(Huit heures vingt-quatre minutes)
M. Arseneau : Alors, bonjour
tout le monde. Vous savez qu'on a commencé l'étude des crédits hier. Alors, je
vous invite à apporter un intérêt à la présence du Parti québécois, qui obtient
un certain nombre d'informations, là, extrêmement pertinentes, et on se déploie
à travers différentes commissions, puis je voulais juste ramener quelques-unes
des découvertes qu'on avait pu faire hier, notamment le fait que le ministre
Roberge n'a entamé aucune, absolument aucune procédure en ce qui concerne la
tenue d'un référendum en immigration, auprès du DGE, ni de modifications
législatives à la Loi sur les consultations populaires. Donc, on a évoqué une
menace, mais on n'a jamais même évoqué la possibilité de préparer une telle
consultation populaire.
On a su également qu'il y avait des
déchets nucléaires qui circulaient sur les routes du Québec, un aveu du
ministre Benoit Charette. Le ministre de la Justice, lui, qui ne veut pas se
prononcer à savoir s'il est intervenu lui-même sur les avis juridiques. Vous
savez qu'il y a des commis de l'État qui jugent qu'il y a de l'ingérence de la
part des politiques dans leur travail.
Il y a aussi le ministre Benoit Charette
qui vit très bien avec la présence du dernier club privé de chasse sur des
terres publiques dans la circonscription de Rivière-du-Loup. Il ne semble pas
perturbé par le fait qu'on prive les gens de la région et les Québécois de l'accès
à ces terres publiques.
La ministre Déry, elle, sur les stages
rémunérés, n'a jamais plaidé auprès du Conseil des ministres pour les obtenir,
alors on se demande pourquoi aujourd'hui, le gouvernement n'avance pas dans ce
dossier-là. Puis je pourrais continuer encore longtemps.
M. Bérubé : Merci, Joël. Le
député d'Arthabaska quitte la Coalition avenir Québec et son gouvernement 18 mois
après son élection. Comment se fait-il qu'un député qui siège au Conseil des
ministres, qui sait ce qui se passe et ce qui s'en vient, décide quand même de
quitter? La question se pose. Il a été élu sous un mandat de député de la CAQ.
Je pense qu'au minimum il devrait s'expliquer devant vous aujourd'hui, répondre
à... à vos questions. Ce n'est pas rien. Alors, c'est... c'est un choix
volontaire.
Historiquement, les whips siègent toujours
au Conseil des ministres, donc ils sont au courant des moindres secrets et
grands dossiers à venir de l'État. Et lui, il sait tout ça, mais il quitte
pareil. Donc, qu'est-ce qu'il y a de mieux à Ottawa, plus loin de Victoriaville,
que l'est Québec? Ça, c'est la première question. L'autre, quant à sa façon d'opérer,
j'imagine qu'il va y répondre, mais il y aura peut-être confusion des genres,
mais je vais lui laisser l'occasion de... de s'exprimer, et je pense que le
plus tôt sera le mieux.
Journaliste : Est-ce qu'il
doit quitter?
M. Bérubé : J'aimerais l'entendre
avant.
Journaliste : Parce qu'il va
avoir un double chapeau, là, à partir de dimanche, candidat conservateur et
député indépendant. C'est lequel, chapeau, qu'il va porter le plus souvent?
M. Bérubé : C'est dur de les
dissocier. Comme on est député 24 heures sur 24, partout où on va, on
porte le titre de député de l'Assemblée nationale. C'est prestigieux, être
député, puis c'est exigeant, puis c'est une responsabilité qu'on prend au
sérieux. Donc, il y a l'idée aussi de s'y consacrer totalement, ça, c'est une
question importante.
Je pense qu'il doit s'exprimer devant ses
concitoyens et la presse parlementaire, parce que vous le côtoyez depuis
plusieurs années. C'est important. J'ai l'impression qu'on va en savoir plus au
rassemblement de son nouveau chef, je crois que c'est dimanche prochain à
Victoriaville, mais d'ici ce temps je pense qu'il est essentiel qu'il exprime
pourquoi il quitte le gouvernement et la CAQ. Ce n'est pas rien. Joëlle Boutin
qui avait quitté, on l'avait questionnée, mais là c'est quelqu'un qui siège au
Conseil des ministres. C'est la première fois depuis l'arrivée au pouvoir de la
CAQ en 2018.
Journaliste : Mais pourquoi
il quitte, vous pensez? Qu'est-ce qu'il voit dans la... dans l'avenir pour la
CAQ?
M. Bérubé : Vous comprendrez
que c'est pour ça que je vais être attentif à ce qu'il va dire là-dessus ou ce
qu'il ne dira pas, mais c'est majeur. Moi, je me souviens, là, le whip, là, il
participe à toutes les discussions. Il est là.
Journaliste : Mais quel
risque y a-t-il, justement, avec le fait que, là, jusqu'à tout récemment, il
était au Conseil des ministres, puis là il pourrait faire partie bientôt d'un
parti fédéral qui n'est pas au gouvernement? Quel risque y a-t-il?
M. Bérubé : Ah! bien, je n'ai
pas parlé de risque, c'est de confusion des genres, c'est-à-dire qu'on siège à
l'Assemblée nationale, d'abord parce qu'on est élu avec une formation
politique. Là, si ça change, je pense qu'il faut au minimum expliquer qu'est-ce
qui est... qu'est-ce qui pressait tant que ça. Pourquoi c'est important
maintenant de quitter?
Journaliste : Vous subodorez
une crise ou... qu'est-ce que...
M. Bérubé : Non, non, non. Je
veux l'écouter. Je veux l'écouter. Mais l'élection fédérale ne semble pas
déclenchée, là, pourquoi il fallait quitter maintenant? C'est des questions que
vous vous posez certainement aussi.
Journaliste : Qu'est-ce que
ça signifie pour François Legault?
M. Bérubé : S'il n'attend pas
un mois avant de vous parler, il pourrait vous le dire aujourd'hui. Ses... ses
points de presse sont plutôt épisodiques avec vous, puis on le regrette.
Journaliste : Puis est-ce que
vous pensez que la situation de M. Lefebvre, ça... ça pourrait, je dirais,
donner une prise à une enquête de la Commissaire à l'éthique sur les risques
de...
M. Bérubé : Non, je ne suis pas
là-dedans. Non...
Journaliste : ...
M. Bérubé : Non, non, non.
Journaliste : ...que ses
fonds publics servent à des fins partisanes.
M. Bérubé : Non, pas du tout.
Un député qui se consacre totalement à son comté, ça se fait, puis je ne doute
pas de son engagement. Ce n'est pas ça, puis il peut faire campagne dans ses
temps libres, comme nous, on fait de la politique partisane dans nos temps
libres. C'est juste que c'est... ça suscite la curiosité. Tu sais, tu sièges au
Conseil des ministres, l'instance la plus importante au Québec, où il y a...
les grandes décisions se prennent, puis tu décides quand même de quitter en
début de mandat. Moi, ça... ça m'intrigue.
Journaliste : Pensez-vous
qu'il pourrait y en avoir d'autres? Il y a des liens entre la CAQ et le Parti
conservateur du Canada, vraisemblablement.
M. Bérubé : Je n'ai pas
d'information à cet effet, mais il y a... il y a des anciens conservateurs qui
sont à la CAQ, mais il y a beaucoup d'anciens libéraux fédéraux aussi. Puis
j'écoutais hier François Legault vanter sa relation avec Justin Trudeau puis
son ouverture, peut-être qu'il va inviter à voter pour Justin Trudeau, sait-on
jamais.
Journaliste : On a parlé
beaucoup d'empiètement sur les compétences provinciales. Qu'est-ce que vous
avez pensé du budget fédéral hier...
Journaliste : Non, mais
j'avais juste une petite question, qu'est-ce que ça dit, excusez-moi, à l'égard
d'Eric Girard? Parce que lui, il veut aller au Parti conservateur puis le Parti
conservateur ne veut pas de lui.
M. Bérubé : Je n'y avais pas
pensé. Il y en a peut-être d'autres qui ont envie d'aller à Ottawa, là, avec
les conservateurs puis qui ont... qui ont soumis leur C.V. Je ne suis pas au
courant, mais à suivre.
Des voix : ...
M. Bérubé : ...il va être ici
aujourd'hui pour commenter le budget fédéral. Moi, je trouve, vous avez une
bonne question.
Journaliste : Est-ce qu'il
manque de loyauté envers le Québec? Parce qu'il va se présenter pour un parti
qui veut, selon M. Saint-Pierre-Plamondon, assimiler...
M. Bérubé : ...
Journaliste : Bien oui,
chanter le «God save the Queen», assimiler le Québec.
M. Bérubé : Il va
s'expliquer. Moi, j'ai hâte de l'entendre. J'ai une bonne relation avec... avec
Eric Lefebvre, là, c'est quelqu'un que j'apprécie beaucoup, mais là-dessus il
va falloir qu'il s'explique.
Journaliste : Sur le budget
fédéral, si c'est possible, de commenter.
M. Arseneau : Oui. Bien, le
budget fédéral, on s'attendait à un lourd déficit, c'est le cas. Un déficit qui
va financer en partie l'intrusion du fédéral dans les compétences du Québec. Et
évidemment c'est absolument inacceptable. Vous avez entendu, là, toutes les
annonces qui ont été faites avant le budget, tellement qu'il y avait pas mal
moins d'intérêt, hier, à la présentation du budget, on avait l'impression que
le striptease nous avait permis d'en apprendre beaucoup plus qu'hier... bon,
quelques détails, certainement, mais essentiellement le gouvernement fédéral
continue d'augmenter sa fonction publique, là, de 40 % au cours des
dernières années, pour tenter de gérer des compétences qui sont celles du
Québec. Alors, c'est ça qui est absolument inacceptable. Alors, c'est notre
point de vue. On l'avait déjà exprimé et on le rappelle. C'est patent, c'est...
mais ce n'est certainement pas épatant, dans la mesure où, encore une fois, là,
le gouvernement fédéral veut nous dire quoi faire dans nos champs de
compétence. Il ne respecte pas sa propre Constitution, il s'en fout. Le premier
ministre l'a déjà dit. Ce serait bien que le premier ministre Legault, lui, ait
une réaction un petit peu plus forte pour défendre le Québec et ses
compétences.
Journaliste : ...
M. Arseneau : Exact, un
déficit de 40 milliards. Qui va être payé par qui? Bien, par les
Québécois, notamment. Et pour quel genre de services? Est-ce que c'est des
services qu'on a choisis, c'est des services dont on a besoin? C'est des
services qu'on pourrait mieux gérer au Québec, bien entendu.
Journaliste : Hausser la
fiscalité sur les gains en capital, est-ce que vous pensez que c'est une mesure
populaire, ça?
M. Arseneau : Populaire? En
fait, je ne suis pas certain, là, de... à savoir si c'est populaire. Est-ce que
c'est un bon choix pour le gouvernement du Québec de suivre la mesure qui a été
imposée... qui est annoncée par le fédéral? Nous, ça ne fait pas partie de
notre programme. Si le gouvernement décide d'aller de l'avant, le gouvernement
du Québec, sans nous en avoir parlé d'avance, il faudra qu'il se justifie, à
savoir quels peuvent être les impacts, par exemple, sur les mesures d'évasion
fiscale, là, qui pourraient contrebalancer le fait qu'on prive les gens…
Journaliste : ...2012, dans
votre programme, là...
M. Arseneau : Oui,
exactement. Ça ne l'est plus, vous le savez.
Journaliste : ...
M. Arseneau : Bien, à partir
du moment où on décide de ne pas le faire puis qu'on ne le met pas dans le
programme de l'élection, bien, ça n'existe plus pour nous.
Journaliste : ...parce que ce
n'est pas populaire?
M. Arseneau : Bien, en fait,
c'est une question... Je pense que les mesures fiscales, ce n'est pas une
question de popularité, c'est plutôt une question de responsabilité, ou
d'efficacité, ou d'équité. Et, à l'heure actuelle, bien, ce n'est pas ce qu'on
a choisi de faire. Si le gouvernement décide de le faire...
Journaliste : Pourquoi c'est
juste de taxer à 50 % le capital, mais à 100 %, par exemple, le
salaire des travailleurs?
M. Arseneau : Bien, écoutez,
je vous dis simplement que cette possibilité-là, elle est évoquée aujourd'hui
et qu'il faut voir s'il y a des conséquences qui pourraient être mesurées comme
étant... et étudiées, qui pourraient être négatives, par exemple sur d'autres
moyens que pourraient utiliser les gens qui se voient privés de cette
opportunité-là pour faire de l'évasion fiscale. Si on a un véritable gain sur
le plan des fonds publics et de la fiscalité, bravo, mais nous, on n'a pas
cette analyse-là comme quoi on est gagnant d'aller de l'avant.
Journaliste : Vous avez plaidé
pour un gel de l'immigration temporaire pour des mesures pour que le nombre de
demandeurs d'asile diminue au Québec, par exemple la fermeture du chemin
Roxham. On voit que le nombre de demandes d'asile de ressortissants indiens
augmente fortement ces derniers mois. Est-ce que, pour vous, c'est préoccupant?
M. Bérubé : Je ne l'aborde
pas quant à la provenance. De façon générale, il y a un enjeu. D'ailleurs, c'est
l'étude des crédits en immigration aujourd'hui, j'aurai l'occasion d'exposer
notre position. Moi, je le regarde dans sa globalité. La capacité du Québec d'accueillir
convenablement, de réussir l'intégration et l'arrivée de nouveaux arrivants au
Québec, c'est ça qui me préoccupe. Le Parti québécois est un parti qui est
ouvert historiquement et encore aujourd'hui à l'immigration, mais il faut
favoriser une arrivée qui est réussie, avec des services, avec un toit. Sinon,
je pense que c'est une surenchère. Et parfois, j'ai l'impression que tant le
Parti libéral du Québec que Québec solidaire sont dans une surenchère à savoir
qui a le plus d'ouverture. Moi, je pense que la considération qu'on doit aux
nouveaux arrivants, c'est de s'assurer qu'ils soient heureux puis qu'ils aient
des services pour bien… bien vivre ici, avec leur famille.
Le Modérateur : On va passer
en anglais.
Journaliste :
What does that tell you, that Mr.
Lefebvre decided to run for the Conservative Party of Canada? First of all, he's
going to sit as an independent, he's making this decision as the CAQ is losing
ground in polls. What does... Because, for you, loyalty in politics is very
important.
M. Bérubé :
I'm in the Parti québécois since 25
years now. It's certainly not good news for François Legault and the CAQ as
well. He's sitting on the Ministry board, what's the… in English?, le Conseil
des ministres, and he's aware of all the secrets and all of the projects for
the rest of the mandate. And even if he's sitting on a powerful place, he
decided to leave, to leave the CAQ, to leave the Government. So, we need
explanations about this decision. It's surprising, but it's telling me that he
has to leave. Why? I don't know yet, but he decided to be elected 18 months
ago, it's not long. I think he should be here today answering to your question,
at least.
Journaliste
: And he's going to run for a larger riding, more far away, Ottawa,
you know, the distance is longer than... it's more important than here, in Québec city. So, I said that he had... my
colleagues were good to recall the moment that he was defending the wage
increase for MNAs saying that he was making sacrifices all the time and he
didn't have time to see his mom. So, what has changed?
M.
Bérubé
: I guess that's a good question for him and, well, I'm going to be
pretty interested about this answer.
Journaliste
: What do you... yourself, what do you make of this?
M.
Bérubé
: It's a family affair, like Mary J. Blige said.
Journaliste
: What do you make of Mr. Lefebvre's timing though? When you look at
the situation, what do you
think of...
M.
Bérubé
: 18 months. He was aware that he was there for four years in 2022.
We were aware that we were there for four years, and we didn't ask for much
money as well. We're elected because we feel we're in a good place to do
politics, in the National Assembly. But I guess he's feeling that he could be
more useful in Ottawa and he's sitting on the Conseil
des ministres? What's happening? And he's aware of all the big projects that
are coming out for the rest of the mandate. He needs to be here today.
Journaliste
:
Do you think he should resign?
M.
Bérubé
:
No, I don't think that. I think we should hear him. He has a mandate, so he's
going to do his job. But he's... when the Federal election's going to be
called, he's going to leave. So, he's waiting, he's going to put his
conservative suit and he's waiting for the bell. So, that puts him in an
awkward position.
Journaliste
:
About the mini hospitals, can I hear your reaction? Is it a good thing that
seniors will get this care in those mini hospitals, or you think that it's not
a good concept?
M. Arseneau :
Well, it's a... I'm sorry, but it makes me laugh because we've been hearing
about this promise for private mini hospitals, and we've been waiting for the concept to be, you know, more precise. And it came as a
surprise that, you know, in order to probably please the citizens and the
electorate, the Government says : Well, it's going
to be for elderly people, you know, take care of the elderly. Of course, we are
willing to put more money into care of elderly people, but do you need a
concept of private minihospitals to take care of the elderly? Absolutely not.
It's always been, you know, the public sector that's taken care of the elderly,
and I think, we should invest. If we want to invest into minihospitals, or
clinics, or whatever, do it with the public funds for the public system.
And we've seen the
example, for example, when we were first talking about it last year, Mr. Dubé
was saying that it was a very interesting concept because Jeffery Hale
Hospital, it worked. It's a mini emergency, and it would work probably like the
minihospitals that they want to put forward, and you are like : O.K.. Fine.
It works, but it works in the public sector. Why do you want to have people
make profit in health care and in taking care of the elderly? You are wasting
our money.
Journaliste
: But the fact that it is private, why is it such a concern to you?
If the patients don't have to... the money themselves, every time they go, why
is it such an issue the fact that it is private?
M. Arseneau : We are spending a billion dollars having nurses come from private
agencies to take care of our people in the public system, that tells a lot on
the waste of money in the health system. What the Government says is : I can build hospitals, but I can… for the public
system, or I can build private hospitals for the private investors to make
money in taking care of our people. I think there is something like a waste of
money if you are having people, you know, make profit over… you know, in the
services rather than invest the full amount in care.
Journaliste
:
Merci beaucoup.
(Fin à 8 h 42)