(Neuf heures quarante minutes)
La Modératrice
: Bonjour.
Bonjour à tous. Bienvenue à ce point de presse du porte-parole pour Québec
solidaire en matière de finances, Vincent Marissal. On va commencer par une
petite déclaration puis on va prendre les questions par la suite. À noter que M. Marissal
doit quitter à 9 h 55 pour aller au salon bleu pour l'interpellation.
M. Marissal, la parole est à vous.
M. Marissal : Merci beaucoup,
Sandrine. Je vais essayer de faire ça vite parce qu'effectivement je suis
attendu au salon bleu.
Bonjour. D'abord, merci d'être là.
J'allais dire «deux sujets». En fait, il y en a un, c'est le budget. Puis je
vais faire juste deux interventions là-dessus, sinon on va y passer la journée.
D'abord, plus on décante ce budget-là,
plus on lit les analyses, on relit les chiffres, on voit le calendrier aussi — parce
que, vous savez, un budget, c'est beaucoup de chiffres, mais moi, j'ai toujours
dit que le meilleur outil pour comprendre un budget, c'est un calendrier — et
puis effectivement, quand on regarde le calendrier, on se rend compte de plus
en plus que ce budget est en fait beaucoup plus une carte routière vers les
prochaines élections. Le report de cinq à sept ans est une bonne chose pour
l'atteinte de l'équilibre budgétaire, mais ne soyons pas dupes, le ministre
nous annonce d'ores et déjà des compressions peut-être de l'ordre de 1,3 milliard,
peut-être plus dans les années subséquentes, pour résorber le déficit
structurel et les nouvelles dépenses qui pourraient venir parce que ce n'est
pas terminé. Ça tombe bien parce que les élections, comme vous le savez, c'est
en 2022, alors, c'est après que ça se passera.
Le gouvernement souhaite aussi flatter une
certaine partie de sa base électorale en nous annonçant la suppression de 5 000 postes
d'administrateurs et administratrices dans la fonction publique. La croissance
prévue par le ministre des Finances est plus basse que ce que tous ses amis
économistes et banquiers disent. Ça, c'est le plus vieux truc dans le livre de
tous les ministres des Finances, parce que, devinez quoi, il va y avoir plus de
croissance, donc plus de revenus. Ça tombe juste avant les élections, ça aussi.
C'est parfait. C'est comme ça que ça fonctionne dans le merveilleux monde des
prévisions budgétaires.
Et ensuite, bien, le gouvernement s'est
doté du projet de loi n° 66 avec 180 projets, 55 milliards de
dollars, donc beaucoup, beaucoup de pelletées de terre, de coupage de rubans,
probablement, d'ailleurs, beaucoup dans les comtés de la CAQ ou ceux qu'ils
veulent prendre au cours des prochains mois, des 18 prochains mois. Ça
aussi, ça tombe vraiment bien.
Deuxième sujet, je vous passe le micro
après, je veux vous parler de cette improvisation qui continue dans les
politiques gouvernementales quant à la lutte à la violence faite aux femmes.
Puis là j'ai le coeur un peu serré parce que, juste, juste avant de venir ici,
on voit les nouvelles qui arrivent, qu'il y aurait eu un autre cas en Gaspésie,
un autre cas horrible, qui est même difficile à décrire, ce que je ne ferai pas.
Mais je ne sais pas ce que le gouvernement n'a pas compris, là, dans l'appel à
l'aide des femmes et des groupes qui s'occupent des femmes et qui veulent
lutter contre la violence faite aux femmes. Le gouvernement nous arrive avec
4,5 millions, sur cinq ans, ça fait 22 millions sur cinq ans. Les
maisons d'hébergement demandaient 30 millions chaque année, récurrents.
Alors, on est loin du compte. Puis, encore une fois, le ministre sort un
chiffre, là, comme un lapin d'un chapeau, en nous disant : Bien, si ce n'est
pas assez, après, on en remettra. Alors, je constate qu'avec ce gouvernement le
«si», c'est la suite logique du «on verra» du premier ministre. On verra s'il y
a un problème, on verra s'il faut mettre de l'argent, puis, si ce n'est pas
assez, on en remettra.
Alors, ce que je demande, au-delà de la
demande qui a été faite par ma cheffe parlementaire Manon Massé de la création
d'un secrétariat à la coordination et à l'intégration des actions en matière de
violences sexuelles et conjugales, donc, au-delà de la création rapide, d'une
personne responsable de ce nouveau secrétariat, nous demandons qu'il y ait une
rencontre au sommet avec cette personne responsable du secrétariat et le
premier ministre afin d'arrêter d'improviser sur des mesures incomplètes et qu'on
trouve, finalement, un programme et une politique réelle pour qu'on fasse
réellement la différence dans la lutte qui est faite dans les violences faites
aux femmes.
Alors, voilà, je suis prêt à prendre vos
questions.
Mme Richer (Jocelyne) : …
M. Marissal : En général, ce
gouvernement-là a du mal avec tout ce qui est social : on le voit, là,
notamment avec l'aide sociale, on le voit avec le logement social. Mais avec
les femmes, c'est particulier parce que les femmes, c'est 50 % de la
population et c'est un groupe qui est systématiquement discriminé. Et ici, en
plus, on a une crise, une crise publique de sécurité publique et de santé
publique, de violence faite aux femmes. Alors, comment se fait-il que le
message ne se rende pas, que ce gouvernement-là ne semble pas prendre cette
question au sérieux?
C'est pour ça que, moi, je redemande la
création du secrétariat, mais je redemande surtout une rencontre au sommet pour
que ces groupes-là soient capables, enfin, de se faire entendre et qu'on en
fasse une priorité nationale.
Mme Richer (Jocelyne) : Selon
vous, est-ce qu'on ne prend pas la ministre de la Condition féminine au sérieux
dans sa demande ou si c'est elle qui ne prend pas assez le dossier…
M. Marissal :
Visiblement, le pouvoir de persuasion de la ministre de la Condition féminine
auprès du ministre des Finances n'aura pas suffi. Visiblement, elle n'a pas
réussi à aller chercher des sommes suffisantes et significatives. Et c'est
malheureux et c'est surtout malheureux d'entendre le ministre des Finances nous
redire que, si ce n'est pas assez, on remettra de l'argent.
Je l'ai dit hier, je le redis : Ce
n'est pas «si», là, c'est «combien», puis ce n'est pas «quand», c'est
«maintenant».
Mme Prince (Véronique) :
Pourquoi vous demandez, en fait, qu'une personne soit nommée au Conseil
exécutif plutôt que de demander de remplacer, en fait, la… Est-ce que vous ne
pensez pas que, peut-être, Isabelle Charest devrait être remplacée par un autre
membre du gouvernement qui est plus influent? Pourquoi vous demandez une
personne de plus, tant qu'à ça?
M. Marissal : Je
laisserai M. Legault faire ses remaniements, là. En ce moment, ça prend
une personne spécialement dédiée à ça pour envoyer un message très, très fort
et pour aller chercher l'oreille du premier ministre, directement, avec ce
dossier de la violence faite aux femmes et du manque de ressources, notamment
en hébergement.
Mme Prince (Véronique) :
Il n'y a pas un autre ministre, d'après vous, qui serait capable de le faire
mieux? Est-ce que vous demandez, par exemple, la démission, le remplacement
d'Isabelle Charest? Est-ce que c'est quelque chose qui est aussi revendiqué?
M. Marissal : Bien,
Mme Charest n'a pas fait la preuve, à ce jour, qu'elle est capable de
porter ce dossier-là avec efficacité puis de livrer, comme on dit… un mauvais
anglicisme.
Cela dit, pour le moment, il est plus
important, dans l'urgence, là, dans l'urgence, de créer ce secrétariat, de
convoquer une rencontre au sommet et d'avoir une porteuse, je dirais, de ce
dossier-là capable d'aller directement au premier ministre pour, enfin, qu'on
soit capables d'avoir des politiques cohérentes. Pas des «si». Ce n'est plus le
temps des «si», là.
Mme Richer (Jocelyne) :
...avec Mme Charest, non? Il y a comme deux ministres de la Condition
féminine?
M. Marissal : Non, il y
aurait une secrétaire responsable de la lutte à la violence faite aux femmes, c'est
différent.
M. Bergeron (Patrice) :
Ce budget a fait ressortir, encore une fois, les problèmes de pénurie de
main-d'oeuvre. Il y a des mesures qui ont été mises en place notamment pour
former des éducatrices en CPE puis, bon, pour la construction aussi. Et d'ailleurs
le ministre des Finances fait du plein-emploi et de la main-d'oeuvre une des
conditions pour revenir à la prospérité. Est-ce qu'il ne serait pas,
maintenant, l'occasion d'avoir un nouveau débat sur augmenter les seuils
migratoires? Parce qu'on manque de monde de façon désespérée dans un paquet de
secteurs au Québec.
M. Marissal : Bien, le
niveau d'immigration a baissé de façon significative dans la dernière année
pour les raisons que l'on sait, la fameuse pandémie qui, évidemment, a eu un
impact. Évidemment, on souhaite qu'une fois qu'on sera passé à travers on va
pouvoir reprendre, minimalement, les seuils qu'on avait. Mais ce gouvernement,
vous l'avez vu depuis deux ans, deux ans et demi, prend plutôt la tangente
inverse et puis veut diminuer le nombre d'immigrants ici. Nous, on pense que ce
n'est pas une bonne solution.
Cela dit, les immigrants, ce n'est pas
juste de la chair à PIB, c'est des gens qui veulent venir s'établir ici. Il y a
toutes sortes de problèmes récurrents au ministère de l'Immigration. Il y a des
enquêtes en cours, notamment de la Protectrice du citoyen. Ce ministère-là ne
fonctionne pas bien. Et puis, en ce moment, je ne suis même pas convaincu qu'ils
sont capables d'avoir le seuil prépandémie. Mais il faut y revenir,
effectivement.
M. Bossé (Olivier) : ...curieux
de savoir si vous avez déterré quelques pépites depuis hier. Des fois, plus on
cherche, plus on trouve.
M. Marissal : Quelques
pépites de?
M. Bossé (Olivier) :
Dans le budget... qu'on voyait moins.
M. Marissal : Bien, des
pépites, ça brille puis ça a une valeur. Blague à part...
M. Bossé (Olivier) :
...valeur... pour l'opposition, des fois.
M. Marissal : Oui. Blague
à part, je m'inquiète de quelques passages dans le budget sur la ligne bleue.
Je ne sais pas si on est en train de passer la ligne bleue aussi à CDPQ Infra.
En tout cas, chose certaine, j'ai l'impression qu'on est en train de nous
refaire le coup de la ligne bleue. Ça devient une joke plate, là, la ligne
bleue à Montréal, là. Est-ce qu'on va, encore une fois, nous repousser ça?
Comme député de Rosemont et responsable du
caucus de Québec solidaire pour les affaires de Montréal, l'Hôpital
Maisonneuve-Rosemont, toujours à l'étude, toujours à l'étude, cet hôpital qui
tient avec de la broche, là, qui est en train de s'effondrer littéralement, ça,
ça n'a pas grand bon sens.
Il y a d'autres aspects du budget... puis
je veux insister là-dessus, on n'a pas eu beaucoup de temps, hein, hier, au
huis clos, là. On a eu quelques heures à peine. Ça a été... C'est toujours un
exercice de gavage, là, les budgets. Il faut avaler ça, là, très, très
rapidement puis digérer ça après pendant quelques jours. Mais on n'a pas eu
beaucoup de temps. Il y a énormément de chiffres. On va finir l'analyse fine,
mais c'est sûr qu'on va vous revenir avec certaines craintes qui étaient déjà
là ou qui sont nées de la publication du budget hier.
La Modératrice
: On va
passer aux questions en anglais.
M. Giroux
(Stéphane) : Good morning, Mr. Marissal. I'm going to pick up on this very last comment you made.
You've been doing politics for a long time as a
journalist, so you know how budgets are dumped on us. We have a couple of hours
to go trough them. Do you think the devil is in the details? We still have to
go through the whole brick to understand what might be hidden and may… very
important shifts in projects or policies, like you just mentioned?
M. Marissal :
Yes. I used to say, as a joke, that the budget lock-up should not last a few
hours, but a few days, maybe a retreat for a weekend, studying the budget with
experts, of course. That's always been a problem. And the cycle of the news
doesn't help in that matter because we step to one news to another, that's the
way it works. And I'm not complaining about it, that's the way it works. But,
sure, we have to dig deeper, and we have to… You know, la devise du Québec is Je
me souviens. We have to remember what is in this budget and follow-up on
this, especially on social programs like social housing, women shelters, and
others.
M. Giroux (Stéphane) : OK. You also mentioned something very… Isabelle Charest, do you
think she is still capable of doing her job if she cannot… the argument of…
M. Marissal :
I don't want to personalize the debate here, it's too important for this. And
we have probably another case of violence against a woman this morning in
Gaspésie, if I understand well. So, I don't want to personalize on this, except
to say that, obviously, Mme Charest missed the point and she was not
successful to convince the Minister of Finance, because that's the way it
works. She could have teamed up with Sonia LeBel, la présidente du Conseil du
trésor. Obviously, they have failed to raise the alarm and to make sure that
her colleague at the finance get it and act accordingly, that's hard to say,
accordingly. Thank you.
Mme Fletcher (Raquel) : …Mr. Girard and other members of the Government. It shouldn't
be up to Mme Charest... seven women have been killed in seven weeks. You would
think that everyone in the Government would be... No?
M. Marissal :
I don't get it, sorry. With the mask, you know, it's very difficult.
Mme Fletcher (Raquel) : It shouldn't just be up to Mme Charest to convince the Finance
Minister. l mean, we've seen the level of the crisis, seven women being killed
in seven weeks. So, do you think that the Government, in general, everyone in the Government will be more responsive to that, no?
M. Marissal : Beginning with the Premier. Beginning with the Premier. I mean, we
have a national crisis right now. It's been evolving towards a national crisis.
Many people were raising the alarms. Apparently, nobody got it in the Government. So, yes, it's more than time to
put some real measures. I mean, where is the beef? The amount of money is not
sufficient, the actions are not there. So, it's time for the Government to smell the coffee and wake up.
We have a national crisis on our hands.
Mme Fletcher (Raquel) : What are you hoping to discover or to get of out this
«interpellation, the «interpellation» this morning?
M. Marissal : Oh yes. Well, I was hoping to be able to speak with Minister Girard,
which is not the case, obviously, this morning. We want to dig further on some
issues, some social programs, social housing and also women, of course, and
also the timing of some decisions leading to the next elections, so… because,
for me, this is not a budget, this is a road map to the next election, and I
want to dig deeper in this.
La Modératrice
: Merci. Bonne journée.
(Fin à 9 h 56)