(Neuf heures une minute)
M.
St-Pierre
Plamondon :Alors, bonjour, tout le
monde. Je suis ici ce matin parce que ce qui s'est passé hier est sérieux, et
je qualifierais même de grave, là, des déclarations du ministre fédéral en
immigration qui parlent explicitement de mise sous tutelle des pouvoirs de l'Assemblée
nationale, de mise sous tutelle du ministère de l'Immigration du Québec. Cette
mise en tutelle, elle existe de facto déjà. Depuis 2016, le gouvernement
fédéral impose au Québec, à travers son pouvoir sur les frontières et son
pouvoir sur les aéroports, une immigration qui ne correspond pas à la volonté
démocratique des Québécois, ce qui fait qu'on a littéralement perdu le contrôle
sur l'immigration temporaire. Ça, c'est le chiffre au début du mandat de Justin
Trudeau, le nombre d'immigrants temporaires sur le territoire québécois, 86 000.
On est désormais au Québec à 528 000. En clair, là, ça veut dire qu'on a
perdu le contrôle sur l'immigration temporaire avec les conséquences que vous
connaissez sur le logement, le français et notre capacité à livrer des
services. Ce sont des décisions imposées par le fédéral sans l'accord du Québec
sans ni même informer le Québec. Donc, il y a déjà une mise en tutelle de facto
du Québec en matière d'immigration pour servir les dérives idéologiques qui ont
lieu à Ottawa.
Mais là, ce qu'hier on a entendu de Marc
Miller, c'est la mise en tutelle formelle de... des pouvoirs du ministère de
l'Immigration. Littéralement, Marc Miller dit : Si vous ne voulez pas
aussi hausser vos seuils, comme nous, on veut les hausser, bien, on va
s'arranger pour les hausser sans vous. Et ça, c'est très grave. C'est d'une
arrogance inouïe. C'est une négation de notre compétence en immigration et une
négation des ententes qui se sont négociées au fil des années.
Et je suis ici ce matin pour vous
dire : Est-ce que François Legault et Christine Fréchette vont encore
envoyer une lettre? Est-ce qu'ils vont encore envoyer un tweet? Évidemment, ce
n'est pas normal ce qui se passe. Il y a un gouvernement de trop qui travaille
contre les décisions du Québec, contre la planification du Québec. On ne
devrait pas s'habituer à ça. On devrait voir que décider par nous-mêmes, comme
n'importe quel autre peuple dans le monde, comme n'importe quel pays, ça serait
drôlement plus simple que de devoir... que d'être dans une posture défensive
perpétuelle vis-à-vis un gouvernement qui n'est pas le nôtre et qui,
vraisemblablement, ne nous veut pas du bien. C'est d'autant plus inquiétant... Et
je veux juste clarifier un point. Au Parti québécois, nous reconnaissons
l'importance et la vocation humanitaire du regroupement familial, mais on pense
également que c'est au Québec... même si je suis critique de ce que la CAQ est
en train de faire, c'est au Québec de décider. Et, de manière générale,
pourquoi est-ce qu'on n'est plus capable de prendre nos responsabilités en
matière de regroupement familial? Bien, c'est simplement parce que, d'une part,
la CAQ a menti en campagne électorale, elle a parlé de
50 000 immigrants permanents. Si on avait plus, on parlait de
«suicidaire». Et on a fait l'inverse par après. Et le fédéral nous impose une
immigration temporaire complètement à l'extérieur de notre capacité à
accueillir.
Donc, ces facteurs-là font en sorte que,
pour les réunifications familiales, l'immigration, les seuils d'immigration en
général excèdent de loin notre capacité à traiter les demandes de la même
manière qu'elle excède notre capacité à offrir des places en CPE, à soigner les
gens, à éduquer les enfants. On est... On a clairement excédé notre capacité à
accueillir.
Et devant ça qu'est-ce que nous propose
Christine Fréchette ce matin? La ministre de l'Immigration du Québec ne propose
aucun rapport de force. Elle nous dit : Moi, j'ai une bonne relation avec
Marc Miller. C'est ça, son point. C'est de dire : Je vais tellement être
gentille que Marc Miller va finir par entendre le Québec. Mais le dommage, il
est déjà fait sur le plan de l'immigration temporaire, on n'a pas été consultés.
Et la crise du logement est un fait, le recul du français est un fait. Et ce
sont des dynamiques qu'on peut qualifier d'irréversibles. Donc, son seul
rapport de force en ce moment, c'est d'essayer d'être sympathique auprès de
Marc Miller, mais c'est mal comprendre le fait qu'Ottawa ne nous veut pas
nécessairement du bien et veut exercer les pouvoirs à notre place.
Donc, ce que je demande à la CAQ ce matin,
c'est, à l'image de Toronto, qui a menacé d'introduire une taxe Trudeau pour
financer les coûts des demandeurs d'asile et donc mettre les points sur les i
auprès du gouvernement Trudeau, à l'image de la Saskatchewan, qui a cessé de
collecter la taxe carbone, ou de l'Alberta, qui a adopté une loi sur la
souveraineté, il y a d'autres provinces qui ont posé des gestes... qui ont posé
des gestes concrets pour mettre un cran d'arrêt à un gouvernement fédéral qui
ne respecte pas la province, dans le cas-ci le Québec. Et donc, je demande à
François Legault d'écouter François Legault et de respecter son propre... sa
propre idée en campagne électorale d'aller chercher l'appui du peuple sur un
référendum sur l'immigration en posant tout simplement la question aux
Québécoises et aux Québécois : Croyez-vous qu'on devrait décider
nous-mêmes sur l'immigration plutôt que d'avoir Ottawa nous imposer des
politiques qui ne correspondent pas à nos besoins?
Et ça peut avoir un impact, parce qu'un
référendum sur cette question-là va déclencher une obligation de négocier de
bonne foi du côté fédéral et va donner un poids politique au Québec, alors
qu'en ce moment la stratégie de Christine Fréchette, c'est de nier qu'il y a un
problème. C'est ce qu'elle a fait d'ailleurs pour l'immigration temporaire.
Elle a dit, dans un premier temps, en juin... en juin 2023, qu'on ne pouvait
pas planifier l'immigration temporaire, avec le résultat qu'on a complètement
perdu le contrôle. Ce matin, elle s'est... elle s'est ravisée, en disant :
Il y a trop d'immigration temporaire. Mais le plan ne peut pas être simplement
d'être encore plus gentil avec Ottawa. Il faut établir minimalement un rapport
de force ou, si on voit à long terme puis on a une vision, il faut tout
simplement réaliser l'indépendance du Québec et faire ensuite comme n'importe
quel peuple normal et choisir nos propres politiques en matière d'immigration,
comme dans n'importe quel autre domaine.
Journaliste : Mais on ne
pourrait pas rouvrir l'accord de 1991 et renégocier certaines choses?
M.
St-Pierre
Plamondon :L'accord de 1991 est
l'oeuvre des indépendantistes. 1991 n'aurait pas eu lieu si la menace
indépendantiste n'était pas à son comble à cette époque-là. Ottawa ne donne pas
de cadeau à Québec parce que ça leur tente de ne pas exercer le pouvoir. Ottawa,
c'est un phénomène endémique. Ottawa va étendre son pouvoir de dépenser,
étendre ses pouvoirs sur les provinces de manière incessante. C'est ça,
l'histoire du Canada. À l'origine, le Canada n'avait même pas le droit de
percevoir des impôts.
Donc, l'idée de rouvrir l'entente en ce
moment, alors qu'on ne se fait pas respecter sur les transferts en santé... On
ne se fait même pas consulter ni même informer des décisions à Roxham, aux
aéroports. On n'obtient pas gain de cause en français... Le nombre d'échecs de
la CAQ, dans sa doctrine d'être gentil puis de supplier, là, fait en sorte que,
non, je ne pense pas qu'il faut rouvrir l'accord. Commençons par voir si on
peut faire respecter l'accord, ce qui serait un signe de respect minimum, mais
je suis très pessimiste, parce que le poids du Québec dans le Canada va bientôt
glisser en deçà du 20 %. Et plus le Québec, son poids démographique et
politique sera petit dans le Canada, moins le Canada va nous respecter. Ce sont
des phénomènes qui vont s'empirer au fur et à mesure. On le voit avec Pierre
Poilievre. On le voyait avec Justin Trudeau. Au fur et à mesure que tu n'as pas
besoin du Québec pour devenir premier ministre du Canada, on va constater qu'il
y a peu d'espace de négociation, peu de bonne foi.
Journaliste : Est-ce qu'il
est respecté, en ce moment, l'accord Canada-Québec de 1991? Parce qu'on
comprenait ce matin que les seuils de Québec, là, selon la ministre Fréchette,
Ottawa n'a pas l'obligation de les respecter, ce n'est pas écrit noir sur blanc
dans l'accord.
M.
St-Pierre
Plamondon :Ce qui est écrit noir sur
blanc, c'est que c'est le Québec qui détermine ses seuils au total, et c'est
écrit également que le Canada s'occupe des réunifications familiales. Donc, si
on lit les deux ensemble, le Canada s'occupe des réunifications familiales et
s'assure que ça rentre dans la planification du Québec. C'est ce qui a été fait
au cours des dernières décennies de manière constante.
Ce que Marc Miller est venu dire hier,
c'est : Nous, on va vous passer dans la gorge nos augmentations des seuils
d'immigration. On l'a déjà fait, par nos pouvoirs à Roxham sur la frontière et
ensuite aux aéroports, dans les règles de visas, de sorte qu'on est passé de
86 000 à 528 000 temporaires, mais là on va le faire formellement, en
utilisant notre pouvoir, comme gouvernement, et en faisant fi de cette
entente-là.
Journaliste : Je comprends. Mais
juste pour être clair, est-ce qu'à votre compréhension il y a une obligation
légale pour Ottawa de respecter les seuils de Québec?
M.
St-Pierre
Plamondon :Bien, il y a, à l'évidence,
oui, une base juridique dans le fait que le Québec a le pouvoir de déterminer
le nombre total d'immigrants reçus sur le territoire québécois. Si le Canada
agit de manière à ne pas respecter ce principe-là, bien, vraisemblablement, il
y a un problème.
Journaliste : Mais c'est un
principe. Il n'y a rien qui oblige... Ottawa...
M.
St-Pierre
Plamondon :Bien, c'est une entente
écrite. C'est une entente écrite. C'est l'article 4, je pense. Le principe...
le principe est à l'article 4, puis les articles, c'est 16, 17, 18, là — je
ne l'ai pas devant moi — mais donc il faut les lire ensemble.
Mais, entre vous et moi, là, sortons du
juridique, là, il y a un gouvernement fédéral qui ne consulte pas le Québec,
n'informe pas le Québec et veut même piétiner l'accord entre le Québec et le
Canada. Ça, ça parle de notre rapport de force inexistant. Et, quand j'entends
la ministre Fréchette dire : Je vais être encore plus gentille avec Marc
Miller, ils vont finir par nous entendre. C'est vraiment mal comprendre ce que
le Canada est en train de faire au Québec sur le plan du non-respect de nos
choix démocratiques, tant sur le plan de la langue, de la culture que de
l'immigration.
Journaliste : Mais on parle
de réunification familiale, donc, au-delà des compétences de tous et chacun,
c'est... on parle de vies humaines, on parle de vraies personnes qui attendent
un parent, qui attendent leur époux, épouse, leur conjoint. Il ne faut pas
accommoder ces gens-là, à un moment donné? Il ne faut pas réduire les délais?
M.
St-Pierre
Plamondon : Bien, on peut faire des choix.
Journaliste
: Parce
qu'il y a quelque chose d'un peu inhumain, là, dans l'attente, pendant 50 mois,
de son parent, là.
M.
St-Pierre
Plamondon :Bien sûr. On peut faire des
choix, donc, on peut dire : Nous, pour des raisons humanitaires, on
considère que c'est plus important de réunir les familles que d'accueillir de
l'immigration économique et d'accueillir des demandeurs d'asile qui ne
répondent, en fait, à aucun critère et qui, souvent, sont une forme
d'immigration économique déguisée. On peut faire des choix. Le problème actuellement...
D'ailleurs, c'est le choix que nous, on veut faire au Parti québécois, on
priorise dans la hiérarchie de ce qu'il y a d'important pas mal plus les
réunifications familiales que d'autres formes d'immigration. Mais une fois que
c'est dit, c'est parce que ce n'est pas nous qui décidons. Il y a un
gouvernement fédéral qui est vraiment dans une dérive idéologique de toujours
plus d'immigration, qui impose, qui le dit explicitement : Nous allons
imposer au Québec, soit par nos pouvoirs aux aéroports puis aux frontières, ou
soit explicitement par notre pouvoir gouvernemental, on va imposer au Québec
d'autres choix que ce que nous, on peut et on veut faire. C'est ça, le
problème. Mais ensuite, en effet, on peut faire des choix en fonction de ce qui
est le plus humain, de ce qui est le plus approprié dans les circonstances.
Journaliste : Je veux
juste...
Journaliste : Vous, vous
feriez quoi avec les 20 000 personnes, là, si vous étiez au pouvoir?
M. St-Pierre Plamondon : Avec
les 20 000 demandes en attente?
Journaliste : Qui attendent
pour le regroupement... les regroupements familiaux. Vous faites quoi?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
je vais présenter... Je vous ai annoncé, là, qu'on présenterait notre
planification de l'immigration dans quelques mois, mais ce que vous allez voir,
c'est qu'on favorise le... les regroupements familiaux avant l'immigration
économique classique. Donc, on fait des choix.
Mais je veux revenir sur le fait que les
seuils ont été augmentés par la CAQ, contrairement à ce qu'ils ont dit en
campagne électorale, puis le fait qu'on a une explosion du nombre de
temporaires. Évidemment que si les seuils en général sont trop élevés, ça va
créer un nombre de réunifications familiales beaucoup plus élevé, puis, à un
moment donné, comme pour les CPE, l'éducation ou la santé, la machine gouvernementale
ne fournit plus, parce que les nombres sont devenus beaucoup plus grands. Donc,
avez-vous déjà entendu des problèmes de regroupement familial au début des
années 2000, lorsqu'on recevait 30 000, 35 000 immigrants
par année? Il n'y avait pas de problème. Mais là, c'est parce que si la... les
proportions augmentent constamment, il y a un moment où l'État québécois, comme
dans tous les domaines, ne fournit plus à la tâche, et, oui, ça crée des
situations humaines déplorables. Oui, on peut faire des choix, je pense, en
fonction de priorités humaines, mais il ne faut pas se cacher que c'est
également des seuils complètement disproportionnés par rapport à notre capacité
d'accueil qui fait que l'État québécois ne suit plus le rythme, n'est plus
capable de suivre.
Journaliste : Qu'est ce que
vous répondez au premier ministre Legault? Je ne sais pas si vous l'avez
entendu la semaine dernière, mais il disait que vous n'aidiez pas la cause du
français au Parti québécois parce que vous vouliez augmenter la part de... du
regroupement familial, puis qu'il n'y a pas d'exigences pour le français pour
ces... ces immigrants-là. Qu'est-ce que vous lui répondez?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
je lui réponds que, de notre point de vue, le regroupement familial est une
priorité sur le plan humain, qu'on prévoit de manière générale une diminution
significative de l'immigration temporaire, quand même une diminution aussi
du... de l'immigration permanente.
Et quand on se demande pourquoi le
français est en train de connaître un recul historique, la réponse, ce n'est
pas la... les regroupements familiaux, le problème, là, pas du tout. Le
problème, c'est la perte de contrôle total de la CAQ sur l'immigration
temporaire. Le graphique, il est là, il est explicite.
Donc, il faut vraiment avoir du culot puis
chercher des coupables au lieu de prendre ses responsabilités pour essayer de
faire croire que ce sont les regroupements familiaux qui menacent... qui sont
vraiment le facteur prépondérant sur le recul du français, alors que la CAQ a
exhibé son incompétence en disant, dans un premier temps, pendant des années,
qu'on ne pouvait pas planifier l'immigration temporaire mais également en
prétendant qu'on obtiendrait des gains du fédéral, alors que le fédéral nous a
littéralement bafoués sur cet enjeu-là avec les conséquences qu'on connaît sur
le français mais également sur le logement et les services.
Journaliste : S'il y avait...
s'il était question d'un référendum sectoriel, donc, dans le domaine de
l'immigration, comme vous appuyez cette démarche-là, il faudrait donc
enclencher tous les processus en fonction de la Loi sur les consultations
populaires, c'est-à-dire comité parapluie, oui et non, campagne référendaire
établie.
M.
St-Pierre
Plamondon : Mais il n'y a rien qui empêche...
Journaliste
: C'est ce
que vous voyez, vous, comme mécanique?
M. St-Pierre Plamondon : Attention.
Donc, il n'y a rien qui empêche le gouvernement de créer un cadre spécifique à
cet exercice-là. Donc, il y a une loi qui est déjà là en fonction des deux
premiers référendums dans l'histoire du Québec, mais il n'y a rien qui empêche
le gouvernement de créer un cadre allégé pour cette consultation-là qui...
Journaliste : Donc, un projet
de loi spécifique pour ajuster une... parce qu'on ne peut pas improviser non
plus en fonction de la Loi sur les élections ou la Loi sur les consultations
populaires.
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
oui, mais je pense... Non, le gouvernement a toute la flexibilité pour choisir
le niveau.
Journaliste : Puis vous
l'appuieriez dans cette démarche d'un dépôt d'un projet de loi éventuelle pour
arriver à une sorte de...
M. St-Pierre Plamondon : C'est
parce que la vraie solution à cette situation-là, c'est de décider par
nous-mêmes. Bon, j'ai complètement perdu espoir que Capitaine Canada,
M. Legault, va changer d'opinion. C'est un entêtement, c'est un
aveuglement volontaire par rapport à l'échec de sa doctrine. Ce sera aux gens
de juger de ça. Donc, je vais être en faveur, dans l'intervalle, parce qu'il
faut que je collabore avec le gouvernement puis qu'on serve quand même
l'intérêt du Québec, de toute mesure qui nous donne un rapport de force dans
l'intervalle, parce qu'on se fait complètement écraser en ce moment. Et si on
fait un référendum sur l'immigration... Ce n'était pas mon idée, c'était celle
de François Legault en élection lorsqu'il constatait la montée du Parti
québécois. S'il respecte sa parole pour une fois, c'est de nature au moins à
nous donner un certain rapport de force et une certaine prise de conscience
aussi que pour la... la très grande majorité des Québécois, on pense qu'on
devrait décider par nous-mêmes et planifier ces questions-là au lieu de se
faire torpiller par Ottawa et donc de se placer dans une posture défensive
perpétuelle, où est-ce qu'on enregistre les reculs puis on tente de se consoler
avec des minces gains. C'était triste un peu, là, la réaction par rapport aux
visas mexicains. Je vous l'ai prédit que ça arriverait. Et là on essayait de
nous vendre une victoire, alors que... Regardez Roxham, regardez les
changements des règles aux aéroports, les conséquences sont à long terme, là,
sur le logement. Le temps qu'on réussisse à bâtir le 1,2 millions de logements
qui nous manquent, selon La Presse — c'est un dossier l'hiver dernier — on
en a pour des années à essayer de rattraper de mauvaises politiques publiques
imposées au Québec par Ottawa.
Journaliste : Sur le plan du
rapatriement complet des pouvoirs, étant donné que les demandeurs d'asile
relèvent des États souverains qui ont signé une... ont signé la Convention de
Genève... est-ce qu'il n'y a pas une exception à faire là-dessus ou est-ce que
vous voulez que le Québec demande qu'on lui délègue ce pouvoir-là aussi sur les
demandeurs d'asile ou...
M.
St-Pierre
Plamondon :Bien, c'est-à-dire que dans
un Québec indépendant...
Journaliste : Mais on n'est
pas rendus là...
M.
St-Pierre
Plamondon :C'est ça... Bien non. C'est
pour ça que toutes les autres tentatives de solution pour ne pas regarder les
choses en face, là... puis c'est ça le caquisme. Le caquisme, c'est se mettre
la tête dans le sable sur le fait que la seule réelle solution, c'est de
décider par nous-mêmes dans le cadre de notre pays. Évidemment, toutes les
tentatives de solution dans le Canada vont être partielles, vont être bancales.
Elles ne seront pas parfaites parce que tu n'obtiens pas vraiment tous les
pouvoirs, donc là, ça crée des incohérences et ça nous amène dans toutes sortes
de situations de négociations qui ne finissent plus avec Ottawa, dans le cadre
duquel on obtient toujours un certain morceau de ce qu'on aurait dû avoir si on
était un pays. Donc, évidemment qu'en dehors de l'indépendance du Québec il n'y
a rien de complet comme solution.
Journaliste : Je reviens au
regroupement familial. Le problème, là, ce n'est pas que Québec émet beaucoup
trop de CSQ pour le seuil qu'il s'est fixé, donc il crée lui-même un... des
arriérés. Et ce n'est pas ça à l'origine le problème?
M.
St-Pierre
Plamondon :Pas tant. Oui,
techniquement c'est ça qui arrive. Mais c'est parce qu'un conjoint qui attend
son mari ou sa femme, que le CSQ soit délivré ou pas, le besoin existe, là.
Donc, de limiter ça à une histoire de papiers CSQ, c'est mal comprendre la
dynamique. Il y a un besoin dans la population pour des réunifications
familiales légitimes. Que tu donnes un CSQ ou que tu ne le donnes pas, le
besoin, il est là, et ça témoigne des décisions qu'on a prises au cours des
dernières années d'accueillir beaucoup plus de personnes par année qu'il y a
20 ans. Et là on a un État québécois qui ne suit pas le rythme à tous les
niveaux, les demandes, donc le traitement de papiers, mais également les places
en CPE, l'éducation, la santé. On ne suit plus le rythme en raison de mauvaises
politiques publiques. Et il faut vraiment avoir du toupet du côté de la CAQ
pour avoir fait campagne sur le fait qu'on ne devait absolument pas hausser
passé 50 000 puis ensuite faire exactement l'inverse. Il faut vraiment
avoir aussi du toupet d'avoir perdu le contrôle à ce point sur l'immigration
temporaire et ensuite dire que le problème, c'est que le Parti québécois veut
favoriser les réunifications familiales. C'est... c'est tellement... c'est
malhonnête. C'est malhonnête de présenter les choses comme ça.
Journaliste : Mais l'émission
de tous ces CSQ-là, est-ce que ça ne crée pas un faux espoir pour ces gens-là
qui viennent s'établir au Québec? Puis après ça, ils disent : Bon, bien,
j'aurais donc dû aller dans une autre province.
M.
St-Pierre
Plamondon :Bien sûr. Bien sûr. Bien
sûr. C'est de la mauvaise gestion. Sauf que c'est... Il faut se reculer un peu,
là. On a une tendance des fois à voir l'arbre de très près. De manière
générale, le fédéral nous a imposé des politiques qui excèdent nettement notre
capacité d'accueil. Là, on est rendu dans la situation où on l'a excédé au
niveau du logement, du français, mais également dans la capacité de l'État
québécois à traiter les diverses demandes. Le nombre de regroupements familiaux
augmentera en fonction des décisions qu'on a prises en immigration en matière
de seuils, et là, on voit que l'État québécois, comme dans tout le reste, ne
suit plus le rythme. Et c'est pour ça que, sur le plan humain, on doit
prioriser les regroupements familiaux, parce que ce n'est pas défendable de
garder les gens séparés, mais qu'à moyen, long terme, il faut planifier une
réduction de l'immigration temporaire et une réduction de l'immigration
permanente jusqu'à tant qu'on arrive dans des seuils où on est capable de loger
notre monde, capable d'éduquer nos enfants, capable de soigner notre monde et
capable de traiter des demandes qui vont de soi, là. Je veux dire, garder des
couples séparés ou des parents loin l'un de l'autre, sur le plan humain, je ne
voudrais pas être à la place de la CAQ puis de devoir défendre ce bilan-là.
Journaliste : Juste pour
clarifier, est-ce qu'il faut un plafond quand même pour le regroupement
familial? Parce que là vous dites...
M.
St-Pierre
Plamondon : Bien, évidemment, planification du... de...
Journaliste
: ...Il
faut les prioriser, mais...
M.
St-Pierre
Plamondon :Évidemment, comme tous les
postes d'immigration doivent faire l'objet d'une planification en fonction de
notre capacité à émettre ces certificats-là, en fonction de... Ce que moi, je
vous dis, c'est que, dans ce qu'il y a de plus important, et compte tenu qu'on
sait que l'immigration économique ne comble pas la pénurie de main-d'œuvre,
c'est démontré, j'aurais tendance à prioriser les regroupements familiaux avant
l'immigration économique classique et surtout revoir ce qu'on fait en matière
d'immigration temporaire, parce que le recul du français, il est ici, là, surtout,
d'abord et avant tout.
Journaliste : Une petite
dernière, si vous permettez, sur l'immigration, mais est-ce que vous pensez que
les citoyens seraient mobilisés pour aller voter sur une consultation populaire
sur l'immigration, étant donné qu'on a des difficultés à les faire sortir aux
élections municipales ou même aux élections générales, maintenant? Est-ce que
ça ne pourrait pas être aussi risqué comme pari...
M.
St-Pierre
Plamondon :Moi, je pense qu'on aurait
un taux de participation comparable aux élections générales, parce que les gens
voient que ça ne fonctionne pas et les gens voient également qu'il y a quelque
chose d'anormal dans les relations entre Ottawa et Québec sur ces questions-là.
Ce n'est pas normal de devoir retourner... Mais toutes ces chicanes de chiffres
entre le ministre de l'Immigration fédéral et la ministre québécoise, toutes
ces interactions, comme quoi il n'y a pas de volonté de négocier, là, la
ministre Fréchette dit : Non, non, je veux négocier, voici la table, non...
Tout ça, là, nous démontre qu'il y a un gouvernement de trop et qu'il y a un problème.
Donc, je pense que les Québécoises et Québécois seraient très interpellés puis
se feraient entendre sur notre volonté de décider par nous-mêmes, comme
ailleurs dans le monde.
Journaliste : C'est un enjeu
qui est complexe quand même. C'est difficile à expliquer. Je veux dire,
l'accord, en tant que tel, est complexe. C'est un enjeu...
M.
St-Pierre
Plamondon :Non. Décider par soi-même,
ce n'est pas complexe. Évidemment, ensuite... C'est parce que l'accord, une
fois qu'on décide par nous-mêmes sur toute la ligne, tu n'as plus besoin,
justement, d'essayer de t'arrimer avec Ottawa. L'accord est fait comme un
compromis de deux pouvoirs qui veulent exercer en même temps leur pouvoir sur
la même chose. Évidemment, que c'est compliqué, mais la question à cette
consultation-là serait d'une simplicité... inouïe.
Journaliste : Ça serait quoi,
la question?
M.
St-Pierre
Plamondon : Bien, la question, ce serait : Croyez-vous que
le Québec devrait décider lui-même pour... en ce qui a trait à la planification
de l'immigration au Québec? C'est tout. Décider nous-mêmes. Et les résultats, à
mon avis, seraient très convaincants. Je pense qu'il y a déjà eu des sondages
sur ces questions-là, qui démontrent que, de l'avis des Québécois, on ne
devrait pas être pris comme on est pris en ce moment avec M. Miller et
Justin Trudeau et qu'on devrait tout simplement avoir notre propre
planification et la faculté de remplacer le gouvernement lorsqu'on n'est pas
satisfait de la façon que c'est exécuté.
Journaliste : Et j'aimerais
vous entendre sur les espaces bleus, l'abandon de cette promesse de la CAQ.
Est-ce que vous y avez déjà cru, à la promesse de la création des espaces
bleus?
M.
St-Pierre
Plamondon :Bien... Juste rappeler à la
population qu'on a perdu simultanément les espaces bleus et les paniers bleus,
et ce n'est pas la même chose, mais ils ont une chose en commun. C'était
drôlement marketing, au moment de l'annoncer, et c'était drôlement mal ficelé.
Et c'est... ce sera la signature de la CAQ au terme de huit ans de cette
gouvernance-là : beaucoup d'annonces en fonction de ce qui pourrait être à
la mode ou ce qui pourrait influencer positivement les sondages, presque aucune
planification quant aux coûts et quant à la mise en œuvre de chaque annonce.
Donc, on se retrouve à la fin du deuxième mandat de la CAQ bientôt, et le bilan
sera terrible en termes de réalisation, exactement comme en transport, le temps
qu'on a perdu, le nombre d'études qu'on a faites pour des annonces qui n'ont
pas été planifiées en amont, qui manquent de rigueur sur toute la ligne. On va
voir la même chose dans... à peu près dans tous les domaines, et ce sera,
malheureusement, la signature de la CAQ au terme de leurs huit ans de passage
au pouvoir.
Journaliste : Sur le fond, ce
dossier-là, les espaces bleus, c'était donc un montant, maintenant, qui est
astronomique, là, on parle de 1 milliard. Mais cet argent-là, dans le fond,
allait subventionner l'industrie de la construction plus que des artistes.
Est-ce qu'on ne devrait pas penser par contre à réallouer? Parce qu'on sait que
les artistes traversent une passe difficile au Québec, puis que la culture
québécoise a été éprouvée avec les changements numériques, et tout. Est-ce
qu'on ne devrait pas penser à augmenter de... au moins d'une somme
significative, ou prendre cette partie-là qui était éventuellement réservée pour
les... bleues puis le mettre... les espaces bleus, pardon, puis le mettre pour
le budget de la culture, pour aider directement des artistes plutôt que la
construction de bâtisses?
M. St-Pierre Plamondon : On
devrait faire ça de la même manière également qu'on devrait se pencher
urgemment sur le sort des médias régionaux. Donc, il y a des crises qui
existent, qui sont documentées, pour lesquelles on attend toujours un plan ou
une intervention, et pendant ce temps-là, la CAQ, elle, s'engageait dans toutes
sortes de projets bling-bling, là, de projets tape-à-l'oeil et qui ne
reposaient sur rien. Donc, si la CAQ a à coeur les gens du milieu artistique,
les gens du milieu médiatique, ce serait un signe de... d'humilité que de
déplacer une partie de ces sommes-là vers des besoins criants et documentés
dans ces secteurs-là.
Journaliste : Puis je
comprends... j'ai compris, en voyant votre réaction hier sur le redécoupage
électoral, là, que vous n'êtes pas satisfait de la décision de... des... de la
Commission sur la représentation électorale de poursuivre ses travaux, même
s'il y a trois partis à l'Assemblée nationale qui lui demandent de suspendre,
justement, ces travaux-là?
M. St-Pierre Plamondon : Non.
Je n'ai pas de problème à ce que le Directeur général des élections poursuivre
ses travaux. J'ai un malaise réel lorsque, pendant les auditions et hier lors
d'une déclaration, le Directeur général des élections annonce déjà ses couleurs
en rejetant d'emblée ce qui fait l'unanimité ici, à l'Assemblée nationale. Ça,
ça veut dire que le processus d'écoute est plus ou moins là. On écoute pour la
forme, mais ça donne l'impression aux élus qu'on perd notre temps, que les
décisions sont déjà prises. Et ça, c'est malsain en termes de respect des
règles de justice naturelle quand on a des décisions importantes.
Et, dans ces circonstances-là, où est-ce
que je constate qu'il y a une volonté de faire quelque chose, peu importe la
représentativité puis les constats qui sont faits par les élus, je constate que
Québec solidaire, le Parti libéral et le Parti québécois sont tous d'accord
pour qu'une loi vienne confirmer qu'en 2026 on aura la même carte électorale que
2022, de manière à lancer tout de suite une consultation en vue de 2030, où
est-ce qu'on va refaire la loi et notamment permettre qu'il y ait plus de
sièges que les 125 actuels. Parce que là, on se dirige vers le retrait d'une
circonscription en Gaspésie puis le retrait d'une circonscription dans l'est de
Montréal. Et le préjudice, les problèmes que cette décision-là va créer sont
gigantesques, et ça va créer aussi un sentiment d'injustice, dans la
population, très senti. Donc, la solution de passer par une voie législative,
de bien faire les choses me semble beaucoup plus avisée et prudente qu'un
entêtement à redessiner absolument et faire disparaître absolument certaines
circonscriptions.
Journaliste : Est-ce que le
Directeur général des élections n'est pas coincé? Parce que, dans le fond, il
doit... il doit appliquer la loi. Il doit être le premier... le premier
serviteur de sa propre loi. S'il n'applique pas la loi, il se trouve à être en
contradiction avec sa propre loi, non? Lui, il faut qu'il soumette une nouvelle
carte, puis, selon les règles, les différents critères qui ont été... déjà été
établis par le législateur. Donc, lui, il ne fait que respecter sa propre loi,
non?
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
mais évidemment, c'est l'application discrétionnaire d'un nombre important de
critères. Moi, ce que j'ai tenté d'expliquer le mieux possible au Directeur
général des élections, c'est que je comprenais sa démarche de création de deux
nouvelles circonscriptions, mais que, quand on faisait la balance des
inconvénients, les problèmes qu'il était en train de créer en enlevant une
circonscription dans l'est de Montréal et en enlevant une circonscription en
Gaspésie, de sorte que ça prenne six, sept heures pour se rendre d'un endroit à
l'autre dans une seule circonscription, ces problèmes-là étaient plus grands
que les problèmes qu'il tentait de régler.
Journaliste : Mais là vous
dites : C'est discrétionnaire? Vous pensez que, dans l'application des
critères, le directeur général est allé trop loin...
M. St-Pierre Plamondon : Non,
non.
Journaliste
: Non?
M.
St-Pierre
Plamondon :Tout processus judiciaire
ou quasi judiciaire implique la discrétion du décideur dans l'application des
critères. En d'autres mots, une autre personne déciderait avec les mêmes
critères en arriverait à d'autres conclusions. Ça, c'est inhérent au processus
judiciaire ou quasi judiciaire, dans ce cas-ci.
Ce que je dis, c'est qu'une fois que le
Directeur général des élections nous dit d'entrée de jeu qu'il n'y aura pas de
statu quo avant même que la commission se soit prononcée, là ça veut dire que
l'ouverture à entendre ce que les élus voient sur le terrain, elle n'est pas
là, et dans quels cas, c'est peut-être aux élus de se saisir de la situation.
Et ce qui met donc entre les mains de la CAQ la décision de faire survivre une
circonscription en Gaspésie puis celle d'Anjou à Montréal, parce que les trois
autres partis ont déjà levé la main en disant : Nous, on est prêts à faire
ces deux étapes... à mettre en œuvre deux étapes, là, donc une loi pour
confirmer la carte électorale de 2026 et un projet de loi à étudier pour revoir
la Loi électorale. Il ne manque que la CAQ. Donc là, la CAQ se retrouve avec
entre les mains la décision d'éliminer ou non deux circonscriptions pour la
création des deux...
Journaliste : Est-ce que le Directeur
général... élections est encore la bonne personne actuellement... celui qui
occupe le poste actuellement?
M. St-Pierre Plamondon : Moi,
je ne veux pas attaquer les personnes ni l'institution, mais je ne peux pas
m'aveugler sur ce qui s'en vient, parce que je juge que les conséquences d'un
retrait d'une circonscription en Gaspésie puis d'un retrait de circonscription
dans l'est de Montréal sont graves, importantes, et que ça va faire également
réagir la population. Les élus ont réagi vivement. Il ne semble pas y avoir
d'écoute. Donc là, j'invite le gouvernement à faire comme tous les autres
partis et à se saisir de cette question-là de manière à ce qu'on évite une situation
hautement problématique.
Journaliste : C'est un... Juste
une dernière là-dessus, mais c'est un processus indépendant... le politique
vient s'en mêler vraiment, là, vient se mettre...
M. St-Pierre Plamondon : Mais
c'est là que... Oui, mais c'est ça. Mais c'est là que je suis obligé de me
poser la question : Mais pourquoi est-ce qu'on nous a entendus alors?
Parce que ce que la porte-parole dit hier, c'est : Ah, ça, c'est le
politique, eux... nous autres, on n'est pas là-dedans. On fait nos affaires,
mais ce que les élus nous disent n'influencera absolument pas le fait qu'on... que
nous, on n'en veut pas de statu quo. Mais dans quel cas, mettez-vous à la place
des 125 élus, à quoi servait la consultation? Pourquoi faire semblant de
nous écouter?
Et il faut rappeler que le pouvoir
décisionnel, ultimement, revient à l'Assemblée nationale. Donc, nous pouvons
passer une loi et décider de se donner plus de temps pour éviter l'abolition de
deux circonscriptions de manière absolument gratuite. On a ce pouvoir-là, et
nous demeurons souverains. Et ça n'empêche pas que le DGE va continuer ses
travaux suivant ses critères de manière indépendante, mais je ne... je refuse
de m'aveugler vis-à-vis ce que je pense serait assez catastrophique, surtout en
Gaspésie, là, je... Bien, je parle pour l'est de Montréal. Je trouve que c'est
un affaiblissement d'un endroit qui a déjà subi plusieurs préjudices, mais en
Gaspésie, là, regardez la carte, ça n'a aucun sens de faire disparaître une
circonscription.
Donc, on peut faire mieux en se saisissant
nous-mêmes de la situation et en se donnant plusieurs mois d'étude d'une
nouvelle loi électorale qui mènera sûrement à l'ajout d'un certain nombre de
sièges. Rappelons que, dans la nouvelle configuration de la Chambre, il y a de
l'espace pour quatre autres sièges, hein? On peut se rendre à 129, donc on a
cet espace-là. Mais le DGE, lui, n'a pas ce pouvoir-là, donc ce n'est pas que
je blâme le DGE. Le DGE est pris pour travailler à l'intérieur de paramètres
désuets, et ça l'amène dans des arbitrages perdants-perdants. On a la
responsabilité de le dessaisir de cette situation-là et de lui donner des
paramètres plus logiques, plus cohérents avec la situation démographique du
Québec.
La Modératrice : Est-ce qu'il
y a des questions en anglais? Pas de questions en anglais. Merci beaucoup.
Journaliste : Est-ce qu'il y
aurait moyen de reprendre votre...
M. St-Pierre
Plamondon :
My
pitch?
Journaliste
: Exactement.
M. St-Pierre
Plamondon : Sure. At the camera or... Over
there.
La
Modératrice :
En
30 minutes.
M. St-Pierre
Plamondon :
I'm
here to speak about Marc Miller's statement yesterday to the effect that he
will not respect Québec's planification of immigration and will raise the
immigration levels although it's a power that is Québec's responsibility. And…
I have to translate «mise en tutelle»… So, it's really taking power over Québec. It's been done in immigration… So,
in reality, what the federal Government has done, since Justin Trudeau, is to use their power at the border
and use their power at the airport to raise the levels of temporary immigrants,
to levels that are way beyond our capacity to integrate in terms of housing,
health care, education and, of course, the French language that is not a
criteria, a criteria under those temporary…
Journaliste
: In this… Excuse me, on those 5 000… 528 000, does it
include asylum seekers?
M. St-Pierre
Plamondon : Yes.
Journaliste
: O.K.
M. St-Pierre
Plamondon : So, in reality, the federal Government has already overthrown
Québec's power in immigration by using the powers they have at the border and
at the airport. What Marc Miller said yesterday is not only we're not
consulting you on temporary… immigration, we will impose to you what we think
you should do in immigration. And so, that's a fundamental power of the National Assembly that is disrespected by Ottawa, and we should take
this seriously. Of course, all... none of this is normal. In a normal country,
we would decide our own policies, and they would be in effect. But, given that,
I don't think it will convince Captain Canada, François Legault, to say clearly
that independence of Québec is the only solution if you want to decide by your
own. I'm asking François Legault to acknowledge that temporary immigration is
out of control, acknowledge that they did not respect their own promise at the
last elections of not raising permanent immigration — they did from 50 000 to 65 000 — and respect their promise or their statement during the election
that there should be a referendum on getting all the powers in immigration in
Québec. Why? Because we've seen in Toronto a threat... outspoken threat of
creating a Trudeau tax to pay for the asylum seekers' cost. We've seen in
Saskatchewan, Alberta laws that defy the federal power saying: We have our own
law of sovereignty or our own power to decide that this tax does not apply to
us. Other provinces have done more than just sending out tweets and letters.
So, in that context,
François Legault should listen to François Legault and just go ahead with that
referendum on immigration, which would trigger a negotiation in good faith. …then,
at a federal level, to listen to Québec and start negotiating, given that the
result would be… would be very clear in terms of what Quebeckers want, that is
that we decide by ourselves. Merci.
(Fin à 9 h 39)