(Treize heures trente-six minutes)
M. Coiteux : Merci. Alors,
bonjour, messieurs, bonjour, mesdames. Alors, évidemment, vous comprenez qu'on
souhaite réagir aux arrestations de ce matin, qui sont en lien avec des
contrats informatiques au gouvernement, des contrats qui impliquent deux entreprises,
EBR et IBM, avec Revenu Québec.
J'aimerais commencer en revenant sur le
cas d'EBR en particulier, qui est l'une des deux firmes qui est mise en cause
dans ces arrestations. Rappelons les faits. Au cours de l'été dernier, des
arrestations ont été faites en lien avec cette firme, et le 17 septembre
dernier, par voie d'un décret approuvé par le Conseil des ministres, notre gouvernement
a exigé qu'EBR dépose une demande d'autorisation auprès de l'Autorité des
marchés financiers, et ce, en vertu de l'article 87 de la Loi sur
l'intégrité en matière de contrats publics. Le 24 février dernier, l'AMF a
accordé son autorisation à EBR.
Cela dit, évidemment, à la lumière des
arrestations de ce matin, j'ai écrit à M. Louis Morisset, président-directeur
général de l'AMF, afin de lui souligner justement qu'à la lumière des nouvelles
arrestations effectuées par l'UPAC en lien avec les firmes EBR et IBM je m'attendais,
toujours en vertu de la Loi sur les contrats des organismes publics, à ce que
l'AMF procède à une réévaluation de ces dossiers dans le but de s'assurer que
les entreprises respectent toujours les exigences élevées d'intégrité attendues
d'un contractant de l'État. Et d'ailleurs, plus tard aujourd'hui, l'AMF a
répondu positivement à cet effet.
En ce qui concerne les contrats en cours
avec EBR et IBM... et, dans les faits, il y en a, il y a des contrats en cours.
On est en train de faire la recension complète, mais, du côté de notre donneur
d'ouvrage informatique le plus important, le Centre de services partagés du Québec,
il y en a 14 en cours pour EBR, 24 en cours pour... pour IBM, pardon. Alors, ce
que j'ai fait ce matin, c'est que j'ai demandé au Sous-secrétariat aux marchés
publics de demander à l'ensemble des ministères et des organismes de vérifier
si les personnes qui sont impliquées dans les arrestations ce matin ont été
impliquées, d'une manière ou d'une autre, dans ces contrats et, le cas échéant,
d'en rapporter l'information immédiatement à l'UPAC.
Par ailleurs, j'aimerais réitérer ceci,
c'est très important : Si quelque personne que ce soit dispose
d'informations liées à de la collusion ou de la corruption en matière de
contrat informatique, bien, cette personne a le devoir d'appeler l'UPAC afin
que celle-ci puisse faire les vérifications qui sont appropriées. Et j'aimerais
souligner, justement, que les arrestations d'aujourd'hui confirment que ce
système-là, justement, fonctionne, que les mécanismes et les processus que nous
avons mis en place sont efficaces. La preuve en est justement ces arrestations
faites par l'UPAC ce matin. J'aimerais rappeler aussi que, dès que l'UPAC pose
des questions, interpelle les ministères et les organismes du gouvernement, qu'il
y a une collaboration totale aux enquêtes et que tout est fait pour faciliter
le travail des enquêteurs.
Maintenant, j'aimerais rappeler aussi que
le secteur informatique au Québec, et le secteur informatique au gouvernement
du Québec, est très, très vaste, très vaste, et qu'il faut faire très
attention de ne pas, évidemment, jeter le bébé avec l'eau du bain. Il ne faut
pas généraliser sur la base de cas spécifiques comme ceux de ce matin, mais il
ne faut pas non plus les banaliser. Alors, il faut en tenir compte très
sérieusement.
Et, à cet effet, je rappelle des règles
d'éthique très importantes pour tous les employés de l'État. Je rappelle les
règles d'éthique, nos façons de procéder, et je les invite à collaborer
totalement chaque fois qu'ils pourraient être interpellés par des enquêtes. Et,
à l'intention des entreprises, j'aimerais dire ceci : L'intégrité, c'est
la règle. L'intégrité, c'est une condition pour faire affaire avec le
gouvernement du Québec. Il faut absolument fonctionner dans ce cadre, sinon,
c'est bien simple, il n'y a pas de contrat avec le gouvernement du Québec. De
toute façon, tôt ou tard, le système va vous rappeler si vous ne respectez pas
ces règles-là.
Maintenant qu'on a dit cela, et c'est très
important, je rappelle encore une fois qu'il y a une panoplie de joueurs
intègres et compétitifs dans le secteur de l'informatique au Québec, et c'est
avec ces joueurs intègres et compétitifs que le gouvernement du Québec veut et
va continuer de faire affaire. Merci.
La Modératrice
: On va
prendre les questions en français…
Mme Prince (Véronique)
:
M. Coiteux, vous dites que les mécanismes fonctionnent, mais, en même temps,
l'AMF avait donné une autorisation à une entreprise où, finalement, il y a eu
des problèmes avec. Est-ce que ce n'est pas la preuve qu'il y a quand même des
failles dans le mécanisme de l'AMF et peut-être qu'il pourrait y avoir d'autres
autorisations qui ont été données à des gens qui ne devraient pas les avoir?
M. Coiteux : C'est exactement
cette question-là que je me suis posée ce matin. Alors, pourquoi ça s'est
passé, les choses, de cette façon-là? Et la réponse est essentiellement
celle-là : c'est que l'AMF, le 24 février dernier, dans le cas d'EBR, elle
a rendu sa décision dans le cadre des informations dont elle disposait. Étant
donné la nature confidentielle des enquêtes, le caractère très délicat des
enquêtes, cette information-là n'était pas portée à l'attention de l'AMF, donc
l'AMF ne connaissait pas cette situation.
Maintenant, bien entendu, aujourd'hui, là,
on la connaît, cette situation-là, là. C'est une information connue. Alors,
j'ai demandé ce matin à l'AMF de réévaluer le dossier à la lueur de ces
informations.
Mme Prince (Véronique)
:
Mais peut-on ouvrir davantage la collaboration, quand il y a des enquêtes
policières, entre la police puis l'AMF? Ça peut-u se faire quand même?
M. Leitão : Ça, c'est une question
qui est extrêmement délicate. L'AMF avait accès à l'information qu'elle avait
accès et c'est tout ce qu'elle pouvait avoir accès. Pour aller plus loin que
ça, ça devient une question juridique, une question de division très claire
entre une enquête criminelle et l'information qui peut être donnée sur cette
enquête à des tierces parties. Donc, c'est extrêmement délicat.
M. Pépin (Michel)
:
Mais n'y a-t-il pas collaboration officielle, même en vertu de la création… en
vertu de la loi n° 1, une collaboration entre l'UPAC et l'AMF dans ces
enquêtes-là?
M. Leitão : Tout à fait, vous
avez entièrement raison. À l'UPAC, il y a deux unités : UPAC enquête, UPAC
vérification. L'AMF a un lien direct avec l'UPAC vérification. Donc, à
l'intérieur de l'UPAC elle-même, UPAC vérification n'était pas au courant des
détails de l'enquête d'UPAC enquête, et ça, c'est comme ça que ça se fait.
M. Pépin (Michel)
: Est-ce
que ce n'est pas un peu gênant, là, après, quand même, là? C'est parce qu'il y
a peu de jours, là, deux semaines, deux semaines, à peu près, là.
M. Coiteux : Oui. Regardez, je
pense qu'il y a des questions de gouvernance interne. Vous pouvez poser des
questions à l'AMF, vous pouvez poser des questions à l'UPAC. Ce qu'on nous
répond, et je pense que ça a quand même beaucoup de sens, là : on ne peut
pas prendre de décision sur la base d'information qu'on ne connaît pas, on ne
peut pas faire ça. Des enquêtes, par définition, là, c'est ultraconfidentiel et
c'est très délicat. Alors, cette information-là, elle n'était pas connue de
l'AMF.
Maintenant, cette information-là surgit aujourd'hui, on demande de
réévaluer toute la situation, d'une part, et, d'autre part, on est en train de
faire la vérification de tous les contrats existants pour s'assurer que les
personnes en question ne sont pas en cause.
M. Chouinard (Tommy)
: Il
y a des employés de Revenu Québec qui sont également ciblés?
M. Leitão : Oui, deux
personnes.
M. Chouinard (Tommy)
:
Quelles sont les démarches qui sont faites par le gouvernement pour s'assurer
que les employés, parce que là ce n'est pas juste des entreprises, là, les
employés sont intègres?
M. Leitão : Écoutez, Revenu
Québec, l'Agence du revenu emploient 11 000 personnes. Il y a deux
personnes qui ont été ciblées par cette… pas seulement ciblées, mais plutôt
arrêtées. Déjà, depuis juin ou juillet 2014, ces personnes étaient sous enquête
et donc étaient suspendues par l'Agence du revenu.
Écoutez, j'ai entièrement confiance dans
l'administration de l'Agence du revenu pour déceler de tels cas, et, depuis le
tout début, là, il y a eu une énorme, entière collaboration entre l'Agence du
revenu et l'UPAC. Maintenant, écoutez, les employés du gouvernement du Québec…
ça fait quand même quelques années que nous employons des personnes, je ne suis
pas prêt, comme mon collègue a dit, à jeter le bébé avec l'eau du bain et
présumer que tous nos employés sont des fraudeurs. Écoutez, ce n'est
certainement pas… je ne vais certainement pas y aller, au contraire.
M. Pépin (Michel)
:
Qu'en est-il d'IBM?
M. Coiteux : Bien, c'est le
même cas. C'est exactement le même cas. J'ai demandé ce matin à ce qu'on
vérifie aussi, dans le cas de tous les contrats qu'on a actuellement avec IBM,
si les personnes qui sont interpellées ce matin, qui ont été arrêtées ce matin,
ont été impliquées de quelque façon que ce soit. Alors, les vérifications sont
en train de se faire et vont se faire, et on va agir en conséquence.
M. Pépin (Michel)
:
Qu'en est-il de l'AMF et d'IBM? C'est-à-dire, est-ce que l'Autorité des marchés
financiers se penche la crédibilité et l'intégrité surtout, pardonnez-moi,
d'IBM?
M. Leitão : Encore une fois,
sur la base d'informations qui étaient publiques jusqu'à aujourd'hui, IBM aussi
a un certificat de conformité, enfin, comme on appelle ça. Alors, avec l'information
d'aujourd'hui, là aussi, l'AMF va, s'il y a lieu de changer ça… s'il y a lieu.
M. Pépin (Michel)
: Est-ce
que vous avez fait une demande? Est-ce que vous avez une demande à cet égard?
M. Coiteux : Écoutez, oui, tout
à fait. Bien, oui, tout à fait. Bien, les deux firmes qui sont impliquées, on a
demandé à l'AMF, à la lueur des nouvelles informations, de procéder à une réévaluation
des dossiers.
M. Chouinard (Tommy)
:
Mais, pour vous, le gouvernement ne va pas jusqu'à dire qu'ils devraient perdre
leur droit d'obtenir des contrats?
M. Coiteux : Ce n'est pas au
gouvernement de décider de ces choses-là. On a un système qui fonctionne bien,
je le rappelle. Alors, c'est l'AMF qui, sur la base des informations qui lui
sont transmises par l'UPAC et d'autres sources d'information, qui doit ultimement
décider si, oui ou non, une entreprise peut avoir son certificat d'autorisation
de contracter avec elle.
M. Pépin (Michel)
:
Est-ce que ça ne soulève pas une question de fond, là? Quand même, ici, où,
au-delà des enquêtes criminelles, ici, on a un certificat qui a été accordé et,
au-delà de cette enquête criminelle, donc cette entreprise-là, c'était parfait.
Du côté d'EBR, il n'y avait pas de problème, il y a deux semaines. Là, je
comprends qu'on a de nouvelles informations, très bien. Mais est-ce à dire que
le seul problème chez EBR, ce sont ces nouvelles informations qu'on vient de
rendre publiques? Je ne sais pas si vous comprenez la nature de ma question.
M. Coiteux : On ne va pas
spéculer sur la suite des choses, sinon qu'il y a de sérieuses nouvelles, il y
a de sérieuses nouvelles informations ce matin, qui n'étaient pas là avant.
Elles sont sérieuses, ces nouvelles informations, et il est donc nécessaire, et
c'est pour ça que j'ai écrit à l'AMF, mais l'AMF en convient totalement puisque
c'est la loi aussi. Elle va revoir ce dossier dans le cas des deux entreprises.
M. Pépin (Michel)
:
Est-ce que ça ne met pas la crédibilité de l'AMF en cause dans tout ça, dans
son travail, là?
M. Leitão : Je ne pense pas du
tout ça. Au contraire, je pense que la crédibilité de l'AMF est bien démontrée.
Basée sur l'information qui était disponible en février, elle a rendu la seule
décision qu'elle pouvait rendre parce que… Justement, revenons à EBR, l'AMF
avait examiné EBR. Des personnes qui déjà, dans le passé, comme vous avez dit,
avaient été identifiées comme étant problématiques, ces personnes avaient déjà
été écartées par la compagnie. Donc, basée sur cette information-là, en février
2014, l'AMF n'avait pas d'autre choix que d'émettre cette autorisation-là.
Aujourd'hui, la situation est différente,
il y a d'autres personnes qui ont été inculpées, donc ça change complètement le
portrait, et l'AMF va procéder à une nouvelle vérification.
La Modératrice
:
Dernière question en français.
M. Lecavalier (Charles)
:
Est-ce que cette frappe de l'UPAC ne donne pas raison à l'opposition qui
demande une enquête publique dans l'attribution des contrats informatiques?
M. Coiteux : Regardez, les
événements d'aujourd'hui, puis je le rappelle, je le répète, là, les événements
d'aujourd'hui, ils devraient rassurer tout le monde ici, en ce sens que le
système que nous avons mis en place porte ses fruits. Il fonctionne. Il y a une
collaboration entre les organismes et l'UPAC pour s'assurer qu'on puisse
trouver les fautifs, il y a une action qui est posée, et l'AMF va réévaluer le
dossier à la lueur de ce travail-là. Les employés collaborent pleinement, les
organismes collaborent pleinement. L'UPAC fait son travail, l'AMF fait son
travail. Le système fonctionne.
Alors, ce qu'il faut faire maintenant,
pour les gens qui soupçonnent, les gens qui pensent qu'il y a d'autres
malversations de cette nature, qu'ils fassent leur devoir, qu'ils prennent le
téléphone et qu'ils appellent eux-mêmes l'UPAC, faire exactement ce que
d'autres ont fait, qui ont permis les arrestations d'aujourd'hui. Il ne s'agit
pas ici de se faire du capital politique là-dessus. Ce qu'il faut faire, là,
ici, c'est faire son devoir de citoyen, et j'appelle tout le monde, y compris
les gens des oppositions qui réclament une commission d'enquête, à faire leurs
devoirs. Lorsqu'ils pensent qu'il y a un problème, qu'ils prennent le téléphone
et qu'ils appellent l'UPAC.
La Modératrice
: En
anglais maintenant.
Journaliste
: Oui, mais
peut-être juste sur le budget, M. Coiteux.
La Modératrice
: On va
revenir en français sur d'autres sujets d'actualité après. On va juste finir en
anglais sur ce sujet-là.
M. Lacroix (Louis)
: Ce
n'est pas habituel comme façon de faire. Normalement, on vide les questions
françaises et après on fait l'anglais.
La Modératrice
: On va
le faire comme ça alors.
M. Leitão : Allez-y.
M. Lacroix (Louis)
:
Alors donc, vous allez déposer un budget le 26 mars.
M. Leitão : 26 mars.
M. Lacroix (Louis)
:
Vous allez avoir... Vous déposerez un budget qui va être équilibré, M. Leitão?
M. Leitão : Oui, c'est ce
que... Nous nous sommes engagés à faire ça en campagne électorale. Nous l'avons
affirmé le 4 juin, nous l'avons réaffirmé en décembre, le 2 décembre, dans la
mise à jour, et nous l'avons répété en Chambre plusieurs fois. Évidemment, là,
nous allons tout faire pour que ce budget-là soit équilibré.
M. Lacroix (Louis)
:
Vous semblez avoir un certain manque, en fait, à gagner encore, là, qui
était... je pense, c'était 1 milliard qui restait à être identifié, M.
Coiteux, au niveau des compressions pour atteindre l'équilibre, justement.
M. Coiteux : Bien, vous savez
qu'on a une stratégie qui implique un contrôle très serré, très rigoureux des
dépenses. On fait preuve de rigueur budgétaire. Alors, quand mon collègue, le
26 mars prochain, va faire l'annonce qu'il vient de confirmer, que le budget
2015‑2016 va être un budget équilibré, c'est parce qu'on a trouvé les moyens de
continuer d'exercer cette gestion rigoureuse des dépenses notamment, et il y a
d'autres éléments, évidemment, et ça va être dit à ce moment-là.
M. Leitão : Tout va être
identifié. Il n'y aura pas d'écart à résorber, tout va être identifié.
Mme Richer (Jocelyne)
:
M. Leitão, est-ce que certaines catégories de contribuables doivent s'attendre
à des changements de leur régime fiscal, un alourdissement de leur fardeau
fiscal?
M. Leitão : C'est une
excellente question, à laquelle je ne peux pas répondre. Vous allez le voir au
budget le 26 mars...
Mme Richer (Jocelyne)
:
...des changements.
M. Leitão : ...mais une chose
qu'on a dite, et le premier ministre et moi-même, on l'a répété plusieurs fois
en Chambre, nous n'avons aucune intention d'alourdir le fardeau fiscal des
Québécois.
M. Lacroix (Louis)
:
Mais vous avez aussi déjà dit que vous aviez peut-être une vision peut-être
plus juste de la fiscalité. Par exemple, à certains endroits, on taxe davantage
les biens et services pour abaisser le niveau d'imposition. Certains pensent
que ça, c'est une façon plus équitable de taxer ou d'imposer les gens. Est-ce
que vous partagez toujours cette vision-là?
M. Leitão : C'est une
excellente question, c'est un excellent sujet. Je pense qu'on va beaucoup
parler de ça aux mois d'avril, mai, juin, juillet. On va beaucoup discuter de
ces choses-là.
M. Chouinard (Tommy)
:
Donc, vous, c'est parce que vous envisagez de changer un peu le régime actuel?
M. Leitão : Comme vous savez
aussi, il y a une commission de revue fiscale, commission Godbout, le nom
rapide, qui va aussi… dont son rapport va être rendu public le 19 mars, et
donc, à ce moment-là, vous pourrez vous apercevoir de l'étendue de l'exercice.
M. Chouinard (Tommy)
:
...avec le rapport, initier un débat sur cet équilibre-là, la consommation?
M. Leitão : Tout à fait.
M. Chouinard (Tommy)
: O.K.
Maintenant, est-ce que… J'aimerais vous entendre au sujet du Vérificateur
général qui identifiait un résidu de coussin qui n'avait pas été… une réserve
qui n'avait pas été identifiée comme telle, c'est-à-dire que, dans les coûts de
reconduction des programmes, vous avez, parmi ces coûts-là, comptabilisé une
forme de réserve, un coussin qui est quasiment de 1 milliard là. Au fond…
M. Leitão : Pour moi… Je
laisserais mon collègue peut-être expliquer un peu plus, mais, pour moi, ce
n'est pas une réserve, c'est une façon prudente de gérer les dépenses de
l'État. Je ne sais pas si…
M. Chouinard (Tommy)
:
Je comprends que c'est comme une marge si jamais ça…
M. Coiteux : Oh! Écoutez, vous
savez que ce n'est pas facile d'équilibrer le budget du Québec. Vous savez
qu'il y a des enjeux qui sont majeurs. D'ailleurs, vous-mêmes, dans les
articles que vous écrivez, dans les reportages que vous faites, vous dites
qu'on fait beaucoup de choses, depuis qu'on est arrivés au gouvernement, pour
équilibrer le budget et qu'on pose des gestes courageux.
Alors, les marges, ne les cherchez pas là
où elles n'existent pas, mais, dans un processus normal, là, des choses,
lorsqu'on avance de mois en mois et de semaine en semaine, on gère très
prudemment, sauf que le jour où on atterrit tout ça et qu'on prend un certain
nombre de décisions, vous allez voir que notre approche est très prudente, très
prudente.
M. Pépin (Michel)
: Le
Vérificateur général parlait de d'autres choses là. Je veux poursuivre dans le
même sens. Pourriez être plus précis dans votre réponse? Il n'y a pas un
coussin en quelque part, effectivement, que le Vérificateur général a
identifié? Vous avez dit que ça n'a pas été justement précisément identifié.
M. Coiteux : Vous savez, si on
avait des grands coussins, vous trouveriez que l'oeuvre est facile. Or,
l'oeuvre est difficile, donc il ne doit pas y avoir tant de coussin que ça.
M. Pépin (Michel)
:
Donc, le Vérificateur général a dit n'importe quoi, là?
M. Coiteux : Non. Le
Vérificateur général a dit qu'on gérait avec prudence, si on était en train de
dire qu'on allait équilibrer le budget, on prenait les moyens pour l'atteindre.
Ce qu'il nous a dit essentiellement, c'est qu'on allait dans la bonne direction
et qu'on tenait compte des risques, des réels risques. Et donc, quand il y a
des réels risques, on ne fait pas semblant qu'ils n'existent pas. On est
prudents, et c'est ce qu'on fait.
M. Dutrisac (Robert)
:
M. Coiteux, ça fait un autre sujet à traiter, il va y avoir un débat ce soir au
Parti québécois. Il y a M. Drainville qui a en quelque sorte relativisé les
compétences en matière d'économie de M. Péladeau, il y a aussi l'attitude de M.
Péladeau à l'égard des journalistes. Qu'est-ce que vous pensez de l'attitude de
M. Péladeau à l'égard des journalistes?
M. Coiteux : Bien, écoutez, je
préférerais peut-être parler de l'attitude du Parti québécois à l'égard de l'équilibre
budgétaire parce que c'est ça qui est en jeu ici. On ne sait plus trop où ils
logent, hein? Il y en a un qui dit : Reportons, reportons à plus tard. Il
faisait partie d'un gouvernement qu'il n'y a pas tellement si longtemps nous
avait même dit que ce serait en 2013‑2014, hein, pas en 2015‑2016. M. Péladeau
travaillait avec M. Marceau d'ailleurs, qui avait dit 2013‑2014 puis ensuite
2015‑2016. Là, il y a M. Alexandre Cloutier qui dit : Bien oui, c'est
important en 2015‑2016; puis M. Péladeau qui ne veut pas vous parler. Alors, je
pense que vous avez, vous, les journalistes, un travail important à faire de
les questionner, parce que, là, on ne sait plus du tout où ils logent sur la
question de l'équilibre budgétaire.
L'équilibre budgétaire, il est important
parce que ne pas atteindre l'équilibre budgétaire en 2015‑2016, c'est se donner
encore plus de difficulté une année ou deux ans après. La marche va être juste
plus haute, et ça veut dire essentiellement ceci, ça veut dire : On ne
prend pas nos responsabilités, nous, puis on reporte cette facture-là sur les
plus jeunes. C'est ça que ça veut dire concrètement. Ça veut dire plus d'impôts
pour ceux qui suivent ou moins de programmes pour ceux qui suivent. Alors, ça,
moi, je l'ai qualifié d'irresponsable, et maintenant je ne sais plus où il
loge.
Alors, la question à poser au Parti
québécois, c'est : Où loge-t-il sur la question de l'équilibre budgétaire?
On ne le sait plus. Ils n'ont plus de position commune.
M. Leitão : Et juste peut-être
une petite chose pour ajouter à ça, c'est que l'équilibre budgétaire, ce n'est
pas une fin en soi. C'est un moyen pour asseoir comme il faut la crédibilité de
l'État et la stabilité financière. L'élément principal dans le processus
d'investissement et donc de croissance économique, c'est la stabilité
financière, que les entreprises sachent qu'elles ne vont pas faire face à des
éventuels changements majeurs dans le régime fiscal parce que l'État n'arrive
pas à contrôler ses finances.
La Modératrice
: Tommy,
la dernière question en français.
M. Chouinard
(Tommy)
: J'ai une dernière question sur les négos. Sur les
négos, en fait, il y a le front commun qui fait une sortie disant ou vous
reprochant de ne pas tenir compte de l'ensemble des mouvements dans les échelles
salariales. Lorsque vous dites que 40 % des employés de l'État vont
bénéficier par année d'une progression salariale de 3,6 %, vous négligez
le fait de tenir compte de tous ceux qui vont partir à la retraite et
qui — l'effet de noria, là, sans rentrer dans le fin détail,
là — mais qu'ils chiffrent cet effet-là à des économies de l'État de
432 millions. Ils disent tenir compte des données du Conseil du trésor
avec une espèce de calcul, là. Donc, est-ce que, vous, vous considérez que
c'est une sortie qui est crédible?
M. Coiteux :
Je trouve surtout que c'est un développement qui est constructif, que les
syndicats, après ne pas avoir voulu en parler, ne pas avoir voulu le
reconnaître, reconnaissent que le gouvernement met de l'argent sur la table
pour financer les échelons et que, lorsqu'on fait une proposition, on doit en
tenir compte. Parce que c'est ça, le coût de l'augmentation de la rémunération
pour le gouvernement, ça tient compte des échelons. Ils ne voulaient pas en
parler; là, maintenant, ils en parlent. Moi, je juge que c'est un développement
tout à fait bienvenu et constructif.
Maintenant, les
départs à la retraite, il y a des remplacements. On a certains objectifs aussi
sur une réduction dans la fonction publique, mais il y a des départs à la
retraite, donc il y a des remplacements par des plus jeunes. Ça fait partie de l'ensemble
de l'équation, mais ultimement l'argent ne pousse pas dans les arbres, là. 3 %
de paramètres, progression dans les échelons, règlements de problématiques sectorielles
qui donnent lieu à des primes, tout ça s'additionne et ça s'additionne
ultimement dans une proposition qui doit être compatible avec deux choses
importantes : le retour et le maintien de l'équilibre budgétaire, le
retour à l'équilibre budgétaire et son maintien parce qu'on ne veut pas
reporter ça dans la cour de nos enfants, contrairement à M. Drainville; et,
d'autre part, ne pas augmenter le fardeau fiscal des Québécois. On pense
exactement le contraire. On pense que le fardeau fiscal élevé des Québécois est
l'une des raisons pour laquelle l'économie du Québec ne livre pas son plein
potentiel, et nous, on veut qu'elle livre son plein potentiel.
M. Chouinard (Tommy)
: …qu'ils
reconnaissent la progression dans les échelles puis là vous semblez dire :
Oui, O.K., il y a des économies liées à l'effet de noria, là, bon, le
renouvellement des effectifs, pourrait-on dire. Mais vous dites que, dans le
fond, c'est…
M. Coiteux : Bien, ils
reconnaissent maintenant que, les échelons, c'est une source d'augmentation de
la rémunération globale dans le secteur de l'État puis qu'on ne peut pas juste
se fixer sur les paramètres salariaux. Les paramètres salariaux, c'est une
partie de l'équation. Une autre partie du coût, ce sont les échelons. Il y a
une autre partie du coût qui sont également les primes qui existent dans le système,
et il y a de multiples raisons qui amènent l'augmentation des rémunérations.
La Modératrice
: On va
passer en anglais maintenant.
M. Chouinard (Tommy)
:
…des départs, le remplacement, ça, 432 millions, c'est crédible, ça,
d'évaluer l'économie?
M. Coiteux : Regardez, au net,
là, on ne peut pas augmenter la rémunération plus que la capacité des citoyens
de payer. Alors, si la proposition qu'on nous ferait, ce serait d'augmenter les
impôts de nos citoyens pour payer des augmentations, on va dire non. On pense
que le fardeau fiscal élevé, c'est l'une des raisons pour laquelle on a des problèmes,
même de revenus, parce que la croissance serait plus forte avec un fardeau
fiscal moindre.
Et d'autre part, pour nous, il est hors de
question, il est hors de question de remettre à plus tard l'équilibre
budgétaire.
La Modératrice
: Merci.
En anglais.
M. Vendeville
(Geoffrey) : M. Leitão, I'd like to repeat a
question that was said in French, because that wasn't entirely clear on your
answer. What is Revenu Québec doing to make sure its employees are doing their
jobs honestly and correctly?
M. Leitão :
Well, Revenu Québec has all the necessary setups and procedures in place to
make sure that's the case. At the same time, the agency cooperates entirely
with UPAC and the police. So, if indeed, there are, you know, illegal things
going on, then Revenu Québec is ready and willing to collaborate, and that's what
they've done. But initially it's up to the police, it's up to UPAC to detect
those…
M. Vendeville
(Geoffrey) : So, you're not planning any
additional measures, additional screening, for example?
M. Leitão :
We are still going to have a talk with Revenu Québec, but, as you can also see,
these two individuals, when they have been suspended last summer, June the
24th,now they were arrested. So this is not
necessarily new for Revenu Québec and we are certainly, you know, in contact with the management of
the agency to make sure that continues to be the case.
M. Hicks (Ryan) : The Opposition is calling for a kind of general investigation of IT
contracts. Is that something that you are considering?
M. Coiteux : I think if they suspect anything going on in those contracts, they
should do like all citizens have a duty to do. It's to pick up the phone, and
call UPAC, and say : I suspect this thing here. Why don't you go and
investigate there? This is their duty and this is what I invite them to do.
M. Hicks (Ryan) : So you are not going to look at a kind of global investigation on
all contracts.
M. Coiteux : Well, I repeat, they have to do like any other citizens and do
their duty, pick up the phone and call UPAC if they suspect anything. For the
rest, I think it is very important not to generalize. It's not because we have
particular problems like this morning that all the contracts in computer science
and IT with the Government are subject to the same kind of problems, and I
think that we have loyal and we have employees that collaborate fully with
those investigations, and I think that most businesses operating also in the IT
sector with the Government are also honest.
So let's not generalize
this, but let's everybody assume his or her duty and pick up the phone whenever
you feel that there is something going on. You think that something is going
on, you pick up the phone and you call UPAC.
M. Leitão : And in this particularly… Sorry. This particularly contract was
never awarded. So this is not something that the Government
wished, you know. This contract was never awarded because, right from the
start, there were questions.
M. Coiteux :
I would add also, if you allow me to do so, that what happened today shows that
this system works. This system works. So, if it works,
it means that we should continue the way we are doing it and we should ask everybody
to do his duty.
M. Hicks (Ryan) : And just on the budget, the rapport Godbout that's going to come
out, how much of what comes out of that are you going to integrate into the
budget that is coming out?
M. Leitão : Excellent question. You're going to have to wait until March 26 to
see that. I can't comment on that directly.
La Modératrice
: Merci. Thank you.
M. Coiteux : Merci. Thank you.
(Fin à 14 h 2)