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Point de presse de M. Etienne Grandmont, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de transports et de mobilité durable, et M. Gabriel Nadeau-Dubois, chef du deuxième groupe d’opposition

Version finale

Tuesday, September 24, 2024, 11 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures deux minutes)

M. Nadeau-Dubois : Bonjour, tout le monde. Content de vous retrouver aujourd'hui à l'Assemblée nationale. Je veux vous parler de deux sujets ce matin.

D'abord, bien sûr, Northvolt, Northvolt, Northvolt. Aujourd'hui, Québec solidaire va demander quelque chose de très, très, très simple à François Legault et à la CAQ : n'investissons plus une cent d'argent public supplémentaire dans la compagnie Northvolt et dans ses différents projets. Franchement, à ce stade-ci de la saga, là, c'est le strict minimum, le strict minimum. Parce qu'en ce moment, qu'est-ce qui se passe en coulisses? Bien, en ce moment, Northvolt est en restructuration, les créanciers évaluent leurs options, et, parmi les options, il y a, sans doute, de vendre, en tout ou en partie, la compagnie, des mesures de restructuration, des mises à pied. Mais il y a aussi sans doute des discussions pour un refinancement de l'entreprise, et donc les créanciers pourraient être sollicités, dans les prochaines... dans les prochaines heures, dans les prochains jours, pour aider l'entreprise à balancer ses finances et à retrouver des liquidités.

Donc, la demande qu'on fait, aujourd'hui, au gouvernement du Québec, elle est vraiment élémentaire, et on va déposer une motion pour que ce soit un engagement formel : le gouvernement du Québec ne devrait pas ajouter 1 $ de plus dans Northvolt. Je pense que ça fait longtemps qu'il y a des Québécois puis des Québécoises qui s'inquiètent de ce qui est en train d'advenir de ce projet-là. Le premier ministre doit rassurer la population, puis la première manière de le faire, et c'est élémentaire, c'est de dire : On ne rajoutera plus d'argent dans cette «start-up» qui bat de l'aile et qui chambranle de manière de plus en plus inquiétante.

Deuxième sujet dont je veux vous parler ce matin, je ne peux pas m'empêcher de revenir sur l'appui surprenant, stupéfiant qu'a offert François Legault à Pierre Poilievre jeudi dernier. Je l'ai appris en même temps que vous. Je suis tombé de ma chaise. Et j'ai été d'autant plus perplexe quand j'ai vu qu'en fin de semaine François Legault a persisté et signé, en retwittant, notamment, sans gêne, des messages provenant d'employés de M. Poilievre, en retwittant des messages qui sont, clairement, des messages proconservateurs, des messages électoraux de Pierre Poilievre. Ce n'est pas mêlant, François Legault est en train de se transformer en superbénévole pour Pierre Poilievre au Québec. Ma question est la suivante : Quand est-ce que François Legault a reçu ce mandat-là de la part des Québécois et des Québécoises? Quand est-ce que les Québécois et Québécoises ont voté pour que François Legault fasse ouvertement la promotion d'un parti dont le tiers des députés sont contre le droit à l'avortement? Quand est-ce que les Québécois et Québécoises ont donné ce mandat-là à François Legault? Et ce n'est pas juste du passé, là. Ce matin, dans le Journal de Montréal, on apprend qu'il y a un député du caucus de M. Poilievre, qui est en pèlerinage religieux aux États-Unis dans un congrès de l'extrême droite religieuse à titre de député, s'il vous plaît, pour faire la promotion de messages anti-choix... contre le droit des femmes pour... de choisir ce qui va arriver avec leur corps. M. Legault aime ça parler des valeurs québécoises, là. On en a souvent débattu, lui et moi, de ce que sont les valeurs québécoises. Mais une chose est sûre, là, une régression sociale au Québec et au Canada sur la question du droit à l'avortement, ce n'est pas une possibilité, ça fait que François Legault doit se ressaisir, se recentrer sur le mandat qu'il a reçu de la part des Québécois et des Québécoises. Et ce mandat-là, ce n'est pas de devenir le bénévole en chef de Pierre Poilievre. C'est de faire fonctionner notre système de santé, de faire fonctionner notre système d'éducation, de s'occuper du coût de la vie puis de s'occuper du logement. Que François Legault fasse ça puis qu'il arrête de faire campagne pour Pierre Poilievre.

M. Grandmont : Moi aussi, j'ai un... D'abord, merci. Bonjour, tout le monde. Je suis content de vous retrouver. Moi aussi, je veux vous parler de la sortie surprenante, stupéfiante de François Legault la semaine passée, en lien avec mes dossiers. Parce que pour moi d'appeler la population à ce que Pierre Poilievre devienne le prochain premier ministre, c'est aussi un risque très grand que le tramway ne se réalise pas. Vous le savez comme moi, Pierre Poilievre a dit qu'il ne mettrait pas une cenne dans le projet de tramway. Pierre Poilievre, ce n'est pas mêlant, là, il est plus anti-tramway qu'Éric Duhaime lui-même. Il faut le faire. C'est un bon projet, le projet de tramway. J'étais avec des citoyens, avec les conseils de quartier la semaine passée, vendredi passé. Ça fait 100 jours... plus de 100 jours que le premier ministre s'est engagé à réaliser le tramway, la phase 1, proposé par CDPQ Infra. Il a fait ça le 13 juin. Vous calculerez, ça fait plus que 100 jours. Comment ça se fait qu'on n'a pas encore notre signature avec CDPQ Infra? Comment ça se fait que ce projet-là n'est pas encore sur les rails? Puis n'eût été du niaisage de la CAQ depuis leur arrivée au pouvoir en 2018, là, bien, on compterait les dodos, ça serait dans deux ans qu'on aurait notre tramway dans les rues de Québec. C'est la clé de voûte pour les changements climatiques puis c'est la clé de voûte pour réduire la congestion à Québec. Alors, est-ce que le premier ministre endosse ces propos-là? Est-ce que le premier ministre du Québec endosse ça? Est-ce que le premier ministre pense que le fédéral ne doit pas mettre une cenne là-dedans ou il veut vraiment que le tramway se réalise? C'est la question que je lui pose aujourd'hui.

Journaliste : Si on n'investit plus un sou, là, dans Northvolt, est-ce qu'on ne met pas à risque aussi l'argent qu'on a déjà investi? Parce que c'était ça le problème aussi avec Airbus, la raison pour laquelle on a prolongé la participation... parce que sinon on perdait déjà du...

M. Nadeau-Dubois : Bien, d'abord, aujourd'hui, à Québec Solidaire, on ne demande pas au gouvernement de briser un contrat qu'ils ont signé, de défaire une promesse qu'ils ont faite. On demande le strict minimum. Là, là, le bateau est troué de partout, il est en train de couler sous nos yeux. Le strict minimum, c'est de ne pas ajouter de notre argent. François Legault a mis 700 millions de notre argent, les Québécois et les Québécoises, dans un projet qui était risqué. M. Legault a joué au poker. Il a fait un coup de poker, et là, la game ne tourne pas à son avantage. Donc, la manière de rassurer les gens, et c'est vraiment le strict minimum, c'est de dire : On ne va pas doubler la mise. On va garder nos jetons. À partir de maintenant... Posons la question inversement. Si Northvolt rencontrait le gouvernement du Québec aujourd'hui puis il lui disait : Hé! on a un projet pour vous autres. Est-ce qu'aujourd'hui François Legault réinvestirait? Poser la question, c'est un peu y répondre. Donc, on va déposer une motion. Il n'y aura pas de flafla, ça va être très clair. Là, peut-on au moins arrêter d'investir dans cette «start up» qui... c'est triste, mais il faut se rendre à l'évidence là, est en sérieuses difficultés.

Journaliste : M. Nadeau-Dubois, vous avez au fil de votre carrière été victime de menaces vous-même. On a vu un maire qui a reçu une brique dans son... dans le pare-brise de sa voiture. Est-ce que c'est devenu plus dangereux être un élu...

M. Nadeau-Dubois : Bien, je pense, c'est plus dangereux de faire de la politique aujourd'hui qu'avant. Il faudrait sans doute vivre dans une cloche de verre pour ne pas le... pour ne pas le constater. Après ça, vous m'avez entendu, dans les dernières semaines, parler du climat politique aux États-Unis. C'est sûr que, quand on se compare, on se dit : On n'est pas rendus là. Mais, en même temps, je prends toujours la peine de le dire : On n'est pas non plus immunisés contre l'augmentation de la violence politique qu'on voit tout près de chez nous. Quand on voit des mères qui se font garrocher des briques dans leurs fenêtres, je veux dire, c'est superinquiétant. On veut... on dit qu'on veut attirer des gens en politique, notamment des gens, notamment des pères, des mères de famille. Ce climat-là, ça n'aide pas l'engagement.

Après ça, il faut quand même le rappeler, de manière extrêmement majoritaire, les Québécois, les Québécoises sont polis, sont courtois, sont respectueux des politiciens, des politiciennes. Moi, mon quotidien, là, c'est souvent des gens d'accord, souvent des gens pas d'accord qui viennent me voir mais qui le font de manière très courtoise et respectueuse. Mais, oui, il y a une petite minorité qui existe, on la voit de plus en plus, puis c'est un problème.

Journaliste : Mais vous n'êtes pas d'accord avec le premier ministre qu'il faut ramener le civisme au Québec? Vous dites que les Québécois sont gentils.

M. Nadeau-Dubois : Bien, c'est-à-dire que, comprenez-moi bien, là, je pense que je suis assez clair que c'est complètement inacceptable, ces gestes-là. J'ai juste envie de rappeler que... Puis, oui, il faut comme... oui, il faut plus de civisme. Je ne suis pas en désaccord avec le premier ministre, là, je fais juste... Je pense qu'il faut se servir de ce qui se passe aux États-Unis, un peu, comme avertissement. Là-bas, on en est à deux tentatives d'assassinat en quelques mois contre un des candidats à la présidence. Ça fait que faisons ce qu'on a à faire, au Québec, pour amener le civisme puis qu'on ne se rende pas là. Moi, c'est ça que je dis.

M. Grandmont : Et j'ajouterais, on a travaillé sur cet enjeu-là, hein, au niveau municipal, le projet de loi n° 57. Souvenez-vous, là, après... je vais même revenir un petit peu en arrière, souvenez-vous, au départ de l'ancienne mairesse de Gatineau, France Bélisle. On avait déposé... Québec solidaire a déposé un mandat d'initiative pour discuter de ces enjeux-là. La réponse du gouvernement, ça a été le projet de loi n° 57, dans lequel on a eu des avancées, on verra dans le temps si ça se matérialise, beaucoup, en ce qui a trait entre... au niveau de la relation entre les citoyens puis les élus municipaux. Il reste encore beaucoup de zones sur lesquelles on n'a pas travaillé.

Notre mandat était beaucoup plus large. Ce qu'on demandait, c'est qu'on travaille aussi sur la relation entre les élus. Ça aussi, il y a des enjeux importants, puis vous en avez vu aussi, des cas, un peu partout, dans différentes municipalités, puis aussi au niveau de la surcharge de travail des maires et des mairesses, qui sont complètement dépassés par les responsabilités que le gouvernement lui pellette dans sa cour, je pense... au niveau du transport collectif, par exemple, ou encore de l'itinérance. Les maires et les mairesses du Québec sont au front sur plein d'enjeux puis se sentent complètement désemparés, dépassés. Et j'ai... j'ai hâte et je n'ai pas hâte, mais de voir combien de nouveaux élus municipaux vont démissionner, là, cet automne, alors que leur démission n'entraînera pas une élection partielle. Moi, je vous invite à suivre les chiffres là-dessus. On verra, entre autres, si le projet de loi n° 57 donne des résultats, parce que... Moi, ça va être un bon indicateur que je vais essayer de suivre. Mais, sur le fond, évidemment, je suis d'accord avec mon collègue, les Québécois, règle générale, sont évidemment extrêmement sympathiques, gentils, respectueux. Puis, évidemment, tout geste de violence doit être dénoncé, et on doit trouver des moyens pour y... intervenir.

Journaliste : Sur Northvolt, il y a le Parti québécois qui demande un débat d'urgence. Moi, je me demandais, vous, quelles informations, exactement, vous souhaitez avoir pour vous rassurer sur l'état du projet, là, est-ce que vous... Qu'est-ce qu'il vous manque? Qu'est-ce que vous n'avez pas que vous avez besoin pour vous rassurer?

M. Nadeau-Dubois : Bien, la liste... la liste des informations nécessaires pour qu'on soit rassurés est très, très, très longue. Je ris, mais ce n'est pas drôle, là. C'est qu'il y a tellement d'eau dans le gaz, il y a tellement de problèmes que la liste d'éléments qui suffiraient à nous rassurer, elle est très longue. Bien, je vais vous donner un exemple. Où sont les études, si elles existent, qui chiffrent les retombées économiques de Northvolt? Parce que quel est l'argument numéro un de François Legault quand on lui demande : Pourquoi vous avez donné tant d'argent et tant d'électricité à Northvolt? Il dit : C'est parce qu'il y a des retombées économiques. Très bien. Où sont les études qui chiffrent les retombées économiques de Northvolt?

Mon collègue, Haroun Bouazzi, a posé la question au ministre Fitzgibbon lors de l'étude des crédits. Je vous invite à aller réécouter l'échange : Oui, oui, on a des études sur les retombées pour l'État québécois. Parfait, où sont-elles? Ça fait que voilà un exemple d'une information dont, je pense, les Québécois, Québécoises ont besoin pour savoir : est-ce que c'est une bonne affaire pour le Québec, est-ce que le coup de poker de François Legault, il vaut la peine, qu'est-ce qu'on gagne si, Northvolt, son projet sort de terre?

À ce jour, cette information n'a jamais été donnée. François Legault et son gouvernement n'ont jamais chiffré les retombées économiques d'un projet qu'ils nous ont vendu comme le meilleur projet économique de l'histoire du Québec. Il n'y a pas assez de violons dans tout l'orchestre symphonique, là, pour accoter les violons que les caquistes ont sortis pour nous dire que c'était le meilleur projet, la nouvelle Baie-James. Il n'y a pas de métaphore qu'ils n'ont pas utilisé. O.K. Ils sont où, les chiffres? Qu'ils chiffrent les retombées économiques.

Journaliste : ...la demande du Parti québécois de tenir un débat d'urgence?

M. Nadeau-Dubois : Bien, il n'y aura pas de... il n'y aura pas, comme, de vote. Mais s'il y a un débat, on va y participer, puis, oui, c'est une bonne idée, oui, oui.

Journaliste : Vous qui êtes un parti environnementaliste... On ne s'en cache pas, là, vous avez déjà fait l'ultimatum climatique. Est-ce que pour vous, la filière batterie, c'est une mauvaise idée?

M. Nadeau-Dubois : La filière batterie, c'est une bonne idée pour le Québec. La filière batterie, c'est un des secteurs économiques où le Québec a beaucoup à gagner parce qu'on a des minéraux stratégiques, parce qu'on a de l'hydroélectricité quand même de disponible, et elle est propre comparativement à d'autres types d'énergie à travers le monde. Donc, nous, le développement de la filière batterie, on proposait ça à Québec solidaire en 2018. On avait un plan pour déployer cette filière-là au Québec. Et on y croit toujours, mais il faut faire ça de manière transparente, de manière démocratique, avec de l'acceptabilité sociale, en respectant les normes et les lois du Québec. Puis, dans le cas de Northvolt, ça a été tout le contraire. C'est un coup de poker basé sur le flair personnel d'un ministre qui depuis est retourné chasser le faisan.

Journaliste : La fin de ma question était... Bon, il y a Ford, il y a GM, qui... Il y a Nemaska Lithium qui est en train de se restructurer puis de produire. Il n'y a pas un risque à tirer sur Northvolt, comme on tire actuellement, là, faire peur à peu près à tout le monde actuellement?

M. Nadeau-Dubois : C'est Northvolt qui tire sur Northvolt. Je veux dire, les difficultés financières de Northvolt ne sont pas causées par les questions de l'opposition au Parlement du Québec, là. Puis je ne vous dis pas ça pour diminuer notre travail, là. Je fais juste dire que s'il manque des milliards de dollars, ce n'est pas parce qu'Haroun Bouazzi, Pascal Paradis puis Marwah Rizqy ont été un peu gossants, là. C'est parce que c'était une entreprise qui était fragile. Puis j'aime beaucoup mes collègues parlementaires, puis ils font un bon travail, mais, je veux dire, soyons sérieux, si ça ne va pas bien, c'est que le modèle d'affaires, le projet était fragile, il était risqué. Mon collègue Haroun Bouazzi a été un des premiers à dire : Un instant, là. Est-ce qu'on sait combien on va avoir en retombées économiques? Est-ce qu'on a calculé les risques? Quels critères on a utilisés pour choisir cette industrie-là plutôt qu'une autre? Et là on est devant le résultat des courses.

Journaliste : ...de l'air ambiant, là. Il n'y a pas un risque?

M. Nadeau-Dubois : Bien, c'est pour ça qu'il faut bien faire les choses. C'est pour ça qu'il faut chiffrer les retombées économiques. C'est pour ça qu'il faut avoir des garanties d'emplois locales. C'est pour ça qu'il faut faire des BAPE. Eh! rappelez vous, il y a quelques mois, on nous disait : On ne peut pas faire de BAPE, Québec solidaire. Il faut aller super vite. Eh! ça serait-tu plate que le projet soit retardé si on faisait un BAPE? Ah! Bien, regarde donc.

Journaliste : Sur la filière...

Journaliste : M. Nadeau-Dubois, en 2021, M. Legault a appuyé, disons... ou a invité à mots couverts... appelé à mots couverts à voter conservateur en 2021.

M. Nadeau-Dubois : Oui, puis ça a a mal viré.

Journaliste : En 2022, il n'a pas été pénalisé pour ça, il n'a pas été sanctionné par les électeurs. Alors, qu'est-ce qui laisse croire qu'il y aurait des conséquences cette fois-ci?

M. Nadeau-Dubois : Bien, écoutez, là, Pierre Poilievre n'est pas député à la Chambre des communes depuis trois semaines et il a voté depuis qu'il est député à quatre reprises pour des motions ou des projets de loi qui menaçaient directement le droit des femmes à l'avortement. Le tiers de son caucus est clairement affiché comme pro-vie, et, selon certains organismes de surveillance du droit des femmes, les sympathies pro-vie à l'intérieur du caucus conservateur pourraient aller jusqu'à 70 % des députés. Ce n'est pas une joke. C'est sérieux. Est-ce qu'on veut que cet homme-là soit premier ministre du Canada? François Legault, ce qu'il a fait la semaine dernière, c'est une énorme passe sur la palette à cet homme politique. Moi, je pense que ça ne représente pas les valeurs de la grande majorité des Québécois et Québécoises, puis François Legault doit corriger le tir. Ça tombe bien, des motions conservatrices comme cette semaine, il va y en avoir d'autres dans les prochaines semaines.

Journaliste : ...

M. Nadeau-Dubois : Qu'il corrige le tir, et, au lieu de rivaliser d'originalité pour faire des jambettes au Parti québécois, là, qu'il travaille sur le système de santé, sur le système d'éducation, sur la crise du logement, sur la crise du coût de la vie. C'est ça que les Québécois puis que les Québécoises veulent de leur premier ministre, pas qu'il fasse de la politicaillerie qui met en danger. C'est sérieux le droit des femmes de choisir ce qu'elles font avec leur corps.

La Modératrice : Une dernière question en français.

Journaliste : Sur l'objectif zéro émission en 2035, là.

M. Nadeau-Dubois : Oui.

Journaliste : Il y a des pays de l'Union européenne, parce qu'eux autres aussi ont adopté la même cible, qui commencent à remettre cet objectif-là en question, parce que les véhicules électriques ne sont pas en hausse, ils sont en baisse. C'est 68,8 % en Allemagne. C'est moins 33,1 % en France, moins 24 %, 25 % en Espagne et, en Italie, c'est moins 41 % de ventes de véhicules électriques. Ils régressent, ils n'augmentent pas.

M. Nadeau-Dubois : Bien...

Journaliste : Alors là, ils sont en train de se dire : Est-ce qu'on... Est-ce que cet objectif-là n'est pas un peu nuisible, parce que, justement, forcer les constructeurs à vendre des véhicules électriques alors que les gens n'en veulent pas, ça va faire seulement hausser le...

M. Nadeau-Dubois : Bien, moi, j'ai vu un sondage, ce matin, je pense que c'est chez vous, dans Le Journal de Montréal, qui disait : Un Québécois sur deux, là, c'est quand même une bonne proportion, là, qui veut, très rapidement, passer à l'électrique. Et c'est quoi, les obstacles? C'est le coût et la disponibilité des véhicules, puis, bon, il y a des inquiétudes sur l'autonomie également. Donc, les Québécois, Québécoises, je pense, veulent passer à l'électrique dans une bonne proportion, mais il faut que les constructeurs automobiles rendent les véhicules disponibles, et les rendent disponibles à un coût avantageux. Il faut que le gouvernement fasse sa job d'installer des bornes de recharge, pour que ce soit possible de se recharger sur le territoire québécois, puis, s'il y a de la volonté politique, c'est possible d'y arriver.

Journaliste : Donc, il faut garder cet objectif-là aveuglément? C'est à ne pas remettre en question?

M. Nadeau-Dubois : On est en train de rater lamentablement nos cibles québécoises de réduction de gaz à effet de serre. La dernière chose à faire, c'est pelleter le problème par en avant. Il faut redoubler d'ardeur, travailler plus fort, travailler plus vite pour électrifier plus vite le Québec.

Journaliste : Est-ce qu'on devrait pouvoir importer des véhicules électriques chinois, pas chers?

M. Nadeau-Dubois : L'objectif, c'est d'avoir des véhicules électriques disponibles en assez grande quantité et à bas prix. Ça peut se faire en protégeant les emplois locaux. La seule... Ce n'est pas vrai que la seule option, c'est les véhicules chinois. Mais il faut de la volonté politique, puis, en ce moment, cette volonté là, elle n'est pas là.

Journaliste : Qu'est-ce qu'Hydro-Québec devrait faire avec les communautés autochtones qui ne paient pas leur facture d'électricité?

M. Nadeau-Dubois : Dialogue, dialogue, dialogue. Il faut reconnaître qu'Hydro-Québec, qui est un joyau hein, du peuple québécois, a quand même été créée comme si les peuples autochtones n'existaient pas, et ils existent, et ils ont des droits, et il faut en tenir compte. Et la voie du dialogue, de la négociation est à privilégier pour qu'on reconnaisse les droits des autochtones, de l'ensemble des Premières Nations, et qu'on parte de la voie des meilleures relations dans l'avenir, parce qu'il va falloir développer Hydro-Québec puis on n'a pas le choix, c'est un passage obligé, il faut le faire dans une relation de nation à nation avec les Premières Nations...

Journaliste : ...en attendant, dans le fond, ce que vous dites, c'est qu'on ne peut, comme, rien faire contre ce phénomène-là, là?

M. Nadeau-Dubois : Tu sais, nous, dans nos bureaux de députés, là, à chaque semaine, on a des cas de citoyens, de citoyennes... québécois, là... québécoises qui ont des enjeux de remboursement avec Hydro-Québec. Hydro-Québec fait ça au cas par cas. On fait des ententes de paiement. Des fois, on annule une partie de la facture ou on étale une autre partie de la facture. Hydro-Québec fait déjà des ententes de paiement, puis est capable, là, d'accommoder les gens qui sont dans le besoin. Donc, ce n'est pas si... ce n'est pas comme si on demandait de faire... à Hydro-Québec de faire quelque chose qui est complètement inhabituel. C'est pour ça qu'il faut que le dialogue continue, parce que l'important, c'est l'avenir, comment on va électrifier le Québec dans le respect des droits des Premières Nations puis des Inuits.

Journaliste : ...vous cherchez un directeur des communications?

M. Nadeau-Dubois : Oui.

Journaliste : Un de vos collègues a fait une publication, sur Facebook, où il dit que c'est l'occasion de travailler avec quelqu'un de très connu, que vous êtes décrit, par la majorité des chroniqueurs politiques, comme étant un des meilleurs communicateurs au Québec, c'est une occasion qui n'arrive pas souvent. Bref, il y a une grosse partie qui est sur vous, là, en fait, la plus importante partie.

M. Nadeau-Dubois : C'est gentil...

Journaliste : Mais, en lisant ça, avez-vous entendu les critiques de Mme Lessard-Therrien, qui vous reprochait d'avoir une équipe serrée, tissée serrée autour de vous, qu'il y avait une forme de concentration dans votre bureau, au Parlement, dans le parti? Tu sais, ce qui est mis de l'avant, c'est vous, davantage que le caucus.

M. Nadeau-Dubois : Je n'ai pas lu le statut Facebook dont vous parlez. Je ne sais pas trop. C'est quoi, votre question?

Journaliste : Bien, est-ce que... En fait, est-ce qu'on est encore, à QS, dans une équipe où il y a surtout une équipe qui est centrée autour du chef, où on met le chef de l'avant ou bien est-ce qu'il y a plus de place, maintenant, pour les députés qui sont en dessous de vous?

M. Nadeau-Dubois : Bien, vous voyez ma... vous nous voyez ici... Moi, je fais un point de presse par semaine, à peu près, des fois, deux, là, selon la conjoncture, toujours accompagné de mes collègues députés. Ma collègue Christine, on pourrait faire le calcul, mais je pense même qu'elle a peut-être fait, même, plus de points de presse que moi depuis le début de la session. J'ai... Ça fait que... Non, non.

Journaliste : O.K. Mais vous avez adapté vos pratiques, en fait, en fonction des critiques que vous avez reçues le printemps dernier?

M. Nadeau-Dubois : J'ai eu l'occasion de répondre à ces questions-là à des dizaines de reprises, là. Je continue à prendre acte des critiques qui sont exprimées, puis je continue à travailler, à faire mon travail le mieux possible, puis à m'améliorer tous les jours. Puis, oui, les critiques de ma collègue Émilise, j'en ai tenu compte, tout comme j'ai tenu compte des critiques de ma collègue... de mon ex-collègue Catherine Dorion. Ces débats-là ont eu lieu à l'interne, je pense, puis ils vont continuer. Mais je ne suis pas sûr de comprendre le lien avec un statut Facebook dont je ne connais pas l'existence, là. Mais, oui, oui, rien n'a changé à ce niveau-là.

Journaliste : On the 2-hour emergency debate on Québec's deal on Northvolt, you really believe that this is a good idea, the PQ's call for this emergency debate, and you think that Quebeckers will get the information they need on this deal?

M. Nadeau-Dubois : Well, what I said... The ask for an emergency debate is an idea of the Parti québécois, the president will decide if they want... if she wants to go forward or not, but...

Journaliste : But it's a good idea, for you?

M. Nadeau-Dubois : Well, if there's a debate, we will participate in it and we will never be against any way to get a little bit more transparency and a little bit more information on the Northvolt project. I mean, Mr. Legault has played poker with the money of Quebeckers, and now he seems like he might be losing the game.

So, what we're asking for today, and it's the bare minimum, the bare minimum, is to stop putting new money on the table on that project. There should be no new more public funds invested in a company that is seriously, seriously endangered.

Journaliste : And why do you think this debate on Québec's deal on Northvolt will help Quebeckers to understand what's happening, what's at stake here?

M. Nadeau-Dubois : Well, you should ask the Parti québécois to justify their demand for an emergency debate.

Journaliste : As a politician...

M. Nadeau-Dubois : I said that we're going to participate in that debate. I think there's no bad idea when it comes to having more information and more transparency on Northvolt. But one of the questions that we have and that we've been asking for months, at Québec solidaire, is : Where are the studies evaluating the amount of economic impact for the Northvolt project? Mr. Legault is using that argument as the first argument to justify his historic investment in Northvolt. The argument is : It's going to create a huge boost for Québec's economy. Well, where are the studies that are evaluating the proportion of those economic impacts? My colleague, Haroun Bouazzi, asked that question to Mr. Fitzgibbon during the last session and we never saw any of those studies. So that's a good example of information we need in order to know : where are we going with that project, where is going the $700 million that Québec taxpayers have invested in that project.

Journaliste : By asking the Québec Government not to invest any more in Northvolt than they already have, what exactly... what message are you sending about the future of, you know, the energy sector, of the electric vehicle sector in Québec?

M. Nadeau-Dubois : We believe... in Québec solidaire, we believe that we have to electrify Québec. We believe the energy sector, the battery sector is a good sector for the future of our economy. But you have to do things correctly, you have to be transparent, you have to be democratic, you have to evaluate seriously the economic impacts of the projects. Is the return on investment big enough if the investment is very big? Those are basic questions, when it comes to investing in a new economic sector, and Mr. Legault has always brushed off any questions on those issues.

Québec solidaire has been having a constructive approach on that issue since day one. We are in favor of the battery sector. We are just asking for the bare minimum in terms of transparency and information. And each time we have done that, Mr. Legault has been pointing fingers and said : Ha! Ha! That means you're against electrifying Québec. Now, we are seeing where this kind of attitude brings us. It brings us in a situation where we have put $700 million of public funds  on a project based only on the personal intuition of a minister that, since then, has left us with the problems and is going to hunt or, I don't know, having fun in his life.

Journaliste : Sorry. I try to not laugh.

M. Nadeau-Dubois : Exactly what happened. Each time we have asked Mr. Legault for transparency, he said : oh! you know, Mr. Fitzgibbon is the best guy to do the big deal, blah, blah blah. Look where it got us.

Journaliste : I have a question. What was... What did you think of Mr. Legault's call last week for the Bloc to take down the Liberals? And you were saying you were flabbergasted that he's supporting Poilievre. Can you elaborate?

M. Nadeau-Dubois : Well, Mr. Legault has no mandate to be the number one volunteer of Pierre Poilievre in Québec. Quebeckers did not give him that mandate. A third of the conservative caucus is clearly against choice for women. According to several abortion rights surveillance groups, a majority, even 70% of the conservative caucus has shown positions that could be... could go in the direction of restricting the right to abortion. It's a serious issue. We should not allow... We should not accept that the Premier of Québec is directly or indirectly putting wind beside the boat... behind the boat of Mr. Poilievre. I mean the mandate of François Legault is to take care of our education system, of our health care system, he has to solve the housing crisis, the cost of living crisis, not campaign for a party that has... today, one of its member of Parliament, in an extreme right religious congress in the United States, preaching, and the word «preaching» is the good word, preaching against the rights of women to chose.

Journaliste : He endorsed Mr. O'Toole in 2011, I think. That was the year... that did not work out very well for him... 2021. Sorry.

M. Nadeau-Dubois : It didn't work out very well for Mr. O'Toole. It didn't work out very well for Mr. Legault. I think Mr. Legault should learn from his mistakes and take care of Québec and Quebeckers.

La Modératrice : Merci beaucoup.

(Fin à 11 h 32)