Point de presse de M. Pascal Paradis, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de sécurité publique
Version préliminaire
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Thursday, February 27, 2025, 15 h
Salle Bernard-Lalonde (1.131),
hôtel du Parlement
14 h 50 (version non révisée)
(Quatorze heures cinquante et une minutes)
M. Paradis : Alors, nous
sommes heureux de voir le Parti libéral du Québec se joindre aujourd'hui à
notre demande d'enquête publique sur le scandale caquiste SAAQclic. Nous sommes
maintenant les trois partis d'opposition d'accord. Et je pense que le Québec en
entier est d'accord pour dire qu'il faut faire la lumière sur l'ensemble de ce
scandale parce qu'on n'est pas au bout de l'affaire.
Une étape est franchie aujourd'hui. Et en
prenant la décision de renvoyer Éric Caire, le premier ministre fait un pas en
avant, fait la bonne chose. C'était la seule décision possible aujourd'hui. Il
la prend malheureusement avec plusieurs années de retard, parce que les ratés
de cette transition numérique existent depuis plusieurs années. Et tout le
monde avait réalisé, particulièrement dans les derniers jours, que le ministre
Éric Caire n'avait plus la légitimité pour être le ministre de la
Cybersécurité.
Le premier ministre, jusqu'à tout à l'heure,
a choisi sa loyauté envers le ministre Éric Caire plutôt que d'y aller pour l'intérêt
public. Donc, ça fait plusieurs années que ça dure et ça a duré jusqu'à tout à
l'heure. Il reconnaît ses torts maintenant. Tant mieux. Il reconnaît que le
ministre avait quelque chose à se reprocher, parce que s'il met fin à son
mandat, s'il lui a demandé de partir aujourd'hui, c'est parce qu'il reconnaît
qu'il y a un problème avec le ministre Caire. Il confirme donc l'importance que
toute la lumière soit faite... soit faite sur ce scandale. On ne peut pas
seulement s'en tenir à cette étape-là aujourd'hui, on veut savoir quel est le
rôle des autres ministres qui sont impliqués dans cette affaire, et seule une
enquête publique va nous permettre de le savoir.
François Legault nous a dit, tout à l'heure,
en mêlée de presse, qu'il ne pense pas qu'il y a de la corruption. Un avis
intéressant alors qu'il a demandé lui-même à l'UPAC ou que son gouvernement a
demandé à l'UPAC de se pencher sur l'affaire. Ce sont des graves allégations
dont on parle. Il nous dit : Je veux qu'on soit 100 % transparent.
Mais qu'est-ce qu'on voit jusqu'à maintenant? On n'a eu à peu près aucune
réponse aux questions qu'on a posées encore aujourd'hui en Chambre. Nous n'avons
que des documents caviardés. On n'a pas l'information de base. Raison de plus
pour déclencher une enquête publique.
François Legault s'est présenté en 2018
aux élections en disant : Ça va être tolérance zéro en matière d'intégrité.
Dans cette affaire, dans ce scandale, il nous a, au contraire, démontré qu'il y
avait beaucoup de tolérance en matière d'intégrité, sinon tolérance totale. Il
a défendu le ministre Éric Caire jusqu'à hier encore en Chambre. Encore aujourd'hui,
le ministre lui-même était en place à l'Assemblée nationale, continuant de nier
sa responsabilité et de nier les faits. Alors, qu'est-ce qui a changé, là,
entre ce matin, à la période de questions, et cet après-midi? On veut le
savoir. Mais c'est probablement la pression des révélations des dernières
heures des médias et des questions de l'opposition.
Ce qui est étonnant, et je termine
là-dessus avant de prendre vos questions, c'est que, quand on regarde le
gazouillis par lequel Éric Caire annonce sa démission, il se pose en victime et
il dit : J'ai assumé ma responsabilité. Ah oui, quand a-t-il assumé sa
responsabilité? Parce que ce qu'on a vu dans les derniers jours, c'est des gens
qui s'en lavent les mains et qui renvoient la balle à tout le monde sauf eux.
On a vu le premier ministre protéger ses ministres, on a vu les ministres se
protéger entre eux. Alors, maintenant, il faut aller au bout de l'affaire. Il
faut faire la lumière. Quelle est la responsabilité des autres ministres?
Quelle est la responsabilité du ministre des Transports de l'époque, François
Bonnardel, de la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, de la présidente
du Conseil du trésor? J'ai posé la question aujourd'hui, je n'ai pas eu de
réponse. On parle de centaines de millions de dollars d'excédent sur le montant
du contrat initial, des factures qui ont été payées...
14 h 55 (version non révisée)
M. Paradis : ...le
gouvernement continue à dire encore aujourd'hui en Chambre qu'il ne savait
rien. On a besoin d'une enquête publique.
Journaliste : M. Caire
dit : Je n'ai rien à me reprocher, je n'ai simplement pas été assez
méfiant.
M. Paradis : C'est tout dire.
Voilà l'attitude de ce gouvernement qui continue encore... même au moment où le
premier ministre force le ministre Éric Caire à se retirer, il continue à dire :
Je n'ai rien à me reprocher, ce n'est pas moi, c'est les autres. Tous les
ministres ont dit ça. Le premier ministre dit ça. Ils ont payé des centaines de
millions de dollars en factures, puis ils continuent de dire : On ne le
savait pas qu'il y avait un problème. On ne le savait pas qu'il y avait un
dépassement de coûts. On continue à nier les faits. C'est pour ça qu'il faut
une enquête publique. C'est la seule voie qui va nous permettre de faire la
lumière sur ce scandale, qui est un des plus importants scandales financiers de
l'histoire du Québec. C'est de ça dont on parle.
Le premier ministre continue à dire qu'il
n'ira pas de l'avant avec une commission d'enquête publique, il l'a dit dans
son point de presse tout à l'heure. Il a même répété qu'on avait caché de l'information
au ministre. Est-ce que vous le croyez?
M. Paradis : Comment le
premier ministre peut continuer à affirmer ça alors qu'il vient de demander à
son ministre de se retirer? Clairement, là? Parce que, là, s'il y a encore des
gens qui pensent que le ministre Caire a lui-même décidé de démissionner alors
qu'il était présent en Chambre à la période de questions ce matin... On se
rappellera, là, c'est le même ministre qui, à propos du troisième lien, avait
mis son siège en jeu, puis, avec son sang, il avait dit : Si jamais on ne
réalise pas le troisième lien, je vais démissionner. Tout le Québec a demandé
sa démission à ce moment-là. Il n'a pas démissionné. Il était ce matin ici, en
Chambre. Il a répondu à vos questions dans les corridors de l'Assemblée
nationale. Vous pensez vraiment qu'il a démissionné?
Donc, le premier ministre admet lui-même,
en demandant sa démission, qu'il y a un problème dans ce dossier-là. Mais là,
il y a une partie de la lumière qui commence à être faite, une toute petite
partie. On a besoin d'une enquête publique et je comprends très bien le premier
ministre de ne pas la vouloir.
Journaliste : Vous connaissez
bien la région de Québec, M. Paradis, dans La Peltrie. Comment vous pensez
que c'est reçu? Ça fait longtemps, là, qu'il est là, M. Caire, là. Comment
vous pensez que c'est reçu?
M. Paradis : Bien, c'est
toujours difficile de se mettre dans la peau des électeurs. D'abord, à ce que
je sache, il a démissionné comme ministre et il reste député. Qu'est-ce que les
citoyens de La Peltrie vont penser d'un ministre qui a présidé à un des plus
grands fiascos financiers de l'histoire du Québec, qui a continué à nier la
vérité jusqu'à tout à l'heure en disant que ce n'est pas lui, que ce n'est pas
de sa faute. Il n'a rien vu, il n'a rien fait, c'est ça? C'est probablement le
plus grand projet qu'il avait à gérer puis il continue à dire qu'il ne savait
rien. Il ne savait rien. Ça, c'est à l'encontre de tous les principes de
responsabilité ministérielle.
D'abord, un ministre est responsable de ce
qui se passe dans son ministère. Et deuxièmement, sérieusement, je le redis,
là, j'ai mentionné ça en Chambre ce matin, les Québécois et les Québécoises qui
gèrent sainement leurs finances savent très bien de quoi on parle. J'ai donné
un exemple. Si quelqu'un fait construire une maison puis le prix, c'est 200 000 $,
ton entrepreneur te dit : C'est 200 000 $, puis tu continues à
recevoir des factures, 250 000 $, 300 000 $, 350 000 $,
400 000 $, tu paies tes factures puis tu ne poses pas de questions?
Tu ne te rends pas compte qu'il y a un problème? Tu ne vas pas sur le chantier?
Tous les Québécois savent ce qu'on veut dire. Le gouvernement a continué à
payer puis il prétend qu'il n'était pas au courant qu'il y avait des
dépassements de coûts et des problèmes. Et le ministre qui était responsable de
ça, c'est Éric Caire.
Aujourd'hui, il a démissionné, mais vous
pouvez lui poser la question, pas seulement pour les citoyens de La Peltrie, c'est
des citoyens de tout le Québec qui peuvent se poser ces questions-là, les
citoyens de Terrebonne qui ont à voter puis envoyer un message le 17 mars
prochain, qu'est-ce qu'il pense de ce gouvernement qui continue encore au
moment de la démission d'Éric Caire à s'en laver les mains? Tout le monde continue
à s'en laver les mains. Le premier ministre l'a fait en mêlée de presse tout à
l'heure.
Journaliste
: Est-ce
que M. Caire devrait démissionner de son poste de député?
M. Paradis : Je pense qu'Éric
Caire, oui, a des questions à se poser sur son avenir, mais ce n'est pas à nous
de dire ça aujourd'hui, il a démissionné de son poste de ministre. C'était le
minimum à faire aujourd'hui. En ce qui concerne le scandale caquiste SAAQclic,
ce n'est qu'une toute petite partie de la lumière qui est faite sur le
problème. D'abord, on admet qu'il y a un problème. Le premier ministre vient de
dire à tout le monde qu'au Québec : Il y a un problème dans ce dossier-là.
Journaliste : Vous dites :
Je pense qu'il a des questions à se poser, mais quand on lit sa déclaration, il
n'a pas l'air à se poser beaucoup de questions, là. Il dit qu'il a fait ce qu'il
avait à faire puis que, bon, j'étais une distraction.
M. Paradis : Mais c'est
symptomatique de comment ce gouvernement considère tout ce scandale
actuellement. On a commencé par faire comme si le concept de responsabilité
ministérielle...
15 h (version non révisée)
M. Paradis : ...n'existait
pas, ça n'existe pas, ça. Tous les ministres ont dit : Non, moi, je n'en
ai pas, de responsabilités, je m'en lave les mains. Ils se sont tous protégés
les uns les autres, mais là ça vient de haut. C'est le premier ministre
lui-même qui a donné ce signal-là, de dire : Bien là, on va mettre la
faute sur tout le monde, mais nous, on n'assumera pas nos responsabilités. Ils
se sont protégés les uns les autres. Qui protège les Québécois aujourd'hui? Qui
protège les fonds publics, les 500 millions de dollars de plus que le
contrat initial que ce fiasco nous coûte? On n'a aucune, on n'a même pas un
brin d'excuse. On n'a pas un brin d'assumation de responsabilité dans le
gazouillis de démission d'Éric Caire et dans les propos du premier ministre du
Québec aujourd'hui. Alors, est-ce qu'on comprend... est-ce que tous les
Québécois comprennent aujourd'hui à quel point la seule... le seul instrument
qui va nous permettre de faire la lumière sur ce scandale, c'est une enquête
publique? On parle quand même de 500 millions de dollars en excédent
sur le contrat initial.
Journaliste
: On parle
beaucoup, là, des ministres, Caire, Guilbault, Bonnardel. Quelle part de
responsabilité vous imputez au premier ministre dans cette affaire? Est-ce que
vous pensez que le premier ministre était au courant, savait des choses? Le
Parti libéral a dit qu'il mentait.
M. Paradis : Si le premier
ministre du Québec continue à affirmer qu'il n'était absolument pas au courant
de ce fiasco, alors que son gouvernement payait des factures de près de 500 millions de
dollars de plus que ce qui était prévu initialement dans ce contrat-là, on a un
sérieux problème au Québec. On vient de faire un déficit de 11 milliards de
dollars. On a besoin d'argent pour les services publics et on a continué à
payer puis à dire : Non, non, on n'est pas au courant de rien. Alors,
le... celui qui doit prendre la responsabilité de tout ça, ultimement, c'est le
premier ministre du Québec.
Journaliste
: Do you think Mr. Legault
knows more than he's willing to admit in that case of SAAQclic?
M. Paradis : Well, indeed, because he admitted part of the problem today, asking
Minister Éric Caire to resign, because that's what happened. He asked him to
resign. So, this is a clear admission that there is a problem, and the
Government must be held accountable. Other ministers must be questioned, the
former Minister of Transport, François Bonnardel, current Minister for
Transport, Geneviève Guilbault, the president of the Conseil du trésor, Sonia
LeBel must be questioned. We asked questions today. We didn't have any answer.
How is it possible that we continue to pay the bills for hundreds of millions
of dollars, in... over the... what was set forth in the contract? How is it possible?
But ultimately, it's the Prime Minister who's responsible to provide answers
and who must be held accountable.
Journaliste :
In his tweet, he said, Mr. Caire, that
he was not suspicious enough. What that tells you, that he knew something was wrong,
or...
M. Paradis :
That he's not assuming any
responsibility, that he continues to deny the truth, to deny the facts. He knew
and everybody knows, in Québec, now, that he knew, and the Government, the
Government as a body, knew. So, still, they're denying their responsibility.
They are refusing to be held accountable. And that's exactly contrary to the
rules of ministerial accountability in our democracy.
Journaliste :
And will it change anything about the
scandal we're seeing and all the questions we have in the... in the General
Assembly... the National Assembly right now... Is it going to change anything
that he's resigning, or... Now that the other ministers are still here, there's
nothing changing, actually.
M. Paradis :
Well, of course it's a big change,
because, until a few hours ago, here, in Chamber, they were all protecting each
other. They were all saying : We don't have any responsibility, and we
are... we stand by our colleague Éric Caire. So, today, the Prime Minister himself,
the Prime Minister Francois Legault, is saying : Well, you must go because
there's... we have a problem. And it's just only... it's not just only Éric
Caire, it's the whole Government, and it's Francois Legault himself. Merci.
(Fin à 10 h 05)