(Huit heures quarante minutes)
M. Morin : Bonjour. Ce matin,
ma collègue Linda et moi, nous allons vous parler de différents dossiers qui
intéressent, bien sûr, l'actualité, mais moi, je voudrais vous parler
particulièrement du voyage du premier ministre Legault à Washington. C'est bien
qu'il y soit, c'est important, mais, à mon avis, c'est trop peu, trop tard, il
n'est pas allé depuis cinq ans, c'est tout vous dire. Il aurait dû, à mon avis,
multiplier les rencontres, le dialogue avec ses homologues, les élus, notamment
les élus des États avec lesquels le Québec fait particulièrement des affaires.
Ça m'apparaît particulièrement important parce que je demeure convaincu que si
le président Trump change, un moment donné, d'avis, ça va venir de l'intérieur,
ça va venir, entre autres, des Américains, des élus qui vont faire la pression
sur lui puis qui vont lui démontrer l'impact que ça a également aux États-Unis.
Donc, très important, il doit exercer,
comme premier ministre, son leadership, puis, oui, nos diplomates québécois
font un travail exemplaire, sauf qu'à un moment donné, quand ça compte, quand
on vit des situations plus difficiles, il faut que le premier ministre s'en
mêle, et là il est grandement temps qu'il agisse mais qu'il multiplie les
efforts.
Et évidemment il ne peut pas juste aller à
Washington puis revenir, là, c'est un... pour moi, c'est un continuum, donc il
commence aujourd'hui, mais il faut qu'il continue, parce qu'évidemment le
Québec en a de besoin. Parce que, vous le savez comme moi, la situation
actuelle crée de l'incertitude, c'est peu dire. Puis je peux comprendre les
travailleurs puis les travailleuses québécois qui sont inquiets de la situation,
je comprends ce qu'ils vivent.
Alors, M. Legault, on va voir ce qu'il va
ramener, mais il doit continuer, il doit marteler, exercer son leadership pour
avoir plus d'échanges, entre autres avec les élus américains. Je cède
maintenant la parole à ma collègue Linda. Je vous remercie.
Mme Caron : Bonjour. Alors,
aujourd'hui, encore une fois, je veux tirer la sonnette d'alarme au sujet des
fermetures de RPA et des grandes difficultés des ressources intermédiaires. Il
y a deux ans, presque jour pour jour, j'avais déposé un mandat d'initiative
pour demander qu'on se penche sur la question des fermetures de RPA, qu'on
regarde avec les gens du terrain quelles étaient les causes des fermetures de
RPA. LA CAQ a refusé. Aujourdhui, on voit que 14 000 places
ont été perdues dans la dernière année. En s'ajoutant à celles de l'année
précédente, c'est près de 4 000 places qui ont été perdues en RPA. Et,
même si on aide les gens à retrouver un autre lieu de vie, ce n'est pas
évident, les gens sont obligés, souvent, de sortir de leur région. Et, pour des
personnes âgées qui se croyaient installées pour le reste de leurs jours, dans
un milieu où ils connaissent les gens, d'être obligées de déménager comme ça,
et parfois avec peu d'avis, c'est très, très dramatique pour elles, et des conséquences
sur leur santé, santé mentale s'ensuivent aussi.
Et, pour ce qui est des ressources
intermédiaires, on l'a vu dans l'article qui a été publié aujourd'hui, c'est le
point de rupture. Les ressources sont chancelantes, parce que les... Elles sont
régies par une entente qui date de 2020, qui prend fin le 31 mars 2025,
mais les négociations doivent commencer en avril seulement. Et, il y a un an,
ces ressources-là avaient demandé une aide d'urgence avant le budget, aide qui
n'a pas été accordée. Et là on voit des ressources intermédiaires qui
commencent à fermer. Alors, c'est encore des difficultés, oui, pour les
personnes âgées, parce qu'environ 60 % des résidents des ressources
intermédiaires sont des personnes âgées en perte d'autonomie, mais 40 % sont
des personnes qui ont une déficience physique, une déficience mentale, même des
problèmes de toxicomanie. Alors, on est en train d'abandonner ces personnes-là,
et c'est vraiment très, très, très préoccupant.
Journaliste : Est-ce que le
Parti libéral a traité injustement Denis Coderre?
Mme Caron : Moi, je trouve
que le Parti libéral du Québec avait des règles, en fait, avait des règles pour
la course. Et puis je fais confiance au comité électoral qui a rendu sa
décision en suivant les règles. Et je pense qu'on va tout de même avoir une
très belle course, parce qu'on a d'excellents candidats, et on a hâte au débat.
C'est un bon moment pour le parti.
Journaliste : Mais vous n'avez
pas peur qu'il vous poursuive?
Mme Caron : Là, je ne vais
pas présumer de ces choses-là, alors je n'ai pas de commentaire...
Journaliste : ...là, il a dit
qu'il avait été dégoûté. Il a dit que... oui, que les dés étaient pipés d'avance.
Mme Caron : Le comité
électoral a rendu sa décision. Je respecte le comité électoral et puis son
processus. Alors, je n'ai pas d'autre commentaire.
Journaliste : ...M. Coderre
qui dit des choses qui sont fausses ou du moins non fondées?
Mme Caron : Je n'ai pas d'autre
commentaire sur ça.
Journaliste : S'il se
présente dans Bellechasse... Parce que ce n'est pas clair, dans son message,
là, il abandonne la course à la direction, mais il ne dit pas si... en amont,
il avait dit : Je me présente, peu importe. Là, s'il se présente dans Bellechasse,
qu'est-ce que ça va faire pour l'équipe?
Mme Caron : C'est
hypothétique. Je ne vais pas me prononcer sur ça. Je n'ai pas de commentaire d'autre
sur ça.
Journaliste : ...en tant qu'ancienne
présidente du parti, vous ne vous sentez pas un devoir de vous porter à la
défense, là, des instances du Parti libéral qui sont attaquées?
Mme Caron : Bien, j'ai dit
que je respectais le comité électoral et la décision du comité électoral, c'est
tout.
Journaliste : M. Morin, qu'est-ce
qui vous fait dire que c'est trop peu, trop tard dans le cas de M. Legault à
Washington?
M. Morin : Bien, écoutez,
quand on est un premier ministre du Québec, puis qu'on veut exercer un
leadership, et qu'on a un réseau de diplomatie québécoise aussi efficace que le
nôtre, bien, je pense qu'un premier ministre doit appuyer ce réseau-là puis il
doit évidemment voyager à l'étranger pour être capable de faire connaître le
Québec, de dire au monde ce que le Québec a de bon. Et ça, ça se fait par des
voyages ciblés. Et ce que je constate, c'est qu'aux États-Unis, notre principal
partenaire commercial, il ne l'a pas fait. Alors, c'est pour ça que je vous
disais : C'est trop peu, trop tard.
Journaliste : M. Trump vient
d'arriver en poste, il est arrivé à la Maison-Blanche en janvier. On est en
février. Je comprends mal l'idée du trop peu, trop tard dans le contexte. Il ne
pouvait pas aller faire des recommandations pour les tarifs alors que c'était M.
Biden qui était en poste.
M.
Morin :Ah oui! Mais je ne vous parle pas uniquement des
revendications sur les tarifs. Je pense que, quand on parle à nos homologues,
on est capables de bâtir une relation de confiance. On est capables de parler,
donc d'arriver à des résultats. Et, quand il y a des situations plus
compliquées et plus troublantes, comme celles que l'on vit, auxquelles vous
faites référence avec l'arrivée de M. Trump, bien là, on est mieux placés pour
dialoguer avec les homologues. Il ne l'a pas fait. Alors là, il est en mode
rattrapage. Moi, c'est comme ça que je le décris.
Puis je vous dirai également, M. Legault
aime beaucoup se comparer à l'Ontario, bien, raison de plus, là, il devrait
suivre l'exemple, à mon avis, de M. Ford, qui, lui, exerce un leadership, puis
qui est allé, et qui continue de le faire, puis qui parle à plusieurs élus
américains. Alors, c'est dans ce sens-là.
Journaliste : Mais là ça ne
donne rien, ce qu'il fait... ce qu'il fait, ça ne donne rien, selon vous? Quand
vous dites : Trop peu trop tard, est-ce que ça ne donne rien ce qu'il
fait?
M. Morin : Non, ce n'est
pas... ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai dit également qu'il était à
Washington et que c'était bien comme ça. Je dis : Trop peu, trop tard,
parce qu'il aurait dû commencer avant, et là il ne serait pas dans une
situation que je qualifie de situation de rattrapage. Puis là, bien, on verra.
Et c'est ce que je vous disais, tout à l'heure, moi, là, pour M. Legault, c'est...
pour moi, ce que je lui ai dit, c'est que ça doit être un début, ce n'est pas
la fin. Puis là, bien, j'espère qu'il va continuer ses rencontres avec ses
homologues pour être capable de leur démontrer que les décisions du président
Trump ont un impact sur le Québec, sur le Canada, mais ils vont avoir un impact
aussi aux États-Unis. Puis M. Legault doit aussi exercer un leadership au sein
de la Fédération canadienne.
Journaliste : C'est parce que
vous parlez de rattrapage. Ce n'est pas plus une réaction? Puis je ne veux pas
100 % vous contredire, M. Morin, mais, tu sais, c'étaient des élus
démocrates, quand même, auparavant, puis c'est... ça coule, là, ça fuite de
Washington, comme quoi Donald Trump n'écoute pas ses homologues quand ils lui disent
que les tarifs ou ce qui se passe aux États-Unis, ce n'est pas une bonne chose,
là, ces tarifs de 25 %. Vous ne pensez pas que c'est important que M.
Legault... que ça n'aurait servi peut-être à rien, parce que Donald Trump, il
n'écoute que lui-même, là, tu sais, auparavant... d'y être allé avant, là?
M.
Morin :C'est vrai que ce n'est pas tout à fait facile de
comprendre comment réagit sur la scène internationale le président américain,
présentement, là, c'est le moins qu'on puisse dire, là. On voit ça jour après
jour, mais il n'en demeure pas moins... Mon point est le suivant : Quand
on est premier ministre puis qu'on a, évidemment, à faire la promotion de la
nation québécoise, bien, quand on le fait sur une base continue, quand il y a
des moments difficiles, ça devient beaucoup plus facile de parler aux gens. Les
gens vous connaissent, puis c'est aussi une question de confiance.
Moi, ce que je vous dis, c'est que M.
Legault, ça, il ne l'a pas fait. Alors, c'est pour ça que moi, je disais qu'il
est en mode rattrapage, là, il faut qu'il se rattrape. Puis ce que je dis,
c'est qu'il doit continuer à le faire, ça m'apparaît important pour défendre
les intérêts du Québec.
Journaliste : Je sais que
vous n'étiez pas là hier lors de l'étude du projet de loi sur l'énergie, mais
bon, c'est vous qui êtes là ce matin, puis j'imagine que vous en avez discuté
avec vos collègues. C'est quoi, la stratégie du Parti libéral que de déposer
des motions pour réentendre des gens puis, finalement, retarder l'étude du projet
de loi, alors que vous aviez vous-même critiqué le retard de l'étude du projet
de loi n° 69?
M.
Morin :Je vais vous répondre de la façon suivante : Quand
on est en commission parlementaire, on a... on fait une liste de groupes,
d'associations, de gens qu'on veut entendre pour nous éclairer. On envoie ça au
gouvernement, il y a des échanges, le gouvernement accepte ou le gouvernement
le refuse. Si on pense qu'il y a des gens qui sont vraiment importants, qui
auraient dû être entendus, bien, c'est comme ça qu'on présente par la suite des
motions préliminaires pour les faire entendre, ce que j'ai déjà fait dans
différents projets de loi.
Journaliste : ...demander de
parler avec Michael Sabia, qui a déjà été présent lors des consultations particulières
de l'étude du projet de loi.
M.
Morin :Oui. Bien, écoutez...
Journaliste : donc, lui, il a
été entendu.
M.
Morin :Oui. Bien, écoutez, mon collègue qui s'occupe de ce
projet de loi là en commission parlementaire a sûrement d'excellentes raisons
pour leur demander.
Puis vous comprendrez que toute la
question de l'énergie, présentement, c'est important. Puis, M. Sabia, au
Québec, joue un rôle fondamental là-dedans, donc, je pense que c'est important.
Plus on va l'entendre, mieux ça va être.
La Modératrice : On va passer
en anglais.
Journaliste : How often, in
your opinion, should the Québec Premier go to Washington?
M.
Morin :Well, that's a good question. I would say : As much
as possible in order to defend the Québec interests in the United States. So, I
don't have a specific number in mind, but I mean, when it's necessary.
And I would say also that in relation to
meetings with his counterpart... I would say that it should be a regular basis.
I mean, we should talk to the governors of the States Québec has economic with
them.
Journaliste : In your
opinion, should we prioritize the meetings with Republicans as opposed to
Democrats or should we take...
M.
Morin :I think that he should prioritize Republicans and
Democrats, both of them. I mean, you... In my opinion, you have to look and you
have to do an assessment of where Québec exports more, what are our best
partners, economically wise. And then you should meet with them first, as a
priority to explain what the consequences will be if there is tarrifs that will
be imposed, and how much. That's very important for me, and that should his
priority.
Journaliste
: Merci.
M.
Morin :
Je vous en prie. Merci.
(Fin à 8 h 52)