(Huit heures quarante-quatre minutes)
Mme Labrie : Bonjour, tout le
monde. Aujourd'hui, je vais déposer un projet de loi qui va... qui propose de
compenser les municipalités, en fait lorsqu'elles cèdent un terrain pour une
école. On voit que, depuis que cette obligation-là a été imposée aux
municipalités il y a quelques années, ça pèse très lourd sur leurs finances.
Dans certains cas, ça vient même les plomber complètement. Je pense à l'histoire
de Val-David en particulier. Donc, le projet de loi que je dépose aujourd'hui,
c'est vraiment pour venir soulager les villes de ce fardeau-là.
Vous savez, quand on construit un hôpital
au Québec, on ne demande jamais à la municipalité de fournir le terrain parce
que c'est une infrastructure qui relève du gouvernement du Québec. Mais pour
les écoles, ça devrait être la même chose. Cette facture-là, c'est le
gouvernement du Québec qui devrait la payer. Donc, on se propose de régler ça
pour soutenir les municipalités qui ont tellement d'autres dossiers sur la
table, qui ont besoin de leurs ressources financières pour accomplir leurs
autres mandats. Donc, c'est ce qu'on propose aujourd'hui.
Mme Ghazal : Merci. Merci,
Christine. Alors, bonjour, tout le monde! Vous avez probablement vu le débat
qui a été initié par Québec solidaire, par mon collègue Alexandre Leduc pour...
C'est une motion. On a eu un débat de 2 heures pour interdire tout projet
et de refuser tout projet de pipeline de gaz et de pétrole sur le territoire du
Québec. C'est vraiment extrêmement mauvais. C'était très mauvais dans le passé.
C'est toujours mauvais. Cette bataille-là, le... à Québec... à Québec
solidaire, au Québec, on l'avait gagnée, et là, tout d'un coup, on voit un buzz
politique autour des projets de pipelines. Ce qui est intéressant, là, la CAQ,
malheureusement, ont dit qu'ils allaient voter contre, mais ils ont encore la
chance de changer d'idée et de voter pour notre motion. C'est aujourd'hui,
après la période de questions, qu'on va le savoir.
Mais dans ce genre de débats-là puis de
motions, ce qui est intéressant, c'est aussi de voir les partis d'opposition se
prononcer sur cet enjeu-là. Et c'était très intriguant, hier, d'entendre le
Parti libéral du Québec où est-ce qu'un des députés était en train de se
demander quelle est la définition philosophique d'un pipeline. Moi, ce que je
sens puis ce que j'entends de la part du Parti libéral du Québec, c'est qu'ils
sont en train de préparer le terrain, de préparer leur terrain à leur prochain
chef, peut-être Pablo Rodriguez, qui vient du Parti libéral du Canada, qui, on
le sait, sont l'amour du Parti libéral du Canada pour les projets de pipelines,
tellement qu'ils ont déjà nationalisé un. Donc c'est peut être ça qu'est-ce que
le Parti libéral est en train de préparer.
Vous savez, permettre le passage des ducs,
c'est remettre en question les objectifs de carboneutralité. Ça, ça serait un
changement de position immense si c'est ça, l'objectif. Et ça va être très
indicatif, là, le vote qui va être fait par tous les partis politiques sur qu'est-ce
qu'on fait par rapport à ces projets-là. On a fermé la porte, il faut continuer
à fermer la porte. Ce n'est pas le temps, là, de faire ça alors qu'on est en
pleine crise climatique encore.
Journaliste : Ils ont dit qu'ils
allaient voter contre. Marc Tanguay vient de dire ça.
Journaliste : Oui, bien, ils
l'ont dit hier.
Mme Ghazal : Bien, s'ils l'ont
dit, ils l'ont dit. Je ne suis pas... Moi, je suis surprise de leurs justifications.
M. Tanguay a été flou tantôt. Hier, on disait : C'est quoi un pipeline? Un
pipeline, ça peut être d'autre chose que du gaz puis du pétrole. Je les sens
mal à l'aise, et c'est pour ça que j'ai l'impression qu'ils sont en train de
préparer le terrain pour leur prochain chef qui vient du Parti libéral du
Canada.
Journaliste : Donc, ce
matin... on voit ce matin que... qu'il y a... il semble y avoir de l'acceptabilité
sociale à hauteur de 60 % pour des projets comme Energien Est ou GNL
Québec. Est-ce que vous croyez que, justement, ça ouvre la porte à... au retour
de ce genre de projets-là?
Mme Ghazal : GNL Québec, Énergie
Est et tout projet de pipeline qui vient saccager notre environnement et
remettre en question nos objectifs de carboneutralité, c'est des mauvais
projets, point à la ligne. Dans le passé, il y a eu une campagne, là, des
citoyens, ça fait 10 ans qu'on en parle, où on a mené cette bataille-là. À
Québec solidaire, on a toujours été extrêmement clairs, il n'y avait même pas
une once d'ambiguïté ni de flou. Et on a gagné cette bataille-là au Québec.
Moi, je suis certaine que si cette bataille leur revient d'interdire et de
refuser tout projet de pipeline puis de fermer la porte une fois pour toutes
alors qu'on est en pleine crise climatique, on gagnerait, dans l'espace public
cette bataille-là. Il n'y a pas d'acceptabilité sociale, c'est des mauvais
projets.
Vous savez, la crise avec des tarifs avec
Trump, là, bien, elle n'a pas fait disparaître la crise climatique. Elle existe
encore. Les feux de forêt, les inondations, on a les deux pieds dedans. Ça
vient remettre en question l'objectif de carboneutralité de 2050. C'est un
objectif du gouvernement de la CAQ, c'est ça que ça va faire.
Journaliste : Qu'est-ce qui
vous fait dire avec autant de certitude qu'il n'y a pas d'acceptabilité sociale
quand on voit, ce matin, là, dans un sondage, que 60 % des... 61 %
des Québécois voudraient ramener GNL Québec?
Mme Ghazal : Parce que c'est
des mauvais projets. Moi, j'invite toute la classe politique à ne pas exploiter
les inquiétudes que la population a en lien avec les tarifs, de ne pas
l'exploiter. C'est ça qu'on fait en sortant ces projets-là qui étaient enterrés
dans le cercueil depuis des années au Québec. Il faut qu'on soit ferme, il faut
qu'on soit clair. La lutte aux changements climatiques fait partie aussi de qui
nous sommes, protéger notre environnement, notre fjord, c'est...
Journaliste : ...Mme Ghazal?
Mme Ghazal : Bien, les gens
qui ont... que ce soit ici, au Québec, ou les ministres de la CAQ, par exemple,
qui disent : Ah! oui, on va regarder, peut-être, M. Legault a ouvert la
porte, et tout ça. En ce moment, c'est un coup de sonde qui a été fait. C'est
des mauvais projets. Et moi, je suis certaine qu'avec les arguments... C'est
des mauvais projets économiques aussi, hein? Ça n'amène pas tant d'emplois que
ça à moyen, long terme. C'est... Et, si ça amène des emplois ou si ça amène
quelque chose pour l'économie, c'est dans 30 ans, dans 40 ans. Je
veux dire, en ce moment, on vit dans une crise qui a besoin de solutions
aujourd'hui.
Des voix : ...
Mme Ghazal : Là, je ne le
sais plus, qui parle en premier.
Journaliste : Bien, juste
là-dessus, pour finir, est-ce que ça ouvre la porte à ce que le Québec recule
sur... Bon, parce que, là, il y a une loi qui a été adoptée, sortant
définitivement le Québec des hydrocarbures, là, de l'exploitation et de
l'exploration. Est-ce que, selon vous, ça ouvre la porte à ce que des
politiciens ramènent cette possibilité-là sur la table?
Mme Ghazal : Bien, on a...
Là, hier, j'ai entendu le ministre Benoit Charette dire : Ah! nous, on ne
remet pas en question cette... d'interdire l'exploitation, exploration. Mais,
pour ce qui est du transport, ça, ils sont ouverts, ça dépend du projet. Il y a
Éric Duhaime, hein, qui... c'est un des politiciens qui veulent avoir ce genre
de projet là. Il y a Pierre Poilievre. Pierre Poilievre, là, si la tendance se
maintient, ça se pourrait... C'est lui le meilleur ambassadeur, si on veut,
pour des projets de pipelines et pour sortir de terre le gaz sale, le pétrole
sale de l'Alberta pour les acheminer pour l'exportation. C'est lui le meilleur
ambassadeur, et il pourrait devenir le premier ministre du Canada. Donc, il
faut se tenir prêt. Il faut qu'au Québec... et que la classe politique au
Québec soit ferme et dise : Non, «no pasarán», pour les projets de
pipelines de Pierre Poilievre et des gens qui veulent sortir le... remettre en
question nos objectifs de carboneutralité.
La CAQ, aux dernières nouvelles, elle est
pour la carboneutralité. On a un objectif pour 2050. Est-ce qu'elle est en
train de remettre en question cet objectif-là? Je pose la question.
Journaliste : M. Legault et les
autres premiers ministres des provinces ont rencontré... sont allés à la
Maison-Blanche hier, puis, à la fin de cette rencontre-là, il y a le conseiller
du président qui a tweeté que l'objectif est toujours d'annexer le Canada et
que, si on se demande qu'est-ce que M. Trump veut, il faut juste le prendre au
premier degré.
Bon, il y a Justin Trudeau qui a dit, à
l'abri des caméras, mais avec les caméras, là, qu'il pensait que c'était
sérieux... pardon, qu'il pensait que c'était sérieux. Stephen Harper a dit que,
s'il était premier ministre, il serait prêt à appauvrir le Canada, là, pour
maintenir...
Mme Ghazal : Il serait prêt à
quoi?
Journaliste : ...à appauvrir
le Canada pour maintenir, là, l'intégrité du pays. Mais je voulais
savoir : Vous, est-ce que... est-ce que Québec solidaire, vous le prenez
au sérieux, M. Trump, dans son désir d'annexion? Puis, si oui, bien, est-ce que
ça change la façon dont on se comporte? Ce n'est pas une vraie négociation
commerciale, c'est plus que ça.
Mme Ghazal : Vous savez, avec
Donald Trump, ce qu'on voit, c'est un... l'impérialisme américain le plus
décomplexé qu'on n'a pas vu dans l'histoire des États-Unis. On est en train de
vivre, en ce moment, avec Donald Trump, ce que d'autres nations dans le monde
ont vécu face à cet impérialisme-là des États-Unis et on est en train d'y
goûter en ce moment. Là, c'est des paroles. Moi, je pense qu'il faut prendre ça
au sérieux. Et on n'a jamais eu autant d'opportunités de défendre les
souverainetés des nations. On vit en ce moment la même chose au Québec avec les
gens au Canada, où la souveraineté territoriale, la souveraineté des nations
est extrêmement importante. Les fédéralistes du Canada... Bien, les gens du
Canada puis les fédéralistes sont en train de voir à quel point c'est
important, la souveraineté. Nous, au Québec, à Québec solidaire, on la défend
depuis très, très longtemps, et, face à M. Trump, c'est... c'est d'autant plus
important et... de défendre ça. Puis, oui, il faut prendre au sérieux ce qu'il
dit.
Journaliste : ...est-ce que
la stratégie de M. Legault hier était adéquate, selon vous?
Mme Ghazal : Bien, hier, tout
d'un coup, M. Legault a eu un sursaut puis il a dit : Bien, je vais
montrer les dents puis je vais imposer des contre-tarifs sur l'aluminium et
l'acier. Vous savez, nous, à Québec solidaire, on n'est pas contre d'avoir des
contre-tarifs ou du... une surtaxe à l'exportation, mais ce qu'il est important
de savoir, c'est : c'est quoi, l'impact, et c'est quoi, la... les arguments
de M. Legault. Il l'a sorti comme ça nulle part, de son chapeau. Puis moi,
j'invite M. Legault à ne pas faire comme Donald Trump, qui lance des choses
comme ça, des idées à l'emporte-pièce, et qui crée une instabilité. Quand il a
lancé ça, moi, la première pensée que j'ai eue, c'est pour les familles et les
travailleurs, travailleuses au Saguenay—Lac-Saint-Jean et sur la Côte-Nord qui
se sont dit : Qu'est-ce qui va se passer avec nos emplois quand M. Legault
sort ça comme ça de son chapeau?
Ça fait que je l'invite, oui, à avoir un
plan, à avoir une réponse, à avoir des idées sur les contre-tarifs, nous-mêmes,
à Québec solidaire, ça fait longtemps qu'on a proposé l'idée d'augmenter les
tarifs de l'hydroélectricité qu'on exporte. Et d'ailleurs, si on le faisait, ça
n'aurait aucun impact sur aucune industrie ici, au Québec. Au contraire, ça
ferait rentrer même de l'argent à Hydro-Québec et dans les coffres de l'État.
Donc, à date, j'aimerais ça qu'il l'étudie puis qu'il ne nous dise pas juste
que, ah oui, il n'est pas fermé à aucune solution, et qu'il ait un plan
sérieux. Parce que, quand il sort comme ça des choses de son chapeau, ça crée
aussi de l'instabilité au Québec. Puis on n'en a pas besoin avec Donald Trump.
Journaliste : Êtes-vous
surprise qu'il se soit fait inviter avec les autres premiers ministres à la
Maison-Blanche, qu'il se soit quand même rendu assez loin, là? Il n'est pas
entré dans le bureau ovale mais quand même, ce n'était pas prévu. Est-ce que
c'est un tour de force pour vous? Êtes-vous impressionnée?
Mme Ghazal : Je ne dirais pas
que je suis impressionnée. Pour moi, c'est juste normal que le Québec soit
considéré. Moi, évidemment, et à Québec solidaire, on veut que le Québec parle
de sa propre voix. Nous sommes les mieux placés pour défendre nos intérêts. Au
lieu d'être toujours en concurrence avec les intérêts des autres provinces,
notamment de l'Alberta, qui voit là une belle opportunité, avec la crise des
tarifs, de faire encore rouler, là, son pétrole et son gaz sale, donc, pour
moi, on a besoin d'une voix forte du Québec. Normalement, je m'attends à ce que
ce soit la voix du premier ministre de tous les Québécois, peu importe nos
allégeances politiques, et à date, moi, je trouvais que M... bien, jusqu'à
maintenant je le trouve pas mal mou. Là, il est présent, bien, c'est important
qu'il montre qu'il a un plan puis qu'il soit rassurant pour la population qui
est inquiète. Je ne le trouve pas très rassurant jusqu'à date en sortant des
choses comme ça, non planifiées et de façon imprévisible.
Journaliste :
Would Québec have enough force as an
independent country to deal with what's going on right now and without having
the support potentially of other provinces and the federal Government?
Mme Ghazal :
The only people who can protect and
defend the interests of Québec is Québec itself. So, for sure, if we were
independent, we will be allied with the other provinces and with the federal,
which will be a foreign country, to make face to this crisis of tariff. So,
I'm... I don't buy the argument that we will be... because we are smaller, so,
we will be less powerful. I don't believe that.
Journaliste :
Can I ask you, Mrs. Labrie, one
question? Mr. Drainville announced the creation of l'Institut of excellence.
And you were a critic of education at the time, when...
Mme Ghazal :
I was at that time. Yes.
Journaliste :
You were? Okay, okay. With the reform
of the... like the education reform and adoption of Bill 23. A lot of people
are skeptical about this institute, teachers, unions.
Mme Ghazal :
Absolutely.
Journaliste :
So, how do you see this? Like, of course,
the Government is going ahead because it was included in Bill 23.
Mme Ghazal :
Yes. Well, we voted against Bill 23 and
we were against this... well, not against this institute, it can exist, but the
problem was that the Government decided to eliminate le Conseil supérieur de
l'éducation and... or to restrict its mandate. And this was a very bad decision
because it's a democratic thing. And it was important for people to be able to
talk and speak loudly about the interest of the education. But now, with this
excellence, people who are there, they only encourage one way of thinking, and
there is not this multiple way of thinking for education. And this is... it's
like a way for the Government to make people stop talking and critic what the
government is doing. So, that was our principal critic of the Institute of
Excellence. Yes.
Journaliste :
...of Excellence could exist, but it
should not be on its own... Le Conseil supérieur de l'éducation aussi.
Mme Ghazal :
Yes. Well, it should be independent,
and it wasn't enough independent. It's like an institute that have only a way
of thinking, a way to make research in education, and the people inside it,
they are not allowed to speak loudly and to critic also what the Government
is... is doing. And I think this was the purpose of the Bill 23 of M.
Drainville, and this was... this is why he decided to eliminate Conseil
supérieur de l'éducation, and we were against that, and we're still against
that.
Journaliste
: Merci.
Mme Ghazal : Merci.
(Fin à 8 h 59)