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Point de presse de M. Pascal Paradis, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière d’énergie, et M. Joël Arseneau, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de transports et de mobilité durable

Version finale

Wednesday, September 11, 2024, 8 h 40

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Huit heures cinquante et une minutes)

M. Paradis : Bonjour à toutes et à tous. Bonne rentrée parlementaire. Donc, hier, ont débuté les consultations particulières sur le projet de loi n° 69 portant réforme du secteur de l'énergie. Et une des questions qui est la plus importante pour les Québécoises et les Québécois, c'est : Que va-t-il se passer avec les tarifs d'électricité pour le secteur résidentiel?

Et on a un gouvernement qui ne cesse d'affirmer que les hausses vont être limitées à 3 % chaque année pour le secteur résidentiel. La ministre l'a affirmé de nouveau hier. Or, on a un projet de loi n° 69 qui dit autre chose, lui. Il crée un programme d'aide financière visant à limiter l'impact de la hausse des tarifs de distribution d'électricité. «Limiter les impacts de la hausse», c'est le projet de loi qui dit ça, là, c'est entre guillemets, ce que je viens de vous citer. Ce programme repose sur un fonds d'aide à la clientèle domestique d'Hydro-Québec, qui va avoir de l'argent fourni, bien sûr, par l'impôt et les taxes des Québécois. Et ça, ce projet de loi là, c'est le projet de loi qui a été écrit par le précédent ministre, Pierre Fitzgibbon, qui n'a eu de cesse de répéter que les tarifs résidentiels, c'était inévitable que ça augmente.

J'ai demandé hier à trois organisations expertes indépendantes de nous dire ce qu'ils pensaient de ce fonds. J'ai posé la question à l'Institut Trottier : Qu'est-ce que ça veut dire, ce fonds-là? D'abord, ils nous ont dit que c'est une très mauvaise idée. Et ils confirment qu'en fin de compte ce sont les contribuables québécois qui vont finir par payer plus. J'ai demandé à la Chaire de gestion du secteur de l'énergie HEC qu'est-ce qu'ils pensaient de ce fonds-là. Ils m'ont répondu, ce sont leurs mots : C'est un stratagème comptable. C'est un stratagème politique. Donc, oui, les Québécois vont payer plus. J'ai demandé à Option Consommateurs s'il y avait quelque chose dans le projet de loi qui garantissait le plafonnement de la hausse des tarifs à 3 %. Ils m'ont dit non.

Donc, on a un gouvernement qui dit une chose et qui fait autre chose dans le projet de loi n° 69. Et ça, c'est une question cruciale pour l'avenir énergétique et économique du Québec et surtout pour M. et Mme Tout-le-monde qui nous écoutent aujourd'hui et qui vont suivre, on l'espère, les consultations particulières.

M. Arseneau : Merci. Moi, je voulais parler, parce que c'est la rentrée, des... du réseau de services de garde à l'enfance, les services éducatifs, parce qu'évidemment on a parlé beaucoup de manque de profs, on n'a pas parlé beaucoup du manque d'éducatrices. On a parlé des déficits de 52 % des CPE, mais on n'a pas parlé de l'engagement formel du gouvernement, en la personne de François Legault, en 2021, qui s'est engagé à ce que, pour mars 2025, le réseau soit complété, que la liste d'attente pour les services de garde soit réduite à zéro.

Aujourd'hui, on constate qu'il y a 34 000 enfants qui sont en attente d'une place en service de garde. Et on constate également que les objectifs que s'étaient fixé le gouvernement, de créer 37 000 places d'ici mars prochain, bien, on tire de la patte un peu. On regarde le tableau, le tableau de bord du gouvernement, qui est produit avec les données gouvernementales, parle de 19 000 places créées. La ministre hier, disait qu'il y en avait 26 000 places de créées. Donc, est-ce que les données... on peut se fier aux données du tableau de bord?

Mais plus important encore, c'était de dire, dans la politique, le grand chantier, le grand chantier des familles, c'était de dire que chaque enfant aurait une place, chaque parent pourrait retourner au travail, mais cet objectif-là, il sera vraisemblablement raté. Et on demande au gouvernement et à la ministre de donner l'heure juste, de nous dire toute la vérité. Et s'ils ont mal fait leur calcul, qu'ils nous le disent. Et quel est le plan de match s'ils pensent vraiment atteindre leur objectif d'ici mars 2025? Alors que, parallèlement, il faut voir aussi que les éducatrices ne reviennent pas parce que les conditions de travail ne sont pas adéquates. Donc, l'enjeu, il est complet et il est extrêmement préoccupant pour les familles du Québec.

Journaliste : M. Paradis, pourquoi n'êtes vous pas rassuré par M. Sabia, qui est venu dire hier qu'il va être possible de maintenir les tarifs résidentiels à 3 % en faisant payer les entreprises un peu plus sans utiliser, là, le fonds d'aide qui est dans le projet de loi? C'est un peu ce qu'a dit, M. Sabia. Pourquoi ça ne vous rassure pas?

M. Paradis : Parce que c'est ce qu'il dit. C'est ce que le premier ministre dit. Mais il faut regarder maintenant qu'est ce qu'il y a dans le projet de loi. Le projet de loi, lui, il prévoit un mécanisme relatif à la hausse des tarifs de distribution d'électricité. C'est ça qu'il fait, le projet de loi. Et n'oublions pas, ce projet de loi, il est le fruit du travail de l'ancien ministre Pierre Fitzgibbon, qui l'a dit, qui l'a répété : Les hausses de tarifs pour le secteur résidentiel sont inévitables. Et les experts qui sont venus témoigner hier sont du même avis.

Donc, je comprends la stratégie de M. Sabia. Et je pense que c'est vrai qu'on peut commencer à regarder dans le secteur des grandes entreprises ce qu'on peut faire là, mais il faut de la transparence dans ce débat-là. Il faut que le gouvernement mette les cartes sur table. Et ça ne serait pas la première fois qu'il nous dit une chose et qu'il fait le contraire.

Journaliste : ...vous demandez le retrait, dans le projet de loi, de ce fonds d'aide là. Vous voulez que ça soit biffé, là.

M. Paradis : Nous, on demande le retrait du projet de loi au complet. On s'est présenté en consultations publiques hier... en consultations particulières, sans connaître la vision et le plan du gouvernement. Où est le document qui contient la vision qui doit être articulée, mise en œuvre par le projet de loi? On procède à l'envers. Tout le monde nous dit que, dans ce projet de loi là, une des bonnes choses — et c'est vrai — c'est qu'il prévoit qu'il va y avoir un plan de gestion intégrée des ressources énergétiques, mais actuellement où est ce plan-là? Qu'est-ce qu'on tente de construire avec le projet de loi? Moi, quand je regarde le projet de loi, il me parle de hausses de tarifs de distribution d'électricité pour le secteur résidentiel.

Journaliste : ...vous savez que le retrait du projet de loi, ça n'arrivera pas, là. Donc, est-ce que, par exemple, un amendement qui viendrait stipuler que la hausse, dans le secteur résidentiel, doit être limitée à 3 %, ça rendrait la chose plus acceptable?

M. Paradis : Ce qui peut arriver, c'est qu'on fasse les consultations particulières. J'en conviens, elles sont lancées, on va les avoir, on va apprendre des choses. En fait, on en apprend beaucoup plus de la part des experts qui viennent témoigner que du gouvernement lui-même. Donc, on va faire les consultations particulières après les consultations particulières. Que la ministre retourne faire ses devoirs.

Journaliste : Puis qu'est ce que vous avez pensé de l'espèce de choc de vision qu'on a vu hier, entre M. Sabia qui dit qu'il faut privilégier la nouvelle énergie, là, qu'on va créer pour décarboner le Québec, et celle du gouvernement qui est d'utiliser cette énergie-là pour attirer des... de nouvelles entreprises, là?

M. Paradis : M. Sabia a dit tout haut ce que tout le monde sait, ce que tout le monde connaît comme étant factuel : ce gouvernement a privilégié des entreprises étrangères. En Chambre, le premier ministre a répondu ça à certaines de nos questions. Des questions que Paul St-Pierre Plamondon lui a posées, j'ai posé des questions au ministre Fitzgibbon à l'époque, qui nous ont dit : Oui, oui, on est parti avec notre valise — je pense que c'est l'image qu'il avait utilisée — puis on est allé, là, puis on a vendu l'électricité du Québec.

Puis là, aujourd'hui, on se retrouve soudainement, on a un déficit d'énergie, on n'a plus assez d'énergie. On était à Rouyn-Noranda, nous, la semaine dernière, les gens de Rouyn-Noranda nous ont dit : On a des projets, nous, dans les cartons, et on s'est fait dire par le gouvernement : Il n'y a pas d'énergie, il n'y a pas d'électricité pour vous, parce qu'on est allé la vendre à l'étranger. Tout le monde sait ça. Le ministre l'a exprimé... le P.D.G. Michael Sabia l'a exprimé hier, mais c'est la réalité et c'est ce que tout le monde savait déjà.

Journaliste : Donc, c'était une mauvaise idée, pour vous, de vendre... par exemple, de passer le contrat avec l'État de New York, pour vendre l'électricité pour fournir Queens, par exemple, en électricité, tout ça. Ça, c'est un mauvais deal?

M. Paradis : Attention! L'exportation d'électricité, ça fait partie de la gamme des outils à la disposition du Québec et d'Hydro-Québec pour enrichir les Québécois, mais encore faut-il la vendre au bon tarif, encore faut-il qu'on s'assure que les coûts de production, le coût marginal de production, aujourd'hui, soient à tout le moins compensés dans les contrats. Et surtout il ne faut pas qu'on crée de la rareté, de la rareté pour nos entreprises québécoises, et qu'en bout... et qu'en fin de compte, ce soit aussi le secteur résidentiel qui paie.

Journaliste : ...au prix qu'on l'a vendu, là, parce que, qu'on le vende n'importe quel prix, l'électricité s'en va pareil, puis on ne l'a plus, là. Hein, on parle de... on parle de déficit d'énergie, là. Alors, est-ce que c'était un bon deal, c'était une bonne idée de vendre des surplus, de passer le contrat avec l'État de New York pour vendre les surplus?

M. Paradis : À l'époque, la prévision, c'était : Des surplus, on a passé un contrat, il existe. Vous nous avez déjà posé la question, il est là, on vit avec, et ça fait partie de la gamme d'outils. Je le répète, le Québec peut continuer à exporter, mais il faut une prévision, il faut un plan, il faut savoir qu'est-ce qu'on veut faire en termes de décarbonation. Et ce plan-là, on ne l'a pas, on ne l'a jamais eu.

Alors, quelle est la part qu'on peut vendre et combien on peut vendre d'électricité? Ça prend un plan. Ce qui a tenu lieu de plan ou de non-plan depuis longtemps, c'est les déclarations de Pierre Fitzgibbon. Il fallait que vous, que moi, que tout le monde, on essaie de déchiffrer où va le gouvernement du Québec parce que c'était une personne qui nous disait : Bon, bien là, j'ai tel nombre de contrats sur la table, j'ai décidé, j'ai choisi. Le ministre Fitzgibbon s'est vanté d'avoir choisi... d'avoir choisi personnellement Northvolt. Ça, ce n'est pas un plan, ce n'est pas une vision gouvernementale. C'est ce qu'on demande, depuis le début, que le gouvernement énonce clairement sa vision.

Journaliste : ...Fitzgibbon est responsable? Vous, vous dites que M. Fitzgibbon est responsable de la pénurie d'énergie qu'on a en ce moment?

M. Paradis : Le gouvernement doit assumer ses choix et c'est lui qui a décidé d'aller vendre l'électricité du Québec, de partir avec sa petite valise, d'aller vendre l'électricité du Québec, et qui retourne aujourd'hui au Québec en disant : Oh! bien là, on manque d'électricité, on manque d'énergie pour nos PME, pour nos organisations, pour les gens ici. C'est le gouvernement du Québec qui doit assumer ça.  

Journaliste : Quand le premier ministre dit qu'il choisit les entreprises selon la rentabilité, est-ce que vous comprenez que la vision de M. Fitzgibbon se... se poursuit, en fait, au gouvernement?

M. Paradis : La réponse qu'on attendait, c'était : Hydro-Québec, et l'énergie, et l'électricité, c'est une richesse québécoise. C'est nous qui l'avons construite à force de bras, à force d'intelligence québécoise, et donc c'est les Québécois et les PME québécoises, les organisations québécoises, les familles, les ménages qui vont... qui vont en profiter en premier. C'est ça qu'on voulait entendre comme réponse.

Journaliste : ...la réponse que vous avez eue, c'est : On privilégie des entreprises qui offrent des salaires plus élevés. Est-ce que vous comprenez, dans ces propos-là, que la vision de M. Fitzgibbon continue d'être présente au gouvernement?

M. Paradis : Le premier ministre assume : entreprises étrangères, bienvenue, on va vous vendre de l'électricité, puis on ne regardera pas ce dont on a besoin d'abord et avant tout au Québec. C'est ça que des véritables nationalistes économiques feraient. Il a assumé. Ce n'est pas ça qu'il a dit hier.

Journaliste : Juste pour comprendre, là, vos propos. Parce que vous opposez, mettons, une PME du Québec à une... à une multinationale étrangère, mais, je veux dire, Rio Tinto, par exemple, là, veut s'électrifier au Québec, ce n'est pas une PME, puis c'est étranger, mais elle est ici. Donc, pour vous, est-ce que ça compte ou... dans quelle catégorie vous la rangez?

M. Paradis : Ça compte. Ce qu'il faut, c'est une planification...

Journaliste : ...est-ce que, pour vous, c'est une entreprise d'ici, Rio Tinto, ou c'est une entreprise étrangère?

M. Paradis : Oui, oui, c'est une entreprise... c'est une entreprise d'ici. Mais là, ce qu'on a vu, c'est notre gouvernement partir vendre notre... notre électricité à l'étranger. C'est eux-mêmes qui nous ont dit ça puis qu'ils nous l'ont...

Journaliste : ...

M. Paradis : Pardon?

Journaliste : GEM, POSCO, ce n'est pas d'ici?

M. Paradis : Non, mais là on ne commencera pas à regarder les entreprises une par une, mais c'est... Il faut…

Journaliste : ...

M. Paradis : Ça prend une planification, ça prend une vision qui dit que l'électricité, l'énergie, c'est une ressource collective québécoise et que c'est un outil fondamental pour le développement des industries québécoises, des commerces québécois, puis qui fait en sorte que, dans les résidences, dans les foyers, on a accès à une énergie...

Journaliste : ...quand, mettons, un projet est déposé, là, vous souhaitez que, si ce projet-là, c'est des capitaux québécois qui veulent créer une entreprise, ça, c'est correct, mais, si c'est une... mettons, c'est des Américains qui veulent ouvrir une mine à Rouyn-Noranda, ça, ce n'est pas correct parce que c'est étranger?

M. Paradis : On dit qu'on regarde d'abord les intérêts de l'économie québécoise, on s'occupe des PME...

Journaliste : ...M. Legault, c'est ça qu'il dit. Il dit qu'il... c'est pour l'économie du Québec, il veut des jobs payantes.

M. Paradis : Hier, il a dit : Peu importe l'entreprise, c'est la job la plus payante qu'on va prendre.

Journaliste : Mais une entreprise étrangère qui veut créer des jobs payantes en région, ça, c'est-tu bon pour vous ou ce n'est pas bon pour vous?

M. Paradis : Un plan... Les nationalistes économiques — et le premier ministre prétend qu'il en est un — regardent d'abord et avant tout quels sont les intérêts des PME, des entreprises, des industries au Québec et surtout planifient; planifient, ont une vision, regardent combien on a besoin d'énergie pour octroyer les blocs à qui. Et c'est cette absence de vision qui coûte cher aujourd'hui et qui fait en sorte qu'on est pris avec un déficit plutôt...

Le Modérateur : On va prendre une dernière question.

Journaliste : ...M. Arseneau, à 12 h 30, avec des maires. Ce sera quoi votre message?

M. Arseneau : Bien, écoutez, je vous invite à être au point de presse de 12 h 50. Mais, je pense, ce n'est un secret pour personne que ce que la CAQ a fait en matière de mobilité et de transport collectif depuis six ans, c'est un bilan absolument nul, c'est zéro. Alors, évidemment, c'est ce que déplorent les maires pour la région de la couronne nord de Montréal. Non seulement on n'a pas amélioré le service, mais on l'a réduit puis on continue de payer sans avoir les services qui sont adéquats. Ils demandent également que ce soit un enjeu clé de la prochaine campagne électorale et que la campagne soit déclenchée le plus rapidement possible. Et évidemment on est d'accord avec eux.

Journaliste : ...de Terrebonne, là, est-ce que vous avez commencé à faire là-bas du porte-à-porte? Parce que vous avez déjà lancé votre campagne, vous, la semaine dernière. Est-ce que vous avez déjà commencé à faire du pointage? Comment... comment va l'organisation sur le terrain actuellement?

M. Arseneau : Bien, écoutez, non, on n'a pas commencé à faire du porte-à-porte. On était là la semaine dernière, on a organisé un premier grand rassemblement. Les troupes se mobilisent, mais, à l'heure actuelle, on planifie davantage la campagne, disons, à la permanence. Mais, sur le terrain... On espère qu'on pourra investir le terrain rapidement, mais on ne le fera vraisemblablement pas avant que la campagne soit déclenchée.

Journaliste : M. Paradis, comme avocat...

Le Modérateur : On va devoir conclure.

Journaliste : Juste une petite dernière. Il va... il va l'aimer, celle-là. Comme avocat, vous avez travaillé beaucoup à l'étranger, là. Qu'est-ce que vous pensez des déclarations de Donald Trump sur la diaspora haïtienne hier?

M. Paradis : Bon. Après 25 ans, ou en tout cas plus de 20 ans à travailler en relations internationales, j'ai appris une chose : il faut être très prudent avant de commenter la politique d'autres pays puis les débats politiques d'autres pays. Alors, je ne commenterai pas sur le débat américain, mais j'oserais dire que nous, en politique québécoise, il faut toujours qu'on s'assure qu'on est dans la hauteur, et qu'on ne véhicule pas des préjugés, et qu'on s'assure que, lorsqu'on dit quelque chose, on vérifie les faits, d'abord et avant tout.

Le Modérateur : Merci beaucoup.

(Fin à 9 h 06)

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