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Salle des drapeaux

Définition

Pièce située entre la salle de l'Assemblée nationale et la salle du Conseil législatif, au premier étage de la tour centrale de l'hôtel du Parlement. Elle doit son nom au fait qu'elle renferme, depuis l'automne 1985, huit drapeaux, bannières et pavillons maritimes, dont certains tirent leur origine de la France médiévale et ont inspiré la création du drapeau du Québec.

Ils ont été donnés en 1984 à l'Assemblée nationale par la Corporation Québec 1534-1984 après les célébrations marquant le 450e anniversaire de l'arrivée de Jacques Cartier.

Cette salle sert aux réunions du président, du secrétaire général et des greffiers avant le début des séances de l'Assemblée nationale et durant la suspension des travaux. On y tient également des activités protocolaires.

Historique

Aucun document d'archives ne précise le premier usage de l'actuelle Salle des drapeaux. On sait toutefois qu'à compter de 1966, cet endroit faisait office de « hot room » pour les journalistes désirant interviewer les parlementaires. Plus tard, et jusqu'en 1985, cette pièce est utilisée comme musée de l'Assemblée nationale1.

La verrière intitulée Fondation de la Ville de Québec par Samuel de Champlain, juillet 1608 orne cette pièce depuis le début des années 19802. L'œuvre de Joseph Bernard a été installée à l'origine dans l'escalier de l'aile Grande Allée de l'hôtel du Parlement. S'y trouvent aussi, sculptés dans les boiseries, les noms de François Blanchet (1776-1830), d'Ignace Bourget (1799-1885), de René-Hippolyte Laforce (1728-1802) et de Jean-Jacques Lartigue (1777-1840).

Voici la description des huit drapeaux, bannières et pavillons maritimes installés dans la Salle des drapeaux. En raison de la configuration des lieux, un neuvième drapeau, le drapeau blanc représentant le roi et le royaume de France, n'a pas été installé parce que son « effet visuel » a été jugé « très peu remarquable »3.

La bannière de France

La fleur de lis est introduite sur la bannière royale pendant le règne de Louis VII (1137-1180). Celui-ci sacre de son vivant son fils, Philippe II Auguste, et lui remet en 1179 la bannière fleurdelisée qui l'accompagnera dans ses campagnes militaires4. Avec le temps, le lis se répand sur les vêtements et les blasons des rois pour ensuite figurer sur les monuments, les manuscrits, les monnaies et les objets usuels appartenant à toutes les couches de la société.


 Photo Marc-André Grenier, Assemblée nationale du Québec

Les armes de la France

Ce fanion « de veloux azuré à trois fleurs de lys d'or » est déployé en 1449 à l'entrée du roi Charles VII à Rouen5. Le 24 juillet 1534, la croix qu'érige Jacques Cartier à Gaspé porte d'ailleurs un écusson à trois fleurs de lis. Cet emblème fait aujourd'hui partie des ornements de l'hôtel du Parlement.


Photo Marc-André Grenier, Assemblée nationale du Québec

Le pavillon de l'amirauté de Saint-Malo

Ce pavillon aux mouchetures d'hermine noires flotte au port de Saint-Malo lorsque Jacques Cartier met le cap sur l'Amérique, en 1534. Ce drapeau porte au canton d'honneur le pavillon rouge à croix blanche lisérée noire, l'étendard de la France à l'époque des croisades.


Photo Marc-André Grenier, Assemblée nationale du Québec

Le pavillon de la marine marchande

Sur mer, les vaisseaux français arborent des pavillons à croix blanche sur fond rouge ou bleu. Il semble que ce soit le pavillon rouge qui flottait aux mâts des navires de Cartier et de Roberval au XVIe siècle. Au siècle suivant, la colonisation de la Nouvelle-France est d'abord confiée à des compagnies de commerce qui naviguent sous le pavillon bleu à croix blanche, de forme plutôt carrée6.


Photo Marc-André Grenier, Assemblée nationale du Québec

Le pavillon du roi

Ce pavillon est orné des grandes armes de France. À partir de 1725, un ordre est donné d'installer les armoiries royales de France au-dessus des portes principales des villes et des forts de la Nouvelle-France. À Québec, ces armes royales, sculptées vraisemblablement par Noël Levasseur, étaient installées sur la porte Saint-Louis7.


Photo Marc-André Grenier, Assemblée nationale du Québec

La bannière de Carillon

La bannière de Carillon est considérée comme l'ancêtre direct du drapeau québécois. D'un côté figurent les armes royales de France avec des fleurs de lis et de l'autre, la Vierge portant l'Enfant Jésus et le blason du gouverneur Charles de Beauharnois de La Boische (1671-1749). Selon la légende, cette bannière aurait subi l'épreuve de la guerre lors de la victoire des troupes françaises de Louis-Joseph de Montcalm à Carillon, le 8 juillet 1758. Mais il s'agirait plutôt d'une bannière religieuse. Chose certaine, le 24 juin 1848, les dignitaires de la Société Saint-Jean-Baptiste défilent dans les rues de Québec avec cette bannière. Puis, en 1900, les zouaves pontificaux reproduisent les dessins de la bannière de Carillon sur leur drapeau8.


Photo Marc-André Grenier, Assemblée nationale du Québec

Le Carillon moderne

Le 26 septembre 1902, le curé de Saint-Jude, près de Saint-Hyacinthe, Elphège Filiatrault, hisse un drapeau qu'il a confectionné. Il écrit : « Nous sommes un peuple nouveau sur la terre d'Amérique; or, à un peuple nouveau, il faut un drapeau nouveau. » Le dessin reprend quelques éléments de la bannière de Carillon, soit les fleurs de lis et la couleur, auxquelles s'ajoute la croix blanche des anciens pavillons de la marine et des régiments français. C'est ce drapeau qui prendra ultérieurement le nom de « fleurdelisé »9.


Photo Marc-André Grenier, Assemblée nationale du Québec

Le drapeau du Québec

Le 21 janvier 1948, le premier ministre Maurice Duplessis annonce à l'Assemblée législative qu'un arrêté ministériel a été adopté à l'unanimité concernant l'adoption d'un drapeau officiel. À 15 h 10 exactement, Duplessis déclare en Chambre qu'« au moment même où je vous parle, ce drapeau, qui est en conformité avec nos traditions et nos aspirations, est déjà arboré sur la tour centrale du parlement ». Deux ans plus tard, le 9 mars 1950, le Parlement adopte la Loi concernant le drapeau officiel de la province10.


Photo Marc-André Grenier, Assemblée nationale du Québec

Pour citer cet article

« Salle des drapeaux », Encyclopédie du parlementarisme québécois, Assemblée nationale du Québec, 24 janvier 2023.

Faites-nous part de vos commentaires à : encyclopedie@assnat.qc.ca

Notes

1 

Cécilia Tremblay à Richard Guay, 24 octobre 1985. Assemblée nationale, Fonds Richard Guay, boîte 902 099, dossier 309 173.

2 

Jocelyn Saint-Pierre, « Pierre Dugua De Mons, un acteur de premier plan dans la fondation de Québec, présent à l'hôtel du Parlement », Bulletin de la Bibliothèque de l'Assemblée nationale, vol. 35, nos 1-2, avril 2006, p. 10; Ginette Laroche, « Les fenêtres de Champlain : un repère dans l'histoire du vitrail au Québec », Bulletin de la bibliothèque de l'Assemblée nationale, vol. 39, n°2, automne 2010, p. 43-46.

3 

Loc. cit.

4 

Hélène-Andrée Bizier et Claude Paulette, Fleur de lys : d'hier à aujourd'hui, Montréal, Art Global, c1997, p. 25-65.

5 

R. Quarre de Verneuil, Les couleurs de la France, ses enseignes et ses drapeaux : étude historique, Paris, Imprimerie et librairie militaires J. Dumaine, 1876, p. 18.

6 

H.-A. Bizier et C. Paulette, op. cit., p. 75.

7 

Christina Cameron, « Levasseur, famille », Encyclopédie canadienne, réf. de juillet 2013, http://www.thecanadianencyclopedia.com/

8 

H.-A. Bizier et C. Paulette, op. cit., p. 113-115.

9 

Loc. cit.

10 

Débats de l'Assemblée législative, 22e législature, 4e session, 1948, Québec, Bibliothèque de l'Assemblée nationale du Québec, 2010.