(Quatorze heures cinquante-huit minutes)
M. Paradis : Je vais
paraphraser Warren Buffett, qui disait à peu près ceci, que c'est facile de
prétendre bien des choses quand la marée est haute, mais quand c'est la... c'est
quand la mer se retire qu'on voit qui portait un maillot ou pas. Et là pour
paraphraser Les Trois Accords : Le gouvernement de la CAQ se retrouve tout
nu sur la plage.
On vient d'entendre la ministre Fréchette
nous parler des conséquences pour les Québécoises et les Québécois du processus
qui commence aujourd'hui en vertu de la loi sur la faillite américaine. Donc,
Northvolt, la maison mère se place sous la protection de ses créanciers. Elle a
parlé de l'investissement au Québec et elle n'a pas dit un mot sur l'investissement,
les 470 millions que les Québécois ont investis, à travers Investissement
Québec et à travers la Caisse de dépôt et placement, dans la maison mère.
Et pourtant, alors que je l'ai questionné
jour après jour et que Paul St-Pierre Plamondon a questionné le premier
ministre au salon rouge et au salon bleu à l'époque, en disant : Oui, mais
cet investissement-là dans la maison mère est-il garanti?, on nous affirmait
que, oui, il était garanti. La ministre Fréchette, je la cite, ce sont ses mots
à elle : «Ça donne au Québec un statut vraiment privilégié.» Où est ce
statut privilégié aujourd'hui? Quel est le rôle du gouvernement du Québec,
alors que les vrais créanciers privilégiés sont en train de discuter de l'avenir
de Northvolt?
Le Québec n'est pas là, le Québec est
spectateur de ce qui se passe. Et ça, c'est une des conséquences de ne pas dire
la vérité aux Québécoises et aux Québécois. Là, le gouvernement du Québec se
retrouve face à la réalité des choses. Il y a des risques, il y a des risques
importants pour l'argent que les Québécois ont parié ou, en fait, pour le pari
que le gouvernement du Québec a fait avec l'argent des Québécois, notamment
dans la maison mère.
Par ailleurs, la ministre Fréchette vient
insister sur quelque chose. Elle dit : Oui, mais les opérations au Québec
et l'investissement au Québec n'est pas touché par le processus actuel. C'est
très vrai. La compagnie a émis un communiqué pour dire qu'en ce qui concerne
Northvolt North America, ce n'est pas dans le processus du chapitre 11 de
la loi américaine sur la faillite. C'est vrai, mais n'empêche que la ministre
et le gouvernement ne peut pas nier que si la maison mère tombe, que si le
processus de restructuration n'est pas réussi pour la maison mère, ça va avoir
des impacts, qui sont encore pour l'instant inconnus, quant à l'investissement
au Québec. Là-dessus, je suis prêt à prendre vos questions.
Journaliste : Donc, Québec
devient un peu la caution économique de Northvolt? Notre... C'est l'argent des
Québécois.
M. Paradis : Bien, on ne sait
pas. C'est parce qu'on ne sait pas ce qui se passe. On a demandé plusieurs
fois. La ministre Fréchette... La ministre Fréchette, là, nous parle, là, d'un
investissement prudent, d'un investissement innovant. Elle nous a parlé de
cette débenture. La débenture, là, par définition, c'est une créance non
garantie. On a demandé à la ministre : Mais montrez-nous... montrez-nous
cette débenture. Ah! c'est confidentiel. Ce n'est pas vrai, que tout est
confidentiel dans une débenture. Donc, qu'est-ce que le Québec peut faire? On
ne le sait pas, mais il y a tout lieu de croire, actuellement, que le Québec
est spectateur. Donc, sera-t-il la caution? On ne le sait pas. Quels sont les
droits, quelles sont les obligations du Québec avec cette créance non garantie
dans la maison mère? C'est ça, le problème. Le gouvernement n'a pas eu la
transparence depuis le début.
J'entends encore la ministre aujourd'hui
nous dire : On va être prudents, on va procéder par étape. N'oublions pas
que Pierre Fitzgibbon a rencontré pour la première fois les dirigeants de
Northvolt en février 2023. En mars 2023, le projet était lancé dans l'appareil
gouvernemental, 2,9 millions... milliards de notre argent annoncé en
septembre 2023. Est-ce que, vraiment, on avait fait une vérification diligente?
Est-ce que, vraiment, on avait eu le temps de concevoir un investissement
prudent, innovant? Il y a tout lieu de croire que non. C'est encore... C'est
pour ça qu'on a qualifié ça, ce matin, d'une dépense frivole. C'est-à-dire que
2,9 milliards de l'argent des Québécois, ça ne se parie pas comme ça en
quelques semaines.
Journaliste : À la lumière de
ce que... des événements, là, avez-vous l'impression que le Québec... bien, le
gouvernement n'est même pas au courant réellement de ce qui se passe chez
Northvolt? Donc, c'est difficile de se faire rassurant dans ce temps-là, quand
on n'est pas au courant des détails de ce que l'entreprise fait avec l'argent.
M. Paradis : L'information la
plus complète qu'on a pour l'instant, c'est celle des communiqués de la maison
mère en Suède et de Northvolt Amérique du Nord, qui expliquent un peu ce qui se
passe. La ministre s'est présentée devant vous tout à l'heure en ne disant rien
de ce qui se passe dans la maison mère. Donc, c'est soit, comme vous le dites,
parce que le Québec ne le sait même pas ou soit parce qu'il a très bien compris
que le jeu entre les véritables créanciers privilégiés se joue bien au-dessus
de sa tête. Le Québec n'est pas dans les premières loges, le Québec est dans
les mezzanines ou, sinon, au balcon.
Le Modérateur : Merci
beaucoup.
(Fin à 15 h 01)