Cette transcription a été réalisée à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Elle pourrait donc contenir des erreurs.
(Neuf heures)
M. Grandmont : Bonjour, tout
le monde. Content de vous retrouver. D'abord, on va évidemment parler du projet
SAAQclic, parce que ça foire pas pire avec ce projet-là. D'abord, j'aimerais
revenir sur le rapport de la Vérificatrice générale, 222 millions de
dollars, donc, ça a été discuté. Il y avait un avenant, un dépassement de coûts
du projet. On voulait modifier ces... le montant octroyé, autorisé, là, au
service SEAO, de 222 millions de dollars.
Il y avait un risque médiatique élevé, un
risque médiatique et politique élevé. On a préféré choisir l'option qui était
la moins dangereuse pour des politiciens et des politiciennes et mettre plutôt
le fardeau, la preuve, la responsabilité sur le dos de la SAAQ en séparant l'avenant
de 222 millions de dollars en faisant trois appels... trois avenants consécutifs,
dont un qui était sous le seuil de... par 0,03 % d'obligation, là, d'inscription
au SAE. Et ce que ça fait, en fait, c'est que ça a permis de mettre la
responsabilité davantage sur la SAAQ plutôt que sur le gouvernement, en fait,
sur le gouvernement en place.
Ça pose des questions assez importantes. D'une
part, on aimerait, nous aussi, évidemment, que le rapport de la SAAQ, du
conseil administration de la SAAQ, notamment celui de juin, soit décaviardé
pour qu'on comprenne comment s'est pris la décision de mettre le risque sur la
SAAQ. On comprend bien aussi qu'il y a un choix qui est fait de faire ces
avenants-là après la période électorale. Donc, plutôt que de les faire
directement avant juin puis que ce soit visible pendant la campagne électorale,
on les repousse à après la campagne électorale. Et moi, ça me pose la question
aussi : Est-ce que le changement de ministre qu'on a eu suite à l'élection
de 2022... on a changé, là, François Bonnardel et Geneviève Guilbault de
postes. Lui, il est passé de la Sécurité publique à... l'inverse, il est passé
des Transports à la Sécurité publique et elle est passée de Sécurité publique
aux Transports, est-ce que ce choix-là résulte aussi du fait qu'on avait un
scandale potentiel à la SAAQ? Ça permettait de libérer François Bonnardel de
ses responsabilités puis ça permettait, d'un autre côté, d'avoir Geneviève
Guilbault qui dit : Ah! ce n'est pas de ma faute, ce n'est pas de ma
faute. Ça créait une distance. Et, si c'est effectivement le cas, bien, ça veut
dire que le premier ministre était au courant.
Donc, moi, j'aimerais vraiment savoir si
le premier ministre était au courant et si le changement de ministre, l'interchangement
entre Bonnardel et Guilbeault, est dû, en partie ou en totalité, au scandale de
la SAAQ qu'on est en train de voir poindre avec le rapport de la Vérificatrice
générale. Merci. Je vais passer la parole à Haroun Bouazzi.
M. Bouazzi : Merci, Étienne.
Éric Caire a menti. Il a menti, en fait, à plusieurs reprises dans le dossier
de la SAAQ. Souvenez-vous, quand le scandale a démarré, la première réaction de
M. Caire, c'était : Je n'avais pas de ministère, j'étais un simple
conseiller. Or, pendant les crédits suivants, quand je lui ai posé la question :
Quels conseils a-t-il donnés? Premier mensonge, réponse : Aucun. Aucun
conseil il a donné. Même ce mensonge est un mensonge, vous imaginez, c'est-à-dire
une double défense.
Aujourd'hui, dans Le Devoir, on
apprend qu'il avait des rencontres avec le chef de projet en question et qu'évidemment,
et ça, on le savait, une des raisons du fiasco, c'est le fait d'avoir poussé le
système d'authentification gouvernementale, le SAG. Il faut comprendre que ce
qui se passe à la SAAQ est la pointe de l'iceberg, que les projets
informatiques les uns après les autres ne fonctionnent pas et que donc il est
important de démarrer la commission d'enquête qui a été demandée par M. Éric
Caire lui-même à travers les années, quand il était dans l'opposition. On nous
cache des choses, on nous a menti. Étienne en a parlé, des décisions ont été
prises la veille des élections où on a joué avec les chiffres pour cacher aux
Québécoises et Québécois les augmentations. C'est dans le rapport de la
Vérificatrice générale. Il faut le faire. Décider de couper une augmentation en
trois tranches dans la première et en dessus de 0,03 % du seuil qui fait
en sorte qu'on est obligé de rendre ces données-là publiques, il est temps de
rentrer dans le fond des choses et d'avoir une vraie commission d'enquête.
Merci.
Journaliste : Pourquoi, à
votre avis... Justement, vous parlez du témoignage ou la version de M. Malenfant
qui est rapportée aujourd'hui dans Le Devoir? Pourquoi vous pensez que
sa version n'a pas été retenue par la VG?
M. Bouazzi : Bien, déjà, moi,
je retiens qu'il y a une bonne partie de ce qu'il dit qui n'est absolument pas
en contradiction avec ce que dit la vérificatrice générale. Nous, on a
confiance dans le rapport de la Vérificatrice générale. La question d'avoir
joué avec les chiffres pour essayer d'être sous les seuils, c'est dans le
rapport de la Vérificatrice générale. Ce n'est pas dans ce qui a été rapporté,
dans Le Devoir.
L'autre partie qui est importante, c'est
ce qui est dit, c'est que le fait qu'on leur a imposé l'intégration du service
d'authentification est une des raisons du problème. Or, clairement, dans le
rapport de la Vérificatrice générale, la question de l'intégration de la SAAQ
est hors scoop, c'est-à-dire qu'elle ne fait pas partie de l'analyse. Donc,
pour nous, ce n'est pas... la majorité de ce qui est sur la table, elle n'est
pas en contradiction, par contre, ça met en exergue la responsabilité des ministres
et, dans ce cas-là, du ministre Éric Caire particulièrement. Il ne peut pas
commencer par dire : Je n'avais pas de ministère, je n'ai rien à voir, je
suis un conseiller. Ensuite, dire : Ah! bien, en fin de compte, je n'ai
donné aucun conseil, pour, en fin de compte, rencontrer la personne et
collaborer avec elle pour en plus leur imposer des changements qui ont joué un
rôle dans le fiasco.
Journaliste : Si on part du
principe qu'ils vous ont menti comme vous le dites, quelle doit être la conséquence?
M. Bouazzi : Bien, la
première conséquence, je pense, c'est de rentrer dans le fond des choses avec
une commission d'enquête. Ça sent la commission Charbonneau, on s'entend, hein?
Il y a énormément d'argent qui est en jeu. Rappelez-vous, durant la commission
Charbonneau, un des problèmes principal systémique qui a été mis sur la table,
c'est le fait que c'était le privé qui exécutait les travaux, et que, de l'autre
côté c'était un autre privé qui validait que les travaux étaient bons. Et c'était
une des raisons pourquoi ça nous coûtait très cher et que les travaux étaient
souvent mal faits. Dans ce contrat-là, là, c'est SAP qui définit les besoins de
l'appel d'offres, c'est SAP qui gagne l'appel d'offres de l'autre côté, et
alors que même c'était le SAP qui avait contribué à l'appel d'offres. En
chemin, ils demandent 800 000 heures de plus de... je ne sais pas si
vous imaginez ce que c'est, là, c'est 100 personnes pendant quatre ans à
temps plein. C'est ça, l'erreur d'appréciation qui a été faite. C'est sérieux,
là, ce qu'il se passe, fait que rentrant dans le fond des choses, au minimum ce
qu'on sait déjà, c'est qu'ils nous ont menti et je suis persuadé qu'on est...
On va malheureusement découvrir d'autres affaires. Et il ne faut pas s'arrêter
à la SAAQ, là, c'est vraiment important, là. Il ne faut pas s'arrêter à la
SAAQ. Tous les projets actuellement marquent un problème. Le problème
systémique dont je parle dépasse la SAAQ. Actuellement, il y a plus de
10 % des postes qui sont ouverts dans le ministère de M. Éric Caire, il n'a
pas l'expertise qu'il faut pour pouvoir s'assurer des réussites et ne pas tout
donner au privé pour qu'il gère absolument tout, des appels d'offres aux
changements, etc.
Journaliste : Est-ce que les
ministres, à votre avis, doivent démissionner?
M. Bouazzi : Ah! bien ça,
Éric Caire, il ferait bien de partir depuis longtemps. Il est d'une
incompétence terrible, mais il pourrait au moins commencer par une commission d'enquête,
ça lui permettrait d'être utile pour quelque chose.
M. Grandmont : Je vais me
permettre de répondre aussi là-dessus. Évidemment, comme mon collègue l'a dit,
ça prend... pour rassurer la population puis pour aller au fond des choses. 500 millions de
dollars d'augmentation sur un projet qui n'est même pas terminé encore. Donc, c'est
au moins 1,1 milliard, ça pourrait monter, ça va monter encore,
évidemment. Donc, pour que le Québec, pour que les Québécoises et les Québécois
soient rassurés puis comprennent le problème qui est digne de la commission
Charbonneau, effectivement, on doit avoir cette commission d'enquête publique
que demande mon collègue.
L'autre chose, c'est la responsabilité
ministérielle individuelle. Ça dit quoi? Ça dit que le ministre ou la ministre...
M. Grandmont : ...est
responsable de ses actions puis des actions de ses employés, y compris de ses
agences. Une agence, là, ça ne te dédouane pas d'être responsable des gens qui
travaillent pour toi? La SAAQ, ça fait partie du ministère des Transports. Il y
a eu deux ministres qui ont baigné dans le scandale de la SAAQ, là, M. Bonnardel
puis Mme Guilbault. La responsabilité individuelle, là, ça te dit que tu es
responsable des actions de tes employés et que si le cas de gestion est trop
grave, tu peux être démis de ses fonctions? Je n'ai rien d'autre à ajouter.
Journaliste
: Juste
une... Oh! Mon Dieu! Pardon. Juste une clarification concernant les propos du
premier ministre d'hier qui dit quand même que le Parti québécois puis le Parti
libéral portent une part de responsabilité. Est-ce que vous êtes d'accord avec
ça?
M. Bouazzi : Bien, encore
une fois, là, si on prend les 10 dernières années de projet, ils ont tous
explosé les prix, là. Hier, j'en ai fait la liste dans ma fonction. Que ce soit
SAGIR, que ce soit la SAAQ, que ce soit les fax dans la santé, que ce soit le
guichet d'accès à la... aux CPE, il n'y en a pas un... Le meilleur est au-dessus
de 100 % d'augmentation et le pire est à 800 % d'augmentation, là. Ça
fait qu'évidemment que le problème dépasse M. Caire. Et d'ailleurs, pour
le coup, laissez-moi être d'accord avec M. Caire de 2015 qui disait déjà, en
fait, les constats qu'on fait aujourd'hui, qui consistent à dire : Ça va
mal. Allons dans le fond des choses. On n'est pas capable de livrer ni dans les
temps ni dans l'argent qui est prévu. C'est une constante qui a commencé par le
Parti libéral, ensuite par le PQ, repris par le Parti libéral et maintenant par
la CAQ depuis sept ans. Ça fait qu'évidemment, effectivement, il y a un
problème. D'ailleurs, toute la partie qui consiste à dire que c'est SAP qui a
écrit les requis de l'appel d'offres et c'est SAP qui l'a gagné. Bien ça, c'était
le Parti libéral, là. Ce n'était pas la CAQ.
Journaliste
: Concernant
votre réponse à la question de mon collègue, je comprends que, oui, vous pensez
que M. Caire devrait démissionner, mais dans le fond que vous souhaitez qu'il
réponde à des questions avant... avant. C'est un peu ça.
M. Bouazzi : Bien, nous,
on pense que s'il démarre une commission d'enquête, ça serait déjà un premier
pas d'utilité de M. Caire. C'est évident, là, on va aller dans le fond des
choses, ça va être très bien. Maintenant, s'il ne démarre pas d'enquête et que,
de l'autre côté, on continue à faire des fiascos, on se demande à quoi il sert,
là.
Journaliste
: O.K. Ce
matin, on apprend que bon, finalement, Québec va de l'avant avec l'imposition
de quotas comme dans ce qui était prévu dans le projet de loi. On vise beaucoup
le privé. Puis en fait, on vise le privé pour une diminution des certificats
émis parce que certains ont un modèle d'affaires, là, avec les AEC. Ah! C'est...
Bien, en tout cas... Bon, bref, est-ce que vous avez une réaction par rapport à
ça? Parce qu'on plafonne ici...
M. Bouazzi : On va vous
sauver du temps. Il y a notre... Il y a notre collègue qui va faire un scrum. Guillaume
va faire un scrum à...
M. Grandmont : À 9 h 30.
M. Bouazzi : ...à 9 h 30.
Merci.
Journaliste
: ...the new element today is that Mr. Malenfant spoke to Le Devoir and
said that he met with Mr. Caire... So, what are you asking today? Is it that
Mr. Caire lied to you and the National Assembly?
M. Bouazzi : So, Mr. Caire lied not once, but actually twice because his first
defense when the thing started more than one year ago, was : I didn't have
a ministry. Right? I was just a consultant. So, the first was when I asked him
what advice, because he said that was an advice, what was the actual advice
that you gave? He said : None. I didn't give any advice. And now, what we
learn today, is even that was a lye, because he actually met with the guy that
was in charge of the project more than once. So…
Journaliste
: He has to resign?
M. Bouazzi : He has to start an inquiry to actually go in the depth of the
thing. Now, obviously, if he needs to start this inquest for a commission
d'enquête, nor actually succeed because everything he has been doing is
actually a failure, he obviously has to leave, yes.
Journaliste
: Are you worried this is going into other instances, that even Santé
Québec has had issues too with funding? Is that a concern of yours?
M. Bouazzi : 100 %. There isn't even a chance . I
mean, at least if we can name one big project that was a success… Even… We
could be… You know, if you're very, very optimistic, you could say : Ah!
Maybe he will succeed. There is not even a chance of any success. And I can
name… You know, I named a couple of projects, SAGIR, SAAQclic, but all the project
that he started, Mr. Caire, he started a project which is the cloud strategy
for the Government, he actually, now seven years ago, said : No worries,
we'll save a hundred million a year. This thing passed from 15 million as an
expense, to 356 million as an expense. I didn't come back with a hundred
million revenues a year, and not even one…