(Douze heures une minute)
M. Marissal : Bon, alors, vous
avez vu comme moi, là, les... Bien, bonjour, d'abord. Vous avez vu comme moi,
là, les faits saillants de la mise à jour économique. Il y a quelque chose qui
est très, très, très clair en ce qui me concerne, en ce qui nous concerne,
quand on regarde les prévisions de croissance, c'est que les taux de croissance
des budgets qui sont prévus pour les quatre prochaines années ne permettent pas
d'assurer le maintien des services et les missions de l'État. C'est très clair.
Selon le gouvernement lui-même, et c'est largement documenté, là, il faut
maintenir les taux de croissance, ce qu'on appelle les coûts de système, là,
entre 3,5 % et 4 %. Ça, c'est documenté, il n'y a même pas de débat
là-dessus, alors qu'on est plutôt, pour les prochaines années, à du 2,1 %,
1,6 %; en 2026-2027, 2,8 %, 2,1 %. Alors, faites le calcul, là,
on est loin des 3,5 % à 4 % de taux de croissance, minimal, pour
maintenir les services.
Donc, il n'y a pas de magie là-dedans. Ce
n'est pas de la physique nucléaire. Si on n'a pas assez de revenus, si on n'a
pas un budget en croissance pour, justement, maintenir les services, on est
obligé de couper. Et ce n'est pas compliqué, le fiscaliste Luc Godbout disait
récemment : Bientôt, ce n'est pas Luc Godbout qu'il va falloir appeler, c'est
Luc Langevin. Moi, je pense qu'il va falloir invoquer l'esprit de Houdini
bientôt aussi, là, parce que ça ne compte pas les chiffres, ça n'ajuste pas les
chiffres de la CAQ aujourd'hui. Alors, je me demande où est-ce qu'ils vont
aller couper, parce que ça a déjà commencé, on le voit déjà.
Par ailleurs, il n'y a rien là-dedans pour
les gens qui en arrachent. Il n'y a rien là-dedans pour les gens qui ont de la
difficulté à se nourrir, nourrir leurs enfants, payer leurs factures, leur
hypothèque, envoyer leurs enfants à l'école avec un repas, puis en ayant mangé
avant d'y aller. Donc, il n'y a rien là-dedans pour la classe moyenne et les
gens qui en arrachent, les mal-logés du Québec. Il y a un effort vraiment
minimaliste, en ce qui a trait au logement abordable, mais, quand on fait le
calcul des sommes additionnelles, là, les sommes additionnelles pour le
logement abordable, si on prend le prix par porte, ça veut dire à peu près 100 unités
par année de plus, 100. On est très, très, très loin du compte.
Et puis, par ailleurs, bien, moi, je
crains, encore une fois, que ce soient les plus démunis qui vont passer à la
caisse pour ces mesures. On sent évidemment que le gouvernement manque d'audace
pour augmenter ses revenus et on ne veut pas aller là. Alors, nécessairement,
il va falloir compresser les dépenses. Comme je vous dis, ce n'est même pas un
débat politique, c'est un débat arithmétique. Vous n'avez pas assez d'argent
dans votre budget pour la mission de l'État que vous devez financer?
Nécessairement, il va falloir couper quelque part.
Journaliste : Vous dites que
ce n'est pas de la physique, est-ce que c'est l'austérité?
M. Marissal : Ça commence à
ressembler beaucoup à de l'austérité, puis on le voit déjà là. Vous le voyez
depuis quelques semaines, là, à tous les jours, de nouveaux groupes disent :
Nous, on se fait couper. Nous, on nous demande de réduire ici, de réduire là,
des projets d'immobilisations, par exemple, qui sont retardés, des projets de
réfection d'immeubles qui sont retardés. Tous les jours, on en apprend
davantage, et ça n'ira pas en s'améliorant. Je vous le répète, ça prend une
croissance de dépenses de 3,5 à 4 % par année. On est en bas de 2, ou tout
juste sur 2, en moyenne, pour les quatre prochaines années. On a déjà vu ce
film-là avec les libéraux. Il va falloir couper quelque part.
Journaliste : Mais, en même
temps, le déficit est à 11 milliards de dollars, il n'y a pas de baisse...
Il n'a a pas de baisse, il y a eu une augmentation des revenus... des dépenses
clairement. On coupe où, là? Vous dites, ça ressemble à de l'austérité, ce n'est
pas l'impression qu'on a, là.
M. Marissal : Bien, les
dépenses augmentent très, très généralement sur le budget total du
gouvernement, notamment, parce qu'il y a eu des négociations de conventions
collectives. J'espère bien qu'on va les honorer, là, ça, ça va de soi. Il y a
deux colonnes, hein, comme vous le savez, dans un budget, il y a les dépenses
puis il y a les revenus. Le gouvernement ne veut pas augmenter ses revenus, par
exemple, en cessant de donner des cadeaux fiscaux aux gens très, très riches et
aux gens riches, parce qu'il y a des très, très riches, puis il y a des riches.
Alors, il ne veut pas aller de ce côté-là nécessairement. Je vous le dis, c'est
mathématique, il va falloir, à un moment donné, qu'on compresse les dépenses.
Compresser les dépenses, c'est couper des services.
Journaliste : Donc, le manque
d'audace, dont vous faites référence, c'est l'augmentation des impôts pour les
plus riches.
M. Marissal : Oui,
nécessairement, mais il y a les entreprises aussi très riches qui ne paient pas
nécessairement leur part. Et puis, est-ce que le gouvernement veut se faire une
obsession de présenter des beaux chiffres en vue d'un échéancier électoral que
l'on connaît en 2026? Si on fait ça sur le dos des services publics et des plus
mal pris de la société, bien évidemment, vous ne serez pas surpris de m'entendre
dire que je ne suis pas d'accord.
Journaliste : Le déficit
zéro, c'est d'ici 2029-2030, est-ce que c'est trop rapide selon vous?
M. Marissal : Tout est une
question de conjoncture. Est-ce qu'on peut réellement atteindre nos objectifs
de maintien, idéalement, d'amélioration, mais de maintien de nos services
publics? Est-ce qu'on peut maintenir des projets d'infrastructure qui vont
coûter de l'argent? L'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, là, ça risque de coûter 5 à
6 milliards, cette affaire-là. Le REM, si on en a fait un, finalement, et
je le souhaite, peu importe la forme, là, le transport collectif, le tramway à
Québec, il y a des choix budgétaires à faire pour améliorer aussi la situation.
Le bien-être d'une population, là, ce n'est pas juste un jeu comptable pour
arriver à un zéro dans une des colonnes où on dit : On a rétabli
l'équilibre budgétaire. Moi, je soumets que couper les services puis se priver,
par exemple, de logements sociaux, c'est s'acheter du trouble pour l'avenir.
Journaliste : Avez-vous la
lecture que le gouvernement est allé piger dans sa réserve, son coussin pour
garder le déficit à 11 milliards de dollars?
M. Marissal : Bien, il y un
jeu de...
Journaliste : Rotation.
M. Marissal : Non, bien, ce
n'est pas tellement des rotations, c'est plus des vases communicants, là, je
cherche l'expression. Il y a clairement un jeu de vases communicants. Là, il
faudrait voir quelle était l'urgence, parce que ça, c'est une réserve pour
urgences. Est-ce que l'urgence du gouvernement, c'est de ne pas perdre la face
ou c'est de sauver les services publics? Savoir. Mais c'est là qu'il y a une
décision politique.
Journaliste : ...est sorti ce
matin, le 870 millions, j'imagine quand même que ça, vous trouvez que
c'est une bonne...
M. Marissal : Sur quatre ans,
ne rien faire aurait été une catastrophe. Vous savez comme moi que les grandes
villes demandaient plus que ça. C'est probablement un pas dans la bonne
direction, là, on va s'entendre, là, parce que ne rien faire ou avoir donné des
grenailles aurait été une catastrophe. Alors, oui, il y a un effort de ce
côté-là. À souligner aussi l'effort qui est modeste, mais qui peut avoir un
impact, là. On investit modestement 6 millions sur quatre ans. Ça n'a
l'air de rien dans le grand budget de l'État, là, mais sur les ressources au
Tribunal administratif du logement... c'était une demande de mon collègue,
Andrés Fontecilla, qui l'a maintes fois demandé, parce qu'il y a une surcharge.
Alors, oui, ce n'est pas spectaculaire puis ça ne fera pas la manchette, mais
c'est quand même quelque chose de positif.
Journaliste : ...in English
M. Marissal :
Sure, where do I start? Where I want?
Journaliste :
Where you're disappointed.
M. Marissal :
O.K., maybe I
can start with...
Journaliste :
I'm there.
M. Marissal :
I was waiting for you.
Journaliste :
I know, I was rushing to get here on
time.
M. Marissal :
I appreciate it.
Journaliste :
I'm sorry, can I jump in? So, what do
you think of this economic update that Mr. Girard had to get and use some money
that was in his provision... emergency provisions? I mean, expenses are going
up whether or not you want it.
M. Marissal :
Yes, the expenses are going up because
there are new collective agreements with civil servants. So, obviously, we have
to pay the bill due with these new collective agreements. That's a fact. That's
mainly why the expenses are going up. But the fact is, when you look at the
percentage of the expenses, it's going down. Usually, we need to keep this rate
at 3.5%, 4% a year just to maintain the services, just to make sure that we
keep the same level of services. We are, for the next four years, between 1.6%
and 2.8%. So, do the math, we're not at 4%. So, basically, that means that
we're going to cut services somewhere. That's only mathematic.
Journaliste :
But do you agree with the choices that
Mr. Girard made in his economic update, targeting seniors with raising the age
for this tax credit for retirement, like, to stay in the public... to stay on
the workforce longer? So, we're going from 60 to 65. It's a huge change, don't
you think? Is it necessary though?
M. Marissal :
Well, you know what? Basically, I don't
want necessarily people to stay at work because they don't have their revenue
to retire. That's not a very good option. But that being said, it's
counterproductive and it's the opposite that the Government said for years and
years that we need more people working in Québec. And now, they're saying
basically : We will... we'll do the choice to not have you or you because
you're not old enough. So, I quite don't understand... The only thing I
understand is that Mr. Girard needed 200 million dollars, easy money,
that's where he went.
Journaliste :
Good. So,
overall, what do you think about this economic update?
M. Marissal :
Well, as I said, when you look at the
growth of expenses over the next four years, it's not enough, because usually,
and it's a fact, a well-documented fact, we need to have a growth of expenses
between 3.5% and 4%. We are at 2.1%, 1.6%, 2.8%, 2.1%, that doesn't add up. We
will need more money or we have to cut. That's simple as that. All right?
Journaliste :
Perfect. Merci beaucoup.
M. Marissal :
That's fine with you? Cathy to the
rescue.
(Fin à 12 h 12)