(Onze heures quarante-huit minutes)
M. St-Arnaud
: Alors,
bonjour à tous, merci d’être là. Nous sommes heureux, mon collègue ministre
responsable de l’Administration gouvernementale et moi, de vous présenter le projet
de loi n° 61 visant le recouvrement de sommes payées injustement par les
organismes publics relativement à certains contrats dans l’industrie de la
construction. Avec ce projet de loi, nous voulons envoyer un message clair :
notre gouvernement prendra tous les moyens nécessaires afin de récupérer les
sommes payées en trop lors de l’octroi ou de l’exécution de contrats dans
l’industrie de la construction.
Le projet de
loi n° 61 vise essentiellement deux choses : premièrement, établir
des règles afin de faciliter le traitement de ce type de poursuite civile et,
deuxièmement, offrir aux entreprises désireuses de le faire une façon de
rembourser les sommes qu’elles auraient injustement perçues.
En quelques
mots, si je reprends les deux volets, donc, du projet de loi n° 61,
d’abord le premier volet vise à permettre au gouvernement du Québec
d’entreprendre, au nom des organismes publics, dont les municipalités, des
poursuites en dommages à la suite d’actes répréhensibles. En termes
d’efficacité, un tel tir groupé aura plus d’effet que des actions non
coordonnées dans plusieurs districts judiciaires contre les mêmes entreprises
pour des faits essentiellement similaires. Évidemment, le ministère de la
Justice, responsable des recours, travaillera en étroite collaboration avec les
organismes publics concernés. Nous croyons qu’une telle façon de faire
permettra une utilisation plus efficace des ressources collectives du
gouvernement et des organismes publics, une diminution des coûts, tout en
évitant d’utiliser à outrance les ressources judiciaires déjà très sollicitées.
Également, le
projet de loi propose des modifications pour allonger les délais de
prescription. Ainsi, le gouvernement pourrait réclamer les dommages causés
pendant une période de 15 ans précédant l’adoption du projet de loi, et
ce, dans les cinq ans suivant son entrée en vigueur.
Enfin, suivant
la démonstration d’une faute commise par une entreprise, le projet de loi
prévoit que le gouvernement pourrait se prévaloir d’une présomption de
dommages. Ainsi, ce serait à l’entreprise de démontrer le montant exact des
dommages causés, sans quoi elle serait condamnée minimalement aux dommages
établis selon la méthode de calcul qu’adoptera le gouvernement. Les organismes
publics seront remboursés en proportion de leurs pertes après déduction des
frais liés à la mise en œuvre du projet de loi. Ça, c’est le premier volet,
faciliter les recours civils.
Le deuxième
volet du projet de loi vise à établir le cadre législatif créant un programme
de remboursement offert aux entreprises. Ce programme offrira donc aux
entreprises désireuses de le faire la possibilité de rembourser les sommes dues
avant que le ministère de la Justice n’intente des recours, démontrant ainsi
leur bonne volonté. Ce programme, d’une durée limitée, sera administré par des
personnes neutres et indépendantes. Tout ce qui pourrait être dit ou écrit dans
le cadre de l’application du programme sera confidentiel.
Et, dans le
cadre de ce programme, le ministère de la Justice pourra parler d’une seule
voix au nom de tous les organismes publics, ce qui devrait faciliter la négociation
d’une entente au bénéfice de tous, et le résultat des ententes sera rendu
public. Comme pour les sommes provenant des recours civils, les organismes
publics seront remboursés en proportion de leurs pertes après déduction des
frais liés à la mise en oeuvre du projet de loi. Afin d’assurer à la fois la
mise en place de ces nouvelles dispositions facilitant les poursuites et du programme
de remboursement, un fonds spécial sera institué pour financer les recours et
disposer des sommes perçues.
En conclusion, l’ensemble des mesures
proposées aujourd’hui vise à récupérer le maximum d’argent possible le plus rapidement
possible et en encombrant le moins possible notre système judiciaire déjà
passablement sollicité. Avec ce projet de loi, nous venons compléter la législation
actuelle et accélérer le déploiement de mesures d’intégrité mises en place par
notre gouvernement. Et, à cet égard, je vais laisser mon collègue ministre
responsable de l’Administration gouvernementale, président du Conseil du
trésor, compléter le tout et vous en dire davantage sur cette question.
M.
Bédard
: Très
rapidement. Je pense que M. St-Arnaud a été très clair sur les buts et
objectifs du projet de loi actuel qui vise très clairement à simplifier la
procédure, à permettre au gouvernement, au-delà des déclarations puis de la
volonté réelle qui a été exprimée de récupérer les sommes, de pouvoir le faire
dans le cadre de procédures bien balisées. Donc, c’est une démarche qui est
structurée, qui va permettre au gouvernement d’avoir un rapport de force avec
ceux et celles qui ont fraudé ou utilisé des manœuvres frauduleuses ou
dolosives, là, contre l’État et à l’encontre de l’intérêt public. Donc, vous
voyez, notre but, ce n’est pas d’enterrer le problème ou d’oublier les fautes
du passé, c’est de s’inscrire dans une volonté populaire qui veut… les gens
veulent avoir justice, et le gouvernement veut avoir justice, tout simplement.
Donc, c’est avec fierté qu’on dépose ce
projet de loi aujourd’hui, parce qu’il s’inscrit dans la volonté affirmée du
gouvernement de rétablir un climat d’intégrité au Québec. Les bonnes affaires,
ça commence par un climat de probité, d’intégrité, et je peux vous dire qu’en
un an et quelques mois on a fait du chemin et on a même des résultats tangibles
en termes économiques avec le ministère des Transports, avec le ministère des
Finances, où les Québécois en ont déjà plus pour leur argent, et on va
continuer dans cette voie.
Ce que je tiens à préciser, c’est que
cette loi n’aura et ne pourra avoir, en aucun temps, là, pour effet de négocier
de quelque façon que ce soit les processus et les procédures criminelles qui
sont en cours ou seront en cours. S’il y a des individus ou des compagnies qui
se voient accusés de façon pénale ou criminelle, les procès vont suivre leur
cours, et en aucun temps ces procédures ne seront considérées dans le cadre d’un
règlement qui pourrait se faire de nature civile. Donc, on va être intraitables
dans les procédures criminelles, et d’aucune façon le processus en cours ou un règlement
éventuel des sommes qui sont dues par les compagnies n’aura d’effet sur l’habilitation
émise par l’Autorité des marchés financiers. C’est deux processus distincts.
Par contre, dans le cadre du processus de
réhabilitation des entreprises, un règlement et le paiement des sommes dues à l’État
pourront s’inscrire dans ce que nous recherchons au Conseil du trésor lorsqu’il
y a des compagnies qui se feront refuser leur habilitation. Donc, ce sera un
des critères qui pourraient être ajoutés pour faire en sorte que nous
continuions les contrats en cours pour les compagnies qui se voient refuser
leur habilitation.
Donc, voilà, ce que nous souhaitons à
terme, c’est que l’industrie allie compétence et intégrité, exemplarité. Ils
sont dans cette voie, on a des signes très clairs depuis un an qu’ils
s’inscrivent dans cette voie. Ils veulent rembourser, on donne un cadre
particulier. Donc, je suis très fier qu’on puisse maintenant se donner les
moyens d’arriver à un règlement intéressant pour les contribuables du Québec de
toutes les sommes dont ils se sont vus privé pendant maintenant 15 ans. Voilà.
Le Modérateur
: On va
passer à la période des questions, en commençant par Julien Lafille,
Radio-Canada.
M. Lafille (Julien)
:
Oui, bonjour, messieurs. M. St-Arnaud, vous dites que vous souhaitez récupérer
le maximum d’argent possible. Est-ce que vous avez une estimation de combien
d’argent, justement, vous pensez pouvoir récupérer?
M. St-Arnaud
: C’est
difficile de faire une estimation quant aux sommes qui pourraient
éventuellement être recueillies, mais je pense qu’on peut, sans se tromper,
parler quand même de plusieurs dizaines de millions de dollars, voire même
quelques centaines de millions de dollars.
M. Lafille (Julien)
:
Concernant l’application, est-ce que vous avez suffisamment d’effectifs au
ministère? Est-ce qu’il y aura des employés qui seront dédiés exclusivement à
cette tâche? Vous avez parlé de personnes neutres qui collaboreraient. Est-ce
que vous pouvez clarifier un peu ce...
M. St-Arnaud
: Oui.
Bien, en fait, pour ce qui est du programme de remboursement, ce qui est prévu,
c’est — vous l’avez, au projet de loi, aux articles 12 et
suivants — ce qui est prévu, c’est qu’on peut… il sera créé un
programme de remboursement qui sera publié à la Gazette officielle. J’espère
qu’on sera en mesure, lors des consultations particulières ou lors de l’étude
article par article du projet de loi dans les prochaines semaines, de donner
les grandes lignes de ce programme de remboursement.
Mais il est prévu qu’une personne ou des
personnes pourront être désignées pour, justement, accueillir les gens qui
souhaiteraient... ou les entreprises, en fait, qui souhaiteraient venir faire
un remboursement. Et ce qu’on a en tête, là, comme personnes neutres et
indépendantes, ce sont des juges à la retraite, un ou plusieurs juges à la
retraite qui, donc, seraient nommés par le Conseil des ministres et qui
agiraient pour… j’allais dire gérer, mais pour administrer ce programme de remboursement.
M.
Bédard
: Avec
juriscomptables, avec les ressources.
M. St-Arnaud
: Oui,
effectivement, c’est que, ce qui est en tête, là, c’est un ou plusieurs juges à
la retraite, avec une équipe de juriscomptables qui les assistera.
Le Modérateur
: Alain
Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain)
: Est-ce
que… Bonjour. Est-ce que vous allez modifier la loi n° 1 en ce qui
concerne les habilitations? Là, M. Bédard, je veux juste être bien clair là-dessus,
là. Est-ce que ce projet de loi là est taillé pour permettre à certaines
grandes firmes de pouvoir poursuivre leurs opérations?
M.
Bédard
: Pas
du tout. Le processus d’habilitation continue son cours normalement. Il y a des
entreprises qui se sont vues refuser, qui peuvent être en processus
actuellement, et ça, c’est l’AMF qui détermine de quelle façon elles doivent maintenant
passer l’habilitation.
Non, le projet de loi, il vise la
cohérence pour s’assurer qu’une entreprise qui, par exemple, se serait vue
refusé son habilitation à un moment précis et qui se verrait accusée, dans le
temps, au niveau criminel, pour des actes pour lesquels elle a eu ce refus-là, il
y a toujours un délai. Donc, il peut se passer, entre le moment d’une
accusation et le moment où elle est reconnue coupable, des fois, des années.
Donc, au moment où elle est reconnue coupable, l’entreprise aurait pu ravoir
cette habilitation, donc… et là, à ce moment-là, on se retrouverait à remettre,
par automatisme, suite à un jugement, une entreprise à nouveau sur le registre
des entreprises non admissibles. Donc, c’était une incohérence, effectivement.
Il faut s’assurer, comme cette… la mise en
accusation peut être considérée dans le refus, alors on ne peut pas, lors de
l’autre étape, à nouveau refaire cet exercice. Donc, ce qu’on souhaite à l’AMF,
c’est de lui donner toute la latitude nécessaire pour éviter les automatismes
et lui permettre d’apprécier au niveau de l’habilitation. Donc, c’est être
cohérent puis éviter, par exemple, que quelqu’un soit pénalisé deux fois pour
la même façon. S’il a déjà… S’il s’est vu refuser cette habilitation à une
occasion pendant un délai x, donc il a subi les conséquences des actes fautifs
qu’il a commis.
M. Laforest (Alain)
:
Si des entreprises comme Dessau, SNC-Lavalin, CIMA, décident de vous
rembourser, est-ce que ça va leur permettre de ravoir des contrats plus
rapidement?
M.
Bédard
: En
aucun temps, en aucun temps. Ce que ça va leur permettre, c’est redorer leur
image, montrer qu’ils sont de bons citoyens corporatifs, qu’ils ont constaté
les erreurs de leurs administrateurs, de leurs employés, chez qui ils sont
prêts à faire amende honorable. L’habilitation va suivre son cours, elle,
normalement. On ne peut pas acheter une habilitation. On ne peut pas acheter
une intégrité au Québec. Ça, c’est une règle qui est claire, qui est sans
nuance, qui ne souffre d’aucune interprétation.
M. Robitaille (Antoine)
:
Il n’y a pas d’élément d’amnistie?
M.
Bédard
: En
aucun temps. Voilà. Aucune amnistie, de quelque façon que ce soit, sur les
procédures. Il n’y a que, dans le cadre d’un règlement, on ne veut pas dépenser
l’argent des Québécois pour rien. Autrement dit, si une entreprise a déjà
manifesté l’intention de payer pour les fautes passées, des fautes civiles évidemment,
elle s’inscrit dans un processus où elle peut payer. Donc, on lui dit en même
temps : Si tu ne t’inscris pas, bien, on a la possibilité de te poursuivre
devant les tribunaux, avec des moyens beaucoup plus simples, qui nous
permettent d’aller au bout des procédures plus rapidement que d’être dans des… Par
exemple, la preuve des dommages était très difficile, et là ça nous mettrait
dans des procédures à n’en plus finir.
Ce qu’on souhaite, c’est que l’argent des Québécois
soit bien dépensé, et ce qu’on perçoit du milieu depuis… comme par hasard,
depuis qu’on est au pouvoir, là, il y a une volonté de réhabilitation très
claire des entreprises du secteur de l’ingénierie, puis on salue ces
initiatives et là on donne un cadre pour permettre à ces gens de rembourser.
Le Modérateur
:
Jean-Luc Lavallée, Journal de Québec.
M. Lavallée (Jean-Luc)
:
Je veux poursuivre sur le même thème. Dans le fond, vous invitez les entreprises
à poser un acte de contrition, mais je n’arrive pas à comprendre ce que ça peut
leur donner si on les bloque encore. Parce que, pour les contrats… Parce que, dans
le fond, à l’AMF, là… là, vous assouplissez clairement la loi, là, pour
permettre à l’AMF de disposer d’une autre façon…
M.
Bédard
: Pas
du tout. Ah non! Pas du tout. Autrement dit… et là, évidemment, je ne peux pas
prendre des cas de figure, mais, si on pouvait, on prendrait une entreprise qui
s’est vue refuser son habilitation, et, elle, elle n’en a pas actuellement,
d’habilitation, pour des actes qui sont de nature criminelle, pénale ou
non-respect de la loi ou des procédures qui vont à l’encontre de tous les
critères qu’on a mis dans la loi pour qu’une entreprise se voit refuser son
habilitation.
Alors, à partir de ce moment-là, on lui
impose à l’interne, suite au refus de l’habilitation, de se conformer, de… Même
on peut nommer un vérificateur interne… externe qui va aller vérifier. Ils
doivent adopter des nouvelles procédures internes pour leur permettre,
maintenant, que ces choses-là ne se reproduisent pas.
Le problème qu’on avait, c’est que
maintenant, en instaurant ça, c’est qu’il ne faudrait pas qu’au moment que ces
entreprises sont reconnues coupables pour les mêmes gestes pour lesquels elles
ont refusé, on n’offre pas un automatisme de cinq ans. Donc, là, ça ferait 10
ans. Alors, la loi, elle prévoyait qu’une seule… à une occasion, de pouvoir
refuser l’habilitation, et c’est tout simplement… Ça fait en sorte que,
maintenant, on est cohérent avec l’objectif qu’on se donne aujourd’hui. Donc,
une entreprise, elle, ne peut pas négocier l’habilitation.
Où on va avoir une indication claire
auprès des entreprises, c’est que, si on leur dit : vous n’êtes pas prêts
à rembourser, on s’est donné les moyens de vous poursuivre et on va le faire.
Donc, c’est simplement… Le but, là, c’est de rembourser aux Québécois ce qu’ils
doivent. C’est tout, et c’est un processus qui est fermé, donc qui est… qui
s’inscrit dans la volonté du gouvernement de récupérer ces sommes. C’est tout.
Pas dans le processus d’habilitation.
M. Lavallée (Jean-Luc)
:
On en est où avec SNC-Lavalin en ce moment, là, pour le processus?
M.
Bédard
: Ils
sont devant l’AMF. Évidemment, moi, je n’ai pas à être au courant, là, des
discussions, des échanges de documents. J’imagine que c’est des entreprises qui
sont très importantes, là, et pour lesquelles il peut y avoir des modifications
en cours de route. C’est ce qu’on a vu. Souvent, les entreprises déposent un
dossier, changent leur conseil d’administration en cours de route, changent
leurs administrateurs et là redéposent ou montrent ce qu’ils ont fait, et là ça
prend une nouvelle analyse. C’est simplement pour cela, j’imagine, qu’il y a
des délais en cours actuellement.
M. Lavallée (Jean-Luc)
:
Juste une précision rapide sur une autre chose. Vous avez parlé d’un fonds
spécial. Pouvez-vous clarifier ça? Qu’allez-vous faire avec les sommes d’argent
que vous allez récupérer? Elles vont être dédiées à...
M. St-Arnaud
: Bien,
écoutez, les sommes vont être... c’est-à-dire qu’il y a une partie, là, qui va
demeurer au gouvernement pour administrer le programme que nous mettons en
place ou les poursuites, mais, pour la suite, ça sera réparti avec les organismes
publics visés. Alors, il y a un article qui le dit noir sur blanc, comment on
va...
Voilà, c’est l’article 22 : «Toute
somme recouvrée par le ministre en application de la présente loi est répartie
entre le gouvernement et un organisme public ou un organisme visé à l’article
21 de la façon déterminée par le gouvernement, déduction faite d’une somme
forfaitaire équivalant à 20 % de la somme recouvrée, à titre de frais
engagés par le ministre pour l’application de la présente loi.»
Vous avez compris que, finalement, d’abord,
on allonge la période de prescription, qui était de trois ans et qui passe à
cinq ans. On se donne plus de temps. Vous le savez, depuis un an, j’ai eu l’occasion,
en fait, au cours des derniers mois, de répondre à plusieurs questions de la
CAQ là-dessus, qui nous disait : Agissez vite, dépêchez-vous. On a des
gens qui surveillent les choses depuis plusieurs mois, qui sont à monter des
dossiers solides, complets et qui intenteront les recours civils en temps
approprié. On se donne plus de temps et on se donne, dans la première partie du
projet de loi, des règles qui vont faciliter ces recours.
Cela dit, avant d’entreprendre des
recours, on crée en parallèle ce programme de remboursement et on va inviter
les entreprises à venir nous dire, sur des contrats… qu’ils sont prêts à nous
rembourser sur ces contrats, et évidemment, sans qu’il y ait une amnistie,
comme disait M. Robitaille, évidemment, si, sur un contrat précis, il y a une
entente, il n’y aura pas de poursuite civile relativement à ce contrat-là, là,
tu sais. Vous avez compris ça.
M.
Bédard
: On
va avoir le meilleur des deux mondes.
M. St-Arnaud
: Alors,
on va avoir l’argent… on va aller récupérer l’argent, on va aller la récupérer
plus rapidement et en évitant, comme je l’ai dit dans mon intervention de
départ, en évitant d’aller… d’encombrer les tribunaux. Alors, ce qu’on offre, c’est
la possibilité d’aller chercher de l’argent rapidement et d’éviter des recours
devant les tribunaux civils. Mais ça, Stéphane l’a bien dit, ça ne… ça
fonctionne… l’AMF continue à faire son travail d’une manière totalement
indépendante pour la suite des choses et l’application de la loi.
M.
Bédard
: Et les
tribunaux criminels.
M. St-Arnaud
: Et les
tribunaux criminels également. Ça n’a aucun impact sur les tribunaux criminels.
Mais si, sur des contrats, il y a des montants qui sont recouvrés dans le cadre
du programme de remboursement, bien, évidemment, il n’y aura pas de poursuite
civile relativement à ce ou ces contrats.
Le Modérateur
: Jessica
Nadeau, Le Devoir.
Mme Nadeau (Jessica)
:
Bonjour. Je me demandais sur quoi vous allez vous baser pour dire : Telle
entreprise doit tant d’argent au gouvernement, par exemple.
M. St-Arnaud
: Bien, il
faut que ça soit un… vous avez la définition, ça s’applique pour des contrats
publics liés à l’industrie de la construction, contrats publics donnés par un
organisme public. Vous avez des définitions au départ de la loi…
Mme Nadeau (Jessica)
: …déterminer
les sommes. Comment vous allez déterminer les sommes?
M. St-Arnaud
: Alors,
le pourcentage, vous l’avez, vous avez… ce qui est… Parmi les règles
particulières qu’on se donne, là, vous avez l’article 3 qui prévoit
qu’une… à partir du moment où il y a fraude ou manœuvre dolosive, à partir du
moment où c’est établi, il y a une présomption, vous l’avez à l’article 3,
la firme est présumée avoir causé un préjudice à l’organisme public concerné,
et il y a un pourcentage… en fait, vous l’avez à l’article 5, le préjudice
est présumé correspondre à une somme équivalant à un pourcentage du montant
total payé par l’organisme public concerné par le contrat visé.
On n’a pas mis de pourcentage dans la loi.
La réflexion se poursuit quant au pourcentage qui sera établi. Présentement, ce
qui est prévu, c’est que le pourcentage va être déterminé par le gouvernement
et publié à la Gazette officielle. Donc, il y aura une présomption… à
partir du moment où il y a une preuve de fraude ou de manœuvre dolosive, il y a
une présomption qu’un pourcentage du contrat… du montant payé par l’organisme
public et correspond à une somme qui doit être… qui est le dommage. Et il sera
possible pour le gouvernement… Donc, à ce moment-là, c’est à la firme à prouver
que… j’allais mettre un chiffre, là, mais je ne veux pas en mettre, ça sera à
la firme à démontrer que ce n’est pas ça. Et, si le gouvernement considère que
le dommage est encore plus grand que le pourcentage établi, il sera possible
pour le gouvernement, vous l’avez à l’article 6, le ministre pourra «réclamer
une somme supérieure à celle déterminée en vertu de l’article 5.» Est-ce
que je suis clair?
Une voix
: Non.
M. Pépin (Michel)
: Ce
pourcentage-là, il s’applique à tout le monde, à toutes les entreprises qui sont
liées à cet organisme-là?
M. St-Arnaud
: Dès
qu’il y a… Exactement. Dès qu’il y a une preuve de fraude ou de manœuvre
dolosive, c’est à l’article 3, alors dès que c’est prouvé, la firme en
question est présumée avoir causé un préjudice à l’organisme public concerné.
Quant à savoir le dommage pour compenser ce préjudice, il y a un pourcentage,
il y a un pourcentage du montant total payé par l’organisme public relativement
à ce contrat qui sera établi par règlement. Est-ce que ce sera 15 %,
20 %, 25 %? Je ne veux pas rentrer dans les pourcentages.
M. Pépin (Michel)
: Et
ça peut varier selon les organismes?
M. St-Arnaud
: Non.
Non, c’est-à-dire qu’il y aura possiblement… enfin, je ne veux pas trop rentrer
là-dedans, parce qu’il y a des discussions, en fait, quant à est-ce que ce
pourcentage pourrait varier selon les régions, par exemple, ou est-ce que… il y
a différentes hypothèses qui sont là-dessus, mais ce qui est important de
retenir, c’est qu’il y a un pourcentage qui va être déterminé, et ce
pourcentage-là, à partir du moment où, devant le tribunal, on présume, on
établit qu’il y a une fraude ou une manœuvre dolosive, la firme concernée est
réputée avoir causé un dommage correspondant à un pourcentage du contrat. Et,
si la firme considère que… si elle considère que ce n’est pas aussi élevé que
ça, elle devra le prouver. Et, si le ministre considère que le dommage est
encore plus grand, il devra le prouver. Mais il y a une présomption qui devra
être renversée. Il y a une présomption que ça sera 15 %, 20 %,
25 %, là…
M. Laforest (Alain)
: …vous
offre 10 %, puis que c’est 33 % qui a été pris, comment vous allez
faire pour faire établir…
M. St-Arnaud
: Ça, c’est
deux choses.
M. Laforest (Alain)
: Parce
que vous les invitez à venir régler, mais avec un pourcentage. Donc, l’entreprise
peut dire : Moi, j’ai pris 10 %. Comment vous allez établir ça?
M.
Bédard
:
Bien, c’est pour ça que la personne qu’on va nommer va être accompagnée de
juriscomptables et va avoir une indépendance par rapport à ce qui est
raisonnable comme proposition de règlement qui couvre l’entièreté des sommes.
Donc, à partir du moment où les entreprises
s’inscrivent là-dedans, elles doivent reconnaître aussi qu’elles ont commis à terme,
s’il y a règlement, des gestes qui sont contraires. Donc, cette façon de faire
là nous permet de s’assurer que les entreprises ont encore le choix. Parce que,
si on va strictement devant les tribunaux, bien là, on reporte sur des années
ce qui pourrait être remboursé aux Québécois. Donc, c’est une façon pour dire
aux entreprises : Vous avez un délai x qui vous permet maintenant de vous
amender puis de dire ce que vous devez.
Quant aux sommes puis au pourcentage, je
ne vous cacherai pas une chose… Pourquoi il fallait déposer le projet de loi le
plus rapidement? C’est qu’il y a des droits qui naissent actuellement, mais il
y en a d’autres qui vont naître plus tard. Les droits, ils naissent à partir du
moment de la connaissance d’un fait. Ça, c’est en droit civil, c’est le
principe général. Donc, il y a des… on sait beaucoup ce qui s’est fait à
Montréal, mais il y a des éléments sur lesquels, nous aussi, on est
en… quand je dis «nous», c’est le gouvernement regarde, accumule la
preuve, voit ce qui… où c’est intéressant. Donc, on continue à accumuler.
Par contre, on ne veut pas perdre les
recours actuels possibles, et c’est pour ça qu’il fallait agir dès maintenant
pour allonger le délai de prescription et nous permettre de dire : Bien,
regardez, là, on ne perdra pas nos recours sur les possibles cas qu’on voit et
qu’on connaît bien maintenant. Par contre, ça nous donne le droit aussi pour
l’avenir de voir de quelle façon on peut, dans d’autres régions ou dans
d’autres endroits avec d’autres secteurs… quand je vous dis «avec d’autres
secteurs», avec d’autres types d’entreprises. Là, on a le secteur municipal qui
est très évident, mais je suis convaincu qu’on va être capables d’accumuler de
la preuve sur d’autre chose aussi, de voir comment on peut traiter de façon
différenciée ces infractions ou ces gestes frauduleux qui ont été posés.
M. St-Arnaud
: Vous
avez compris, là, pour reprendre… rejoindre ce qu’a dit Stéphane, vous avez
compris qu’on allonge, là, à cinq ans. On se donne plus de temps, hein? On se
donne plus de temps. Et, dans un premier temps, avant d’aller à des poursuites
devant les tribunaux, en vertu de certaines règles qu’on se donne, on va
commencer par établir le programme de remboursement et on va inviter les
entreprises à participer à ce programme. Et, si ce programme n’aboutit pas au
remboursement de sommes, dans certains cas, il y aura des poursuites civiles,
et ces poursuites civiles seront visées par des règles particulières qui sont
aux articles 3 et suivants du projet de loi. Et, parmi c’est règles
particulières, il y aura cette présomption que, dès qu’il y a une fraude ou une
manoeuvre dolosive, il y a une présomption qui doit être renversée par la
firme, l’entreprise concernée, il y a une présomption qu’il y a un pourcentage
du contrat qui a été obtenu injustement, et la firme devra le rembourser.
Sinon, elle devra payer ce pourcentage qui sera établi par décret du gouvernement.
Et voilà. Est-ce que c’est clair?
Mme Nadeau (Jessica)
:
Si vous permettez, j’avais une deuxième question. Est-ce qu’il va y avoir, par
exemple, justement, un pourcentage réduit pour une entreprise... Je reviens à la
question de mon collègue ici. C’est quoi l’avantage, pour l’entreprise,
d’arriver puis de dire : Bien, je vais me dénoncer moi-même plutôt que
d’attendre que des poursuites éventuelles arrivent, qui n’arriveront
peut-être jamais? Est-ce qu’il y a un avantage sur le prix à payer? Est-ce
qu’on va réduire la sanction, si vous voulez, en quelque sorte, si l’entreprise
se dénonce elle-même et s’engage elle-même dans un processus de remboursement?
M. St-Arnaud
: Le
programme de remboursement, là, il va être... il va fonctionner d’une manière
indépendante. Alors, il y a un juge à la retraite ou des juges à la
retraite — c’est ce qu’on a en tête présentement, on a un certain
nombre de noms en tête — qui vont travailler avec des juriscomptables
et qui vont tenter d’en arriver à une entente. Sur tel contrat, vous nous
remboursez...
Mme Nadeau (Jessica)
:
Ça va être plus favorable que le pourcentage?
M. St-Arnaud
: Bien, je
ne veux pas... On va laisser travailler le... Non, non, mais on va laisser
travailler la personne qui va travailler ça, de façon indépendante, dans le
cadre du programme de remboursement. Nous, ce qu’on dit, c’est que, s’il n’y a
pas d’entente au niveau du programme de remboursement, il y aura un recours
civil. Et, le recours civil, il s’intentera non pas sur les règles actuelles,
mais il va s’intenter sur des règles particulières qui vont, dès le départ, à
partir du moment où il y a une fraude ou une manoeuvre dolosive, dès le départ,
dire que la présomption, là, c’est tant de pour cent. Alors, voilà.
Mme Nadeau (Jessica)
:
Et, juste pour préciser, si la personne, si l’entreprise se dénonce elle-même,
est-ce qu’il peut y avoir des procédures... En fait, est-ce que ce qu’elle
donne comme information peut être utilisé contre elle, en cour, dans des
procédures ultérieures?
M. St-Arnaud
: Non.
M.
Bédard
: Non.
Et c’est l’objectif, parce que les entreprises... Pourquoi on le fait, c’est
que les…
M. St-Arnaud
: C’est ce
que vous avez aux...
M.
Bédard
:
Voilà, on l’a aux articles… Mais les entreprises nous ont manifesté qu’elles
souhaitaient le faire, mais ça prend un cadre qui va justement éviter que, si
on leur dit : Bien, venez nous dire ce que vous avez fait de mal, puis on
ne s’entendra pas puis on va vous poursuivre avec la preuve que vous nous
donnez, c’est sûr que ce processus-là, il ne fonctionnera pas.
Donc, c’est pour ça qu’il faut nommer
quelqu’un indépendant, qui, lui, entend les entreprises, les écouter :
Voici ce qu’on a fait, voici ce qu’on est prêts à payer, et lui va établir si c’est
raisonnable ou pas d’aller plus loin dans le mode de règlement. Donc, il
fallait prévoir ces deux modes là qui sont séparés.
Puis nous, bien, c’est sûr qu’on... nous, le
gouvernement continue à accumuler de la preuve sur les actes dolosifs qui ont
été posés, mais ça doit être séparé. Sinon, le... Si on contamine le processus
de règlement, il n’y a personne qui va entrer dans ce processus-là.
Et déjà les compagnies, on le voit, là,
sans en nommer une, là, les signaux sont là, là, de dire : Regardez, là,
ça, c’est le passé, ça nous écoeure tout autant que vous, puis on est prêts à
rembourser. Donnez-nous un cadre qui nous permet de le faire, là, puis, nous
autres, on ne protège pas nos anciens associés ou les anciens membres de la
compagnie puis on est prêts à s’inscrire puis à payer ce qu’on doit à la société.
Alors, il fallait se donner un cadre qui permettait ça.
Donc, quand vous me dites : C’est
quoi, le pourcentage? S’il faut que je commence à jouer là-dedans, là, c’est là
où j’empêche justement, je vous dirais, la personne qui va être nommée de
déterminer de quelle façon on peut en arriver à une entente...
M. St-Arnaud
: Et peut-être,
sur votre question plus précise, Mme Nadeau, là, c’est l’article 14 et
suivants, là. 14, qui dit : «Toute personne désignée dans le cadre de
l’application d’un programme visé à l’article 12 — donc du programme
de remboursement — ne peut être contrainte de divulguer ce qui lui a
été révélé ou ce dont elle a eu connaissance dans l’exercice de ses fonctions,
ni de produire un document confectionné ou obtenu dans cet exercice devant un
tribunal judiciaire ou devant une personne ou un organisme de l’ordre
administratif lorsqu’il exerce des fonctions juridictionnelles.»
Et on dit aussi que cet article s’applique
malgré l’article 9 de la loi sur l’accès aux documents... la loi sur l’accès.
Le Modérateur
: Davide
Gentile, Radio-Canada.
M. Gentile (Davide) : Je
reviens sur le pourcentage. Je n’ai pas vos connaissances en droit, mais j’ai
un peu travaillé sur les affaires de collusion. Il n’y a pas un système qui est
pareil. En informatique, c’est une affaire; dans le municipal, c’en est une
autre; les travaux publics... Est-ce que je comprends bien qu’il y aurait un
«one size fits all»?
M. St-Arnaud
:
Présentement, vous comprenez qu’on s’adresse aux contrats dans l’industrie de
la construction. C’est ce que vise ce projet de loi. Quant au pourcentage, ce
que je vous ai dit tantôt, c’est que la réflexion se poursuit et parce que ça
nécessite des analyses. Et est-ce que ce doit être un pourcentage qui
s’applique pour tout le Québec ou qui varierait selon les régions? Il y a
différentes hypothèses. Les analyses plus pointues se poursuivent au Conseil du
trésor pour établir ce pourcentage et établir s’il doit s’appliquer à la
grandeur du Québec ou s’il doit y avoir des distinctions qui seraient
expliquées par les analyses du Conseil du trésor.
Je ne sais pas, Stéphane, si tu veux compléter
là-dessus.
M. Gentile (Davide) : Vous
auriez peut-être... plus à Montréal, moins ailleurs, en tout cas...
M. St-Arnaud
: Non,
non, mais c’est... Je vais vous dire, là, le pourcentage, présentement, il n’est
pas déterminé. Les études se... le ou... éventuellement, parce que je sais
qu’il y a des gens nous ont dit : Peut-être qu’il y aurait lieu d’avoir
différents pourcentages. Est-ce que c’est le cas? Les études se poursuivent du
côté du Trésor.
Quant à déterminer quel serait ce
pourcentage, est-ce que ce pourcentage doit varier en fonction de certaines
variables, c’est ce que... ça fait partie de l’analyse qui va être faite et
qui, éventuellement, sera...
M.
Bédard
: Nous
autres, en même temps, on ne doit pas se nuire nous-mêmes. Autrement dit, on dit
aux entreprises : Allez vous confesser puis soyez prêts à payer. Si on dit
tout de suite un pourcentage, bien, on peut se nuire nous-mêmes, là, dans le
cadre des règlements potentiels. Ça fait qu’on n’est pas fous, là, on va... On
se donne la possibilité que ça coûte moins cher, la voie du règlement, en
termes de dépenses, en termes de frais d’avocats, en termes de poursuites, puis
ça peut se régler plus rapidement.
Alors, on ne donnera pas à l’avance nos
couleurs à tout le monde puis, après ça, dire... Là, on se retrouverait
nous-mêmes à bouger les premiers. C’est aux compagnies. Elles ont dit qu’elles
souhaitent le faire, bien, on vous donne la façon, on vous donne le cadre
juridique qui vous permet de le faire.
M. Gentile (Davide) : Le
délai de prescription, je ne sais pas si vous pouvez essayer de nous le
résumer, là. Donc, vous pensez de trois à cinq ans pour l’avenir et vous vous
permettez de retourner 15 ans en arrière pour ce qui a déjà été commis. Est-ce
que je comprends bien? Vous…
M. St-Arnaud
: C’est
exact. On peut revenir pour 15 ans en arrière. On a pris 15 ans, parce que c’est
un peu la… c’est la durée du mandat de la commission Charbonneau, alors on a
remonté à 15 ans en arrière. Donc, on peut remonter pour des contrats qui ont
été octroyés dans les 15 dernières années. Et on se donne cinq ans au lieu de
trois ans, on allonge le délai de prescription.
Vous vous rappelez certaines questions de
notre collègue de la CAQ qui disait : Oui, bien, dépêchez-vous,
dépêchez-vous. On allonge le délai de prescription dans cette loi, règle
particulière relativement à ces poursuites, à ce type de poursuite, règle
particulière qui fait qu’on a cinq ans. Le délai de prescription passe de trois
ans à cinq ans, et on peut remonter 15 ans en arrière pour les contrats. C’est
deux choses différentes, là, mais…
M.
Bédard
: Et
vous dire, l’exemple qu’a pris le ministère de la Justice pour ce type de loi,
ça ressemble beaucoup à la loi qui avait… été utilisée, pardon, contre les
cigarettiers à une certaine époque. Donc, on s’est inspirés beaucoup de cette
façon de faire là qui permet au gouvernement d’agir concrètement et de prendre
des actions qui ont une fin.
M. St-Arnaud
: C’est
ça, qui déterminent des règles particulières, et qui sont limitées dans le
temps, et qui s’appliquent à un certain type de contrat bien précis, là. On ne
peut pas… Pour que ça soit conforme à nos législations, il faut que ça soit
encadré. Effectivement, on s’est inspirés notamment d’une loi qui a été adoptée
il y a quelques années relativement aux poursuites sur le tabac.
Le Modérateur
:
Alexandre Robillard, La Presse canadienne.
M. Robillard (Alexandre)
:
Est-ce qu’il y a un seuil au-delà… Je sais que vous ne voulez pas négocier en
public, on comprend tout à fait, là, le principe, là, puis… Mais est-ce que
vous dites : On n’ira pas plus bas que la moitié des sommes qui ont été
versées en trop ou il n’y a pas…
M.
Bédard
: Oh!
Non, non, non. On va récupérer les sommes qui ont été versées en trop, là.
M. Robillard (Alexandre)
:
Mais ce n’est pas 100 %.
M.
Bédard
: Mais
le problème, entre vous et moi, pourquoi…
M. Robillard (Alexandre)
:
Pourquoi ce n’est pas 100 %?
M.
Bédard
: Non,
mais ce que je veux dire, M. Robillard, pourquoi il y a autant de dénonciations
d’actes de corruption qu’on a vues dans les… ou de collusion dans les dernières
années, mais il y a si peu de poursuites? C’est que, dans les faits, au niveau
juridique, le dommage, il est très dur à démontrer. Puis c’est beau d’avoir des
études d’université, mais, devant un tribunal, une étude universitaire, ça ne
vaut pas un clou, là. Donc, il faut se donner le cadre juridique qui nous
permet de le faire. Et de rentrer dans la mécanique du pourcentage, c’est de
nuire nous-mêmes à notre cause.
Et, vous allez voir, je suis convaincu que
le processus qu’on met de l’avant au niveau de règlement, là, il va porter ses
fruits. Donc, c’est ça le pari qu’on prend pour éviter aux contribuables de
payer trop cher sur des longues poursuites, mais surtout d’avoir un montant
d’argent de façon plus rapide.
Donc, je veux… Ce qu’on aimerait puis ce
qu’on envoie comme message à l’industrie, c’est que… Vous avez dit que vous
voulez vous réhabiliter? Vous avez fait le ménage de vos compagnies? Bien là,
maintenant, payez, payez ce que vous devez aux Québécois. Puis je suis
convaincu que cette façon de faire là va porter ses fruits. Après ça, on
tombera dans les pourcentages.
M. St-Arnaud
: Et les
poursuites s’il y a lieu.
M.
Bédard
: Et
le ministre s’est assuré que ça soit public, donc il n’y aura pas de règlement
en cachette dans un bureau, quelque part, là. Tout ça va être rendu public. C’est
ça.
M. Robillard (Alexandre)
:
Puis les sources, hein, de preuve… On fait référence, là, à des cas de fraude
ou de situation dolosive, de pratique dolosive, mais… Bon, là, vous dites que
vous calquez le retour en arrière sur la période qui est couverte par
Charbonneau, mais comment les procureurs du ministère de la Justice vont monter
des dossiers sur... à partir de quelles sources de preuve ils vont s’alimenter?
M. St-Arnaud
: En se
donnant plus de temps, on va pouvoir monter de meilleurs dossiers. Je pense que
je ne réponds pas directement à votre question.
M. Robillard (Alexandre)
:
Non, mais c’est parce que c’est difficile... Regardez, je vais vous donner un
exemple. Hier, M. Gaudreault dit : Bon, là, on change... Il change un peu
des trucs au ministère des Transports, parce qu’il constate que, dans le passé,
le ministère, avant de payer un avenant, n’évaluait pas qui était en cause, est-ce
que c’était l’entrepreneur ou si c’était le ministère, il payait tout
simplement. Donc là, on parle de sommes qui pourraient être considérées comme
versées en trop. Il y a des cas de collusion, il y a... Il n’y a aucun de ces
mots-là qui est dans les documents qui nous ont été remis. Donc, j’essaie juste
de comprendre. Est-ce qu’on peut remonter dans des avenants qui ont été payés
en trop pour après ça dire : Bon, bien là... C’est quoi, la source de la
preuve?
M. St-Arnaud
: Bien,
tous les éléments de preuve qui sont susceptibles de démontrer la fraude et la
manoeuvre dolosive peuvent être utilisés, là. Je ne veux pas trop rentrer dans
les détails, mais vous comprenez que tout élément de preuve qui peut permettre
de prouver la fraude et la manoeuvre dolosive sera utilisé, et, une fois que
cette démonstration-là est faite, la pourcentage s’applique… la présomption
s’applique en vertu des articles 3, 5 et 6.
M.
Bédard
: Et
voilà. Puis le problème au niveau juridique, sans tomber dans le trop
juridique, là, mais tu as beau avoir un ratio... Là, on est capables d’évaluer,
effectivement, que les travaux, globalement, nous coûtent moins cher; au ministère
des Transports, meilleur contrôle, coûtent moins cher. Mais là, devant un
tribunal, pour un cas précis, ce n’est pas pareil, là. Là, après ça, ça te
prend des experts pour démontrer : Écoute, le trou, il était-u vraiment
prévu comme ça, ou on a pris trop de dynamite, on a... Vous voyez à quel point
ça... La preuve est très difficile à ce niveau-là.
Puis là on disait : Si on prend… si
on tombe en poursuite sur les bases juridiques qu’on a, je peux vous dire que
ça va coûter plus cher d’experts puis de procédures que de résultats. Alors, il
fallait se donner un cadre qui permet, justement, de renverser le fardeau. Là,
c’est maintenant aux entreprises de dire... Il va y avoir un pourcentage; c’est
à vous à nous dire que ce n’est pas ça, ce n’est pas le pourcentage qu’on va
mettre qui est le dommage. Alors, ça va éviter aux contribuables, je vous
dirais, d’être pris avec un fardeau très lourd et, en même temps, d’avoir des
frais qui deviennent exponentiels, là, pour…
M. St-Arnaud
: Vous
comprenez qu’on n’aura pas besoin de prouver le dommage parce qu’il y a un
pourcentage qui est dans la loi. Par contre, effectivement, vous avez raison,
il faudra prouver la fraude et la manœuvre dolosive à partir de différents
éléments de preuve à la disposition du Procureur général.
M.
Bédard
: Il y
en a.
M. St-Arnaud
: J’arrête
là. J’arrête là.
Le Modérateur
: Simon
Boivin, Le Soleil.
M. Boivin (Simon)
: …dans
la même foulée, je comprends ce que vous dites par rapport à la difficulté de
prouver les évaluations que faisait hier M. Gaudreault, par exemple, du
250 millions qu’il juge avoir économisé dès cette année avec ces nouvelles
mesures.
Néanmoins, vous avez parlé de quelques
dizaines, quelques centaines de millions. Lui, hier, il parlait de 250 juste
pour 10 mois cette année. Là, on recule 15 ans en arrière, on inclut les
municipalités puis on est capable d’aller chercher seulement quelques dizaines,
quelques centaines de millions. Ça apparaît un peu mince. Vous ne trouvez pas?
M.
Bédard
: Bien
non, mais sur le montant du dommage. Vous comprendrez que, le montant du
dommage, je ne commencerai pas à le chiffrer maintenant. L’objectif, ce n’est
pas de donner un chiffre. L’objectif, c’est qu’on puisse récupérer l’argent. O.K.
Parce que, si j’arrive avec, je ne sais pas, vous me devez 14 milliards de
dollars, là, c’est bien beau tout ça, là, mais en quoi ça représente le
dommage? Puis est-ce qu’on va être capables de le récupérer?
Donc, l’idée, c’est de s’inscrire dans un
processus qui va donner un résultat. Alors, quand on… Sur les montants qui vont
être récupérés, c’est sûr qu’on souhaite et qu’on pense qu’on va être capables
de récupérer plusieurs centaines de millions de dollars. Mais, en même temps,
ce qu’on veut, c’est donner au processus qu’on met de l’avant, celui du
règlement, toute la latitude pour être capable de faire des propositions et d’être
capable de trouver des règlements qui sont à l’avantage des Québécois, tout
simplement. Alors…
M. St-Arnaud
: Ça va
être rentable.
M.
Bédard
: Et
voilà.
M. Boivin (Simon)
:
Est-ce que vous avez une équipe de procureurs, à la Justice, qui va être
spécialement dédiée à regarder les contrats qui ont pu être donnés?
M. St-Arnaud
: Le
président du Conseil du trésor m’a dit : J’espère bien.
M. Boivin (Simon)
: …
M. St-Arnaud
: Oui, il
est prévu des effectifs supplémentaires pour administrer… Écoutez, je ne
saurais vous dire, à ce moment-ci, mais il est prévu… C’est pour ça d’ailleurs
que vous avez compris, là, j’ai même lu l’article tantôt, qu’il est prévu qu’un
pourcentage des sommes retrouvées, récupérées, va aller au paiement du
programme. Alors, il est prévu des effectifs supplémentaires pour administrer
et le programme et éventuellement, s’il y a lieu, on espère qu’on ne se rendra
pas nécessairement à ça dans tous les cas, mais éventuellement les recours. C’est
sûr que c’est des effectifs supplémentaires au ministère de la Justice pour
éventuellement intenter les recours, là, dans la deuxième étape.
M.
Bédard
: Et
le reste va être réparti, évidemment, entre ceux qui auront subi plus d’actes
de collusion et de corruption. Ça va être réparti avec les autres qui vont se
joindre au recours. Voilà.
Le Modérateur
: Rhéal
Séguin, le Globe and Mail.
M. Séguin (Rhéal)
: M.
Bédard, il y a deux semaines, vous avez dit que vous seriez en mesure bientôt
de quantifier l’impact de la lutte à la corruption sur des prix. On a eu un
premier exemple hier, 240 millions, de M. Gaudreault. Quel est le montant
total que vous estimez?
M.
Bédard
: Bien
là, vous avez un premier exemple, mais il y en aura d’autres. Le ministère des
Finances est en train de regarder. Ce qui est évident, c’est qu’il y a un
avantage à bien suivre les contrats, à bien suivre les extras puis à dire qu’en
matière d’intégrité on va être intraitables. Mais le montant… Évidemment, je ne
mettrai pas une armée de fonctionnaires, là, à déterminer le montant précis, mais
actuellement, on a les indices clairs au ministère des Transports et on est en
train de les documenter ailleurs pour que… Mais il y a des gains réels pour la
réalisation des contrats publics.
M. Séguin (Rhéal)
:
Vous allez les chiffrer quand? Le savez-vous?
M.
Bédard
:
Bien, on a commencé hier, quand même, là. Vous voyez, ma priorité, là,
justement, c’est de faire en sorte qu’on… Vous savez, on avait trois étapes. La
loi sur l’intégrité était la première. Après ça, on s’est dit aussi qu’il
fallait agir au niveau de la dénonciation et des meilleures pratiques. C’est ce
qu’on est en train de faire puis on est en train de revoir l’ensemble des
pratiques contractuelles dans le domaine de la construction et dans le domaine
informatique. Et c’est ce qu’on fait actuellement, donc je me concentre
là-dessus. Les effets bénéfiques, on les voit. Là, il faut trouver une façon,
effectivement, de les quantifier. Le ministère des Transports l’a bien
démontré, puis on aura d’autres façons, avec le ministère des Finances, de
démontrer les gains qu’on réalise.
M. Séguin (Rhéal)
: M.
St-Arnaud, ce que vous annoncez aujourd’hui, est-ce que ça va s’appliquer aussi
à des individus, par exemple, le maire Vaillancourt? Est-ce qu’il va devoir
rembourser ce qu’il aura possiblement volé de…
M. St-Arnaud
:
Présentement, le projet de loi s’adresse à des entreprises.
M. Séguin (Rhéal)
:
…des individus?
M.
Bédard
:
Bien, d’abord, le maire Vaillancourt — et sans le
nommer — fait face à…
M. St-Arnaud
: Vous ne
l’avez pas nommé, M. le...
M.
Bédard
:
…fait face à des accusations d’ordre criminel, et, d’aucune façon, le projet de
loi ne s’intéresse, ne vise, de quelque façon que ce soit, à échanger un
montant d’argent dans le domaine criminel. Les procès criminels vont suivre
leur cours, et le monsieur, comme d’autres qui sont devant les tribunaux
actuellement sous des accusations de fraude, de malversation, même de complot,
les procès vont suivre leur cours. Voilà.
M. St-Arnaud
: Et,
évidemment, je ne veux pas me mêler de ce qui se déroule devant les tribunaux,
vous connaissez ma prudence là-dessus, mais seulement vous dire, à titre
d’information, M. Séguin, pour avoir pratiqué pendant de nombreuses années
devant les tribunaux criminels, en matière de fraude, il arrive régulièrement
que des juges ordonnent un remboursement dans le cadre de la sentence
criminelle, peuvent condamner quelqu’un à une peine d’emprisonnement
accompagnée d’une ordonnance de probation. Et, à l’intérieur de l’ordonnance de
probation, il y a un remboursement qui est imposé par le juge, même au
criminel.
Alors, je vous le mentionne, là, sans
faire référence à aucun cas particulier, mais je vous dis juste que — ceux
qui ont couvert les procès criminels le savent — régulièrement, dans
les affaires de fraude, le remboursement fait partie...
M.
Bédard
: Des
moyens.
M. St-Arnaud
: …des
moyens utilisés par le juge dans le cadre du processus criminel.
M.
Bédard
: Mais
les procès criminels vont suivre leur cours, puis justice sera rendue, ça,
c’est clair.
M. Journet (Paul)
:
Avant de passer en anglais, je vais m’en permettre une très, très rapide.
M.
Bédard
: On
va essayer de vous citer demain à l’Assemblée, d’ailleurs.
M. Journet (Paul)
: Que
prévoit le projet de loi dans le cas d’entreprises qui transféreraient leurs
actifs à une autre entité corporative?
M. St-Arnaud
: C’est
une bonne question.
M.
Bédard
: Vous
me dites, une entreprise…
M. St-Arnaud
:
Attendez, j’ai la réponse ici, là.
M.
Bédard
: Non,
bien, écoutez, là, vous me parlez d’une entreprise qui utilise des stratagèmes
pour éviter l’application de la loi…
M. Laforest (Alain)
: …il
y en a plein de compagnies qui ont été vendues au cours des trois dernières
années, depuis qu’on a commencé…
M.
Bédard
: Oui,
et vous avez vu comment…
M. Laforest (Alain)
:
…à d’autres entrepreneurs, là, qui se sont retirés, là.
M.
Bédard
:
Voilà.
M. Laforest (Alain)
:
…avec eux.
M.
Bédard
: Et,
dans le cadre de la loi n° 1, d’ailleurs, on a prévu ces façons de faire
là au niveau de l’habilitation. Dans le cadre des recours civils, on va prendre
tous les moyens. S’il y avait ce type de mouvement, il y a des moyens légaux
qui permettent la protection, pas des avoirs, mais des actifs quand il y a une
cause de recours. Et toute personne qui agit dans le domaine civil va vous dire
qu’on peut agir pour protéger les avoirs.
Le Modérateur
: On va maintenant
passer en anglais avec Kevin Dougherty, The Gazette.
M. Dougherty (Kevin)
: Yes. I guess, Mr. St-Arnaud,
I just… I’ve been listening, I think I understand and I am going to tell you
what I think I understand, and you tell me if I got it right, OK? So what happens if, first of all, a
construction company is found guilty of fraud? Secondly there is a process of
voluntary «remboursement»,
voluntary. They can go into this process of voluntarily paying back what they
took that wasn’t justified. If that doesn’t work or if they refuse that, then
you would sue them. Is that pretty much how it works?
M. St-Arnaud
: I’m not sure I understood your question. You said?
M.
Bédard
: In first time…
M. Dougherty (Kevin)
: I’m trying to understand exactly how the process works. First of
all, the company has to be found guilty of fraud. No?
M. St-Arnaud
: No, no. There are two things in this bill, there are two things.
First of all, there is what we call in French a reimbursement program. OK? So it will be possible for a firm to see
a person… We will see if it’s… it can be a former judge who will receive the
firm and eventually will have a discussion with that firm to… about one or many
contracts, OK, and the firm can reimburse. That’s the reimbursement program,
that’s the first part of the…
M. Dougherty (Kevin)
: Sorry. Before you get into that reimbursement program, you have to
be found guilty of… you just…
M. St-Arnaud
: No. You just have to come…
M. Dougherty (Kevin)
: To come forward...
M. St-Arnaud
: …to see the former judge, the judge and to have discussion with the
judge about : I want to make a reimbursement about this contract, this
contract, this contract. That’s… OK. And that’s the first part.
The second part is the
civil suit, and we… in this bill, we… with this bill, we will have particular
rules to be… to eventually have a civil suit against some firm. And it’s in
this process, in the second part, that you have, first of all, to prove the
fraud. OK? And it’s in the… And if you make report… oui… if you make…
M.
Bédard
: Il
me semble qu’on était plus clairs en français.
M. St-Arnaud
: If you make the proof of the fraud, from that, there will be a
presumption of damage… «dommages»?
M.
Bédard
: Damage, oui.
M. St-Arnaud
: Damage, OK, who will… and if the… there will be a presumption of
damage for that contract where the fraud was. Did you understand my marvelous
answer?
M. Dougherty (Kevin)
: I understand now, yes. But I’m just… OK, now, I thought I
understood that there would be a criminal case… a criminal conviction for…
M. St-Arnaud
: Criminal is not…
M. Dougherty (Kevin)
: …and that’s… you’re saying no, fine, OK.
M. St-Arnaud
: Criminal is not here.
M. Dougherty (Kevin)
: So if I have a construction company and I stole money, and you
don’t know… why do I come to you and say : I want to pay back the money?
M. St-Arnaud
: Well… Naturellement,
si on ne peut pas… c’est évident qu’il faut être en mesure de faire la preuve
qu’une entreprise a fraudé ou a commis une manœuvre dolosive si on veut
utiliser les poursuites civiles, là. C’est évident qu’on ne peut pas poursuivre
quelqu’un si on ne sait pas qu’il nous a causé un dommage, là, quelconque, et c’est
que… Alors, il y a le programme de… Hein?
M. Dougherty (Kevin)
:
Comment on peut établir qu’il va…
M. St-Arnaud
: Ah!
Bien, c’est ce que je disais à M. Robillard. Il faudra établir… et c’est ce sur
quoi travaillent nos équipes et travailleront nos équipes au cours des
prochains mois et des prochaines années, aller chercher tous les éléments de preuve.
Vous pouvez imaginer quels peuvent être ces éléments de preuve, mais il faut…
Le programme de remboursement, là, c’est une chose, les poursuites civiles, c’est
une autre. Les poursuites civiles, évidemment, il faut que vous… si vous
prouviez qu’il y a eu un préjudice de causé, alors dès que vous prouvez que
l’entreprise a commis une fraude ou une manœuvre dolosive, dès que ça est
prouvé, là il y a une présomption, pour un pourcentage donné, que c’est… le
préjudice, il correspond à tel pourcentage. Alors…
M.
Bédard
: C’est
à l’entreprise à faire la démonstration.
M. St-Arnaud
: Et là ça
sera à l’entreprise à faire la démonstration que, non, ce n’est pas tant que
ça. Et moi, je me garde la possibilité, on se garde la possibilité au gouvernement,
de dire c’est plus que le pourcentage. Il pourrait arriver à des cas où on a
mis un pourcentage, et c’est l’article 6, on pourra réclamer une somme
supérieure au pourcentage, mais là il faudra en faire la preuve si on va au-delà
du pourcentage. Je ne sais pas si tout le monde suit. Mais alors il faudra
évidemment démontrer la fraude. Il faudra démontrer que l’entreprise a commis
une fraude.
Mais, vous dites : Oui, mais
qu’est-ce qui arrive si on ne le sait pas? Bien, si on ne le sait pas, c’est
bien sûr que… il faut démontrer la fraude. Alors, il faudra se servir de
certains éléments de preuve qui sont dans le décor, ou qu’on aura, ou qu’on
accumulera pour démontrer cette fraude. Et, dès qu’on a démontré cette fraude,
il y a une présomption d’un montant par rapport au montant total du contrat qui
est le dommage causé, et là c’est à l’entreprise, si elle considère que c’est
trop élevé, à venir prouver, par prépondérance de preuves, que ce n’est pas ça.
M. Dougherty (Kevin)
:
L’autre partie que je n’ai pas comprise, c’était le pourcentage. Vous voulez
fixer un pourcentage. Advenant que votre comptable dise : Bien là, c’est…
dans ce cas, c’est 40 %; dans ce cas, c’est 10 %, c’est-à-dire que ça
peut varier de cas en cas, mais là vous voulez fixer un pourcentage dans la
loi, si je comprends. Pourquoi? C’est quoi, la logique?
M. St-Arnaud
:
C’est-à-dire que le pourcentage n’est pas dans la loi. Vous l’avez à l’article
5, le pourcentage n’est pas dans la loi, il sera déterminé par le gouvernement
et sera publié à la Gazette officielle du Québec, pourcentage qui sera
la présomption, là, finalement, qui fera jouer la présomption de
l’article 3. Et ce pourcentage-là, comme je l’ai dit tantôt, je ne veux
pas rentrer dans des pourcentages à ce moment-ci, les études se… et il y a
différentes hypothèses. Est-ce que c’est un pourcentage pour tout le monde au
Québec ou si on fait des variations en fonction de certaines variables? Est-ce
que la variable régionale ou autre pourrait jouer? Ce sont des études,
évidemment, très pointues, là, qui se font chez Stéphane.
M.
Bédard
: Je
ne vous cacherai pas… Oui. Je ne vous cacherai pas, là, écoutez, déterminer un
montant, ce que représente la collusion… c’est sûr qu’on a les études globales,
mais, dans le particulier, pour chaque contrat, c’est quand même un exercice
qui est difficile. Ça fait que c’est sûr qu’on… actuellement, il faut se donner
les moyens d’être capables, contrat par contrat, d’arriver à des constats.
Donc, ce qui est important, à cette
étape-ci, c’est de commencer. Si on ne commençait pas, là, on se retrouverait
où on pourrait perdre des droits qu’on peut exercer ou des possibilités de
règlement avec des compagnies. Alors, il est important d’agir maintenant pour
cette raison.
Le Modérateur
: Shawn
Lyons, Radio-Canada.
M. Lyons (Shawn) : Mr. St-Arnaud, I just want to that about the two statutes of
limitations that exist in this law, the 15 years, the five years,
fixe years moving forward, 15 years in the past.
It seems that 15 years in the past, you’re clearly targeting those companies or
others that have appeared before the Charbonneau commission. Would I be correct
in that assumption?
M. St-Arnaud
: Well, we decided to have the same number of years than the… what we
have in the mandate of the Charbonneau commission, so 15 years.
M. Lyons (Shawn) : So you are… but you would be looking at targeting some of the
companies and individuals that have appeared?
M. St-Arnaud
: Well, we are targeting any firm who made fraud in the last 15
years.
M. Lyons (Shawn) : Other question. What are the... or what would be the advantage for
a person or a company to voluntarily come to the Government and say : We’ve done this thing, we want to give you some
money back? What’s the advantage to that person instead of, you know, waiting
until they get found out somewhere else?
M.
Bédard
:
Bien, parce que, si elle ne le fait pas, elle s’expose à des poursuites et, éventuellement,
elle sera condamnée dans un processus qui est, au niveau judiciaire, qui est beaucoup
plus simple et moins lourd pour le gouvernement. Donc, elles ont un avantage.
Deuxièmement, elles ont un avantage aussi parce
qu’elles sont en processus de réhabilitation actuellement au niveau public, on
le voit, et elles s’inscrivent donc dans la volonté de dire aux Québécois :
Regardez, on a des contrats publics, mais on va vous rembourser, là, ce que nos
anciens employés ou anciens associés ont mal fait pendant des années, on va
vous rembourser. Donc, l’avantage, il est double puis il participe de leur
volonté de mettre ce passé-là de côté mais d’en payer quand même des
conséquences.
Donc, c’est un... c’est gagnant-gagnant,
gagnant pour les travailleurs de ces firmes, gagnant pour le gouvernement et
ceux qui ont payé des taxes. Donc, voici l’avantage, sinon, là, on s’expose
effectivement à des poursuites. Vous savez, il y a le fait de perdre, mais ça
coûte cher, des poursuites, puis c’est sûr que, nous, on va mettre tous les
moyens nécessaires pour être capables d’arriver à nos fins dans le cadre des poursuites.
Ça, je peux vous le dire, ça va être une dépense qui va être payante pour le
gouvernement.
M. St-Arnaud
: Et c’est
ce qu’on fait avec le projet de loi en se donnant des règles qui vont faciliter
les choses pour le gouvernement, d’une manière exceptionnelle, parce qu’on ne
peut pas faire ça pour tous les dossiers, là, vous le comprenez.
M. Lyons (Shawn) : Donc, la
priorité, c’est d’avoir des gens qui vont venir volontairement le faire, et là,
s’ils ne viennent pas là, c’est les poursuites qui s’en viennent.
M.
Bédard
:
Intraitables.
M. St-Arnaud
: Exact.
M.
Bédard
:
Assurément.
M. St-Arnaud
: Merci.
(Fin à 12 h 42)