(Quinze heures vingt-quatre minutes)
M. St-Pierre Plamondon : Alors,
simple retour sur le geste qu'on vient de poser en Chambre, une motion en l'honneur
d'Yves Michaud. On veut souligner qu'on est fiers d'avoir pris cette
initiative-là et d'avoir rendu un hommage qui est juste, en fonction de sa
contribution au Québec. Et souligner aussi notre désarroi devant la réaction du
gouvernement, qui a refusé de se lever et d'applaudir pour notre discours d'hommage
à Yves Michaud, pour des raisons que je ne m'explique pas. Parce qu'on s'en est
tenus aux faits, puis on l'a fait de manière respectueuse. Et, lorsqu'il est
temps de rendre hommage à quelqu'un, je pense qu'on peut mettre de côté
certaines divergences de points de vue et simplement rendre hommage à cette
personne-là. Donc, on trouve que ça manque de classe et on s'explique mal cette
décision du gouvernement, qui est en ligne avec d'autres gestes et déclarations
qui, de notre point de vue, ne sont pas très respectueux de la personne et de
la contribution d'Yves Michaud.
Journaliste : Qu'est-ce que
ça vous dit aussi que ce soit M. Roberge qui ait présenté l'hommage, pas M.
Legault?
M. St-Pierre Plamondon : C'est
à eux de répondre à cette question-là. Mais, si on prend cet élément, qui n'est
pas anodin, mais on le juxtapose au fait que tout le monde avait instruction de
ne pas se lever et de ne pas applaudir — il n'y a pas eu une seule
exception du côté du gouvernement — vraiment, il faut poser des
questions sur le pourquoi, parce qu'a priori ça manque vraiment de classe, ça
manque vraiment de respect. Lorsque c'est le temps de rendre hommage à quelqu'un
qui nous a quittés, on peut mettre de côté certaines divergences de points de
vue puis applaudir à chaque fois, s'assurer que c'est bien fait.
Journaliste : Est-ce que vous
croyez que le fait que M. Legault était, à l'époque, un proche de Lucien
Bouchard — M. Bouchard n'a jamais accepté de... en fait, de revenir
en arrière ou de présenter des excuses — est-ce que vous croyez que
ça peut avoir un lien, que M. Legault ne veuille pas froisser Lucien Bouchard?
M. Bérubé : Je ne sais pas ce
qui explique cette posture du premier ministre. Mais, en 2000, il y avait un
collègue qui s'appelait Jean-François Simard, qui était député de Montmorency,
le même comté qu'il représente, puis lui, il s'est excusé en 2011. Il a indiqué
qu'il vivait difficilement avec ça. Donc...
Journaliste : On lui a
demandé.
M. Bérubé : Oui, puis j'espère
qu'il l'a réitéré, parce que c'est dans les archives maintenant. Puis
heureusement qu'il l'a fait. Et beaucoup de députés qui sont intervenus ont
successivement décidé... Le premier ministre est l'un des derniers, il semble y
tenir mordicus. Il a même évoqué une entrevue à CKAC, avec votre collègue Paul
Arcand, et M. Arcand, vendredi dernier, a dit, à la radio, qu'il se souvient
très bien de l'entrevue, et qu'il n'y a aucun propos qui était... qui était problématique,
de son souvenir. Et j'ai tendance à croire pas Paul Arcand là-dessus.
Donc, je ne sais pas pourquoi on s'accroche
à maintenir cette motion-là, mais il me semble, là, qu'aujourd'hui... À tout le
moins, on avait insisté pour que ce soit un hommage. Toute la rédaction de la
motion va dans ce sens-là. Et ce n'est pas suite à... ce n'est pas après avoir
entendu le discours du chef du Parti québécois. Ils avaient déjà une indication
de ne pas applaudir ni nous ni Québec solidaire. Juste dire que ça... ça nous...
ça nous déçoit.
Journaliste : Mais M. Simard,
lui, il dit qu'il y a d'autres... il dit, M. Bédard, par exemple, il ne s'est...
il n'est jamais revenu là-dessus, M. Bouchard non plus.
M. Bérubé : Ils ne siègent
pas à l'Assemblée nationale aujourd'hui.
Journaliste : Je comprends.
Mais donc ça voulait dire que, oui, lui, il maintient ce qu'il... ce qu'il a
affirmé en 2011. Sauf que ce n'est pas tous les députés qui étaient là en l'an
2000 qui se sont excusés.
M. Bérubé : Qu'est-ce que ça
change? Il essaie d'expliquer pourquoi il s'est excusé en 2011? On est rendus
là, là, Jean-François Simard? C'est...
M. St-Pierre Plamondon : Je
ne comprends pas moi non plus.
Journaliste : C'est-à-dire
que lui, il maintient qu'il s'est excusé, mais il dit : C'est correct, s'il
y en a d'autres qui ne s'excusent pas parce qu'ils... ils ont des divergences
de point de vue, comme M. Legault, puis là, il dit comme M. Bédard ou comme M.
Bouchard.
M. St-Pierre Plamondon : Dans
tous les cas, je ne sais pas à quel point cette explication-là nous avance sur
la situation actuelle. Mais, dans l'hypothèse où les députés de la CAQ ont reçu
instruction de ne pas se lever et de ne pas applaudir à un... à un hommage
posthume à Yves Michaud lorsque c'est le Parti québécois qui s'exprime
là-dessus, je... moi, je suis un peu stupéfait. Puis j'aimerais bien comment...
comprendre suivant quelle logique une telle instruction peut être donnée à tous
les députés de la CAQ.
Journaliste : Juste pour
bien... parce que je... dans le corridor, là, donc je n'ai pas vu les débats.
Mais est-ce qu'ils se sont levés pour applaudir les autres partis ou...
M. St-Pierre Plamondon : Ils
se sont levés pour le Parti libéral. Mais personne, sans exception, donc il n'y
avait pas de liberté là-dedans, là. Ça a été très, très discipliné. Personne ne
s'est levé, personne n'a applaudi. C'était le silence total.
Journaliste : Et comment vous
l'interprétez?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
j'interprète qu'il y avait une instruction, du côté du gouvernement, enjoignant
chaque député de la CAQ de ne pas applaudir ni rendre hommage, si un parti ose
mentionner qu'Yves Michaud a beaucoup souffert dans les dernières années de sa
vie d'accusations factuellement non fondées.
Des voix : ...
Journaliste : Le Parti
libéral non plus?
M. St-Pierre Plamondon : Je
présume que c'est ça parce que j'essaie de faire la différence avec le discours
libéral. Et moi, mon point de vue, c'est que lorsqu'il s'agit d'une motion et
d'un discours, mais que le but, c'est de rendre hommage à quelqu'un, on se lève
et on applaudit. Puis oui, il peut y avoir des divergences de point de vue. Et
j'ai mentionné, dans mon discours, en passant, qu'un jour il y aura justice. Ce
jour viendra.
Journaliste : Le Parti
libéral non plus ne s'est pas levé, là, au moment de votre hommage et de celui
de Québec solidaire. Est-ce que c'est un manque de respect?
M. Bérubé : Bien, on était en
face d'eux, donc on les voyait moins, là.
M. St-Pierre Plamondon : J'ai
peut-être...
Des voix : ...
Journaliste : Je vous
confirme, là, ils ne se sont pas levés au moment de votre motion puis de celle
de Québec solidaire, qui faisait mention de l'affaire Michaud. Est-ce que c'est
tout autant un manque de respect que celui du gouvernement?
M. St-Pierre Plamondon : Ça
manque de classe. Moi, c'est ça que je dis. C'est que ça... Je pense qu'on doit
être capables, lorsqu'il s'agit de rendre hommage à quelqu'un qui nous a
quittés, tant qu'on s'en tient au fait, là... Ce n'était pas très... Tu sais,
c'était très respectueux, là, de tout le monde. Il n'y avait pas d'accusations.
Il y a... il y a eu un certain nombre de faits qui sont indéniables, que j'ai
mentionnés dans la... dans l'allocution. Refuser de se lever puis d'applaudir,
à mon avis, est inapproprié dans les circonstances et demande, requiert des
explications de leur part.
Journaliste : Ce matin, vous
avez dit que vous vouliez présenter une motion hommage pour éviter que la
famille...
M. St-Pierre Plamondon : Essuie
un refus.
Journaliste : ...tu sais,
essuie un nouveau refus.
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
basé sur les déclarations de François Legault lui-même.
Journaliste : Les... Ce qui
vient de se passer en Chambre, est-ce que ce n'est pas exactement ce que vous
voulez... vous vouliez éviter pour la famille?
M. St-Pierre Plamondon : Non,
ce n'est pas un refus, tout le monde a livré un hommage quand même vibrant, mais
c'est un autre faux pas de la CAQ dans un sujet qui demande du jugement et de
la délicatesse. Mais, quand même, on aura réussi à obtenir un hommage de la
part de chaque parti, et ces hommages-là vont demeurer pour toujours.
M. Arseneau : ...
M. St-Pierre Plamondon : La
minute de silence également a été maintenue par tout le monde.
Journaliste : Peut-être sur
un autre sujet. M. Arseneau, peut-être, ou vous, M. St-Pierre Plamondon, sur
les... je pensais que vous... que vous aviez répondu ce matin, mais sur les
maisons de femmes violentées, Mme Duranceau, il semble que ça va se faire, finalement,
ou en tout cas, que... qu'il y a... de l'affaire, qui pourrait... en ajoutant
un studio, ça va baisser le prix par porte puis ça pourrait aller finalement se
construire. Comment vous, vous... vous prenez ça?
M. Arseneau : Bien, écoutez,
je pense que la ministre Duranceau a mesuré à retardement l'impact de ses
propos et son manque de sensibilité à l'égard des femmes victimes de violence
lorsqu'elle a dit que ça coûtait trop cher. Ils ont trouvé une voie de passage.
Mieux vaut tard que jamais. Mais, encore une fois, je pense que le réflexe de
la ministre est extrêmement questionnable. Et je pense que ça a été dit, ça a
été répété, que le gouvernement aille de l'avant, appuie les projets qui sont
en gestation, qui sont sur le point d'être construits, et puis qu'on rétablisse
les priorités là où elles doivent être. Puis, en plus, lorsqu'on se réfère à
2021, où c'était un engagement formel du gouvernement, puis qu'on avait cette
espèce de guéguerre là avec des groupes communautaires qui travaillent pour
sauver des vies, d'avoir vu le manque de sensibilité de la ministre de façon
aussi éclatante, bien, évidemment, c'était inacceptable. Je pense qu'elle l'a
finalement réalisé. Merci.
M. St-Pierre Plamondon : Merci.
(Fin à 15 h 33)