(Onze heures trente-deux minutes)
La Modératrice : Bonjour et
bienvenue à ce point de presse. Prendront la parole le responsable en santé de
Québec solidaire, Vincent Marissal, le porte-parole du Parti québécois en
matière de santé, Joël Arseneau, et le vice-président de la CSN, David Bergeron-Cyr.
Vincent.
M. Marissal : Merci, Camille.
Alors, variations sur un même thème, on est ici pour parler de la privatisation
en santé. On en parle beaucoup, ces temps-ci, et c'est tant mieux. On verra les
résultats. Le ministre a l'air de vouloir en parler, ça aussi, c'est plutôt une
bonne nouvelle, mais on ne le lâchera pas, on va parler des vraies affaires,
puis on va parler de la détérioration des soins dans le domaine public, qui se
fait égorger, ces temps-ci, notamment par des compressions supplémentaires de
1,5 milliard menées par Santé Québec.
Pendant ce temps-là, bien, le privé
prolifère de toutes sortes de façons, et les gens font beaucoup d'argent, sauf
les Québécois et les Québécoises, évidemment qu'ils sont obligés de mettre
l'argent... la main dans leurs poches et payer pour avoir des soins, alors
qu'ils paient déjà pas mal d'impôts au Québec. Et c'était ça, le deal, au
Québec.
Puis, en plus, on apprend des dérives tous
les jours de certaines cliniques, notamment en télémédecine, où il suffit
maintenant d'appeler si on suspecte une sinusite. Puis on nous explique comment
prendre une photo de nos amygdales avec notre téléphone en se plaçant dans la
lumière puis envoyer la bonne photo en faisant Ah! devant son miroir, c'est
n'importe quoi, c'est n'importe quoi. On ne peut pas tolérer ce genre de
dérives dans notre réseau de la santé. Je devrais ajouter que ça, ça va vous
coûter 150 $ aussi pour faire des... des photos de vos amygdales avec
votre téléphone. Ensuite, bien, vous allez tout simplement chercher la
prescription d'antibiotiques à la pharmacie, comme si c'était une affaire
normale.
Alors, ce n'est pas normal. J'ai posé la
question au ministre si lui, il trouve ça normal, ce genre de médecine de
machine distributrice. Moi, ça me scandalise, qu'on est en train d'aller là
vers le Québec... pour le Québec, vers la santé. Alors, je demande au ministre
de se ressaisir. Il veut avoir une discussion sur le privé en santé, il va
trouver pas mal d'interlocuteurs et d'interlocutrices, et j'y serai aussi sur
la ligne de front. Merci.
M. Arseneau : Merci, Vincent.
Je pense qu'il est opportun effectivement de parler du privé en santé, de la
marchandisation de la santé, parce que le système public s'écroule. Alors,
évidemment, il y a des gens qui disent, depuis déjà des décennies, que la
solution, c'est le privé, mais, plus on en ajoute, plus le système public
s'écroule. Alors, à un moment donné, il faut en tirer certaines conclusions. Et
la conclusion, je pense, qu'on fait aujourd'hui, c'est qu'on est sur le bord du
point de rupture. Et le développement du privé en santé, c'est l'une des causes
de la rupture du service... des services dans le réseau de la santé publique au
Québec. On est en train de créer un réseau ou un régime à deux vitesses, et ça,
c'est absolument inacceptable.
Au Québec, on a l'occasion maintenant d'en
discuter dans le cadre d'un projet de loi qui est très, très obtus, qui est
très, très précis et qui vise la mauvaise cible, mais qui nous permet au moins
d'en discuter, c'est à savoir si les médecins doivent obligatoirement exercer
la médecine dans le système public. Mais ça, c'est... évidemment, là, c'est un
très petit aspect des dérives en matière de santé. Et, anecdote pour anecdote,
là, moi je connais quelqu'un qui, pour avoir sa place et être reçu à l'urgence,
bien, a dû payer 200 $ en télémédecine pour se faire dire que son zona,
là, il devenait très dangereux, et elle pouvait perdre la vision, qu'il fallait
qu'elle aille à l'urgence à nouveau, mais que, cette fois-là, lui, il allait
appeler à l'urgence pour lui ouvrir les portes pour pouvoir être traitée. Et
elle a été traitée pendant deux jours sur des antibiotiques d'urgence aux soins
intensifs. S'il faut maintenant faire appel au privé et payer de notre poche
pour avoir accès au public, c'est dire à quel point c'est rendu absolument
inacceptable. Alors, le ministre a dit, il y a quelques semaines, je ne sais
pas s'il le regrette aujourd'hui, mais qu'il fallait sevrer, se sevrer du
privé. Nous, on pense qu'il faut se sevrer du privé.
La Modératrice : M.
Bergeron-Cyr.
M. Bergeron-Cyr (David) : Oui,
bonjour, tout le monde. Écoutez, le privé en santé et en services sociaux,
c'est un désastre. Ça fait 40 ans qu'on applique la même recette au
Québec, privatisation, centralisation, sous-financement. Puis on nous promet
qu'on va améliorer, on va désengorger les urgences, qu'on va baisser les listes
d'attente pour un médecin de famille, qu'on va baisser les listes d'attente
pour un médecin spécialiste, puis que le privé va être complémentaire. Puis ça
fait 40 ans, mais aucun de ces problèmes... aucune de ces solutions n'a
fonctionné et aucun de ces problèmes n'a été réglé. Pourquoi on applique cette
recette-là constamment? Il faut commencer à se poser la question : À qui
ont profité toutes ces réformes destructrices du réseau public de la santé et
des services sociaux? Ils ont profité à des médecins entrepreneurs, à des gens
du monde des affaires, des femmes, des hommes d'affaires qui ont profité, qui
ont fait du profit sur la maladie. Puis ça, pour la CSN, ça ne fonctionne pas.
Les Québécoises et les Québécois ont choisi un réseau public de santé et de
services sociaux, d'avoir un système qui est gratuit, universel, accessible.
Pourtant, toutes ces valeurs-là ont été mises de côté dans toutes les réformes
où est-ce qu'on a mis de plus en plus de place au privé, qui est un compétiteur
au public et non complémentaire.
Maintenant, j'ai devant vous une pétition
de 10 000 noms, 10 000 noms qui revendiquent, justement,
qu'on respecte la volonté des Québécoises et des Québécois d'avoir un régime
public de santé et de services sociaux. On était plus de 4000 à Trois-Rivières, la
CSN, mais pas juste des membres de la CSN, les familles, les amis, des gens qui
avaient à cœur le Québec et l'avenir de notre réseau public de santé et de
services sociaux. On a, à ce moment-là, déposé un plan d'urgence avec trois
mesures. Première mesure, on arrête d'envoyer des médecins du public vers le
privé. On est la pire province canadienne pour protéger son réseau public de
santé et de services sociaux. Il y en a plus de 800 qui se sont... se sont
sortis du système public ou qui font des aller-retour constamment, hein, et il
n'y en a que 14 à travers l'ensemble du Canada.
Alors, que se passe-t-il, hein, que se
passe-t-il? C'est que, de réforme en réforme, on nuit à l'accessibilité du
réseau public parce qu'on sous-finance. Les Québécoises, les Québécois sont à
bout, avec raison, et on... donc on augmente la demande pour le privé, puis, en
même temps, on augmente l'offre pour le privé parce qu'on fait des réformes
comme celle de p.l. n° 15, la réforme de Dubé en santé, de la CAQ, qui est
venue mettre sur un pied d'égalité, pour une première fois dans l'histoire du
Québec, le privé et le public. Donc, on rapatrie les médecins du privé vers le
public.
C'est la position qu'on a défendue
d'ailleurs hier en commission parlementaire pour le projet de loi n° 83.
Cinq ans, 10 ans, 15 ans, les médecins qui restent au public, ça ne
le fera pas. Ce n'est pas ça, le problème. C'est un symptôme, qu'il y ait des
médecins qui quittent du public au privé. La maladie, c'est le privé en santé
et en services sociaux. La logique néolibérale capitaliste du privé en santé et
en services sociaux, ça ne fonctionne pas.
Deuxième revendication, on arrête la
prolifération des cliniques à but lucratif. Ça, ça pousse comme des
champignons. On peut se poser des questions sur leurs techniques de marketing aussi,
là. Il y en a qui c'est rendu que même si vous avez l'argent pour vous payer
des soins, vous devez être membre, comme chez Costco. La santé, là, ce n'est
pas un bien de consommation, c'est un droit. Ça aussi, c'est ce qu'on
revendique, à la CSN, le droit à la santé. Je ne pense pas que c'est ça, le
concept qu'on avait quand on a mis au monde le réseau public de santé et de
services sociaux puis qu'on voulait que ça soit accessible, que, pour avoir
droit à des soins, il fallait que tu sois membre d'un club sélect, en plus de
payer. Ça fait que cette prolifération-là des cliniques privées à but lucratif,
on arrête tout de suite.
Troisième revendication de notre plan
d'urgence, pour recommencer à construire notre réseau public en santé et en
services sociaux, on arrête tout projet de sous-traitance du réseau public de
santé et de services sociaux. Je ne parle pas juste des soins qu'on donne, là.
Ce n'est pas vrai que le privé, c'est plus efficace puis ce n'est pas vrai que
ça coûte moins cher, hein? Donc, on arrête toute la sous-traitance sur la
buanderie, l'archivage, l'entretien. On a fait une enquête, là, puis au CHUM, à
Montréal, là, c'est plus de 10 000 $ que ça a coûté pour changer une
plinthe électrique. Pourquoi? Parce qu'on a envoyé ça à un sous-traitant. Pas
sûr qu'on dépense l'impôt des contribuables correctement quand on envoie ça à
des entreprises qui n'ont pas à cœur la mission de la santé et des services
sociaux mais qui ont à cœur à faire du profit puis faire de l'argent.
Donc, aujourd'hui, 10 000 noms,
en un mois, puis la CSN, on est avec d'autres organisations aussi qui se
mobilisent pour que les Québécoises puis les Québécois, on fasse comprendre à
la CAQ que c'est le temps de changer de cap, hein, puis de remettre de l'avant
un réseau public de santé et de services sociaux, puis que le privé, ça fait
partie du problème et qu'on doit s'en sevrer. Alors, voilà.
La Modératrice : Merci. On va
passer à la période de questions. M. Bolduc.
Journaliste : Bonjour. Juste
une précision, M. Bergeron-Cyr. Quelles sortes de travailleurs vous représentez
dans le milieu de la santé, juste pour que les gens comprennent bien?
M. Bergeron-Cyr (David) : La
CSN, on représente 330 000 travailleuses et travailleurs au Québec et
aussi un peu à l'extérieur du Québec, mais on représente plus de 150 000 travailleuses
et travailleurs dans toutes les catégories de la santé et des services sociaux.
Journaliste : O.K., mais
électricien, buanderie...
M. Bergeron-Cyr (David) : Aussi,
aussi. Autant les catégories qui représentent des ouvriers spécialisés que des
préposés aux bénéficiaires, des infirmières, des professionnels, on est dans
l'ensemble de toutes les professions ou les métiers de la santé et des services
sociaux. On est l'organisation syndicale qui représente le plus de
travailleuses et de travailleurs dans le système.
Journaliste : Êtes-vous
contre la partie du système où les gens peuvent aller dans des établissements
privés puis se faire rembourser avec la carte soleil? Je pense notamment aux
chirurgies de la cataracte. Ça semble bien fonctionner. Êtes-vous contre cet
aspect-là aussi du système?
M. Bergeron-Cyr (David) : Oui,
absolument, parce qu'à chaque fois qu'on a des médecins qui quittent le réseau
public... puis souvent, ce n'est pas nécessairement de gaieté de cœur, c'est...
à cause du sous-investissement, il n'y a pas d'équipement, puis il n'y a pas de
salle d'opération, puis il n'y a pas de personnel. Ça fait que, des fois, c'est
une recherche de profit, on va se le dire, mais, des fois, aussi c'est parce
qu'ils ne peuvent juste pas le faire au public.
Mais on est contre que ça se fasse au
public parce que, justement, à chaque fois qu'on opère au privé, c'est des
gens... puis pas juste les médecins, toutes les infirmières, préposées aux
bénéficiaires, agentes administratives, toutes ces personnes-là qu'on a besoin
au public, bien, elles ne sont pas là, ils ne sont pas là.
Puis ce n'est pas vrai que ça va coûter
moins cher, parce que, dans la logique... le capitalisme, là, ce n'est pas...
le but, ce n'est pas de soigner tout le monde, là, le but c'est de faire du
profit puis de faire de l'argent. Ça fait que ces soins-là qui sont faits au
privé vont coûter plus cher à l'État que s'ils avaient été donnés au public. Et
d'ailleurs, je vous invite à faire une recherche, il n'y a aucune étude
scientifique à travers le monde qui démontre que le secteur privé aide un
système public de santé et de services sociaux.
Journaliste : M. Marissal...
Oui?
M. Marissal : Pendant ce
temps-là, là, nos salles d'op dans nos hôpitaux qu'on a payés, là, fonctionnent
au ralenti, là, à 50 %, des fois à 70 % quand ça va bien. Ces salles
d'opération là, on les a payées, elles devraient fonctionner à plein régime.
Les médecins quittent parce qu'on n'est pas capables de leur donner des heures
opératoires. C'est sûr que si on envoie les médecins puis le personnel vers des
cliniques privées, ce n'est pas de la magie, là, ce n'est pas de la physique
nucléaire, il n'y a qu'un bassin de personnel. Si vous en siphonnez vers le
privé, il n'y en a moins au public, ça va de soi, ça va de soi. Alors, nos
salles d'opération qu'on a payé — on est en train d'en construire
deux nouvelles à Santa Cabrini, là, dans ma circonscription — qui va
travailler là-dedans s'il ne reste plus personne?
Journaliste : Je me rappelle
que vous nous aviez dit que vous étiez citoyen français. Pourquoi est-ce que ce
modèle-là fonctionne en France puis ne fonctionne pas ici?
M. Marissal : Oui, bien, vous
savez, d'emblée, là, toutes les comparaisons sont boiteuses. On ne peut pas
prendre le modèle français copié-collé puis l'amener ici. On ne pourrait pas
faire l'inverse non plus : prendre le modèle québécois copié-collé puis
l'envoyer en France, ou en Allemagne, ou où vous voudrez. La France a fait des
choix au fil de décennies et de décennies, qui ne sont pas les choix que nous
on a pris. Moi, ce qui m'intéresse là, ce n'est pas ce qui marche en France,
c'est ce qui ne marche pas au Québec. Puis en ce moment, ce qui ne marche pas
au Québec, c'est qu'on est en train de détricoter, là, de démonter morceau par
morceau un système de santé qu'on a monté ensemble avec nos impôts, avec le
personnel qui travaille dans le réseau et avec les contribuables qui paient
leurs impôts depuis 40 ans. Et on est en train de démonter ça, morceau par
morceau, parce qu'on a des comptables au gouvernement qui sont tellement
persuadés que le privé, ça marche mieux. Mais si le privé, ça marchait mieux,
là, on le saurait. Parce que le privé est en train de prendre toute la place,
là, ça ne va pas mieux, là, ça ne va pas mieux que ça allait.
M. Arseneau : Est-ce que tu
peux juste rajouter un exemple concret, là? Je suis allé, probablement que tu y
es allé aussi, là, en Outaouais. C'est une des régions qui est le plus touchée
par le manque de personnel puis l'effondrement du service public. En matière de
chirurgies, les salles d'opération, les plateaux ne sont pas utilisés. Et puis
on a développé jusqu'à... on parlait d'un pourcentage de 4 % ou 5 %
des opérations qui étaient faites à l'extérieur des établissements. On a
augmenté ça sur une période de quatre ou cinq ans à 50 %. Il y a la moitié
des chirurgies qui sont faites au privé. Est-ce qu'on a amélioré l'accès aux
services, réduit les listes d'attente? Absolument pas. La crise est encore plus
grave.
M. Marissal : J'ajouterais,
là, que l'idée, là, du privé gratis, là, ce que M. Legault aime bien dire,
là, où M. Dubé nous dit : Oui, mais les gens paient avec leur carte
soleil comme si c'était de la magie, tu sais, comme si c'était une carte
passe-partout qui te permet de... Il y a quelqu'un qui paie, à la fin, pour ça,
là. Ça fait que, minimalement, là, est ce que le gouvernement peut nous donner
le détail des contrats qu'ils signent avec les CMS? On pourra comparer, on
pourra voir quel pourcentage de profit ces gens-là font. Parce que, ces gens
là, là, les RocklandMD de ce monde, là, les DIX30 de ce monde, ils ne font pas
ça pour la beauté des yeux de leurs patients, là, ils font ça pour faire de
l'argent. C'est comme ça que ça fonctionne, le privé, ils font de l'argent avec
ça. Alors, minimalement, transparence, qu'on sache, au moins qu'on soit
capables de comparer, parce que l'idée, là, le mythe, là, du privé gratis, là,
c'est une supercherie.
Journaliste : J'en ai juste
une dernière pour vous, M. Bergeron-Cyr. Voyez-vous une différence depuis
le 1er décembre, depuis que Santé Québec est en fonction?
M. Bergeron-Cyr (David) : Bien,
écoutez, ça ne va pas mieux, ça, c'est clair. C'est de pire en pire. Mais ce
qu'il faut comprendre aussi, c'est que l'agence Santé Québec... Moi, je trouve
ça toujours intéressant quand on regarde les nominations au conseil
d'administration. Je parlais plus tôt dans quels intérêts ces réformes
successives de privatisation, hein, c'est dans quels intérêts ces réformes là,
finalement, ont été faites? Puis je regarde la vision du gouvernement, puis je
regarde les personnes qui ont été nommées à l'agence Santé Québec, bien, des
gens du milieu des affaires, des gens qui n'ont aucune expertise en santé et en
services sociaux, aucune expérience... on a mis sur des postes stratégiques. La
P.D.G. a passé sa carrière... La nomination, là, de Geneviève Biron comme
P.D.G. de Santé Québec, c'est l'équivalent d'avoir donné les clés de... les
clés de la banque de sang à un vampire, c'est la même affaire. La femme, elle,
a passé sa carrière en privé. Son père était dans le privé, en santé. Son
conjoint est là-dedans. En ce moment, ce qu'elle va faire, ça va être quoi, la
solution, qu'elle va appliquer mur à mur quand elle va constater des enjeux? On
la connaît déjà.
Journaliste : Merci pour moi.
La Modératrice : Mme Senay.
Journaliste :
I was just wondering why are you
holding this press conference today on the private sector in health care? Because
it's been going on for years. So, is it because you want to convince Mr. Dubé
to change or add the fact that doctors in Québec should not have the option to
opt out from the RAMQ? Is it what you're trying to do today?
M. Marissal :
Well, time is of the essence. I think,
it's good for us to 16 the opportunity. Mr. Dubé says, and he said it yesterday
as well, that he wants to have this debate about private sector and public
sector. So, I'm saying : Let's go, let's do it, let's do it.
Journaliste :
So, this is what you're trying to do
today?
M. Marissal :
Yes, of course. I won't let him go with
this intention, because he does that very often. You know, he's launching some
ideas in the air, and then after nothing more happens. So, I think we have to
16 this opportunity. Mr. Dubé and the CAQ Government, apparently, they want to
have a debate, a real debate, a strong debate about the place of the private
sector in health sector in Québec. So, I'm saying : I'm ready, are you?
So, that's why we're going to push to keep on working on this, and as long as
it will take, I will be there.
Journaliste :
But do you feel that Bill 83 is the
piece of legislation that can be modified to add to basically reduce the place
of the private sector, in having this rule to make sure that doctors in Québec
cannot go and work in the private sector?
M. Marissal :
Quite frankly, I don't think this is
the good piece of legislation to do just that, because we're talking here about
major transformation and major modification of this bill, because, as you know,
for the time being, this bill is focusing only on young doctors, in the five
first years of their practice. And everybody is saying : That's not a way
to go, that's not a good target. So, so many people can't be wrong. I mean, at
some point, if we really want to get rid of the private, there's only one way
to do this, it's to get rid of private, and it... we won't do it with this
bill.
Journaliste :
So, when Mr. Dubé says : I'm going
to take a step back and see how I can improve this bill, following what I...
what I heard in a committee, and that includes removing this option of doctors
to opt out from the RAMQ, you don't believe that Bill 83 is the place to do
that?
M. Arseneau :
Definitely not. Even Mr. Dubé,
yesterday, if you listen to what he had to say, when he was criticized on all
accounts, when it comes to the piece of legislation, he said : No, no, all
I want is to have a discussion. Fine. O.K. Let's start again. Let's do the job
and let's look at the situation from, you know, a larger perspective. So, the
timing couldn't be... couldn't be better for this petition, for this debate,
for the discussion. But the piece of legislation, I was going to say, is a
piece of... you know what I mean. I don't think there's much to do with it,
because it's way too focused on the young doctors. And we have to look at the
situation from a much wider perspective. And I hope the Minister is open to
that. But when I said the timing couldn't be better, it's like the system is in
crisis. There's a new body that they put, you know, together, Santé, Québec.
Millions of dollars have been spent on hiring the people, you know, changing
the paper and, you know, the organization, going to experts, from consultants
and what not, while they are cutting back $1.5 billion in the system. So, what
we have today is the beginning of a solution.
And one more thing I want
to say is, when it comes to Bill 83, we have a prime minister who has built his
entire career on comparing Québec to Ontario, always saying that Ontario is
better. Well, they have an idea, in Ontario, you cannot opt out of the public
system. Do it.
Journaliste :
O.K. So, you shouldn't... he should
scrap... Mr. Dubé should scrap Bill 83 and concentrate on having a bill that
says to doctors in Québec : You cannot opt out of the... from the public
sector, like the public health care system.
M. Marissal : Yes.
Journaliste
: OK.
M. Marissal :
12 groups out 13 have said just
that over the last two days. So, again, so many people can be wrong. And Mr.
Dubé has kept asking these witnesses : What would be the timeframe for a
transition, to get rid of the private sector? So, where is he going with that?
I'm curious and I will follow him just to know where he's going. Is he going
into a dead end again... and say : No, no, you know, the private sector is
the best thing that we have ever invented? I'm just curious to know where he's
going with that, but I will keep asking questions because, at this point, I
mean, the only thing we know is Santé : Québec has been ordered to cut 1.5
billion as its first mandate.
Journaliste : And Mr.
Bergeron... Cyr-Begeron, would you do you agree with what Mister...
M. Bergeron-Cyr (David) : Yes.
Yes. Totally. CSN, we have a... yes, I do agree with what my colleagues just
put forward. In the CSN, we have a campaign, and the campaign is to promote our
public health care system. And, right now, in Canada, we are the worst province
in the matter of protecting our public health care system, especially when it
comes to the fact that a lot of doctors are opting out to the private sector.
So, the thing is that the Bill 83, it
doesn't identify the right problem. The right problem is not the fact that
doctors are moving from public to private, the problem is that there is a
private sector. If you don't have a private sector, where are they going to go?
La Modératrice
: Merci,
tout le monde.
(Fin à 11 h 55)