(Onze heures cinquante-cinq minutes)
M. Tanguay : Alors, bonjour.
Aujourd'hui, à l'Assemblée nationale, nous avons vu, suite au rapport de la
Vérificatrice générale sur SAAQclic... on a vu le grand bal de la
déresponsabilisation du gouvernement de François Legault. Ce n'est pas moi, ce
n'est pas moi, c'est toujours les autres. Dans SAAQclic, on a bien hâte d'avoir
toute la vérité.
Là, François Bonnardel, qui était ministre
des Transports, de 2018 à 2022, dit : Moi, j'ai été leurré, je n'ai pas
été mis au courant, lorsque l'on sait que c'est faux de prétendre que le signal
était, pendant toutes ces années-là, au vert. C'est un projet qui, non, n'a pas
toujours été au vert, un projet qui a requis, même, des augmentations majeures,
plus de 300 millions d'argent supplémentaire de la SAAQ, dans ce projet,
qui, au départ, était de 600 millions. Quand vous êtes ministre
responsable de la Société d'assurance automobile du Québec, quand vous avez un
projet majeur de 600 millions, quand ce n'est pas vrai, puis la V.G., ce n'est
pas ça qu'elle est venue dire, que tout était tout le temps au vert, non, et
que lui-même dit qu'il parlait régulièrement au P.D.G. Bien, quelles questions
a-t-il posé? Jusqu'où a-t-il fait son travail ou pas fait son travail? Nous, on
prétend qu'il n'a pas fait son travail, qu'il ne peut pas se déresponsabiliser.
Et ça, c'est la phase qui nous amène jusqu'à
novembre 2022. À partir de novembre 2022, c'est Geneviève Guilbeault. Et là,
novembre 2022, elle se fait informer que le programme qui est maintenant rendu
à plus de 900 millions, le coût de ce programme-là, bien, il y a un
retard. Voyants rouges pour la ministre Geneviève Guilbeault. Il y a un retard.
Il ne sera pas mis en application en décembre, mais ça va aller en février. Qu'est-ce
qu'elle a fait à ce moment-là? Elle aurait dû sûrement poser toutes les questions
pour dire : Qu'est-ce qui se passe? Pourquoi il y a un retard? Elle a
affirmé et avoué qu'elle l'a su, à ce moment-là, qu'il allait avoir une
fermeture, pendant 21 jours, trois semaines, du service transactionnel. Et
elle l'a dit : On le savait, tout le monde le savait au Conseil des
ministres. Elle a laissé faire ça, alors que tout le monde au privé dit :
Ça ne... Ça ne tient pas la route de fermer le service transactionnel pendant
trois semaines. Ce qui est arrivé avec la réouverture, c'est que ça a bloqué,
bien évidemment.
Puis, troisième élément, aujourd'hui, là, j'ai
interpelé François Legault. Ce projet-là, là, qui est un projet caquiste, cet
accident, ce carambolage-là, on l'a vu, et ils l'ont vu se déployer en... au
ralenti. Aujourd'hui, le service, imaginez-vous donc, va coûter plus de 1,1 milliard.
La V.G. nous dit : Ça va coûter plus cher que ça, plus de 1,1 milliard.
Et savez-vous quoi? Le service SAAQclic est encore moins performant aujourd'hui
que le vieux système qu'ils ont voulu remplacer qui datait de 40 ans.
Alors, les Québécoises et Québécois ont un gouvernement qui se
déresponsabilise, n'ont pas un service digne de ce nom à la SAAQ. Ça va coûter
une fortune, plus de 1,1 milliard. Puis on a un gouvernement qui s'en lave
les mains. Ce n'est jamais de leur faute, ça ne sera jamais de leur faute. Ils
doivent répondre, ils sont responsables. Monsef?
M. Derraji : Oui. Nous sommes
devant une vraie catastrophe en termes informatiques. Donc, le système CASA,
aujourd'hui, on peut changer de nom et l'appeler dorénavant CATA, catastrophe. J'étais
là, lors de la réunion avec la Vérificatrice générale, et je lui ai posé une
seule question par rapport au 1,1 milliard. Et je dois vous informer que
le 1,1 milliard, c'est en date de 2022. Gardez ça en tête. On n'est pas à l'abri
que ça risque d'être 2 ou 3 milliards, là. Je dois vous annoncer aussi une
mauvaise nouvelle, qu'il y a deux systèmes à l'intérieur de la SAAQ. Je ne vais
plus dire CASA, mais c'est un CATA. Et vous allez comprendre pourquoi. J'ai
lancé un système qui roule pour la phase 3, qui a été arrêtée, il faut que
les gens comprennent ça, c'est arrêté. Donc, on fonctionne avec un ancien
système informatique, qui, lui, nous coûte cher en matière d'entretien. Donc,
le système CATA coûte aux Québécois aujourd'hui 1,1 milliard, en date de
2022. La Vérificatrice générale n'était pas en mesure d'évaluer la période de
2022 à 2024, et je rajoute le coût lié à l'ancien système.
Maintenant, c'est vrai que, les parlementaires,
nous étions vraiment... nous avons reçu de la mauvaise information. Ça a été
démontré. Ça, je vous informe qu'il va y avoir enquête. Aujourd'hui, vous avez
vu, au début, que je me suis levé pour interpeler la présidente et je lui ai
dit que je vais envoyer une question de privilège. Elle sera envoyée dans les
prochaines heures. Et la présidente va confirmer mardi s'il va y avoir enquête
ou pas. C'est à l'image que... de ce que j'ai fait par rapport à Mme Geneviève
Guilbault, qui est, elle, sous enquête de la Commission de l'Assemblée
nationale. Ça va être la même chose.
Maintenant, en termes de responsabilité
ministérielle, j'ai un document que je dois vous montrer. C'est le document de
la Vérificatrice générale, où on parle, en 2022, il y avait une demande de
contrat de 222 millions, et c'est marqué «risques médiatiques et
politiques élevés.» Quand j'ai un conseil d'administration qui déclare qu'il y
a un risque médiatique et politique élevé, quand c'est moi, le ministre, qui a
nommé le président de CAO... le P.D.G., je ne peux pas croire que le président
de CAO, P.D.G., n'a pas appelé le ministre.
Nous avons bien fait notre travail. J'ai
avec moi trois PV que je peux vous laisser. Dans les trois PV, c'est à la même
période où la SAAQ voulait un autre contrat. Et, dans l'ordre du jour,
point 7, suivez Projet CASA, c'est caviardé.
Le défi que je lance au gouvernement, à M.
Bonardel et Geneviève Guilbault : S'ils veulent toute la transparence avec
les Québécois, qu'ils décaviardent ce document. Parce que c'est ici où ils ont
parlé des indicateurs.
Donc, qu'on ne vient pas me dire que le
ministre des Transports à l'époque, M. Bonardel, et Mme Geneviève Guilbault
n'étaient pas au courant. Qui a nommé le P.D.G.? Qui a nommé le président de
OCA? Ce sont les caquistes qui les ont nommés. Ils ne peuvent pas aujourd'hui
fuir leur responsabilité et dire aux Québécois : On vous laisse avec une
facture de 1,1 milliard et un arrêt du développement du logiciel à
l'intérieur de la SAAQ. Merci.
M. Tanguay : Des questions?
On est...
Journaliste : La suite, pour
la responsabilité ministérielle, vous en êtes où, là? Est-ce que... leur
démission? Est-ce... qu'ils s'excusent? Parce que le 1,1 milliard, il ne
reviendra pas, là.
M. Derraji : Bien, je vous le
dis, moi, ce qui m'inquiète, et on se parlait, avec le chef, c'est que c'est le
début de la transformation numérique. J'étais là lors de la réunion aujourd'hui
et j'ai posé la question à Mme la Vérificatrice générale : Si les Québécois,
ils ont perdu avec un projet qui a été évalué à 600 millions, plus qu'un
demi-milliard, et ça risque d'être 1 milliard, ça sent très mauvais pour
la suite des choses pour Éric Caire, qui, en ce moment, est en projet de loi
pour un autre projet de transformation numérique.
Donc, le chef l'a très bien dit :
C'est un méchant «wake-up call» pour François Legault : Est-ce qu'il est
capable d'être le vrai patron de la situation et éviter aux Québécois une perte
d'argent?
Journaliste : Qu'est-ce que
le gouvernement doit faire pour la suite?
M. Derraji : Beaucoup de
choses, beaucoup de choses. Je vous le dis, j'ai avec moi tout ça. C'est les
procès-verbaux des deux dernières années de la SAAQ. Comment ça se fait que
moi, j'ai eu accès à ça, j'ai lu ça avec mon équipe, et on était capables de
dire que le C.A. était au courant? C'est ça qu'on doit tous clarifier
aujourd'hui.
Quand M. Bonnardel se lève et il
dit : On s'est fait tous tromper, on nous a trompés, le C.A, c'était
mentionné, noir sur blanc, il y avait des enjeux. Donc, c'est pire, s'ils
n'étaient pas au courant. Ils ont nommé le P.D.G., ils ont nommé le président
de C.A. C'est leur homme de confiance, c'est son bras droit. Combien de fois M.
Bonnardel l'a rencontré, le président de C.A.? Je vous invite à lui poser la
question : Combien de fois, en 2022, en 2023 et en 2024, ils ont rencontré
le président de C.A. et le président-directeur général?
Journaliste : Qu'est-ce que
vous leur dites, à ce moment-là? Ils ont remplacé, ils ont... ils ont mis
dehors ces gens-là, ont remis des nouvelles personnes en place. Qu'est-ce que
vous leur dites de faire? Est-ce qu'il faut changer les responsabilités...
M. Tanguay : Oui. J'ai un
message. Ils sont mauvais. Que c'est que vous voulez que je vous dise, ils sont
mauvais, ils sont mauvais. Non mais ils sont mauvais. Vous me dites :
Qu'est-ce qu'on fait? On s'en débarrasse, de ce mauvais gouvernement là.
Honnêtement, c'est un fiasco. Mais vous me dites : Avez-vous confiance?
Non, on n'a pas confiance en ces ministres-là. Mais il ne va pas les changer.
Journaliste : Mais ils ont
menti, selon ce que vous dites, ou il y a de l'aveuglement volontaire?
M. Tanguay : Dans le mieux,
ils n'ont pas fait leur job, dans le mieux. Je n'ai pas la preuve qu'ils ont
menti, mais, dans le mieux, ils n'ont clairement pas fait leur job. Vous êtes
ministre responsable de la SAAQ, vous savez qu'il y a un projet majeur,
600 millions. C'est faux de dire que tout était au vert. La VG nous a dit
qu'il y avait des voyants rouges. Et on passe de 600 à 900 millions. Là, on
est rendus à 1,1 milliard, puis le service est encore plus mauvais qu'il y
a 40 ans. Ils sont dans leur septième année. Il faut se débarrasser de ce
gouvernement-là.
Maintenant, si vous me demandez : Si
vous étiez ministre aujourd'hui? Bien, on ferait toute la lumière puis on
dirait... écoutez, on ferait le ménage. Mais, le ménage, il faut que ça vienne
d'en haut.
Journaliste : ...ont clairé
du monde. Qu'est-ce qui... Qu'est-ce qu'il faut faire?
M. Tanguay : Il faudrait
qu'ils se clairent eux autres mêmes parce qu'ils ne sont pas bons. Non, mais je
vous le dis, honnêtement, là...
Journaliste : ...commission
d'enquête, est-ce que vous trouvez que c'est une bonne voie à emprunter?
M. Derraji : Bien,
premièrement, moi, j'étais là lors de cette rencontre ce matin avec la
vérificatrice générale. Nous, pour nous, il y a... La présidente de l'Assemblée
nationale, mardi, risque de statuer en faveur. Je ne vais pas présumer de son
intention, mais nous avons tous les éléments par rapport à avoir raison par
rapport à la question de privilège. Donc, à l'intérieur de l'Assemblée, on a
des outils. Donc, j'informe Québec solidaire que ça existe. Ça s'appelle la
Commission de l'Assemblée nationale. Et, quand on dépose une question de
privilège, la présidente de l'Assemblée va statuer et on fera enquête.
Maintenant, l'élément le plus important
qu'il faut garder en tête, c'est que ce n'est pas la première fois. Geneviève
Guilbault a oublié... et elle est sous enquête, a oublié de déposer le rapport annuel.
Et déposer le rapport annuel, c'est une conséquence du laisser-aller de 2022.
Donc, aujourd'hui, ce qu'on leur demande,
c'est de se tenir debout, d'avouer leur échec. Les deux sont responsables de
cet échec qui a coûté très cher aux Québécois.
Journaliste : ...est-ce que
vous demandez leur démission? Vous dites : Il faut tasser ce mauvais
gouvernement là.
M. Tanguay : Pour nous...
Non, je ne demande pas leur démission parce qu'ils n'ont pas notre confiance.
Pourquoi on demanderait...
Une voix : ...
M. Tanguay : Bien, parce
qu'on peut demander la démission de tous les ministres aujourd'hui, là, mais on
ne l'aura pas, on ne l'obtiendra pas. C'est correct, ils sont encore au
pouvoir, il ne leur reste qu'un peu moins de deux ans. On leur demande d'être
honnêtes avec les Québécoises et Québécois, de dire toute la vérité. Puis je
n'ai pas la preuve qu'ils ont menti, mais, très clairement, ils n'ont pas fait
leur travail. Ils n'ont clairement pas fait leur travail.
Je donne un exemple. Ils ont changé le
P.D.G. de la SAAQ... en avril 2023?
M. Derraji : Oui.
M. Tanguay : Puis là c'est un
projet qui fonce dans le mur. En 2022, c'était 1,1 milliard. On va-tu se rendre
à 2, 3 milliards? Rappelez-vous du shérif Éric Caire, quand il était dans
l'opposition puis qu'il descendait en flamme des surplus puis pertes de
contrôle. C'est lui qui était, entre autres, en... responsable de ça...
Alors, écoutez, c'est un mauvais
gouvernement. La preuve, c'est un fiasco caquiste, ça. Et là, aujourd'hui,
c'est trop facile, à toutes nos questions, de dire : Arrêtez, arrêtez,
vous faites de la petite politique, les libéraux. Arrêtez de poser des
questions, on a tous été trompés. Bien, désolé, ce n'est pas nous qui sommes ministres
depuis sept ans.
M. Derraji : Et j'ajoute un
point extrêmement important, parce que vous avez évoqué les compagnies. Les
deux compagnies privées qui... l'alliance, je ne vais pas nommer les deux
compagnies, il y avait une alliance, ils ont envoyé des avis écrits. Et il y a
quelqu'un dans la machine qui a dit : Malgré les avis écrits, je donne le
go. Nous sommes à la recherche de cette personne. Parce que, quand tu as les
partenaires privés qui te disent : Les tests ne passent pas la réalité, tu
sais, c'est impossible... Il y avait des avis écrits. Qui a autorisé le
déploiement?
M. Tanguay : On veut savoir.
M. Derraji : On veut le
savoir. Et, pour le savoir, je lance un défi à M. Bonnardel et à sa collègue.
Ça commence par décaviarder tout ça. Parce que, quand je lis le procès-verbal,
je peux vous le laisser, suivi du projet... parle de CASA. Ils ont parlé de ça
quatre ou cinq fois en 2022. Et après il y avait l'échec que vous avez suivi,
avec l'explosion des coûts.
Donc, s'ils sont honnêtes et ils ne
sont... ils n'ont rien à se reprocher, ni à nous cacher, ni à cacher aux
Québécois, pour justifier la perte de 1,1 milliard, qu'ils décaviardent
l'ensemble des procès-verbaux du conseil d'administration.
M. Tanguay : C'est un fiasco.
C'est un fiasco, purement et simplement. Ça va coûter des milliards. Dehors, la
CAQ, dehors.
(Fin à 12 h 08)