(Quinze heures quarante-neuf minutes)
Mme Guilbault :Oui, alors, bonjour. Bonjour, tout le monde, merci d'être
ici une autre fois aujourd'hui. Je trouvais ça important de venir réagir, là,
parce que, bien que j'aie parlé déjà à certains d'entre vous tout à l'heure, je
trouvais ça important parce que, comme vous, j'ai... j'ai écouté tout ce qui se
dit depuis une heure ou deux... depuis une heure ou deux, ce qui se dit, là, à
la suite du passage, en commission parlementaire, d'un couple, Mme Rivera et M.
Bittar, qui sont venus en commission parlementaire aujourd'hui.
Parce que, pour placer le contexte, on est
en commission parlementaire, actuellement, pour parler du projet de loi n° 48,
mon projet de loi sur la sécurité routière, et eux sont venus aujourd'hui,
courageusement, nous parler de leur situation. Ils ont perdu une fille dans
un... dans un... un décès routier, un accident routier, et donc ils mènent une
cause qui est importante pour eux. Et ils sont venus nous exposer ça
courageusement ici, aujourd'hui, en commission parlementaire. Et là ce sujet-là
devient détourné au... détourné de façon à ce qu'on parle d'un cocktail de
financement de la CAQ.
Alors, j'ai suivi tout ce qui... tout ce
qui s'est dit là-dessus depuis une heure ou deux, comme je disais, et je dois
dire que ma collègue Marilyne Picard, dont il est question aussi, est très
ébranlée, tout comme moi, de ce qui se dit depuis ce temps-là, parce que non
seulement Marilyne et moi sommes des personnes totalement intègres, mais
Marilyne Picard, elle-même aussi, a perdu non seulement un fils, mais aussi un
beau-fils, donc comprend très bien la douleur et le courage que ça prend, de la
part de ces personnes-là, pour mener cette cause puis venir ici, en commission
parlementaire, s'entretenir du sujet avec nous. Elle est en politique pour
faire avancer les droits, notamment, des personnes handicapées, parce qu'elle
est aussi mère d'une jeune fille handicapée. Alors, c'est une personne
profondément humaine, honnête, qui est très, très, très ébranlée de voir qu'on
insinue qu'on soutirerait de l'argent, de manière malveillante, à des personnes
endeuillées.
Ceci dit, ce qui m'ébranle aussi, c'est le
malaise que tout ça amène, parce que je regardais, notamment, le point de
presse qui s'est fait ici, avec le député libéral de Nelligan, et j'entendais
M. Bittar dire : Malheureusement, moi, ce que je trouve dommage, en ce
moment, c'est que là, on parle juste de cette affaire-là, de financement, au
lieu de parler de ma cause. Alors, ça me désole de voir le malaise de ces parents-là,
qui sont venus ici, qui ont pris la peine de se déplacer pour venir parler
d'une cause, et là le sujet a été détourné sur une affaire de financement.
Ceci dit, comme il s'agit de financement
politique, et outre le fait que ça me rend mal à l'aise et que ça me désole,
sur le plan humain, pour ces parents-là, qui se retrouvent à avoir fait ce
chemin-là pour venir parler d'une cause, et que, finalement, on parle d'autre
chose, je trouve important de rétablir les faits sur la question du
financement. On le sait, la question du financement, c'est sensible depuis deux
semaines, raison pour laquelle, d'ailleurs, nous, la CAQ, sommes le seul parti
à avoir annoncé qu'on mettait fin au financement populaire, exactement pour des
situations comme aujourd'hui, là, des situations où on met en doute notre
probité, comme parti, ma probité, comme députée de Louis-Hébert, comme élue de
la CAQ, celle du premier ministre, par extension. Alors, on a mis fin au
financement populaire. D'entrée de jeu, je veux le rappeler, là, on se prive
d'argent, nous, en faisant ça, parce que les règles, elles sont très claires,
elles sont les mêmes pour tous les partis politiques. On juge qu'on les
suivait, mais pour être sûrs de dissiper tout doute possible sur notre
intégrité et sur toutes ces affaires-là, on a renoncé à faire du financement
populaire. On va prendre seulement le financement qui vient du financement
public.
Alors, important pour moi aujourd'hui, là,
parce que mon nom circule, et quand on associe mon nom à quelque chose qui
pourrait être malhonnête ou qui pourrait ne pas être intègre, je veux
absolument rétablir le fait que je suis une personne intègre. La première fois
que j'ai fait campagne en politique, en 2017, dans une élection partielle, le
thème de ma campagne, c'était Intègre. Si vous retrouvez mes vieilles
pancartes, je ne sais pas s'il en existe encore quelque part, là, c'était le
terme, Intègre, et j'étais sur ma pancarte. Et, en aucun cas, moi, je ne fais
de financement de manière douteuse. En aucun cas, un citoyen du Québec a besoin
de payer pour me parler. En aucun cas, les gens qui souhaitent faire des
contributions politiques, que ce soit dans Louis-Hébert, chez nous, ou à
d'autres élus de tous les partis politiques, peuvent le faire. Bien là,
maintenant, ils ne peuvent plus le faire pour la CAQ, mais, je veux dire, les
règles, c'est comme ça. Si quelqu'un te fait un don, il te fait un don.
Mais de penser que, parce que je suis
ministre ou parce que je suis députée de Louis-Hébert, quelqu'un a besoin de me
payer pour venir me parler de son dossier, c'est inexact, c'est faux. Ce n'est
pas comme ça que ça fonctionne. Je l'ai dit tout à l'heure, je croise plein de
gens, moi, dans la vie, qui viennent me parler de toutes sortes de choses, que
ce soit dans des réunions officielles, sur des dossiers qui concernent mon
ministère ou ma circonscription, mais même, au jour le jour, partout, les gens
me reconnaissent, souvent, puis ils viennent me dire telle chose, telle chose,
puis, souvent, on va les aider. Je dis : Appelez à mon bureau de
circonscription, on va vous rediriger ailleurs, on va vous rediriger au bon
ministère, dans la... Tu sais, des fois, ils ne savent pas c'est qui, leur
député. On va vous aider, même si ce n'est pas un député de la CAQ. Alors, on
fait toutes sortes d'affaires comme ça, nous, au quotidien, pour aider les
gens.
Alors, tant pour moi que pour ma collègue
Marilyne, je tiens à dire qu'il n'y a rien de douteux ou de malveillant qui
s'est produit dans cette affaire-là. Maintenant, on va aller au fond des
choses. On est en train de s'assurer que tout a été fait correctement. Parce
qu'il reste que, moi, quand j'entends ces parents-là, qui mènent une cause,
justement, courageusement, et qui disent qu'ils se sentent mal à l'aise, je
trouve ça dommage que les partis d'opposition utilisent cette affaire-là,
aujourd'hui, pour servir une cause politique partisane. Mais ça mérite quand
même qu'on aille au fond des choses.
Et, sur les faits, toujours, ces
personnes-là... le cocktail de financement en question, là, il s'est produit le
12 octobre 2023, le 12 octobre 2023. Ma collègue Marilyne
les a rencontrées une première fois le 15 juin 2023. Donc, quatre
mois avant, elle les avait déjà rencontrées. Ils l'ont approchée parce qu'ils
savaient qu'elle a vécu une situation similaire, une mère endeuillée qui a
perdu des enfants et qui est... tu sais, qui est habituée des causes, je
dirais, très, très humaines. Ils l'ont approchée pour qu'elle les aide, même si
ce n'est pas leur députée. Ils n'habitent pas dans la circonscription de
Soulanges. Elle a accepté de marrainer leur dossier, de prendre en charge leur
cause. Elle les a rencontrées, ils ont échangé. À la suite de ça, comme c'est
une cause qui touche la sécurité routière, elle a eu plusieurs échanges avec
mon cabinet, des demandes d'information, des demandes pour la SAAQ aussi. On
l'a aidée à récolter de l'information. Ensuite de ça, après avoir rencontré les
parents en question, elle a eu des échanges avec eux, elle leur a fourni de l'information.
Il était question d'une pétition. Donc, elle a entretenu des échanges
réguliers, que ce soit elle ou son bureau, avec ces gens-là. Et, par la suite,
effectivement, moi, je les ai rencontrés le 12 octobre, dans le cadre de
l'activité de financement en question. Moi, je ne savais pas que ces gens-là
seraient là. Le jour où je suis allée à cette activité-là, je ne savais pas
qu'ils seraient là. Mais elle les connaissait, elle avait déjà rencontré ces
gens-là, elle avait déjà des échanges avec ces gens-là.
Donc, ce que je veux dire, c'est :
Même s'ils n'étaient pas venus à cette soirée-là de financement, ils avaient
déjà accès au gouvernement via ma collègue Marilyne Picard, qui, elle, faisait
les liens avec nous. Et, s'ils m'avaient envoyé... si, après la rencontre avec
Marilyne, ils m'avaient envoyé une demande pour les rencontrer, bien, on
l'aurait considérée. Mais ils ne nous en ont pas envoyé. Moi, j'ai regardé les
échanges qu'il y a eu à la suite de la rencontre avec le bureau de Marilyne,
puis ils disaient : Bien, merci, parfait pour cette information-là. Est-ce
que... Pour la pétition, qu'en est-il? Alors, il y avait des échanges comme ça,
mais il n'y avait pas de demande pour me rencontrer, moi, à ce stade-là.
Alors, tu sais, je veux être claire, moi,
là-dessus, là. Ils ne m'ont pas demandé de les rencontrer et... après la
rencontre avec Marilyne le 15 juin. Ensuite de ça, je les ai rencontrés à
cet événement-là, et... et c'est ça. Et, aujourd'hui, j'ai pris du temps pour
aller leur parler. Après la commission, je suis retournée leur parler, j'ai
échangé beaucoup avec le père, surtout, qui m'a... tu sais, qui m'a reparlé des
dernières démarches qu'ils font, et tout ça. Et, s'ils veulent me rencontrer,
par exemple, cette année, l'année prochaine, ils vont faire une demande, puis
on va la traiter, puis on va les rencontrer, là, tu sais, puis... En tout cas,
là, normalement, ils étaient en contact avec le bureau de Marilyne. J'espère
que ça ne va pas nuire au fait qu'on va continuer d'entretenir les contacts
puis je veux qu'ils sachent que nous, on est des élus et on est là pour les
servir. Ça n'a aucun rapport avec le financement. De toute façon, on n'en fait
plus de financement. On ne va pas arrêter de rencontrer des gens parce qu'on ne
fait plus de financement. Alors, c'est la preuve, hors de tout doute, que les
gens, on les rencontre et on est disponibles pour eux.
Mais, en terminant, là, je tiens à dire...
moi, je vais parler pour moi, Geneviève Guilbault : Personne n'a besoin
de payer pour me parler. Et mon intégrité... Moi, je dors avec ma conscience
toutes les nuits. Parce qu'il y a beaucoup d'articles, là, sur les
financements, et tout ça. Le financement, là, ces règles-là ont été décidées
par tous les partis politiques ensemble. Donc, quand j'entends le Parti libéral,
en particulier, qui a donné lieu à la commission Charbonneau, il faut le
rappeler, qui a donné lieu, elle, à ces nouvelles règles-là de financement... quand
j'entends le Parti libéral et le Parti québécois, qui, lui aussi, faisait des
événements de financement, là... Pascal Bérubé, les gens du Parti québécois qui
ont déjà été au gouvernement, ils en faisaient, du financement, aussi, avec des
ministres, alors c'est comme... puis le Parti libéral aussi... c'est comme si,
à leur époque, c'était correct. Ensuite de ça, on a décidé de changer les
règles, à la suite des scandales qui découlaient des pratiques libérales. On
s'est donné ces nouvelles règles là tous ensemble, le 100 $.
Nous, on est convaincus qu'on a toujours
respecté les règles, mais, comme les oppositions ont décidé de laisser planer,
fallacieusement, un doute sur notre probité, dans le doute, on s'abstient. On a
mis fin au financement populaire pour montrer à quel point, pour nous,
l'intégrité n'a pas de prix, et que ça se place au-dessus de n'importe quelle
autre considération.
Journaliste : ...Mme Guilbault,
ce que vous nous dites, là, c'est le fait qu'une dame, Mme Rivera, vient
en commission parlementaire et dit qu'elle a été malaisée, et qu'elle a trouvé
ça inapproprié de se faire proposer, par un employé de la Coalition avenir
Québec, de payer pour vous rencontrer dans un cocktail de financement. Vous
êtes, vous, à la CAQ, victime de l'opposition. C'est ça, un peu, le coeur de
votre message?
Mme Guilbault :Non. C'est pour ça que j'ai commencé en disant que ça me
désole. Moi, ça me désole. Quand j'ai entendu, premièrement, en commission...
J'étais là, moi, en commission, et quand elle a dit ça... Moi, comme je vous
dis, je me souvenais de l'avoir rencontrée. C'est même moi qui l'ai dit au
début, quand je les ai salués, j'ai dit : On s'est rencontrés l'automne
dernier, vous connaissez bien ma collègue, la députée de Soulanges, qui était
dans la salle, etc. Et alors, moi, ça me désole si cette personne là, rétrospectivement,
n'a pas apprécié ou aurait préféré procéder autrement. Comme je vous dis, s'ils
m'avaient envoyé une demande, j'aurais pu les rencontrer, mais moi, je n'étais
pas consciente de ça.
Journaliste : ...avec le
bureau de Mme Picard, qui lui dit : Payez pour aller rencontrer
Geneviève Guilbault. Vous, vous vous dites intègre. Est-ce que le bureau de
Mme Picard est intègre?
Mme Guilbault :
Moi, je connais Marilyne depuis six ans maintenant, là, et,
comme je vous dis, cette personne-là n'était pas obligée de s'occuper de ce
dossier-là. Tu sais, on est tous bien occupés dans la vie. Ces gens-là
n'habitent pas dans sa circonscription, puis elle n'est pas ministre des
Transports. Ça fait que, pour ces deux raisons-là, elle aurait pu dire :
Bien, écoutez, je vais vous référer à ma collègue, je vais vous référer à votre
député... qui, je pense, est M. Derraji, d'ailleurs, mais je ne suis pas
certaine, là... mais, en tout cas, bref, je vais vous référer à votre député,
qui qu'il soit, et ne pas s'en occuper. Elle n'est pas payée plus cher pour
s'en occuper, mais elle a choisi de le faire parce que ça lui tient à coeur.
C'est une fille comme ça. Elle fait de la politique pour ça. Elle s'occupe de
sa jeune fille. C'est une fille extraordinaire, très humaine.
Alors, s'il y a eu une maladresse, s'il y
a eu, malencontreusement, des gens mal à l'aise à cause de quelque chose qui,
oui, respectait les règles, mais qui, peut-être, a fait sentir mal à l'aise
cette dame-là, je me désole de ça. Et là on est en train de vérifier, parce que
ce n'est pas mon bureau, ce n'est pas moi directement ni mon équipe directement
qui communiquait avec le couple en question. Mais, en aucun cas, ma collègue
Marilyne a voulu mal faire ou rendre quelqu'un mal à l'aise, encore moins une
mère endeuillée comme elle.
Journaliste : ...Mme Picard.
Comment ça se fait qu'elle a jugé que le seul moyen, pour le couple, de vous
rencontrer était de payer 200 $ pour une activité de financement?
Mme Guilbault :Bien, d'abord, il faut faire la différence, là. C'est...
Journaliste : ...et le seul
moyen de vous rencontrer, c'est dans un cocktail où il fallait payer...
Mme Guilbault :Mais c'est-à-dire que ce n'est pas Marilyne, ce n'est pas
Marilyne qui les a approchés, c'est une collaboratrice. Donc, souvent, ces
événements-là, ça s'organise en dehors des heures de bureau, avec des courriels
personnels. On sait que, par exemple, Pascal Bérubé, qui était là juste avant
moi, est sous enquête, actuellement, par la commissaire à l'éthique, parce
qu'il a utilisé son courriel de l'assnat pour des événements douteux. Alors, ce
n'est pas elle directement, Marilyne, qui les a invités. C'est juste ça que je
voulais dire.
Journaliste : Non, mais ma
question, c'est : Comment ça se fait que... juste le seul moyen de vous
rencontrer, c'était de payer dans un cocktail de financement, pour vous
rencontrer?
Mme Guilbault :Mais elle n'a pas forcément jugé ça, là. Vous tirez cette
conclusion-là, mais, comme je vous dis, ces gens là, ils auraient pu m'écrire.
Bien, c'est parce que là, elle n'est pas ici. Il faudrait demander à elle.
Est-ce qu'elle jugeait que c'est parce que c'était le seul moyen, ou elle s'est
dit : Je vais prendre l'ensemble des gens qui gravitent autour de nos
dossiers dans Soulanges puis je vais leur offrir d'être présents? Je ne le sais
pas, là, comme... Tu sais, moi... Ce n'est pas mon équipe, ce n'est pas moi qui
ai fait ces appels-là.
Mais si ces gens là m'avaient fait une
demande, après avoir déjà rencontré... Tu sais, ils ont approché Marilyne par
eux-mêmes, ils ont... ou ils se sont fait référer par quelqu'un, je ne sais pas
exactement, mais, enfin, ils ont décidé... ils ont trouvé que c'était une bonne
idée d'approcher Marilyne à cause de la similarité de leur situation, et elle a
donné suite à la demande. Elle les a rencontrés en personne et elle a fait des
démarches avec mon cabinet par la suite. Donc, ces gens-là ont eu accès au
gouvernement, ils ont eu accès au cabinet du ministre des Transports sans payer
quoi que ce soit.
Journaliste : Vous avez payé
200 $, vous avez deux minutes avec la ministre. Moi, j'entends ça,
j'entends un système, là, c'est un système de... où on monnaie l'accès à un
ministre. Vous avez payé, vous avez deux minutes avec la ministre.
Mme Guilbault :Bien là, deux minutes... C'est parce que là, moi, je
n'étais pas là, là, c'est toutes des choses qu'on rapporte. Je n'étais pas là,
je n'ai pas fait ces appels-là, je n'ai pas parlé à tout ça. Et moi, vous le savez,
j'en ai fait plusieurs, activités de financement. Je passe pas mal plus que
deux minutes, là. Je parle à tout le monde, je reste longtemps, tu sais, puis
je prends le temps qu'il faut, parce que... puis même quand ce n'est pas dans
des cocktails de financement. Quand je vais dans des événements, je parle aux
gens, je prends le temps. Des fois, s'ils veulent prendre des photos, on prend
des photos. S'ils ont un dossier qui n'est pas aux Transports, je le prends en
note, mon équipe fait les suivis.
Tu sais, on met du temps pour les gens.
Moi, je l'ai dit souvent, là, les gens, là, c'est eux qui paient mon salaire,
avec leurs impôts. Moi, ma job, dans la vie, c'est d'être utile pour les gens,
de le faire honnêtement, de le faire au mieux de mes compétences, puis c'est ça
que je fais au jour le jour. Mais le financement politique, ça fait partie de
la vie pour un élu. Puis moi, bien franchement, vous demanderiez, d'après moi,
aux 125 élus : Aimeriez-vous ça vous débarrasser du financement? Je pense
qu'il y en a plusieurs qui diraient oui, tu sais.
Journaliste : C'est la faute
de qui, Mme Guilbault, juste pour préciser? Parce que vous avez dit tantôt
qu'il n'y avait pas eu de contact avec votre cabinet avant, justement, ce
cocktail de financement là. Donc, est-ce que c'est leur faute qu'ils n'aient
pas pu vous rencontrer avant? Est-ce que c'est la faute de l'employée de
cabinet de Mme Picard? C'est la faute à qui, cette situation-là?
Mme Guilbault :Bien, il n'y a aucune faute. Moi, je n'emploierais pas le
mot «faute», là. Écoutez, c'est des parents endeuillés qui veulent faire
avancer une cause. C'est non seulement noble de vouloir faire avancer une cause
dans la vie, mais en plus, dans leur cas, très courageux, venir raconter son
histoire à chaque fois, comme ça, là. Vous voyez les émotions que ça suscite,
si vous avez écouté la commission. Alors, il n'y a aucune faute, pour moi,
là-dedans.
Puis j'ai regardé le point de presse des
parents ici, tout à l'heure, avec le député de Nelligan, le député libéral,
Monsef Derraji, et il y a quelqu'un qui lui a demandé, là : Est-ce que
vous aviez demandé à rencontrer la ministre des Transports? Et lui-même dit :
Bien là, écoutez, je ne me rappelle pas, je ne pense pas, non, puis, si j'ai eu
une demande, c'était peut-être le précédent ministre. Tu sais, lui-même se
retrouve sur la sellette de ça, de démontrer si, oui ou non, il a fait la
demande. Là, il a l'air de penser qu'il ne m'a pas fait de demande. Moi, en
tout cas, je n'en ai pas reçu depuis qu'il a rencontré Marilyne. Tu sais, c'est
un malaise inutile. Je trouve que ça ajoute au malheur de ces gens-là, alors
qu'ils sont ici pour une cause. Et là on défile tous, ici, pour parler du
financement, au lieu de parler de leur cause. Je trouve ça triste.
Des voix : ...
Mme Guilbault :Est-ce qu'il y a d'autres questions sur le financement?
Journaliste : S'excuser et
rembourser, est-ce que c'est une possibilité pour vous, leur 200 $?
Mme Guilbault :Bien là, j'ai déjà dit, moi, que je suis désolée de la
tournure de la situation, là. Donc, moi je reconnais... Puis je l'ai dit, là,
je suis désolée, d'une part, parce que, s'ils se sont sentis mal à l'aise,
mais, d'autre part, surtout, pour l'exploitation que les oppositions sont en
train de faire de ce sujet-là, qui fait en sorte que je suis ici, avec vous,
non pas pour parler du 0,05 %... Puis quand ils sont venus, en point de
presse, avec les... quand les oppositions sont venues ici, en point de presse,
ce n'était pas pour parler du 0.05 %, c'était pour parler du financement.
Alors, ça, ça me désole pour eux. Puis je ne veux vraiment pas leur mettre des
mots dans la bouche, mais j'ai l'impression, quand j'entendais, notamment, M.
Bittar tout à l'heure... ils repartent chez eux puis ils se disent :
Est-ce que ça a atteint pleinement mon objectif? Je ne suis pas certaine. C'est
ça que je trouve triste.
Journaliste : ...la question,
maintenant... Est-ce qu'ils ont atteint leur objectif? Est-ce que vous allez
considérer le 0.05 % maintenant?
Mme Guilbault :Bien, ils ont atteint leur objectif, oui, parce que moi, je
leur avais déjà parlé, je suis déjà très consciente de tout ça et je suis
retournée parler au père, moi, après la commission, avant qu'on se lance dans
les... dans toutes les interventions médiatiques. Je suis retournée le voir. Il
m'a tout refait son explication, il m'a tout redit. Puis donc...
Journaliste : À l'automne,
vous aviez dit : Il n'est pas question qu'on touche à ça, là. Là, est-ce
que votre position a changé?
Mme Guilbault :Bien, effectivement, ça ne fait pas partie de mon plan
d'action en sécurité routière. Puis, si vous avez suivi un peu ma commission — j'ai
l'impression de radoter, mais j'explique toujours — le but, c'est de
sauver des vies, et, avec les 27 mesures, 47 sous-mesures, au total,
dans mon plan, on touche... on vient améliorer tellement de choses sur
tellement de fronts. J'ai six actes. Je ne vous referai pas toute l'énumération,
mais juste abaisser les limites dans toutes les zones scolaires, rendre
obligatoires les aménagements dans toutes les zones scolaires, pour les aînés,
etc.
Journaliste : ...pourquoi ne
pas aller dans cette direction-là?
Mme Guilbault :Bien, c'est qu'il y a plusieurs choses qu'on peut faire
pour la sécurité routière. Là, effectivement, je n'ai pas cet élément-là, mais
sur les... sur l'alcool au volant, qui est un fléau, on le reconnaît tous,
c'est important, on est à... 0,08 %, donc il y en a déjà une, limite. Mais, par
ailleurs, le Québec se compare déjà très avantageusement au reste du Canada,
très avantageusement. On a le système le plus sévère, par exemple, pour, tu
sais, l'éthylomètre obligatoire qu'on installe. Après une première
condamnation, c'est un an ou deux ans, une deuxième condamnation, on l'a à vie.
Pour le programme de réhabilitation, c'est le plus long puis le plus encadrant.
Des voix : ...
Mme Guilbault :Non, mais écoutez, c'est parce que c'est important, ça. Le
programme de réhabilitation après la condamnation, on a le plus long puis le
plus encadrant au Canada, les saisies de véhicules parmi les plus longues. Puis,
en termes de gens qui ont une tolérance zéro, les nouveaux conducteurs, les
jeunes conducteurs, les conducteurs d'autobus, de taxi, de minibus, on est en
train de travailler sur les... Bon, je l'oublie. Je veux être certaine. Et les
véhicules lourds, il y a une restriction particulière aussi.
Donc, on a énormément de mesures pour
contrôler l'alcool au volant, déjà. Ça, je trouve ça important de le dire,
quand même, puis de placer ça dans la conversation qu'on est en train d'avoir
là-dessus, parce que le Québec est beaucoup plus sévère que les autres
provinces et territoires sur une foule d'aspects en matière d'alcool au volant.
(Fin à 16 h 07)