(Dix heures trente-trois minutes)
M. Paradis : Bonjour à toutes
et à tous. Commence aujourd'hui ici, à l'Assemblée nationale, les 12 jours
d'action contre la violence faite aux femmes. Et, en conséquence, je suis très
heureux de céder immédiatement la parole à ma collègue, notre porte-parole
nationale du Parti québécois, Méganne Perry Mélançon.
Mme Perry Mélançon (Méganne) :
Merci beaucoup, Pascal. Bien, je suis heureuse d'être ici, aujourd'hui, dans le
cadre des 12 jours d'action contre la violence faite aux femmes, parce que
c'est un sujet qui me tient particulièrement à cœur. Vous m'avez entendu
souvent parler de la question des féminicides. Je pense que c'est un des enjeux
premiers liés à ce contexte-là des 12 jours d'action, notamment parce que
ça va converger vers la tuerie de Polytechnique du 6 décembre.
Alors, important d'en parler encore
aujourd'hui, des féminicides, parce que c'est en montée au Québec en 2024
encore. On a entendu le témoignage de Sabrina à Tout le monde en parle,
dimanche, accompagnée de la journaliste Bénédicte Lebel sur la question du
balado qui va sortir sur ce sujet-là. Il y a plusieurs survivantes, mais
malheureusement aussi beaucoup de victimes.
Et, bien, je souhaitais aujourd'hui
déposer une motion. Le Parti québécois va déposer une motion sur la montée des
féminicides et surtout comment on peut s'assurer de rapidement appliquer les
mesures et les recommandations du rapport Rebâtir la confiance. C'est important
de le faire. C'est important, toute cette sensibilisation-là, notamment par des
survivantes, par des journalistes, par les politiciens, par le père aussi de...
Dans un journal, aujourd'hui, on entendait le père de Chloé Lauzon-Rivard, qui
prenait la parole aussi. Alors, tant qu'il n'y aura pas de réel progrès, pour
moi, c'est important qu'on ne se tait pas sur cette question-là. Alors, le
gouvernement doit en faire davantage, puis Mme Biron doit prendre la
parole davantage sur cette question-là aussi, et c'est ce qu'on souhaite
aujourd'hui avec le renforcement des mesures de la lutte contre les violences
conjugales. Merci.
Journaliste : Vous trouvez...
Mme Perry Mélançon (Méganne) : On
peut toujours en faire plus. On voit les chiffres. Cette année encore, on parle
de 21 cas... 24 présumés, 21 confirmés. C'est beaucoup trop. Et, bien, on
a plusieurs... on a fait plusieurs demandes. On a demandé l'application de
toutes les recommandations du rapport, évidemment, avec un budget conséquent.
On demande aussi à modifier la Loi sur les normes du travail pour y prévoir...
jours de congés pour toutes les violences... pour toutes les victimes de
violences conjugales et... Bien, il y a toutes sortes d'enjeux, mais je suis
contente que vous posiez la question. En fait, sur la cellule... les cellules
des crises dans toutes les régions, les interventions qui sont encore en silo,
il faut s'assurer d'avoir des mesures de protection. Ce qu'on nous demandait...
Excusez, je vais reprendre mon souffle. Ce qu'on nous demandait, en fait, il y
a des... il y a des femmes, encore aujourd'hui, en fait, dans leur foyer, qui
se demandent : Quel sera le moyen de s'échapper et quel sera le bon
moment? Et là-dessus, bien, il y a plusieurs victimes qui ont demandé d'avoir
un outil d'intervention rapide, dont les textos directement aux policiers, ça
fait partie des mesures qui pourraient être implantées plus rapidement. Donc,
il y a déjà des avancées de faites depuis sur ce rapport-là, mais ça ne va pas
assez vite, et on peut en faire plus, oui.
Journaliste : Comment on peut
mesurer les progrès?
Mme Perry Mélançon (Méganne) : C'est
ce qu'on...
Journaliste : Vous avez
dit : Tant qu'on ne mesure pas... qu'on ne voit pas de progrès... Bien,
comment les mesurer à part le nombre de féminicides? Bien, ça, ça peut varier
d'une année à l'autre.
Mme Perry Mélançon (Méganne) : Bien,
moi, je demande, depuis le début de l'automne, qu'on ait un état de situation
de la part du gouvernement où on en est avec l'application des recommandations.
On va encore déposer une question au feuilleton à ce sujet-là, parce qu'on n'a
pas un portrait précis de ce qui a été fait. J'ai encore vu, là, la ministre
dans un tweet dire que, bon, il y a une stratégie de lutte, un certain montant,
42 millions. C'est c'est toutes des belles intentions, je veux dire, ce
n'est pas... ce n'est pas un manque de volonté. Je pense que tout le monde se
sent très concerné par l'enjeu. C'est une lutte collective, et c'est ce qu'on
veut rappeler aujourd'hui, en fait. C'est une lutte collective qu'on a entamée
depuis déjà quelques années, mais je pense qu'il ne faut pas ralentir la
cadence parce que le chiffre démontre encore qu'en 2024 cette augmentation-là
est bien réelle.
Alors, bien, on se pose toutes ces
questions-là, je pense : Dans la société, qu'est-ce qui est fait? Est-ce
qu'on en fait assez? Est-ce qu'on surveille suffisamment les hommes violents
qui sont des récidivistes? Moi, j'ai lu toutes sortes de cas cet automne où on
ne parlait pas de nouveaux cas, là, d'hommes violents. C'est des gens qui sont
connus du système judiciaire, puis tu te dis : Bien, comment ça se fait
qu'on ne les a pas plus à l'oeil? Qu'est-ce qui peut être fait? Donc, il y a
plusieurs outils, plusieurs façons d'intervenir rapidement, de mettre les
experts en concertation davantage, que l'information circule mieux. C'est des
choses qu'on demande depuis déjà longtemps, et on s'attend...
Journaliste : Qu'est-ce qui
peut expliquer cette augmentation?
Mme Perry Mélançon (Méganne) : Qu'est-ce
qui peut...
Journaliste : Expliquer cette
augmentation?
Mme Perry Mélançon (Méganne) : Il
y a plusieurs... Qu'est-ce qui peut expliquer cette augmentation-là? En
pandémie, on disait que c'était parce que les femmes étaient prises à la
maison. Là, on est... on a déconfiné puis on est encore devant un contexte de
violence conjugale majeur. Je voyais que les chiffres de l'ONU sont
sensiblement les mêmes dans le sens qu'au Canada ou ailleurs dans le monde, on
a un problème de hausse de la violence, violence de toutes les formes, là. Là,
on parle aujourd'hui de la violence conjugale, mais il y a plusieurs moyens,
puis je peux continuer à en parler. Bien, tu sais, le contrôle coercitif qui
n'est pas encore reconnu dans le Code criminel est un exemple. On est en train
de régler ça au fédéral. Il y a beaucoup de choses qui sont demandées. Les
maisons d'hébergement qui sont en surcapacité, ça veut dire que celles qui
prennent tout leur courage pour sortir de la maison ne seront pas
nécessairement prises en charge à ce moment-là précisément par les maisons
d'hébergement qui croulent sous les demandes. Alors, il y a beaucoup d'exemples
bien précis, c'est 190 recommandations, le rapport qui a été produit en
2020. Alors, 2020, on est quatre ans plus tard, je pense qu'on est dus pour un
état de situation.
Journaliste : Les tarifs
douaniers de 25 % imposés par les États-Unis aux exportations canadienne
et québécoise, quelles seraient les conséquences de ça, vous croyez?
M. Paradis : Bon, d'abord,
attention, ils ne sont pas encore imposés. C'est la future administration des
États-Unis d'Amérique ou le futur président qui va... qui n'est pas encore
investi, qui annonce son intention de procéder de telle façon, donc avec des
tarifs de 25 %. C'est très important de réagir avec calme à ce genre
d'annonces, de planifier, d'être prêts à toute éventualité et de comprendre
quels sont les enjeux qui sont sur la table. Et dans ce gazouillis d'hier, le
président identifie deux enjeux, il y a un enjeu de commerce international et
il y a un enjeu de contrôle des frontières. Il le dit clairement. Compte tenu
de l'un, les frontières, il pourrait se passer l'autre : politique
commerciale, imposition de tarifs. Donc, c'est très important qu'on s'attarde à
ces deux questions-là, notamment celle du contrôle des frontières. Que ce soit
du côté démocrate, que ce soit du côté républicain, ça fait longtemps que du
côté des États-Unis d'Amérique, il y a des préoccupations sur la façon dont le
Canada gère ses frontières, et c'est nous même, au Parti québécois, ce que nous
avons dit depuis longtemps. On parle d'un laxisme, et ça, c'est démocrates et
républicains qui le disent bien. Là, le gouvernement canadien, à la dernière
minute, semble revoir sa stratégie, mais c'est sûr que ce qui s'est passé
depuis 2015, ça a généré des préoccupations, ça a généré des inquiétudes du
côté américain. Vous savez, gérer nos frontières à coups de gazouillis, ce
n'est pas exactement rassurant pour nos partenaires commerciaux comme les
États-Unis. Donc, il faut discuter avec les alliés objectifs du Québec aux
États-Unis, les gens d'affaires avec les chambres de commerce pour parler de la
question commerciale, mais aussi de cette question-là, donc du contrôle des
frontières. C'est là-dessus, là, qu'il faut se concentrer.
Journaliste : ...le laxisme
dans le sens inverse, c'est-à-dire l'immigrant qui traversait de façon
irrégulière au Canada à partir des États-Unis. Là, qu'est ce qu'on peut faire,
à ce moment-ci, pour empêcher que le flux aille dans le sens inverse?
M. Paradis : Non, le laxisme,
c'est l'ensemble, c'est une vision du contrôle des frontières. On a parlé,
nous, au Parti québécois notamment, de la question des passeurs. Donc, il y a
des passeurs pour des êtres humains, il y a des passeurs aussi pour des biens,
pour de la contrebande, et ça, ça préoccupe notre principal voisin, au Sud, qui
dit : Ce qu'on veut, c'est voir une gestion des frontières qui est
beaucoup plus adéquate, notamment sur la question des visas, sur la question du
temps de traitement des demandes, mais aussi sur la question, donc, des passeurs.
Alors, c'est important de s'attarder à cette question-là avec calme et de
discuter aussi de la question commerciale avec calme, parce que, bien sûr,
c'est une partie importante des exportations des entreprises québécoises qui
vont vers les États-Unis. Ça, on aura beau faire, ça va toujours être ça, c'est
notre principal partenaire commercial. C'est à la fois un privilège, mais c'est
à la fois aussi... il y a une complexité quand on a un voisin de cette
ampleur-là qui est la principale... aussi, qui est une puissance économique
mondiale, bien, il faut s'attarder aussi à ces questions-là. Et là, bien,
planification, diplomatie forte auprès de nos partenaires.
Journaliste : Est-ce que vous
pensez que de s'attaquer à la question de l'immigration, ça va résoudre
l'aspect des questions de tarif?
M. Paradis : C'est une
question de contrôle des frontières. Et regardez bien le gazouillis d'hier. Et
ce n'est pas nouveau, bien avant l'élection du président Trump, du futur...
ancien et futur président Trump, des élus républicains et des élus démocrates
exprimaient ces préoccupations. Donc là, elles reviennent dans l'actualité.
C'est une question. C'est la future administration américaine qui identifie cet
enjeu-là et qui le lie aux enjeux commerciaux. Donc là, il y a deux questions.
Il faut s'attaquer à ces deux questions-là. Il faut gérer.
Journaliste : ...donc vous
accusez le gouvernement du Canada de laxisme aux frontières, c'est ça?
M. Paradis : Mais oui, mais
il n'y a rien de nouveau là-dedans, là. Lisez le document qu'on a produit il y
a quelques semaines sur les questions d'immigration, on l'identifie cette
gestion laxiste des frontières qui était liée à une idéologie puis à une façon
de voir les choses, ça fait longtemps qu'on le dénonce, là. Ce n'est pas
nouveau, nous on l'a dit, et aujourd'hui, c'est ce que... c'est un des points
importants sur lesquels se concentre la future administration Trump.
Journaliste : ...le Canada
puis le Québec a sa part de responsabilité dans la décision qui a été annoncée
hier par M. Trump? Il faut se regarder le nombril, là, c'est un peu ça que vous
dites.
M. Paradis : Ici, ce n'est
pas une question, là, d'identifier, là, qui... bien, en fait, oui. La question
est : Qu'est-ce qu'on peut faire de mieux, qu'est-ce qu'on peut faire de
différent? Une gestion plus rigoureuse des frontières va permettre d'aborder
aussi la question commerciale de front avec les États-Unis, et c'est ce qui
nous est annoncé aujourd'hui. Donc on doit... on doit... Oui?
Journaliste : Vous
dites : On a deux mois devant nous. Resserrer les politiques de visa, ce
n'est pas ça qui va faire une différence en deux mois. Donc, qu'est-ce que...
qu'est-ce qui permettrait de résoudre ce conflit-là, selon vous? Ce serait par
exemple de mettre la GRC à la frontière pour empêcher les passeurs? Augmenter
les effectifs à la frontière?
M. Paradis : Non. S'asseoir
avec nos partenaires. Bon. D'abord, c'est une question... J'aimerais vous dire
que le Québec peut gérer ça lui-même. Ce n'est pas le cas. On le redit aussi
régulièrement, le Québec n'est pas un État indépendant, donc il y a une partie
des outils qui n'est pas dans ses mains, qui est dans les mains du gouvernement
fédéral. Et le gouvernement fédéral a géré les frontières de cette façon-là au
fil des dernières années. Donc là, on est pris avec cet héritage-là.
Maintenant, il faut parler avec les acteurs ailleurs au Canada, les autres
provinces, avec le gouvernement fédéral. Il faut s'asseoir avec nos alliés
objectifs, les chambres de commerce, les gens d'affaires, les gouverneurs des
États aussi, qui sont ceux avec lesquels on a le plus de relations, pour gérer
ces deux items-là.
Et oui, il y a des choses qu'on peut
faire. Vous voyez, là, les annonces, là, récentes du gouvernement fédéral. Le
gouvernement fédéral est en train de faire un virage à 180 degrés. Et il
rejoint étrangement, quelle coïncidence, plusieurs des éléments sur lesquels le
Parti québécois s'est prononcé, notamment dans notre document qu'on a publié il
y a quelques semaines.
Journaliste : ...est-ce que
vous croyez que... Parce que c'est du chantage, jusqu'à un certain point, là.
Parce que, dans sa déclaration, M. Trump dit notamment que ces tarifs-là, de
25 %, vont continuer à être appliqués tant et aussi longtemps qu'on n'aura
pas réglé le problème de drogue et le problème à la frontière. Donc, à quelque
part, est-ce qu'en imposant ou en jouant justement des muscles, là, en
disant : 25 % de tarifs douaniers, est-ce qu'il ne vient pas un peu
forcer Justin Trudeau à refermer les frontières?
M. Paradis : Ces tarifs de
25 % ne sont pas encore en vigueur, ne sont pas encore effectifs. Le
président Trump n'est même pas encore...
Journaliste : ...dit qu'il va
le faire en signant son...
M. Paradis : Le président
Trump n'est pas encore en fonction, donc il faut être... il faut prendre ça
avec calme, avec diplomatie. Il faut planifier. Maintenant, je ne vous apprends
rien sur les stratégies de négociation du président Trump. Il en a très souvent
lui-même parlé dans ses livres, il en a parlé quand il était président, il a
continué à en parler. C'est quelqu'un qui négocie en mettant des positions
fortes sur la table, puis ensuite, on s'assoit et on discute. Donc il annonce
ça et il annonce ses couleurs. Il dit : Il y a là-dedans une question de
gestion des frontières et il y a là-dedans une question commerciale, à nous
maintenant de travailler sur ces deux questions-là.
Journaliste : ...gestion des
frontières, là... la gestion des frontières, ça veut dire quoi concrètement,
gestion des frontières? On ne parle pas de visas comme on le disait tout à
l'heure, là. On parle donc de coercition, on parle de policiers davantage aux
frontières?
M. Paradis : Bien, c'est un
ensemble de mesures. D'abord, c'est quelle politique publique et quelle vision,
par le Canada, de ses propres frontières? Nous, on a dénoncé un laxisme et une
vision où le premier ministre du Canada envoie un gazouillis sur l'ensemble de
la planète puis venir dire : Venez chez nous. La question des visas
aujourd'hui, tout le monde le dit, nous étions les seuls à le mentionner il y a
quelques mois encore, où, tout le monde l'a dit : Oui, là on a un
resserrement à faire sur la façon dont on donne les visas, sur les contrôles
préliminaires à la frontière, aux aéroports. Pendant des mois, le gouvernement
fédéral a non seulement toléré, mais il a donné des incitatifs, a pratiquement
institutionnalisé des voies d'entrée comme le chemin Roxham, qui ne sont pas
les voies d'entrée normales. C'est ça la vision des frontières qu'on a eue
pendant longtemps et c'est ça qui a préoccupé nos partenaires commerciaux et
notre partenaire américain, à côté, qui le dénonce depuis longtemps, là. Ce
n'est pas nouveau d'aujourd'hui. Les républicains et les démocrates l'ont déjà
mentionné.
Journaliste : Pour reprendre
un peu la question, là, en fait, ce que vous dites, c'est : Les problèmes
qui sont montrés du doigt sont réels, c'est légitime de pointer vers ça. Mais
est-ce que la tactique qui est employée, qui est essentiellement du chantage,
là, il menace de mettre le Canada en récession si le Canada ne resserre pas le
contrôle aux frontières, est-ce que la tactique est légitime?
M. Paradis : Bon. Le
président Trump annonce son jeu. Et je le mentionnais tout à l'heure, ce n'est
pas nouveau. Il a souvent dit lui-même que c'est... c'est la façon dont il
négocie. Prenons-en bonne note. Relisons ses bouquins, revoyons ses
déclarations, c'est sa façon de négocier. Maintenant, nous, comment réagit-on?
Il faut s'attarder, travailler avec nos partenaires, travailler ici, au Québec,
avec nos partenaires, mobiliser les intervenants aussi, s'assurer qu'on a les
bons joueurs aussi dans la diplomatie québécoise, parce que, là, il va y avoir
une période complexe qui va s'ouvrir, puis ensuite, considérons toutes nos
options.
Vous me demandez : Est-ce que c'est
correct? Si vous me demandez juridiquement, si vous faites appel à l'avocat de
droit international en moi, je vais vous dire : Bien non, ça ne marche
pas, là. La règle basée sur le GATT qui est intégrée à l'OMC puis à l'accord de
libre-échange Canada—États-Unis—Mexique, c'est de dire qu'une fois que des
tarifs sont baissés, pour les élever de nouveau, il faut une justification
raisonnable. Bien sûr que ce que le président Trump est en train de faire, il y
a de très bonnes chances qu'en déposant des plaintes à la fois en vertu de
l'ACEUM, à la fois en vertu de l'OMC... il y a de bonnes chances qu'on ait gain
de cause. Mais cette voie-là, aussi, elle est complexe parce qu'elle prend du
temps. Puis même, une fois que tu as gain de cause, ça redevient une question
politique. D'ailleurs, à l'OMC, tu peux avoir une décision dans un an, en
disant : Il n'a pas le droit de faire ça parce qu'il n'y a pas eu de
preuve qu'il y avait du dumping, qu'il y avait des subventions illégales, etc.
Mais là les États-Unis iraient en appel. L'instance d'appel de l'OMC est
actuellement bloquée en raison du refus par les États-Unis d'accepter la
nomination des juges d'appel. Donc, c'est une voie qui va être difficile. Donc,
si vous me demandez si c'est légitime juridiquement, le Canada aurait
probablement une très bonne cause devant les instances, même chose pour
l'ACEUM. Mais là, une fois qu'il y a une décision qui prend du temps, ça
redevient une question politique d'application ou non des décisions qui sont
rendues.
Journaliste : ...pour le
Québec concrètement, pour l'industrie ici?
M. Paradis : Pour l'instant,
d'abord, ils ne sont pas appliqués, ils ne sont pas en vigueur, ces tarifs-là.
Des négociations, de la diplomatie, des représentations, c'est ça, la période
qui commence. Et nous, ce qu'on appelle, c'est qu'on appelle notre gouvernement
à être très proactif, là. Ce n'est pas le temps de dire : Oh! si le
président Trump vient d'être élu... puis qu'est-ce qu'on va faire?, puis
surprise. Donc, s'assurer qu'on a les meilleurs outils diplomatiques dans nos
délégations aux États-Unis, qu'on a les bonnes personnes à la bonne place,
mobiliser les gens d'affaires, nos chambres de commerce, les associations
commerciales qui ont des liens. Parce que les impacts sont immenses. 75 %,
en gros, de nos exportations aux États-Unis, c'est immense. Mais c'est la même chose
de l'autre côté de la frontière, les entreprises... Des tarifs, si on impose
des tarifs aux produits canadiens, ça se traduit presque automatiquement en des
augmentations de prix. Des augmentations de prix, ça peut créer de l'inflation
aux États-Unis. Et on sait à quel point c'est important pour les électeurs et
les électrices là-bas. Donc, on a des alliés objectifs du côté du monde des
affaires, des chambres de commerce, des gouverneurs des États concernés. Et là
c'est le temps de mettre ça en action. Ça prend une stratégie très proactive de
mobilisation ici des gens politiques et économiques pour faire la même chose
avec nos alliés objectifs politiques et économiques du côté américain.
Journaliste : ...à quoi,
rapidement, du rapport du Comité consultatif sur les enjeux constitutionnels
qui doit être déposé aujourd'hui?
M. Paradis : Bon...
Journaliste : ...nouveaux
outils là-dedans.
M. Paradis : Bon. Bon, vous
savez que ma première réponse, c'est de dire que la solution aux problèmes constitutionnels,
puis aux problèmes du Canada, puis leurs impacts quotidiens pour les Québécois,
c'est l'indépendance du Québec. Alors là, on va voir ce que le groupe de
travail va nous dire. Nous, on a dénoncé dès le départ que son mandat était
très restreint, hein? On lui a dit : Voici ce sur quoi vous allez vous
prononcer. On va le lire avec beaucoup d'attention. Mais, peu importe ce à quoi
ils vont arriver, ça va toujours être limité, être contraint par le contexte
constitutionnel canadien. Ça va être encore que, bien, le Québec, c'est une
entité minoritaire à l'intérieur d'un pays où on a un cinquième des votes et où
on n'est pas capable d'avoir tous nos impôts pour prendre nos décisions en
fonction de nos intérêts puis qu'on n'est pas contraint par la Constitution
canadienne.
Journaliste : ...le ministre
vient juste de faire une déclaration là-dessus. Pensez-vous que ça s'en va sur
une tablette, ce rapport-là?
M. Paradis : Bien, c'est
parce qu'on va le lire, hein? On ne le sait pas... On ne sait pas encore ce qui
l'indique, ce rapport-là, là. En tout cas, moi, je ne l'ai pas lu encore. Mais
la Coalition avenir Québec a été élue sur son programme, là, du nouveau
nationalisme québécois puis des gros gains. Souvenez-vous, là, c'est un programme...
puis il y a un beau tableau, en plus, vous pouvez même l'utiliser pour cocher.
Il y avait quoi, 16 points fondamentaux pour l'avenir du Québec? Il n'y en
a aucun à cocher. C'est zéro. Ça ne fonctionne pas, cette troisième voie là.
Et, à chaque fois qu'on pose la question de manière claire à ce
gouvernement-là, il n'est pas capable de nous dire c'est quoi, les gros gains,
puis il n'est pas capable de nous dire comment on va avancer pour affirmer le
Québec à l'intérieur du carcan fédéral. Donc, ce rapport-là, j'ai hâte de le
lire, mais je ne vois pas ce qu'il va conclure de différent.
Journaliste : ...qu'un Québec
pays serait affaibli dans des négociations comme celles dans lesquelles on
s'engage avec l'administration Trump? Parce que, là, on peut faire valoir une
contribution assez importante à l'économie américaine, là, plus de 400 milliards de
dollars, je crois, en exportation par année. Le Québec ne pourrait pas faire
valoir... n'aurait pas un rapport de force aussi grand?
M. Paradis : D'abord, en
commerce international, il y a plusieurs études, puis d'abord des pays
comparables à un Québec indépendant, comme par exemple les pays scandinaves,
nous démontrent à quel point cette taille d'économie là donne une cohérence à
la politique commerciale internationale. Et ce sont des pays parmi ceux qui
tirent le mieux leur épingle du jeu en commerce international, démontré
statistiquement. Donc, nous, on dit : Au contraire, le Québec serait
beaucoup mieux placé pour avoir une politique très cohérente face à ce qui s'en
vient, protéger ses intérêts. Moi, maintenant, qu'on vienne de me dire, avec
l'historique qu'on a, notamment en commerce international, puis ce que le
Canada décide de protéger puis là où il décide d'agir avec le plus d'énergie,
est ce que, vraiment, c'est dans notre intérêt quand vient le temps de discuter
de, par exemple, des forêts, du bois d'oeuvre, de l'aluminium, de la gestion de
l'offre? Est ce que, vraiment, est ce que, vraiment, on y trouve notre compte,
même en commerce international, en faisant partie du Canada? Moi, je vous dis
que la question se pose puis que la réponse, c'est probablement non, et qu'on
serait mieux de défendre nous-mêmes nos intérêts à l'échelle internationale.
Le Modérateur : On va passer en
anglais.
Journaliste :
On... excuse me, on the threat of
tariffs, I understand that you say this isn't happening for sure, it might be a
little too soon to panic, but there will be a negotiation at a certain point,
do you trust the Legault government to make sure that the federal government
protects the provinces interests?
M. Paradis :
Well, first of all, our government is
not… is bound by what Canada will determine as a strategy because we're part of
Canada. And as I was saying earlier, unfortunately, sometimes it's not our in
our best interests. Insofar as... there is room for Legault to have a strategy,
he should be thinking very carefully, he should be prepared, he should be
thinking: Do we have the right persons at the right place for our diplomacy now
in the United States? He should be reaching out to the business community, to
our Chamber of Commerce. He should be partnering, of course, with other
premiers throughout Canada to reach out, in the United States, to the business
community, to objective allies, our... of our position, because higher tariffs
is not only a threat and a concern for our economy, it is also the case south
of the border. So, we must consider this with calm, because President Trump is
not in office yet. He's announcing things. It's time for us now to prepare to
plan and to make sure we have the right strategy.
Journaliste :
Was the premier too quick in speaking
out against this yesterday? What do you make of his strategy when it comes to
this so far?
M. Paradis :
So, what we expect from our government
is this: showing that we have a plan, that we are prepared, that we will be
proactive. And have we seen that yet? Well, not really. We shouldn't be
surprised by what's happening. President Trump has put forward on the table two
concerns that are intertwined, that are linked: control of the borders and
international commerce. So, we shouldn't be surprised, because Democrats and
Republicans have been expressing concerns about these two. So, we should be facing
that with calm, with a... with a plan and making sure that we proceed step by
step to protect Québec's commercial interests.
Journaliste :
And just quickly, Mme Perry Mélançon,
on violence against women, what more do you think the government could be doing
to prevent femicides, to prevent violence from continuing?
Mme Perry Mélançon
(Méganne) :
Well,
what we see today is that domestic violence is still a very big issue here in
Québec. The amount of femicides has increased from last year, and we were on
all tribunes to ask for more actions of our government. There is a report of
190 recommendations that we ask to be applied, and that's what we are doing
today with our motion to ask the government to do more and to be sensible,
sensitive, to talk more about it in public, because I haven't heard anything
from Ms. Biron about this subject in the last couple of months. We heard an
interview last Sunday at Tout le monde en parle of Sabrina and a
journalist, it was very, very touching. I was very concerned about how those
women are trying to escape from their house, they don't have the tools to do
it. And I think we're asking for more from the Government. So, yes.
Journaliste :
What makes this such an urgent issue
now?
Mme Perry Mélançon
(Méganne) :
Because
we see that it's increasing still. Even though we have put some recommendations
in place from the report, we have to work until all the recommendations are put
in place. So, we're going to continue to do so until then.
Le Modérateur :
Merci beaucoup.
Mme Perry Mélançon
(Méganne) :
Thank
you.
(Fin à 10 h 59)