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Point de presse de M. Etienne Grandmont, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de transports et de mobilité durable

Version finale

Thursday, February 8, 2024, 14 h 35

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quatorze heures trente-cinq minutes)

M. Grandmont : Alors, bonjour tout le monde. Merci d'être là. Je voulais réagir à quelque chose, dont j'ai été témoin tout à l'heure, là, en étudiant dans la salle... où on étudiait tout à l'heure, en commission particulière, le projet de loi n° 48. On avait, en audience, un couple qui est venu à la fois avec des revendications sur la question de l'alcool au volant, mais aussi témoigner de leur parcours de vie puis de leur parcours aussi pour expliquer les démarches qu'ils ont faites pour sensibiliser la classe politique à l'importance de réduire le taux d'alcool permis quand on conduit de 0,08 à 0,05.

Je rappelle que M. Bittar et Mme Rivera, bien, ont perdu leur fille dans un accident de la route. Et donc ils étaient là pour représenter un groupe Mother Against Drunk Drivers. Et, pendant l'échange qui a eu lieu, ils ont... ils ont mentionné qu'ils avaient dû payer 100 $ chacun pour pouvoir parler, avec la ministre des Transports, deux minutes. La discussion était surréaliste, surréaliste. D'abord, je le rappelle, là, ils ont perdu leur fille, parce qu'elle est morte, fauchée par un conducteur qui est en état d'ébriété, puis on leur demande d'aller dans un cocktail de financement, prendre un petit verre de vin, puis jaser avec la ministre pendant deux minutes, puis de monnayer aussi leur accès à la ministre des Transports.

Ça n'a pas été trop difficile... J'ai des enfants, j'ai trois filles. Ça n'a pas été trop difficile de me sentir un peu à leur place puis de me dire : Qu'est-ce que j'aurais fait si on m'avait offert une telle proposition pour convaincre des gens, pour convaincre les pouvoirs publics, une ministre de devoir payer 200 $ pour parler quatre minutes à cette personne-là? Ça n'a juste aucun bon sens. Pour vrai, là, ça m'a complètement glacé le sang d'entendre ce que j'ai entendu. Je ne pense pas que ça devrait exister, ce genre de situation là, ça n'a juste pas de bon sens.

Et j'aimerais vraiment, j'aimerais vraiment, avec tout ce qu'on a entendu dans les dernières semaines, j'aimerais vraiment que la vice-première ministre, que la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, s'explique sur les raisons... ou sur les raisons qui ont mené à ce genre de décision là ou ce genre de pratique là à la CAQ. Ça n'a juste pas de bon sens. Pour moi, là, on est à un niveau extrêmement élevé de décisions qui sont complètement immondes. C'est hallucinant.

Journaliste : Est-ce que vous avez l'impression qu'on a utilisé la détresse de parents endeuillés pour garnir la caisse électorale de la Coalition avenir Québec?

M. Grandmont : Mais, écoutez, je demande vraiment à la ministre d'expliquer les motifs qui sont derrière ce genre de décision là, qu'elle accepte de se prêter au jeu, de se servir de monnaie d'échange pour aller chercher des dons. Mais là, en plus, là, on est habitués, on a entendu beaucoup parlé, dans les dernières semaines, de la question des entrepreneurs, des maires, des mairesses, des conseillers, des conseillères, municipaux, municipales, là on est dans un autre registre. Il y a des gens qui sont endeuillés, puis on leur demande de payer de l'argent pour pouvoir rencontrer la ministre. Puis, je le rappelle, c'est des gens qui ont perdu leur fille par la faute d'une personne en état d'ébriété puis, en plus, on leur demande de venir dans un cocktail de financement, où tout le monde a la bière à la main, là, il y a quelque chose de juste... absolument immoral là-dedans. 

Journaliste : Est-ce que c'est une erreur de jugement de la part du bureau de Marilyne Picard... Parce que Mme Guilbault l'a dit tout à l'heure, elle dit : Je n'étais pas au courant que ces gens-là allaient être au cocktail de financement. Je les ai rencontrés sur place. Donc, l'erreur, au départ, est-ce que c'était une erreur de jugement de la part du bureau de Mme Picard de dire à ces personnes-là : Mme Guilbault sera avec nous le 12 octobre. Vous pouvez venir, c'est 100 $.

M. Grandmont : Il y a... On l'a vu, là, dans les dernières semaines, il y a un caractère très systématique, très organisé, là. C'est toujours la même façon de fonctionner, là. Mme Guilbault, M. Fitzgibbon se sont rendus à, au moins, selon les décomptes, à 16 événements de ce type-là dans les dernières semaines, dans les derniers mois, dans la dernière année, là. Je pense que... En tout cas, j'aimerais vraiment que Mme Guilbault s'explique sur le caractère à la fois immoral de cet événement-là précisément, mais aussi sur la répétition, sur l'organisation, le côté systématique de cette façon de fonctionner là. Mais c'est clair qu'avec ce qu'on a entendu avec M. Rivera... M. Bittar et Mme Rivera, là on atteint un niveau, là, d'immoralité qui est absolument incroyable.

Journaliste : ...que vous étiez en mesure de vous mettre dans la peau de ces parents-là. Je m'excuse de devoir vous le faire faire, là : Mais si vous étiez dans cette situation-là puis qu'on vous faisait miroiter devant la ministre, monnayable, un don au parti, est-ce que vous l'auriez fait? Est-ce que vous seriez allé au cocktail pour parler avec la ministre?

M. Grandmont : Je peux comprendre qu'il y a des personnes... Puis on le voit, là, ils prennent ça tellement à cœur, là. C'est beau ce qu'ils font, là, c'est beau. Ils veulent que la mort de leur jeune fille, là, serve de moment historique pour qu'on puisse se dire : Bien, plus jamais ça ne va se produire. Tu sais, je le comprends, là, la démarche, là, ils sont en quête de trouver réparation, mais au bénéfice de la communauté, là. C'est incroyable, là. Alors... puis Mme Rivera l'a dit, là, quand on lui a offert de rencontrer la ministre pour 100 $ chacun, elle a dit : Je trouvais ça inacceptable. Puis finalement ils ont fait le choix d'y aller quand même, parce que tu veux mettre toutes les chances de ton côté pour que ce genre de situation là n'arrive plus jamais.

Donc, je ne sais pas qu'est-ce que j'aurais fait, je ne suis pas dans cette situation-là, mais je comprends très bien qu'ils aient pris la décision d'y aller quand même. Mais ce qui est épouvantable, c'est que des gens à la CAQ ne se soient pas posé la question : Est-ce que ce que je suis en train de faire a juste du bon sens? Est-ce que c'est moral de faire ça, en ce moment, de profiter de la détresse d'une personne pour aller chercher un autre 200 $ à mettre dans les coffres de la CAQ? Ça, c'est épouvantable.

Journaliste : ...donc ils arrêteraient de prendre des dons privés, que, techniquement, ça ne devrait pas réarriver. Mais, à partir de là, qu'est-ce qu'on fait avec le don que ce couple-là a fait à la députée de Soulanges? Est-ce qu'ils devraient rembourser le don de la famille...

M. Grandmont : Ils pourront bien faire ce qu'ils veulent, puis c'est à eux de voir qu'est-ce qu'ils... comment ils vont gérer ça, cette crise-là qu'ils ont eux-mêmes mise en place. Mais rembourser M. Rivera... Mme Rivera puis M. Bittar, ça ne changera rien sur le fond, ça ne changera rien sur le fond. La CAQ, pendant on ne sait pas trop combien de temps, mais a mis en place un système dans lequel on met des têtes d'affiche dans des cocktails de financement puis on monnaye leur accès à du monde. Et puis, là, on l'a fait non seulement pour des entrepreneurs, non seulement pour des élus municipaux, mais on le fait, en plus, sur le dos de personnes qui ont perdu leur fille à cause d'un conducteur en état d'ébriété. C'est épouvantable.

Journaliste : Allez-vous demander une nouvelle enquête à la Commissaire à l'éthique et à la déontologie?

M. Grandmont : C'est une bonne question. Puis on... Je vais laisser mon collègue Vincent Marissal se saisir du dossier, là. Moi, je suis simplement venu témoigner de ce que j'avais vu, parce que j'étais dans la commission quand ça s'est passé, mais je vais laisser le porteur de dossier gérer cette partie-là, si vous le voulez bien.

Journaliste : Si on y va vraiment sur le sujet de leur intervention, le 0,05 ici, comment est-ce qu'on... vous expliquez que la ministre n'ait pas nécessairement montré d'ouverture à baisser...

M. Grandmont : Ça aussi, il va falloir... il va falloir éclaircir ça avec elle. La science est, quand même, assez claire sur le fait que ça permet effectivement de réduire le nombre de blessés graves et de décès sur les routes. C'était intéressant de voir la ministre lors de l'audience avec le CAA Québec, alors que c'était le principal objet de leur mémoire, là. Il y avait d'autres éléments, mais la ministre s'est concentrée essentiellement sur ce qu'il y avait autour, mais sans jamais parler de l'alcool.

Aujourd'hui, avec le groupe qu'on a entendu, qui était représenté par M. Bittar et Mme Rivera, bien, on n'avait pas le choix d'aborder cette question-là, mais il faudra demander à la ministre pourquoi elle refuse, là, même d'envisager ça. À plusieurs reprises, là, dans les derniers mois, même, il y avait une enquête du coroner sur cette question-là, puis elle avait rejeté du revers de la main l'idée même d'aborder ou d'étudier cette possibilité-là. Merci à vous.

(Fin à 14 h 43)

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