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Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, chef du deuxième groupe d’opposition

Version finale

Tuesday, November 26, 2024, 11 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures)

M. Nadeau-Dubois : Bonjour, tout le monde. Content de vous retrouver à l'Assemblée nationale aujourd'hui. Bien sûr, je veux réagir à la nouvelle, la grosse nouvelle économique qui est tombée hier soir. Je pense qu'on peut dire que Trump fait du Trump et que les premières victimes au Québec, malheureusement, ça va être les travailleurs et les travailleuses dans plusieurs secteurs importants. On est en pleine crise du coût de la vie au Québec. La classe moyenne est déjà fragilisée par la crise du logement, par la crise du coût de la vie. On ne peut pas se permettre des pertes d'emplois. On ne peut pas se permettre que des milliers de familles se retrouvent sans emploi. Donc, c'est profondément inquiétant. Bien sûr, nous, on pense qu'il faut que les gouvernements agissent ensemble dans les prochains mois pour éviter des pertes d'emplois au Québec. On n'a vraiment pas les moyens en ce moment, les familles n'ont pas les moyens de perdre un salaire alors qu'ils ont déjà de la difficulté à arriver. C'est la priorité qui doit être celle du gouvernement du Québec à court terme, protéger les emplois des familles québécoises.

À moyen terme, je pense qu'on est dû au Québec pour avoir une réflexion sur notre modèle économique. Depuis les années 80, depuis les années 90, toute une génération de politiciens qui nous ont promis que le libre-échange, que les accords commerciaux allaient nous plonger dans une ère de prospérité presque sans limites. On nous avait promis l'abondance, on nous avait promis des gains économiques incroyables. Ce que la pandémie et là les décisions de Trump viennent montrer, c'est qu'on a aussi créé un modèle économique au Québec où on est particulièrement vulnérable, où on est particulièrement fragile, fragile par rapport à un voisin américain qui, de plus en plus, vire à droite et qui, de plus en plus, est dirigé de manière imprévisible et erratique.

Donc, à moyen terme, il y a une question qui se pose au Québec : comment on construit une économie plus résiliente? Comment on construit un modèle économique centré sur les besoins des Québécois et des Québécoises et qui permet aux travailleurs puis travailleuses du Québec de bien vivre? Je pense qu'il faut se mettre les yeux devant les trous et réaliser que l'utopie qu'on nous avait vendue, cette grande utopie de la globalisation comme un projet uniquement positif, bien là, je pense qu'on voit à quel point il y avait des angles morts et le monde change. Cette utopie-là est mise à mal.

Il va falloir, à moyen terme, au Québec, se poser des sérieuses questions sur notre modèle de développement économique, parce qu'on voit, là, à quel point on est vulnérable, à quel point on est fragile, parce qu'on a beaucoup misé historiquement, surtout depuis les années 80-90, sur les exportations. Donc, je pense que c'est le temps de réfléchir aux choix collectifs qu'on a faits depuis les années 80-90. C'est le temps de se poser des questions sur ce que cette génération de politiciens et de politiciennes nous avait promis puis peut-être commencer à réfléchir à quels choix on peut faire pour la suite des choses.

Journaliste : ...juste pour affiner votre pensée. Parce qu'actuellement le modèle économique, c'est qu'on a 55 % de nos échanges économiques avec les États-Unis, les deux tiers, c'est des exportations, le tiers, c'est des importations. Alors, qu'est-ce qu'on fait? On dépend trop des exportations? Les entreprises, par exemple, qui fabriquent des biens et services qui sont vendus, exportés, etc., on fait quoi? Ils se tournent vers les entreprises du Québec?

M. Nadeau-Dubois : Personne ne suggère qu'on puisse vivre dans un bocal, là, en 2024, là, comprenez-moi bien, là. Mais il faut quand même faire le bilan, là, plus de 25 ans après l'ALENA. C'est quoi le bilan qu'on fait de ces accords commerciaux là? Parce que, rappelez-vous, dans les années 80-90, les promesses qu'on faisait aux Québécois, Québécoises. On disait que ça allait enrichir le Québec, que le niveau de vie des travailleurs, travailleuses allait augmenter de manière incroyable, que ça allait créer une paix économique à travers l'Amérique du Nord. Je pense que le monde a changé depuis ce temps-là. Puis la pandémie déjà a été un premier avertissement. On a vu à quel point, tout d'un coup, on est devenus vulnérables quand les chaînes d'approvisionnement ont été bouleversées. Là, on le voit avec les décisions de Donald Trump. Le monde a changé, et on est dus, je pense, pour une réflexion sur comment on construit une économie au Québec qui est plus résiliente pour se protéger contre les... contre les décisions erratiques, imprévisibles d'un Trump. Mais il pourrait y avoir d'autres gouvernements à travers le monde qui prennent des décisions similaires. Donc, moi, je serais... ce serait de manquer beaucoup d'humilité ce matin de vous dire : J'ai réfléchi cette nuit à un plan en cinq étapes pour y arriver, mais je pense que c'est important de lancer cette réflexion-là parce que ça va... Je pense qu'on peut le voir, là, que ce qui nous avait été promis par toute une génération de politiciens, finalement, c'est un petit peu plus compliqué que ça.

Journaliste : Mais concrètement, on fait quoi là avec cette menace-là qui est là maintenant? Parce que, changer l'économie, ça, ça prend du temps. Qu'est-ce qu'on fait là?

M. Nadeau-Dubois : En effet. Puis c'est pour ça que j'ai commencé par vous dire qu'à court terme, la priorité, c'est protéger les emplois. Bien, moi, je pense que la première chose à faire, c'est de ne pas négocier sur la place publique. Ça fait que je pense que je ne le ferai pas. De toute façon, ce n'est pas mon rôle de faire ça. Je suis dans l'opposition. Pardon?

Une voix : ...

M. Nadeau-Dubois : Oui. Mais justement, exactement. Non, mais justement, moi, je ne vais pas...

Journaliste : ...tant que vous voulez.

M. Nadeau-Dubois : En effet. Je pense que c'est important que toute la classe politique soit solidaire des travailleurs puis des travailleuses qui vont voir leurs emplois menacés. Et ça doit être ça la priorité à court terme, numéro un, protéger les emplois du monde. C'est potentiellement des milliers de familles qui pourraient être touchées, puis on n'a pas les moyens de ça au Québec.

Des voix : ...

Journaliste : C'est parce que là, il y a... il y a... il y a un principe... Excuse-moi...

Journaliste : Ça va, ça va.

Journaliste : Il y a un principe. Ce qu'il fait, là, Donald Trump, en ce moment, c'est qu'il prend en otage l'économie canadienne en disant : Vous allez me donner... Vous allez me fermer les frontières, autant pour la drogue que pour les immigrants. Alors, est-ce que ça veut dire que pour sauver des emplois, il faut fermer les frontières à l'immigration?

M. Nadeau-Dubois : Bien, M. Trump jappe fort, là, mais lui-même, ses politiques de gestion des frontières aux États-Unis ont été un échec total, là. Les histoires de construire des murs, là, on l'a bien vu, ça fait des beaux tweets, mais ça ne marche pas. La frontière canado-américaine, c'est la plus longue frontière terrestre au monde, donc personne ne s'oppose à ce qu'on gère plus efficacement les mouvements de population qui sont inévitables. Mais il faut faire attention, parce que, dans les faits, on a d'abord des obligations internationales, puis les promesses en l'air de construire des murs, des clôtures ou je ne sais trop, on l'a bien vu, ça ne marche pas. Ça n'a pas marché aux États-Unis, ça ne marcherait pas, ça ne marchera pas au Canada.

Donc, à Québec solidaire, on a toujours été ouverts à des mesures pour mieux gérer, mieux administrer les mouvements de population, mais il faut le faire dans le respect de nos obligations internationales, puis surtout, il faut faire attention à la pensée magique, là. C'est facile de venir ici puis de dire : il faut resserrer la frontière, O.K., concrètement, on parle de quoi? Est-ce que c'est de revoir les règles des visas par exemple? Nous, à Québec solidaire, on a toujours dit : En effet, il faut... il faut regarder ça, on a toujours dit qu'il fallait regarder la répartition, à l'intérieur du Canada, des demandeurs d'asile. Mais il faut faire attention à la pensée magique où des politiciens se présentent au micro pour dire : Il faut être... Il faut être «toughs» à la frontière. Moi, je vous invite à leur poser la question : Concrètement, de quoi parlez-vous? Parce que des mouvements de population entre le Québec et le... entre le Canada et les États-Unis, il y en a toujours eus, il va... il va continuer à en avoir. Avec les changements climatiques, il va y en avoir de plus en plus. Donc, c'est plus compliqué que ça en a l'air, et il faut avoir des solutions qui sont pragmatiques, qui fonctionnent vraiment. Puis il y a beaucoup de gens qui sont bons pour lancer des idées en l'air, mais qui ont beaucoup plus de difficulté à répondre à la question précise : concrètement, qu'est-ce que vous allez faire?

Journaliste : ...vous jugez donc que c'est impossible ou, en tout cas, très difficile de resserrer les contrôles aux frontières en deux mois?

M. Nadeau-Dubois : Bien, nous, on a fait... dans les dernières années, vous avez entendu souvent mon collègue Guillaume Cliche-Rivard faire plusieurs propositions. À une certaine époque, c'était de revoir l'Entente sur les tiers pays sûrs. On a toujours été ouvert à l'effet de revoir peut-être certaines règles de visas parce qu'il y a beaucoup de gens qui arrivent au Québec, au Canada, c'est par le biais de certains visas.

Donc, oui, il y a des choses à regarder. Nous, on n'est pas fermés, mais il faut juste faire attention à la pensée magique. Tu sais, je veux dire, les politiciens de droite, là, aux États unis qui proposent des murs, puis là on va mettre un mur plus haut, je veux dire, on voit bien, là, ça ne marche pas.

Journaliste : Donc, on ne pourra pas répondre...

M. Nadeau-Dubois : Il faut juste être pragmatique.

Journaliste : On ne pourra pas, donc... on ne pourra pas répondre à cette menace-là parce que ce n'est pas faisable.

M. Nadeau-Dubois : Est-ce que... Moi, je ne suis pas un spécialiste de ces questions-là. Nous, on n'est pas fermés. Je veux dire, personne n'est activement en faveur du plus de migration irrégulière possible. On est tous d'accord sur le fait que notre modèle d'immigration, il faut le séparer, puis il faut trouver une manière de gérer ces mouvements de population là de la manière la plus efficace, de la manière la plus ordonnée et la plus humaine possible. Ça a toujours été ça, notre position, à Québec solidaire. Mais c'est facile pour les politiciens de venir dire : Il faut resserrer la frontière sans jamais donner aucun exemple concret de qu'est-ce qu'ils vont faire concrètement. C'est la plus longue frontière terrestre au monde. Moi, je fais juste dire : Il faut être pragmatique. S'il y a des options à regarder pour resserrer certaines choses, regardons-les, nous, on est ouvert à ça, à Québec solidaire. C'est juste que je pense, sur ces enjeux là, on les a vues, les solutions clinquantes du style mettre des murs, ça ne fonctionne pas.

Journaliste : Vous avez dit tout à l'heure, il est moment de faire le bilan des accords de libre-échange, ça fait 30 ans maintenant qu'on a fait un accord de libre-échange avec les États-Unis. Vous avez soulevé des points qui, selon vous, sont des réserves. Mais sur 30 ans, objectivement, vous diriez que le bilan est positif ou il est négatif? Parce qu'il y a quand même une amélioration de la prospérité au Québec depuis 30 ans, là.

M. Nadeau-Dubois : Moi, je dirais... moi, je pense qu'il est mitigé. Je pense qu'il est mitigé. Regardez à quel point, dans le secteur agricole, par exemple, on a beaucoup favorisé l'expansion de certaines filières en particulier, beaucoup tournées vers l'extérieur, je pense aux ports par exemple, et ça a fait en sorte qu'on a peut-être négligé la souveraineté alimentaire du Québec. Là, je vous donne l'exemple du secteur agricole. Je pourrais donner d'autres exemples. Une chose est sûre, il y a toute une génération de politiciens puis de politiciennes qui nous ont vendu ce modèle économique là, comme l'Eldorado, comme un modèle qui n'avait que des bienfaits et qu'on allait tous et toutes s'enrichir. Quel est le bilan 30 ans plus tard? Moi, je n'ai pas la prétention de faire ce bilan à quatre minutes en point de presse ce matin, mais je pose la question. On l'a vu à quel point on a été vulnérable durant la pandémie face à un voisin américain de plus en plus erratique. Il faut se poser la question du développement au Québec d'un modèle plus résilient où on se protège face à un monde qui change. Le monde de 2024, ce n'est plus le monde de la fin des années 80.

Journaliste : ...du libre-échange ou pas?

M. Nadeau-Dubois : Nous, on a toujours été critiques de plusieurs dispositions du libre-échange. Le chapitre XI de l'ALENA permet, par exemple, à certaines entreprises de faire valoir leurs droits en allant contre la souveraineté des États. On a toujours été très critiques de ça, à Québec solidaire. Il ne faut jamais se rappeler qu'en vertu de ces accords-là, on a cédé une bonne partie de notre souveraineté économique et...

Journaliste : Est-ce que c'est le bon moment pour... cet accord-là?

M. Nadeau-Dubois : Ce n'est pas ce que je dis, ni de près ni de loin, vous m'avez bien entendu. À court terme, la priorité, c'est la protection des emplois. Puis, à moyen terme, il faut avoir cette réflexion-là au Québec. Je veux dire, on le voit bien, là, la situation actuelle l'exemplifie. En renonçant à une partie de notre souveraineté économique dans ces accords-là, on s'est rendus plus fragiles, plus vulnérables. Nous, on est pour, à Québec solidaire, qu'il y ait des échanges commerciaux entre les pays, là. On n'est pas pour l'autarcie, on ne veut pas mettre le Québec dans un bocal. Mais au XXIᵉ siècle, est-ce qu'il faut repenser la manière dont on fait du commerce international pour respecter les limites de la planète, pour sécuriser les droits des travailleurs, travailleuses, pour s'assurer de prioriser, par exemple sur le plan agricole, la souveraineté alimentaire? Oui, et on n'est pas les seuls. Il y a de plus en plus de gens à travers le monde qui appellent à réinventer les politiques commerciales.

Journaliste : Mais vous dites : Je ne dis pas ça, mais, en même temps, vous dites : Il faut y réfléchir.

M. Nadeau-Dubois : Je n'ai pas parlé de retrait de quoi que ce soit, je vous parle de repenser le modèle de développement économique au Québec, repenser la manière dont on fait du commerce international. Et, je veux dire, vous regardez ce qui se passe en Union européenne, c'est des réflexions, là-bas, qui sont actives, qui sont vives, où, justement, on cherche à réinventer le commerce international pour le rendre plus adapté à la réalité de 2024. On n'est plus à la fin des années 80. Le monde a changé. Il faut en prendre acte.

Journaliste : ...un élément de problème, là, que lui perçoit, c'est-à-dire qu'il y a un enjeu, là, de drogue et de personnes qui traversent la frontière. J'aimerais juste comprendre. Est-ce que vous, vous... Est-ce que vous considérez qu'il y a un problème là, ou c'est...

M. Nadeau-Dubois : Bien, moi, je...

Journaliste : ...c'est inventé par M. Trump?

M. Nadeau-Dubois : Un problème pour les États-Unis? Parce que...

Journaliste : Oui. Pensez-vous que c'est un problème pour les États-Unis ou c'est imaginé, c'est inventé par...

M. Nadeau-Dubois : Vous me demandez...

Journaliste : Est-ce qu'il délire, M. Trump, quand qu'il voit...

M. Nadeau-Dubois : Est-ce qu'il délire? Bien, ça lui arrive. Bien, je veux dire, est-ce qu'il délire en disant que... Parce que vous me demandez ma position sur les problèmes des États-Unis... au Québec ou aux États-Unis, parce que...

Journaliste : Bien, parce que là, les problèmes aux États-Unis deviennent nos problèmes.

M. Nadeau-Dubois : Oui, oui, je comprends. Bien, je veux comprendre...

Journaliste : ...un problème avec la frontière? Présentement, là, est-ce qu'il y a un problème avec la frontière?

M. Nadeau-Dubois : Entre le Québec... Entre le Canada puis les États-Unis?

Journaliste : Oui, exactement.

M. Nadeau-Dubois : Bien, en ce moment, on assiste de plus en plus à des mouvements de population importants. Ces mouvements-là sont appelés à augmenter dans l'avenir. Est-ce que c'est ce qu'on souhaite que de plus en plus de gens traversent les frontières de manière irrégulière? Non. Est-ce qu'il y a une solution magique? Non plus. Est-ce qu'on a des obligations internationales? Oui. Est-ce qu'il faut les respecter? Oui. Je suis désolé, mais, sur ces enjeux-là, il y a des nuances à faire, puis on va continuer à les faire. Parce que c'est facile faire un tweet ou une déclaration ici pour dire il faut resserrer, mais concrètement, qu'est-ce que ça veut dire? Beaucoup de politiciens se sont cassé les dents quand est venu le temps de répondre à cette question-là. M. Trump, le premier, ses politiques ont été un échec aux États-Unis, donc...

Journaliste : ...si on était capable de les trouver, les moyens?

M. Nadeau-Dubois : Bien, nous, on a toujours été...

Journaliste : Est-ce que l'objectif était bon?

M. Nadeau-Dubois : Concrètement, est-ce que... Par exemple, revoir certaines politiques pour les visas, est-ce qu'on est ouvert à ça à Québec solidaire? Oui, on l'a nous-mêmes souvent proposé. Revoir l'entente sur les tiers pays sûrs pour favoriser une entrée régulière plutôt qu'irrégulière? Oui, on l'a souvent nous-mêmes proposé. Bien, il faut juste être pragmatique, là. Il va y avoir une augmentation des mouvements de population à travers le monde, et les solutions «bling-bling» non seulement souvent sont irresponsables, mais, de toute façon, ne fonctionnent pas.

Journaliste : Sur le plan économique, est-ce que le problème, ce n'est pas aussi le fait qu'on est très dépendant des États-Unis? Parce que nos échanges commerciaux, comme je disais tantôt, c'est 55 % avec les États-Unis. Notre deuxième partenaire, c'est la Chine à 6 %. La France, c'est 2,2 %. Alors, est-ce que le problème, ce n'est pas qu'on est trop dépendant de cette relation avec les Américains?

M. Nadeau-Dubois : Bien, c'est pas mal... vous êtes pas mal sur le cœur de mon propos depuis tantôt, là. Moi, sans prétendre avoir toutes les solutions, je pense que... Il y a eu la pandémie. Là, il y a une administration américaine qui est de plus en plus imprévisible. Et là, notre fragilité, notre vulnérabilité, notre dépendance à l'égard des États-Unis nous saute au visage, et ça pose la question : Est-ce que c'est le meilleur modèle pour le Québec? Est-ce qu'il ne faut pas travailler à un modèle où il y a plus de résilience? Puis, pour moi, l'exemple du secteur agricole, c'est un excellent exemple. On a beaucoup misé sur l'exportation en agriculture au détriment de la souveraineté alimentaire, et on l'a vu avec la pandémie et on le voit là. Je pense qu'il y a un virage à prendre au Québec pour recentrer notre économie sur les besoins des Québécois et Québécoises, parce que... Moi, je n'étais pas encore très attentif à l'actualité à la fin des années 80, mais j'ai lu ce que les politiciens disaient. Je n'étais pas né, ça fait que, dans le fond, je ne lisais pas les journaux, mais j'ai relu, moi, les promesses qu'on nous faisait, toute une génération de politiciens et de politiciennes. C'est assez incroyable comment on nous promettait que ce modèle économique là, de l'intégration commerciale avec les États-Unis et le Mexique était l'Eldorado, que ça allait, là, nous faire entrer dans une zone de prospérité, où il n'y aurait aucun risque, aucun mauvais côté, que des bénéfices. On a-tu le droit en 2024, post-pandémie et après un mandat et bientôt deux de Trump, de poser la question : Est-ce que cette promesse-là s'est réalisée? Moi, je pense que c'est une question qui est extrêmement pertinente à l'heure actuelle, qu'on a même la responsabilité de se la poser parce que le monde change. Et finalement ce qu'on nous avait présenté comme une utopie, ça s'avère être pas mal plus compliqué. Et moi, je ne jette pas le bébé avec l'eau du bain. Je pense, j'ai été très clair depuis tantôt là-dessus, mais je pense que c'est peut-être plus mitigé que les promesses que les gouvernements des années 80, 90 nous avaient faites.

Journaliste : J'ai juste une question sur le comité consultatif sur les enjeux constitutionnels qui doit remettre son rapport aujourd'hui.

M. Nadeau-Dubois : Oui.

Journaliste : À quoi vous vous attendez?

M. Nadeau-Dubois : Honnêtement, à pas grand-chose. On va lire le rapport avant de le commenter. Mais le mandat était tellement limitatif que... J'ai bien hâte de voir qu'est-ce qui sera dans ce rapport-là. Parce qu'honnêtement la promesse de François Legault, là, de faire des gains pour le Québec à l'intérieur du Canada, elle a été... ça... ça n'a jamais fonctionné, ça ne fonctionne pas depuis le jour 1. Bien hâte de voir si ce comité-là va sortir M. Legault du coin dans lequel il s'est lui-même mis.

Journaliste : ...particulièrement avec la nomination de M. Rousseau, si je ne m'abuse.

M. Nadeau-Dubois : Oui.

Journaliste : Est-ce que vous avez eu des échanges avec lui dans les derniers mois?

M. Nadeau-Dubois : Oui, puis on était critiques. M. Rousseau est une personne qui a intervenu dans l'espace public de manière ultrapartisane, souvent pour s'en prendre à Québec solidaire, en faisant des raccourcis absolument injustifiés, selon nous. Pour nous, c'était un mauvais choix d'avoir une personne aussi partisane. Puis, je veux dire, je ne suis pas un fan du Parti libéral du Québec, M. Proulx, je me suis déjà... on a déjà débattu. Mais la partisanerie très intense de M. Rousseau comme chroniqueur, puis sur les médias sociaux, selon nous, n'en faisait pas un choix avisé pour ce comité-là. Je pense que ça entache un peu le caractère transpartisan ou, en tout cas, le caractère, comme... au-dessus de la mêlée ou neutre que le gouvernement, lui-même, prétendait vouloir donner à ce comité-là. Tu sais, vous donnez mandat à quelqu'un qui a écrit je ne sais plus combien de chroniques pour dire que Québec solidaire, c'est du monde épouvantable et infréquentable. pour dire que Québec solidaire, c'est du monde épouvantable et infréquentable. on pense qu'il va représenter... il va aussi nous représenter ans le cadre de ce mandat-là. On avait été très clairs lors de sa nomination. C'est encore ce qu'on pense aujourd'hui. Par ailleurs, M. Rousseau, pendant qu'il était sur le comité, a continué à faire des chroniques puis des interventions ultrapartisanes.

Journaliste : ...caquiste, là?

M. Nadeau-Dubois : On va le lire avant de le qualifier.

Une voix : ...

M. Nadeau-Dubois : Ça m'étonnerait.

Journaliste : ...these tariffs, when you saw the threat, what came to mind as the potential impacts for Québec? What do you think would ultimately be the price if these were to happen?

M. Nadeau-Dubois : So, Trump is being Trump. And I... really, I... My main fear today is for workers in Québec and working-class families. We are in the midst of a historic housing crisis, in the midst of a historic cost of living crisis. We cannot afford to lose good jobs in Québec. Those families cannot afford to lose a salary, they're already struggling to get by. So, on a short-term basis, the priority should be to protect jobs for Quebeckers, and that should... that is... that's where the focus should be put starting from now on.

On a longer term, I think we have to... we have to ask ourselves the question about the model of economic development we have chosen in Québec since the 90s. There is a whole generation of politicians that have promised us that free trade would be... would be an Eldorado, would have only benefits for Québec's economy. Post-pandemic and post-one, and now two, mandate of Trump. I think we have to ask... we have to ask ourselves tough questions. That utopia of free trade, as an era where there would be only good things, does that promise had realized itself? I think we have to ask ourselves that question. I think we have... we need to have a reflection on the building in Québec of a more resilient economy that is less fragile and less vulnerable towards a neighbor that is more and more erratic.

Journaliste : Trade wise, actually, is it mission impossible to survive to Trump 2.0?

M. Nadeau-Dubois : To Trump...

Journaliste : 2.0.

M. Nadeau-Dubois : Oh! two. Can you ask...

Journaliste : Trade wise, is it possible or is it mission impossible to survive Trump 2.0?

M. Nadeau-Dubois : We need to work very hard to protect the jobs in Québec. We need to work very hard to protect the families that will be impacted by those decisions. But we also need to do the... How do we say the «bilan» in English? The retrospective? The...

Des voix : ...

M. Nadeau-Dubois : The what?

Une voix : ...

M. Nadeau-Dubois : Well, the «bilan», «faire le bilan des 25 dernières»... The?

Une voix : ...

M. Nadeau-Dubois : Trackers. I think we also need to do the track record of 25 and now 30 years of those business deals. And we need to think again about the model of economy we want. No one thinks we can live in a bubble, we're not an island, but still, we need to ask those questions: Is the actual model working for the Québec economy in a context where our neighbor and first economic partner is being more and more erratic? Are we winning collectively as Quebeckers? I think it's the questions we need to ask ourselves.

Journaliste : But are you saying that we depend to much on the US right now?

M. Nadeau-Dubois : I think our economy is too vulnerable, is too fragile to the decisions of the US. The world has changed, the world has changed since the 80s and the 90s, the world has changed. This generation of politicians that promised us the promised land, we need to think again about that promise: Is that promise realized today? Merci beaucoup. Thank you.

(Fin à 11 h 24)

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