(Neuf heures six minutes)
M. Fortin :Bonjour, tout le monde. Merci. Merci de nous accommoder ce
matin, là, c'est un matin un petit peu particulier, mais je veux en profiter,
justement, pour vous parler un peu de ce qui vient de se passer en commission
parlementaire puis, avant de le faire, je vous ramène au mois de juin, alors qu'il
y avait des feux de forêt dans plusieurs régions du Québec qui couvraient une
énorme partie du territoire québécois où il y avait des gens qui avaient de la
difficulté à respirer l'air un peu partout au Québec, c'était... les feux de
forêt, c'était le dossier numéro un et, à ce moment-là, à peu près toutes les
formations politiques ici nous ont dit : Ça va être le dossier chaud de l'automne,
il va falloir s'en occuper, il faut revoir notre aménagement forestier et nos
pratiques forestières.
Je vous ramène au mois d'août au caucus
présessionnel de la CAQ, alors qu'il y avait des manifestants à l'extérieur qui
venaient du monde forestier, la CAQ a dit : On va entreprendre un grand
exercice pour revoir nos pratiques en matière d'aménagement forestier, revoir l'accompagnement
qu'on fait dans des situations comme celles-là à nos entrepreneurs forestiers.
Depuis, là, c'est silence radio complet.
Aujourd'hui, il y a deux motions qui ont
été présentées à la Commission de l'agriculture, des pêches et des ressources
naturelles pour justement avoir une commission parlementaire qui se penche sur
l'aménagement forestier, une motion de Québec solidaire et une motion du Parti
libéral, les deux ont été rejetées de la part du gouvernement. Un gouvernement,
là, qui nous a dit, là, qui a dit aux manifestants devant son congrès : On
va s'en occuper, faites-vous-en pas, ça va être un dossier prioritaire. Et un
gouvernement qui n'en a pas parlé depuis.
Ils ont rejeté les motions qui étaient en
lien avec les demandes du forestier en chef. Le forestier en chef, là, le mois
dernier, a sorti un document qui dit ceci, et je vous le résume très rapidement :
Nous pensons que notre aménagement forestier tel que réalisé depuis plusieurs
années au Québec doit évoluer. Nous croyons que le statu quo de nos pratiques
ne peut être envisagé face aux défis posés par l'adaptation du milieu forestier
aux nouvelles conditions climatiques.» Et sa première recommandation, c'est d'entreprendre
une réflexion globale sur l'aménagement de la forêt en lien avec la réalité de
chacune des régions, dans le but d'établir une vision commune de la forêt
souhaitée. Le forestier en chef — c'est rare qu'il fait des sorties
publiques comme celle-là — vient nous dire : Occupez-vous-en, ça
presse, ça ne marche pas, il y a des choses qu'il faut changer absolument. Et c'est
silence radio de la part du gouvernement. C'est, pour nous, là, pour un enjeu
qui était l'enjeu numéro un pour à peu près tout le monde ici, qu'on n'en parle
pas, qu'on ne... que ce soit complètement mis de côté par le gouvernement de la
CAQ, c'est impensable quand on se remet dans le scénario où on était au mois de
juin.
Journaliste : M. Fortin,
comment vous expliquez le recul de la CAQ dans les sondages ce matin et au
cours des derniers mois aussi, là? On voit une tendance.
M. Fortin :Bien, je vous dirais deux choses par rapport au sondage ce
matin, c'est... on a un gouvernement qui, à tous les jours, échoue à livrer les
services publics de qualité, puis, à un moment donné, ça rattrape un
gouvernement, ça. Quand tous les indicateurs en matière de soins de santé
pointent vers le bas, quand on a un taux de réussite dans nos écoles qui n'augmente
pas, quand on coupe dans les transports en commun, quand on affecte la qualité
de vie au quotidien des gens, que ce soit par le logement, la santé, l'éducation,
le transport en commun, bien, à un moment donné, les gens vont se tanner de ça,
et je pense qu'il y a un peu de ça dans ce qu'on voit ce matin.
Pour l'autre partie du sondage, ce qui
nous a frappés, la partie sur Québec solidaire, Québec solidaire perd quelques
points, là, ce matin à nouveau. Bien, moi, j'ai entendu Christine Labrie cette
semaine dire à tous les fédéralistes au Québec : On ne vous veut pas dans
notre parti. Ce n'est pas normal que notre parti ait la moitié de ses
supporteurs qui soient fédéralistes. Bien, je comprends qu'ils regardent
ailleurs.
Journaliste : ...que le PLQ
stagne dans les sondages.
M. Fortin :Bien, c'est votre interprétation.
Journaliste : ...je veux
savoir, vous, qu'est-ce que vous en comprenez.
M. Fortin :Oui. Bien, je pense que les gens vont se chercher une
alternative. Nous, on a un... Écoutez, on une situation, disons, qui est... qui
demeure une situation où on a un chef par intérim, où on n'a pas un, disons
de... On a, disons, un parti qui est en évolution encore. Alors, avant de se
positionner très clairement pour le Parti libéral, je pense que les gens vont
juste prendre un moment, voir d'abord ce qui ne marche pas puis, après ça, voir
c'est quoi, l'alternative qui peut s'offrir à eux. Alors, il y a énormément de
temps avant la prochaine campagne électorale pour avoir une offre plus précise
de notre part.
Journaliste : Parce que là,
le fait d'attendre, en 2025, si je me souviens bien, pour avoir un nouveau
chef, est-ce que ça ne vous nuit pas, ça, le fait d'être sans chef pendant
encore deux ans?
M. Fortin :Non. Bien, honnêtement, je vais vous donner la même réponse
que la semaine dernière là-dessus. C'est... Il n'y a pas de recette miracle
pour ça. Il y a des partis qui ont très bien réussi en attendant plus
longtemps, d'autres qui ont très bien réussi en ayant une période plus courte.
Alors, il n'y a pas de recette miracle pour ces choses-là.
Journaliste : Vous avez fait
allusion aux propos de Christine Labrie sur l'indépendance.
M. Fortin :Oui.
Journaliste : Est-ce que le
fait que ce thème-là s'impose à nouveau... Avec le budget de l'an 1 puis
la montée aussi du Parti québécois dans ces sondages-là, est-ce que vous pensez
que ça peut vous être favorable?
M. Fortin :Bien, je pense que ça dépend énormément, là... On est dans
un enjeu, en quoi, en octobre ou novembre 2023. L'élection, elle est en octobre
2026. Est-ce que ça va encore être le thème prioritaire à ce moment-là? Je ne
le sais pas. Alors, de dire aujourd'hui que ça nous serait favorable dans trois
ans, je pense que c'est regarder loin en avant un peu.
Journaliste : Question de
foresterie, là, juste pour revenir, les deux motions que vous demandiez, donc
des audiences avec des experts pour qu'on revoie l'aménagement qu'on... Les
deux avaient le même sujet, le même thème à peu près, là.
M. Fortin :Oui. Les deux portaient essentiellement sur la même chose,
c'est-à-dire d'avoir une commission parlementaire, qu'elle soit ici à Québec,
ou itinérante, parce qu'on parle d'un enjeu de régions, mais un enjeu qu'on
doit être capable de discuter avec l'ensemble de la population québécoise,
parce que, oui, cette année, les feux de forêt ont affecté de façon
disproportionnée les gens du nord de la Mauricie, les gens de l'Abitibi, mais
on l'a ressenti partout au Québec. Alors, oui, c'est un enjeu pour lequel on
peut faire des consultations régionales. Une commission itinérante serait bien,
mais il faut être capable de l'amener dans un contexte national. C'est pour ça
que nous, on demande une commission parlementaire pour se pencher sur ces
choses-là. Quand on entend le forestier en chef qui nous dit : Bien,
faites le tour de la question, là, et trouvons des solutions. Entendre tout le
monde le faire de façon formelle, dans un cadre parlementaire, ça nous semble
la chose à faire.
Journaliste : Qu'est-ce que
vous pourriez faire, vous, comme parti, là, pour rebondir sur cette
question-là, si ça a été refusé comme commission parlementaire? Allez-vous
faire des propositions ou...
M. Fortin :Oui. Bien, de toute évidence, le forestier en chef nous dit
lui-même qu'on doit entendre le milieu, qu'on doit se coordonner. Alors, moi,
je le fais dans ma région, dans ma circonscription, là, d'essayer d'avoir des
liens réguliers avec des intervenants forestiers pour voir c'est quoi, les
meilleures pratiques, c'est quoi, les meilleures choses à faire, comment on
peut s'y prendre. Cette conversation-là, ça en est une que notre parti, comme
tous les autres, je l'espère, entreprend à la grandeur du Québec également.
Journaliste : Vous avez une
collègue, Mme Garceau, qui a renvoyé une employée parce qu'elle a aimé des
publications soi-disant pro Palestine. Est-ce qu'elle va être rencontrée,
Mme Garceau, par le parti pour clarifier tout ça?
M. Fortin :Ça, honnêtement, je ne peux pas vous dire s'il va y avoir
une rencontre, là. Ça, ça appartient au chef de parti de prendre ces
décisions-là. Pour ce qui est du fond de la chose, moi, je comprends que...
Bien, en fait, je comprends, je n'ai pas tous les détails. Je comprends qu'on a
une version, là, qui est dans le journal ce matin, mais, honnêtement, au-delà
de ça, je serais bien mal placé pour vous dire ce qui s'est produit entre une
députée et son employée.
Journaliste : Mais est-ce que
le Parti libéral empêche, au fond, ses employés d'aimer des publications sur
les réseaux sociaux?
M. Fortin :Je vous dirais que pour un député, là... Puis moi, je me
suis toujours comporté comme ça. Je ne peux pas vous dire qu'il y a une
directive particulière au parti, mais moi, je me suis toujours comporté comme
ça. C'est important d'avoir des employés qui ont un peu la même vision
politique, qui ont un peu la même... les mêmes orientations politiques, qui
partagent des objectifs communs, puis je pense que la plupart des députés
aiment s'entourer de gens qui partagent leur vision politique. Puis ça, c'est
la moindre des choses en politique, c'est d'avoir des alliés constants.
Journaliste : Dans une
situation comme ça, vous auriez pu vous aussi renvoyer un employé qui aimait
une publication, qui traitait du conflit israélo-palestinien.
M. Fortin :Bien, encore là, je pense qu'il y a une progression dans
ces choses-là, là. Il y a des discussions qui ont lieu, puis je n'ai pas les
détails d'exactement où ça s'est rendu dans ce cas particulier là.
Journaliste : ...que la
position officielle du Parti libéral, c'est l'appui à la... à Israël, plutôt,
et que le fait d'appuyer, quoi, le peuple palestinien ou un État palestinien,
ça contrevenait à la position du parti?
M. Fortin :Je pense qu'il y a plus que ce qui a été peut-être discuté
publiquement, là, de la part de l'employé autour de ça. Alors, puisque je n'ai
pas les détails du fond de cette situation-là, je ne peux pas vous dire. La
position du parti, elle ne change pas sur ces dossiers-là, mais...
Journaliste : Quelle était la
position du parti?
M. Fortin :Bien, d'ailleurs, le parti en discute ce matin, parce qu'il
y a une motion qui est devant l'Assemblée, alors je vous dirais qu'au moment du
vote, là, ce sera beaucoup plus, disons, explicite. Mais sur le fond des
choses, comme êtres humains, je pense que, de part et d'autre, on est tous
sensibles au deuil, à la difficulté, à la... aux périodes extrêmement
difficiles que vivent tant les Palestiniens que les Israéliens et les
communautés ici, au Québec et au Canada, qui ont des liens très serrés avec
eux.
Journaliste : Est-ce que ça
prend un cessez-le-feu à Gaza?
M. Fortin :Humainement, tout le monde veut que les bombardements, les
attaques cessent parce qu'on voit les impacts de ça. Maintenant, comme je vous
dis, là, il y a une motion qui est devant nous, elle va être votée puis elle
est discutée en ce moment au caucus. Alors, je vais laisser le caucus faire ces
discussions-là. Je n'y prends pas part, j'ai hâte d'y retourner, mais je ne
peux pas me prononcer sur une discussion qui est en lieu en ce moment.
Journaliste : ...motion-là ou
ça va être vraiment un vote d'un bloc du caucus?
M. Fortin :La discussion, elle a lieu en ce moment, alors je serais
bien mal placé. Vous allez le voir dans 1 h 30 environ.
Journaliste : La décision de
Mme Garceau, est-ce qu'on peut le voir comme une indication un peu de la
façon dont ça pourrait...
M. Fortin :Moi, je vois ça comme une relation employé-employeur plus
qu'une indication d'une... disons, d'une... de quelconque position, là.
La position par rapport au cessez-le-feu,
je pense que vous allez la voir très prochainement. Mais humainement tout le
monde souhaite que ces bombardements-là cessent.
Journaliste :
What do you think of the…what appears
to be compromise on the number of immigrants? The Government seems to be opting
for the middle-road, 55,000. Do you… I know you… the Liberals and many business
groups wanted more.
M. Fortin : Yes. The… There is a whole bunch of different items on immigration.
Right now, the Minister is supposed to come out today with rules around
temporary workers as well, and their ability to speak French after a few years.
Maybe first, I'll speak on that part.
It's incumbent on the
Government, if they are coming up with rules like those, to ensure that the
«francisation» services in businesses are made available, that the options are
given to people who come to Québec, people who come to our area as temporary
workers to learn the language, to learn it as quickly as possible. And I can't
say that's something that has been done particularly well over the last few years.
So, if we're going to have requirements like that, which may be necessary and
positive, we'll see the details of what's announced today, but if we're going
to do that, we have to give the support, the in-business support so that the
language is learned as quickly as possible.
On numbers, our position
has been that it's not just about numbers, we have to look at more then just
that factor. So, we'll see about the exact number that the Government is
bringing forward.
Journaliste
: On the poll, the… it's not going well for the Liberals. How can you
explain this?
M. Fortin : Well, there is not a lot of people who were looking at that poll
this morning. We're being extremely enthusiastic about the results.
If I'm the Coalition
avenir Québec, I start to see a realization from people that, well, since
they're not getting the public service that they need, whether it's on health
care, on education, whether it's on day cares, whether it's on housing, whether
it's on public transit from Government, if they're not getting those services,
then that starts to show in a government, at some point. So, to see that their
numbers are decreasing, to us, is a reflection of that.
For Québec solidaire,
Québec solidaire basically said, this week, or one of their main MNAs said that
they didn't want to have federalists in their party, so, I'm not surprised that
their numbers are down.
And for us, it seems
we're basically in the same place as we were in the last poll. And that's
mainly, in my humble opinion, an effect of, well, people saying : Well,
we'll see what you have to offer in the next campaign, we'll see who your
leader is, we'll see what your program is and go from there.
Journaliste
: And about immigration, the fact that, according to the Journal de
Québec, there will be a new criterium for French at the renewal of permits for
temporary workers, is it a good thing?
M. Fortin :
So, those permits expire after three
years, right, so people, in that case, would have three years to learn some
level of French, that still is to be determined as to what that is, but to us
if the government is going to come up with that solution, it also needs to come
up with the means for those people to learn the language. And, in the case of
temporary foreign workers, it comes through learning in business, giving them
the opportunity to learn the language during their employment on their...in
their place of business. So... and that's not something the government has done
particularly well over the last few years.
Journaliste :
How come?
M. Fortin :
It just seems like it wasn't
necessarily made a priority, it just seems like it wasn't necessarily the place
where most investments were made. The government chose to, instead, focusing on
restrictive measures instead of promoting the language in places of business,
amongst other things.
Journaliste :
Si vous me permettez, une petite question en français sur le tramway parce
qu'on ne vous a pas entendu là-dessus, puis là on parle d'une fourchette de
10,8 milliards à 12 milliards si on comprend d'autres
infrastructures, puis un taux d'appui qui est à 36 %, est-ce que, selon
vous, le parti est encore... votre parti appuie encore le tramway dans la forme
actuelle? Ou comment vous voyez ça?
M. Fortin :Bien, il y a deux choses, on peut se dire, d'un côté, là,
que le chiffre de... le chiffre qui a été publié dans les journaux, que c'est
gros, que c'est un très gros chiffre. Et je voyais même les groupes
environnementalistes, là, qui faisaient le saut en voyant des chiffres comme
ceux-là, qui se disaient : O.K., il y a peut-être quelque chose qui ne
tourne pas rond. Mais en même temps on peut se dire qu'il y a peut-être quelque
chose qui ne tourne pas rond du fait que Québec soit encore la seule grande
ville au pays, au Canada, où il n'y a pas de système de transport structurant.
Alors, pour nous, les gens dans le coeur de la ville, là, qui eux seraient
directement touchés par le transport en commun, bien, demeurent... par ce
système de transport en commun, il y a encore un appui favorable dans le coeur
de la ville pour ce projet-là. Le maire continue d'appuyer... continue d'étaler
sa volonté d'avoir un système de transport en commun structurant à Québec, mais
je vous dirais que ce n'est pas moi aujourd'hui qui va venir torpiller les
efforts du maire de Québec, là, qui va présenter son plan A, son plan B dans
quelques instants. Ceux qui ont pris l'habitude de torpiller les efforts du
maire de Québec, et de la Ville de Québec, et du Réseau de transport de la
Capitale, c'est le gouvernement de la CAQ. Si on a attendu quoi, presque six
ans depuis l'annonce initiale de ce projet-là, s'il y a eu toutes sortes de
changements qui ont été faits au tracé, si on a mis des bâtons dans les roues
de la ville, bien, ça, c'est le gouvernement qui l'a fait. Et plus un projet
comme ça prend du temps, plus il va coûter cher.
(Fin à 9 h 23)