(Onze heures)
M. Bouazzi : Bonjour, tout le
monde. Comme vous avez vu, il y a l'annonce aujourd'hui concernant les
investissements du Québec et les risques qu'on cède à Goldman Sachs, donc la
deuxième plus grosse institution financière d'investissement dans le monde. On
a l'impression d'être devant un mauvais film de casino, là. On a comme la
sueur, là, qui descend du gouvernement... qui se rend compte qu'elle est de
plus en plus mauvaise, et qui dit : Je vais en mettre encore un peu plus,
je vais remettre encore un peu plus, ça va bien aller. Dans les faits, ce
serait drôle si ce n'était pas notre argent à nous toutes et tous avec lequel
ce gouvernement joue au casino.
Au début, il nous a dit : C'est le
nouveau Baie-James du Québec. On voit bien aujourd'hui que c'est un fiasco de
plus en plus et qu'on a du mal à comprendre pourquoi est-ce qu'on va essayer de
sauver, entre guillemets, les investissements de Goldman Sachs, qui, faut-il le
rappeler, quand même, c'est des requins, hein, de la finance mondiale. On joue
dans une cour qui ne nous appartient pas. On devient un genre de capital de
risque qui finance des compagnies qui ne sont même pas ici, parce que c'est une
autre institution, hein, ce qui se passe là-bas, donc, en Scandinavie.
Ça fait qu'on réitère encore une fois qu'il
faudrait... qu'il serait temps que les études économiques qui ont expliqué
pourquoi autant de milliards ont été mis sur la table... et pour l'instant 700 millions
sur la table valent le coup. Parce que, sans ces études, évidemment, on sent
bien qu'on est dans l'improvisation, et c'est un scandale sans nom qui
malheureusement n'est pas fini de finir.
M. Nadeau-Dubois : Merci,
Haroun. Juste quelques mots sur l'annonce qu'on a faite dimanche concernant l'alimentation
scolaire. On a enfin dévoilé, à Québec Solidaire, les détails de notre plan
pour sortir la faim des écoles du Québec d'ici 2030. Vous savez à quel point ça
nous tient à cœur, à quel point ça me tient à cœur comme bataille. Et,
magnifique coïncidence, hier, la directrice régionale de la Santé publique de
Montréal, Mylène Drouin, dévoilait son rapport 2024 sur le bien-être des
enfants montréalais. Et, à la page sept de ce rapport, la santé publique de
Montréal, donc, Mylène Drouin, recommande l'implantation d'un programme
universel d'alimentation scolaire dans les écoles primaires, dans une
perspective de santé, de durabilité et d'équité à la page sept du rapport.
Donc, voilà une démonstration de plus, là,
que ce consensus social sur l'importance de sortir la faim des écoles du
Québec, il continue de grandir. On a maintenant la plus grande direction
régionale de santé publique au Québec qui en fait une recommandation formelle
au gouvernement du Québec. Ce n'est pas rien. C'est un pas en avant qui est
majeur pour la lutte contre l'insécurité alimentaire des enfants. Je vous le
rappelle, hein, un enfant sur cinq dans les écoles du Québec a faim. C'est une
statistique que met à jour la santé publique de Montréal. On parle de 21 %
des enfants de 0 à 12 ans à Montréal qui a le ventre vide à l'école.
Alors, les preuves s'accumulent sur la nécessité de sortir la faim des écoles
du Québec.
On va déposer aujourd'hui une motion pour
demander au gouvernement du Québec d'étudier ce rapport-là et d'envisager la
mise en œuvre de ses recommandations. On veut continuer de créer le front
commun le plus large possible en matière d'un programme universel d'alimentation
scolaire. Et ça me réjouit sincèrement de voir Mme Drouin se joindre à ce front
commun.
Journaliste : Restons à l'école
Bedford. Est-ce qu'on doit renforcer la loi sur la laïcité?
M. Nadeau-Dubois : Ce qui s'est
passé à l'école Bedford, c'est absolument inacceptable dans une société libre
et démocratique. Il y a des enfants qui ont été privés de l'éducation de
qualité auquel ils auront droit. Et c'est inadmissible. Et c'est inadmissible
que ça ait duré aussi longtemps. C'est inadmissible que ça a été aussi long
avant de renvoyer les enseignants en question qui ont manqué à leur devoir
professionnel.
Moi, je m'explique très, très mal pourquoi
ça a pris autant de temps suspendre les enseignants en question. Je trouve que
ce qui est allégué, c'est-à-dire qu'on ne savait pas exactement c'était qui,
moi, je n'y crois pas. Beaucoup de gens ont manqué à leurs devoirs dans cette
histoire-là. Le système a laissé tomber des dizaines et des dizaines d'enfants.
Et il ne faut pas accepter ça.
Des voix : ...
M. Nadeau-Dubois : ...une
chose... Depuis une quinzaine d'années au Québec, le débat sur la laïcité s'est
focalisé presque exclusivement sur la question des signes religieux. Et le
Parti québécois et la CAQ ont insisté, insisté sur le fait que l'alpha et
l'oméga de la laïcité au Québec, là, c'était de s'assurer qu'il n'y ait pas de
signes visibles de croyances religieuses des enseignants, des enseignantes.
Bien, à Bedford, il y avait 11 enseignants qui ont été suspendus, puis,
aux dernières nouvelles, il n'y en a aucun qui portait de signes religieux.
Donc, de toute évidence, cette
focalisation qu'on a malheureusement eue au Québec sur la simple question des
signes religieux nous a fait passer à côté de ce qui est encore plus
important : le travail que font les gens. Ce qui est garant d'une laïcité
des institutions publiques au Québec, ce qui est garant d'une véritable laïcité
de l'éducation nationale, ce n'est pas ce que les gens ont sur la tête, c'est
ce que les gens ont dans la tête. Et je pense que tout... que la quinzaine
d'années de débat sur la question des signes religieux a laissé dans son angle
mort la question qui... une question qui est beaucoup plus importante et
fondamentale : Comment on s'assure que la prestation de services
éducatifs, que l'enseignement qui est donné soit de qualité, soit dépourvu de
préjugés sexistes, rétrogrades ou autres?, que ces préjugés-là, par ailleurs,
soient d'origine religieuse, d'origine culturelle ou d'origine inconnue, là.
L'important, c'est la qualité de l'éducation, et c'est ce que ces enfants-là, à
Bedford, n'ont pas eu.
Journaliste : ...est-ce qu'il
faut... est-ce qu'il faut donner des dents à la loi sur la laïcité, quitte à la
modifier, ou quoi que ce soit, pour prévenir ça?
M. Nadeau-Dubois : On est
ouverts. Nous, depuis des années, on le dit, hein, s'assurer qu'il n'y a pas de
prosélytisme dans les institutions publiques, c'est absolument essentiel. Si
les faits à l'école Bedford se confirment et qu'il y a eu véritablement
prosélytisme, nous, on est tout à fait ouvrir... tout à fait ouverts à regarder
quels mécanismes mettre en place pour s'assurer que les enfants du Québec, peu
importe leur région, peu importe leur origine, peu importe la religion de leurs
parents, peu importe si leurs parents ont une religion, aient la même qualité
de l'éducation. Ce qui doit être mis au centre de notre débat, c'est l'intérêt
et les droits des enfants.
Journaliste : Oui, mais le
PQ, par exemple, propose de s'intéresser à la mixité dans les classes, de
s'assurer qu'il n'y ait pas... je ne veux pas... de ghettos... de classes, là,
d'une certaine façon. Est-ce que vous pensez qu'on devrait regarder ça?
M. Nadeau-Dubois : Bien, j'ai
un peu de misère à comprendre où M. Plamondon veut en arriver. S'il veut
parler, par exemple, de l'importance de régionaliser l'immigration au Québec,
ça, c'est des propositions que vous nous avez entendus faire, à Québec
solidaire, depuis des années. On est pour un système d'immigration qui
régionalise mieux l'immigration. Je pense qu'il y a plutôt consensus là-dessus.
Par ailleurs, le gouvernement qui a aboli
les COFI, qui était le fer de lance de la régionalisation de l'immigration au
Québec, c'est un gouvernement du Parti québécois. Donc, si M. Plamondon veut
revenir sur ces décisions-là, dire qu'il faut mieux régionaliser l'immigration
au Québec, sur ce simple élément-là, on n'est pas du tout en désaccord.
Mais je vous écoutais le questionner
tantôt. Quand on parle de mixité, bien là, il va falloir que M. Plamondon nous
donne des détails. Qui fait partie de quelle catégorie d'élèves? Comment on va
décider qui fait partie de la mixité puis de l'homogénéité? À partir de quand
est-ce qu'on n'est plus immigrant, pas... puis pas... puis assez québécois? Je
veux dire, il faut faire très attention dans ces débats-là. M. Plamondon lance des
idées. Je trouve, ça manque beaucoup de précision.
Journaliste : ...du travail
du syndicat dans cette affaire à l'école Bedford?
M. Nadeau-Dubois : D'abord,
là, un enseignant ou une enseignante qui fait régner un climat d'intimidation,
de violence ou qui alimente des préjugés sexistes dans son école, cet
enseignant ou cette enseignante-là doit être renvoyé. Et, aux dernières
nouvelles, la job de renvoyer des gens, c'est la job des patrons.
Donc, nous, on n'est pas du tout fermés à
faire... En fait, on demande la tenue d'un post-mortem pour qu'on examine les
actions du syndicat dans ce dossier-là. Et, si le syndicat a commis des
erreurs, bien, ils devront être reconnus. Mais faisons quand même attention,
parce que M. Drainville a la part belle, tout en défendant les patrons qui
n'ont rien fait, de dire : Ah! mais le syndicat aurait pu faire quelque
chose.
Savez-vous c'est quoi le pire qui peut
arriver à un gestionnaire qui congédie quelqu'un, c'est quoi la pire des
malédictions qui peut s'abattre sur lui? Un grief. Aux dernières nouvelles, il
n'y a aucun gestionnaire qui est décédé d'avoir reçu un grief pour un
congédiement qui s'est fait trop rapidement. Le CSSDM a choisi de ne pas agir,
a choisi de ne pas renvoyer ces gens-là, de ne pas les suspendre, alors... et
c'est inacceptable. Mais je veux être bien clair, moi, je ne dis pas que le
syndicat a été parfait dans cette situation-là. Cette démonstration-là va
devoir être faite. C'est pour ça que nous, on demande un post-mortem de toute
cette saga-là pour qu'on examine vraiment qui a commis des erreurs, à quel
moment. Moi, je ne suis pas prêt à exclure que le syndicat ait fait des
erreurs, bon, on... Mais je pense qu'on peut tous s'entendre sur le fait que ce
n'est pas au syndicat à renvoyer du monde. Ça, c'est la job des boss. Puis les
patrons au CSSDM n'ont pas fait leur travail.
Une voix : ...
M. Nadeau-Dubois : Moi, je...
on a eu cette question-là à plusieurs reprises dans les derniers jours. On l'a
dit à plusieurs reprises. Je vous le réitère, ce matin, la direction du CSSDM
n'a pas fait son travail. Si des profs font régner un climat sexiste
d'intimidation, de violence psychologique dans une école, la responsabilité
d'agir, c'est la responsabilité de l'employeur. Et bien sûr qu'on s'attend tous
à ce que les organisations syndicales fassent partie de la solution, hein,
comprenez-moi bien. Mais, à un moment donné, ce n'est pas le syndicat qui va
renvoyer un membre du personnel. Ça, c'est la job des patrons.
Journaliste : ...l'indéfendable,
parce qu'ils veulent la garder en place.
M. Nadeau-Dubois : Bien, moi,
je... Je pense qu'on a tous remarqué, à Tout le monde en parle, M. Drainville
ménager ses critiques sur la direction du CSSDM, alors que c'est eux qui
avaient la responsabilité de suspendre les enseignants. Et puis voter très,
très, très rapidement pour dire : Oui, mais le syndicat, oui, mais le
syndicat. Qu'on les examine, les actions du syndicat dans cette histoire-là.
Nous, on n'est pas prêt à leur... à leur signer un chèque en blanc, mais...
Une voix : ...
M. Nadeau-Dubois : Oui, oui,
oui...
Journaliste : Bon, est-ce que
vous craignez, là, à la lumière de ce qu'on entend dans les derniers jours,
suite au rapport Bedford, une espèce de surenchère de la part du Parti
québécois et de la CAQ...
M. Nadeau-Dubois : Moi, je
pense qu'à mon premier point de presse de la session parlementaire je vous ai
dit : Je crains, cette session-ci, que, sur les thèmes liés à l'identité,
immigration, laïcité, valeurs, etc., je crains une surenchère. Je pense même
que, la dernière fois qu'on s'est parlé, il y a deux semaines, je vous ai parlé
de cette surenchère-là, cette fois sur la question de l'immigration. Moi, je
pense que cette... et je pense que c'est ce à quoi on assiste dans les
dernières heures à partir du dossier de l'école Bedford. Ça me déçoit, je
trouve ça regrettable.
Les enfants de l'école Bedford, là, et les
enfants du Québec en général méritent une classe politique qui prend des décisions
basées sur les faits et qui trouvent des vraies solutions à leurs vrais
problèmes, pas une compétition rhétorique.
Journaliste : Mais est-ce que
vous pensez que les mécanismes qui existent actuellement au Québec sont
suffisants pour protéger les enfants contre ce qui s'est passé à l'école
Bedford?
M. Nadeau-Dubois : Faisons un
post-mortem pour répondre à cette question-là, parce que moi, je ne suis pas
prêt à donner... à... comment dire, moi, je ne suis pas prêt à concéder au
centre de services scolaire de Montréal qu'ils n'avaient donc aucun moyen
d'agir. J'ai beaucoup de difficulté à croire que, même avec les lois et
règlements en place, le centre de services scolaire de Montréal n'était pas en
mesure de réagir. Il y a eu des plaintes depuis des années. Il y a eu un
premier rapport sur le climat de travail qui était clair. Je veux dire, la
responsabilité, là, d'assurer un milieu de travail exempt de harcèlement, là,
peu importe que ce soit un harcèlement de sources culturelles, religieuses,
sexistes, là, c'est la responsabilité de l'employeur. Donc, est-ce qu'on est
ouvert, à Québec solidaire, à regarder comment, sur le plan, là, par exemple,
des pratiques d'enseignement, comment on peut s'assurer qu'il n'y ait vraiment
aucun prosélytisme? Oui, on est ouvert, mais est-ce qu'on est prêt à concéder
au centre de services scolaire de Montréal qu'ils n'avaient aucun moyen
d'intervenir? Absolument pas. Moi, je trouve que quand... je pense qu'il faut
faire bien attention avant d'admettre que le centre de services scolaire de
Montréal était impuissant. Nous... Moi, je ne crois pas à l'impuissance du
centre de services scolaire de Montréal. Il y a des lois contre le harcèlement.
Il y a un cadre pédagogique qui est clair au Québec, des pratiques éducatives
abusives, c'est interdit. Et les enseignants, enseignantes qui ont de telles
pratiques doivent être sanctionnés.
Alors, oui, ayons la conversation. Mais
attention, avant de faire la part belle au centre de services de Montréal, moi,
je ne veux pas que Bernard Drainville utilise l'invitation qui lui est faite
par M. Legault de travailler sur la question du prosélytisme pour qu'on ne
parle plus des erreurs injustifiables du centre de services de Montréal dans
cette histoire.
Journaliste : ...ce n'est pas
superclair, pour moi, qu'est-ce... c'est quoi, le problème dans ce dossier-là.
Est-ce qu'on est allé trop loin dans certains propos, dans la surenchère
concernant le dossier de l'école Bedford? Est-ce qu'il y a des choses dans le
contexte de la surenchère qui n'auraient pas dû être dites, ou proposées, ou...
M. Nadeau-Dubois : Je
commentais le climat politique général des débats au Québec depuis un moment.
Ça fait plusieurs fois que vous m'entendez dire ça. Il y a... Ça ne prend pas
un postdoctorat en analyse politique pour voir qu'il y a, sur le plan
électoral, sur le plan politique, une compétition, une surenchère entre le
Parti québécois et la CAQ. C'est le cas sur les enjeux d'immigration, c'est le
cas sur les enjeux de laïcité.
Journaliste : ...on n'est pas
là?
M. Nadeau-Dubois : Bien, moi,
je pense que, quand M. Plamondon dit qu'il n'y a peut-être pas assez
d'enfants nés au Québec dans certaines classes, je pense que c'est un problème.
Journaliste : ...mais la...
de services, puis tout ça, là, quand vous dites que vous êtes ouverts aux
mécanismes, ce serait lesquels, par exemple? Renforcer la Loi sur l'instruction
publique? Tu sais, ça peut être...
M. Nadeau-Dubois : ...la
lutte... Tu sais, mettre des garde-fous, là, supplémentaires pour s'assurer que
tous les enfants du Québec, tous les écoliers, toutes les écolières, peu
importe leur origine, peu importe leur région, aient la même éducation de
qualité, et que leur droit, à eux et elles, à une éducation de qualité soit
effectif, on ne sera jamais fermés à ça. Bien sûr qu'on est ouverts à regarder
ce qui peut être fait, mais attention à ne pas, par là, conclure que c'était
donc impossible d'agir à l'école Bedford avec les règles actuelles. Moi, c'est...
Vous comprenez, là, je pense que la ligne que j'essaie de tracer ici? Il ne
faut pas que cette réflexion-là soit une manière de dédouaner les autorités en
place. Parce qu'il y a eu aveuglement volontaire. Là-dessus, je suis d'accord
avec ma collègue Marwah Rizqy. Et le centre de services scolaire, même avec les
règles actuelles, aurait pu et aurait dû agir.
Journaliste : ...il y a eu
des propos menaçants... de M. Charkaoui.
M. Nadeau-Dubois : Oui. Bien,
je... vous nous avez déjà entendus...
Journaliste : Donc, est-ce
que vous faites comme M. St-Pierre Plamondon? Est-ce que vous demandez à
l'Assemblée nationale de protéger la députée?
M. Nadeau-Dubois : Bon,
d'abord, je... D'abord, ces propos-là sont condamnables au plus haut point.
Aucun député, jamais, aucune députée, jamais, ne devrait avoir peur de faire
son travail de législateur et de commenter, et jamais aucun député ne devrait
être exposé à des propos de cet ordre-là, qui... qui pourraient alimenter des
menaces à leur sécurité. Pour ce qui est de la décision d'offrir ou pas de la
sécurité à Mme Rizqy, c'est une conversation qui doit avoir lieu entre Marwah
et les gens de la Sécurité publique et de l'Assemblée nationale. Mais nous, on
est favorables à ce que tout député qui craint pour sa sécurité puisse être
accompagné convenablement.
Mais on ne peut pas faire de demandes
politiques de réclamer de la sécurité pour quelqu'un d'autre. C'est une
discussion qui doit avoir lieu entre les autorités puis la personne qui est
concernée. Mais on ne s'y opposera certainement pas. Puis j'en sais quelque
chose, disons ça comme ça.
Journaliste : Il y a plus de
2 000 médecins qui sont formés au Québec qui pratiquent en Ontario,
qui sont formés, surtout, à l'Université McGill. Est-ce que c'est un problème?
Est-ce qu'il faut remédier à la situation, ou chacun a le droit d'aller
pratiquer...
M. Nadeau-Dubois : Oui. On a
un gros problème au Québec, parce qu'on forme beaucoup de médecins, et il y en
a beaucoup trop qui finissent dans le privé ou dans le reste du Canada, alors
que leur formation a été financée par des fonds publics, grâce à une politique
d'accessibilité à l'enseignement supérieur qui est une des plus accessibles — et
c'est une très bonne chose — en Amérique du Nord. Donc, on est en
train de travailler là-dessus à Québec solidaire, parce que c'est très
préoccupant. On ne peut pas accepter de voir des médecins quitter en aussi
grand nombre. On ne peut pas, non plus, accepter le phénomène des portes
tournantes entre le privé et le public, auquel on assiste présentement. Parce
que ça fait en sorte qu'au bout du compte là, il y a des Québécois, Québécoises
qui paient deux fois pour se faire soigner, une fois dans leur rapport d'impôt,
puis là, à un moment donné, quand ils sont malades, ils se tournent vers le
réseau public, les files d'attente sont trop longues, ils sont obligés, par
dépit, de payer au privé, et là on paie deux fois pour des soins de santé, qui
devraient être de qualité et accessibles.
Journaliste : ...on a le
privé puis ceux qui...
M. Nadeau-Dubois : Ce n'est
pas... Ce n'est pas le même problème. Mais le résultat des deux phénomènes,
c'est qu'il nous manque de soins au public, au Québec.
Journaliste : On Bedford, what message does the situation send to you when it
comes to Bill 21?
M.
Nadeau-Dubois :
Well, the debate on secularism in Québec has been, for more than 15
years, focused on the issue of visible religious symbols. I think that the
scandal at the Bedford school shows that maybe we weren't talking about the
good thing, maybe what's fundamental is not what the people have on their head,
but what people have in their head. And that prejudice, that discrimination,
that intimidation, whether it's from a religious source or any other source, is
unacceptable in our schools. We've... been saying that... I remember Françoise
David saying that... years ago, saying: Of course, the religious neutrality of
the State is fundamental, but let's talk about it really fundamentally, let's
not talk about only what people look like, let's talk about what they do in the
classrooms.
Journaliste :
...21 does not go far enough? You would
amend it? You would... What would you...
M.
Nadeau-Dubois :
It's not a quantitative... For me... For us, it's not a...
Journaliste :
...21 is focused on symbols, and you're
saying: It's not... It doesn't matter what's... what matters is what's in your
head. So, would you change... would you agree to change the bill, or...
M.
Nadeau-Dubois :
Well, for us, it's not a quantitative question, it's not that it...
not go far... it's not that it's not tough enough or should be less tough. It's
about what is secularism. Is it putting rules about what people look like, or
it's making sure that, in its effective work, the State is neutral, the State is separate from religion? That's the issue. I mean, we've
been talking for 15 years about religious symbols, and we are still funding
private religious schools with our taxpayer dollars. That's another very good
example on the fact that I think we have been focusing on our debate on
secularism, not on what is essential.
Journaliste :
If we go through the Education
Ministry's report, there are a few mentions of religious behaviors, but the
conclusion is that there was a clash of teaching practices...
M.
Nadeau-Dubois :
Exactly.
Journaliste :
...a vision, ideological. It was not
proven out of doubt that it was... secularism was at stake. There is a danger
for you that the local Government is having right now a tunnel vision on
secularism with the case of Bedford.
M.
Nadeau-Dubois :
Well, the report says that there were some things that were maybe
from a religious influence, something maybe from a completely other influence.
And there are... there were teachers from all backgrounds in the school that
were disagreeing with those practices. So, yes, we should not simplify the
issue, but if the question that is asked to me is : should we make sure
that every kid in Québec has in education of quality, the same quality of
education, that is without prejudice, that is without any bias, religious or
other? Yes, we agree with that at Québec solidaire, and we will never be
against to make sure that this is the reality in the schools. But what happened
at the Bedford School goes further than this simple issue of secularism.
Journaliste :
But don't you want to have the proof
first that there was a religious... like, that there was a spread of religion
between teachers and students.
M.
Nadeau-Dubois :
Well, we should.... You know, we are all commenting a story that we
never personally lived. What we have is the reports that are saying things and
others. Sometimes the language is clear, sometimes the language is more vague.
So, what needs to be done is a postmortem evaluation of the situation to know
where exactly in the last years people dropped the ball on that issue. But
something is clear, with the actual rules of the Québec State, hose teachers
should never have been allowed to continue teaching. It took an unacceptable
delay before they were suspended, and let's think about what we can do more,
yes, but let's not forget that, even with our actual rules, we would have been
able to act, I'm persuaded of that. There is no reason why a teacher that is
installing an intimidation climate in its workplace should continue to be there
without any consequences. And that is the responsibility of the bosses. And the
bosses in that issue did not do their job.
Journaliste :
Is the Legault Government focusing on
the wrong aspect of the report by putting so much focus on secularism? I just
want to clarify your position on that.
M.
Nadeau-Dubois :
Well, it's a complicated situation. The report cites different
events that could be attributed to different sources. But one thing is clear,
we have been talking for 15 years about what teachers look like. Maybe that was
the wrong topic of conversation. We should have been talking about what is
being done in the classrooms, not what people look like. We've always... at
Québec solidaire, we've always had a real discussion about secularism, it
should be about the... in French, we say «prestation de service». I have a hard
time translating that.
Journaliste :
Delivery.
M.
Nadeau-Dubois :
Delivery. We should have been talking about the delivery of
services, not about what the people who delivered a service, what they look
like.
Journaliste :
On the doctor's issue, it's not exactly
a new problem, doctors leaving specifically from McGill to go to other places.
The reports seem to indicate, though, that Dubé' ministry didn't know the
magnitude of the problem. What does that tell you about...?
M. Nadeau-Dubois :
I think Mr. Dubé is voluntarily blind
to one of the structural problems we have. It's not that we don't give enough
diplomas each year for doctors, nurses and healthcare professionals, it's that
we deliver diplomas, but a less and less big proportion of those people work
inside the public health sector in Québec. A lot of them go outside of Québec,
a lot of them go work in the private sector. And if we don't address that
haemorrhage, the patient will never get better. We will put in place solutions,
but the problem will never be solved.
Journaliste :
And for the taxpayer...
M.
Nadeau-Dubois :
Well, I think that we have a real issue in Québec. We have a very
accessible policy in terms of postsecondary education, and that's a historical
gain for the working class in Québec, and we have to protect that. But we have
also to make sure... we have to make sure that people that benefit from those
formations actually contribute, especially for those kinds of formations, to
the public sector in Québec.
(Fin à 11 h 25)