(Treize heures trente-deux minutes)
Le Modérateur
:
Bonjour, mesdames et messieurs. Donc, on va débuter par une allocution de M. le
chef de l'opposition officielle, Pierre Karl Péladeau, et ensuite le leader
parlementaire de l'opposition, M. Stéphane Bédard. M. Péladeau.
M. Péladeau : Bonjour, mesdames
et messieurs. Bonjour à tous et à toutes. Ce fut une session parlementaire
extrêmement chargée et, je dois dire, compte tenu des événements et des
circonstances, d'une intensité unique et singulière. Cette étape qui se
termine, j'en suis particulièrement fier, comme je suis extrêmement fier de
cette grande formation politique qu'est le Parti québécois. La course avait son
rythme spécifique, soutenu, comme maintenant la vie parlementaire, additionnée
d'élections partielles, a, elle aussi, sa dynamique propre. Maîtriser ces
nouveaux univers n'était pas un défi facile, mais nous étions ambitieux.
Modestement, je crois que nos résultats sont à la hauteur de nos ambitions pour
le Québec et des objectifs que nous nous étions fixés.
Devenir chef de l'opposition et chef de ce
grand parti fondé par René Lévesque, c'est un privilège qui impose des
responsabilités et également des renoncements, mais c'est aussi une occasion unique
d'observer la vitalité de notre démocratie et le courage quotidien de nos
citoyens et de nos citoyennes. Le contact avec les citoyens, c'est ce qui nous
inspire, qui nous donne un sens à notre engagement et qui nous motive à offrir
une opposition responsable, constructive et efficace.
Au cours de la session, cette efficacité,
on la doit énormément au travail admirable de mon collègue Stéphane Bédard. Il
a mené l'équipe parlementaire avec expérience, avec sagesse et avec passion, la
passion que nous lui connaissons tous. Stéphane nous présentera, dans quelques
instants, les réalisations du Parti québécois au cours de la session.
À sa façon, lui aussi a vécu, je crois,
cet instant d'humilité où nous réalisons soudainement le poids des espoirs de beaucoup
de nos concitoyens et de nos concitoyennes. J'ai vécu ce moment à plusieurs
reprises au cours des dernières semaines, mais probablement avec une rare
intensité, après avoir rendu hommage au premier ministre Jacques Parizeau, notamment
à la Caisse de dépôt et de placement du Québec samedi dernier. J'étais
accompagné, comme vous le savez, de mon fils Thomas. C'est un moment que nous
nous souviendrons toujours.
Je tiens aussi à remercier les officiers
et les collègues du caucus, la formidable équipe de députés qui m'entoure et
l'ensemble du personnel politique qui travaille à l'Assemblée nationale ainsi
que dans nos circonscriptions. Ce sont eux et elles qui donnent vie à ce
contact si précieux que nous cultivons avec les Québécois et les Québécoises.
Au cours de cette session, en parallèle à
la course à la chefferie, nous avons vécu trois élections partielles. Je tiens
à féliciter de nouveau notre collègue, Sylvain Rochon, pour sa victoire dans
Richelieu et à souligner tout le travail d'équipe de tous mes collègues qui
l'ont accompagné avec un volontarisme indéniable.
Dans les circonscriptions de Chauveau et
de Jean-Talon, le résultat a été différent, mais Sébastien Couture et Clément
Laberge ont mené des campagnes inspirantes. Et, là encore, notre équipe a fait
preuve d'un accompagnement sans faille. Le Parti québécois est la seule
formation politique à avoir progressé dans ces deux circonscriptions du Québec,
et, croyez-moi, ce n'est qu'un début. Nous avons démontré que nous serons de
toutes les batailles et nous allons poursuivre le travail. Les citoyens de la
Capitale-Nationale, comme tous ceux et celles de toutes les régions du Québec,
peuvent compter sur nous.
Le rôle de l'opposition officielle est
important. Nous avons choisi, comme formation, d'être à la fois constructifs et
efficaces tout en ayant en tête les intérêts et les valeurs des Québécois et
des Québécoises. Le plus récent exemple est survenu ce matin, suite à la
proposition de Maka Kotto, de Carole Poirier et d'Agnès Maltais. Le gouvernement
a accepté de faire de M. Raif Badawi un citoyen du Québec. Nous nous en
réjouissons tout en espérant que le gouvernement fédéral intervienne rapidement
au plus haut niveau afin que M. Badawi puisse rejoindre sa famille, ses
enfants, en Estrie, ici, au Québec.
Plusieurs fois durant la session, nous
avons tendu la main au gouvernement et offert notre collaboration. Nous avons
proposé la création d'un observateur sur l'intégrisme qui nous permettrait
d'agir efficacement en prévention sur les causes et les raisons menant à la
radicalisation de nos jeunes. Nous avons proposé au premier ministre de réunir
l'ensemble des partenaires socioéconomiques sur l'économie et sur l'emploi. Je
tiens aujourd'hui à réitérer de nouveau cette invitation au premier ministre
Philippe Couillard. Nous demeurons persuadés de la nécessité d'entendre, de
consulter et de réunir l'ensemble des forces vives du Québec pour se doter
d'une politique ambitieuse qui fait actuellement, malheureusement, défaut au gouvernement.
Je rappelle que cette proposition a reçu un accueil favorable autant de la part
des milieux syndicaux que des milieux patronaux. Il est impératif de doter le Québec
d'une véritable vision de son développement économique, une vision à la hauteur
de notre potentiel, qui fait une grande place à l'innovation, à la recherche
d'une plus grande prospérité et qui donne un sens à la mise en commun de notre
richesse collective. Nous ne sommes malheureusement pas en présence de ce
souffle essentiel actuellement. Il fait défaut. Il faut impérativement
retrouver cette direction, et j'appelle le premier ministre à un effort
renouvelé de lucidité.
Depuis l'élection du 15 mai, nous avons
questionné le gouvernement sur les trois grands thèmes qui sont les préoccupations
des Québécois : l'économie, l'éducation et la santé. Cet exercice atteint
fort malheureusement trop souvent ses limites, et les réponses que nous
obtenons sont souvent décevantes, très décevantes. Malgré tout, il y a aussi
des opportunités à saisir et des moments de vérité. Je suis particulièrement
satisfait d'avoir pu mettre en évidence les dilemmes dans lesquels les choix du
gouvernement placent les citoyens et les familles. Nous avons démontré que le premier
ministre faisait fausse route à maintes reprises et nous l'avons obligé de
reculer dans bien des cas. Nous avons réussi à faire annuler la hausse des
tarifs pour les personnes aînées en CHSLD ainsi que ceux qui fréquentent les
centres de jour. Le gouvernement a également reculé sur la hausse des tarifs
pour le transport adapté. Nos questions ont aussi poussé le gouvernement à agir
sur la protection de notre langue afin de corriger les brèches faites à la loi
101 à la suite d'un jugement permettant l'affichage commercial en anglais. Également,
nous avons questionné la vision d'un système de santé encore trop centré sur
les médecins et qui ne reconnaît pas à sa juste valeur l'apport et le soutien
de tous ceux et celles qui oeuvrent dans ces professions, de nos professionnels
de la santé, notamment les infirmières et les infirmiers.
En éducation, nous avons illustré
concrètement les impacts de l'austérité du gouvernement sur les services
offerts aux enfants et à nos étudiants. Je pense à cette mère de famille qui se
trouvait placée dans un dilemme horrible, d'avoir à choisir lequel de ses
jumeaux, atteints tous deux de troubles d'apprentissage sévères, irait dans une
école spécialisée. Alors, j'ai le grand bonheur de vous confirmer qu'à la suite
de nos interventions Loïc et Logan pourront tous les deux avoir accès aux
services auxquels ils ont droit. J'ai, il y a quelques minutes, parlé avec Mme
Hallahan Pilot et je peux vous dire que c'est un moment très émouvant lorsque,
comme député et membre de la représentation nationale, vous posez des gestes et
des actions qui puissent trouver des solutions à des circonstances aussi
poignantes.
Les meilleures réponses que nous pouvons
obtenir, c'est souvent celles d'avoir fait une différence comme celle-là, mais
aussi, plus généralement, de mettre en évidence des enjeux collectifs. Nous ne
comprenons pas comment un gouvernement peut construire l'avenir du Québec en
sabrant dans l'éducation. Plus la politique s'éloignera de cette approche, plus
long sera notre chemin pour lutter efficacement contre le cynisme. Ce gouvernement
ne doit pas placer les familles, les travailleurs, les aînés, les jeunes et
notre nation devant des choix impossibles. À nous de mettre tout ceci en
évidence le plus efficacement possible.
Durant la session, nous avons amorcé un
travail prometteur. Les résultats sont encourageants et nous indiquent que nous
sommes dans la bonne direction. Nous construisons sur des bases solides, avec
une équipe de députés dévoués et compétents ainsi qu'avec des militants
enthousiastes. Nous construisons avec l'objectif de travailler au mieux-être de
tous les citoyens et les citoyennes du Québec.
Vous savez que j'ai exprimé aussi des
attentions particulières concernant les nations autochtones. Hier, tous les
députés ont voté en faveur de la motion que j'ai déposée, reconnaissant le
génocide culturel dont ont été victimes les autochtones. Ce geste s'inscrit
dans le respect d'un dialogue de nation à nation, dans notre devoir de mémoire
et dans la compassion que nous devons manifester envers les victimes. Ce sens
de l'État, il est encore plus nécessaire que jamais.
Comptez sur nous pour continuer notre
travail afin que l'austérité cède le pas à l'ambition, à la réussite et à
l'espoir. Je vous souhaite, à tous et à toutes, un bel été sous le signe de
l'engagement et de la solidarité, deux ingrédients essentiels pour une vie bien
réussie. Merci beaucoup.
M.
Bédard
:
Alors, je serai bref. J'aurais beaucoup de choses à dire, ce fut une session, effectivement,
mouvementée. Si, à l'automne, nous avions le défi de représenter l'opposition
officielle et de bien assumer cette fonction que nous avait confiée la population,
vous comprendrez que la session actuelle a été plutôt sous le signe de faire en
sorte que le Parti québécois soit la seule alternative crédible au gouvernement
actuel, et nous y sommes arrivés. C'était une étape importante pour nous, celle
qui amène d'ailleurs à se préparer pour le futur.
Et comment on l'a réussi? Tout simplement
en présentant des projets de loi qui sont collés à la réalité des gens et qui, en
même temps, qui répondent à des besoins. J'en prends pour preuve le projet de
loi sur les primes de départ présenté par mon collègue Stéphane Bergeron;
l'observateur de l'intégrisme qui aurait dû être, j'en suis convaincu, choisi
par le gouvernement comme outil pour lutter contre l'intégrisme et mieux
comprendre ces phénomènes; le directeur parlementaire du budget par Nicolas
Marceau; le projet zéro émission par Martine Ouellet, projet simple et porteur
pour le Québec, qui aurait pu faire de nous des leaders; la Loi modifiant la
Loi sur la qualité de l'environnement afin d'affirmer la primauté de la
compétence du Québec en cette matière avec Sylvain Gaudreault, ça serait bien pertinent
dans le contexte actuel; et aujourd'hui nous avons adopté la Journée Nelson
Mandela, une belle journée, et c'est important. C'est Maka qui a présenté ce
projet de loi qui a été adopté à l'unanimité et qui consacre évidemment un
héros de notre siècle et un héros de l'humanité bien ancré ici, au Québec, dans
ses valeurs.
Dans les mandats d'initiative, nous avons
ce mandat fondamental sur les conditions de vie sur les femmes autochtones, en
lien avec les agressions sexuelles et la violence conjugale, de Carole Poirier;
le mandat d'initiative sur les conditions de vie des adultes hébergés en
CHSLD — excusez-moi — c'est notre collègue Sylvain Rochon,
notre nouveau député, qui a rapidement fait sa marque; le mandat d'initiative
portant sur les études des mécanismes entourant la revente des permis octroyant
des places en garderie privée de Mathieu Traversy. Et le mandat d'initiative
sur l'évasion fiscale et les paradis fiscaux de Nicolas Marceau, c'est une
question qui a, par la suite, abouti à un mandat d'initiative.
Nous avons évidemment plusieurs actions
qui ont été portées par le chef ou par d'autres collègues, mais le cas de M.
Badawi, Raif Badawi, aujourd'hui, est exceptionnel, et j'en suis fier. Encore
là, on voit à travers des questions… et, en montrant la main, on est capable de
faire exemple.
Et évidemment cette motion sur le génocide
culturel était un grand moment de l'Assemblée nationale. Je pense que...
J'espère que ça va inspirer tous les autres parlements à travers le monde, mais
sûrement le Parlement canadien et les autres provinces.
Évidemment il y a eu beaucoup de travail
qui a été fait par notre collègue Diane Lamarre, entre autres sur la
fécondation in vitro, où il y a des reculs pour faire en sorte que les femmes
soient respectées. Souhaitons que ces reculs aboutissent à... que le
gouvernement recule dans l'ensemble de cette politique qui retire des
privilèges acquis par les femmes du Québec.
Donc, nous avons accompli un mandat
important. Nous l'avons fait tout en ayant à côté de nous des équipes. Je
regarde la CAQ principalement qui a eu une session plutôt difficile, qui a
misé, on le sait, tout sur Chauveau, et qui a perdu, et qui, je pense, s'est
retrouvée face à face avec ce qu'il fait depuis des mois : véhiculer
l'image négative du Québec. Et je pense que ça n'a pas payé, et ce n'est pas ce
qu'est le Québec. Ce n'est pas rien que le 57e État en Amérique.
Quant à QS, ce que je regarde de Québec
solidaire actuellement, des députés, c'est le manque d'appui quant à la lutte à
l'austérité. J'aurais aimé les avoir plus souvent côte à côte. J'aurais aimé
qu'ils soient aussi côte à côte dans l'équité salariale, ça aurait été important
pour nous, et, plus généralement, dans cet effort qu'on fait pour s'assurer que
les femmes jouissent d'une réelle égalité au Québec, entre autres à travers la
reconnaissance, vous le savez, de la laïcité, de cette égalité dans les
accommodements.
Quant au Parti libéral, on est face, je
vous avouerais, à une équipe faible. On le constate tous. Tout est centralisé,
et ce n'est pas par hasard, j'imagine. C'est des gens qui ont décidé d'agir
avec beaucoup d'arrogance, malheureusement, et cette équipe faible, bien, vous
avez des exemples. Mme Vallée, je pense, à la Justice, incarne assez bien cette
faiblesse; M. Heurtel, qui ne sort pas beaucoup de son bureau; M. Daoust, qui
n'a plus la confiance du premier ministre, à l'évidence, il suffit de voir les
attitudes. Et je pourrais en nommer d'autres : Mme Charbonneau, même M.
Poëti qui a peut-être changé d'attitude, mais quant à la, je vous dirais, à l'à-propos
de ses jugements et des actes qui sont posés, ce n'est pas à la hauteur. Donc,
ce qu'on souhaite, évidemment, c'est un remaniement, c'est clair.
On pourrait parler de l'Éducation, comment
le ministre est détaché de la réalité concrète des gens, mais le premier
ministre, il doit se resaisir. La meilleure façon, c'est de remanier ses
troupes et de donner des responsabilités avec le mandat clair, celui de
reprendre contact avec la réalité des gens. On a posé beaucoup de questions sur
des cas concrets, des individus, des familles qui vivent des réalités pas
évidentes, entre autres pour les enfants en troubles d'apprentissage, les
familles autistes. J'ai des témoignages à tous les jours, et on ne sent pas ce
contact avec la réalité.
Cette faiblesse, on la sent aussi, je vous
avouerais, dans la politique du gouvernement. On a abandonné l'électrification
des transports, la souveraineté alimentaire, et là je pourrais en nommer
d'autres. On a abandonné, par exemple, le projet de faire du Québec une nation
les plus en forme, et là on se retrouve devant rien, et on le sent
actuellement.
En terminant, bien, ce qu'on constate, il
y a des gagnants et des perdants dans cette session-ci. On parle beaucoup au
niveau électoral, mais ce que je constate, dans les gagnants, on voit beaucoup
les médecins, qui ont gagné en partie, et Lucienne Robillard, mais, dans les
perdants, la liste est beaucoup plus longue : les familles, les familles
avec les enfants en troubles d'apprentissage, les aînés, les gens des régions,
les femmes — les reculs — les infirmières. Donc, ce que
nous souhaitons pour la prochaine session, c'est qu'on soit capable de faire en
sorte que ces gens soient dans la bonne colonne, ceux des gagnants, et que les
autres, bien, peut-être, se retrouvent un peu dans l'autre rangée, celle des
perdants, pour s'assurer qu'on a un Québec, effectivement, plus fort, mais plus
équitable.
Et nous continuerons, évidemment, à parler
d'indépendance, qui a été au coeur de nos débats. On a fait une interpellation.
Quand je vois le premier ministre nous parler d'indépendance aujourd'hui, dans
une question sur l'éducation, alors qu'il a refusé de venir faire
l'interpellation pour défendre son point de vue, il manque, à ce moment-là, à
ses obligations nationales dans ce débat, mais aussi dans la défense des
intérêts du Québec face à Ottawa. Dans le domaine des transports, dans le
domaine, on a vu encore, du CN aujourd'hui, le Québec est malheureusement trop
souvent locataire sur son propre territoire.
Merci. Très fier de la session. Merci à
mes collègues, une équipe formidable. J'ai eu cette chance de travailler avec
eux et je vais continuer à le faire, mais quel bonheur de travailler avec des
gens si compétents. Merci.
Le Modérateur
: Alors,
merci, M. Péladeau. Merci, M. Bédard. On va débuter la période de questions en
français. Donc, merci d'avoir une question et une sous-question. On va débuter
par le micro de droite, M. Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain)
:
M. le chef de l'opposition, mesdames messieurs, Fred Pellerin dirait :
Vous êtes un député neuf. Quelle note vous vous donnez comme chef de
l'opposition?
M. Péladeau : Oh! c'est la
question de Guy A. Lepage, ça? Écoutez, ce que je souhaiterais réitérer, c'est
que tous mes collègues de l'Assemblée nationale, de l'aile parlementaire du Parti
québécois, nous avons fait un travail exceptionnel. Je suis particulièrement
fier de la liste des éléments qui nous ont permis de faire reculer le
gouvernement.
Là où je pense… j'aurais souhaité avoir un
meilleur résultat ainsi… et j'en suis convaincu, mes collègues, c'est au niveau
de l'éducation. Autant il y a des gestes et des actions qui ont été amenés et
posés dans d'autres secteurs, autant en éducation nous faisons face encore une
fois à un gouvernement qui… Et c'est d'autant plus problématique… J'ai de la
difficulté à bien comprendre parce que, lorsque vous avez autant reçu, vous
devriez être en mesure de donner tout autant. Tu sais, vous connaissez cette
formule, redonner au suivant. Alors que la grande majorité, pour ne pas dire la
totalité des membres du conseil des ministres, ont eu ce bénéfice d'être
éduqués ici, au Québec en grande partie, bien, devraient être attentifs d'en
redonner tout autant. Et c'est le pire des investissements qu'une collectivité
peut faire que de sabrer dans l'éducation.
Alors, si j'avais une note à me donner,
c'est peut-être le peu de résultat qui nous a permis de faire réaliser au
gouvernement… Mais sachez, par ailleurs, que nous allons continuer à travailler
très fort sur ce chantier d'avenir, sur ce chantier de toute nation qui se
respecte.
M. Laforest (Alain)
:
Votre leader parlementaire a parlé d'image négative de M. Legault, là, qui
véhicule sur le Québec… entre autres, 57e État. M. Couillard dit la même chose
de vous concernant la souveraineté au niveau international en disant que vous
faites fuir les investissements au Québec. Est-ce que le spectre du référendum…
parce que vous dites que c'est un instrument comme les autres, vous voulez
faire du Québec un pays, ça ne risque pas de vous nuire durant les trois prochaines
années ou, un jour, vous serez clair?
M. Péladeau : Durant les trois
prochaines années, j'ai eu et nous avons eu l'occasion de le répéter à
plusieurs reprises, nous allons travailler, avec le bénéfice de l'institut sur
l'indépendance, les bienfaits et les bénéfices de ce que, lorsque le Québec
sera un pays, nous pourrons procurer à nos citoyens et nos citoyennes. Et
sachez… soyez, pardon, assurés qu'en 2018, lorsque les prochaines élections
générales auront lieu, nous serons prêts sur la totalité des thèmes qui sont
chers aux Québécois.
Le Modérateur
: Merci.
Mme Dufresne, Radio-Canada.
Mme Dufresne (Julie)
:
M. Péladeau, messieurs dames. Un peu dans cet esprit, à quel point est-ce que
la réunion des forces souverainistes sera votre priorité, dès la prochaine
session, en fait?
M. Péladeau : Écoutez, ça a
toujours été, je pense, pour le Parti québécois, une priorité de faire en sorte
que nous regroupions nos forces souverainistes. Alors, c'est vrai que je l'ai
mentionné, les circonstances récentes ont fait en sorte qu'il y ait une
convergence, et j'entends bien travailler sur cette convergence pour réunir
ceux et celles qui croient que le Québec va s'enrichir lorsqu'il sera un pays.
Je pense que les circonstances sont de plus en plus favorables et j'ai bien
hâte, justement, de m'engager au terme de cette session parlementaire et également
aussi de cette course… et il ne faut pas se le cacher, elle a été extrêmement
exigeante. Mais dès maintenant, justement, je vais consacrer mon temps à faire
en sorte que ces forces souverainistes, ces forces indépendantistes travaillent
dans la réalisation de cet objectif ultime de faire du Québec un pays.
Mme Dufresne (Julie)
:
Maintenant, vous avez passé quelques semaines comme chef de l'opposition
officielle. Quelle est l'ampleur des changements auxquels on peut s'attendre,
les changements auxquels vous pourriez procéder au cours de l'été dans votre
entourage et au sein du caucus?
M. Péladeau : Bien là, cette
session qui se termine, justement, va nous procurer les moments appropriés pour
y réfléchir, mais je tiens à réitérer ce que je disais un petit peu plus tôt,
nous avons une équipe exceptionnelle, une équipe dévouée et compétente, une
équipe également qui bénéficie d'une grande diversité, qui est en mesure de
pouvoir avoir un diapason complet sur les problématiques du Québec, et ça, je
pense que c'est un atout considérable pour notre formation politique.
Mme Dufresne (Julie)
:
Mais, au-delà de ça, est-ce que les gens pourraient changer de rôle? Pouvez-vous
nous donner un petit aperçu?
M. Péladeau : Je viens de vous
dire que cette session se termine, et nous aurons certainement l'occasion, donc,
d'en parler au moment de la reprise des travaux, en septembre.
Le Modérateur
:
M. Robillard, Presse canadienne.
M. Robillard (Alexandre)
:
M. Péladeau, bonjour. Le rassemblement des forces souverainistes, selon
vous, ça doit prendre quelle forme? Est-ce que ça doit uniquement passer par le
Parti québécois ou est-ce qu'il y a d'autres avenues qui sont possibles?
M. Péladeau : Historiquement,
vous le savez, le Parti québécois a été le véhicule privilégié, je dirais même
le véhicule royal pour l'indépendance, mais je ne fais pas référence à la
royauté britannique, je fais référence à cette expression. Alors, il va le demeurer.
En même temps, ce n'est pas le seul et unique véhicule. Nous respectons les
hommes et les femmes qui peuvent avoir des perspectives différentes, mais,
chose certaine, j'en suis convaincu, sur l'indépendance du Québec, nous devons
nous rejoindre sur ce même objectif.
M. Robillard (Alexandre)
:
En octobre dernier, vous aviez déclaré que, si vous étiez élu chef, vous
mettriez sur pied une fiducie sans droit de regard puis que vous feriez aussi
une déclaration sur l'honneur que vous n'interviendriez pas dans vos salles de
presse. Donc, maintenant, ça fait un mois que vous êtes chef. Est-ce que vous
pouvez nous donner un peu une idée de l'échéancier que vous avez en tête pour
ces deux gestes-là? Concrètement, quand est-ce que ça va se produire?
M. Péladeau : J'ai eu
l'occasion, donc, de le mentionner, j'ai donné des instructions, dès le 15, à
mes procureurs pour que soit constitué cette fiducie ou ce mandat sans droit de
regard. J'ai également eu l'occasion de vous dire que, puisque l'entreprise
Québecor évolue dans le domaine des télécommunications et de la radiodiffusion,
deux compétences fédérales, donc ça exige l'autorisation et l'approbation au
niveau du transfert des licences, que ces procédures ont été entamées.
Malheureusement, je ne peux pas vous dire quelle va être la période de temps
requise et nécessaire pour que ces transferts soient effectués, mais la
démarche est bien entamée.
M. Robillard (Alexandre) : Puis
pour votre déclaration sur l'honneur…
M. Péladeau : J'aurai
l'occasion, alors, à ce moment-là, lorsque tout sera complété également, de
procéder dans la même veine.
M. Robillard (Alexandre)
:
Votre mariage célébré par M. Labeaume...
M. Péladeau : Le 15 août.
M. Robillard (Alexandre) : …est-ce
que vous pensez que le fait que M. Labeaume célèbre cette cérémonie-là, ça
pourrait avoir des retombées politiques? Est-ce que ça va changer l'image...
M. Péladeau : Bien là, vous
allez chercher un peu loin. Vous savez que le maire Régis Labeaume est le maire
de Québec. Nous allons nous marier à Québec, d'ailleurs juste en face de la
mairie.
M. Robillard (Alexandre)
:
Ce n'est pas banal que ce soit le maire qui célèbre...
M. Péladeau : C'est un très
bel endroit, c'est la chapelle du Musée de l'Amérique francophone. C'est un
endroit aussi qui, à quelque part, nous représente, Julie et moi, puisque nous
sommes très fiers de notre histoire, nous sommes très fiers de ceux et celles
qui nous ont précédés et qui nous ont permis d'être ce que nous sommes
aujourd'hui.
Le Modérateur
: M. Lavallée.
M. Lavallée (Hugo)
: On
parlait tout à l'heure du rassemblement des forces souverainistes.
M. Duceppe a dit, cette semaine, lorsqu'il a annoncé son retour en
politique, qu'il vous avait parlé et que vous l'aviez assuré de votre plus
grand soutien dans la prochaine élection fédérale.
Est-ce qu'il n'y a pas un risque, là, pour
le mouvement souverainiste et plus particulièrement pour le Parti québécois de
se coller à un parti, en l'occurrence le Bloc québécois, qui est dans une
position d'extrême faiblesse, que certains jugent même moribond? Est-ce que ça
n'aurait pas été mieux de prendre ces distances plutôt que d'assurer M. Duceppe
de votre plus entier soutien?
M. Péladeau : Écoutez, en ce
qui me concerne, il n'y a aucune faiblesse à accompagner, à travailler avec
ceux et celles qui défendent le même objectif que celui du Parti québécois, son
article 1, faire du Québec un pays. Alors, à cet égard, en ce qui me concerne,
moi, je vais travailler étroitement.
J'ai le privilège de connaître Gilles
Duceppe depuis quelques années. Je dois dire également qu'à plusieurs reprises
il m'a procuré conseils et réflexions et je pense que c'est cette amitié qui
l'a amené, par courtoisie, à m'informer des choix qu'il avait faits et de venir
à la maison samedi dernier pour m'en informer. Alors, je le remercie énormément,
et il peut compter sur mon concours.
M. Lavallée (Hugo)
: J'aimerais
aussi vous entendre sur votre relation avec les médias. On a senti une certaine
tension, là, dans les premiers mois que vous avez passés ici avec nous. Ça s'est
un peu résorbé par la suite, mais j'étais curieux d'aller...
M. Péladeau : J'en suis
heureux.
M. Lavallée (Hugo)
: ...j'étais
curieux d'aller au-delà de ça et de voir quelle conception vous aviez, justement,
des médias, en lien notamment avec votre position de chef de l'opposition. Est-ce
que, pour vous, les médias sont des acteurs partisans?
M. Péladeau : Non. Les médias
sont un rouage essentiel et fondamental de la démocratie. Vous connaissez cette
fameuse formule, donc le quatrième pouvoir. C'est la capacité et c'est aussi ce
que je considérais lorsque j'avais le privilège de diriger Québecor, donc un
lien, un pont, un véhicule pour informer la population.
Maintenant, certains sont-ils partisans? C'est
certain qu'il y a des éditoriaux dans les journaux, c'est la mission même de
l'éditorial d'être partisan. On va respecter la façon dont les médias
fonctionnent depuis des décennies, pour ne pas dire des siècles.
Le Modérateur
: Merci.
M. Boivin.
M. Lavallée (Hugo)
: …comme
des adversaires ou...
Le Modérateur
: M.
Boivin, Le Soleil.
M. Boivin (Simon)
:
Oui. Bonjour, tout le monde. Vous avez parlé un peu plus tôt, M. Péladeau, des
défis que recèle le monde politique. J'aurais aimé savoir, de votre côté, vous
qui venez du monde des affaires, quels ont été les éléments que vous avez eu le
plus de difficulté à apprivoiser dans le monde politique.
M. Péladeau : C'est une bonne
question, ça. Écoutez, je pense que, oui, et certains diront que ce sont deux univers
qui sont bien différents… J'aurais tendance à minimiser peut-être une formule
semblable parce que ce qui caractérise le succès, c'est, je pense, le
leadership, c'est la vision, l'anticipation que nous devons avoir sur l'avenir,
en l'occurrence, si vous êtes dans l'entreprise, donc de l'entreprise, et, si
vous êtes en politique, de la nation, et cette nécessité d'avoir toute
l'énergie et la détermination à exécuter cette vision.
Alors, c'est peut-être certains attributs
que j'ai eu le bénéfice de cultiver durant ma vie professionnelle antérieure et
ce sont certainement, le cas échéant, les attributs que j'entends bien utiliser
dans ma vie politique.
M. Boivin (Simon)
: Juste
que je comprenne bien, je m'excuse. Les éléments auxquels vous avez eu le plus
de difficulté à vous acclimater dans le monde politique, ce sont lesquels?
M. Péladeau : Bien, j'essaie
de mettre en valeur plutôt les éléments communs et je pense que cette vision et
cette exécution, nous le faisons tous ensemble. C'est certain qu'à quelque part
il y a… vous êtes tributaire aussi, dans la vie professionnelle, lorsque vous
êtes dans l'entreprise, à l'égard des parties prenantes que… et nous avons
tendance… ou que nous utilisons dorénavant comme formule, que ce soient les
créanciers, que ce soient les actionnaires, que ce soient les employés, que ce
soient les syndicats, mais vous avez aussi des parties prenantes dans le
domaine politique. Évidemment, vous avez vos collègues, vous avez les
militants, vous avez la population.
Donc, il faut rechercher le consensus parce
que c'est dans le consensus et dans cette capacité de convaincre ceux et celles
qui vous entourent que vous êtes certainement amené à avoir du succès dans les orientations
que vous voulez vous donner pour réussir vos objectifs.
M. Boivin (Simon)
: M.
Legault dit que vous vivez une lune de miel avec les Québécois. Avez-vous
l'impression de vivre une lune de miel avec les Québécois?
M.
Bédard
: Avec
sa blonde, sûrement.
M. Péladeau : Bien, écoutez,
moi, je ne peux pas me plaindre. Les choses vont bien. J'ai parlé des résultats
de nos dernières partielles, les choses s'améliorent. Je pense que nous sommes
très étroitement rassemblés, que nous partageons toutes et tous cet objectif,
et, comme je le mentionnais tout à l'heure, la convergence des forces
souverainistes et indépendantistes semble se faire. Je vais continuer à y
travailler et comptez sur moi pour que nous respections nos objectifs.
Le Modérateur
: Merci.
M. Croteau, LaPresse.
M. Croteau (Martin)
:
Bonjour, M. Péladeau. Dans la même veine que mon collègue, ça fait un mois que
vous êtes en poste comme chef de l'opposition, qu'est-ce que vous avez changé
et qu'est-ce que vous souhaitez changer pour un peu enlever votre chapeau
d'homme d'affaires et mettre celui d'aspirant premier ministre?
M. Péladeau : Bien, le chapeau
d'homme d'affaires, ça fait longtemps que je l'ai quitté, là. J'ose espérer,
encore une fois, garder les attributs qui m'ont permis d'avoir le succès
relatif dans ma vie professionnelle antérieure et qui sont, encore une fois,
des atouts importants dans la vie politique. Donc, je ne peux faire autrement
que de réitérer que les choses vont bien. Vont-elles toujours bien aller? Peut-être
que la politique… et c'est là aussi une des essences qui va faire en sorte que
ça soit moins rose, moins facile, plus difficile. Je m'attends aussi à ce que
des situations semblables se produisent, tout comme j'en ai vécu dans ma vie professionnelle
antérieure.
M. Croteau (Martin)
: Dans
votre introduction, vous avez parlé d'économie, d'emploi, d'éducation, de
santé. À quel point craignez-vous que le gouvernement, dont c'est votre travail
de critiquer tous les jours, à quel point craignez-vous que le gouvernement
l'ait eu plus facile à cause de l'épineuse question de vos avoirs?
M. Péladeau : Bien, nous
constatons, mais pas uniquement à l'égard de cette question, mais que le
gouvernement fait de la diversion en permanence. Nous posons des questions qui
nous apparaissent tout à fait légitimes, qui sont celles que les citoyens et
les citoyennes souhaiteraient poser au gouvernement. Nous le faisons parce que
nous sommes les dignes représentants des citoyens et des citoyennes. Alors, c'est
triste de constater qu'ils n'ont pas de réponse, et ils reviennent
systématiquement avec le même bavardage, excusez-moi l'expression, le même
baratinage, là. Encore ce matin, le premier ministre Couillard nous parlait de
l'impossible déficit de 7 milliards. Alors, il s'agit… Cette situation n'a
jamais existé. Les commentateurs, les économistes, les experts ont dit qu'elle
n'avait jamais existé, et le premier ministre Couillard continue à réitérer une
inexactitude, pour ne pas dire davantage, une fausseté.
M. Boivin (Simon)
: Juste
pour vous permettre de préciser, là, faire une petite précision, vous
considérez donc que la question de vos avoirs, qui a été souvent soulevée, est
une diversion?
M. Péladeau : Oui, comme tant
d'autres. Je pense que le rôle du gouvernement, et c'est ce que nous faisons au
Parti québécois, c'est d'être à l'écoute de nos citoyens, de ceux et celles que
nous représentons. Et je constate, malheureusement, que, de la part du
gouvernement Couillard, il y a une absence, pour ne pas dire un fossé qui est
en train de prendre encore davantage d'envergure entre la population et ceux
qui les dirigent. Je l'ai mentionné un petit peu plus tôt, ce n'est
certainement pas la voie à mettre en valeur pour combattre le cynisme.
Le Modérateur
: Merci.
M. Bélair-Cirino, Le Devoir.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Bonjour. Vous avez dit un peu plus tôt à mon collègue Simon Boivin que la
convergence des forces souverainistes se perd. Alors, de quelle façon? Puis
est-ce qu'elle est nécessaire avant le prochain rendez-vous électoral pour
vaincre sur le camp fédéraliste?
M. Péladeau : Oui, cette
convergence, ce rapprochement, cet accompagnement est nécessaire. Nous l'avons
dit, d'ailleurs, tous et toutes durant la course avec mes collègues. Et, tous
et toutes, nous étions tous d'avis que nous allions travailler sur ce chantier,
et, puisque la course est terminée, que les militants et militantes du Parti
québécois ont fait leur choix, maintenant, c'est l'heure du rassemblement qui
est sonnée et faire en sorte, justement, que nous partagions et que nous
travaillions dans la même perspective de ce rassemblement.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Concernant le projet de loi n° 62 sur la neutralité religieuse de l'État,
est-il possible d'ajouter une disposition au projet de loi afin d'interdire le
port du tchador aux employés de l'État tout en ayant la certitude que ce projet
de loi là passe le test des tribunaux, dans le fond, que le gouvernement n'ait
pas à recourir à la clause «nonobstant», ce qu'il se refuse de faire?
M. Péladeau : Écoutez, ce sont
des questions extrêmement importantes, extrêmement délicates et qui requièrent aussi
des analyses approfondies. Vous savez que ma collègue Agnès Maltais s'est
exprimée là-dessus. Certainement, le projet vient d'être déposé, nous aurons
l'occasion de l'analyser, de faire justement appel à des experts pour que notre
jugement soit encore davantage éclairé et, durant la session parlementaire
d'automne, nous aurons certainement l'occasion de revenir amplement avec les
tenants et aboutissants, avec les détails qui sont requis pour faire notre
travail parlementaire le plus efficacement possible et qui nous permettra… Nous
avons quand même, je pense, une bonne appréciation des opinions de la
population, mais il va y avoir certainement, durant cette session… cette saison
estivale, l'occasion de renforcer encore davantage auprès des citoyens, parce
que nous allons aller à leur rencontre, les éléments qui retiennent leur
attention et les déterminations qui sont les leurs.
Le Modérateur
: Merci.
M. Pépin, Radio-Canada.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais,
rapidement, quand l'institut de recherche appliquée sur l'indépendance va
ouvrir ses portes?
M. Péladeau : Le plus
rapidement possible. Je vais y travailler dès maintenant, j'y ai déjà
travaillé, mais là, certainement que j'aurai l'occasion d'y amener, d'y
apporter encore davantage d'attention. Merci.
Le Modérateur
: M.
Pépin, Radio-Canada.
M. Pépin (Michel)
:
Bonjour à tous. Bonjour, M. le chef de l'opposition officielle. M. Couillard a
exprimé le respect qu'il avait à votre égard ce matin en conférence de presse…
M. Péladeau : J'en suis
réjoui, j'en suis ravi.
M. Pépin (Michel)
:
…mais, en même temps, on entend le leader du gouvernement qui a tenu des propos,
qui ont été soulevés notamment par M. Bédard, qui étaient assez durs à votre
endroit, pour le moins. On a entendu M. Moreau, le travail de la Commission des
institutions…
Comment vous trouvez… Est-ce qu'il y a du
respect à votre égard par le gouvernement Couillard, à votre avis?
M. Péladeau : Bien, vous
connaissez cette stratégie de relations publiques, je pense qu'elle a été
adoptée par le Parti libéral et le gouvernement. Je pense que ça ne fait plus
aucun doute, c'est la stratégie du «bon cop, bad cop». Alors, tu sais, le
premier ministre a souhaité de l'élévation en ce qui concerne les débats à l'Assemblée
nationale, alors c'est ce qu'il tente de faire, mais honnêtement je pense que personne
n'est dupe et que, malgré le fait que ce soit le leader du gouvernement qui
adopte cette attitude de «bad cop», ça reflète également… ça reflète sur le
patron, parce que c'est lui le patron, le premier ministre du gouvernement, et peut-être
qu'on doit s'attendre à un remaniement en profondeur de ce gouvernement, bien
que peut-être que, sur le banc, il n'y a pas énormément de ressources pour
faire en sorte d'améliorer la perspective à laquelle auront droit les Québécois
et les Québécoises cet automne.
M. Pépin (Michel)
:
Plusieurs membres du gouvernement Couillard, donc, vous reprochent d'avoir un
certain contrôle sur le quatrième pouvoir que vous évoquiez et puisque vous
voulez être… vous êtes l'alternative, comme vous l'avez présenté, au gouvernement…
exercer le contrôle du premier et du deuxième pouvoir, est-ce que vous avez
l'impression que le gouvernement Couillard, avec ses attaques à votre égard, est-ce
que ce discours-là est en train de s'étioler, de s'éroder et de finalement peu
porter dans le public?
M. Péladeau : Moi, c'est mon
sentiment. Je peux me tromper. Mais, honnêtement, je ne crois pas que ça soit
une très bonne stratégie. C'est une stratégie beaucoup trop facile, mais, en
même temps, des fois, la politique donne ouverture à une trop grande facilité.
Ça sera aux citoyens et aux citoyennes d'en juger. Alors, le résultat des
courses, nous le verrons un jour ou l'autre.
Le Modérateur
:
Dernière question en français. Mme Lajoie.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Bonjour. Vous voulez faire la souveraineté pour faire du Québec un endroit plus
prospère. Vous provenez du milieu des affaires, M. Péladeau. Est-ce qu'au
lendemain d'un référendum gagnant, il y aurait des perturbations au Québec?
M. Péladeau : Nous allons
travailler à faire en sorte, avec l'institut, de bien mettre en valeur toutes
ces sources de richesses additionnelles. Nous allons faire l'analyse de la péréquation,
nous allons faire l'analyse des transferts fédéraux, nous allons faire
l'analyse, justement, de cette absence d'être propriétaires… Comme le
mentionnait Stéphane tout à l'heure, lorsque vous êtes locataire, je suis
désolé, j'ai rarement vu un locataire s'enrichir. Et, si les Québécois se sont
enrichis depuis les dernières décennies, c'est justement parce qu'ils ont pris
en main leur économie. On ne peut faire autrement que de rendre hommage, encore
une fois, à ce grand homme, ce grand serviteur de l'État, ce grand homme d'État
que fut Jacques Parizeau, mais il a été certainement la cheville ouvrière de
cette prise en main.
Alors, tout ce travail va s'effectuer dans
les années qui viennent, et nous aurons des réponses à toutes les questions que
les Québécois et les Québécoises se posent.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Vous aviez déjà dit que vous aviez quand même eu des moments difficiles au
début lorsque vous êtes entré en politique, vous trouviez ça un petit peu
difficile. Est-ce que vous trouvez que vous êtes un bon politicien?
M. Péladeau : Bien, ce n'est
pas à moi d'en juger, honnêtement, Mme Lajoie, c'est à la population. Je ne
commencerai pas à commenter ma situation personnelle. C'est toujours très
difficile de se prendre comme un objet.
Le Modérateur
: Merci.
On va aller en anglais. M. Harrold, CTV.
M. Harrold (Max) : Bonjour. Yes. You said in French that Québec «manque un certain souffle» when you were talking about the
economy. Maybe translate that as «energy» or «momentum». What is Québec missing in terms of the economy? What
is this government doing wrong or not doing in your opinion?
M. Péladeau : Well, you know, they've being focusing on cutting expenses,
reducing expenses. There is other things in life than, you know, only this line
of, I would say… I would call it, sorry about this, maybe I don't have the
right word, but kind of a balance sheet, you now. There is two things. You
should work revenues and you should work on expense, but there is an obsession regarding
the actual government. Only one line exists. Unfortunately, we've never seen
something very strong going, you know, to grow the economy. And my colleague
Stéphane was mentioning that, you know, looks like the… «le ministre de l'Économie» being pushed aside. And certainly, you know,
that's not the right message to send to the industry, to stakeholders of the
economy, and unfortunately, what we're seeing is certainly not going in the
right direction.
M. Harrold (Max) :
And your arrival on the scene here, as Opposition leader, as some would say
has — well, M. Legault says it — has polarized the
political debate, and we've gone back to the future in a way. Do you think that
your arrival and the renewed discussion about sovereignty has made the choice
more simple for Quebeckers?
M. Péladeau :
Well, you know what, I don't see nothing wrong in polarizing the situation
because there's no such thing like, you know… and that is the message that we will
build and we will be able to deliver, that being independent, being a country will
get us richer. And I'm sure that is what François Legault want to do, but
unfortunately, regarding the actual political landscape that we're in, and
we've being seeing it so many times, well, there's no room for us to grow our
capacity, to get richer. We just get those limits done. And because we will be
able to have all our attributes of what a country is all about, then therefore
we will be in a position to get the society richer.
M. Harrold
(Max) : Merci. Bon été.
Le Modérateur
: Merci.
Mme Plante, Global.
Mme Plante (Caroline)
: Mr. Péladeau, how long will you be able to keep your
shares in Québecor?
M. Péladeau :
I'm sorry?
Mme Plante (Caroline)
:
How long will you be able to keep your shares in Québecor?
M. Péladeau :
I intend to keep my shares in Québecor. I intend, you know, to put them in a
blind trust or a mandate, you know, and I mentioned that, you know, this
process is actually ongoing, and I will be able to let
people know when this process will be over.
Mme Plante (Caroline)
: What if you become Premier in 2018? What happens then? Will you
sell?
M. Péladeau : Nothing. The law is that, you know, either you're a prime minister, or premier, or you're a minister,
you're a member of the executive committee, you put your shares in a blind
trust.
Mme Plante (Caroline)
: And next Wednesday, the Liberal Government will most likely change Bill 101, force some companies to add a
description, a French description to their trademarks. Is that a wise decision?
M. Péladeau : Yes, it's a wise decision because I would say that companies or,
you know, managers in companies… and, as I said earlier this morning, you know
this formula, we say : In Rome, you do as a Roman, and therefore, if you
want to be very understanding regarding the market that you're servicing or
you're delivering, then therefore, you should be in the best position market wise
to deliver your goods and services in the language of the majority of the
population.
Le Modérateur
:
Merci. Dernière question, M. Authier, The Gazette.
M. Authier (Philip)
: Good afternoon. A few moments
ago, Mr. Couillard, regarding the chador, said he still finds it not
reprehensible. Everything he said about the chador, he still believes
personally, but there was no way to ban the chador without presenting a bill
that would be illegal. How would you propose to ban the chador? Yesterday, Mme Maltais was complaining that it was
still permissible. How would you do it and would you invoke the notwithstanding
clause of the constitution to override fundamental rights to ban such clothing?
M. Péladeau : Well, what I said earlier in French was, you know, that this bill
was just tabled, and, you know, I'm not sure that… and I would like to say
this, you know, Mr. Couillard, the Premier, can think whatever he wants
personally. When you're doing politics, it's not a matter of what you think and
what you believe personally, it's about being the best representative of the population. You're here to serve, you're not
here to deliver your own opinions. That's the way that we're seeing, you know,
the Parti québécois' mission and that's the way that,
you know, we will work. The words, the issue that you
just raised…
Again, I would say it's
just been recently tabled. You mention it also, because he said that he
considered that either it will be illegal or legal. I didn't know that the
Premier was a lawyer, or was an expert in law, or was a constitutional lawyer.
I think it's worth to make sure that, you know, we will be able and we will be
in a position to have the best experts being in a position to comment with the
proper knowledge.
M. Authier (Philip)
:But his experts say your previous Bill 60 was
completely illegal and would never have stood up in the courts.
M. Péladeau : Well, you know, he has his experts, and experts can say other
things. And therefore, regarding, you know, this actual situation and the result of the different
analyses, you will see what will be the next steps.
Le Modérateur
:
Merci beaucoup, mesdames et messieurs. Bonne fin de journée.
M. Péladeau : Merci beaucoup.
(Fin à 14 h 25)