(Quatorze heures seize minutes)
M. Barrette : Alors, bonjour, tout
le monde. Bienvenue à cette conférence de presse. Alors, comme vous le voyez,
je suis accompagné, à ma gauche, de Mme Lucie Charlebois, ministre déléguée à
la Réadaptation, à la Protection de la jeunesse et à la Santé publique, ainsi
qu'à ma droite M. Michel Fontaine, sous-ministre en titre au ministère de la
Santé et des Services sociaux.
Ce matin, j'ai donc déposé le projet de
loi n° 10, projet de loi modifiant l'organisation et la gouvernance du
réseau de santé et des services sociaux, notamment par l'abolition des agences
régionales. Alors, d'entrée de jeu, là, je peux vous dire que, moi, je sais
deux choses. Premièrement, sondage après sondage, personne au Québec ne remet
jamais en cause la qualité des soins qui sont prodigués dans notre réseau de
santé, quand on y a accès. Mais, régulièrement, les médias sont remplis
d'exemples de dysfonctionnement de notre réseau. On les connaît tous :
excès de bureaucratie, manque d'accès en première ligne, manque d'accès à
différents paliers, manque de coordination, chicanes de clocher — oui,
ça existe encore — d'une région à l'autre, et j'en passe.
Deuxième chose, pour résoudre ces
problèmes une fois pour toutes, il faudra poser plusieurs gestes, et
aujourd'hui, ce projet de loi est le premier, mais non le dernier. À chaque
geste et dans tous les cas, il y aura un seul dénominateur commun : il
sera résolument centré sur le patient. Désormais, je peux dire que notre
intention est de faire en sorte que notre système de santé ne rimera plus
jamais avec bureaucratie, mais plutôt avec services. Dorénavant, l'attention ne
sera plus portée sur les structures, mais résolument sur le citoyen. Soyons
clairs. Nous ne sommes pas dans un simple exercice de retour à l'équilibre
budgétaire, mais bien dans un exercice de changement de culture. J'insiste
parce que, présentement, les citoyens du Québec n'en ont pas pour leur argent.
Cette culture doit être transformée pour que le patient soit, en toutes
circonstances, dans toutes les décisions, au centre des actions que l'on posera
à partir de maintenant.
Pour développer ce projet de loi, on s'est
inspirés de la très longue expérience de grandes organisations de renommée
internationale, telles, par exemple, Cleveland Clinic ou une organisation très
grande, que peu de gens connaissent, qui s'appelle Kaiser Permanente, qui sont
des groupes qui offrent des réseaux de soins intégrés à des grandes populations
de 6 à 8,8 millions de personnes.
Aujourd'hui, nous ne proposons pas quelque
chose qui est inventé. Ça existe ailleurs, ça fonctionne ailleurs. Ainsi, à
l'instar de ces organisations, la réforme que nous proposons vise, entre autres,
à simplifier les structures, à améliorer l'accès, à atteindre une fluidité sans
faille, dans notre système, de l'accès à la première ligne jusqu'à, lorsque ça
s'applique, l'hospitalisation et, au retour, à la convalescence, en passant par
les services sociaux, centres jeunesse et ainsi de suite. Et évidemment on
vise, dans le contexte actuel, à générer les économies nécessaires au retour à l'équilibre
budgétaire, mais, je le redis et j'insiste là-dessus, nous voulons changer la
culture, ce qui signifie que ce que l'on fait aujourd'hui, au-delà du retour à l'équilibre
budgétaire, on vise à assurer la pérennité du système. Ce que l'on vise, ce
n'est pas simplement pour 2016, mais 2017, 2018, 2019, 2027, 2028, 2029.
Dans le but de simplifier les structures,
nous proposons de passer d'une gouvernance à trois paliers à une gouvernance à
deux paliers et, pour ce faire, nous proposons effectivement d'abolir le palier
intermédiaire que constituent les agences régionales. La démonstration, à mon
avis, a été faite, depuis la création des agences, que ce palier n'apportait la
plus-value escomptée lors de leur création et, à bien des égards, parfois,
entraînait certains dysfonctionnements entre ce que le ministère a la responsabilité
de décider et le service aux patients qui, lui, à partir de maintenant, devient
le point focal.
Dans le but d'améliorer l'accès,
d'atteindre une fluidité sans faille et de garantir une qualité maximale, nous
proposons de procéder à une transformation qui produira l'intégration. C'est
le thème, c'est centré sur le patient et les services qui sont centrés sur le
patient doivent être intégrés, complètement, donc l'intégration complète
de tous les soins de santé et services sociaux d'une région, d'un territoire,
sous une autorité qui se dénommera le Centre intégré de santé et services
sociaux ou, si vous préférez, à partir de maintenant, le CISSS.
Fini les obstacles administratifs, donc
fini les dossiers non partagés, fini les multiples cartes d'hôpital, fini les
guerres de clocher, et ça sera plutôt un CISSS, une autorité, une
responsabilité, un objectif, à savoir la satisfaction du patient. À la limite,
une obsession, celle de la qualité des services offerts aux patients, et ce,
sans obstacle. Donc, un centre intégré par région administrative à l'exception
de Montréal. J'y reviendrai dans un instant.
Chaque centre intégré, chaque CISSS serait
donc sous l'autorité directe du ministre, dans une gouvernance à deux paliers
et dans une relation que je qualifierais de normale entre le ministre et le
CISSS, à savoir que le ministre joue son rôle de donneur d'ouvrage. C'est le
ministre qui a à donner les orientations, alors que le CISSS joue son rôle, qui
est celui de la mise en oeuvre des orientations ministérielles, une mise en
oeuvre qui est, à tous moments et à tous les égards, sous le signe de
l'imputabilité.
Le ministère aurait donc la responsabilité
de définir les orientations, et le CISSS aurait la responsabilité de livrer les
services et en serait donc totalement imputable. Plus précisément, le ministère
aurait donc la responsabilité de définir les priorités, les orientations et les
politiques nationales, de planifier et de coordonner les services nationaux.
Ici, essentiellement, je fais référence spécifiquement au corridor de services.
Vous aurez compris, en parlant d'une autorité territoriale, que ces autorités
territoriales ne peuvent pas toujours offrir toute la gamme des services. Une
autorité régionale territoriale comme la Gaspésie n'a pas d'hôpital
universitaire, et il va de soi que des corridors de services doivent être mis
en place et être garantis pour assurer la fluidité maximale, et c'est au
ministre de s'assurer que ces corridors-là soient non seulement disponibles,
mais exécutoires.
De façon transitoire, allouer les enveloppes
budgétaires en fonction des programmes et services pour ensuite passer au
financement d'activités. J'insiste là-dessus, le financement d'activités est la
modalité vers laquelle on se dirige. Quand je disais, en introduction, que
c'était le premier geste, il y a d'autres gestes. Le financement à l'activité
doit arriver le plus rapidement possible et le financement à l'activité est le
moyen pour résoudre, une fois pour toutes, les disparités de financement dont
se plaignent les régions les unes par rapport aux autres. Le financement à
l'activité étant ce qu'il est, à partir du moment où il y a des services dans
une région, le financement vient automatiquement avec.
Assurer la coordination des services en
matière de santé publique avec les directeurs régionaux de santé publique, veiller
à la prestation des services médicaux surspécialisés avec les CHU qui sont sous
sa responsabilité.
Pour leur part, le CISSS serait donc
responsable d'offrir l'ensemble des services de santé et de services sociaux
sur le territoire sous leur responsabilité, allant des services de santé de
première ligne, par exemple, jusqu'à la protection de la jeunesse ou l'incluant
plutôt; de planifier, coordonner, organiser et dispenser les services
accessibles à la population; d'assurer la prise en charge des besoins de la
population et particulièrement ceux des clientèles vulnérables; réaliser la
planification régionale des ressources humaines; établir des ententes avec le
personnel médical, les organismes communautaires et les ressources privées sur
le territoire.
Quand je vous dis ça, ce que je vous dis
en clair, ça signifie que la responsabilité, l'analyse, l'organisation, elle
est régionale. Le ministre donne les orientations, détermine le financement à
l'activité lorsque ce sera mis en place, et l'autorité régionale exécute. Et
c'est ça qu'on veut, et c'est ce qui a toujours été voulu, je pense, par tout
le monde, que régionalement les gens fassent le travail qu'ils ont à faire,
avec une certaine autonomie évidemment, mais des paramètres qui sont à être
établis et sont la responsabilité du ministre.
Compte tenu de sa particularité
démographique, la région de Montréal comptera, ou compterait plutôt, cinq
centres intégrés, cinq CISSS, dont la constitution relève... reflétera la
diversité de son tissu social, alors que le CHUM, le CUSM, le CHU
Sainte-Justine et l'Institut de cardiologie conserveraient leur gouvernance
distincte pour une raison qui est simple : la complexité, la différence
des missions qui sont dévolues à ces institutions sont telles qu'il serait, à
notre avis, inopportun de les inscrire dans une dynamique de CISSS.
En quelques chiffres, au terme de la
réforme, si le projet de loi est adopté, le nombre d'établissements qui ont une
fonction de gestion dans notre réseau passerait de 182 à 28, le nombre de
conseils d'administration passerait de 200 à 28, le nombre de cadres
diminuerait d'au minimum 1 300. Juste de façon anecdotique, le nombre de
rapports annuels passerait de 200 à 28.
Alors, qu'on le comprenne bien, il s'agit
ici d'un projet de loi qui vise à une intégration horizontale du volet
administratif de notre réseau de la santé et des services sociaux dans une
approche d'intégration complète. Ce n'est pas une agence qui devient un CISSS,
c'est une agence qui disparaît, c'est un hôpital. Ce sont des hôpitaux qui
s'intègrent, et qui mettent en commun, et qui optimisent leur volet
administratif.
Si vous voulez un exemple plus trivial,
aujourd'hui, là, dans chacune des institutions, il y a un directeur des
ressources humaines, il y a un directeur des finances, il y a un directeur de
ceci, il y a un directeur de cela. À la fin, évidemment, il n'y aura plus ça.
Il y aura quand même une direction des finances, évidemment, dans le CISSS et
il y aura des officiers qui accompagneront ces directions-là, mais, non, nous
n'assisterons plus à la multiplication des cadres et des structures. Au
contraire, ce sera une simplification et ce sera une gestion de type… j'allais
dire hospitalière, mais ce n'est pas le bon mot à partir de maintenant parce
que ça intègre tout, et ça sera une administration qui sera unique.
Donc, en rafale, le CISSS sera chapeauté
par un conseil d'administration de 13 à 15 personnes, selon la présence ou non
d'un hôpital universitaire dans le CISSS. La majorité des membres seront
indépendants, nommés par le ministre sur la base de leurs compétences. Les
autres membres seront issus du réseau, selon des modalités que je qualifierai
de traditionnelles. Vous savez qu'actuellement différentes… il y a des postes
qui sont réservés, par exemple, aux médecins, aux infirmières et ainsi de
suite; ça restera. Un poste sera réservé à un représentant des usagers. Sous ce
conseil d'administration, il y aura un P.D.G. qui sera nommé par le ministre et
un P.D.G. adjoint et, évidemment, il y aura, sous ce P.D.G., des directions
adjointes adaptées aux caractéristiques territoriales. Alors, évidemment, dans
une région, s'il n'y a pas de service qui s'adresse à la jeunesse, alors il n'y
aura évidemment pas une direction adjointe à la jeunesse, par exemple. Alors, à
cet étage-là, il y a une variation qui va exister d'un CISSS à l'autre, mais le
corps de la chose ressemble à ce que je viens de vous dire. Évidemment, il y
aura des coordonnateurs locaux, là, l'arborescence de l'organigramme va
descendre jusque dans les institutions parce qu'il doit quand même y avoir un
officier coordonnateur qui devra s'assurer du lien entre la direction du CISSS
et l'installation qui était auparavant un hôpital indépendant.
Le projet de loi prévoit le maintien de
tous les points de service qui existent au moment où on se parle. Il n'y a pas,
dans ce projet de loi, de planification de fermeture de rien, O.K.? Rien. Le projet
de loi ne prévoit aucun changement dans le fonctionnement des fondations
hospitalières, ni dans les relations entre la fondation et l'installation
initiale, ni dans l'utilisation du nom que la fondation existe au moment où on
se parle. Le projet de loi ne prévoit aucun changement pour les activités de
recherche, et on comprendra que les activités que je viens de nommer sont
souvent des activités à caractère identitaire pour une institution, et, dans
l'identité d'un établissement, d'une installation, il y a évidemment la fondation,
il y a la recherche, le cas échéant, mais il y a aussi le lien avec la
communauté et le milieu à proprement parler.
Ce lien-là, historiquement, se faisait par
des conseils d'administration. Vous aurez compris que les conseils
d'administration hospitaliers tels qu'on les connaît aujourd'hui disparaissent
et pourraient, à la demande du milieu, être remplacés par un palier, un palier
sans pouvoir, qui serait essentiellement un conseil dont le rôle serait celui
de faire le lien avec la communauté et d'avoir un rôle aviseur, de faire le
lien aussi avec la fondation, de faire le lien aussi avec la recherche. Ça, ce
sont des éléments, encore une fois, je le répète, à caractère plutôt
identitaire, qui vont demeurer, s'ils le veulent, à l'exécution… à la mise en application
de la loi, mais ces comités-là n'auront pas de pouvoir au sens propre de la
loi. Et s'il advenait, par exemple, que des hôpitaux initiaux veulent, à la
suite de la création d'un CISSS, fusionner leur fondation, libre à eux. Mais le
projet de loi n'apporte aucun changement, ne dirige pas le CISSS vers des
changements à cet égard. Le caractère identitaire de l'hôpital initial demeure
donc tel qu'il était, de même que les autres installations. Il y a des
endroits, là, de services sociaux, de réadaptation et ainsi de suite, là, qui
ont aussi des fondations et des choses comme ça, CHSLD, par exemple.
Le statut linguistique de chaque
installation sera préservé, tel que stipulé à l'article 29.1 de la Charte de la
langue française. Je vous le
lis : «Un établissement reconnu en vertu de
l'article 29.1 de la charte […] se fusionnant avec un établissement non reconnu
conservera cette reconnaissance pour les installations présentes à son permis
avant la fusion.»
Alors, une parenthèse sur cet élément. La
loi que l'on propose aujourd'hui, la loi n° 10, est une loi de transition.
C'est une loi qui est mise en place de façon à faire le passage entre
maintenant, si la loi est adoptée, et évidemment une refont de la LSSSS qui
devra se faire pour rendre, de façon permanente, les... rendre permanentes les
modifications que l'on propose aujourd'hui.
L'affiliation universitaire d'une
installation actuelle sera préservée, et je vous indique que la façon, pour
moi, de pouvoir la préserver passe évidemment par le contrat d'affiliation
entre une installation, le CISSS ou une combinaison de ces choses-là avec l'université,
qui doit être signé par le ministre. Donc, une installation qui aujourd'hui
passerait, par exemple, d'un centre hospitalier affilié, comme l'Hôpital
Maisonneuve-Rosemont, à un CISSS, la partie universitaire qui nécessite
l'affiliation ou qui justifie l'affiliation, avec l'Université de Montréal dans
le cas présent, sera préservée, et ce, pour les quatre universités. À terme,
les économies d'échelle administratives sont estimées d'au moins
220 millions de dollars.
Mais je répète une chose :
aujourd'hui, on s'attaque aux obstacles auxquels font face les patients, on
s'attaque à la paperasse administrative, on s'attaque au fait que le citoyen a
aujourd'hui toujours l'impression de se retrouver devant une tour de Babel
lorsqu'il essaie d'accéder aux soins de santé. Au jour 1 après l'adoption de ce
projet de loi, qu'on se rende bien compte que, pour le personnel qui travaille
dans notre réseau, il n'y a rien qui change. C'est une refonte administrative.
L'infirmière, le technologue, la secrétaire, au jour 1, qui actuellement
travaille dans notre réseau, va rentrer à son travail et faire la même chose
que la veille. Il n'y a rien qui change, il n'y a pas de point de service qui
change, mais ceux qui ont des activités liées au volet administratif,
évidemment, verront des changements significatifs. Alors, ceux et celles et les
autres commentateurs et observateurs de la scène politique qui annonceront
l'apocalypse se trompent, ce n'est pas l'objet de cette réforme. Cette réforme
vise à améliorer ce que l'on pourrait appeler l'expérience-patient dans notre système
de santé, qui, à bien des égards, est sous-optimale.
Voilà. Alors, ça termine ma présentation.
Je vais passer la parole à Mme Charlebois qui vous fera quelques commentaires
sur son secteur d'activité, et on passera ensuite à la période de questions.
Mme
Charlebois
:
Bien, merci. À mon tour, à titre de ministre déléguée à la Réadaptation,
Protection de la jeunesse et Santé publique, je vous dis que je suis très
heureuse de prendre part à cette annonce aujourd'hui parce qu'il s'agit d'une
bonne nouvelle pour l'entière population du Québec. Les changements qui sont
proposés par ce projet de loi entraîneront, comme l'a mentionné mon collègue,
l'optimisation du réseau et l'intégration des services. Plus important encore,
il signifie aussi un accès simplifié aux services pour les usagers et un
parcours plus fluide. Et, en matière de services sociaux et de services de
santé, souvent il y a des besoins qui sont liés d'un côté à l'autre.
Il faut garder en tête que c'est d'abord
et avant tout pour les usagers que nous voulons transformer le réseau de la
santé et des services sociaux. C'est pourquoi ce sont eux qui doivent
prioritairement en ressentir les bénéfices. C'est donc en pensant à eux, et
plus particulièrement aux clientèles vulnérables que je me suis assurée de
certaines choses, comme l'accès aux soins et aux services afin qu'il soit
amélioré, que les ressources financières pour les soins et services qui leur
sont destinés soient protégées, et que l'expertise soit aussi préservée. Il
s'agissait de priorités pour moi, et aujourd'hui j'ai l'assurance que ces
critères sont remplis.
Je crois que les Québécoises et les Québécois
attendent, depuis un certain temps, un tel changement dans le réseau de la
santé et des services sociaux. Il faut bien sûr reconnaître les efforts
réalisés par le passé, qui ont été aussi nombreux qu'importants, et j'abonde
dans le sens de mon collègue en disant qu'aucune action entreprise n'est allée
aussi loin que ce qu'on fait aujourd'hui. C'est parce que nous osons aller plus
loin que nous pourrons atteindre des résultats qu'on n'a encore jamais
atteints. Je suis convaincue que nous arriverons ensemble à transformer notre
réseau d'établissements en un réseau axé sur les usagers et adapté à leurs
besoins.
C'est tout ce que j'avais à dire pour
l'instant. On va prendre les questions.
M. Robillard (Alexandre) : Oui.
On va commencer la période des questions. Je vais me permettre une question, M.
le ministre. Est-ce que le projet de loi augmente les pouvoirs du ministre de
la Santé?
M. Barrette : Alors, à
certains égards, la réponse est oui, mais pas de façon si… pas de façon énorme.
Mais ce que le projet de loi fait, c'est qu'il donne, particulièrement au
ministre, la possibilité d'intervenir à l'étage de la direction du CISSS,
c'est-à-dire que, quand on regarde le mode de fonctionnement aujourd'hui, le
mode de fonctionnement aujourd'hui en est un qui est à trois paliers,
c'est-à-dire qu'il y a des consignes qui sont données ou des orientations qui
sont données par le ministre, mais aujourd'hui, et les agences et les hôpitaux
ont une très grande indépendance, et il n'y a pas la fluidité décisionnelle actuellement
dans l'organisation.
Là, on se retrouve dans une organisation
où le ministre, comme je l'ai dit précédemment, donnera des consignes, des
orientations, et l'administration des CISSS aura la responsabilité de mettre en
application ces orientations-là, mais — et c'est ce qui est nouveau
dans la chose, en fait il y a deux choses qui sont nouvelles — il y a
un palier intermédiaire qui n'existe plus. Donc, les organisations ne peuvent
pas dire : Bon, bien, ce n'est pas moi, c'est l'autre, ce n'est pas
l'autre, ce n'est pas moi et ainsi de suite, comme on le voit régulièrement
dans notre réseau. Pas partout, là, il y a des endroits où ça fonctionne mieux
que d'autres, mais on voit ça.
Ceci dit, si, dans une organisation
donnée, le mode de fonctionnement n'est pas approprié, le ministre a le pouvoir
d'intervenir directement, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Là,
l'intervention va être directe. Alors, je donne un exemple. Lorsqu'il y a eu la
réforme des années 2003, 2004, là, comme on se rappelle, bien, le gouvernement
n'avait pas prévu d'avoir le pouvoir, par exemple, de limiter l'embauche. Alors,
d'ailleurs, nous, on a déjà tenté de prévenir le problème. Comme il y avait des
rumeurs à l'effet qu'il allait y avoir des mesures de ce type-là, bien, il y a
une semaine, un peu plus d'une semaine, on a donné une consigne au réseau, qui
intimait au réseau, à toutes fins utiles, de geler les embauches.
Là, ici, lorsqu'on va faire ça, bien, il
ne sera pas possible, par exemple, à une direction de voir, dans sa structure,
des directions sauter et de créer des directions adjointes qui ne sont pas dans
la catégorie des cadres pour garder le même type d'encadrement. Ça, ça va être
impossible parce que le ministre va avoir le pouvoir d'empêcher ça. Maintenant,
l'objectif n'est pas simplement d'avoir un pouvoir, je l'ai dit à plusieurs
reprises, l'objectif est de faire en sorte que le ministre donne des orientations
et que ces orientations-là soient mises en oeuvre dans le réseau. Mais, si le réseau,
dans son imputabilité, ne livre pas la marchandise, le ministre aura le pouvoir,
effectivement, d'intervenir, le cas échéant.
M. Robillard (Alexandre)
:
Vous avez parlé d'apocalypse. Est-ce que vous vous attendez à de la résistance
au changement?
M. Barrette : Je m'attends à
ce qu'il y ait certainement certaines poches de résistance, c'est tout à fait
normal, mais les consultations que j'ai faites avant de déposer ce projet de
loi là me montrent que, dans le réseau, on attend ce genre de mesures là, et la
population s'attend à ça, et le réseau s'attend à ça. Et il y a bien des gens
qui, dans le réseau, auraient voulu que, ça, ça se passe avant.
Moi, j'ai dit à bien des administrateurs
du réseau que, dans le fond, la réforme qu'on allait faire allait aller là où
ils n'ont jamais pu aller, et, à bien des égards, les administrateurs du réseau
n'ont pas nécessairement pu aller où jusqu'où ils auraient pu parce qu'ils
n'avaient pas les moyens. Là, on leur donne des moyens et un cadre dans lequel
ils vont pouvoir, disons, exprimer leurs talents de gestionnaires jusqu'à la
finalité ultime qui est celle de faire en sorte que le patient ait accès et ait
accès à un réseau sans obstacle entre tous les paliers.
Alors, oui, je m'attends à ce qu'il y ait
un peu de résistance, mais pas à la hauteur que bien des gens annonceraient.
Le Modérateur
: Michel
Pépin.
M. Pépin (Michel)
:
Bonjour, madame. Bonjour, messieurs. M. le ministre, le patient au centre des
décisions, mais, pour revenir sur cette idée que vous avez quand même un
certain nombre de pouvoirs, vous semblez au sommet des décisions, M. le
ministre, voire pouvoir de coordination, pouvoir d'orientation, pouvoir de
fusion supplémentaire, pouvoir de fixer la rémunération, entre autres choses,
et sans parler du fait que vous pouvez remplacer les P.D.G. ou, en tout cas,
suspendre les P.D.G. et les conseils d'administration. Bon, on pourrait
continuer… pouvoir de nomination, je pense que je ne l'ai pas dit.
Il y a des risques à la centralisation qui
sont bien connus. Est-ce que vous en voyez? Bien, par exemple, délai dans la
prise de décision, perte d'autonomie, perte d'initiative. Est-ce que vous voyez
ces risques-là, vous?
M. Barrette : Je pense que
vous voyez ce projet de loi comme étant le contraire de ce que l'on veut faire.
Il ne s'agit pas ici de centraliser la gestion du système de santé dans les
mains du ministre, il s'agit au contraire de le décentraliser. Le ministre doit
quand même avoir la responsabilité de déterminer les orientations qu'on doit
prendre dans le réseau.
Je vous donne un exemple, O.K., très
simple, qui a existé récemment. Un hôpital, que je ne nommerai pas, là, pour ne
pas mettre des gens dans l'embarras, un hôpital communautaire voulait développer
un service de chirurgie thoracique. C'est un exemple vécu, là, dans la dernière
année, là, pour ne pas donner plus de précisions. Cet hôpital communautaire
voulait développer, pour des raisons budgétaires... l'administration voyait un
intérêt de faire entrer de l'argent par une autre voie, alors que... je ne sais
pas trop comment qu'ils voyaient les choses, là, mais c'était leur optique.
Or, la chirurgie thoracique est une
activité hyperspécialisée, qui demande comme expertise, évidemment, d'être
faite idéalement dans les mains de gens qui en font beaucoup. Ça peut être fait
par des chirurgiens qui en font moins souvent, mais l'idéal, là, en termes de
performance, c'est de concentrer cette activité-là — et c'est ce sur
quoi tous les gouvernements ont travaillé jusqu'à
récemment — concentrer certains types de chirurgie thoracique dans
les hôpitaux universitaires ou des centres désignés. Cet hôpital communautaire
là, là, dans sa propre autorité, a décidé de mettre en place des
investissements, des structures pour recevoir une clientèle de ce type. Ce n'est
pas normal. C'est là que le ministre doit agir et mettre de l'avant des
orientations qui soient claires pour tout le monde. Pas simplement pour le
bénéfice du système, mais du patient.
Alors, on ne peut pas, dans cet
exemple-là, faire en sorte que tout un chacun décide de partir dans toute une
chacune direction parce que bon le leur lui semble. On ne peut pas faire ça. Le
rôle du ministre est de mettre en place des orientations. Après, les gens...
là, ils sont décentralisés, là. Ils mettent en oeuvre de façon imputable les
directions qui sont décidées par le ministre. Sinon, si on allait dans l'autre
logique, qui est celle que vous semblez peut-être soulever, mais là je dis ça,
donc...
M. Pépin (Michel)
:
Moi, je vous demande simplement les risques de la centralisation. Est-ce que
vous n'êtes pas inquiet, vous? Est-ce que vous ne voyez pas de centralisation
pantoute dans ce projet de loi là?
M. Barrette : Comme je vous
l'ai dit, il s'agit d'une loi de transition, une loi de transition qui va nous
faire passer de l'état actuel des choses à un point d'arrivée dans lequel il
sera clairement dit, dans une loi permanente, que le ministre est là pour
déterminer les orientations, et le réseau est là, de façon décentralisée, avec
une autorité sur un territoire, pour mettre en oeuvre ces orientations-là au
bénéfice des citoyens. Je répète, au bénéfice des citoyens, pas au bénéfice
d'un quelconque fantasme. Ça ne veut pas dire qu'une autorité régionale n'a pas
l'autonomie d'innover, de penser à faire les choses différemment, de mettre en
commun, avec les autres CISSS, des innovations. Ça ne veut pas dire ça. Mais,
en quelque part, quelqu'un doit donner des orientations et non pas gérer le
réseau, des orientations.
C'est une forme de régionalisation qui
s'arrête à un niveau. Il faut le voir comme ça. Le niveau ultime est celui de
la taxation régionale. Le pas de plus, et ce n'est pas ça qu'on annonce et ce n'est
pas ça du tout, du tout que l'on veut faire, mais ce vers quoi vous vous en
allez dans votre question, c'est un niveau de régionalisation totale, où on a
l'imposition et la taxation locale, la négociation locale de la rémunération
des médecins, du personnel et ainsi de suite. Ça, c'est une autre forme de
fonctionnement. C'est des provinces dans des provinces. C'est quelque chose qui
fonctionnerait peut-être.
Le pas avant, c'est ce qu'on propose. Le
pas avant, c'est : le ministre donne des orientations, et la région a la responsabilité
de mettre en oeuvre ces orientations-là. Et ce n'est pas du tout une
centralisation à l'exception d'un élément qui est celle… celui, plutôt, des
orientations. Et je pense que les orientations, il doit y avoir quelqu'un qui
les décide en quelque part au Québec.
Le Modérateur
: Donc,
on passe maintenant à Denis Lessard. Donc, si c'est possible aussi, là, le
temps presse un petit peu, donc peut-être de se limiter en termes de questions
puis de réponses aussi, s'il vous plaît.
M. Lessard (Denis)
: Deux
questions assez courtes. La première, c'est : Est-ce que je me trompe ou
vous allez choisir, nommer tous et chacun des membres des conseils d'administration,
alors qu'avant je pense qu'il y avait une partie des conseils qui était choisie
localement?
M. Barrette : Tout à fait.
Alors, la partie qui est choisie localement, elle demeure proposée localement
dans le projet de loi. Alors, pour chaque titre, là, mettons les soins
infirmiers, par exemple, une liste de quatre personnes doit être déposée, et le
ministre va décider.
Je pense qu'au départ de cette réforme-là
on doit s'assurer que les équipes qui soient mises en place aient au moins deux
caractéristiques. Un, elles doivent être compétentes en termes de gestion. Et
ça, j'insiste là-dessus, là, il y a beaucoup de conseils d'administration, dans
certains endroits, où les gens qui sont sur ces conseils le sont pour toutes
sortes de raisons, là, mais ce n'est pas tout le monde qui a une grande
expérience en santé. Alors là, je pense que les gens doivent être sélectionnés
pour ça.
Alors, les sept personnes qui sont
indépendantes sont indépendantes, et nommées par le ministre, et sont choisies
pour des raisons de compétence. Les gens qui sont issus du milieu, selon le
mode que je qualifierai de traditionnel, alors c'est une liste de noms qui est
proposée, et il y a une sélection qui est faite. Et la raison pour laquelle le ministre
doit avoir le pouvoir d'avoir cette sélection-là, c'est pour s'assurer que,
dans ces conseils d'administration là, on respecte la diversité et
géographique, et culturelle, et de mission des différents centres.
Alors, je fais la parenthèse suivante, qui
est très importante pour tout le monde, là, dans l'explication du projet de loi.
Le CISSS qui est créé ne sera pas la reconduction du conseil d'administration
de l'agence et ne sera pas non plus le conseil d'administration du plus gros hôpital
qui fait un «takeover», une prise en charge de tout le réseau. Le CISSS est une
administration qui vise à être indépendante de façon à traiter tout le monde
sur le même pied. L'essence de la chose est de faire en sorte que l'attention,
la finalité de l'activité de l'étage administratif soit sur le patient, peu
importe où il est, peu importe où il se trouve dans la hiérarchie des
ressources du réseau.
Alors, à un moment donné, là, le patient,
là, qui est en centre jeunesse ou qui est en centre de réadaptation, là, pour
l'administration, doit être aussi important que l'hôpital universitaire, par
exemple, qui existerait dans le CISSS. Et c'est la raison pour laquelle il ne
faut pas que ça soit un «takeover» du gros hôpital du reste, par exemple, parce
qu'on le sait, dans le réseau, là, les gens qui sont dans le secteur de ma
collègue sont, en général, les gens qui se considèrent, et souvent le sont dans
la réalité, négligés par la grande organisation. L'objectif, encore une fois,
vise le patient, que tous les patients aient accès d'une façon équitable aux
soins et que, lorsqu'ils arrivent dans le réseau, le cheminement soit le plus
fluide possible.
Si je laissais… Pas que je ne veux pas la
laisser, mais, si elle prenait la parole, Mme Charlebois vous expliquerait que,
lorsqu'on est en centre jeunesse, des fois, on a des problèmes de santé, là, de
tous types, et, quand arrive le moment d'aller chercher ces services-là dans la
médecine dite traditionnelle, là, bien, ce n'est pas toujours fluide, puis ça
ne marche pas toujours comme ça devrait marcher, alors que c'est le contraire
qui devrait arriver.
M. Lessard (Denis)
:
Une question pour Montréal parce qu'il y a les cartes, là, mais ça ne me paraît
pas clair. Quels sont les cinq établissements qui vont prendre le lead, si on
veut, ou devenir des CISSS?
M. Barrette : Alors, encore
une fois, ce ne sont pas des établissements qui vont devenir des CISSS. Les
CISSS sont des entités administratives qui ont la responsabilité de
l'organisation et de la desserte des soins, dans lesquels il y a des hôpitaux
qui sont effectivement têtes de pont, là. Alors, on a dit qu'on vise la
fluidité de la première ligne jusqu'à l'hôpital tertiaire. Alors, il y a des
CISSS qui auront un hôpital universitaire, d'autres qui auront un hôpital plus…
hiérarchiquement, de plus haut niveau, mais il n'y aura pas nécessairement un
hôpital universitaire qui va prendre en charge les cinq régions.
Alors, dans l'Est de Montréal, essentiellement,
ce sera… dans l'Est de Montréal, le regroupement de toutes les installations de
l'Est de Montréal, qui incluront Maisonneuve-Rosemont, par exemple, et
Louis-H.-La Fontaine. Dans cette organisation-là,
Louis-H.-La Fontaine, évidemment, va conserver sa mission régionale et
suprarégionale, mais le volet administratif va être sous une seule autorité. Il
y en a un qui sera celui de Bordeaux-Cartierville, qui aura évidemment
Sacré-Coeur à sa tête. Il y en aura un qui sera au coeur de l'île, qui
comprendra Jean-Talon et Jeanne-Mance, lorsque Jeanne-Mance sera Jeanne-Mance.
Il y aura le centre de l'île qui comprendra deux hôpitaux principaux, en fait
deux hôpitaux actuels que sont St. Mary's et l'Hôpital général juif, et les
autres hôpitaux, donc de l'Hôpital de Verdun jusqu'au Lakeshore, seront dans le
cinquième. Et, comme je l'ai dit, le CHUM, le CUSM, Sainte-Justine et
l'Institut de cardio seront autonomes.
Le Modérateur
: O.K.
Donc, maintenant c'est Gilbert Lavoie. Juste pour vous dire, après c'est Louis,
Davide, Julie, Véronique, Charles puis M. Pelchat, puis ensuite de ça on passe
à l'anglais. Donc, Gilbert Lavoie.
M. Lavoie (Gilbert)
:
Vous avez dit, M. le ministre : Les Québécois n'en ont pas pour leur
argent. Ça ressemble beaucoup à un ancien slogan électoral de la Coalition
avenir Québec, mais passons. Vous avez également dit : Ce projet de loi
est le premier centré sur le patient mais ce n'est pas le dernier. Vous vous en
allez dans quelle direction après ça?
M. Barrette : C'est-à-dire que
ce que je voulais dire par là, plus précisément, est que, pour en arriver à ce
que notre système de santé soit, dans les faits, vraiment et entièrement centré
sur le patient, il faut changer la culture. J'insiste là-dessus, là, ce n'est
pas simplement un retour à l'exercice budgétaire, c'est un changement de
culture, un changement de culture pour le futur. D'autres organisations ont
réussi à faire ça, et il y en a qui ont fait ça il y a 20 ans, il y en a qui
ont fait ça il y a 50 ans, et ça fonctionne ailleurs, et ce n'est pas encore le
cas aujourd'hui.
Alors, le premier geste est cette
refonte-là, qui est une refonte administrative sur laquelle les choses doivent
se greffer. Alors, parmi ces choses-là, parmi les éléments qui doivent venir à
la suite, j'en ai nommé un. Je ne les nommerai pas tous au complet aujourd'hui,
mais j'en ai nommé un qui est le financement à l'activité. Alors, pensez-y, là,
demain matin — ça ne sera pas demain matin, là, mais dans un avenir
très rapproché — lorsque le financement à l'activité sera en place,
l'administration du CISSS n'aura plus à gérer les guerres de clocher entre les
établissements. Cette administration-là, là, aujourd'hui, là, c'est une administration
dans un hôpital qui arrive le matin lorsqu'il y a un budget, là : Bon, à
qui je vais donner des dollars? Je vais-tu donner des dollars au service de
cardiologie? Est-ce que je vais donner des dollars au CHSLD? Est-ce que je vais
donner des dollars à… Non. Là, le financement à l'activité enlève cette
contrainte-là, parce que ça sera le financement à l'activité. Alors, le CISSS
aura un fardeau de moins pour porter son attention aux patients.
Regardez du côté médical. Réalisez que,
lorsqu'il y a un CISSS, là, à la fin de la journée, il y a un CMDP. Ça veut
dire que l'organisation a à s'assurer que les services sont donnés partout.
Aujourd'hui, si vous prenez n'importe quel CISSS, là, vous avez, dans un
secteur d'activité donné, des services donnés correctement à une place,
sous-donnés, on va dire, à un autre endroit puis en surplus parfois dans un
endroit X. Le CISSS aura la responsabilité de s'assurer de la desserte à la
fois professionnelle en termes de qualité, mais aussi géographique dans son
réseau. C'est une dynamique qui est complètement différente.
Et là je me rapproche du côté médical. Il
devra y avoir une collaboration médicale dans cet exercice-là pour faire en
sorte que tout le monde marche dans la même direction au même pas. Ça, c'est un
élément dont on discutera ultérieurement, évidemment, parce qu'il y a des
consultations à faire avec les organisations médicales. Encore une fois, quand
vous prenez tout ça dans son ensemble, là, l'idée est de mettre en place une
organisation où les obstacles administratifs n'y sont plus et où la finalité
est le patient, tout le temps.
Je vais vous donner un exemple plus
concret, si vous voulez, M. Lavoie. Aujourd'hui, là, au moment où on se parle,
de quoi se plaignent les médecins de famille par rapport à la médecine
spécialisée? L'accès. On est d'accord? Trop long. Alors, un CISSS aura la
capacité de gérer les grilles de rendez-vous et de réserver des places de
rendez-vous chez le spécialiste pour la première ligne. C'est ça, son rôle, et
il y aura ce pouvoir-là dans cette refonte-là. Puis je vais aller même plus
loin, il y a au moins les deux tiers des médecins qui vont être d'accord avec
ça parce que même les médecins sont tannés de voir le dysfonctionnement du
système.
Alors, ça, c'est le genre de chose… c'est
des exemples concrets que je vous donne, qui vont faire en sorte qu'on l'aura,
là, l'accès, on l'aura, la fluidité, on l'aura, la qualité des soins.
Aujourd'hui, on vit dans une ère de guerres de clocher, et ça, ça va arrêter
avec ça.
Le Modérateur
: Donc,
on poursuit avec Louis Lacroix. M. le ministre, comme le temps file un petit
peu, si c'est possible de ramasser un peu vos réponses, s'il vous plaît.
M. Barrette : Oui, c'est
correct.
Le Modérateur
: Merci.
M. Lacroix.
M. Lacroix (Louis)
: M.
Barrette, bonjour, mesdames messieurs. Vous coupez 30 % des budgets à la
Direction de la santé publique. Est-ce qu'il va y avoir des services qui vont
être coupés du même coup? Est-ce que ça implique que la santé publique,
dorénavant, va faire moins d'études par exemple, ou va se pencher sur moins de
cas de santé publique au Québec?
M. Barrette : Je vais laisser
Mme Charlebois s'adresser à vous parce que c'est son secteur d'activité.
Mme
Charlebois
:
Bien, en fait, ce qu'on a parlé, c'est d'optimisation. Actuellement, les
directeurs de santé publique, il y a un directeur par région, mais chaque
établissement a son directeur de... bien, en fait, pas un directeur de santé
publique mais un département de santé publique. Alors, en ayant un CISSS, il y
aura un directeur de santé publique par CISSS et, avec lui, aura une certaine
expertise. Mais c'est... dans l'effort d'optimisation, il n'est aucunement
question de couper des services en santé publique.
M. Lacroix (Louis)
: Ma
deuxième question, ce serait sur... parce que là, bien, en mettant tous ces
centres-là ensemble, là, en faisant ces fusions, finalement, de points de
service ensemble pour créer les CISSS, est-ce que vous avez prévu les
ressources informatiques, par exemple? Est-ce que les systèmes existent en ce
moment? Est-ce qu'il va falloir les créer? Parce que ça coûte très cher à
créer.
M. Barrette : Oui. C'est une
excellente question.
M. Lacroix (Louis)
:
Merci.
M. Barrette : Alors, si
vous... Non, non, elle est effectivement excellente. Parmi les moyens qu'on
doit mettre en place pour faire en sorte qu'on arrive au but recherché, il y a
effectivement une mise à jour informatique qui doit se faire et a été prévue
dans le dernier budget.
Si vous retournez aux derniers crédits,
vous allez peut-être constater qu'il y a un budget de 65 millions qui est
attribué précisément à ça, et je m'explique. Aujourd'hui, en termes de
comptabilité, nous n'avons pas un système qui est uniforme et nous n'avons pas un
système qui nous permette en temps réel, par exemple, de savoir quelle est la
performance de tel ou tel hôpital. Alors... et en plus, les mesures qui sont
faites, en termes de comptabilité, d'un endroit à l'autre, ne sont pas
uniformes non plus. Alors, le ministère des Finances, conjointement avec nous,
avons décidé de mettre en place... d'affecter 65 millions de dollars pour
que, dans le système, nous puissions avoir une comptabilité qui soit uniforme.
Maintenant, pour ce qui reste des autres
éléments en termes informatiques, bien là, on n'a pas à investir nécessairement
des sommes supplémentaires, on a à finalement finir l'application du DSQ, qui,
soit dit en passant, est prêt à être utilisé mais ne l'est pas encore pour
toutes sortes de raisons d'obstacles administratifs que, par cette loi-là, nous
pourrons lever.
Le Modérateur
: Davide
Gentile.
M. Gentile (Davide) : M.
Barrette, qu'est-ce que ça change, demain matin, pour le commun des mortels,
ça? Ou combien de temps est-ce que la population peut attendre pour espérer
voir un changement concret ou une amélioration concrète?
M. Barrette : Bien là, je vais
vous inviter à poser cette question-là, évidemment, à nos collègues des deux oppositions,
parce que le projet de loi, moi, si on peut le passer rapidement, on aura des
effets rapides. Non, mais il n'en reste pas moins, là, que c'est ça, là. Moi,
je ne sais pas quelle sera la réaction des deux oppositions en termes de collaboration
pour faire passer ce projet de loi le plus vite possible... le plus rapidement
possible.
M. Gentile (Davide) : Partons
de la prémisse qu'il est accepté, là, qu'il est...
M. Barrette : Partons de la
prémisse qu'il est accepté. Nous sommes convaincus que, dans ce mandat, la population
va voir des changements substantiels. Alors, évidemment, là, ce que l'on
propose, ça prend un certain temps, là, à mettre en place, mais nous sommes
convaincus que, dans un premier mandat et bien avant la fin du premier mandat,
les gens vont voir une différence très significative. Mais...
M. Gentile (Davide) : Comment
ça s'articule dans la vraie vie? C'est quoi? J'appelle, je ne tombe pas dans un
répondeur, vous êtes... il y a un médecin ou...
M. Barrette : Alors, les
éléments auxquels vous faites référence font actuellement partie de la
réflexion que l'on continue, parce que j'ai dit à la question de
M. Lavoie, il y a quelques minutes, qu'il y avait plusieurs éléments à
mettre en place. Il y a d'autres volets à mettre en place, et ils seront
annoncés en temps et lieu. Et je vais être très candide avec vous, là, je vais
être très franc et très transparent, si nous ne faisions que ça, revoir la
structure comme on la présente, là, on va aller faire une économie minimale de
220 millions, mais ce n'est pas ça seul qui va résoudre tous les problèmes.
Il y a d'autres éléments qui vont vous être présentés dans cette session-ci, en
temps et lieu, sur lesquels on planche et qui sont essentiels pour que la
réforme que l'on met en place soit maximisée.
M. Gentile (Davide) : Combien
d'autres étapes? Deux, trois, quatre?
M. Barrette : Bien là, vous
m'en demandez beaucoup.
M. Gentile (Davide) : Vous
avez l'air content, là.
Mme
Charlebois
:
J'en ai un, exemple, pour vous, moi, M. Gentile. Exemple, les centres
jeunesse, quand il y a un signalement qui est fait pour un jeune, il y a une
portion des signalements qui ne sont pas retenus qui doivent revenir à la
première ligne. Actuellement, là, ce n'est pas clair que les signalements qui
ne sont pas retenus reviennent rapidement en première ligne. Souvent, le jeune
doit s'entretenir avec plusieurs personnes avant d'obtenir... parce que, quand
il est retenu, il reste au centre jeunesse, mais sinon... ça ne veut pas dire
qu'il n'a pas besoin de soins, le jeune, mais là, c'est flou, alors que, quand
ça va être dans un établissement, bien, les services pour les centres jeunesse
et pour les enfants qui sont là, au centre jeunesse, mais pour les autres aussi,
vont être dans la fluidité. Quand on parle de fluidité...
M. Gentile (Davide) : Donc,
en deux mots, ça va être plus clair, ça va être plus...
M. Barrette : Bien, je peux
vous donner... Oui, plus clair, dans le sens de la fluidité, vous voulez dire,
ou plus clair dans le sens de l'explication?
M. Gentile (Davide) : Pour le
commun des mortels, en trois mots, ça va donner quoi, ça, cette réforme-là,
dans un an, mettons?
M. Barrette : O.K. Alors, je
vous donne... À ce moment-là, je vais vous donner un exemple pragmatique, là. Lorsqu'on
sera sous une seule administration, ça, dès les premières semaines après
l'adoption de la loi et la mise en application de la loi, le citoyen, là, aura
accès à un guichet unique. Ce guichet unique là va pouvoir l'orienter peu
importe où il est dans le parcours de soins, au bon niveau et l'accompagner par
la suite. Ce guichet unique là, qui sera un guichet régional, va être une
entité réelle, là — réelle ou virtuelle parce que ça sera soit au
téléphone, soit sur un site Internet, là — mais va pouvoir donner
clairement l'information au citoyen où aller, quoi faire pour tel problème, par
exemple. C'est un exemple.
Je vais vous donner un autre exemple. Ce
guichet-là, là, ce qu'il va faire, à un moment donné, ou cette organisation-là,
quand le médecin de famille, là, qui est à Sorel, O.K., et qui a besoin d'un
examen spécialisé à Charles-Le Moyne, bien là, il ne va pas faire comme avant,
là : Madame, voici, vous avez une prescription puis allez trouver une
place où on peut vous donner cet examen-là. Non. Ça, ça va être terminé. Le
rendez-vous sera pris du cabinet vers le guichet, vers l'endroit en question.
O.K.? C'est des choses comme ça qui seront mises en place, là, puis il y en a
d'autres. Mais, à la fin, pour le patient, c'est l'accès et la fluidité, tout
le temps. Pour faire ça, là, pour simplifier ce parcours-là, il faut qu'il y
ait une autorité.
Aujourd'hui... Je vais vous donner un
autre exemple que j'ai utilisé dans une campagne électorale précédente, la
dernière. Il y en a eu d'autres, là, mais juste la dernière. Alors, je
vous donne un exemple, là, O.K.? Je m'égosillais contre mon adversaire à
expliquer que les médecins de famille, le problème qu'ils ont avec la médecine
spécialisée en premier, c'est l'échographie. Et je disais : Le ministre a
juste à donner la consigne aux hôpitaux de réserver des plages pour les
médecins de famille. C'est-u compliqué, ça? C'est simple. Mais aujourd'hui, un,
ça n'a pas été fait et puis, deux, aujourd'hui, dans une certaine mesure, ça
pourrait ne pas être faisable parce que l'hôpital a le pouvoir de me dire non.
Alors, dans une autorité comme ça, là, ce
n'est pas moi qui va le dire, à l'autorité, de faire ça, là, ce n'est pas moi.
Ça va être une évidence, là, comme le soleil qui se lève le matin, que le
médecin de famille doit avoir des plages réservées dans le service d'échographie
de tel hôpital pour la simple et bonne raison que, pour les gens qui font l'échographie,
là, que ça vienne de la première ligne ou que ça vienne de l'hôpital, si la
capacité est là, elle est là. Et aujourd'hui on ne peut pas faire une chose
simple comme ça. C'est simple, là, puis on ne peut pas le faire.
Qu'est-ce qu'il fait, le patient? Moi, je
peux vous parler de gens que je connais, là, qui ont eu à vivre ça récemment.
Besoin d'un examen, le médecin leur donne une feuille de prescription :
Trouvez-vous une place. Bien, ça, c'est terminé ou ça sera terminé le jour où
ce projet de loi là sera mis en application.
Le Modérateur
: On
passe maintenant à Julie Dufresne.
Mme Dufresne (Julie)
:
Bonjour à tous. Dr Barrette, un peu dans cette lignée-là, vous avez dit vous-même
tout à l'heure que c'était fini, les multiples cartes d'hôpitaux. Donc, ça
s'inscrit dans cette idée-là de guichet unique? Ça veut dire quoi? Je jette
toutes mes cartes?
M. Barrette : Non. Ça, ça ne
s'inscrit pas dans un guichet unique, ça s'inscrit dans la fluidité et
l'intégration des services. Un CISSS, un dossier au bout de la ligne, là, donc
une carte, pas 12 numéros, là. En clair, ça veut dire…
Mme Dufresne (Julie)
: En
clair, vous n'aurez plus une carte de L'Enfant-Jésus, de Laval, de…
M. Barrette : C'est ça. En
clair, vous avez un dossier, dans cet hôpital-là, dans cette… je m'excuse, dans
cette institution-là, dans le CISSS.
Mme Dufresne (Julie)
:
Dans le CISSS, d'accord.
M. Barrette : Vous êtes dans
un centre jeunesse, là, pour ce qui est permis par la loi, parce que, lorsqu'on
arrive dans ce secteur-là, il y a des contingences juridiques, là, mais ce qui
est partageable est partagé.
Mme Dufresne (Julie)
:
Autre exemple concret. Pourriez-vous, avec les pouvoirs qui vous seraient
dévolus, vous-même, changer l'orientation d'un centre? Exemple, je ne sais pas,
le Centre mère-enfant Québec, non, l'obstétrique, ça ne sera plus là.
M. Barrette : Ça, c'est des…
Une voix
: …
M. Barrette : Pardon? Ça, ce
n'est pas nouveau, là, on l'a déjà, là. Ça fait partie déjà des pouvoirs du
ministre.
Mme Dufresne (Julie)
: Peut-être
une dernière précision sur les 1 300 postes de cadre qui n'existeront
plus. On a peut-être mal compris, probablement, mais ça semblait être en grande
partie de l'attrition.
M. Barrette : Vous avez bien
compris. Je pense que l'explication vous a été donnée dans le briefing
technique, là, c'est une combinaison de choses. Il va y avoir de l'attrition…
Une voix
: …
M. Barrette : Pardon? Oui,
peut-être que M. Fontaine peut vous le redire, là.
Mme Dufresne (Julie)
:
Non, mais j'aimerais, là… Vous, vous en comprenez quoi?
M. Barrette : Mais c'est une
combinaison de choses, là. Il y a aura effectivement de l'attrition au sens
propre du terme, il y aura des retraites évidemment, il y aura des gens qui
auront le loisir de postuler, dans le réseau, sur certains postes. Et, si vous
me posez la question : Est-ce que ce sera des congédiements?, la réponse
est non parce qu'on va quand même respecter les conventions collectives qui
sont en place.
Une voix
: …
M. Barrette : Par exemple, ils
vont quitter.
M. Gentile (Davide) : Il y en
a combien?
M. Barrette : Ah! ça, je n'ai
pas le chiffre.
M. Fontaine (Michel) : Non,
on n'a pas de chiffre de ça, parce que normalement, ça, c'est des remplaçants,
puis on n'a pas les statistiques. C'est des remplaçants de maladie, des
remplaçants de maternité ou autre, c'est… On appelle ça des occasionnels. Puis
je vous expliquais tout à l'heure qu'ils ont une priorité d'emploi, mais ils
n'ont pas une sécurité d'emploi.
Une voix
: …
M. Fontaine (Michel) : Une
stabilité d'emploi sur trois ans.
M. Gentile (Davide) : C'est
quoi la différence entre stabilité puis sécurité d'emploi?
M. Fontaine (Michel) : Bien,
la stabilité… bien, c'est parce que c'est deux conventions collectives
différentes, là…
M. Gentile (Davide) : Non,
mais est-ce que ce sont deux mots synonymes? Pour moi, oui.
M. Fontaine (Michel) : Non,
non, non, parce que la stabilité d'emploi, ça prend fin au bout de trois ans,
et il y a une possibilité de prendre une option, de dire : Moi, j'aimerais
quitter le réseau avec une année de salaire, ou prendre un replacement trois
ans, ou, au bout de trois ans, il n'est pas replacé, il s'en va. La sécurité
d'emploi, c'est les employés syndiqués avec une sécurité à vie, à la limite,
jusqu'à temps qu'ils sont replacés. On a le droit de les replacer, quand même,
là, mais ils ont une sécurité d'emploi.
Le Modérateur
:
Véronique Prince.
Mme Prince (Véronique)
:
Oui. J'ai juste une question pour mes collègues de Gatineau, en même temps, vu
qu'on parle des CSSS. Le CSSS de Gatineau, qui fait un déficit de 4 millions
de dollars, il me semble que la loi ne leur permet pas de faire ça. Est-ce que
je me trompe?
M. Barrette : Non, non, vous
ne vous trompez pas.
Mme Prince (Véronique)
:
Qu'est-ce que vous pensez de ça, un CSSS qui fait des déficits de 4 millions?
Est-ce que, entre autres, votre réforme peut…
M. Barrette : Vous savez, les
déficits des CSSS, malheureusement, sont des déficits collectifs de tous les
Québécois. Alors, ce que je vous dis, c'est que ce que j'en pense, c'est que ce
n'est pas vraiment acceptable. Il faut voir, évidemment, les circonstances qui
mènent à un déficit, là. Il peut y avoir des circonstances exceptionnelles, là,
il peut arriver un désastre, là, immobilier qui fasse en sorte qu'on puisse
faire telle, telle chose, là, mais, dans d'autres circonstances, il y a des
déficits qui ne sont pas justifiables.
Et une… Quand je parle d'imputabilité des
administrations de CISSS, un administrateur, sa première imputabilité, là, je
comprends qu'il y a les soins, là, mais il n'en reste pas moins qu'une des
grandes parties de ses responsabilités, sinon une des plus importantes, là, est
d'entrer dans son budget, là. Alors, dans la structure que l'on vise, quand on
parle d'imputabilité, là, c'est des livrables à livrer, c'est des services à
donner selon les orientations qui sont établies par le ministère, et c'est rentrer
dans son budget, là.
Alors, quand on fait le financement à
l'activité, là, c'est entre autres pour ça. Il y a un financement qui est fait
parce qu'il y a un financement qui est établi à l'activité, puis si, à la fin
de l'année, avec les activités données, ce CISSS là se retrouve en déficit, il
va y avoir de fichues explications à donner pour justifier le déficit. Alors,
on ne peut plus vivre dans ce mode-là. Et je vais être plus précis, là, au
moment où on se parle, on est dans une époque de budget historique, et il y a
des gens dans le réseau qui me disent : Ah! là, cette année, on va être en
déficit d'à peu près 0,8 %, 1 %. Oui, mais c'est parce que 1 %,
là, dans notre système de santé, c'est 300 millions de dollars. On ne
vivra plus avec ça, là, avec des approches qui disent que ce n'est pas grave
parce que c'est un petit chiffre. Le petit pourcentage donne des gros montants,
et le Québec ne peut plus se permettre d'avoir un mode de gestion qui est
celui-là.
La responsabilité administrative, là, je
dis ça à côté des soins, d'un administrateur, d'un directeur et d'un conseil de
CISSS, d'abord et avant tout, est de rentrer dans son budget. Et ça, ça ne veut
pas dire de couper les services, là. Quand on est au financement d'activités, ça
veut dire que l'activité peut être financée à ce montant-là. La personne qui
arrive en déficit, bien, manifestement, a des problèmes de gestion.
Le Modérateur
: Charles
Lecavalier.
M. Lecavalier (Charles)
:
M. le ministre, vous allez avoir, avec ce projet de loi là, s'il est adopté, le
pouvoir de nommer beaucoup, beaucoup de gens à beaucoup de postes. Je ne
reviendrai pas sur les histoires de post-it, là, mais ça va être quoi, la
transparence qu'il va y avoir dans ces nominations-là? Est-ce qu'il va y avoir
des garde-fous que vous ou vos successeurs… on ne va pas faire des nominations…
M. Barrette : Écoutez, les
choses ne sont pas établies. Oui, il peut y avoir des garde-fous. Ça peut être
des nominations par concours, il y a plusieurs formules qui sont utilisables,
mais, au bout de la ligne, je pense qu'il est normal… Je comprends votre point,
là. Je comprends l'inquiétude, mais, à l'inverse, je pense que le ministre, ou
le ministère, ou le gouvernement a la responsabilité de s'assurer que la
personne qui est nommée est compétente. Évidemment, vous allez être là pour
veiller sur nous.
M. Lecavalier (Charles)
:
O.K., mais, dans la loi, il n'y a pas de garde-fou de prévu?
M. Barrette : Vous faites
référence à quel garde-fou?
M. Lecavalier (Charles)
:
Bien, je ne sais pas, vous dites qu'il pourrait y avoir des garde-fous. Est-ce
que…
M. Barrette : Alors, comme M.
Fontaine le mentionne, on peut avoir des comités d'experts, on peut avoir des
concours, on peut avoir des recommandations de tierces personnes. Ultimement,
on précisera la chose. C'est certainement un sujet qui va être largement
débattu en commission parlementaire.
Moi, je peux vous dire une chose tout de
suite, là, clairement aujourd'hui : Qu'on me propose tous les garde-fous
possibles pour faire en sorte que la décision soit impartiale, je n'ai aucun problème,
dans la mesure où la personne ou les personnes parmi lesquelles on aura à
choisir soient compétentes.
M. Lecavalier (Charles)
:
Bien, sinon, si je comprends bien, le CHUM et le CUSM vont être indépendants,
un peu, du réseau. Pourquoi ce n'est pas la même chose, par exemple, avec
l'hôpital universitaire de Québec ou celui de Sherbrooke?
M. Barrette : Alors, l'hôpital
universitaire de Québec et celui de Sherbrooke... D'ailleurs, en
passant — parce que c'est à peu près la même
dynamique — eux ont fait l'exemple que ce que l'on propose
aujourd'hui se fait. O.K.? Ils ont fait déjà, en grande partie mais
incomplètement, ce que l'on veut faire. Alors, cette fusion-là s'est faite, il
n'y a pas eu d'apocalypse à Québec aux dernières nouvelles, et le pas qu'ils
n'ont pas fait, c'est une certaine intégration plus fine ou plus approfondie
dans, par exemple, les services sociaux, les centres jeunesse et ainsi de
suite. Mais, eux, ils ont fait qu'une grande partie du chemin était
parfaitement faisable à partir d'institutions qui, à la case départ, étaient
infusionnables.
Je peux vous donner un autre exemple, là,
où une grande partie de ce chemin-là est fait circonstanciellement, parce que,
géographiquement, ils ont un hôpital, et c'est Laval. Alors, dans la région de
la Cité de la santé sur l'île de Laval, bien, tout ça est intégré et coordonné
presque complètement. Et ils vivent ça à tous les jours, sauf que ce n'est pas
exécuté dans un texte de loi actuel. Alors, il y a des précédents presque
complets au Québec. Maintenant... et ça fonctionne, et il y a des économies. La
fusion à Québec, elle a été faite, d'ailleurs, par M. Fontaine lorsqu'il
était le P.D.G. de l'agence, et il y a eu des économies. Elles existent et
elles ont été démontrées.
Alors, nous, on se sert de ça pour
l'appliquer à la grandeur de la province parce que ça se fait au Québec, ça se
fait ailleurs sur la planète et ça se fait aujourd'hui. L'Angleterre fonctionne
comme ça. La semaine dernière, il y avait le Forum des idées qui a été organisé
par nous à Montréal, et il y a un représentant, M. Evin, qui est venu de
France, de la haute autorité française, nous faire une présentation justifiant
la nécessité aujourd'hui d'aller dans cette direction-là. Il utilisait des
termes différents, mais on ne parlait que d'intégration, sous une autorité, de
tous les services de santé et les services sociaux sur un territoire.
C'est la bonne façon de faire la gestion
pour des raisons d'intégration, d'accès aux soins, de fluidité, de contrôle de
coûts. On s'inspire des autres, là, et ça se fait ailleurs. Il n'y a aucune
raison pour lesquelles ça ne serait pas un succès au Québec. Aucune. Le patient
d'abord, toujours le patient, et la mesure se fera évidemment budgétairement,
mais le patient d'abord, d'abord, d'abord, tout le temps.
Le Modérateur
: M.
Pelchat, ensuite ça va être Marco et les questions en anglais.
M. Pelchat (Martin)
: Juste
un petit commentaire concernant ce que vous dites. À Québec, ça s'est fait sans
modification à la loi que vous proposez par ailleurs, mais peut-être
qu'ailleurs ça prend des modifications à la loi. Mais, enfin, c'est d'autre
chose.
M. Barrette : Bien, la
population du Québec va le prendre comme un compliment de votre part.
M. Pelchat (Martin)
:
Oui, peut-être, on ne sait jamais. Toujours est-il, Dr Barrette, quand je
regarde, c'est un peu ironique ce que vous proposez aujourd'hui parce que sûrement
plusieurs ne l'avaient pas vu venir, là, c'est qu'on a parlé, pendant quelques…
au moins deux campagnes électorales, de l'abolition des agences régionales de
la santé, mais ce n'est pas les agences qui sont abolies. Dans le fond, on
pourrait dire que c'est peut-être qu'on crée aujourd'hui les super agences, mais
ce sont peut-être 200 conseils d'administration d'établissements de santé qui
disparaissent avec ce projet de loi là.
Et je ne dis pas que ce n'est pas une
mauvaise idée pour, justement, peut-être regrouper des choses, mais la
question, dans le fond : Il n'y aurait pas eu moyen d'agir autrement que
de créer ces superstructures-là régionales qui s'en viennent, là, par des
directives, des consignes du ministère et pour dire : bien là, à l'avenir,
vous allez fonctionner de telle façon, les salaires des P.D.G. ne doivent pas
dépasser tel montant puis… Je ne sais pas.
M. Barrette : Écoutez, la
réponse pour moi à cette question-là, c'est non, pour plusieurs raisons.
Alors, premièrement, je vais juste
exprimer mon désaccord avec ce que vous avez dit en introduction. Ce ne sont
pas des… vous savez, ce n'est pas des agences qu'on crée, là. Une agence, ça
n'engage pas du personnel, sauf le sien, ça ne congédie pas du personnel, sauf
le sien, ça ne donne pas de soins, jamais, en aucune circonstance. Du côté
coordination, des fois, ça coordonne, puis des fois ça ne coordonne pas
beaucoup. Une agence, là, ce n'est pas une organisation qui est près du citoyen
et des soins, ni un, ni l'autre. Ça ne fait pas ça, une agence. Alors, ce
palier-là, là, on l'enlève.
Une agence parfois, dans certains... à
bien des égards, c'est aussi une organisation, parce que c'est ça, sa fonction,
là. C'est sensé faire de la reddition de comptes, de donner des autorisations,
mais c'est aussi un intermédiaire qui ne dit pas exactement au ministère ce qui
se passe sur le terrain. Moi, j'ai déjà vu ça, là. Moi, j'ai vu des lettres qui
venaient du ministre, dans des agences, donnant de l'argent pour telle chose,
puis, sur le terrain, c'est quelque chose d'autre qui a été fait. L'agence ne
le dit jamais au ministre puis c'est le terrain qui est obligé de dire au ministre :
Bien oui, mais c'est parce que ce que vous avez autorisé, ce n'est pas fait.
Ça, là, c'est quelque chose qui est absolument insensé mais qui existe. Je ne
veux pas lancer des pierres, là, mais ce palier-là est un palier qui souvent ne
résout pas les problèmes auxquels la région est confrontée. Bon.
Alors, ce que la structure que l'on fait
fait, que l'on met en place fait, bien, c'est exactement le contraire. Ce que
l'on met en commun, ce sont les administrations sur le terrain, ce sont les
gens qui engagent, ce sont les gens qui organisent, ce sont les gens qui ont la
capacité de comprendre qu'est-ce qui ne fonctionne pas dans le réseau, en
termes d'accessibilité et de coordination. Ce sont aussi des gens pour lesquels
la structure actuelle n'a jamais donné les leviers et les moyens pour résoudre
les problèmes auxquels ils font face. Ce sont des organisations dont on met en
commun certains éléments de gestion, les directions de ceci et de cela et ainsi
de suite.
On optimise à ce niveau-là, mais ce sont
quand même des gens qui ont l'expérience du terrain. Ce sont des gens qui
savent que, s'il y avait une coordination plus étroite avec les CSSS, les
CHSLD, les centres jeunesse, la réadaptation, ils savent, ces gens-là,
qu'actuellement ils ne peuvent pas faire telle, telle chose de façon
suffisamment coordonnée parce qu'ils n'ont pas les leviers. Et c'est la raison
pour laquelle il y a déjà des gens qui disent, qu'on entend depuis hier, que,
oui, ça, ça peut donner des résultats parce que ça nous donne les leviers qu'on
n'avait pas. Ce sont des gens qu'on met en commun, dont la fonction, dans leur
vie quotidienne, est de diriger des organisations axées sur les services aux
citoyens. Ce n'est pas ça que ça fait, une agence. Ça n'a jamais fait ça, et je
pense que ça ne le ferait jamais, et c'est la raison pour laquelle on l'enlève.
Alors, la nouvelle organisation, qui est déjà, dans sa fonction, dans ses
tripes, orientée vers les services, bien, c'est normal que ce soit avec elle
qu'au ministère on fasse affaire.
Je concède qu'on puisse mettre en place
des garde-fous, là, pour la nomination des gens, mais l'objectif est exactement
le contraire que vous pouvez penser. Ce n'est pas des agences, c'est de la régionalisation,
de la régionalisation mise entre les mains des gens qui ont la compétence et la
proximité pour le faire, des gens, là, qui voient le patient devant leurs
yeux, là, pas au travers trois, quatre installations, là, qui sont là, là. Et
là on leur demande de faire en sorte que l'accès soit là, que la fluidité est
là. Tout vers le patient.
Et nous, là, ce qu'on va leur demander, en
termes d'imputabilité, c'est ça. Moi, quand, dans une région, les patients vont
appeler pour dire, là : J'ai de la misère à avoir des rendez-vous, ça ne
marche pas quand on passe de tel endroit à tel endroit, bien, c'est là-dessus
que je vais intervenir. Et c'est normal. Et c'est ça que les citoyens veulent
et c'est ça qui aurait dû être le cas depuis longtemps.
Le Modérateur
: On
termine les questions en français avec Marco.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui. Le gouvernement souhaite l'adoption de votre projet de loi d'ici la
relâche des fêtes. Si c'est le cas...
Une voix
: ...
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Ah! ce n'est pas votre...
M. Barrette : Si c'est le cas,
c'est parfait, là, mais je n'ai pas entendu ça.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Vous ne le souhaitez pas avant les fêtes?
M. Barrette : Oui, oui, je le
souhaite. Certainement.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Bon. Merci. Quand la réorganisation...
M. Barrette : Non, mais c'est parce
que vous l'avez présenté comme étant un fait accompli, là.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Bien,
votre gouvernement, vous... Bon. Quand votre réorganisation… si le projet de
loi est adopté avant les fêtes, va permettre des économies d'au moins 220 $...
M. Barrette : Millions.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Quelle année, là?
M. Barrette : Alors, c'est à
terme. Alors, évidemment...
M. Bélair-Cirino (Marco) :
...médecins, là, on parle de millions.
M. Barrette : À terme, le plus
loin, c'est 2017, le plus loin. Notre objectif est de le faire le plus
rapidement possible.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
O.K. Puis en quoi la stabilité d'emploi des serviteurs de l'État, des employés
de l'État ralentit-elle la réforme Barrette ou la réingénierie Barrette? C'est
quand même un frein à votre réforme. Par exemple, vous souhaitez qu'il y ait
1 300 employés de moins, de gestionnaires de moins, mais...
M. Barrette : Je ne vois pas
le frein, là.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Ce
n'est pas un frein pour vous?
M. Barrette : Non.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais, si vous étiez à la tête d'une entreprise privée aujourd'hui puis qu'il
n'y avait pas de syndicat, qu'il n'y avait pas de stabilité d'emploi, les
1 300 gestionnaires seraient congédiés, seraient remerciés.
M. Barrette : Non, je pense
qu'on vous a expliqué en briefing technique, là, ce matin, que les conventions
collectives vont être respectées. Il y a une mécanique de redistribution des
postes, là, qui va faire en sorte que ces gens-là, pour certains...
Pour que ce soit peut-être plus clair pour
vous, là, je vous donne l'exemple suivant, là : actuellement, sur le
terrain, il y a des gens qui occupent des postes vacants, et on met... et ces
postes-là sont occupés par des remplaçants, des gens qui viennent de
l'extérieur. Bon, évidemment qu'une personne, par exemple, x, là, de l'agence
va pouvoir postuler sur un poste, mettons. Alors, le remplaçant, c'est lui qui
saute, O.K.? Dans la cascade, là, c'est le remplaçant qui saute, l'autre
postule, puis, à l'agence, le poste disparaît.
Alors, il y a toutes sortes de mécaniques,
là, qui font en sorte que ces gens-là auront l'opportunité… ou nous aurons
ensemble l'opportunité de respecter les conventions collectives. Ces gens-là
auront l'opportunité de réorienter leur carrière et/ou fonction, et, au bout de
la ligne, il y a effectivement une économie qui vient du fait qu'il y a un
poste qui disparaît, mais la personne qui écope peut être différentes
personnes. Ça peut être la cascade des déplacements, là, le «bumping», comme on
dit, dans le réseau, ça peut être une personne qui est dans le réseau, ça peut
être une personne qui est remplaçante, ça peut être une pré-mise à la retraite,
ça peut être un paquet d'affaires, les gens peuvent quitter eux-mêmes, mais, à
la fin, là, à la fin, il va y avoir au minimum 1 300 cadres de moins.
M. Bélair-Cirino (Marco) : En
2017?
M. Barrette : Ah oui! En 2017,
j'irais même jusqu'à dire que c'est trop tard.
Journaliste : La proportion
d'attrition… sur les 1 300.
M. Barrette : Bien là, il y a
une grande partie de ça qui va dépendre du comportement des individus
eux-mêmes, là, ce que je ne peux pas prévoir comme ça à l'avance, là. Moi, ce
qui m'importe, c'est que les postes disparaissent. L'économie est essentielle.
Le Modérateur
:
Mesdames messieurs, chers collègues des médias anglophones, c'est votre tour. Angelica Montgomery.
Mme Montgomery
(Angelica)
: Yes. Mr. Barrette, so we're losing the board of
administration for the Jewish, we're losing the board of administration for St.
Mary's, we're losing the administration for Batshaw. I know that there are
going to be people who are going, in these communities, who are going to say :
We're losing our say in how these establishments are being run. Some of these
institutions were founded by members of these communities. So how do you reply
to that?
M. Barrette :
OK, two things on this issue. First of all, I have the obligation in this law
to take into consideration, when I nominate someone to a position on the board
of the CISSS, to respect or to take into consideration what we call the
cultural or the social distribution of the population served by this CISSS.
So, if you take the
example of the CISSS that will have St. Mary's and the Jewish, obviously, on
the board, there will be people from those communities. OK. Second of all, as I
said, within the hospital itself, the installation itself, like the Jewish
General Hospital, who will be part of the CISSS, there will be the possibility
for them, in order for them to have their say, to put into position an advisory
board. Some people are already talking about a board of governors in their
installation, where they will select their own people, OK, and they will make
the bridge between the general population, their own patients, the foundations,
and all that has something to do with research. But it will be advisory, it
will not be executory in that sense.
Mme Montgomery
(Angelica)
: You know, these advisory
boards will have no power, and we're also getting rid of any elected officials
that were on these boards. Why do you feel it's necessary to give the Ministry
and the Minister so much more power?
M. Barrette : It's not about power, it's not at all the issue. The issue is to
make sure that the Minister or the Ministry in itself does its own job, which
is to determine the orientations, the goals that we have to put forward in
order for our network to work properly. It will be the responsibility of those
administrators at the CISSS level to deliver those services. It's their
responsibility. My responsibility will be to determine orientations and to put
in place people who have the competency to do the job. So, as I said moments
ago, obviously, in the example that you've taken, I have the responsibility,
obligation to make sure that those people will be represented on that board.
Le Modérateur
: Geoff Vendeville.
M. Vendeville
(Geoffrey) : …the advisory committees, you
said they have no power at all? What's their… what can they do?
M. Barrette : As I said in my presentation, it's about identity. We all know that
people in the field are quite attached to their hospital, OK? That's the reason
why we're not touching it in any way. There are no possibilities that the Government, within this law, can affect, for
instance, the existence of a foundation. There is no way this law, in any way
possible, can affect all research activity that comes or stems from the
existence of funding coming from the foundation. That is not there.
In reality, foundation
and research are always linked to the hospital through a board, the actual
boards. That's one of the reasons why we allow those installations to maintain
an advisory board, so that the link between the community and their
institutions, like the research and the foundations, is still there.
True, it is advisory,
but, from the consultations that I made, what is asked from those people is
that the link remains. They're not asking for power… because I must insist on
the fact that, before we presented that law, that project, we consulted people.
So we consulted, for instance, the Jewish General, we consulted them. We
consulted people at St. Mary's, for instance. To them, what is the most
important is that they have a level at which they can address their… not only
their grievances, but their views, the way they see things, the bridge, the
liaison, if you wish, between the hospital, and the foundation, and the research.
They will be allowed also to comment on the quality of care in the hospital.
They will be allowed to give their opinion to... and convey it to the CISSS board.
This is still there, but so, to... In that regards, from the consultations that
I had, they're satisfied with that.
But what is most
important to them is that they have their say on the board, and that, they
will, because, there are two ways to be on the board. There is the way by which
the Ministry will select the representatives that will be on the board, OK? In that regard, I have the power to make sure that each and
everyone in different communities are represented on the board. And there is
also, as I said, the more classical... the classic path, which is
representation coming from different levels of people working in the hospital,
like nurses, doctors and everything. So they have to present a list of four in
each position, and that's another path for them to be represented.
So I don't see how it
would be possible for instance, for people in the Jewish community, for
instance — because that example has been taken — not to be
significantly represented on the board. Impossible.
M. Vendeville
(Geoffrey) : …include different centers with
different needs and missions? Do you suppose this could cause confusion in
decision making, at least in the short-term?
M. Barrette :
Confusion in what way and in what regards?
M. Vendeville
(Geoffrey) : Making decisions such as budgets,
allocating budgets.
M. Barrette :
It's the reverse. I don't see… I'm not sure I'm seeing where you're going with
this question.
M. Vendeville
(Geoffrey) : OK. We'll take a... If I took your
example of a financial officer from, say, Batshaw, who becomes the overseer for
the CISSS, he might not have the experience to deal with, say, an elder care
center.
M. Barrette :
OK. If that happens, I didn't make my job correctly. If that happens, it means
that I didn't select the right person for this position.
M. Vendeville
(Geoffrey) : And that's not... is that a
concern?
M. Barrette :
That I will not make the right decision?
Des voix
:
Ha, ha, ha!
Le Modérateur
:
Ryan.
M. Hicks (Ryan) :
I'm just going back on Angelica's questions, just because these institutions in
the English community, you know, they... Anglophones are very much attached to
these institutions.
M. Barrette :
I understand.
M. Hicks (Ryan) :
What kind of message do you think this is sending to them?
M. Barrette :
The message has to be that it will remain. In no way do
you we want that link to be severed in any way. We want those links to remain.
We don't want that. I understand, and I clearly, and I fully support the
attachment, even emotional attachment that people do have with their
institution, and I don't see why this should be altered in any way, because
it's like a program, if you wish, running in the background. This is an administration
reform… an administrative reform. That's what it is.
When it comes to
services, direct services to the clientele that the actual hospital has to
actually deserve… not deserve but provide to the population, that doesn't
change. As I said in my presentation, on day 1 after enabling this law, nothing
changes, nothing for the hospital in terms of relationship with their
clientele, nothing.
M. Hicks (Ryan) : And I just want to.. cause you talked about this in French. Can you
just kind of summarize, you know, why you're doing this and give an example of, you know, what this means to the average
person when they are going to get medical services?
M. Barrette :OK. There are many
examples. The number one, number one… What I said in French is that clearly we
are in a situation where we have to get some savings, because we have to go
back to the zero deficit. This is not the one and only thing that we want to
do. We want to seize this opportunity to make what we consider to be a
necessary change in the culture of our network in order to make sure that once
and for all the system will work for the patient period, not for themselves,
not for their boss, not for me, not for the Prime
Minister, for the patient. That's the goal. And you can say and write that I
seize this opportunity because we have to implement changes. We have to do
that. We have to implement changes in order to save money. We have to do that. But we seize the opportunity to do one more significant thing,
which is change the culture, change the culture in the way that all actions
that are taken by administration will be directed towards access quality of care, fluidity in the
process in the network.
To give you an example,
today, as we speak — I'll
give the same example I gave in French — today,
as we speak, if you go and see your GP in his office in
DDO, and your GP in DDO says that
you need an ultrasound, today he'll give you're a piece of paper, a prescription,
and he will tell you : Take this and find yourself a place to have an
ultrasound examination and, if you can afford to pay, go and pay. That's what they
do. It's done all the time, OK? And that should not happen anymore. The system
should make so that that GP have access to reserved slots in a schedule, a
radiologist schedule, so they can say that, OK, you're going to go on Monday,
at 10 o'clock in the morning».
Let me give you a more
dramatic example. That's a much more dramatic example. Someone that I know
personally, OK, was diagnosed, a couple of years ago, not… less than two years
ago, with a breast cancer, OK, diagnosed, proven, biopsy and everything, OK…
not biopsy, proven on the mammogram, OK? That person went to her doctor, and
her doctor told her : Well, unfortunately, there is this diagnosis, here
your prescription, find yourself a surgeon. This is unacceptable. This is today
and this is unacceptable. That person, at that moment, one of the most dramatic
moments in her life, left the office with a small piece of paper, find yourself
a surgeon. Unacceptable. That system, in the future, will not do that anymore.
M. Hicks (Ryan) :So then are you going to have, I guess, come up with
some new computer system or something to deal with this?
M. Barrette : Yes. It's not about developing, or buying equipment, or developing
programs, or buying a whatever electronic system. It's about having an administration that will put in common what
is already there, it's about integration, it's about compatibility, it's about
systems talking between systems, it's about what is not being done today and
should have been done a long time ago. OK? And we have
that on the field as we speak. It is just that it is not coordinated, it is not integrated because nobody ever took the time to try to resolve
that… if you wish. We'll do that. Again, it's about patients, it's not about
money, a bit, but, at the end of the day, it's about patients all the way.
Le Modérateur
: Max Harrold.
M. Harrold (Max) :OK. Well, a little bit on that topic, you
said : Within four years, within the four years mandate, people will see a difference, patients will see a difference, right?
M. Barrette : Yes.
M. Harrold (Max) : You talked about, in French, about a single wicket where to go. Is
that kind of leading off of what you were just explaining, because of better
networking inside and fewer administrative…
M. Barrette : Burdens.
M. Harrold (Max) : Burdens, people will be able to… it will be one stop shopping?
M. Barrette : Yes. It will look like that, although it is… physically, it's
impossible to be one stop shopping for all medical services. You will not have
a cardiac bypass in a clinic, in a GP's office, but, in terms of coordination
and fluidity, from step one, to step two, to step three, this will be extremely
simplify so that the patient will have the impression not to go into the
jungle, but to be accompanied from step one, to step two, to step three. That's
what the people are asking.
As I have said in my
presentation in French, people are not, in Québec, and they are right when they say that, they are not complaining
about the quality of care, they are complaining about access and the path that
they have to go through within the system. That's where the improvements are to
be. Access is one thing. We all know what the access problems are. We will
address that with some other measures, and all the rest, it's about management.
And management or integration… and integration, you have to agree with me on
that one, integration, in this province, doesn't exist.
M. Harrold (Max) :OK. So, on
affiliations, university affiliations, you have Montréal, five CISSS and then you have three universities… It's not a great
name in English, I've got to tell you, but we'll work on it. So the university
hospitals are independent of the CISSS, right?
M. Barrette : Yes.
M. Harrold (Max) : They are not connected. So, for example, at the Jewish, the Jewish
is the teaching hospital of McGill.
M. Barrette : It's an affiliate.
M. Harrold (Max) : It's an affiliate. It's not a teaching hospital, OK.
M. Barrette : It is. No, no, no, it is. I am sorry, I misunderstood the question.
No… I miss, maybe I miss the name, what you were telling me. Jewish General is
an affiliate to McGill University, but it's not what we call a university
hospital. The name «university hospital» is reserved, in this province, to the
main campuses that are related to the four universities. So, at McGill, it's
the MUHC. There are two pavillions today, but in a few months, there will be
only one MUHC. At Montréal,
it's the CHUM, and the other hospitals are affiliates. They are affiliates.
That's the way we name them.
M. Harrold (Max) :You said that the activities that are teaching related
would be separated out from the hospital in terms of the administration.
M. Blanchet :
No. Not in terms of administration. And they will be preserved in the way that…
If you take the Jewish General for instance, Jewish General is receiving and
teaching to some subspecialties residents for instance. They have an amount of
activities that are at the university level and they do that under an
affiliation contract with McGill University.
Those activities, they
will be preserved in the way that McGill will not be allowed, unless there is a
demonstration that things are not going properly, they will not be allowed to
sever the link between Jewish General and McGill University. Said differently,
if McGill sends, each and every year… every other year, 50 residents in a
subspecialty program, by the fact that I authorize and sign the affiliation
contract, I will make it so, that's what I said to them, that, at the end of
the day, they will still have their 50 residents.
M. Harrold (Max) : And I'm going to squeeze one last one in. Where did the
superclinics fit into this whole thing?
M. Barrette :
Superclinics fit in in the way that they will be part of the CISSS, not in
terms of… OK. I'm not saying it right. They will be in the integration of
access in the network. OK. They will not under the legal jurisdiction of the
CISSS, but the CISSS has to coordinate whatever comes out of the superclinic.
So there has to be a collaboration relationship in terms of numbers, and stats,
and all that. All right?
Le Modérateur
:
Veux-tu une précision?
M. Harrold (Max) : Oui. Pour M. Fontaine, you said… If I understand correctly, in
French, you said that it's not 1,300 positions, it's the equivalent of 1,300
fulltime jobs, but it could be more?
Une voix
:
…
M. Vendeville
(Geoffrey) : …en français, si vous voulez. Je
crois que, pendant… À la séance technique, vous avez dit que ce n'était pas 300
positions… 300 postes, pardon, c'était 300… 1 300 postes à temps plein,
l'équivalent de 1 300 postes à temps plein. Et ça pourrait être plus de
personnes.
M. Fontaine (Michel) : Oui, c'est l'exemple que je donnais. C'est que, dans notre réseau,
on a des personnes qui font… Ça prend deux personnes pour faire un équivalent
temps plein parce qu'on est dans un réseau sept jours par semaine. Donc, ça
peut être plus de personnes, mais en heures, ça va être le même nombre
d'heures.
M. Vendeville
(Geoffrey) :
Donc,
combien de personnes pourraient perdre leur emploi?
M.
Fontaine (Michel) : Ah! vous pouvez en ajouter… Bien, ils ne perdent
pas leur emploi, là, mais qu'on va avoir moins de fonctions, c'est peut-être
une centaine de plus, là, si on… en termes de personnes, c'est autour de
1 400. Mais ils ne perdent pas leur emploi, là, c'est des postes en moins
à la fin.
M. Vendeville (Geoffrey) :
Quelques-uns se seront recyclés dans le système.
M. Fontaine (Michel) : C'est
ça. Alors, au fur à mesure des départs.
M. Vendeville (Geoffrey) :
Est-ce que vous savez combien seront réinsérés dans le système?
M. Fontaine (Michel) : Parce
que, comme on dit qu'on respecte les conditions de travail, là, ça va dépendre.
Si quelqu'un désire quitter, il le peut, là, il y a des prévisions dans leurs
conditions de travail pour ça, mais, s'il veut rester dans le système, on va le
replacer, parce qu'on a 8 000 retraites par année.
M. Barrette : Just to make things clear, OK, at the end of the day, the
equivalent of at least 13,000 full-time equivalent salaries have to disappear.
Is it clearer? It doesn't matter if it is… if three people are generating one
full-time equivalent. What we are aiming at is a minimum of 13,000, a
minimum of 13,000 full-time equivalent salaries to be retracted from our
salary base. Is it clearer?
M. Vendeville
(Geoffrey) : Yes.
M. Barrette : Alright.
(Fin à 15 h 46)