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Point de presse de Mme Ruba Ghazal, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de relations intergouvernementales canadiennes, et M. Haroun Bouazzi, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de cybersécurité et du numérique

Version préliminaire

Cette transcription a été réalisée à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Elle pourrait donc contenir des erreurs.

Thursday, February 27, 2025, 8 h 20

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement


 

8 h 29 (version non révisée)

(Huit heures vingt-neuf minutes)

Mme Ghazal : Bonjour. Alors, bonjour, tout le monde. Chaque jour que le bon Dieu nous amène, on apprend de nouvelles révélations sur le scandale caquiste SAAQclic et on a de plus en plus de questions, de moins en moins de réponses, et, visiblement, ce matin, on n'en aura pas, de réponses puisque le premier ministre a décidé de ne pas être présent à la plus importante reddition de comptes qu'on a à l'Assemblée nationale, il ne sera pas présent à la période de questions, sachant très bien qu'on allait lui poser des questions sur ce scandale-là.

Il y a eu un article ce matin qui nous apprend des révélations extrêmement graves. Non seulement Éric Caire était au courant des dépassements de coûts, mais en plus on apprend qu'il a été l'architecte du système de manipulation des chiffres sur les dépassements de coûts, et c'est très, très grave si ce qui est écrit dans l'article s'avère vrai.

Donc, on a de plus en plus de questions, de moins en moins de réponses, certainement pas de la CAQ qui ne fait que jeter des blâmes sur tout le monde sauf prendre leurs responsabilités. Et c'est pour ça qu'on demande une commission d'enquête publique. On a été les premiers... Haroun a été le premier, jeudi, dès la publication du rapport de la Vérificatrice générale, à demander une enquête, une commission d'enquête publique. On regarde de plus en plus... plus les journées avancent plus de plus en plus de gens aussi sont d'accord avec nous. Et ça prend une commission d'enquête publique. Le Parti québécois la demande.

D'ailleurs, je me demande pourquoi est-ce que le Parti libéral non plus ne la demande pas. Ils se disent qu'ils sont ouverts. Il faut qu'ils la demandent avec fermeté pour répondre aux questions. Et je me demande :Est-ce que les libéraux, c'est parce qu'ils ont peur de paraître mal eux aussi par rapport à ce scandale-là? Il faudrait peut-être demander aussi la question à Pablo Rodriguez et Charles Milliard si eux demandent aussi une commission d'enquête publique. On a besoin d'une commission d'enquête publique pour répondre à toutes les questions. On a beaucoup de doutes, beaucoup d'hypothèses qu'Haroun va vous exposer, mais la commission d'enquête publique, ça va être la seule façon pour permettre aux Québécois de faire la lumière sur ce scandale-là.

M. Bouazzi : Merci, Ruba. D'abord, deux choses. Il y a un air de déjà vu, hein? Rappelons-nous, dans la commission Charbonneau, on est dans des gros contrats, beaucoup d'argent public est dilapidé, une place disproportionnée du privé qui écrit une partie des requis des appels d'offres pour le gagner de l'autre côté, des dépassements de coûts qui sont évalués par le privé. Rappelons-nous qu'on parle de 800 000 heures, 800 000 heures de dépassement, c'est-à-dire qu'on a découvert qu'on avait besoin de 800 000 heures. Ça, c'est 100 personnes à temps plein pendant quatre ans. C'est ça, l'erreur d'évaluation qui a été faite sur ce projet-là. Il y a donc des problèmes systémiques et il y a aussi des problèmes individuels.

M. Caire particulièrement, mais probablement qu'il est loin d'être le seul, a menti. Il a menti il y a deux ans, il a menti la semaine dernière, il a menti hier et, aujourd'hui, on se demande bien ce qu'il va nous dire. Il était au courant, il a eu des rencontres, il n'était pas un simple conseiller, il a participé à ce fiasco, et ce qu'on apprend, et Ruba l'a bien dit, c'est qu'il a même... à travers ce qu'on a appris aujourd'hui dans le journal, était l'architecte de la manipulation des chiffres pour que les Québécoises et les Québécois ne sachent pas ce qu'il se passe et cache les 222 millions d'augmentation au mois de juin 2022, donc seulement trois mois avant les élections d'octobre... Je veux dire, dans le rapport de la vérificatrice, le premier chiffre d'augmentation est en dessous de la limite qui obligerait de rendre publiques les données de 0,03 %. Même si c'est des gros chiffres, ça doit être quelques sous. C'est assez scandaleux qu'on ose jouer avec les chiffres. On le savait.

Maintenant, ce qu'on sait, c'est que l'arrêté ministériel de M. Caire a permis ce genre de manipulation et c'est très grave. La commission... nous, on l'a demandé maintenant, 2023, parce que si je peux quand même vous rappeler la quantité de fiascos qu'il y a eu en informatique, nous sommes très mauvais, ça fait plus de 10 ans que nous le savons. Dans SAGIR, un dépassement de 750 %, Accès uniQc, on est passé d'une évaluation de 116 %, 270 millions, ça a été annulé, 400 % d'augmentation pour le nouveau réseau de télécommunication, pour le réseau national intégré de radiocommunications à venir, on est passé de 150 millions à 1,2 milliard de dollars et on est loin d'avoir fini de livrer. Évidemment, je ne vous parle pas des autres projets.

Il faut absolument qu'on aille dans le fond des choses sur les questions systémiques et sur les questions personnelles qui touchent les ministres particulièrement.

Journaliste : Ça fait que votre commission d'enquête, au fond, ce n'est pas juste SAAQclic, c'est l'ensemble des projets informatiques qui ont été faits au cours des 15 dernières années au gouvernement du Québec.

M. Bouazzi : Il y a des questions à se poser. C'est-à-dire que quand il y a un dépassement de 100 %, ça semble être une réussite. C'est là où on en est, là. On a des dépassements de huit fois, 10 fois cette fois, sept fois... tu sais, je ne sais pas si vous vous imaginez, une contingence normale, c'est 25 %, on est à 750 % de contingence qui... au final, là. Ça fait que c'est sûr que c'est très grave. Ceci étant...


 
 

8 h 34 (version non révisée)

M. Bouazzi : ...le cas de SAAQclic, particulièrement, pose des questions très, très graves, étant donné qu'il y a eu clairement mensonge et manipulation de chiffres. Il va falloir rentrer dans le fond des choses.

Mme Ghazal : La commission d'enquête, c'est vraiment pour répondre à toutes les questions qu'on se pose puis qu'on apprend de façon... de manière parcellaire, là, dans les journaux, puis tout le monde qui essaie de trouver les... des réponses à nos questions. Ça fait que ça va être des questions sur SAAQclic, sur ce qui s'est passé, sur qui savait quoi, quand, pourquoi est-ce qu'il y a eu des dépassements de coûts, mais aussi sur tous les contrats, tant qu'à avoir une commission d'enquête. Parce que ça se pourrait qu'on ait d'autres scandales dans d'autres programmes informatiques, comme le dit Haroun. Donc, c'est important qu'on ne se retrouve pas dans d'autres scandales plus tard. La commission d'enquête, c'est aussi... ça permet de répondre aux questions, mais de prévenir qu'on se retrouve dans d'autres scandales plus tard.

Journaliste : Un arrêté ministériel, ça veut dire que, bon, le Conseil des ministres était au courant de tout ça, que le Conseil du trésor était en accord avec cet arrêté ministériel là. Est-ce que ça implique tous les ministres du gouvernement, selon vous?

Mme Ghazal : Est-ce que c'est confirmé? Parce que ça, c'est une information qu'on n'avait pas. Est-ce qu'un arrêté ministériel... quand le ministre le signe, ça doit passer au Conseil des ministres? C'est une question qu'on s'est demandée, puis on n'avait pas la réponse.

Journaliste : ...qui le signe. Ça fait que, là, est-ce que c'est le Conseil du trésor seulement? Bref, au moins, ils...

Mme Ghazal : Oui, bien, c'est ça, il faut une enquête pour savoir qui le savait, parce que, clairement, personne ne sait rien, personne ne voit rien, personne ne demande rien de la part des ministres caquistes. Ça fait qu'on n'aura pas de réponse de leur part. Est-ce qu'ils le savaient? Il y a eu ce décret... pas décret, mais arrêté ministériel qui a été signé par Éric Caire. Donc, clairement, lui, il le savait. Donc, c'est pour ça qu'on dit qu'il a été l'architecte de la manipulation des chiffres et des dépassements de coûts. Donc, il a menti. Et là on a une preuve. Est-ce que d'autres ministres le... ministres le savaient? Hier, Étienne Grandmont posait la question, puis je la repose aujourd'hui aussi, une autre question qui s'ajoute à une multitude de questions qu'on a. Quand il y a eu aussi le changement de ministre entre Geneviève Guilbault et François Bonnardel, est-ce que c'est parce que François Bonnardel a vu qu'il y avait des choses qui ne marchaient pas? Ça fait que, là, ils se sont dit : Regarde, moi, ça ne m'intéresse pas d'être là. Ça fait qu'ils ont dit : On change de ministre. C'est une question qu'on pose. Moi, je n'ai aucune réponse là-dessus, mais, pour Éric Caire, clairement, politiquement, il est mort.

Journaliste : A quoi vous vous attendez de sa part aujourd'hui, justement? De par son passé aussi comme ministre, comme shérif de la... à quoi vous vous attendez de sa part aujourd'hui?

Mme Ghazal : Bien là, on apprend que le projet de loi n° 82, sur lequel il siège, puis mon collègue aussi siège... qu'il a été annulé. Donc, est-ce qu'on va le voir à la période de questions tantôt? Je ne vois pas comment est-ce que François Legault peut garder son shérif à côté de lui. Bye bye, mon cowboy, comme disaient les libéraux. Ça, je suis d'accord avec eux.

Journaliste : So basically, you just learned that the consultations on Bill 82 were canceled?

M. Bouazzi : Yes, we can confirm that. Yes.

Journaliste : So since… how many hours do you know that they have been canceled?

M. Bouazzi :

Journaliste :  How do you explain this?

M. Bouazzi : So obvious… I… honestly, I won't to talk for him. What we understand is that, obviously, the news, what… that we learned from the media, from the Journal de Québec this morning, is extremely troubling. I mean, we understand that he has been personally the architect of modifying rules that make it possible to hide millions, dozens of millions of… the «dépassement»… cost overruns of the project SAAQclic. He's personally involved on that, from what we have been learning from the press today. So obviously it is going to be a rough day. What we're saying, though, is that we need a commission to actually go deep into this, and he has to start it or resign.

Journaliste : And, when you say, «deep into this», though, you're referring to more than SAAQclic?

M. Bouazzi : 100%.I mean, we have been… So, there is two things. There is a systemic problem. I mean, we have private sector that defines the different details of… what's happening today? Les appels d'offres…

Journaliste : Call for tenders.

M. Bouazzi : Call for tenders… So, there have been… and this is what is in the report. So, they're part of defining what is in the RFPs. And they actually win the… the RFP in the other side. We have private sector that discover, based on what they actually already did before… discover that they need 800,000 hours more than they didn't plan for. This is 100 people for four years full time. This is a discovery, we need, like… it's actually terrible.

So, we have systemic problems that we have to fix. And then we have individual responsibilities. And we have three ministers that are part of this. We have Mme Guilbault, we have M. Bonnardel, and we have obviously Éric Caire, that has been lying. Two years ago, he lied. He said : I didn't have a minister, I wasn't involved. We actually know that he was terribly involved, including people from his staff personally…


 
 

8 h 39 (version non révisée)

M. Bouazzi : ...this stuff personally, including him, that actually received the report. He said: I didn't know, they lied to me. This is last week. We actually learned yesterday that he knew actually, and he received the report. And now, it's even worse, he actually passed «un décret ministériel», so that they actually can play with the numbers and hide. I mean, I was honestly wondering: What are these two options? One was more risky. From the report of the Vérificatrice générale, it's written that... it's two options in June 2022, one was risky politically and the other not, right? And they decide to go with the non risky. And I was wondering: What are these two solutions? No, it's actually one solution, it's still 222 million. The two solutions, one was to hide the numbers, and the other one was not to hide the numbers. And what Éric Caire did... make it actually possible to play with the numbers and hide them from the population.

Journaliste : Is there anything he can do at this point, in your view, to salvage his political career, or would you like to see him resign today?

M. Bouazzi : I think he should start an inquiry commission right away. That's the only good thing he actually can do. Now, obviously, I don't think he has what it takes to actually stay minister. That's what... we have been saying that for a long time. No, sadly. But no matter what, if he starts the commission, we'll actually applaud.

Mme Ghazal : Well, I don't see how M. Legault can accept to still have Éric Caire in his... as a minister. I can't see how he can accept that. And it's important that M. Legault... to call for this inquiry. It's important that all the political parties ask for this inquiry that Québec Solidaire we ask in the beginning last week. A lot of people are asking also for this inquiry to answer to all the questions about SAAQclic scandal. I invite also the Liberal Party to do the same thing than us, and to ask for this inquiry to have answers on this SAAQclic scandal.

Journaliste : But, you know, Mr. Legault is not here today and there is a two-week spring break, so...

Mme Ghazal : Yes, he's hiding. He's hiding from his responsibilities. The period of questions, it's not a bad show only, it's also a place where there's a lot of... Comment on dit «reddition de comptes»?

Journaliste : Accountability.

Mme Ghazal : Yes. That period of questions is an important place for accountability. And M. Legault, during this very enormous scandal, he decides not to be present and to hide from his responsibility.

(Fin à 8 h 42)


 
 

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