues publiques. Les gens vont savoir
si les programmes fonctionnent ou s'ils ne fonctionnent pas et les raisons pour
lesquelles ils fonctionnent ou ils ne fonctionnent pas. C'est ainsi d'ailleurs
que nous allons favoriser et valoriser l'innovation à l'échelle de l'ensemble
du gouvernement.
Vous savez, ici, il s'agit d'être un peu
plus humble, un peu plus humble comme gouvernement. L'humilité, ce n'est pas de
la faiblesse. L'humilité, c'est d'accepter de se faire évaluer, effectivement,
et de se faire dire qu'on est très forts dans certaines choses, et
l'administration publique québécoise est très forte dans beaucoup de choses.
Mais on a des pistes, on a des endroits où on doit améliorer notre façon de
faire. Les Québécois s'attendent à ce qu'on améliore nos façons de faire.
L'humilité, c'est d'accepter qu'on a à changer des choses, et c'est cette
culture de l'humilité qu'on va aussi mettre en place.
Pour le gouvernement, ce qu'on veut mettre
en place ici, qui est aussi important que la Loi sur l'équilibre
budgétaire, qui est aussi important que le Fonds des générations, ça
va être un legs important, ça va être une modernisation importante de notre
administration publique, de nos processus, et c'est aussi important. C'est
aussi important que tout le reste et, en particulier, l'équilibre budgétaire,
dont on parle tant, avec raison.
Maintenant, évidemment, c'est un rapport
volumineux, comme je l'ai dit. C'est un rapport qui comporte de nombreuses
recommandations. Je ne veux pas aujourd'hui donner une réponse à l'ensemble de
ces recommandations. Pour le gouvernement, ce qui est important, c'est de se
donner des priorités d'action. Tout ce qui est dans le rapport mérite une
attention particulière, et on va regarder attentivement tout ce qui est dans le
rapport, effectivement, et il y aura d'autres chantiers qui seront mis en
oeuvre dans le futur. De toute façon, on a l'intention de pérenniser cet exercice,
mais il faut avoir des priorités. Alors, je vais vous parler des actions que
nous entendons prendre de façon prioritaire au cours des prochains mois.
On va commencer par la Société des alcools
du Québec. Alors, pour donner suite aux recommandations de la commission
portant sur la Société des alcools du Québec et répondre en particulier aux questions
qui portent sur son efficience, mon collègue le ministre des Finances
demandera à la SAQ de donner un coup de barre dans la réduction de ses charges administratives
afin de s'assurer qu'elle se conforme aux résultats des modèles comparables qui
sont observés dans d'autres juridictions. Toujours dans une perspective
d'amélioration de l'efficience, le gouvernement souhaite également lier le
versement des bonis à la SAQ à des objectifs d'efficience et de rentabilité.
Dans les faits, là, pour la suite des
choses, ce qui va nous guider essentiellement, c'est l'intérêt du citoyen
consommateur. C'est à lui qu'on pense, c'est à elle qu'on pense, au citoyen
consommateur, à la citoyenne consommateur. Puis, dans cet esprit-là, le
gouvernement est ouvert à analyser d'autres modèles d'affaires que celui que
nous avons actuellement. Je ne suis pas en train de vous annoncer qu'on va
avoir un nouveau modèle d'affaires demain matin. Ce que je suis en train de
vous dire, c'est que le gouvernement va faire l'analyse minutieuse et sérieuse
des alternatives au modèle actuel, y compris une possible libéralisation du
marché. On va prendre le temps de regarder correctement les choses dans
l'intérêt du citoyen consommateur, d'abord et avant tout. Mais, en attendant,
il faut des résultats qui sont basés sur davantage d'efficience, il faut que
les charges administratives de la société d'État soient conformes à des modèles
comparables, et c'est ce qu'on va demander à la SAQ au cours des prochains
mois.
Parlons maintenant de l'Agence de revenu
du Québec, autre dossier spécifique sur lequel le gouvernement entend donner
suite au rapport de la commission. Encore là, il va falloir qu'on regarde très,
très, très attentivement, d'abord et avant tout, la performance de l'organisme.
Je pense que c'est un incontournable, qu'on regarde des modèles différents ou
pas, il faut s'intéresser à la performance. La hausse constante des coûts qui a
été soulevée dans le rapport préoccupe le gouvernement. Et d'ailleurs, sur
cette base, on compte agir assez rapidement.
Revenu Québec doit mieux contrôler ses
coûts. Revenu Québec, donc, doit d'abord et avant tout s'assurer d'un contrôle
plus strict de l'évolution de ses effectifs. D'ailleurs, vous le savez, on
s'est dotés d'outils qui nous permettent d'agir plus… de façon plus décisive,
désormais, sur la question des effectifs dans l'ensemble de l'appareil de
l'État. La loi sur le contrôle et la gestion des effectifs a été adoptée, et
c'est un des leviers qu'on peut utiliser. Revenu Québec devra se doter d'un
plan visant à contrôler l'évolution de ses coûts afin de viser une meilleure
performance.
Maintenant, dans son rapport, la
commission a regardé les impacts quantifiables du dédoublement actuel entre le gouvernement
fédéral et le Québec en matière de perception fiscale pour les entreprises
comme les contribuables. Regardez, sur une question comme celle-là, il y a d'abord
et avant tout un principe qui est absolument fondamental, sur lequel le gouvernement
ne va jamais tergiverser, jamais, c'est celui de l'autonomie fiscale du Québec.
Le Québec ne va jamais emprunter un modèle qui remettrait en question la
capacité d'avoir ses propres politiques fiscales, mais il ne faut pas être
dogmatique. Il ne faut pas être dogmatique. Ça ne veut pas dire que tous les impôts
doivent être perçus d'une seule et unique façon. Ça ne veut pas dire qu'on a toujours,
dans chacun des cas, le meilleur percepteur. Alors, encore une fois, de façon
très pragmatique, sans remettre en question l'autonomie fiscale du Québec, on
est prêts à envisager de façon sérieuse d'autres modèles où il pourrait y avoir
une meilleure collaboration, une plus grande collaboration avec le gouvernement
fédéral à ce sujet, mais on va prendre le temps d'analyser correctement les
choses encore là.
Trosième chantier sur lequel on a
l'intention de bouger très rapidement, c'est celui de Services Québec. Alors,
en ce qui concerne Services Québec, la commission indique, en matière de
prestation de services aux citoyens, le gouvernement du Québec est en retard
par rapport à d'autres juridictions, très en retard, selon le rapport. Le
gouvernement annonce donc qu'il modernisera et optimisera le modèle actuel de
Services Québec en abordant notamment la question de l'adhésion obligatoire des
ministères qui offrent des services de première ligne aux citoyens et aux
entreprises. Ceci aura pour effet de favoriser l'émergence d'un réseau
multiservices qui va limiter le morcellement inégal des activités, ce qui
évidemment, d'abord et avant tout, est un problème pour les citoyens qui
doivent aller à plusieurs portes, mais qui, en plus, pour le gouvernement, est
très coûteux.
Le gouvernement envisage donc de regrouper
plusieurs services en considérant différents facteurs, les facteurs
géographiques et démographiques pour s'assurer que le citoyen, là aussi, puisse
avoir accès, partout sur le territoire du Québec, à des services de qualité
regroupés. Le gouvernement souhaite faciliter la vie des citoyens. C'est ça qui
est un objectif premier dans ce chantier sur Services Québec. Et on va
arrêter d'en parler, à la place d'en parler, ça va être beaucoup mieux, on va
le faire, c'est ce qu'on va faire au cours des prochains mois. Il faut
constamment améliorer l'accès aux services pour tous les citoyens, tout
particulièrement les citoyens en région. La multiplication des services
répartis à des endroits qui ne sont pas idéaux pour le citoyen, ça doit se
terminer.
Services Québec deviendra la
véritable porte d'entrée des services gouvernementaux pour les citoyens et les
entreprises sur tout le territoire du Québec. Le gouvernement souhaite miser
sur une utilisation optimale de ses bureaux et des technologies de
l'information pour pérenniser l'offre de services ainsi que la présence
gouvernementale dans toutes les régions. Ça, c'est un dossier qui va être
piloté par mon collègue le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité
sociale au cours des prochains mois.
La commission a parlé de la santé.
Simplement, ici, j'aimerais mentionner que le gouvernement constate que les
recommandations de la commission vont clairement dans le sens des actions qui
sont menées, à l'heure actuelle, par le gouvernement, par mon collègue Gaétan
Barrette. Et on a l'intention de continuer ce travail-là qui a
commencé, évidemment, avec les projets de loi n° 10 — 10, c'est
déjà adopté — et le projet de loi n° 20, qui est un élément important
pour permettre aux citoyens d'accéder aux soins de santé partout sur le
territoire du Québec. Il y a évidemment les enjeux de pertinence des soins, les
enjeux d'interdisciplinarité et, bien entendu, le financement par activité, par
épisode de soin sur lesquels travaille mon collègue de la Santé, et, bien
entendu, on va aller dans le sens des recommandations de la commission. Et
là-dessus, évidemment, j'assure mon collègue, comme toujours, de la plus grande
collaboration du Trésor à l'ensemble de cet exercice-là.
La commission nous a parlé aussi dans son
rapport... nous parle, dans son rapport, de ce qu'on appelle les tables
interministérielles. C'est quelque chose de très important, ça n'existait pas
avant, au gouvernement du Québec, les tables interministérielles. C'est un
produit de cette année passée à travailler avec la commission de révision des
programmes. La main droite ne savait pas ce que faisait la main gauche parce
que l'action gouvernementale était dispersée entre plusieurs ministères qui ne
partageaient pas l'information. Ce n'est pas acceptable et ça ne sera plus
jamais le cas puisque nous avons l'intention de pérenniser,
d'institutionnaliser ces tables interministérielles : affaires
municipales, culture, relations internationales, emploi-formation, aide au
développement économique.
Permettez-moi de parler de ces deux dernières
tables en particulier parce que c'est sur ces deux tables que va porter
l'action prioritaire du gouvernement au cours des prochains mois. Je vais
commencer par la table d'aide au développement économique. Les travaux de la
commission montrent que l'aide au développement économique, en 2013‑2014, atteignait
3,4 milliards de dollars, différentes contributions gouvernementales
versées de différentes façons : crédits d'impôt, aide directe, aide
indirecte.
J'aimerais attirer votre attention tout
particulièrement sur l'aide directe. L'aide directe... Je vous ai déjà parlé
d'éparpillement des programmes. J'ai déjà dit : L'État s'est éparpillé,
hein, l'État a empilé des programmes et s'est éparpillé. C'est un des exemples
les plus marquants de cet éparpillement-là. Concernant l'aide directe, il y a
84 programmes administrés par 12 ministères qui distribuent
500 millions de dollars. Je veux dire, il y a moyen de regrouper ça en un
nombre plus réduit de programmes. Les missions auxquelles s'adressent ces
programmes ne sont pas 84 missions. Il y a moyen, donc, de rationaliser ça, non
pas pour moins aider le développement économique, moins venir en aide à
certaines entreprises, c'est peut-être même le contraire. Il s'agit de leur
faciliter la vie comme Services Québec va faciliter la vie des
citoyens, mais, en même temps, de faire le ménage dans nos processus
administratifs. Et c'est ce qu'on va demander au ministre de l'Économie, dans
le cadre de cette action prioritaire, de procéder à une rationalisation des
programmes, de ces 84 programmes autour de 12 ministères, en une offre qui va
être beaucoup plus cohérente, plus ciblée, tout en maintenant… tout en même
temps implantant graduellement, lorsque ça apparaît nécessaire et souhaitable,
la vision du gouvernement qui est celle d'un État davantage partenaire que
subventionnaire, lorsque possible aussi d'avoir aussi une culture davantage
basée sur des concours plutôt qu'une culture basée sur le premier arrivé
premier servi.
Enfin, la Table sur l'emploi et la
formation, autre domaine sur lequel va porter l'action prioritaire de
l'État au cours des prochains mois, c'est une table qui va retenir beaucoup
d'attention. D'abord et avant tout, c'est une priorité, une grande priorité du
gouvernement et d'ailleurs c'est une priorité qui tient énormément à coeur au
premier ministre et avec raison parce qu'elle est absolument indissociable de
notre stratégie de développement économique, totalement indissociable.
Alors, qu'est-ce qu'on va faire ici? On va
demander à ce que deux recommandations particulières de la commission guident
les travaux qui vont s'effectuer ici sous l'égide du ministre de l'Emploi, de
la Solidarité sociale et aussi du ministre de l'Éducation. D'abord, il va
falloir qu'on regarde l'ensemble des actions gouvernementales qui ont le
potentiel d'amener plus de gens sur le marché du travail. Ensuite, il va
falloir qu'on regarde attentivement le grand nombre d'intervenants qui jouent
un rôle en cette matière afin de clarifier les niveaux décisionnels et la
concertation.
Et enfin il faudra réviser les mécanismes
actuels d'adéquation formation-emploi et de poursuivre le travail déjà
enclenché par le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale qui révise
déjà à cet effet la loi du 1 % en formation. Il faut connecter la
formation sur les besoins du marché et les bassins potentiels de main-d'oeuvre
en collaboration avec la Commission des partenaires du marché du
travail. À cet effet, donc, le gouvernement souhaite agir
prioritairement, et ce, en lien avec le projet de loi qui sera déposé bientôt
par le ministre de l'Éducation. Alors, comme on voit, que ça soit en matière de
développement économique ou que ça soit en matière de formation emploi, le
travail en silo est terminé. Désormais, on va travailler tous en équipe.
En terminant, avec les orientations
d'aujourd'hui, je pense que ça va être clair pour tout le monde que le rapport
final de la commission de révision des programmes ne va pas prendre le chemin
d'une tablette. Le rapport de la commission donne lieu à des actions
immédiates, des actions très importantes, structurantes pour l'avenir. Évidemment,
je n'ai pas le temps de traiter de l'ensemble des recommandations, comme je
vous l'ai mentionné auparavant, mais on va analyser chacune d'entre elles, et
d'autres actions pourraient suivre.
Maintenant, vous me permettrez, à ce stade,
de terminer en remerciant les commissaires, en remerciant Mme
Robillard, Mme Bourget, Mme Fillion, M.
Montmarquette et M. Gagné, pour le travail de très grande
qualité qu'ils ont livré au gouvernement dans le contexte d'un agenda qui était
extrêmement serré. Vous savez, l'État québécois, c'est une grande organisation,
une organisation complexe. Un regard extérieur était nécessaire pour venir
appuyer cette grande transformation que nous avons déjà amorcée. On va
continuer cette modernisation de l'État québécois. On va continuer d'oser
rénover l'État québécois en mettant le cap vers la performance, comme le dit si
bien le titre du rapport final. Moderniser l'État, comme s'est engagé le gouvernement,
implique donc une nouvelle vision qui viendra apporter un changement de culture
dans l'administration publique et faire en sorte que l'on intervienne davantage
en amont plutôt qu'en aval ou en réaction. Il faut donc oser rénover l'État québécois
pour l'avenir. C'est ça, l'opération qu'on est en train de faire.
Aujourd'hui, on franchit ensemble une
nouvelle étape avec le dépôt du rapport, une nouvelle étape pour moderniser
notre État, le rendre plus performant. C'est ça, la destination du gouvernement :
équilibrer le budget de façon durable, oui, mais avoir des programmes qui
fonctionnent, que les Québécois et les Québécoises en aient pour leur argent et
qu'on soit, tous ensemble, tous fiers de notre administration publique. C'est
vers ça qu'on s'en va. Merci.
La Modératrice
: Merci,
M. Coiteux. On va maintenant passer à la période de questions en français,
ensuite en anglais. Le micro est juste ici.
M. Laforest (Alain)
:
Alain Laforest, TVA. Bonjour, M. Coiteux.
M. Coiteux : Bonjour.
M. Laforest (Alain)
:
J'ai quelques cheveux gris. Pourquoi ça serait la bonne fois cette fois-ci?
M. Coiteux : D'abord, je pense
qu'on ne s'est jamais préoccupés à ce point de l'évaluation des programmes. On
a déjà parlé de dépenses excessives, on a déjà parlé de rénovation des
structures, et on le fait, ça fait partie des dossiers qu'on aborde. Mais cette
question d'évaluer systématiquement les programmes, de s'assurer qu'ils
remplissent les objectifs et l'obligation de les réviser lorsqu'ils ne les
atteignent pas, de mettre ça dans nos processus, de pérenniser ça par les lois
qu'il faut, c'est tout à fait nouveau et c'est ça qu'on va faire qui… Oui, ça
va être difficile, là, ça va demander un changement important, je parle d'un
changement culturel ici, mais le changement culturel, il commence par avoir les
bons processus, et c'est ce qu'on va mettre en place.
M. Laforest (Alain)
:
On comprend que vous ne fermez pas la porte à la fin du monopole de la Société
des alcools du Québec, comme vous ne fermez pas la porte à la possibilité qu'Ottawa
perçoive, entre autres, ce que recommande la commission, l'impôt des entreprises.
C'est ce qu'ils suggèrent actuellement.
M. Coiteux : Non, on ne ferme
pas…
M. Laforest (Alain)
:
Donc, vous avez une ouverture à changer le modèle québécois, là.
M. Coiteux : On a une
ouverture à faire les choses d'une meilleure façon. Vous savez, on a construit
une belle maison, mais parfois il faut réparer la toiture, parfois il faut
faire des rénovations. On n'est pas au stade de changer de maison, on garde la même
maison, mais on peut la rénover. Alors, il y a des endroits particuliers où on
peut faire mieux les choses. Nous, on n'est pas dogmatiques.
Alors, il y a le monopole de la SAQ. Est-ce
que c'est le modèle d'avenir? On peut s'interroger. On n'est pas dogmatiques.
On va le regarder, mais on va le regarder en fonction de l'intérêt des citoyens
consommateurs. Mais en attendant, par contre, parce qu'il faut faire cette
analyse minutieuse, en attendant, on veut une meilleure efficience. Quand
on apprend que les charges administratives sont plus élevées qu'elles le devraient,
c'est une indication que les Québécois n'en ont pas totalement pour leur argent.
On va travailler là-dessus.
L'Agence du revenu du Québec,
écoutez, c'est un instrument formidable. C'est un instrument absolument
formidable. Ses coûts, par contre, augmentent très rapidement. Alors, il faut
porter une attention particulière à cela, et on va porter une attention
particulière à cela. Il faut dissocier l'autonomie fiscale du percepteur. On ne
va jamais remettre en question l'autonomie fiscale du Québec. Est-ce qu'on doit
avoir toujours le même percepteur partout? S'il y a des modèles qui sont
meilleurs, on va les regarder. On va les regarder sans dogmatisme. Aujourd'hui,
il n'y a pas de décision, il faut qu'on en fasse l'analyse correcte,
minutieuse, sérieuse.
La Modératrice
: Merci.
Deuxième micro.
M. Pépin (Michel)
:
Bonjour, M. Coiteux. Michel Pépin, Radio-Canada.
M. Coiteux : Bonjour.
M. Pépin (Michel)
: Ça
fait des semaines que vous avez ce rapport-là entre les mains, depuis juin
dernier. Vous dites, à propos de la Société des alcools, à mon collègue :
On va regarder ça, on n'est pas dogmatiques, on va regarder ça. L'Agence du
revenu du Québec, on n'est pas dogmatiques, on va regarder ça. Très bien.
Il me semble que, finalement, à part la
création… une permanentisation d'une révision permanente des programmes, je me
demande quelle décision vous avez prise pendant ces semaines-là. Il me semble
que, de ce côté-là, on vous demande… l'impôt des sociétés, peut-être, par le
fédéral, tel que suggéré, vous ne savez pas. La SAQ, c'est un débat qui n'est
pas nouveau non plus, de ce côté-là. Vous ne savez pas encore. Peut-être. Je
suis surpris de votre… du peu de décisions prises aujourd'hui, annoncées ici,
en tout cas.
M. Coiteux : Je viens de vous
livrer un plan d'action qui passe par la Société des alcools, l'Agence du
revenu du Québec, Services Québec, l'aide au développement économique,
l'adéquation entre formation, éducation et emploi. Je vous ai annoncé toute une
série d'actions qu'on va entreprendre dès maintenant, et on a travaillé, effectivement,
au cours des dernières semaines, à l'élaboration de ce plan d'action. Pour moi,
c'était très important aujourd'hui, où la commission vous présentait son
rapport, que vous puissiez savoir quelles suites le gouvernement allait donner
au rapport, et je pense que vous voyez que les suites sont quand même
ambitieuses.
Maintenant, lorsqu'il s'agit de revoir un
modèle d'affaires, il faut prendre le temps nécessaire de faire les choses
correctement. Mais on agit tout de suite, tout de suite, sur l'efficience de la
SAQ; on ne perdra pas une seconde là-dessus. On agit tout de suite sur l'évolution
des coûts de l'Agence du revenu du Québec; on ne perdra pas une minute là-dessus.
Le plan est ambitieux, et ce n'est qu'un début puisqu'on a l'intention
d'institutionnaliser cette pratique, la révision systématique et de la... de
l'évaluation systématique et de la révision systématique des programmes. C'est
très important.
Alors, c'est un gros chantier qu'on a, on
va le travailler ensemble. Ça va prendre du temps. Ça va prendre du temps. Je
vous l'ai dit, là, il y a un changement culturel là-dedans, là. Lorsque je vous
ai dit qu'il va falloir qu'on apprenne à être humble, c'est un changement
culturel. On va le faire. On a l'intention de le faire. On est là pour
moderniser l'État.
M. Pépin (Michel)
: Concenant
la déclaration de revenus et la perception des impôts, dites-moi... et vous
dites : On ne veut pas remettre... Il n'est pas question, en aucun cas...
En aucun cas, nous allons remettre en question l'autonomie fiscale du Québec. Est-ce
que ce genre de recommandation, prudente, il est vrai, parce que presque toutes
les recommandations de la commission sont assez prudentes dans leur
formulation… est-ce que ça valait vraiment la peine de travailler sur
cette question-là, alors que, d'un côté, la commission dit : Le fédéral ne
voudra jamais abandonner la question de la perception fiscale — c'est
ce qui est écrit dans le rapport de la commission — et que, d'autre
part, c'est un pas extrêmement difficile à franchir apparemment au
Québec — ce n'est pas impossible — mais d'abandonner toute
la question de la perception fiscale? Est-ce que ça vaut vraiment la peine
d'étudier ce genre de chose là dans ces circonstances? Est-ce que c'est
vraiment de l'efficience et de l'efficacité, ça, M. Coiteux?
M. Coiteux : Certainement que
ça vaut la peine, mais ce n'est pas parce qu'une chose est difficile qu'il ne
faut pas la regarder. Ce n'est pas parce qu'une chose est difficile qu'on ne va
pas y toucher. On n'est pas un gouvernement qui a choisi de faire les choses
faciles. On est un gouvernement qui a décidé de faire des choses difficiles. Ramener
l'équilibre budgétaire, c'est difficile, je pense que vous en conviendrez. Je
pense que tout le monde en conviendra que ça demande des efforts importants. De
faire des changements importants dans la façon de gérer le bien public au
Québec, ça nécessite des réflexions aussi qui sont importantes. Alors, on ne va
pas improviser sur un modèle possible d'affaires pour la SAQ aujourd'hui. Par
contre, c'est important de dire qu'on est ouverts à le regarder, mais c'est
très important de s'assurer qu'on en ait aujourd'hui pour notre argent, puis c'est
pour ça qu'on va bouger d'abord sur la question de l'efficience.
M. Pépin (Michel)
: Avez-vous
un échéancier, d'abord? Êtes-vous capable de me dire, là : La SAQ, on est
capable de prendre une décision dans l'année qui vient?
M. Coiteux : Mon collègue des Finances
va très rapidement donner des objectifs d'efficience à la SAQ, il va très rapidement
donner des objectifs d'efficience à l'Agence du revenu du Québec. Pour
le reste, on va prendre le temps d'analyser correctement les choses.
Vous savez, la commission nous dit :
Il y a des économies brutes à... un changement dans les modes de perception,
ils sont différents selon les types d'impôts. En même temps, on est soucieux de
l'autonomie fiscale du Québec qu'on ne remettra jamais en question. Il faut
prendre le temps de faire correctement les choses, mais ce qui ne veut pas dire
qu'on ne fera rien avec l'Agence du revenu du Québec. On va tout de suite
demander du rendement à l'Agence du revenu du Québec.
Journaliste
: Bonjour, M.
le ministre. Je vais faire suite un peu aux questions de mon collègue, parce
qu'on a quand même l'impression que vous avez commandé une étude, une révision,
vous avez un résultat et que vous allez entamer une autre série d'études pour
voir si vous allez donner suite ou non. Quel est le prix politique à donner
suite aux recommandations quand même assez costaudes de la commission? Quel est
le prix politique de casser le monopole de la SAQ, de revoir la perception des
impôts?
M. Coiteux : Aujourd'hui, je
ne vous ai pas annoncé un nouveau modèle d'affaires pour la SAQ, là, hein? Il
ne faut pas me faire... Je n'ai pas révélé un modèle.
Journaliste
: Non, vous
nous avez annoncé que vous alliez faire une autre étude, alors...
M. Coiteux : Bien, non, ce que
je vous ai dit, c'est qu'on est ouverts. On est ouverts à ça. Si je vous avais
dit : Non, non, jamais, on ne va pas regarder ça; vous diriez : C'est
un gouvernement qui a peur, c'est un gouvernement qui n'ose pas. On a un gouvernement
qui est prêt à oser, mais on va le faire intelligemment. On va le faire sur la
base de quoi? Sur la base de l'intérêt des citoyens consommateurs, pas du président-directeur
général de la SAQ, des consommateurs, les Québécois. C'est à eux qu'on pense
dans un dossier comme celui-là.
Le modèle actuel, il a des grandes vertus.
Il a des grandes vertus. Maintenant, est-ce qu'il peut être amélioré? Cette question-là
doit absolument ne pas être taboue. Pour le gouvernement, cette question-là
n'est pas taboue, c'est ce que je vous dis aujourd'hui. Alors, on va la
regarder correctement puis, si on a un meilleur modèle dans l'intérêt des Québécois,
on va le proposer. Et on va le faire, ce travail-là. On vous dit qu'on va le
faire, ce travail-là, de regarder ça attentivement.
Journaliste
: Dans plusieurs
milieux, là, c'est quand même une bombe atomique qui vient de tomber, là, je
regarde le nombre de communiqués qu'on vient de recevoir, vous n'avez pas... et
qui s'attendent, finalement, des milieux qui attendent des réponses. Je pense à
l'UPA, je pense même à tout le secteur agricole, la question du crédit, des taxes,
les pensions alimentaires. C'est quand même beaucoup de dossiers qui touchent
les gens, les femmes, les agriculteurs, etc. Qu'est-ce que vous répondez à ces
inquiétudes-là? Parce que ces gens-là, ils sont presque devant l'Assemblée
nationale, prêts à manifester, là. Les communiqués sont durs.
M. Coiteux : Bien là, aujourd'hui,
on a annoncé quelles sont les actions qu'on va entreprendre, puis je n'ai pas
parlé de l'agriculture puis je n'ai pas parlé de ces enjeux-là. Pourquoi? Parce
qu'on n'est pas prêts aujourd'hui à vous annoncer un plan d'action en rapport
avec les recommandations qui nous ont été données. Vous savez, un gouvernement
qui aurait 150 priorités n'en aurait aucune, alors on s'est donné un
certain nombre de priorités pour les prochains mois, mais tout ce qui est dans
le rapport mérite d'être étudié attentivement.
Quand je vous dis, là, qu'il va falloir
qu'on en arrive à une culture d'humilité, il va falloir qu'on soit capable,
comme société, là, tout le monde, le gouvernement, puis le public en général,
puis les médias, il va falloir qu'on soit capables de vivre avec les
conséquences d'évaluations négatives de certaines de nos façons de faire. Il va
falloir qu'on s'habitue à cette transparence, puis quand on va bien travailler
ensemble sur la base de cette transparence, savez-vous quoi? Les gens, plutôt
que manifester, ils vont nous demander de changer les choses qui ne fonctionnent
pas. Et on va le faire parce que, dans le fond, qu'est-ce qu'on veut faire, on
ne veut pas seulement équilibrer le budget, on veut que les Québécois aient des
programmes qui fonctionnent. On veut que les gens aiment leur État, soient
fiers de leur État. C'est ça qu'on veut. C'est ça qu'on veut implanter.
Journaliste
: Mais, si
je peux me permettre une sous-question à ça, c'est que vous dites : On
n'est pas prêts à vous présenter un plan. Il y a quand même des grosses… des
suggestions qui ont beaucoup d'impact, sur beaucoup de gens, qui arrivent. Je
reviens sur la question de l'échéancier. Vous avez dit aux gens : Soyez
patients, on va réviser les programmes. On vous dépose un rapport, ils sont
révisés, et vous vous réengagez dans une autre série de… Alors, c'est quoi
votre…
M. Coiteux : On va livrer, au
cours des prochains mois un nouveau Services Québec, hein, un Services
Québec dont tout le monde a parlé, qui n'a pas été livré. On va le livrer. On
travaille là-dessus, on commence à… On a déjà commencé, mais on va accélérer
nos actions là-dessus. On va simplifier, de façon drastique, la panoplie de
programmes d'aide aux entreprises — 84 programmes entre 12
ministères — au cours des prochains mois on va livrer la marchandise
là-dessus. On va livrer la marchandise sur l'adéquation entre la formation et
les besoins du marché du travail dans un chantier qui va réunir le ministre de
l'Éducation et le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale. On
va livrer ça dans les prochains mois.
Journaliste
: Vous
allez livrer la SAQ et Revenu Québec quand?
M. Coiteux : On va demander à
la SAQ de revoir ses charges administratives et on va lier les bonis à cela. On
va le faire maintenant. On va demander à Revenu Québec également d'aller de
l'avant. Alors, on est vraiment dans cette perspective-là. C'est un plan
d'action. C'est un plan d'action qui commence, même, c'est déjà commencé.
Journaliste
: Bonjour,
M. Coiteux. Concernant la perception des impôts, je comprends bien que vous
êtes d'accord avec le constat ou l'affirmation de la commission qui dit :
il n'y a pas d'adéquation entre l'autonomie fiscale et la perception des
impôts. Les choses peuvent être séparées comme dans les autres provinces. Vous
êtes d'accord avec cette prémisse-là, là.
M. Coiteux : Bien, c'est
possible de le faire, mais encore faut-il le faire correctement, puis, si on
doit le faire un jour, on va le faire correctement. Donc, on va regarder ça
attentivement, on va prendre le temps d'étudier la question, mais on ne va
jamais faire de transfert dans la perception qui soit incompatible avec notre
autonomie fiscale. Donc, on va prendre la peine d'étudier les choses
attentivement, ce qui ne veut pas dire qu'on ne fait rien avec l'Agence de
revenu du Québec, là. L'Agence de revenu du Québec, avant, c'était un
percepteur qui coûtait moins dans ses charges que le percepteur fédéral. Aujourd'hui,
il est aussi cher et ses coûts augmentent plus vite que le percepteur fédéral.
On doit s'occuper de cette question-là et on commence tout de suite à s'occuper
de cette question-là.
Journaliste
: Je
comprends aussi que, selon vous, il n'y a pas de symbole d'accordé à la
perception, par le Québec, de ses impôts dans ses champs de compétence. Il n'y
a pas de symbole là-dedans. Vous n'êtes pas dogmatique, vous êtes prêt à
regarder ça. S'il y a de l'argent à économiser de cette façon-là, vous allez aller
de l'avant.
M. Coiteux : Il y a un
principe sur lequel on ne va jamais, jamais, jamais tergiverser, qui est celui
de l'autonomie fiscale. Ça, c'est un principe de base, ça transcende tous les gouvernements
du Québec, ça va continuer à transcender tous les gouvernements du Québec.
Journaliste
: La
perception, ça, ça peut être revu.
M. Coiteux : La perception,
c'est à voir.
Journaliste
: Ce n'est
pas un symbole.
M. Coiteux : Effectivement, il
n'y a pas lieu d'être dogmatique là-dessus. Par contre, il y a lieu d'être
ferme sur ce qui est essentiel. C'est l'autonomie fiscale.
M. Lecavalier (Charles)
:
Bonjour M. Coiteux. Charles Lecavalier du Journal de Québec. Ce matin,
avant même qu'on obtienne le rapport, la SAQ avait déjà émis un communiqué de
presse disant qu'il n'y a aucun problème. Revenu Québec a fait la même chose.
Qu'est-ce que ça dit sur les directions de ces deux organismes-là?
M. Coiteux : Ça dit qu'on a un
changement culturel à mettre en oeuvre à l'intérieur de l'appareil public. Ce
n'est pas normal. Ce n'est pas normal que le président de la SAQ sorte sur la
place publique avant que le gouvernement dise les suites qu'il entend donner au
rapport. Ce n'est pas normal. Ce n'est pas normal que l'Agence de revenu du
Québec sorte sur la place publique alors que le gouvernement n'a pas encore dit
ce qu'il allait faire. Ce n'est pas normal.
On veut aller vers une culture de
l'humilité. On aimerait ça que le président de la SAQ dise : On fait des
choses très bien. Moi, je suis convaincu qu'ils font des choses très, très
bien. Je suis convaincu que l'Agence de revenu du Québec fait des choses très,
très bien, excellentes même. Est-ce que ça veut dire qu'il n'y a pas place à
l'amélioration? Est-ce que sincèrement ça veut dire qu'il n'y a aucune place à
l'amélioration?
Alors, je leur demande de prendre le temps
de bien regarder les choses. Le gouvernement ne va pas laisser les choses dans
l'état actuel. Le gouvernement constate qu'il y a des choses à améliorer. Le
gouvernement va mettre en place les changements nécessaires pour que les choses
s'améliorent dans l'intérêt des Québécois. Cette culture de l'humilité, je
souhaite la voir s'implanter aussi dans les sociétés d'État.
M. Lecavalier (Charles)
:
Est-ce que les dirigeants de ces organismes-là sont à la bonne place au bon
moment ou est-ce que ça ne vous prendrait pas des gens qui sont d'accord avec
vous qu'il y a des problèmes? Parce que ce matin, les deux organismes nient complètement
les problèmes.
M. Coiteux : Les habitudes,
hein? Les habitudes. Ce n'est pas nouveau, là, ça fait des décennies qu'on vit
comme ça. Mais on va changer ça petit à petit. On va le changer petit à petit,
tout le monde ensemble. Ce n'est pas le gouvernement qui va faire ça tout seul,
là. On va le faire avec les présidents des sociétés d'État, avec les employés
des sociétés d'État, on va le faire avec les cadres de l'État, avec les
fonctionnaires de l'État. On va le faire ensemble avec toute la population du
Québec qui ne demande pas mieux que d'en avoir pour son argent. C'est ça, le
changement. C'est vers ça qu'on s'en va.
Journaliste
: Bonjour,
M. Coiteux. Partagez-vous l'idée exprimée par la commission ce matin qu'un
monopole, qu'il soit public ou privé, c'est rarement dans l'intérêt du citoyen consommateur?
M. Coiteux : En principe, un
monopole, ça se justifie dans des circonstances exceptionnelles. Maintenant, si
vous me donniez à choisir entre un monopole public ou un monopole privé dans la
vente des vins, je préfère un monopole public. Je préfère nettement un monopole
public.
Est-ce que le modèle du monopole public
qui a été conçu dans le passé est le modèle du futur? Je ne le sais pas. On va
regarder ça attentivement, mais on ne va pas le regarder de façon théorique, on
ne va pas le regarder en fonction de principes philosophiques, on va le
regarder en fonction de l'intérêt des consommateurs. On va le regarder. Quel
modèle on pourrait éventuellement penser? Je ne peux pas vous le dire
aujourd'hui. On est ouverts à regarder ça, mais en attendant la SAQ doit revoir
au moins une chose : ses charges administratives sont lourdes, et donc on
pourrait avoir un dividende plus élevé si on portait une plus grande attention
à ça.
Journaliste
: Si la SAQ
parvenait à réduire ses frais administratifs, est-ce que ce serait toujours
pertinent de se demander s'il faut mettre fin à son monopole?
M. Coiteux : Regardez, d'une
manière ou d'une autre, il faut réduire les charges administratives, qu'on
demeure dans le modèle actuel ou qu'un jour on décide d'aller vers un autre
modèle. D'une façon ou d'une autre. En soi, c'est quelque chose qui doit être
fait. Alors, séparons les deux choses, séparons-les. Il faut aller...
Journaliste
: Mais, en
fait, moi, c'est… l'autre côté, c'est, si la SAQ parvient à réduire ses frais
administratifs, est-ce que ce serait toujours pertinent de se demander... de
remettre en question son monopole, au fond?
M. Coiteux : Regardez, ce que
nous dit la commission, là, c'est qu'un monopole public dans ce domaine-là, c'est
peut-être un modèle qu'on ne pourra pas soutenir à très long terme. C'est un
monopole qui a été conçu à une époque différente de celle d'aujourd'hui. Donc,
peut-être que, dans le futur, ce modèle-là, il ne pourra pas aussi bien
fonctionner. Alors, on a l'obligation, comme gouvernement, de réfléchir à un
modèle alternatif, si c'est nécessaire. Mais, en attendant, il faut revoir
absolument les charges administratives qui sont trop élevées. Merci.
(Fin à 14 h 20)