Nous, les élus, on a beaucoup de problèmes à
recevoir des retours d'appels et des informations des différents centres de
services scolaires, en particulier celui à Montréal. Et, dans les différentes
bâtisses où logent les centres d'éducation populaire, les bâtiments se
dégradent année après année.
Moi, je suis intervenu plus directement,
bien sûr, sur l'ensemble des CEP, mais entre autres pour le Pavillon
d'éducation communautaire d'Hochelaga-Maisonneuve, qui vit un problème
d'infestation d'écureuils. Et aujourd'hui, pour illustrer mon propos et être
certain que monsieur Roberge me comprenne, parce que ce n'est pas la première
fois que je lui parle des écureuils du PEC, j'ai amené un chocolat de Pâques.
Et regardez qu'est-ce qui se passe au PEC : Il y a des écureuils qui
rentrent par les fenêtres, ils grugent les fenêtres, ils grugent et ils
rentrent. Et ça fait des mois que je lui en ai parlé, ça fait des mois qu'on me
dit que ça va être sur le dossier, ça va être réglé bientôt. Le centre de
services scolaires et le gouvernement n'est pas un très bon propriétaire dans
ce dossier. Et j'espère que ce petit chocolat, au-delà du goût sucré, agréable
dans la bouche, rappellera à monsieur Roberge qu'il faut qu'il intervienne
rapidement non seulement sur le dossier du PEC, bien sûr, mais sur l'ensemble
des six centres d'éducation populaire. Merci beaucoup. Et je passe la parole à
mon collègue Frantz Benjamin.
M. Benjamin : Merci,
Alexandre. Bonjour, tout le monde. Écoutez, je suis très content d'être là avec
le CECRG, qui est ce centre d'éducation communautaire René-Goupil dans la
circonscription de Viau, mais avec tous les centres d'éducation populaire,
notamment ceux qui sont dans la circonscription de ma collègue Dominique
Anglade, la cheffe du Parti libéral du Québec.
Depuis plusieurs années, avec les centres
d'éducation populaire, nous nous sommes lancés avec eux dans cette
mobilisation, campagne de lettres, comme l'a souligné Alexandre, campagne de
cartes postales, mobilisation active afin de nous assurer de la pérennisation
de la mission des centres d'éducation populaire, mais aussi que les enjeux
concernant les locaux soient réglés une fois pour toutes. Et on l'a vu au cours
de ces deux dernières années, les centres d'éducation populaire se retrouvent
dans des collectivités, dans des quartiers qui ont été très fragilisés par la
pandémie. Je peux vous donner à titre d'exemple… j'ai vu par exemple le centre
d'éducation communautaire René-Goupil donner des repas chauds à des gens et pas
seulement des personnes aînées, mais des personnes qui ont perdu leur emploi,
toutes sortes de personnes qui se sont retrouvées vulnérables à cause de la
pandémie, et je sais que je peux dire la même chose pour l'ensemble des centres
d'éducation populaire.
Et aujourd'hui, nous sommes ici pour
réitérer à Jean-François Roberge, comme je l'ai fait il y a un an, comme nous
l'avions fait il y a un peu plus de deux ans, comme nous l'avions fait il y a
trois ans, pour dire que les centres d'éducation populaire, c'est important
pour nos collectivités, pour chacun des quartiers où ces centres d'éducation
populaire s'occupent de mobiliser, d'accompagner, de soutenir les citoyennes et
les citoyens de nos circonscriptions.
Donc, alors, je suis très content d'être
là en solidarité avec les centres d'éducation populaire pour dire qu'enfin il
faut que cet enjeu de financement et les enjeux des locaux des centres soient
réglés une fois pour toutes. Nous avons l'opportunité, l'actuel gouvernement a
les moyens de le faire, donc c'est le temps de passer à l'action. Alors, sans
plus tarder, je passe la parole à Nicolas, donc, qui va nous adresser la
parole. Voilà.
M. Delisle-L'Heureux (Nicolas) : Alors,
bonjour. Mon nom, c'est Nicolas Delisle-L'Heureux, je suis coordonnateur du
Carrefour d'éducation populaire de Pointe-Saint-Charles, un des six CEP, centres
d'éducation populaire de Montréal. Inter-CEP, en fait, c'est des milliers de
personnes, de familles dans les quartiers les plus défavorisés de Montréal. On
existe depuis plus de 50 ans, et c'est aussi des groupes qui sont logés
dans nos centres, qui, eux-mêmes, desservent plusieurs populations, plusieurs
personnes. Et donc on est ici aujourd'hui pour, entre autres, entendre des
participants et des participantes qui vont pouvoir témoigner de l'importance
que les centres ont dans leur vie.
On est guidés aujourd'hui par l'urgence.
En fait, après des décennies de sous financement communautaire — ça,
c'est un lieu commun de dire que le milieu communautaire est sous financé — nous,
on lutte pour notre survie depuis 10 ans, et la situation est rendue
critique. Donc, juste pour vous faire une petite mise en place historique, il y
a... depuis le début de notre existence, on était logés gratuitement par la
Commission scolaire de Montréal puis nos frais d'opération étaient aussi payés
par la commission scolaire parce qu'ils considéraient, en fait, qu'on était
complémentaires, que nos missions étaient complémentaires à sa mission à elle,
c'est-à-dire qu'on accueillait les adultes qui passaient à travers les mailles
du filet de la commission scolaire. Et donc, pendant des décennies, on a été
financés sans aucun problème parce qu'on était reconnus comme tels. Et, en
2017, soudainement, en décembre 2017, la commission scolaire est arrivée, nous
a mis un couteau sous la gorge et a dit : Vous signez votre bail
maintenant en décembre, c'est rétroactif depuis avril 2017, et, si vous ne
signez pas avant janvier, vous êtes en dehors, on vous met à la porte en mai
2018. Donc, on a été contraints de signer un bail dont on savait qu'on n'avait
pas les moyens de payer certaines clauses, dont le loyer, dont les frais
d'opération et d'autres clauses dont je vous épargne aujourd'hui.
Donc, on a fait ce qu'elle nous a dit, on
est allés chercher de l'aide auprès de nos députés, auprès de la ville, auprès
de toutes sortes d'instances démocratiques, puis tout le monde nous a dit :
On va être là, on va vous aider. Et à partir du moment où on a signé, on n'a
plus jamais réentendu parler de ces gens qui trouvaient pourtant qu'on était
devant eux, que notre mission était essentielle et qu'ils le trouvent encore.
Depuis ce temps-là, c'est silence radio.
Et depuis ce temps-là, à chaque année, donc depuis 2017, on doit se battre
année après année pour avoir accès à des frais d'opération, donc pour payer
l'électricité, l'eau chaude, Internet, etc. À chaque année, à partir d'avril
jusqu'au mois de novembre, on n'a aucune réponse, ce qui nous place dans une
instabilité financière qui n'est vraiment pas agréable et qui nous déstabilise
énormément, on peut comprendre. Et donc, à chaque année, on attend au mois de
novembre, au mois de décembre pour avoir finalement une réponse que, ah! oui,
peut-être, cette année, on va pouvoir payer ce qui est passé de l'année puis ce
qui s'en vient.
Donc, aujourd'hui, on vient dire que...
dénoncer cette situation absurde et évidemment parler de notre exaspération de
cette situation-là. Depuis dix ans, on se bat pour notre survie. On se bat pour
notre survie puis, pendant qu'on se bat pour notre survie, bien, on n'est pas
en train de faire notre mission d'éducation populaire. On est des dizaines de
personnes dans les centres qui travaillons et travaillons à mobiliser des gens
pour ne pas qu'on meure. C'est complètement absurde. La situation est d'autant
plus absurde que le centre de services scolaire, donc autrefois la commission
scolaire, maintenant c'est une bibitte qui découle directement du ministère de
l'Éducation. Donc, pour bien faire comprendre la situation, imaginez que
maintenant, le ministère de l'Éducation, via le centre de services scolaire,
nous demande à nous de payer pour des bâtiments qui lui appartiennent. On est
dans la maison des fous d'Astérix et Obélix, il n'y a pas à dire.
Depuis son élection... depuis l'élection
de la CAQ, donc depuis l'élection du ministre de l'Éducation Roberge, donc
depuis trois ans et demi, on a tenté — on l'a mentionné tout à
l'heure, là — des dizaines et des dizaines et des dizaines de fois de
le joindre. On a demandé à le rencontrer. C'est toujours resté lettre morte. On
est resté dans le brouillard depuis ce temps-là. Aujourd'hui, bien, depuis une
semaine, il nous a finalement dit, quand on s'est annoncés pour venir à Québec,
il nous a dit qu'il allait nous rencontrer. Donc, il va nous rencontrer
aujourd'hui, puis on s'attend à avoir des réponses à nos préoccupations.
Nos préoccupations sont les suivantes. On
a 4 revendications, je vais vous les dire rapidement. La première
revendication, c'est celle dont on parle depuis tout à l'heure. C'est qu'à
partir du 1er juillet qui s'en vient, on a un loyer à payer, puis ce
loyer-là s'ajoute aux frais d'opération qui sont déjà très instables, et on
demande donc un financement pérenne pour ça. Le ministère reconnaît notre
mission. Il reconnaît qu'on fait de l'éducation, mais on n'est pas financés.
Dans notre financement… on n'a jamais été financés, en fait, pour du loyer puis
des frais d'opération. Donc, première revendication, avoir du financement
pérenne pour ça.
Notre deuxième revendication, il en a été
question tout à l'heure, on demande de l'argent qui soit débloqué pour rénover
nos centres. Les six centres ont besoin d'amour. On veut rester dans nos
locaux, en particulier le PEC, le pavillon d'éducation communautaire
d'Hochelaga, qui a eu... Il y a eu 16 millions qui ont été débloqués il y
a quelques années pour rénover nos centres. Certains d'entre nous l'ont été. Il
y a encore besoin d'amour, comme je viens de le dire, mais le PEC a eu zéro
argent de cette cagnotte-là. Et on demande donc d'avoir de l'argent pour...
l'argent nécessaire pour rester dans nos locaux.
La troisième revendication, c'est qu'il y
a quatre centres d'éducation populaire à Montréal qui ont été, il y a quelques
années, à travers toute cette saga-là de dix ans, en fait, mis dans le PACTE,
qui est le programme de financement du ministère de l'Éducation, et qui se sont
fait, par le fait même, imposer une mission d'alphabétisation qui n'est pas la
leur. La politique de reconnaissance de l'action communautaire du Québec, qui
est une politique du gouvernement provincial, dit que les groupes peuvent
choisir leur mission, choisir leurs activités et choisir les services qu'ils
veulent donner. Et là, on se retrouve avec un gouvernement qui va à l'encontre
de sa propre politique en imposant une mission à quatre des six centres
d'éducation populaire. On demande à ce que cette autonomie-là soit rétablie.
Et finalement il y a deux groupes, sur les
six centres, qui est dans la même manoeuvre de rapatrier les quatre
centres. En fait, les quatre centres ont été financés avec 100 % de ce
qu'ils avaient demandé. Il y a deux centres qui ont été financés à 33 % de
ce qu'ils avaient demandé pour des considérations que je pourrai vous expliquer
plus tard. On considère que c'est une injustice. Les six centres
considèrent que c'est une injustice. Donc, notre quatrième revendication, c'est
que ces deux centres-là soient financés pour rétablir l'injustice qui a été
commise il y a quelques années.
Aujourd'hui, on vient remettre au ministre
de l'Éducation, Jean-François Roberge, plus que 5 000 signatures.
Donc, on a fait des lettres d'appui, des signatures de gens de nos communautés.
On est soutenus par nos communautés qui sont quatre quartiers, là, de Montréal,
où la gentrification suit son cours. On est des maisons de quartier. Tout le
monde peut venir dans les centres sans égard à son revenu, sans égard à aucun
critère d'appartenance sociale. Et donc, nos communautés nous soutiennent et la
preuve, aujourd'hui, c'est qu'on vient porter ces signatures-là. On va se
battre jusqu'au bout, puis on va voir cet après-midi, là, ce que le ministre
Roberge va nous dire, mais on s'attend à des réponses. Ça fait trois et demi,
il est au courant de notre dossier. Donc, évidemment, on ne va pas repartir ici
en attente, là, de quelque chose davantage. On va se battre jusqu'au bout. Puis
maintenant, bien, je vous invite à entendre les témoignages des différents
participants, participantes. On va commencer par Guy. Merci beaucoup.
M. Plante (Guy) : Bonjour.
Bonjour, je m'appelle Guy Plante. Je m'appelle Guy Plante et je fréquente
depuis plus de 20 ans mon centre d'éducation populaire, le Comité social
Centre-sud. Depuis 20 ans, j'ai participé à des ateliers de philo, des
ateliers d'art, des ateliers d'écriture, mais surtout, mon centre d'éducation
populaire, le Comité social Centre-sud, m'a souvent permis de sortir de la
solitude et du froid. Par exemple, quand je sortais du dortoir de la mission
pour itinérants où j'étais hébergé à 7 heures le matin, j'avais un endroit
où j'étais accueilli avec chaleur par des personnes qui manifestaient de l'empathie,
qui m'appellent par mon nom et qui me sourient. C'est aussi pour moi l'occasion
de manger des repas santé et de les partager avec d'autres personnes comme moi,
exclues du marché du travail. Merci.
M. Duchesne (Michel) : Bonjour,
mon nom est Michel Duchesne, j'ai 67 ans. Pour vivre, j'ai ma pension de
vieillesse, mon revenu bonifié et mes rentes du Québec. Ça me permet de
survivre. Les ateliers... moi, je suis des… populaire du Plateau, les ateliers
où je vais là-bas me font vivre, me font renaître. C'est très important pour
moi et pour beaucoup, beaucoup de gens qui sont dans ma situation. Avant,
j'étais toujours tout seul dans mon logement. Maintenant, je vois des gens, on
me montre des choses et ma vie est devenue très intéressante. Avant de monter
notre loyer au mois de juillet, pensez-y à deux fois, s'il vous plaît. Merci.
M. Gendron (Daniel) : Bonjour,
mon nom est M. Daniel Gendron, je viens du CEDA, alphabétisation. Je ne
sais pas lire et écrire. En premier de tout, j'étais seul à la maison avec...
tu sais, pas beaucoup, à cause je ne savais pas lire et écrire. La dernière...
j'ai fait beaucoup de demandes. Les compagnies, ils ont dit : Ah, tu ne
sais pas lire, tu ne sais pas écrire, on ne peut pas te prendre. Là, j'étais
tout découragé. Là, j'ai trouvé une place au CEDA, apprendre à lire et écrire.
À cette heure, bien content. On est une vraie.... une équipe pareille comme on
a... pareille, mais nous autres. Après, on est bien content. On a une équipe, à
cette heure, on a une équipe gagnante. On fait tout, à cette heure, bien
content à cause de la bâtisse. Et ils décident la fermer. Là, on va... le monde
va retourner encore à ne rien faire, ne rien faire. C'est ça. Merci.
Mme Noel (Fannie) : Bonjour,
je m'appelle Fannie Noel, seule salariée à l'Association pour la défense des
droits sociaux du Montréal métropolitain. On est l'un des huit locataires du Pavillon
d'éducation communautaire d'Hochelaga-Maisonneuve. On compte plus de
60 membres et nous aidons plus d'une centaine de gens par année. Et on
n'est pas les seuls. Donc, juste dans notre bâtiment, on aide des milliers de
personnes. Et si le PEC, comme on l'appelle familièrement, doit fermer, nous
aussi on doit fermer comme tous les autres organismes. Donc, ne nous laissez
pas tous seuls et aidez-nous. Merci.
M. Garcia (Raul) : Raul
Garcia, militant et membre du Centre d'éducation populaire à Saint-Michel,
hein. Je suis prêtre. Et comme curé, j'ai participé dans plusieurs luttes à la
Petite-Bourgogne, à Saint-Henri, Pointe-Saint-Charles, pour que nos centres
d'éducation populaire soient un lieu de service, un lieu d'accueil, un lieu
d'espérance, surtout pour nos frères et soeurs démunis dans nos quartiers. Et
on demande au gouvernement, s'il vous plaît, de bien nous écouter, de
collaborer avec nous en partenariat pour que nos centres d'éducation populaire
soient des lieux où, surtout à Saint-Michel où je suis témoin, je travaille et
j'habite, il y a beaucoup de gens qui viennent surtout des différents pays du
monde : Haïti, hein, monde arabe, latino-américain. Ils sont pauvres. Et
si on ne soutient pas ce lieu, ce centre