(Huit heures vingt-trois minutes)
M. Fontecilla : Bonjour,
mesdames, messieurs. Toujours content de vous voir en matinée. Écoutez, on est
très fiers, nous, à Québec solidaire, d'avoir un débat, finalement, en
profondeur sur la crise du logement, ses causes, ses manifestations, ses conséquences
ainsi que des possibles solutions. Et on en a beaucoup parlé cette semaine,
mais, écoutez, je me sens seul dans ce débat-là, on se sent seuls à Québec
solidaire.
Hier, on a présenté la motion du mercredi
qui portait sur la surenchère à l'aveugle pour accéder à une propriété. Et on a
assisté à une collusion entre la CAQ... et le Parti libéral est contre cette
proposition qui facilite l'accès à la propriété. Le Parti québécois n'était
même pas là à ce débat-là. D'ailleurs, ils n'étaient même pas là la dernière
journée de l'étude du pl 31, alors qu'ils avaient dit que la question de
l'habitation allait être une de leurs priorités, mais on les sent pas mal
absents, et on se sent tout seul, en général, dans ce débat-là.
Nous, on va continuer nos combats. Nous,
on va continuer à se battre avec le gouvernement. On va continuer à faire des
propositions constructives. On va revenir avec trois amendements pour la fin du
pl 31, là... une meilleure protection pour les locataires aînés, la création
d'un registre des baux et des exceptions à la cession du bail, là. Nous, on ne
lâche pas, mais on se sent tout seul. Merci.
M. Nadeau-Dubois : Merci,
Andrés. Mais d'abord, quelques mots... C'est toujours... Ça commence toujours
mal les journées de voir des pertes d'emplois massives, peu importe le secteur,
par ailleurs, hein? Mais ce qu'on a du côté de Bell Media ce matin, c'est
triste. Je trouvais ça important de commencer par partager toutes les
sympathies de Québec solidaire envers les familles qui sont ébranlées aujourd'hui
par une perte d'emploi. Perdre une job, ça brasse pas mal une vie, et je
trouvais ça important de commencer par ça. C'est des pertes d'emploi qui,
encore une fois, nous rappellent qu'il faut des solutions de fond, des
solutions structurantes pour la culture, pour les médias. Depuis 2021,
maintenant, Québec solidaire, à l'époque, c'était une proposition de ma
collègue Catherine Dorion, on relance l'idée d'un fonds des médias. Ce genre de
nouvelle là, selon nous, ça ramène à la nécessité d'avoir ce débat-là.
Maintenant, sur la question du logement,
permettez-moi d'y revenir. Je pensais à ça cette semaine, puis je me disais :
Tu sais, quand tu es dans l'opposition en politique, c'est dur de changer le
monde. Quand tu es dans l'opposition en politique, tu aimerais ça régler les
problèmes toi-même, puis c'est rare que c'est possible. Ça fait que qu'est-ce
que tu peux faire comme opposition? Qu'est-ce que tu peux faire face à une
crise de logement qui est épouvantable, qui brise des vies puis qui est en
train de dégénérer en crise sociale? Qu'est-ce qu'on peut faire à Québec
solidaire? Bien, on peut talonner le gouvernement, mettre de la pression pour
qu'il sente la nécessité de poser des vrais gestes, puis on peut faire des
propositions. C'est ça qu'on a fait la semaine passée, c'est ce qu'on a fait
cette semaine, puis je vous le donne dans le mille, c'est ce qu'on va continuer
à faire.
Juste dans les deux premières semaines de
la session parlementaire, là, on a mené la bataille, dans le cadre du projet de
loi n° 31, pour protéger les droits des locataires et éviter des reculs
inacceptables en pleine crise du logement. Et, hier, on a ouvert une nouvelle
bataille, celle de l'accès à la propriété. Puis il faut se le dire, les droits
des locataires, l'accès à la propriété, là, c'est deux faces d'une même pièce :
la crise de l'habitation. Les jeunes familles qui rêvent d'accéder à la
propriété, les gens qui sont locataires font tous partie des victimes de la
crise de l'habitation qu'on a en ce moment au Québec, puis, à Québec solidaire,
c'est tous ces gens-là qu'on va défendre tout au long de la session.
La proposition qu'on a faite hier et qui
va être votée ce matin, là, ce n'est pas une solution miracle, ce n'est pas une
solution qui va régler à elle seule le problème épouvantable de la spéculation
immobilière. Mais s'assurer de la transparence des offres d'achat, là, c'est
une solution à coût nul, simple, pragmatique, qui enlèverait du poids sur les
épaules de toute une génération de jeunes travailleurs, de jeunes travailleuses
qui veulent juste avoir les chances dans la vie que leurs parents ont eue,
avoir une job honnête, avec un salaire honnête, puis être capable de s'acheter
une maison pour sa petite famille. Ce n'est pas trop demander ça au Québec. En
ce moment, ce rêve-là, celui de l'accès à la propriété, il est en train de s'effriter
sous nos yeux puis l'effritement de l'accès à la propriété, c'est l'effritement
de la classe moyenne au Québec.
On mène la bataille pour les locataires
vulnérables, on va aussi continuer à mener la bataille de l'accès à la
propriété. Les Québécois et les Québécoises de ma génération ont le droit de
rêver de s'acheter une première maison.
Journaliste : Est-ce quevous
êtes de ceux qui demandent la démission de la ministre Duranceau?
M. Nadeau-Dubois : Andrés, tu
travailles tellement souvent avec.
M. Fontecilla : Écoutez, moi,
je pense que Mme Duranceau a été choisie. Le gouvernement de la CAQ est allé la
chercher à cause de son profil, et c'est un profil qui représente un certain
secteur de la société. Les gens qui, grosso modo, possèdent de l'immobilier,
elle se place du côté des possédants. Maintenant, elle a un devoir d'impartialité.
Elle a un devoir d'être équilibrée dans son approche et, malheureusement, jusqu'à
présent, là, bien, elle fait, comment dire, elle ne dévie pas de sa
trajectoire. Elle fait preuve d'impartialité, elle accentue le déséquilibre
existant entre, en particulier, entre les locateurs et les locataires.
Et moi, je ne suis pas là pour demander la
démission, je suis là pour lui demander d'être équilibrée en tant que ministre
de l'Habitation et faire une vraie job pour l'ensemble de la société
québécoise, là, et pour une très grande majorité de 1,3 million de ménages au
Québec.
Journaliste : ...qui a fait
preuve d'impartialité puis de déséquilibre dans ses positions, vous ne pensez
pas...
M. Fontecilla : Je pense que
Mme Duranceau est en train de brûler sa dernière cartouche.
Journaliste : ...faites-vous
partie de ceux, juste sur ce sujet-là...
M. Nadeau-Dubois : Si on
change les gens, mais on ne change pas les idées, on n'avancera pas beaucoup,
là. La précédente ministre en Habitation n'était pas bien, bien meilleure, là.
Le programme révolutionnaire qu'a lancé Mme Laforest, révolutionnaire, vous
irez voir, c'était dans son communiqué de presse, le programme révolutionnaire
pour construire des logements abordables au Québec, qu'elle a lancé il y a deux
ans, jour pour jour, savez-vous combien de logements ce programme-là a
construit en deux ans? Zéro C'est le programme de l'ancienne ministre, qui est
administré par la nouvelle ministre. Donc, le problème, ce n'est pas la
ministre, le problème, c'est un gouvernement qui a décidé que le logement, ce
n'était pas sa priorité.
Journaliste : ...ceux qui
disent que des éléments de son projet de loi ouvrent la porte à la corruption,
la collusion.
M. Fontecilla : Effectivement,
c'est l'amendement qui est arrivé à la toute dernière minute, sans préavis,
l'article 37.2. Effectivement, il y a un problème de construction, au Québec, là,
il faut construire davantage de logements. Il faut faire en sorte que les
approbations municipales, en particulier, soient plus expéditives afin
d'accélérer la construction des logements. Mais, nous, lorsqu'on a vu cet
article-là arriver, qui n'a pas fait l'objet d'une consultation, hein, il n'y a
personne qui a pu se prononcer, et qui introduit des changements majeurs dans
tout l'appareillage institutionnel qu'on a mis en place depuis des années pour
mieux contrôler le développement de l'habitation au Québec, là, bien, écoutez,
ça pose beaucoup de questions. Ça pose des questions pour l'harmonie de notre
développement en habitation, mais aussi, différents intervenants l'ont mis de
l'avant, ça pose aussi la question de la possibilité de corruption.
Donc, je pense que cet article-là
a été introduit et adopté à la va-vite, sans se poser les véritables questions,
les véritables problèmes que ça soulève.
M. Nadeau-Dubois : D'ailleurs,
c'est pour ces raisons-là qu'on avait voté contre, en commission parlementaire,
l'introduction de cet amendement-là.
Journaliste : Sur
l'immigration, est-ce que les Québécois accueillent mal les immigrants, si on
regarde les résultats de sondages?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je
pense que les Québécois, les Québécoises accueillent bien, c'est le
gouvernement qui accueille mal. Comment ça se fait qu'on n'a pas mis en place
plus de mesures de francisation au Québec? Comment ça se fait qu'on n'a pas mis
en place un vrai plan pour régionaliser l'immigration dans toutes les régions
au Québec?
Les Québécois, les Québécoises, c'est du
monde accueillant. Ils veulent des gens dans leurs régions pour aider, pour
amener du monde dans les écoles, pour revitaliser des villes, des villages,
mais il faut que le gouvernement fasse sa job. La CAQ, dans les dernières
années, a eu une approche complètement improvisée en immigration. Ils ont fait
croire au monde qu'ils diminuaient les seuils d'immigration permanente. Pendant
ce temps-là, ils nous ont lancé dans un système d'immigration temporaire
complètement désordonné et déraisonnable. On le dit depuis des années
maintenant : Ce système-là est un échec total.
Journaliste : .Vous allez, aujourd'hui,
vous allez recevoir le projet de loi de M. Roberge sur la... qui reconduit la
clause dérogatoire. Ce qu'on en comprend, c'est que vous allez appuyer la...
M. Nadeau-Dubois : Non. Ce
n'est pas ça, non.
Journaliste : Expliquez-nous
votre position là-dessus.
M. Nadeau-Dubois : Mon
collègue, Alexandre Leduc, ma collègue, Émilise, aussi l'ont dit, dans les deux
derniers jours : Nous, on ne se positionne pas sur un projet de loi qu'on
n'a pas vu. C'est une règle d'or, et on la respecte, donc on va commencer...
Journaliste : ...la clause
dérogatoire?
M. Nadeau-Dubois : Avec des
si, on va très loin. On va commencer par avoir le projet de loi. Lorsqu'on va
avoir le projet de loi, on va l'étudier, il y aura une commission
parlementaire, et, en temps et lieu, on prendra notre décision, si on l'appuie
ou pas. Mon collègue Alexandre a réitéré ce qui est la position de Québec
solidaire depuis très longtemps sur la question de la loi no 21 : On est
contre la loi no 21, c'est une mauvaise loi pour le Québec, mais c'est des
débats qui doivent se faire au Québec, qui doivent être tranchés par les
institutions et les chartes québécoises.
Journaliste : ...parler de
l'IVAC ou...
M. Nadeau-Dubois : Non,
interdit... Non, vous me parlez de ce que vous voulez.
Journaliste : Est-ce qu'on
devrait refaire la réforme du ministre Jolin-Barrette?
M. Nadeau-Dubois : Vous
faites allusion à la question du délai, là, qu'on...
Journaliste : Oui.
M. Nadeau-Dubois : Lorsque
cette loi-là a été adoptée, ma collègue Christine Labrie avait partagé ses
craintes à Simon Jolin-Barrette en disant : Attention, là! Mettre une date
de péremption, comme ça, sur le soutien aux victimes d'actes criminels, est-ce
que c'est vraiment une bonne idée? De toute évidence, on a aujourd'hui un
exemple de rigidité du régime qui nous fait nous poser des questions.
Nous, on invite le ministre à de
l'ouverture, de la souplesse, de la compassion et à voir qu'est-ce qu'on peut
faire, au Québec, pour ne pas laisser tomber des victimes d'actes criminels.
Parce que la souffrance humaine, ça n'a pas toujours une date de fin très
claire, on peut traîner avec soi des traumatismes pendant très, très longtemps,
voire même pendant toute une vie. Puis nous, on avait déjà exprimé ces
craintes-là, puis, malheureusement, elles sont confirmées par ce qu'on apprend
aujourd'hui.
Journaliste : ...indemnisées
depuis deux ans, cinq ans, huit ans, là, qui reçoivent, ces jours-ci, des
lettres par la poste qui leur disent : En octobre 2024, c'est fini, les
indemnisations, à moins que vous retourniez au travail, là, vous allez en avoir
pendant deux ans. Est-ce qu'une lettre, c'est le bon moyen d'aviser une
personne de cette réalité-là?
M. Nadeau-Dubois : C'est une
bonne question. Moi, dans ces situations-là, j'essaie de me mettre dans la peau
des gens, puis, si j'étais dans cette situation-là, je ne suis pas sûr qu'une
lettre... je ne suis pas sûr que je trouverais ça très chaleureux.
Journaliste : ...Parti
québécois minoritaire dépose, évidemment
projet de loi pour enclencher un référendum,
est-ce que Québec solidaire va l'appuyer?
M. Nadeau-Dubois : S'il y a
un gouvernement minoritaire, s'il dépose...
Journaliste : ...à M.
St-Pierre Plamondon hier. Donc, un Parti québécois minoritaire aurait-il
l'appui de Québec solidaire pour enclencher un référendum?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
nous, on a toujours dit : S'il y a une démarche d'accession à
l'indépendance au Québec, Québec solidaire sera dans le camp du Oui, ça, c'est
certain, peu importe le parti qui initie cette démarche-là.
Journaliste : ...
M. Nadeau-Dubois : Oui, puis
c'est une question à laquelle on a répondu à de nombreuses reprises dans les
dernières années. Nous, on a la démarche qui est la nôtre, qui est une démarche
inclusive, démocratique, de dialogue avec les Premières Nations, mais, s'il y
avait référendum au Québec, Québec solidaire serait dans le camp du Oui.
Journaliste : ...est-ce que
vous seriez pour... le Parti Québécois, qu'il y en ait un?
M. Nadeau-Dubois : Oui, mais
là, écoutez, là, vous me demandez de me positionner sur un projet de loi qui
n'existe pas, déposé par un gouvernement qui n'existe pas, ça fait que, tu sais,
si... Moi, je vous dis, la position de principe de notre parti, c'est que, s'il
y a une démarche d'accession à l'indépendance, on va être dans le camp du Oui.
Après ça, on va attendre de voir qu'est-ce qui va se passer dans l'avenir.
Journaliste : ...un
référendum?
M. Nadeau-Dubois : S'il y a
référendum au Québec, Québec solidaire va être dans le camp du Oui.
Journaliste : ...
M. Nadeau-Dubois : Mais là,
mettons, on a-tu la balance du pouvoir tout seul ou il y a-tu des indépendants?
M. Duhaime a-tu des députés dans ce scénario-là? Non, mais, sérieusement, s'il
y a une démarche... s'il y a une démarche d'accession à l'indépendance au
Québec, même si elle n'est pas menée par Québec solidaire, Québec solidaire va
être dans le camp du Oui.
Journaliste : Juste pour
revenir sur BCE, est-ce qu'on est en train d'assister, en Amérique du Nord, un
peu la même situation que l'industrie du textile dans les années 90,
c'est-à-dire une mort lente? Parce que les géants américains sont en train
d'avaler tout ce qui se fait au niveau du média, entre autres, le streaming.
M. Nadeau-Dubois : Bien, il y
a un effritement qui est... qui est lent, mais pas si lent que ça, là. Il y a
une... Il y a une accélération, là, dans les dernières années, de l'effritement
du milieu des médias...
Journaliste : ...
M. Nadeau-Dubois : Pardon?
Journaliste : ...de
l'information à l'écrit, BCE vient de vendre 26 stations de radio...
M. Nadeau-Dubois : Non, mais,
justement, je dis que c'est lent, mais pas si lent que ça dans la mesure où on
sent... on sent que ça s'accélère. C'est précisément ce que je suis en train de
dire. On sent que cet effritement-là s'accélère, et il faut des mesures fortes,
structurantes. Nous, l'idée qu'on a lancée, puis on n'a pas la prétention
d'avoir toutes les solutions, mais on a fait une proposition dans les dernières
années, et c'est bien avant les décisions de Meta de bloquer des nouvelles,
hein, c'était d'utiliser la fiscalité pour imposer ces multinationales-là puis
utiliser les revenus de cette fiscalité-là pour soutenir les médias et la
culture québécoise.
Journaliste : Sur l'aide
médicale à mourir, comment vous avez trouvé la réponse de Justin Trudeau, hier,
qui a dit : Bien, c'est des questions difficiles, on va continuer à
réfléchir là-dessus?
M. Nadeau-Dubois : Je n'ai
pas entendu la réponse de M. Trudeau.
Journaliste : C'était pas mal
ça.
M. Nadeau-Dubois : C'était
pas mal ça? Bien, nous, à Québec solidaire, tu sais, nous, on est... Puis je
pense que c'est un... Ça, c'est un consensus transpartisan au Québec, il y a
une... il y a une démarche québécoise sur l'aide médicale à mourir puis il y a
une... il y a une spécificité québécoise qui, depuis longtemps, s'est exprimée
sur cette question-là. Nous, on souhaite que le Québec reste fidèle à cette
tradition québécoise, où on a été des précurseurs puis on a fait les choses à
notre rythme à nous puis à notre manière à nous. On appuie la démarche de
gouvernement du Québec envers le gouvernement fédéral pour s'assurer qu'on
avance, dans ce débat sensible, à la vitesse qui est celle des Québécois, des
Québécoises.
La Modératrice : Peut-être
une dernière en français.
Journaliste : ...de ne pas
avoir été invités, hier, à la conférence de presse? Jusqu'à maintenant, c'était
toujours transpartisan.
M. Nadeau-Dubois : Honnêtement,
là, si on avait été invités, on serait sans doute allés, mais on est d'accord
sur le fond. La position que défend le gouvernement, c'est une position qui est
issue d'un processus transpartisan. Qu'il y ait eu un petit point de presse
sans nous autres, bien honnêtement, est-ce que ça nous a froissés? Non.
Journaliste : ...vous avez
évoqué pour... lors de votre motion, là, pour mettre fin aux...
M. Nadeau-Dubois : Surenchères
à l'aveugle.
Journaliste : Surenchères à
l'aveugle, merci.
M. Nadeau-Dubois : On peut
dire, à l'inverse, la transparence des offres d'achat.
Journaliste : Donc... j'étais
un peu étonné. J'ai entendu des bribes de votre discours, où vous avez parlé
qu'il fallait avoir un marché capitaliste plus transparent...
M. Nadeau-Dubois : 100 %.
100 %.
Journaliste : ...c'est assez
loin de la rhétorique de Québec solidaire, qui n'a jamais été un très grand fan
du capitalisme de laisser-aller. C'est quoi, l'objectif d'utiliser ce genre
d'argumentaire là dans un cas très, très précis?
M. Nadeau-Dubois : On a face
à nous un gouvernement de la CAQ qui, sur bien des problèmes, nous dit :
Le marché va s'en occuper. Les gens qui gouvernent le Québec, c'est des gens
qui croient à ça, eux autres, que le libre marché capitaliste, ça peut régler
nos problèmes. J'ai pas mal plus de doutes sur cette question-là que François
Legault. Mais, si on croit vraiment que le marché libre, c'est un système qui
fonctionne, bien, c'est quoi, un des principes fondamentaux d'un libre marché?
C'est la transparence des informations, un marché opaque, où les acheteurs ne
connaissent pas le juste prix, ce n'est pas libre marché, c'est un marché qui
manque de transparence. Le système actuel, là, ce n'est pas un système qui
récompense le juste prix d'une maison, c'est un système qui récompense la
personne qui est prête à surpayer le plus par rapport au prix affiché.
Ça fait que notre proposition, c'est une
proposition qui veut, au contraire, ramener le marché de l'immobilier, en
effet, vers quelque chose qui ressemble un peu plus à un marché libre,
transparent. Puis ça, c'est pas mal fidèle à l'esprit même d'une économie
capitaliste. Nous, on a bien des critiques de ce système-là. François Legault,
c'est un grand fan, je ne comprends pas pourquoi il est contre notre proposition.
Journaliste : ...idéologique
de vos adversaires...
M. Nadeau-Dubois : Bien, moi,
j'essaie de faire comprendre au gouvernement que j'ai devant moi, pourquoi
notre solution, je pense, est une bonne solution, puis, en effet, on utilise
des arguments qu'on se dit qui ont peut-être des chances de les convaincre.
Moi, voir un parti qui croit au libre marché appuyer un système qui cache aux
acheteurs le juste prix du bien qu'ils tentent d'acheter, je ne comprends pas
ça.
Journaliste : ...
Journaliste : Pour l'accès
aux médecins de famille, est-ce que Québec solidaire appliquerait le projet de
loi 20, la loi 20 du docteur Barrette pour les forcer à prendre plus de
patients?
M. Nadeau-Dubois : Nous, on
est pour que les médecins de famille en fassent plus pour les patients
vulnérables.
Journaliste : Est-ce qu'on
devrait les forcer?
M. Nadeau-Dubois : Mais moi,
je vous pose une question : Que fait-on avec les 500 médecins qui se sont
désaffiliés puis qui sont allés au privé? Pourquoi est-ce que ceux-là sont
dispensés de cet effort collectif de prendre en charge les personnes les plus
vulnérables? Donc, nous, demander que les médecins fassent leur part pour les
personnes vulnérables, on n'a rien contre ça, on est même pour, mais il y a un
angle mort, dans ce débat-là, avec 500 médecins qui ont fait sécession du
système public. Ça, c'est des bras qu'on perd puis qui pourraient aider à
prendre en charge les patients vulnérables. Je pense que c'est un des angles
morts de la démarche du ministre.
Journaliste : Est-ce que les
médecins devraient être... de l'État, l'ensemble des médecins de famille?
M. Nadeau-Dubois : Notre
position, là-dessus, c'est qu'on est pour un mode de rémunération mixte où il y
aurait, oui, une part de salariat, mais aussi une part de rémunération à l'acte
et même de rémunération par capitation, dépendamment de la spécialité,
dépendamment du médecin.
Journaliste : Mr. Roberge will repeat today that Bill 21 is one of the most important pieces of legislation of the
Legault Government and the notwithstanding clause is
there to protect it and protect the nation. What's wrong with this message?
M.
Nadeau-Dubois : Well, first of all, Bill 21 is a bad bill for Québec,
we are against it. We also think that debate has to be done here, in Québec,
and it has to be decided by Québec's legitimate institutions and charter.
That's been our position since day one. Of course, we haven't seen the bill of
Mr. Roberge, and we can't have a position on it, but I don't think taking out
fundamental rights of Quebeckers is something to be proud of in Québec.
Journaliste
:
But Mr. Leduc explained us yesterday, clearly that you'll support the renewal
of the notwithstanding clause because of the Canadian charter...
M.
Nadeau-Dubois : Yes, of the Canadian charter.
Journaliste
:
...because you are not in favor.
M.
Nadeau-Dubois : Yes, but we also think it is imperative that Bill 21
is submitted to the Québec charter of rights and freedoms. That was our
position when the bill was adopted, it's our position
now. And we want Bill 21 to be subjected to the examination of Québec courts, under the light of the Québec charter of rights and freedoms, which
was adopted before the Trudeau charter.
Journaliste
: And when the bill is tabled, will you... The last time this
happened with... in the liberal years, it was a debate about the bill to renew.
Will you ask for a «commission parlementaire» once
the... the renewal?
M.
Nadeau-Dubois : No, we expect the bill to be debated according to the
regular process here, at the National Assembly. So, yes.
Journaliste
: So, people will be able to express their views...
M.
Nadeau-Dubois : Oh! so your question is about,
specifically, a consultation?
Journaliste
: ...
M.
Nadeau-Dubois : Well, those discussions will
happen between the parliamentary leaders of the parties.
Journaliste
: What makes Bill 21 a bad piece of legislation?
M.
Nadeau-Dubois : You know, the religion you have in your life shouldn't
be an obstacle to do the job you want. It's as simple as that.
Journaliste
:
Laval tragedy, is there like a... is this incoherent for you to have this one
year anniversary, which is not an anniversary but... and to discuss about the
deadline of compensations for victims?
M.
Nadeau-Dubois : You know, that's a... there is
no specific date to end the suffering if you lost someone or if you are hurt or
traumatized by a criminal act. We had a lot of doubts about that part of the
law when it was adopted. I think, the debate we are seeing today is an example
that maybe we should be more open and more flexible.
Journaliste
: Merci
beaucoup.
(Fin à 8 h 45)