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Point de presse de Mme Ruba Ghazal, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de relations intergouvernementales canadiennes, M. Guillaume Cliche-Rivard, leader parlementaire du deuxième groupe d’opposition, et Mme Alejandra Zaga Mendez, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’économie et d’innovation

Version finale

Tuesday, February 4, 2025, 11 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures)

Mme Ghazal : Bonjour. Bonjour, tout le monde. Heureuse de vous retrouver en ces temps incertains et imprévisibles, avec mes collègues Guillaume et Alejandra.

On est tous collectivement pris en otage par un intimidateur de la pire espèce, un menteur, un voyou qui n'a que faire des règles et des lois, un mythomane qui nous mène en bateau. Et, vous savez, ce n'est pas nouveau, hein, il a déjà été au pouvoir, Trump, il a été président. Manon disait en 2018 : Quand Trump se lève le matin puis il est de mauvaise humeur, bien, c'est notre monde qui perd sa job. Ça n'a jamais été aussi vrai qu'aujourd'hui encore en 2025.

À chaque crise, à chaque crise, nos gouvernements, les gens du milieu d'affaires, du milieu économique découvrent tout d'un coup l'achat local, et la souveraineté économique, ça devient à la mode, et tout de suite après c'est oublié, puis c'est à recommencer à chacune des crises. On se rappellera de la pandémie.

Ça suffit d'être pris en otage par Trump, on ne peut pas passer quatre ans comme ça. L'épée de Damoclès qui pend au-dessus de nos têtes doit nous faire prendre conscience qu'il faut que ça change. Il faut que notre économie soit moins dépendante des États-Unis, et tout ça, ça prend du temps. Il n'y a pas de solution magique, on ne peut pas tout bouleverser d'ici le 1er mars. Il faut commencer le plus rapidement possible pour que ça arrête uniquement d'être des vœux pieux et des beaux principes, mais une réalité, une économie résiliente. On ne peut pas découvrir l'achat local puis l'oublier et recommencer à chaque fois.

Voici aujourd'hui mes quatre demandes à François Legault pendant cette période économique incertaine qui est très, très stressante pour les Québécois et Québécoises. Arrêter de couper des emplois dans nos services publics. Hein, M. Legault nous dit qu'on risque de perdre 100 000 emplois si les tarifs de Trump sont appliqués. Bien, il ne faut pas que lui aussi coupe des emplois des Québécois et Québécoises. Il faut plafonner la hausse des loyers. Tout risque de coûter plus cher. Peut-être qu'on risque de rentrer en récession. Bien, il y a un budget, là, un seul budget que les Québécois ont, puis là-dedans ils puisent dans le même budget pour payer leur loyer. 6 %, ça ne peut pas avoir lieu, il faut plafonner les hausses. Arrêter les contrats gouvernementaux avec une compagnie américaine, Amazon. Il faut aussi un plan de souveraineté économique. Alejandra, comme notre responsable en économie et en finances publiques, elle a plein d'idées pour l'agroalimentaire, pour le bois d'oeuvre.

Face à la menace de Trump, on a besoin d'un gouvernement qui prend soin des gens et qui travaille pour l'avenir. Et c'est pour ça qu'on a demandé un débat d'urgence. Même s'il n'y a pas de tarifs aujourd'hui, il y a une instabilité économique et une incertitude économique qui a un impact réel sur les gens et sur notre économie. Donc, ce débat d'urgence reste important, et j'ai très hâte d'entendre aussi tous les collègues. Hein, les Québécois aiment quand on travaille ensemble. Même si on n'a pas la même vision, même si on n'a pas les mêmes solutions, c'est important qu'on se mette ensemble puis qu'il y ait ce débat d'urgence tout à l'heure, où on entend les solutions de tout le monde. On a besoin de se serrer les coudes pour les Québécois dans cette période difficile.

Journaliste : M. Legault s'est dit ouvert. Est-ce que vous pensez que la présidente va accepter que ça se fasse aujourd'hui?

Mme Ghazal : Bien, je souhaite. J'ai entendu aussi des signaux positifs de la part des... du Parti libéral et du Parti québécois. Donc, toutes les indications sont là pour nous dire que c'est possible qu'il y en ait un. Donc, j'espère. Si tu veux ajouter quelque chose...

M. Cliche-Rivard : Oui.

Mme Ghazal : Oui, vas-y.

M. Cliche-Rivard : Oui, en fait, on a envoyé une communication additionnelle à la présidence ce matin, dans laquelle, effectivement, on confirmait l'appui des autres partis, le consentement des autres partis. Évidemment, ça, ça fait partie des critères qu'elle va évaluer, là. C'est la présidente qui décide quand même.

Pour nous, Trump a été très clair, là, puis le premier ministre Trudeau l'a dit aussi, les tarifs sont reportés, là. Ce n'est pas effacé, cette menace-là. Alors, il est d'autant plus important... C'est un sursis, là, mais il faut qu'on discute de ça, puis je pense que 30 jours, ça ne sera pas de trop de toute façon. Les piliers, là, de notre économie, puis des discussions, puis des emplois, puis d'où est-ce qu'on s'en va de manière stratégique, ont été ébranlés, là, pendant les derniers jours, les dernières semaines. Donc, je pense qu'on ne peut pas se faire le... on... En fait, on doit écouter les collègues de l'Assemblée nationale. Je pense que tout le monde a des points de vue à apporter, des éléments à joindre au débat. Et donc je pense que... puis je l'espère, que la présidente va voir la chose de la même manière que nous.

Nous, on lui a réitéré ce matin qu'on soutenait notre demande, qu'on l'appuyait encore. Le premier ministre, lui, jusqu'à dernière nouvelle, maintient sa déclaration ministérielle. Alors, je pense que, de son côté, il y a un aveu aussi de l'urgence puis de l'importance. Ce n'est pas à tous les jours que M. Legault fait une déclaration ministérielle au salon... au salon rouge. Donc, je pense que les indicateurs sont là. Maintenant, évidemment, on va laisser la présidente trancher.

Journaliste : ...dans ce débat-là? Qu'est-ce que vous souhaitez apporter au gouvernement ou demander au gouvernement? ...concrètement, qu'est-ce qu'on va... qu'est-ce qui pourrait sortir de ça d'ici la fin de la journée?

Mme Zaga Mendez : Bien, pour nous, il y a déjà des choses qui doivent être mises en place. Ruba le disait tantôt, si à chaque fois qu'on est en crise, on se rappelle qu'on a un marché local, on se rappelle qu'il faut acheter québécois, déjà, dès maintenant, on peut mettre en place des mesures, comme par exemple imposer des quotas dans nos contrats d'approvisionnement publics, dans le marché public, pour l'alimentation, pour le bois. Chaque fois qu'on construit une école, il faut que ce soit avec du bois québécois. Chaque fois qu'on va dans un hôpital puis on va demander un repas, bien, ce repas-là inclut des ingrédients qui sont faits ici, au Québec, qui sont cueillis ici, au Québec. C'est des choses qu'on devrait déjà avoir en place. On est capables d'atteindre ces objectifs.

Et une autre demande qu'on veut faire, c'est qu'on va se pencher sur les subventions, les aides, les prêts aux entreprises. Il faut mettre des conditions pour faire en sorte que l'aide qu'on va donner va d'abord et avant tout sauvegarder des emplois. Ça doit être ça, la priorité. On ne veut pas voir des bonis qui vont partir pour les grands P.D.G. ou pour les actionnaires. Il faut que l'argent qu'on va donner va aider à 100 000 personnes. On parle de 100 000 personnes qui risquent de perdre leur emploi, de se retrouver dans la même filière, d'avoir peut-être une requalification. Mais surtout notre plus grand levier, c'est l'État. Puis l'État peut relancer les chantiers dès maintenant, accélérer les chantiers du transport en commun pour assurer que ces emplois-là soient maintenus au Québec.

Journaliste : ...on a vu pendant la pandémie, là, les oppositions ont été effacées du débat public un petit peu. Est-ce que vous craignez que la même chose se reproduise cette fois-ci?

Mme Ghazal : C'est sûr que c'est un défi, toujours, pour les partis d'opposition. On est un contre-pouvoir. Le gouvernement agit. Tous les yeux et les oreilles se tournent vers le gouvernement parce que leurs décisions vont avoir un réel impact sur les Québécois. Donc, c'est tout à fait normal. Mais moi, ce que... je suis très contente que M. Legault ait accepté la main tendue par Québec solidaire et qu'on travaille ensemble, mais travailler ensemble, ça veut dire aussi être à l'écoute. Moi, je ne veux pas juste que le premier ministre, par exemple, nous invite autour de la table pour nous informer quelques heures avant tout le monde de ce qu'il a décidé de faire, puis qu'on n'ait aucune influence. Des fois, les gouvernements, pour aller vite, malgré toutes leurs équipes, des fois, ils ont des angles morts. Moi, je rappellerais, Manon Massé avait levé le drapeau rouge par rapport aux mesures sanitaires, par exemple le couvre-feu, puis l'impact que ça peut avoir sur les personnes itinérantes. Puis on l'a vu qu'on l'a échappé, il y a eu un itinérant qui est mort. Donc, ça sert à ça aussi notre travail. On est interpelés par les citoyens, les citoyennes dans nos comtés, nos différents comtés. On a des réalités différentes qui échappent au gouvernement.

Donc, c'est important que M. Legault soit à l'écoute, réellement à l'écoute. Et ça commence bien en, maintenant, disant : Bien, on accepte le débat d'urgence. Donc, ça augure bien. Je l'invite à continuer dans cette façon de travailler là. Puis d'écouter les Québécois aussi. Très, très important. Il y a une colère, hein, chez les gens, que je sens très forte, un mouvement de boycott malgré l'entente qui a eu lieu hier entre Justin Trudeau et Trump, ils disaient : Bien, ce n'est pas grave, il faut qu'on boycotte quand même puis il faut quand même qu'on utilise des produits québécois, canadiens. Et puis là les gens, ils cherchent comment faire, boycotter et comment utiliser des produits locaux. Bien, il faut que le gouvernement, comme le disait Alejandra, il faut que le gouvernement soit aussi un modèle en matière d'achat local puis pas juste en énonçant des beaux principes, pas juste en disant qu'il faut être plus local. Il faut le faire de manière concrète. On n'a aucun quota, aucune cible dans le tableau de bord du gouvernement en lien avec l'achat local dans nos institutions publiques. Pourtant, on en achète, là, des produits dans nos cafétérias, dans nos hôpitaux, dans nos écoles.

Journaliste : Vous avez dit tantôt qu'il était hors de question que le Québec soit soumis à un intimidateur comme M. Trump pendant quatre ans, mais, même si on arrête de couper dans les services publics, qu'on fixe le loyer puis qu'on met des quotas, est-ce que le Québec n'est pas un peu... puis le Canada, là, n'est pas un peu condamné à être soumis à ces aléas-là de l'humeur de M. Trump, juste par la force économique des États-Unis?

Mme Ghazal : Bien, ça, c'est comme un état d'esprit. Je veux dire, on le voit, par exemple, en Ontario, je parlais, la semaine passée, de Doug Ford, qui a même envoyé une menace, par exemple, d'arrêter le contrat... maintenant, il est revenu, là, sur ça, à cause des tarifs qui ont été... ça a été prolongé pour le 1er mars, par exemple, de couper un contrat de Starlink. Tu sais, il le mentionnait. Nous, souvent, M. Legault, par exemple, il va envisager. Il est très, très... il fait très, très attention. C'est juste que le problème avec Trump, c'est que, peu importe ce qu'on fait, lui, je veux dire, il n'est pas très raisonnable. Par exemple, le fentanyl, il y en a ici, même, j'ai entendu M. St-Pierre Plamondon dire que le fentanyl, c'est vraiment un problème et Trump a raison. Je veux dire, les faits, les faits ont droit, là, il faut qu'on regarde les faits. On en a tellement parlé, là, de la science, des faits, pendant la pandémie, on ne peut pas faire semblant que ça n'existe pas. Il y a, c'est quoi, c'est 0,2 % de fentanyl qui est allé...

Journaliste : ...M. Trump décide qu'il met des tarifs sur quelque chose qui n'est pas factuel, le Québec va en pâtir.

Mme Ghazal : Mais la première chose à faire, c'est de ne pas lui donner raison et de ne pas dire : Ah oui, oui, il a raison, puis on va faire exactement tout ce qu'il veut. Parce qu'on ne le sait pas, après ça, jusqu'à quand il va aller? Qu'est-ce qu'il va nous demander après? De nous retirer du...

Journaliste : ...de plier, hier, à ses demandes, puis de nommer un tsar puis...

Mme Ghazal : Mais là, pour le moment, ce qu'il a fait, tu sais, on n'avait comme pas le choix, puis c'est correct. L'objectif, c'était... Ce n'est pas énorme, là, ce qu'il a donné, mais l'objectif, c'était que M. Trump puisse se tourner vers tout le monde aux États-Unis puis dise : J'avais raison. Qu'on l'appelle tsar, qu'on l'appelle empereur, qu'on l'appelle n'importe quoi, c'est un haut fonctionnaire, là, qui va s'occuper de ça, d'un problème qui est un peu... très, très minime par rapport au Mexique. Ça fait que l'idée, ce n'est pas juste de plier tout le temps, tout le temps, de mettre en place une souveraineté économique puis aussi diversifier, de diversifier nos partenariats commerciaux avec le Mexique, avec les États-Unis, avec d'autres marchés. Moi, j'ai étudié aux HEC et je me rappelle très bien, dans nos cours, là, en finance, la chose la plus importante à faire, c'est de ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier. Et c'est ce qu'on a fait depuis 40 ans, depuis 50 ans : tout le monde, là, par une force d'inertie, d'habitudes, on a été dans nos... dans nos dans nos vieilles chaussures à faire affaire avec les États-Unis. Puis il y avait toujours des gens qui disaient : Oui, mais il faudrait peut-être diversifier. On le fait un petit peu de façon timide. Là, on a une crise, il ne faut pas juste que, quand la crise passe... on le souhaite, qu'elle va passer, qu'après ça on oublie toutes ces belles paroles puis qu'on continue encore à garder notre économie dépendante des États-Unis.

Journaliste : Une précision sur l'achat local. Parce que... Est-ce que vous encouragez le boycott qui est comme dans l'air? Parce qu'on sait que ça peut avoir des impacts quand même sur les entreprises du Québec, là. Pepsi, c'est même distribué par des gens du Québec. Donc, est-ce que vous encouragez l'idée d'un boycott de produits américains?

Mme Zaga Mendez : C'est normal que les gens, en réaction, se disent : Je vais boycotter, je vais acheter plus québécois. Nous, ce que nous, on suggère, c'est concentrer sur ce qu'on a, c'est sur quoi on a du pouvoir puis...

Journaliste : ...je vous demande : Est-ce que vous encouragez le boycott de la population...

Mme Zaga Mendez : Exactement. Bien, moi, je pense, c'est normal. C'est normal qu'en ce moment on se tourne... puis c'est même encouragé de voir qu'est-ce qu'on peut encourager, acheter au Québec puis choisir le Québec. Ça a toujours été comme ça. Et c'est là où... c'est là où je dis que le plus grand levier qu'on a, c'est l'État. Si M., Mme Tout-le-monde le font, tant mieux, s'ils peuvent se permettre aussi. Il y a une question de coût, il y a une question de fardeau économique, là. Et là, nous, on s'est concentrés sur notre plus grand levier. Notre plus grand levier, c'est le... notre gouvernement, c'est nos contrats, c'est nos achats. Oui, le boycott à travers notre principal levier, qui est le marché public. Le marché public, c'est là qu'on a plus de pouvoir, c'est là qu'on peut agir.

Mme Ghazal : Juste pour être sûre. Le mouvement de boycott qui existe en ce moment, il y a un mouvement citoyen, un peu comme pour Amazon. Ceux qui le peuvent, les citoyens et citoyennes qui le peuvent, qui peuvent se permettre, qui ont la capacité de le faire puis ils ont envie d'y participer, absolument, on les invite à le faire. Mais nous, notre demande, comme parti politique à l'Assemblée nationale, c'est de dire que le plus gros acteur, celui qui a le plus grand impact dans notre économie, c'est l'État, que l'État aussi fasse... démontre aussi qu'on veut, par ses achats, par les contrats, qu'il y ait de l'achat local.

Journaliste : ...il y a quand même des emplois québécois qui sont affectés par un boycott de produits américains dans la chaîne de distribution. Donc, vous n'êtes pas inquiète de voir qu'on pourrait perdre des emplois au Québec, si on boycotte des entreprises américaines?

Mme Ghazal : Bien là, tu sais, moi-même j'ai travaillé beaucoup... j'ai travaillé pendant 15 ans dans les entreprises où les usines étaient ici, mais la maison-mère était américaine. C'est des milliers d'emplois et plus, là, des centaines de milliers d'emplois de gens dans le secteur privé qui sont menacés par des... ici même. Donc, l'aide du gouvernement, elle, elle va être importante. Si, par exemple, les tarifs ont lieu puis qu'il y a un mouvement de boycott, je ne pense pas que le mouvement de boycott va faire en sorte que, tout d'un coup, tout va s'effondrer, là, le boycott individuel. C'est plus l'action gouvernementale, par ses choix économiques, qui vont... qui vont avoir un impact. Mais, par exemple, quand on aide les entreprises, ça va être important d'aider les travailleurs, travailleuses. Il y a eu des exemples dans le passé, Alejandra en parlait, où est-ce qu'on aidait les entreprises, mais l'argent, entre guillemets, ne percolait pas aux travailleurs. M. Legault, hier, avec la ministre Christine Fréchette, il a rencontré tous les milieux d'affaires, Investissement Québec aussi, évidemment, puis les institutions du Québec, mais aussi le milieu d'affaires, mais je ne l'ai pas entendu dire qu'il allait aussi rencontrer les représentants des travailleurs, travailleuses, les syndicats. Aujourd'hui, il va y en avoir aussi dans les gradins, des représentants des travailleurs, travailleuses. Ça va être important que ces gens-là ne soient pas sacrifiés. Puis souvent, quand on signe des conventions collectives dans une situation où est-ce qu'il y a une... économiquement, c'est instable, on va demander... les employés... les employeurs demandent des sacrifices aux travailleurs, qui, des fois, va être incité à les accepter. Puis, après ça, encore une fois, comme dans le passé, ça va être eux et elles qui vont payer le prix. Ça, ça fait partie, peut-être, de l'angle mort de M. Legault. Il pense qu'en aidant les entreprises l'argent va se retrouver par magie dans les poches des travailleurs. Ce n'est pas garanti, ça.

Journaliste : L'exemple que mon collègue veut donner, peut-être, là, par rapport au boycott, là, tu sais, on va prendre l'exemple de Lay's, par exemple, c'est des patates de l'Île d'Orléans, tu sais. Ça fait que même le gouvernement qui devrait boycotter les produits américains? Il y a tellement de zones grises.

Mme Ghazal : Tout à fait. Notre économie est extrêmement liée. Puis on n'est pas en train de dire de boycotter n'importe comment, n'importe quand. Il faut qu'il y ait une stratégie ciblée. Et le gouvernement a en place les... tu sais, il peut revoir des critères, par exemple, c'est quoi les critères, de quelle compagnie qu'on boycotte, des pourcentages, ça, c'est quelque chose qui peut être mis en place. Boycott, ce n'est pas d'arrêter 100 % sans se poser des questions. Par exemple, il y en a qui disaient... des experts qui disaient : Il ne faut pas, par exemple, boycotter des détaillants américains parce que, des fois, les détaillants américains vendent des produits québécois. Donc, tout... notre économie est tellement imbriquée, c'est tellement complexe qu'on ne peut pas juste avoir des solutions faciles. C'est compliqué, c'est complexe, mais on ne peut pas aussi dire : Ah! c'est tellement compliqué qu'on ne va pas agir puis on va s'asseoir sur nos mains. Ce n'est pas vrai. Le gouvernement a un impact sur notre économie, des leviers qu'il doit utiliser.

Journaliste : Vous parlez de produits québécois, mais on a quand même senti aussi une résurgence, un peu, d'un patriotisme canadien d'acheter canadien. En tant que parti indépendantiste, ce n'est pas une position un peu difficile à tenir en ce moment?

Mme Ghazal : Pas du tout. En fait, on n'a jamais autant parlé de la souveraineté des États puis à quel point cette souveraineté, elle est importante et elle est précieuse. Donc, moi, comme indépendantiste, avec mes collègues à Québec solidaire, on veut être indépendants, mais ça ne veut pas dire de devenir isolationnistes puis de nous fermer au monde, au contraire. Le Canada, si on devenait indépendants, bien, le Canada deviendrait un autre pays étranger, ami du Québec, et on continuerait à faire affaire avec eux. Et d'ailleurs, c'est vrai qu'il y a des barrières dans le commerce interprovincial qui devraient être levées, et qu'on devrait regarder, là, puis s'assurer que ça bénéficie aux travailleurs.

Journaliste : ...de lever ces barrières-là... les provinces.

Mme Ghazal : Bien, c'est-à-dire qu'il y a comme une... un préjugé favorable au libre échange, que, tout d'un coup, c'est parfait, puis c'est magique, puis c'est bon pour l'économie. Moi, je me rappelle quand j'étais jeune, où est-ce qu'il y avait beaucoup, beaucoup de délocalisations, des entreprises qui fermaient. Tu sais, j'ai travaillé dans le secteur industriel, puis le nombre de fois où est-ce qu'on décidait, finalement, au lieu d'ouvrir une usine au Québec, de l'ouvrir ailleurs dans le monde, mais ce n'est pas des emplois ici. Donc, oui, au libre-échange, oui, à diversifier nos marchés à l'international, et éventuellement le Canada quand il va devenir international, le jour où on sera indépendant, mais il ne faut pas n'importe quel accord, il faut s'assurer que ça ne bénéficie pas juste à une minorité, mais aussi à l'économie québécoise puis aux travailleurs, travailleuses.

Journaliste : ...un Québec indépendant, donc, aurait pu mieux faire malgré le fait qu'il aurait une plus petite taille.

Mme Ghazal : Bien, ce qu'on aurait fait, si on était indépendants, on se serait alliés avec nos amis les Canadiens, on se serait alliés, puis c'est ce que le gouvernement du Canada d'ailleurs devrait faire, puis nous aussi, au Québec, même dans une province, avec le Mexique, avec d'autres partenaires en Europe, ailleurs dans le monde. Ça, ce n'est pas nouveau, hein, on dirait qu'on vient de le découvrir, là, ça fait 40 ans qu'on en parle, c'est juste que... Qu'est-ce que vous voulez, c'est la nature humaine, puis la nature des gouvernements, puis des décideurs, c'est... il faut qu'on soit acculés au pied du mur pour décider d'agir, et c'est triste.

Journaliste : You say that you can feel... receive lots of anger from your constituents or other Quebeckers. So, how this debate that you want to have, this emergency debate may help in a way to represent all Quebeckers? Because every single MNA that wants to speak out in the red room will be able to do it. So how, with this anger you can feel, this debate may help?

Mme Ghazal : Yes. Well, now that... We ask to have this debate to make sure that the Government who will make the decision, that Mr. Legault will listen to all MNAs in the National Assembly of Québec, because we hear this anger from our constituents who want us to act for them. So, it's important for us to work together, to listen also to the solution of every single political party and to put up these solutions and to make the best decisions. It's important that Mr. Legault to listen to us and also to be influenced, but by what we are telling him, because he can't... and his... la CAQ can't hear all what Quebeckers are saying. They hear a part of Quebeckers. And we are... We have our constituents who tell us messages, who tell us... have solutions, who tell us how to help them. So, it's important, this debate, to speak about it and to show the population of Québec that we work together, even if we are not always agree, for them and for the interests of the Québec economy.

Journaliste : But, in the short term, what more could the... what more could the Legault government be doing? What are some of the solutions that you're hearing on the ground?

Mme Ghazal : Yes. Today, I ask Mr. Legault to stop cutting jobs in the public services. We saw nurses, auxiliary nurses in the health system, their job was cut. It's not time now to cut these jobs, it's time to save these jobs. And also, the... Comment on dit «loyer» tout d'un coup?

M. Cliche-Rivard : ...

Mme Ghazal : And also, the rent increase. The government should stabilize this raise, because people... we are in a not stable situation economically, and it's important that Quebeckers... not to be more poor, and the rent is a very important part of their budget. The Government can act now to help them in this situation by stabilising the raise rent.

Journaliste : Can you explain what these issues, rent increases, job cuts... what does that have to do with the tariffs, for people who may not understand?

Mme Ghazal : Yes. Well, right now, the tariffs, if they are put in place and even if they are not, just the menace of the tariff is... is making a lot of instability in our economy. And that means that some people can lose their job. So, let's imagine a family, one like the father is working in that aluminum industry, and because of the tariffs, he lose his job. And imagine if his wife is a nurse, auxiliary nurse in the public service, and she's losing her job because of the decision of Mr. Legault, this family will be poorer. And that's why the Government of Québec should not cut these jobs in the public services.

Journaliste : Just on an individual level, do you think that it's realistic or that it makes any kind of difference for people to be boycotting American products right now?

Mme Ghazal : Well, for people, they feel anger and they want to act. And the way of act is to boycott the American products. And they want also to consume more locally. But what we ask, at Québec solidaire, is we ask the Government, which is the major actor in our economy, to also be a model of buying locally, for example, to boycott and stop buying services from Amazon, for example, or other American company, because we have the expertise and we have the entrepreneur here in Québec that we can encourage and that the Government can buy from them.

Le Modérateur : Merci beaucoup.

Mme Ghazal : Merci.

(Fin à 11 h 23)