(Huit heures dix-neuf minutes)
Mme Ghazal : Bonjour, tout le
monde. Je veux revenir sur ce qui s'est passé hier en lien avec Gaza. La CAQ a
enfin, enfin demandé un cessez-le-feu, alors que ça faisait très, très
longtemps, de nombreuses semaines, que 153 pays dans le monde demandaient un
cessez-le-feu, dont le Canada, devant un drame qui se déroule devant nos yeux,
où des enfants, des innocents meurent, puis, au même moment, au même moment, la
CAQ a refusé la motion qui a été déposée par mon collègue Guillaume, qui demandait
d'arrêter... que le Canada arrête d'envoyer des armes à Israël, alors que la
Cour de justice internationale a été très, très claire puis a demandé que tous
les pays et... qu'Israël fasse tout en son pouvoir pour ne pas qu'un génocide
ait lieu. C'est vraiment incohérent que la CAQ refuse cette motion-là. C'est en
déconnexion avec les valeurs pacifistes du Québec face au massacre de Gaza.
Vraiment, la boussole morale de la CAQ est brisée.
M. Marissal : Merci, Ruba.
Bonjour. Bien, sans grande surprise, je vais vous parler de l'éthique et du
financement de la CAQ ce matin. Alors, très rapidement, il y a eu un quatrième
cas qui est sorti hier. Le printemps arrive de bonne heure, là, les fleurs
sortent plus tôt, là, ça a l'air, les langues se délient. C'est un bon signe
que les langues se délient parce qu'il y a des maires et même des
entrepreneurs, parce que le cas que j'ai soulevé hier, c'était un entrepreneur,
il y a des gens qui se sentent mal à l'aise avec les méthodes de financement de
la CAQ. Quoi qu'en dise la CAQ, il y a des maires qui sentent qu'on leur tord
le bras, qu'ils sont pressurisés pour donner. C'est des gens qui parlent, de
façon anonyme dans mon cas, de façon parfois même ouverte, à visière levée, aux
journalistes. Bien, c'est très bien.
Moi, je demande aux gens qui ont quelque
chose à dire là-dessus, qui ne se sentent pas à l'aise avec ces méthodes de
financement de communiquer avec moi, mais avec les journalistes aussi. Prenez
le canal que vous voulez. Vous n'avez pas à vous sentir pressurisés à donner de
l'argent à un gouvernement au Québec, ni à aucun parti, ni à aucun élu. Ça doit
se faire de façon volontaire. C'est dans les lois électorales, les lois du
financement populaire et des partis politiques au Québec. Alors, moi, j'en
appelle aux gens qui ont des choses à nous raconter là-dessus. Il faut crever l'abcès.
Alors, je pense qu'on a commencé, et, de toute évidence, à voir les réactions
de la CAQ, ça fait mal. On ne lâchera pas le morceau. Et puis, s'il y a des
gens qui veulent ajouter leur voix au grand malaise créé par la CAQ, ils seront
bienvenus chez moi, et je suis persuadé que les médias aussi les accueilleront.
Merci.
Journaliste : Est-ce que c'est
vraiment la CAQ qui crée le malaise, dans la mesure où on voit que c'est une
pratique qui existe quand même depuis bon nombre d'années puis que la
directrice générale du parti de François Legault a relevé des exemples dans
chacun des partis, même dans le vôtre, où des députés ont reçu des
contributions de maires, d'élus municipaux?
M. Marissal : Il y a des
choses qui existent depuis Mathusalem qui ne sont pas acceptables. C'est pour
ça qu'on modifie les lois à maintes reprises. On a modifié les lois à maintes
reprises dans le financement populaire au Québec depuis René Lévesque en 1977.
Vous savez, moi, je n'accepte pas l'argument
de dire : Il n'y a personne qui se fait acheter ou qui renvoie l'ascenseur
pour 100 $. Je suis assez vieux, là, j'ai couvert, moi, le financement
politique. Quand je suis arrivé ici, dans les années 90, c'était le financement
à 3 000 $, puis il y avait des élus puis du monde qui disaient :
Je ne me ferai pas acheter pour 3 000 $, il n'y a personne qui achète
un contrat pour 3 000 $. C'était le même argument.
L'argument n'est pas que les maires
donnent, c'est... le problème n'est pas là. Les maires, les mairesses, les
conseillers, ce sont des citoyens, des citoyennes à part entière. À partir du
moment où on respecte les règles et que le financement est fait de façon
volontaire, ce n'est pas ça, le problème. Le problème, c'est de monnayer, c'est
que ça te prend ton ticket d'entrée pour aller parler à un ministre, puis c'est
ça que la CAQ fait, c'est ça que j'ai dévoilé hier. Quand on dit à un
entrepreneur : Tu sais, on ne fait pas tout le temps ce que tu veux, là,
je sais que tu n'es pas content, là, mais viens donc parler à un ministre, là, mais
il va falloir que tu donnes 100 $, puis, «by the way», voici l'adresse du
restaurant, c'est ça, le problème, pas de donner. Donner, là, c'est sain à la
démocratie. C'est très sain de faire un don quand on s'implique, c'est un geste
politique.
Journaliste : ...le fait
qu'un élu municipal donne à un député, là, qu'il soit ministre ou pas, est-ce
que ça, il faut le revoir? Est-ce qu'à QS vous vous engagez, comme députés, à
ne plus recevoir de contributions de la part d'élus municipaux? Parce que c'est
vrai que, sur le fond, sur le plan...
M. Marissal : En tout
respect, là, en tout respect, ça, c'est un show de boucane, c'est un show de
boucane de la CAQ. Je comprends qu'ils sont mal pris, là, ils font diversion
là-dessus. Il n'y a personne qui a dit que les maires et les mairesses ne
peuvent pas donner, puis ce n'est sûrement pas moi qui va dire ça.
Journaliste : Ça ne vous
dérange pas?
M. Marissal : Bien, ce n'est
pas que ça ne me dérange pas, ce n'est même pas une question que ça me dérange
ou pas, ce n'est pas une question de sentiment, c'est une question de
financement de parti politique clair, transparent, public, volontaire. Les
maires, les mairesses sont des citoyens, des citoyennes à part entière. Ce que
je ne veux pas, ce qu'on ne veut pas personne, j'espère, c'est qu'on monnaie
l'accès en disant... en disant : Vous allez payer 100 $ puis tu vas
pouvoir parler à un ministre. Je comprends que la CAQ est mal prise, là, puis
ils sont dans l'eau chaude, là, puis ils se débattent comme un diable dans
l'eau bénite. Je comprends aussi que la meilleure défense, c'est l'attaque, là,
puis ils ne s'en privent pas, mais le problème n'est pas que les gens donnent,
le problème est qu'on les sollicite sur la base de leurs fonctions pour
rencontrer quelqu'un sur la base de sa fonction. Ça, ça s'appelle monnayer un
accès.
Journaliste : Mais est-ce
qu'il n'est pas temps de... Vous avez dit, bon, que vous étiez là à l'époque où
on avait revu les règles sur le financement.
M. Marissal : Vous aussi
d'ailleurs.
Journaliste : On est passé de
3 000 $ à 1 000 $. Après ça, on est passé de
1 000 $ à 100 $. Est-ce qu'il serait opportun de faire un pas de
plus et de réduire encore plus les contributions aux partis politiques pour les
rendre complètement publiques?
M. Marissal : On peut avoir
cette discussion-là. Quant à moi, le problème n'est pas tant le montant. Le
problème est de monnayer l'accès. Le problème est de monnayer l'accès. Que ce
soit 100 $, que ce soit 3 000 $, que ce soit 30 000 $,
à partir du moment où on donne un avantage à quelqu'un basé sur sa fonction, on
monnaie un accès. Cela dit...
Journaliste : ...M. Marissal,
c'est qu'à l'époque il y avait le 3 000 $, on pouvait dire : Tu
sais, c'est... puis il y avait le problème des prête-noms, là, tu pouvais
avoir... Si tu mettais, mettons, 10 personnes qui donnent
3 000 $, ça fait 30 000 $, puis... Alors, on a dit :
Bien, ça, pour éviter ça, on va baisser ça à 1 000 $. Mais ça a resté
pareil à 1 000 $, il y avait encore des systèmes de prête-noms. Là,
on a dit : À 100 $, ça n'arrivera pas. Là, on met ça à 100 $,
puis il y a encore une façon de monnayer l'accès au ministre. Alors, si on
éliminait ça complètement, si on mettait ça à 5 $, il n'y a personne qui
va aller... tu sais, qui... Alors, est-ce que c'est... ce serait une façon, de
rendre le financement totalement public, d'éliminer toute influence possible
via des contributions?
M. Marissal : Le fait de
donner à un parti politique, ce n'est pas ça qui est malsain, ce n'est pas ça
qui est malsain, c'est de monnayer l'accès à un élu en lui laissant croire
qu'il va avoir un accès privilégié puis qu'on pourrait même peut-être faire
avancer son dossier. Dans le cas du député... voyons, Sylvain Lévesque, c'est
ça qui s'est passé. On a laissé entendre à une citoyenne qu'elle pourrait faire
avancer son dossier.
Maintenant, je pense que c'est évolutif,
là, c'est évolutif depuis 1977, le jour où René Lévesque a eu le courage de
s'attaquer à ça. Puis, depuis, on a eu d'autres problèmes, on a revu les lois,
on les a revues encore une fois. Puis, ce matin, Élections Québec, prêt à
resserrer les règles. Bien, moi, j'accueille ça très favorablement. On va voir
ce qu'il veut faire, le Directeur général des élections. Nous, on va
collaborer, en tout cas. Je suis ouvert, moi, aux discussions, mais il ne faut
pas non plus culpabiliser les gens qui, de bonne foi, disent : Moi, je
crois tel parti, je vais donner 50 $. Il y a des gens qui nous donnent
20 $, là. Il n'y a pas d'échange de bons services ou d'échange d'accès.
D'ailleurs, là-dessus, honnêtement, la CAQ
dit une chose et son contraire parce que j'entendais sa directrice générale ce
matin qui disait : Nos ministres ont fait plus de
1 000 rencontres avec des maires. Bien, très bien. Justement, ce sont
des rencontres dans le cadre des fonctions très officielles. La preuve est
faite que vous n'avez pas besoin en plus de les solliciter pour qu'ils donnent
100 $ pour rencontrer. Alors, on voit bien qu'il y a un genre de
stratagème ici pour attirer le monde municipal. Puis regardez les chiffres
quand même, la moitié des maires, la moitié des maires au Québec ont donné à la
CAQ. Il y a un filon là, il y a une filière là qui est exploitée par la CAQ.
Journaliste : Question
technique : Est-ce que vous allez porter plainte dans le dossier de
M. Montigny?
M. Marissal : Vraisemblablement.
Puis j'imagine que la question va venir aussi pour M. Bélanger.
Vraisemblablement, parce que c'est l'outil qu'on a en ce moment. Mais, entre
vous puis moi, là, je vais-tu faire 89 demandes si on découvre que tous
les caquistes font ça? C'est pour ça que j'accueille des initiatives comme le
DGEQ ce matin, qui dit qu'il voudrait peut-être revoir ça. À un moment donné, il
va falloir qu'on revoie ça de façon macro. Mais, de fait, votre question est
pertinente. S'il y a des cas qu'on a déjà dénoncés, je pense bien qu'on va
devoir dénoncer les autres.
Journaliste : Élections
Québec vous envoie un signal, mais c'est aux législateurs à répondre. Puis,
bon, hier, le leader du gouvernement a dit : Ça va dépendre des
conclusions de la Commissaire à l'éthique, mais ça va prendre l'initiative des
législateurs pour dire : Oui, on va vous entendre. Oui, on vous invite en
commission parlementaire. Qui va prendre la balle au bond, là, là-dessus, là?
M. Marissal : Vous connaissez
le dicton, hein, le sésame ici : Avec le consentement, on peut tout faire.
Moi, si la CAQ nous convoque ou si quelqu'un convoque une commission parlementaire,
je présume que ce serait mon collègue Leduc qui prendrait le dossier, vous
pouvez être sûr qu'on va y aller séance tenante puis on va collaborer. Puis
effectivement, s'il faut qu'on se repenche là-dessus, repenchons-nous
là-dessus. Maintenant, on verra l'appétit de la CAQ pour ce genre de réforme.
Journaliste : ...de la
recommandation 57 de la commission Charbonneau depuis la semaine passée puis
particulièrement depuis hier. Or, cette recommandation-là mentionne uniquement
les ministres et leurs cabinets. Est-ce qu'il faudrait aller plus loin dans
l'application de cette recommandation-là, peut-être même resserrer les règles?
M. Marissal : Moi, je l'aime
bien, la recommandation 57, puis elle n'est pas née de génération spontanée,
là, elle est venue d'un gros, gros, gros problème dans le financement, parce
qu'on faisait notamment, à l'époque, ce qu'on appelait du sectoriel. Alors, on
allait, par exemple, vers les firmes d'ingénierie, puis, comme par hasard,
bien, c'était le ministre des Transports qui était invité. Et puis là on
invitait tout le monde puis on se rendait compte que, jusqu'au dernier
concierge, la firme de génie avait donné de l'argent au parti en question.
Alors, moi, je pense qu'on peut appliquer
57. Commençons par ça. Le problème, je vous dis, c'est l'accès au ministre.
Parce que mettez-vous à la place, là, d'un entrepreneur, là, ou d'un maire qui
a des besoins, puis ils ont tous et toutes des besoins, là, puis qu'on lui
laisse entendre que le ministre ou la ministre des Transports va être là puis
tu vas pouvoir lui parler, il y a une attirance là, il y a une forme d'appât
pour des gens qui peuvent se dire : Je vais avoir un accès privilégié à un
ministre pour parler de choses. Il est là, le problème. On nous a mentionné d'autres
cas où le chef de cabinet était là et on en faisait la promotion aussi. Chef de
cabinet d'un ministre, là, quand il suit son ministre, il n'est pas là comme
membre partisan d'un parti politique, il est là comme chef de cabinet. Et un
chef de cabinet, c'est la porte d'entrée vers un ministre, c'est la plus
directe des portes d'entrée vers un ministre. Alors, si le chef de cabinet est
là en plus puis qu'on dit aux gens qu'il va être là, ça envoie le
message : Tu pourras lui parler de tes projets, et ce n'est pas ça, le but
du financement politique.
Journaliste : Je comprends
tout ça, mais ici on parle de sollicitation effectuée par des députés. Donc, la
recommandation 57, à votre lecture, est-ce qu'elle vient régler ce problème-là
ou...
Journaliste
: Elle est
facilement contournable, la recommandation.
M. Marissal : Bien, pas si on
exclut les ministres, pas si on exclut les ministres et leurs cabinets.
Des voix : ...
Journaliste : ...ou le
personnel des députés. Ce n'est pas les ministres.
M. Marissal : Non, non, on
recommence. Les députés sollicitent avec des ministres. Moi, je ne veux rien
enlever au député de Chauveau, là, mais il est pas mal moins intéressant tout
seul qu'avec un ministre.
Journaliste : Bien, le
ministre devient l'appât, là, ce n'est pas...
M. Marissal : C'est
clairement ce que je dis.
Journaliste : Mais pourquoi
il y a un appétit...
M. Marissal : C'est une forme
d'hameçonnage de gens. Puis je n'ai rien contre le député de Chauveau ou le
député de René-Lévesque, là, mais, à partir du moment où il est flanqué d'un ou
de deux ministres, il est pas mal plus intéressant.
Journaliste : Il semble y
avoir un appétit particulier pour Mme Guilbault, qui est ministre des
Transports. Est-ce que...
M. Marissal : Bien, il semble
y avoir aussi une attirance particulière de la CAQ vers le monde municipal. Il
y a une filière, là, de toute évidence, regardez les chiffres. Moi, je ne veux
pas personnaliser sur Mme Guilbault. Puis c'est vrai que le ministère des
Transports, c'est un gros donneur de contrats. Puis je ne sais pas il y a
combien de centaines, voire de milliers de dossiers, en ce moment, entre les
municipalités puis le ministère des Transports, mais je présume qu'il y en a
beaucoup, beaucoup, beaucoup.
Journaliste : ...mais est-ce
que c'est le rôle... Parce que là on regarde un peu tout ce qui se dégage de
cette histoire-là depuis quelques jours, et la question que je me pose,
c'est : Est-ce que c'est le rôle d'une personne en fonction, qu'il soit de
député ou dans le conseil exécutif, peu importe, de solliciter des dons
politiques? Pourquoi ce n'est pas les militants? Vous en avez des milliers qui
font des appels pour faire ça. Pourquoi est-ce qu'une personne en fonction fait
ça?
M. Marissal : Bien, la
personne en fonction est d'abord un électeur et une électrice.
Journaliste : Oui, mais elle
est titulaire d'une charge. À partir du moment qu'elle est titulaire d'une
charge publique, elle est en fonction, pourquoi est-ce qu'on ne lui retire pas
ce dossier-là pour le confier à un militant à la maison, là?
M. Marissal : C'est pour ça
que je pense qu'il faut être particulièrement scrupuleux avec les ministres,
qui ont des portefeuilles.
Journaliste : ...dans le
gouvernement, il a accès au ministre. Ça fait que, là, c'est rendu une autre
manière détournée d'avoir accès à la personne que tu veux. Si tu es... Si tu es
un maire, tu dis : Regarde, moi, je lunche avec Geneviève Guilbault...
M. Marissal : Il faut faire
attention...
Journaliste : Paie-moi
100 $ pour venir me voir puis je vais passer ton message.
M. Marissal : Je comprends
votre point. Je comprends votre point. Il est valable. Il ne faut pas non plus
jeter le bébé avec l'eau du bain puis couper complètement l'accès aux élus. De
toute façon, nous sommes... nous sommes disponibles, là. Mon téléphone, pas mal
tout le monde le connaît dans Rosemont. Ils peuvent m'appeler, ça ne coûte pas
100 $. Après ça, si on fait des activités partisanes puis qu'il y a des
gens qui veulent donner à mon parti ou à d'autres partis, c'est un geste
citoyen, qu'il ne faut pas bannir, qu'il ne faut pas démoniser. Encore là, je
répète, le problème, c'est de laisser entendre que tu pourrais avoir un
avantage en payant 100 $, 1000 $,
3000 $, peu
importe le montant, pour rencontrer un ministre.
Journaliste : ...un problème
un peu plus large sur la question de l'autonomie municipale, quand on voit
qu'autant de maires sentent visiblement le besoin d'aller, excusez
l'expression, téter des ministres dans des cocktails de financement?
M. Marissal : Oui, bien, ça,
c'est un vaste débat, là, c'est... Vous venez d'ouvrir une immense boîte de
Pandore. Je pense qu'on n'aura pas assez de temps, ce matin, pour faire le
tour. Les villes du Québec et les municipalités depuis longtemps se plaignent
effectivement de ne pas avoir assez d'autonomie. Il y a toutes sortes de
négociations, de pactes municipaux. Moi, je n'ai jamais beaucoup aimé l'idée
que les municipalités sont des créatures de Québec, parce que ça les
infériorise, mais, comme je vous dis, ce matin, je vais me concentrer, là, sur
mes moutons, qui sont les dossiers de financement de la CAQ.
Journaliste : Je me demandais
si je pouvais vous poser une question sur les formations accélérées en
construction, ce que vous en pensez. Est-ce qu'au fond vous pensez qu'il aurait
dû y avoir une obligation pour ces étudiants-là de travailler dans le domaine
si l'État les rémunère?
M. Marissal : Je ne suis pas
juriste, mais je pense qu'on ne peut pas faire ça. On ne l'a pas fait avec les
PAB. Ce qu'on a fait avec les PAB, c'est que, s'ils abandonnaient ou qu'ils
n'allaient pas travailler avant d'avoir fini la formation, ils devaient
rembourser. On a eu des cas d'ailleurs de gens qui se retrouvaient avec des
dettes assez importantes, là, de milliers de dollars à rembourser. Seulement,
est-ce que le programme est trop lousse? C'est-tu trop slaque? On a-tu fait ça
trop vite, là? On parle d'une formation accélérée. Est-ce que la décision,
elle, elle a été précipitée? Je pense qu'il faut qu'on se penche là-dessus. À
la fin, l'important, pour moi, c'est le résultat. Si on est capable de former
une nouvelle cohorte puis qu'il y en a deux, trois là-dedans qui préfèrent
aller rénover leur chalet, c'est plate, là, c'est bien de valeur, mais je ne
pense pas que nous ayons les moyens, légalement, d'attacher les mains à
quelqu'un pour faire ça.
Journaliste : Mme Ghazal, une
petite dernière, si vous permettez, puisque vous avez parlé de la Palestine.
Vous avez invité par Twitter les gens à aller à une projection de solidarité
avec Gaza, qui reprend le fameux slogan Du fleuve à la mer. Est-ce que
ce n'est pas problématique? C'est parce que vous l'avez retiré par la suite.
Mme Ghazal : Non, je ne l'ai
pas retiré, c'était sur Facebook.
Journaliste : Parce que j'ai
eu... on a eu du mal à retrouver après.
Mme Ghazal : Non, ça, ce
n'était pas longtemps après les attaques de Gaza. C'était une façon aussi que
des organisations de défense des Palestiniens, des organisations... plusieurs,
là, qui ont dit : Bien, ça va être une belle façon aussi de supporter les
organisations qui viennent en aide aux Palestiniens, en faisant, par exemple,
des dons à des projections de films qui parlent de la cause palestinienne, qui
ne date pas du 7 octobre, ça date depuis 1948. Puis ça a été une... Parce
que, souvent, les gens, là, ils nous interpellaient, moi, ils
m'interpellaient : Qu'est-ce que je peux faire pour aider les gens à Gaza
qui sont bombardés? Des millions... 1,7 million de personnes déplacées en
date d'aujourd'hui. À l'époque, les gens, ils ont besoin d'action. Et donc,
j'ai vu cette initiative-là, puis je l'ai partagée sur ma page Facebook pour
que les gens y aillent. Puis c'est vraiment... La culture, hein, il n'y a rien
de mieux que... Souvent, face à... quand on se sent impuissant, quand on se
sent impuissant face à une situation qui se passe ailleurs dans le monde, la
culture aussi est une façon de parler d'enjeux humanitaires comme celui-là.
Journaliste : ...le slogan,
Mme Ghazal, Du fleuve à la mer, c'est qu'il y a une connotation. C'est
pour ça que je vous pose la question. Qu'est-ce que ça signifie pour vous, Du
fleuve à la mer? Parce que l'interprétation qu'en donne le Hamas, c'est
qu'on va prendre tout l'espace qui va entre ça et ça, là, c'est...
Mme Ghazal : Ça... Le slogan
peut être interprété de plein de façons. Moi et à Québec solidaire, depuis le
début, depuis la fondation... Moi-même personnellement, je n'ai jamais émis
aucun doute, au Québec... Nous, ce qu'on veut à Québec solidaire, c'est deux
États qui vivent côte à côte, que ce soient les Israéliens, le peuple israélien
en ce moment en veut à Netanyahou puis à son gouvernement d'extrême droite, en
ce moment, parce qu'ils ne sont pas protégés, et les Palestiniens... Hier, j'ai
rencontré la déléguée générale de la Palestine qui est à Ottawa, qui est venue
ici, à l'Assemblée nationale, et elle a dit... puis il y avait plein de... des
gens palestiniens qui... dont un Palestinien qui est ici puis que sa famille
est prise à Gaza, ils ont dit : Nous ne sommes pas avec le Hamas. Ça,
c'est clair, clair, clair.
Donc, des slogans comme ça peuvent être
interprétés de différentes façons. Pour nous, c'est clair, c'est deux États,
pour que les deux peuples vivent de façon pacifique. Ça, c'est clair.
Journaliste :
Can I... Can we jump in in English?
M. Marissal : Sure.
Journaliste
: The fact that the Presse canadiennecame out with the case of Gilles Bélanger
yesterday, you had the case of Yves Montigny, why don't you file a request
asking the ethics commissioner to open two other investigations? That's the...
For you, that's the only way to add pressure on the Legault Government at this point. Why don't you do
it?
M. Marissal :
And I will. And I will. But don't get
me wrong, I take no fun doing this. I mean, I don't wake up in the morning
asking myself who am I going to denounce today. I mean, I will do it because
that's my only way to, as you said, put pressure on them. But, at the end of
the day, I mean, how many complaints do I have to file, to send to the
commissioner? I think, at some point, you have to take a look, an overlook at
this situation to make sure that the CAQ, in this instance, makes sure that all
his MNAs have understand... have understood the way they should do it. Premier
Legault said yesterday : Case over, we don't discuss this anymore, but he
also said : We will review our way to proceed. I just... I'm wondering
what did he mean by that : We will review our way to communicate. That's
an interesting question.
Journaliste :
...the way the invitations are worded.
Journaliste
: Yes. In the case of Thouin, Mr. Thouin.
M. Marissal :
Yes, why? Why would you do that? Why is
Mr. Legault thinking that he should do this? Probably because there is a
problem. But to answer your question shortly, I think I have no other choice
but to file two other complaints this morning. In the case of Mr. Montigny, I
had a concern to make sure to protect my source. You know what I mean. I'm sure
you know what I mean by this. Someone trusted me, sent me some text message,
and I just want to make sure that this man, this entrepreneur feels OK with
that.
Journaliste :
Brigitte Legault said at Masbourian
this morning, regarding the text message of Mr. Montigny : «Je comprends
la perception, mais l'individu a le choix de venir ou pas. Les mots ont un
sens.», and then the host said : Well, it's a... it's a text message, it's
clear, and she said : Well, «on juge sur un texto de 140 caractères».
M. Marissal :
Whatever. 140 or 3,000 characters...
What does she mean by that? I mean, it's really clear that Yves de Montigny
sent this message to a constituent, to an entrepreneur telling him : I
know you're not happy with us, you're not happy with our decision, so maybe you
can come and have a chat with a minister. It's not a question of how long was
the text message. I think it's more the message. And Mme Legault, I heard this
interview this morning, said it's a question of perception, I agree with
them... I agree with her.
Journaliste
: ...going on here, you think? It's...
M. Marissal : Well, how do you say «stratagème» in English? Is it «scheme»?
Journaliste
: ...
M. Marissal : Yes, OK. Yes. The answer is yes.
Journaliste
: You said the issue wasn't the fact that people are contributing
financially to the political party itself. You also get donations. As Mr.
Jolin-Barrette said during question period yesterday, Québec
solidaire also gets donations from certain mayors. So,
if that's not the issue, can you explain exactly what the problem here is?
M. Marissal :
I mean, from Simon Jolin-Barrette, it's
a smokescreen. The fact is the CAQ is using his ministers to get donations from
people in their ridings. That's... That's the fact. And we should not do that,
we should not make people pay in order to meet with a minister.
And, by the way, Mme
Legault from the CAQ said that they have like a thousand meetings with mayors
over last year, I think, the ministers. So, basically, that's... the fact is
that you don't have to pay apparently to meet with minister from la CAQ. So,
I'm just asking them to make sure that they don't make people uncomfortable
trying to tell them that they have to pay to meet with a minister. That's where
the problem is.
Journaliste :
What should the... How should they be
wording their messages instead? How... What... What exactly could they change
at this point?
M. Marissal :
We have a cocktail, please join us.
Journaliste :
...one for Mme Ghazal, just
quickly.
Mme Ghazal : Yes.
Journaliste
: The fact that the CAQ agreed now to the motion calling for a
ceasefire, what do you make of that?
Mme Ghazal :
What... What I think about that? Yes,
well, it's a good thing that finally the CAQ decided, after all this time… all
of this time, to ask for a ceasefire, it's important. And I think it's... this
is what Quebeckers want, like, to... that their governmentcalls to pacific acts. And this, asking for
a ceasefire, is the only thing that we should do. It's very important to do it
because now, there is a risk of genocide in Gaza. And the International Court
of Justice asked Israel, and this has implications to Israel, but also to all
other countries, like it's... for example, Canada, to do all what they can to
prevent genocide.
M. Marissal : Merci.
Mme Ghazal : Merci.
(Fin à 8 h 44)