(Douze heures quarante-six minutes)
M. Fitzgibbon : Bonjour.
Bonjour, tout le monde. Vous vous rappelez, je pense, le 8 septembre
dernier, j'avais demandé à la Régie de l'énergie d'observer les écarts de prix
d'essence dans les régions de la Capitale-Nationale, et de Chaudière-Appalaches,
et d'autres régions du Québec. Puis plusieurs collègues, dont Samuel qui est
avec moi aujourd'hui, Samuel Poulin, m'avaient informé de la situation et de
leurs préoccupations, évidemment, pour leurs régions respectives. C'est bon de
souligner aussi que Jonatan Julien, quand il était ministre de l'Énergie, avait
commencé lui aussi le travail et avait demandé à la régie de pouvoir donner un
meilleur accès aux données pour les consommateurs. C'est une situation, donc,
qui préoccupe les citoyens du Québec depuis plusieurs années. Alors, à l'automne
dernier, j'ai reçu des avis de la régie concernant les deux régions. Ça mettait
clairement en lumière, vous vous en rappelez, que les prix et les marges au
détail dans la Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches étaient plus élevés
que partout au Québec.
Après l'avis de la régie, j'avais
rencontré les essenceries, je les avais rencontrés ici à Québec, pour mieux
comprendre ce qui se passait, et, au même moment, j'avais demandé au Bureau de
la concurrence à Ottawa d'enquêter sur la situation. Et finalement on a mandaté
un expert qui est reconnu, M. Robert Clark, qui est professeur à Queen's
et professeur affilié au HEC, de regarder la situation et de nous proposer des
pistes de solutions. Mon but était toujours d'assurer une très grande
transparence pour le prix de l'essence puis aussi favoriser évidemment une
saine concurrence à travers le Québec. L'étude de M. Clark sur le marché
de la vente au détail est maintenant disponible. Je pense qu'elle va l'être
dans les prochaines minutes sur le site Web du ministère. C'est un rapport qui
a plus de 100 pages, et une copie a été transmise aussi au Bureau de la
concurrence du Canada pour qu'il donne suite aux constats qui ont été donnés
par la régie.
L'étude, en fait, va fournir une analyse
complète du marché de la vente de l'essence, il y a beaucoup, beaucoup d'informations
détaillées là-dedans, et on voit que les tendances de prix sur certains marchés
locaux sont tout simplement incohérentes avec ce qu'on voudrait voir comme un
marché de l'essence compétitif. Donc, clairement, ça me préoccupe. On note, on
le savait, une concentration importante du marché, et les marges au détail sont
élevées dans certaines régions. Au final, évidemment, ce sont les consommateurs
qui paient. Le prix des marges sur certains marchés du Québec a augmenté
significativement à la fin de 2021 et ils sont restés élevés depuis ce
temps-là.
À notre demande, M. Clark a fait
aussi des recommandations pour favoriser un marché qui serait plus compétitif
partout au Québec. Il y a deux recommandations de processus qu'on va mettre en
place immédiatement, mais qui vont être mises en place dans les prochains mois
parce qu'il y a des choses qu'on doit faire.
Premièrement, on veut abroger le fameux
article 67 de la Loi sur les produits pétroliers qui agit comme effet d'un
prix plancher implicite pour les essenceries. Donc, on va abroger cet
article-là. Et la raison d'être de l'article ne tient plus la route. Il avait
été mis en place... puis Samuel me disait tantôt, c'était en 1997, je pense, où
on voulait finalement protéger les indépendants pour empêcher qu'il y ait des
prédateurs qui veuillent concentrer le marché pour pouvoir évidemment avoir des
prix plus hauts. La concentration a eu lieu, consolidation, en fait, et il y a
une très grande concentration qu'on observe depuis plusieurs années. Donc, la
clause, comme telle, n'a pas réellement servi. Donc, aujourd'hui, le focus
étant les prix, on va éliminer cette clause-là. Donc, de facto, on va avoir...
il n'y aura plus de prix plancher.
Deuxièmement, on va mettre en place un
régime de transparence des prix à l'essence, et, clairement, le régime va
obliger les stations-service à transmettre quotidiennement à la Régie de
l'énergie les modifications de prix de l'essence affichés à la pompe. Puis la
régie, après ça, via un système qu'ils sont en train de peaufiner, diffuserait
clairement ces prix liés aux différentes régions pour bien informer, en fait,
et outiller les consommateurs sur les diverses plateformes. Oui, il y a
plusieurs plateformes qui existent présentement, mais on veut quand même que la
régie, avec un changement de logiciel, puisse avoir un site qui va être plus
facile d'accès. Donc, on veut plus de transparence, et on veut une saine
concurrence dans le marché de l'essence partout au Québec, et on veut agir pour
améliorer cette situation.
Alors, je pense, c'est un bon départ. Ce
n'est pas une fin en soi, mais on veut clairement continuer à surveiller parce
qu'on veut s'assurer que le marché se rééquilibre.
Et, avant de prendre les questions, je
vais céder la parole à mon collègue Samuel, ici.
M. Poulin : Merci beaucoup,
Pierre. Tout d'abord, un bref historique. Il y a moins d'un an, je demandais au
Bureau fédéral de la concurrence d'enquêter sur les prix qui se retrouvent dans
ma circonscription, à Saint-Georges de Beauce. Depuis, le prix... il y a eu de
la compétition sur le territoire de Saint-Georges, et le Bureau fédéral de la
concurrence a confirmé des enquêtes et des vérifications qui se font sur le
territoire.
Maintenant, je veux remercier Pierre, qui
a aussi été à l'écoute des besoins, des enjeux de notre région, en demandant
effectivement à la Régie de l'énergie... qui est venue confirmer dans deux
rapports que Québec et Chaudière-Appalaches, entre autres, avaient les marges
de profit qui avaient le plus augmenté depuis cinq ans. C'est ce qui nous a
retrouvés aujourd'hui à avoir le rapport de M. Clark. C'est un rapport qui
n'est pas tabletté, on l'annonce aujourd'hui, où on prend en compte notamment
deux recommandations sur l'abolition du prix plancher et sur une meilleure
transparence des prix qui sont annoncés. Donc, je pense, c'est une bonne
nouvelle. Et aujourd'hui, bien, on prend le pari des consommateurs simplement.
Merci.
Journaliste : M. Fitzgibbon,
vous parlez de rétablir une saine concurrence et vous transmettez le rapport au
Bureau fédéral de concurrence. Est-ce que... Je n'ai pas pu voir le rapport,
bien entendu. Est-ce qu'on a constaté des illégalités? Est-ce qu'il y a des
contraventions explicites aux lois de la concurrence?
M. Fitzgibbon : C'est très
difficile pour même M. Clark de se poser la question parce qu'il n'avait
pas les outils pour faire cette enquête-là. Ce n'était pas le mandat qu'on lui
a donné. En fait, le mandat qu'on lui a donné, c'est que c'est un expert qui
avait travaillé plusieurs années dans l'industrie, puis on lui a demandé... je
lui ai parlé à plusieurs reprises, je voulais qu'il m'aide à bien cerner
l'enjeu puis comment ajuster nos règlements, nos... Alors, lui, son mandat, ce
n'était pas ça. Le Bureau de la concurrence, lui, avec le rapport qui a été
reçu, à M. Clark, pourrait décider d'aller plus loin dans leur
investigation. Mais, pour l'instant, je n'ai pas de...
Journaliste : Je veux juste
préciser, parce que vous avez parlé d'une saine concurrence. Ça donne à croire
qu'elle est malsaine, la situation, en ce moment.
M. Fitzgibbon : Non, mais ce
que je dis, c'est qu'il y a une incohérence. Quand on regarde le prix, les
tendances de prix, on regarde les marges, bien, on ne peut pas conclure que
c'est un marché compétitif. Donc, on peut... on ne peut pas non plus accuser
personne, mais il faut...
Journaliste : Mais qu'est-ce
qui justifie le fait que... Parce qu'il me semble que, dans le premier rapport,
on disait que les marges de profit étaient passées de 0,04 $ à 0,10 $.
Il me semble, c'est à peu près ça, l'ordre de grandeur, là.
M. Fitzgibbon : Oui, dans certains
cas, oui.
Journaliste : Vous avez
rencontré les essenceries, là, les cinq joueurs principaux du milieu de
l'essence, là. Qu'est-ce qu'ils vous ont dit pour justifier ces augmentations
de marges de profit?
M. Fitzgibbon : Les coûts,
qui peuvent être différents d'une région à l'autre. Évidemment, le marché est
compétitif. Donc, évidemment, les gens peuvent prendre les marges qu'ils
veulent. On achète des biens et des services continuellement, et ce n'est pas
vrai que tout le monde a les mêmes marges, là, dépendant des marchés. L'enjeu
ici, c'est que nous ne voulons pas, comme gouvernement, qu'il y ait un système
qui existe pour que les prix s'ajustent automatiquement pour tout le monde. Et
ça, c'est... Loin de moi d'accuser que ça se passe, mais il faut mettre de la
transparence, je pense que c'est important, il faut aussi s'assurer que... bon,
le Bureau de la concurrence va faire son étude, mais il y a plusieurs réponses
à la question. Alors, on ne peut pas, nous, établir les marges. On ne peut pas
dire...
Journaliste : Êtes-vous
capable de cibler combien de cennes le litre, par exemple, on paierait en trop
ou combien de cennes le litre on pourrait économiser, une fois les mesures
mises en place que vous annoncez aujourd'hui?
M. Fitzgibbon : Non, je
n'ai pas cette prétention-là. Je pense que le prix plancher... c'était assez
facile de conclure ça parce que le prix plancher avait été mis en place à
l'époque, comme je l'ai dit tantôt dans mon allocution, parce qu'on voulait
empêcher qu'il y ait une consolidation, que des prédateurs baissent trop les
prix pour éliminer la concurrence. C'est arrivé de toute façon. Ça fait que,
là, on va enlever le prix plancher puis peut-être que des concurrents vont
baisser les prix encore plus. Puis, je pense, la population du Québec... les
Québécois veulent ça. Les Québécois, aujourd'hui, veulent avoir des prix les
plus bas possibles.
Journaliste : Mais là-dessus,
juste pour préciser ce que vous dites, donc, on va l'abolir. Vous semblez plus
affirmatif que ce que je lisais dans votre communiqué, où il est écrit que le
gouvernement étudiera la possibilité d'abroger l'article 67. Vous, vous
dites : Non, non, on va le faire.
M. Fitzgibbon : En fait,
ce qui va se passer en termes pratique, le timing est bon, je vais déposer le
projet de loi de l'Énergie, je le dépose dans quelques semaines, et ça serait
probablement le premier amendement qu'on va faire à l'automne en revenant.
Donc, on va suggérer à la commission parlementaire d'enlever l'article 67
qui, de facto, va enlever le prix plancher. C'est notre intention.
Journaliste : Puis l'idée
de... cette idée d'afficher les prix de façon systématique et quotidienne sur
le site de la Régie de l'énergie de façon plus claire pour les consommateurs,
ça, ça peut prendre combien de temps? Ce serait fait quand?
M. Fitzgibbon : Ça,
c'est uniquement une question interne pour la régie d'être prête au niveau des
logiciels. On me dit que ça va être fait durant le courant de l'été.
Journaliste : C'est des
mesures que vous allez appliquer partout au Québec. Donc, en quoi est-ce que
ces deux mesures-là vont permettre de réduire l'écart entre la région de Québec,
Chaudière-Appalaches et le reste du Québec?
M. Fitzgibbon : Bien, écoutez,
je pense que, vraiment, il y a quatre régions qui sont... entre guillemets, qui
sortent du plan, là, c'est la Capitale-Nationale, Chaudière-Appalaches, la
Côte-Nord et la Gaspésie. C'est les quatre régions, dans le rapport de
M. Clark, où on dit : Oups! c'est plus élevé qu'ailleurs. Bon, plus
élevé qu'ailleurs, c'est peut-être correct aussi, là. On n'est pas... Ce n'est
pas nous autres qui vont décider c'est quoi, le prix de l'essence. Mais je
pense que la transparence quotidienne ou hebdomadaire va faire en sorte que les
gens vont pouvoir aller où c'est moins cher, d'une part, et d'autre part, bien,
tu sais, ça va avoir un effet, une pression positive sur l'écosystème aussi
parce que, tu sais, ça va être visible, là. Les gens, les journalistes vont
suivre ça. Tout le monde va suivre ça. C'est important.
Alors, moi, je pense que, de facto, une
plus grande transparence va peut-être, peut-être changer les comportements.
Puis au même moment, bien, on va s'assurer qu'il n'y a pas de mauvaise...
Journaliste : Sans accuser
directement les entreprises de collusion, quand vous dites qu'il y a des...
vous voyez des marchés qui sont incohérents par rapport à la logique de marché,
vous avez quand même des soupçons qu'il y a des entreprises qui se parlent
entre elles puis qui s'entendent.
M. Fitzgibbon : Bien,
soupçons, je pense qu'on peut dire ça, mais, en même temps je n'ai aucune
donnée qui me permet d'affirmer ça. Donc, pour moi, dans ce cas-là, il y a deux
choses qu'on fait, on fait une enquête. Bon, le Bureau de la concurrence, c'est
leur responsabilité, où on met l'information la plus transparente possible. Je
pense que c'est les deux mesures qu'on peut faire en sorte...
Il y avait d'autres recommandations, en
passant, que... Il y en a cinq en fait, puis trois qu'on ne fait pas. Mais la
première, il suggérait M. Clark, c'est de... autres que les deux que j'ai
mentionnées, c'est d'envisager un meilleur dépistage des comportements, ce que
vous mentionnez. Alors, bon, O.K., on va être... peut-être, au niveau de la
Régie de l'énergie, suivre ça parce que ce qu'on met sur le site, on va
l'analyser, ça fait qu'on va voir s'il y a des patterns. Puis, je pense, le
marché, vous allez surveiller ça aussi, ça va être bon, il va y avoir une
pression qui va se faire. Donc on va le faire de facto, mais je n'ai pas de
mesure formelle aujourd'hui.
L'autre chose, c'est encourager l'entrée
de nouveaux concurrents. Je pense que, dans un contexte de transition
énergétique, je vois mal comment le programme ESSOR, qui dirige le ministère de
l'Économie, donnerait des subventions pour ouvrir des essenceries. Je ne pense
pas que je vais aller là, je ne pense pas qu'on va aller là du tout. Donc,
comment est-ce qu'on favorise la concurrence? Je ne suis pas sûr qu'il y a
beaucoup de mesures qu'on peut faire. D'ailleurs, M. Clark lui-même dit
que ce n'est probablement pas un bon timing, considérant où on s'en va avec
l'essence. Puis le dernier, il dit : N'imposez pas de prix maximum. Je ne
l'aurais pas fait de toute façon. Donc, on... Parce qu'on aurait pu dire...
Journaliste : Le rapport est
daté du 15 mars. Pourquoi ça a pris deux mois avant de le dévoiler, le
rapport?
M. Fitzgibbon : Parce
qu'il a fallu discuter avec lui. Il avait des rapports...
Journaliste : Avec M. Clark,
vous voulez dire?
M. Fitzgibbon : Hein?
Journaliste : Avec
M. Clark, vous voulez dire?
M. Fitzgibbon : Oui,
oui. Il fallait comprendre, ces rapports-là, on ne met pas ça sur le site.
Journaliste : Pourquoi pas un
prix maximum?
M. Fitzgibbon : Ce n'est
pas le rôle du gouvernement. C'est un marché libre. Un prix maximum? À tous les
lundis matin, le ministre s'assoirait dans son bureau avec ses collègues puis,
oups! qu'est-ce qu'on fait? Ça serait... Le coût qui serait... qui dériverait
de ça serait trop grand, le coût interne, pour peut-être pas grand bénéfice.
Puis un prix qui...
Journaliste : ...avec
l'industrie du... est-ce que vous leur avez parlé? Est-ce qu'ils ont été partie
là-dedans? Est-ce qu'ils ont fourni des réponses?
M. Fitzgibbon : Non.
Journaliste : Pourquoi?
Habituellement, c'est ce que le gouvernement fait, et toutes les parties
prenantes vont être consultées, peut-être pas retenir leurs recommandations,
mais leur parler...
M. Fitzgibbon : Leur parler,
parler aux essenceries?
Journaliste : Oui. Les
détaillants, ceux qui sont visés.
M. Fitzgibbon : Je les ai rencontrés,
eux autres, tout était beau.
Journaliste : Tout était beau?
M. Fitzgibbon : Oui.
Journaliste : Qu'est-ce que
le nouveau système de transparence va donner de plus? Ça va être quoi, la...
M. Fitzgibbon : L'information.
Journaliste : Ce n'est pas
disponible en ce moment?
M. Fitzgibbon : Oui, oui,
mais il faut être un gymnaste, un gymnaste numérique pour la trouver.
Journaliste : M. Fitzgibbon,
est-ce que M. Clark est capable d'expliquer, dans son rapport, comment ça
se fait que, dans certaines régions, Capitale-Nationale, Chaudière-Appalaches,
quand il y a une hausse de prix, tout le monde hausse en même temps? Mettons,
le jeudi à 15 h 15, les prix augmentent partout, alors est-ce que
c'est lié aux tempêtes solaires? Est-ce que c'est lié... Est-ce qu'il est
capable d'amener une base d'explications sur ça? Est-ce qu'il se penche
là-dessus?
M. Fitzgibbon : Bien, non, la
réponse est non, ce n'est pas son mandat, parce que, pour ça, ça prend une
enquête, et le seul groupe qui peut faire ça, c'est le Bureau de la
concurrence.
Journaliste : Les essenceries
vous l'auraient peut-être dit si vous leur aviez demandé, par contre?
M. Fitzgibbon : Ah! oui, vous
pensez? Peut-être. J'aurais dû leur demander, peut-être.
M. Poulin : Mais ce que M. Clark...
Journaliste : ...
M. Poulin : Juste
rapidement...
Journaliste
: 300 millions
pour Boeing, c'est une bonne nouvelle, ça, pour...
Le Modérateur : Attends un
petit peu, juste finir sur l'essence.
M. Poulin : Je vais juste
répondre à M. Lacroix rapidement. M. Clark dit quand même, dans le
rapport, que c'est préoccupant, entre autres le fait qu'il y a des prix où il
manque de compétition dans certaines villes. Il y a même un paragraphe où il
fait allusion au fait que c'est toujours le même prix, à peu près tout le temps
dans les mêmes villes, notamment à Québec et sur la Rive-Sud, il le juge, il le
nomme. Il mentionne aussi que le Bureau fédéral de la concurrence avec les
nouveaux outils qu'ils ont en place, donnés par le fédéral, qu'ils vont pouvoir
enquêter là-dessus. Ce qu'on pense, c'est que le mécanisme de transparence que
le Québec va faire va donner des nouveaux outils au Bureau fédéral de la
concurrence pour mieux faire leurs enquêtes. Il a déjà été transmis, le
rapport, au Bureau fédéral, il y a des données là-dedans, il y a des
informations. Il y a un regard de M. Clark qui observe différents
éléments, puis on pense que le mécanisme qu'on va mettre en place dans les
prochains mois va donner des outils supplémentaires. Il laisse aussi
sous-entendre qu'un meilleur libre marché pourrait amener aussi des prix à la
baisse. Mais là-dessus, on est prudents parce qu'on va observer comment ça va
se passer lorsqu'il sera en vigueur.
Journaliste : M. Fitzgibbon,
deux choses que j'aimerais clarifier avec vous. Les marges, par exemple...
M. Fitzgibbon : Excusez.
M. Poulin : Il revient.
Journaliste : Donc, les
marges, est-ce qu'il y aurait moyen de... Je me demandais si tout allait bien.
M. Fitzgibbon : ...
Journaliste : Est-ce qu'il
n'y aurait pas moyen de limiter ces marges-là? Parce qu'on dit que, par
exemple, dans la Capitale-Nationale et en Chaudière-Appalaches, les marges sont
plus élevées qu'ailleurs. Ça, il n'y a pas moyen de les...
M. Fitzgibbon : On a considéré
ça, sauf que, bon, premièrement, l'information qu'on a sur le prix
d'approvisionnement, ce n'est pas précis, précis. Alors, que le gouvernement
impose des marges aux essenceries, je pense que ce n'est pas notre rôle.
Journaliste : O.K. Et la deuxième
chose...
M. Fitzgibbon : Je ne veux
pas aller là.
Journaliste : ...que je veux
clarifier avec vous, c'est que vous avez fait référence à votre prédécesseur,
M. Julien. Je me souviens qu'en 2019 la Fédération canadienne des
contribuables, justement, recommandait d'abolir le prix plancher. Puis, à ce
moment-là, votre gouvernement avait répondu, j'ouvre les guillemets, qu'il
était d'avis que la loi permet de maintenir une saine concurrence. Donc,
finalement, on s'était trompé?
M. Fitzgibbon : Oui, mais
c'est correct parce que moi-même aujourd'hui, quand j'ai réfléchi à ça avec les
gens de mon ministère, il y avait un côté de mon cerveau qui disait : On
ne touche pas à ça parce que le risque d'enlever le prix plancher, c'est qu'il
y ait une consolidation, que des prédateurs achètent les indépendants qui
restent, le prix va baisser, puis là, oups! le prix va remonter. Mais vous
savez, si ça arrive, on va remettre le prix plancher. Alors, je pense qu'on ne
le savait pas puis je pense qu'il y a un mérite aujourd'hui...
M. Poulin : On a eu plus de
données maintenant aussi, oui.
M. Fitzgibbon : Oui.
Journaliste : Vous êtes
vraiment confiant que ça va être quelque chose de concret rapidement?
M. Fitzgibbon : Bien,
écoutez, c'est le mieux qu'on peut faire pour l'instant, oui.
Journaliste : Est-ce que le
Bureau de la concurrence vous a dit s'il avait enquêté? Est-ce que vous avez eu
des indications?
M. Fitzgibbon : On a eu un
accusé de réception, et la façon qu'ils fonctionnent, c'est qu'ils font leur
enquête. Je pense que Samuel a été...
M. Poulin : Oui, ils sont
venus chez nous.
M. Fitzgibbon : Mais je n'ai
pas eu d'écho à savoir s'ils vont pouvoir... s'il va y avoir des poursuites,
s'il va y avoir des choses.
M. Poulin : Le Bureau fédéral
a confirmé, puis c'est disponible, là, auprès d'eux. Ils ont confirmé des
vérifications préliminaires à Saint-Georges, notamment dans le
Bas-Saint-Laurent, Rivière-du-Loup. Ils se sont rendus sur la Côte-Nord
également. Donc, depuis plusieurs années, je pense qu'on a rallumé l'intérêt du
Bureau fédéral de la concurrence sur le prix de l'essence au Québec.
Journaliste : Puis le prix
plafond, vous dites que ce n'est pas le rôle du gouvernement, mais, en même
temps, ça a déjà été fait ailleurs. Je pense que c'est le Parti québécois qui avait
déjà fait une proposition par le passé. Je crois que c'était en 2022, là. Le
constat que vous avez fait ou que votre expert fait, c'est qu'ailleurs ça n'a
pas fonctionné, quoi, ou...
M. Fitzgibbon : Je ne suis
pas allé jusque là. Nous, on ne veut pas faire ça. La décision a été prise, et
d'ailleurs M. Clark ne le suggère pas, ça fait qu'on va laisser ça... ça a
été une courte discussion.
Des voix : ...
Journaliste : ...le projet de
loi, c'est avant la fin de la session?
M. Fitzgibbon : Oui, avant
qu'on parte en vacances, oui.
Le Modérateur : In English.
Journaliste : 300 millions de
dollars pour Boeing...
Le Modérateur : In English.
Journaliste : ...c'est une
bonne nouvelle, ça?
Le Modérateur : In English.
M. Fitzgibbon : Boeing, je ne
peux pas vous en parler.
Journaliste : Puis sinon,
pour Taiga Motors? Là, il y a Lion. Là, on dirait qu'il y a des difficultés
dans le secteur de l'électrification des transports au Québec.
M. Fitzgibbon : Bien là, je
ne comparerais pas Taiga avec Lion, là. Je pense que Lion, il y a des enjeux de
contrats au niveau du fédéral. Ça semble se régler. Lion livre les autobus
électriques pour le Québec, on a un programme d'électrification, 65 %
d'ici 2030. On s'en va en ligne avec ça, je pense, Lion, ça va être correct. Taiga...
bien, Taiga, c'est un autre marché, c'est un marché qui vise... qui est plus
complexe. Les actionnaires doivent regarder ce qui va se faire. Nous, le
gouvernement, nous avions, vous vous rappelez peut-être, octroyé un prêt de 30 millions
pour la construction d'une usine à Shawinigan, qui n'a pas eu lieu, donc le
prêt n'a pas été fait.
Le Modérateur : En anglais.
Journaliste : What was most shocking to you, Minister Fitzgibbon, in this report? What
did you find most surprising?
M. Fitzgibbon : I think, I was not much surprised, because la Régie de l'énergie
had... the Energy Board had published their report. I wanted to have an expert
to authentify or to further validate, to benchmark what was going on. And you'll
see the report, 111 pages, lots of details. What that shows is that the pricing
trend is not in correlation with what you will expect to see in a favorable
competitive environment, so... But, at the same time, it's premature and it's
not our job nor Mr. Clark's job to say this is collusion, because it's a very,
very severe statement to make. But the analysis demonstrated disparities what one
would have expected to be the pricing.
Henceforth, by removing
the floor price, we think that it could help. Mind you, if someone asked me the
question: Are you sure? No, I'm not sure, but I think it has contributed to
move in a good direction, recommended by Mr. Clark, and also showing more
transparency, information to be published on a daily basis. And someone asked
me as well if the information already exists. Yes, it exists, but you need to
be a gymnast to be able to maneuver through that, and people don't go through
that. I went through it once and I'm not going to go back. So, I think, to be
more transparent, we'll have at least the opportunity for the consumer to pick
the right place to go and get the gas, and, perhaps, it will influence how
people behave in the market if there's a...
Journaliste
: For example, I have on my phone an application called GasBuddy,
which tells me the price of the gas everywhere. Is the régie going to do an app
like that to make it really accessible or... I mean, how would making the
prices more transparent in all the regions lower the price? How will that help?
M. Fitzgibbon : I'm not saying it would lower the price, but, I mean, by being more
transparent… If there's wrong behavior, I say if there's wrong behavior, the
fact that you publish it on a daily basis, on a government site, may have an influence, I'm not certain. And GasBuddy and
other sites are fine, but, I mean, this is more structured. And we're not
talking about loss of money involved here. They need to adjust their software,
which they will do during the summer, I don't know which day they will come, but
I think, just showing information on a user-friendly basis, I think, may have
an impact.
Journaliste
: And do you…
Journaliste
: Sorry. How could abolishing the base price, abolishing this floor
price, how exactly do you anticipate this will help with the problem?
M. Fitzgibbon : Well, let's go at it differently. Why was it put in in the first
place? It was put in, Samuel reminded me, in 1997. It was put in in the first
place, I presume, I wasn't' there, of course, because it was to protect a
predator to consolidate the industry, lower the price, get the independent out
of business and then increase the price. That was the rational. Well, it didn't
work, because, frankly, there has been consolidation. So therefore, by ruling
the price, these predators can come back, but if they come back, we'll put the
price back. So, therefore, I think that, by removing the floor price, who
knows, there might be people out there that are going to reduce the price,
because, as we know, for some concerns, the price of gas is a lost leader. The
consumers, they want to have low costs. So, the consumer doesn't care... I mean,
they care. So, if… removing, sorry, removing the floor price, some
«essenceries» want to lower the price, the Québec population will be happy.
Journaliste
: The rest of the issue, as you said, involves the Competition Bureau
of Canada. What are they saying to you? You sent them this report, I take, and
what's their response on that?
M. Fitzgibbon : Well, they wouldn't really communicate with me, it's not how they
operate, with everybody, not only me. I've submitted them the Régie de
l'énergie report back in November when we received it… September, and I also
submitted this report. So, there's more ammunition, so-to-speak. Samuel has
spoken to them a few times after that, but they're doing their work and they
wouldn't tell us. But, at least, we certainly...
Journaliste
: But if there was collusion, it will be up to them to find... is
that correct?
M. Fitzgibbon :
Correct.
Journaliste :
Do we have any idea, at this point, why
the Québec City area and Chaudière-Appalaches specifically or is that still unclear at this point?
M. Fitzgibbon : No, I wouldn't be able to answer that.
Le Modérateur
: C'est
beau. Merci.
Journaliste : M. Fitzgibbon, la
réaction que je vois le plus sur les réseaux sociaux, c'est les gens qui
disent : Ah! mais pourquoi il ne baisse pas les taxes sur le carburant?
Vous répondez quoi à ça?
M. Fitzgibbon : Baisser les
taxes sur le carburant? Je pense, il faudrait les monter, s'il faut faire
quelque chose.
Le Modérateur
: C'est
beau. Merci.
(Fin à 13 h 10)