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Point de presse de M. Frédéric Beauchemin, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’économie et d’innovation

Version finale

Friday, October 25, 2024, 9 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures)

M. Beauchemin : Comment ça va? C'est vendredi matin. Bonjour. Donc, aujourd'hui j'ai une interpellation avec la CAQ. Le sujet va être le manque de vision de développement économique, une vision pour la CAQ qui date donc des années 80. La CAQ a vraiment une mentalité, au niveau du développement économique, qui date d'une autre époque, une époque où est-ce qu'on avait du taux de chômage beaucoup plus élevé. Cette vision-là, elle est dépassée.

Vous savez, ça fait plus de cinq ans, quasiment maintenant six ans, que la CAQ nous rapporte une production... une productivité, un gain de 0 % depuis son entrée au pouvoir. On a gagné la palme d'or des faillites au Canada avec ce gouvernement-là. C'est... 60 % de toutes les faillites canadiennes sont au Québec, et ce, sous le gouvernement de la CAQ. La CAQ nous parle tout le temps du produit intérieur brut par habitant, mais la vraie façon de regarder ça, c'est le produit intérieur brut net de l'inflation par habitant. Puis la réalité, là, c'est que, quand on le regarde de cette façon-là, on perd du terrain au Canada. On a eu des déficits records, une augmentation des dépenses de 58 %, pendant la même période, une augmentation de l'inflation de 19 %. Les bilans, là, pour les services de santé et les services éducatifs, tous les services de l'état ne sont pas au rendez-vous en plus.

Ça fait qu'on doit reprendre le contrôle de notre économie. Puis moi, ce que je pense, ce qui serait important, c'est d'avoir une vision moderne, une vision qui va soutenir l'innovation, la productivité, l'entrepreneuriat et, évidemment, là, le repreneuriat. On doit investir en recherche et développement et aussi faire le pont avec l'innovation. Ça fait que moi, ce que je pense qu'il est important de considérer aussi, c'est le réflexe caquiste, quand ça ne va pas bien, de vouloir pelleter par en avant, de vouloir hypothéquer l'avenir de nos jeunes en pigeant dans les contributions du Fonds des générations, en nous laissant un déficit de 11 milliards de dollars. Alors, voilà. Donc, on va avoir une belle interpellation. Je vais avoir le ministre devant nous pour deux heures. Alors, j'ai bien hâte.

Journaliste : Juste pour être clair, là, avant que je pose ma question, là, vous vous revendiquez bien, les libéraux, d'être le parti de la rigueur budgétaire?

M. Beauchemin : On se revendique d'être le parti de l'économie. Puis, pour moi, ce qui est important... Parce que, quand on parle de la rigueur budgétaire, comme vous le faites, là, ce qui est important, c'est que la base de tout, c'est une saine gestion de nos finances publiques. On doit avoir, donc, un examen régulier et récurrent des dépenses pour s'assurer qu'elles sont optimales. On est fiduciaires de l'argent des Québécois. Donc, assurons-nous que nos dépenses sont bien faites. De l'autre côté, c'est des revenus, puis, pour avoir des revenus au rendez-vous, il faut avoir une économie de l'avenir, une économie, justement, de propriétaires, une économie de propriété intellectuelle pour s'assurer qu'on est propriétaires et gagnants dans l'économie mondiale. Ça fait que l'équilibre de tout ça fait en sorte qu'on va être capables d'avoir des finances publiques en ordre. Et donc nous, on est... au Parti libéral, on est le parti de l'économie, pour justement s'assurer que l'économie va dans la bonne direction.

Journaliste : Bon, le gouvernement a annoncé, là, entre autres, qu'il ne voulait pas que les ministères augmentent leur budget, décrète un gel de recrutement.

M. Beauchemin : Oui. Oui.

Journaliste : Vous n'êtes pas contre ça, là, au nom de la rigueur budgétaire, là?

M. Beauchemin : Mais, écoutez, gel de recrutement, sauf en santé, en éducation, chez Investissement Québec, chez Hydro-Québec, à la Société des alcools, chez Loto-Québec, donc, on va s'entendre qu'il y a quand même là-dedans, là, une perte de services que le citoyen va se retrouver à avoir quelque part, mais ce n'est pas de façon uniforme qu'on va le ressentir.

Mais, juste si on prenait l'exemple de la francisation, dans la francisation, là, on a les immigrants temporaires. Il y en a eu 3 600 qui étaient en classe pour apprendre à parler français qui se sont fait dire : Non merci, retournez chez vous. Bien, bizarrement, là, dans le critère de renouvellement du permis temporaire pour nos travailleurs temporaires, ils doivent être capables de se franciser.

Journaliste : ...d'embauche, pas de francisation, là. Donc, vous dites : Ce n'est pas une bonne idée de franciser, mais vous dites : Ça prend de la rigueur budgétaire.

M. Beauchemin : Non, non. Ce que je dis, c'est une bonne idée, de les franciser. Il faut absolument les franciser.

Journaliste : ...je vous dis. Ce n'est pas une bonne idée, le gel de recrutement, mais c'est une bonne idée d'aller vers la rigueur budgétaire?

M. Beauchemin : Bien, nous, notre approche aurait été autre. Nous, notre approche aurait été de faire croître l'économie, de trouver une façon d'investir pour que le côté revenu de l'équation fasse en sorte que justement, on n'ait pas de déficit. C'est ça, la vision caquiste qui ne marche pas. Parce qu'eux ont dépensé comme des marins en cavale pendant toutes les dernières années. Malheureusement, ils n'ont pas été capables de bien gérer les finances publiques. Ça a donné ce que ça a donné. Puis là, aujourd'hui, on se retrouve dans une situation où est-ce qu'ils n'ont pas le choix. Ils doivent avoir à faire des coupes de services. Ils ne veulent pas utiliser les termes «coupes de services». Ils ne veulent pas dire ce qui se passe en réalité, mais ils ont un examen de conscience à faire, à savoir pourquoi qu'ils ont été seulement à partir de cette année en charge de surveiller, justement, de faire un examen des dépenses. Pendant les six dernières années, ils n'ont rien fait de ça.

Journaliste : Mais est-ce que c'est responsable... Dans le contexte, avec le déficit, là, il faut, vous l'avez dit, redresser la situation. Est-ce que c'est responsable de prendre une décision comme celle-là, de faire un gel de recrutement dans la fonction publique?

M. Beauchemin : Bien, c'est responsable de faire un examen de l'ensemble des dépenses de l'appareil gouvernemental pour s'assurer justement qu'elles soient optimales. Si c'est le gel de recrutement qui est le choix du gouvernement, moi, je n'ai pas tous les chiffres devant moi, je ne peux pas vous dire si c'est la meilleure décision que ce gouvernement-là va prendre. Mais, chose certaine, c'est important de s'assurer que les dollars des Québécois soient bel et bien dépensés de façon intelligente.

Journaliste : ...au caucus pour que vous sortiez pour vous opposer à la... changement de position sur les écoles religieuses?

M. Beauchemin : Moi, je suis un joueur d'équipe. Ça fait que ce qui s'est passé au caucus va rester au caucus. J'ai voté, comme vous l'avez vu, avec le caucus là-dessus. Mais moi, en tant que candidat, ma vision, elle est différente. Je suis sorti puis j'ai... je me suis exprimé sur le sujet.

Journaliste : C'est quoi votre position comme candidat?

M. Beauchemin : Bien, comme candidat, moi, je considère qu'on doit continuer à donner le choix aux parents d'envoyer les enfants dans les écoles qu'ils veulent.

Journaliste : Qu'est-ce... Qu'est-ce qui empêche... Dans le... cette proposition-là, dont la motion faisait l'objet, d'arrêter de donner des subventions aux écoles religieuses, qu'est-ce qui empêche là-dedans les parents d'envoyer... de continuer à envoyer leurs écoles dans... leurs enfants dans ces écoles-là? Comment ça limite le choix des parents?

M. Beauchemin : C'est parce que là, on fait un amalgame en ce moment. Il se passe de quoi dans une école, dans le secteur public, qui n'est évidemment pas une bonne histoire du tout, O.K. Puis là, on se retourne de bord puis on attaque le financement des écoles privées. Puis les écoles privées, là, elles ont un rôle à jouer aussi, là. Elles sont là pour justement donner un choix aux parents d'envoyer leurs enfants à l'école de leur choix. Puis là, soudainement, on enlèverait ça comme en réponse au fait que le gouvernement n'est pas capable...

Journaliste : Pourquoi on enlèverait le choix? Les parents pourraient toujours envoyer leurs enfants dans ces écoles-là...

M. Beauchemin : Bien, on le rend... on va le rendre inaccessible. C'est ça, l'histoire. Ça fait que la réalité, là, O.K., c'est qu'on a un enjeu dans le secteur public, on l'a vu avec la situation de Bedford. On a des mécanismes à l'intérieur du ministère de l'Éducation pour prendre soin de ces situations-là, pour faire le ménage, pour s'assurer que la réglementation soit bien faite. Mais là, on fait un amalgame avec ça pour se dire que, bien, on va attaquer maintenant le financement dans les écoles privées à la place. C'est... C'est comme de deux choses totalement différentes.

Journaliste : ...il y a-tu un problème?

M. Beauchemin : Au niveau?

Journaliste : Des écoles de confession religieuse.

M. Beauchemin : Moi, je pense que le 60 % qu'on donne au gouvernement pour justement aider les écoles religieuses, là, subventionner les écoles religieuses est là pour que le cursus soit bien représenté, que la réglementation soit bien représentée, que l'ensemble du cursus soit bien enseigné à nos enfants. Si, au-delà de ça, la partie privée qui est financée par les parents les amène à faire des activités parascolaires, c'est le choix des écoles, c'est le choix des parents. C'est la liberté de choix ici que je veux défendre.

Journaliste : Là, on ne parle pas de... on ne parle pas d'activités parascolaires, là. Oublions Brébeuf, Lévis, là. Mais il y a certaines écoles dont la pratique religieuse est imbriquée dans le cursus. Ça, êtes-vous d'accord avec ça ou pas d'accord?

M. Beauchemin : Bien, si c'est imbriqué dans le cursus, c'est que ça ne répond pas au cursus. Donc, pour moi, ce qui est important de se rendre compte, là, c'est que le cursus, il est uniforme. Que tu sois dans le public ou dans le privé, il est uniforme. Assurons-nous que ça, ce soit livré tel quel, point à la ligne.

Journaliste : Donc vous avez la position de la CAQ?

M. Beauchemin : Bien, moi, j'ai la position que je veux représenter en tant que candidat, là.

Journaliste : ...mais la CAQ, c'est ce... c'est ce qu'ils prétendent actuellement. Ils vont vérifier si tout le monde dans les écoles privées applique le cursus. Donc, vous, si on applique le cursus, vous n'avez pas de problème?

M. Beauchemin : Bien, je n'ai pas de problème, parce que, si le cursus est effectivement bel et bien enseigné tel que... tel que doit, bien, à ce moment-là, on fait... on fait ce qu'il faut. On veut permettre aux parents d'avoir un choix d'envoyer leurs enfants dans les écoles de leur choix.

Des voix : ...

Journaliste : ...vous n'êtes pas synchronisé avec la position de votre caucus qui veut couper le financement.

M. Beauchemin : Bien, moi, je suis candidat à la course à la chefferie...

Journaliste : Comme Denis Coderre, Denis Coderre...

M. Beauchemin : ...et, comme les autres...

Journaliste : Ce n'est pas au chef par intérim à décider, ça va être aux membres.

M. Beauchemin : Bien, vous savez, en plus de ça, c'est une question de fond. Ça fait que, moi, en tant que candidat, en tant que militant du Parti libéral, je considère que c'est une question de fond pour le Parti libéral. Et on a des instances qui peuvent prendre du temps à justement faire ces analyses-là. On a des militants. On vient de sortir d'un processus avec le comité de la relance où est-ce qu'on s'est promené tout partout. Et ce que les militants nous disaient :  Écoutez-nous, s'il vous plaît. Alors, c'est ça qu'on devrait faire, on devrait les écouter. Je pense que, si on veut représenter les Québécois, on devrait commencer par être bien capable d'écouter nos propres membres.

Journaliste : ...vous reprochez à votre parti de ne pas avoir écouté les membres, prendre position aussi rapidement. Ça s'est fait vite, là, votre changement de cap au parti.

M. Beauchemin : Moi, je suis un joueur d'équipe...

Journaliste : ...vous dites : On aurait dû écouter les membres. C'est ce que vous avez dit dans votre message twitter aussi.

M. Beauchemin : Ce que je dis, c'est qu'en tant que candidat, ma vision, O.K., c'est qu'on doit écouter les membres de notre parti, effectivement.

Journaliste : ...le député Fred Beauchemin n'a pas écouté les membres en prenant... en acceptant de prendre cette position-là. 

M. Beauchemin : C'est les deux chapeaux que je porte. C'est ça, la difficulté de la situation dans laquelle... Mes collègues qui sont dans la course à la chefferie, qui ne sont pas des élus, peuvent dire ce qu'ils veulent n'importe quand. Moi, en tant que candidat à la course à la chefferie, je prends position là-dessus, en tant que membre du caucus...

Journaliste : ...voté hier, là. 

M. Beauchemin : Bien, je pense qu'il y en a qui étaient absents, là, mais...

Journaliste : Oui, bien, tu peux t'absenter, là, si tu n'as pas le goût de voter dans une situation x.

M. Beauchemin : Oui, mais je pense qu'il y a des raisons... Il y avait des raisons...

Journaliste : Bien, il y a des gens qui ne sont pas d'accord dans votre caucus sur cette position-là.

M. Beauchemin : Écoutez, ce qui se passe au caucus puis à l'intérieur...

Journaliste : ...au caucus, il y a des gens qui pourraient rallier votre campagne, éventuellement, là.

M. Beauchemin : ...excusez-moi. Ce n'était pas avec cette intention-là que je suis sorti. Moi, c'est fondamental, dans ma tête, là, dans mon cœur, la liberté de choix. Donc, avec ça, O.K., je me suis exprimé, point à la ligne. Que d'autres me suivre là-dessus, tant mieux. Mais, je veux dire, la réalité, c'est que j'ai parlé du fond du cœur, j'ai vraiment dit ce que je pense sur cet enjeu-là. Puis, s'il y a d'autres collègues dans le caucus qui pensent comme moi, c'est correct, mais mon intention n'était pas de faire ça pour les attirer envers ma candidature...

Journaliste : ...où la commission politique en viennent à prendre position qui va dans le sens de celle que vous prônez, là, est-ce que le caucus devrait revoir son changement de position, est-ce qu'il devrait reconsidérer ça?

M. Beauchemin : Les congrès des membres, les conseils généraux, les colloques, tout ça, c'est de l'information additionnelle qui rentre dans le mix pour que l'équipe puisse prendre des décisions en fonction de l'ensemble des militants puis l'ensemble de toutes les parties prenantes qui aident au Parti libéral d'avancer dans la société québécoise. Ça, c'est important. Est-ce que toutes les décisions qui sont prises par les militants dans l'entière totalité devraient être absolument, tout le temps, reflétées dans la plateforme politique de l'aile parlementaire, par exemple? Là, là-dessus, je pense qu'il y a peut-être des moments où est-ce que ça ne sera pas le cas. Ça, c'est sûr et certain. Puis il va avoir des moments de bonnes discussions. Mais pour un élément de fond comme ça, moi, je pense que c'est important d'écouter notre base.

Journaliste : Mais, pour vous, on parle de quelles écoles dans ce cas-ci? Brébeuf est, dans les faits, laïque depuis plus de 30 ans. Donc, pour vous, est-ce que c'est une école qui était visée par la motion hier, alors que, pour certains de vos collègues, si on parle de la cinquantaine d'écoles religieuses où la religion fait partie du cursus?

M. Beauchemin : Oui, bien, ce qui est important, O.K., pour ne pas y aller avec des exemples spécifiques, moi, je parle des subventions aux écoles privées, là, O.K., religieuses, toutes ces définitions-là, de la façon que les écoles sont définies, s'il y a des amalgames, à savoir comment une peut être définie par rapport à l'autre, est-ce que l'autre est vraiment comme une polytechnique, est totalement système public, etc. Il n'y a pas de définition uniforme.

Ça fait que moi, je reviens à la base là-dessus. Ce qui est important, O.K., c'est que les Québécois, avec le 60 % qu'on donne aux écoles privées, s'ils veulent envoyer leurs enfants dans ces écoles-là, si le cursus est respecté, si la réglementation est respectée, je n'ai aucun enjeu avec ça. Puis je pense que de faire le contraire, c'est d'enlever un droit, un droit de choix.

Journaliste : Est-ce que ça rend mal à l'aise, parce que le Parti libéral prend, quand même, beaucoup de positions sur des sujets assez sensibles? Je ne dis pas que ça va toujours à l'encontre de vous, ce que vous avez prôné, mais là il y a une course à la chefferie, donc, ça va inévitablement faire en sorte que le chef qui va être élu va devoir marcher sur la peinture, sur une situation ou une autre. Par exemple, des écoles confessionnelles dans votre cas, par exemple, sur le troisième lien, Denis Coderre a dit qu'il était pour, alors que votre position... est contre. Ça ne vous rend pas mal à l'aise que le parti prenne autant de positions fermes sur les choses comme ça?

M. Beauchemin : Bien, écoutez, ça fait partie de la game. Moi, je pense que c'est bon que le parti puisse trouver une façon de s'exprimer puis de faire avancer ses dossiers. Pour la course à la chefferie, chaque candidat doit naviguer là-dedans ou au meilleur de ses habiletés. Moi, j'ai une couche additionnelle de difficulté que je suis un élu actuel. Donc, c'est pour ça qu'en entrée de jeu, j'ai dit que j'étais un joueur d'équipe, je vais respecter, et toujours, donc, la ligne du caucus. Mais en tant que candidat, je peux m'exprimer, puis c'est ce que je fais aujourd'hui. Puis malaise il y a, mais moi, je vais tout le temps parler du fond de mes tripes puis je vais parler au niveau fondamental, ce que je crois qui est essentiel pour l'avenir.

Journaliste : ...malaise ou c'est dans le caucus?

M. Beauchemin : Bien, moi, je n'en ai pas perçu...

Journaliste : Mais vous avez dit «malaise».

M. Beauchemin : Bien non, mais j'ai utilisé votre mot, mais, je veux dire, la réalité, qu'il y en un ou pas, ce n'est pas grave. Je pense que la course à la chefferie va permettre à tous les candidats de s'exprimer, puis ils devront le faire en fonction de pour ce que... de leurs valeurs à eux autres.

Journaliste : ...si on parle à Frédéric Beauchemin lui-même, mettons, là, troisième chapeau.

M. Beauchemin : Bien, je n'ai pas de malaise avec la décision que le caucus a prise. Je suis joueur d'équipe. On discute à l'intérieur du caucus, on dit nos opinions. La décision est prise, on y va. C'est ça, la game. C'est une game de... comme une game de football. On avance dans la même direction. Parallèlement à ça, moi, à l'extérieur des lignes de la game de football, par exemple, bien, je suis un joueur qui va être coach éventuellement, disons, là.

Journaliste : Mais vous avez... vous n'avez pas de malaise, même si vous avez dit : Moi, j'ai exprimé la position au fond de moi-même puis je ne suis pas d'accord avec celle du caucus. Mais vous n'avez pas de malaise?

M. Beauchemin : Bien non, parce que le rôle, vraiment, est indépendant, là. Tu sais, la course à la chefferie, c'est vraiment indépendant. Je dois m'exprimer, je dois avoir le choix de pouvoir m'exprimer comme les autres qui sont candidats à la course à la chefferie ont le choix de faire puis de s'exprimer comme ils le veulent à ce moment-là. Je ne vois pas... C'est vraiment... il faut vraiment que je fasse une ligne, un mur de Chine, là, pour que ça soit séparé, là.

Journaliste : You… I understand, you are… you are showing solidarity with the caucus and you don't want to breach caucus secrecy, but as the leader… as a candidate running for the leadership, you've said numerous… last night and today again, that you're not happy with this decision, because it did not go before the members, it was not… it was a decision taken by the caucus and membership never had a chance. So, are you, today, saying we need to review… the party needs to review this decision?

M. Beauchemin : I'm saying that, from my perspective, such a deep and profound change into the liberal culture, for the last almost 60 years now, O.K., should have been consulted. From my perspective, it should have been consulted with the membership. I mean, we need to listen to the membership. The membership has actually told us, «avec le comité de la relance», that that's one essential thing that we needed to do. So, I think it's important to realize that if you actually want Quebeckers to, you know, listen to us as a party, we first have to listen to our own members, to reflect their aspiration as to what their views are and which direction the party should go.

Journaliste : So, if you're saying : You have to listen to the members, this decision has to be reviewed, that's what you are saying?

M. Beauchemin : Well, there is going to be a «congrès» November 9th… 8th, 9th and 10th...

Journaliste : Why wouldn't say it now? I mean, with all of the… the «bémols» you said about this decision and all the disastrous things you are predicting will happen, students will not be able to go to the class, to schools, and there are… of course, there are members of your own caucus who are not happy about this, this is now pretty clear. Why won't say the policy commission needs to review this or that the party needs to review this decision, because you're on the wrong path?

M. Beauchemin : Well, I think that what's important here is that they actually do the job. You know, we do have this instance called «la commission politique», and their role is to actually do that, and they're working on something, and hopefully we'll be able to debate that. That's the objective. I'm not saying I'm against that or for that, I'm just saying that should be the process. And I'm happy the party have these instances where people are able to verbalize their thoughts as to which direction we should be taking for the party.

Journaliste : But if you're saying it's part... there's a process, you want that… you want this reviewed, you want this decision reviewed? That seems pretty clear.

M. Beauchemin : I want this decision to be discussed at the congress with the members to come up with their own views on it, for sure.M. Robitaille, avez-vous une question pour moi?

Journaliste : Oui, j'étais en ondes. J'ai couru. Pardon.

M. Beauchemin : O.K. Comment ça va?

Journaliste : Donc, vous, vous êtes à l'aise avec le fait...

M. Beauchemin : O.K.

Journaliste : ...par exemple, que le ramadan soit obligatoire dans une école. Est-ce que c'est... Êtes-vous à l'aise avec ça?

M. Beauchemin : Est-ce que c'est le cas? Est-ce que ça répond au cursus scolaire? Si c'est le cas puis ça répond au cursus scolaire, honnêtement, je serais surpris, mais si c'est le cas, donc ça répond au cursus. Moi, ce que je veux, c'est que le 60 % qu'on donne aux écoles privées soit là pour s'assurer que le cursus scolaire soit bel et bien enseigné tel quel à tous les étudiants, et ce, de façon uniforme. Par la suite, O.K., ça donne le choix aux parents d'envoyer leur enfant aux écoles de leur choix.

Journaliste : Mais est-ce que c'est... Tu sais, est-ce qu'on accepte, par exemple, que, dans certaines écoles, les filles et les garçons soient traités différemment?

M. Beauchemin : Bien non, justement, la réglementation, toutes nos valeurs québécoises doivent être en place, là. Donc, l'ensemble de l'oeuvre, c'est-à-dire égalité homme-femme, s'assurer justement de tout ce que vous venez de mentionner, là, ce soit... ce soit clair et net et précis, là. Ça fait partie du cursus. Donc, pour moi, il n'y a pas de... il n'y a pas de deux poids, deux mesures ici.

Journaliste : ...qui ne veut pas enseigner le cours, là maintenant c'est citoyenneté québécoise. Êtes-vous à l'aise qu'on subventionne une école comme celle-là?

M. Beauchemin : S'ils ne répondent pas... Si les gens... Si les institutions ne répondent pas à la demande du ministère de s'assurer que le cursus soit bel et bien représenté, là on a un enjeu. Et c'est là où est-ce qu'est le problème. Parce que le problème existe ailleurs comme dans le public. Puis Bedford, c'est là qu'il y a eu l'enjeu, parce qu'ils n'ont pas répondu. Le ministère n'a pas été capable d'aller faire des inspections, de faire la surveillance, de s'assurer... La CAQ, là-dessus, là, O.K., ils n'ont pas été capables de faire leur job. Ça fait que leur job, là, c'est de s'assurer que justement ça soit bien exécuté, cette histoire-là. Ça fait que, si ce n'est pas bien exécuté, bien, on a un enjeu. Donc, si... supposons que, dans une école privée, le cursus n'est pas bien représenté, bien, on a un enjeu.

Journaliste : J'aimerais juste une précision, par contre, sur ce que vous avez dit tantôt. Vous avez dit : Sur les enjeux de fond, le parti devrait écouter ses membres. C'est quoi, un enjeu de fond?

M. Beauchemin : Bien oui, c'est un enjeu de fond.

Journaliste : Non. Mais je veux dire, c'est quoi, pour vous, un enjeu de fond...

M. Beauchemin : Bien, ça, c'en est... O.K. Excusez. Oui, ça, c'en est un. Ça, c'en est un parce que ça fait plus de... la commission Parent, qui a eu cette entente-là qu'on allait aider les écoles privées subventionnées, là, O.K., on allait les aider à permettre un choix pour les Québécois d'avoir accès à une éducation. Il y en a que c'est plus de confessions religieuses, à l'époque, etc. Tout ça, O.K., c'est... c'est... c'est comme dans l'esprit libéral, là, du Québec moderne. Puis moi, je pense qu'on doit continuer à aller dans cette direction-là.

Journaliste : Où est-ce que vous tracez la ligne entre un enjeu de fond puis un enjeu...

M. Beauchemin : Bien, par exemple, l'aide médicale à mourir, ça peut quand même être un enjeu assez personnel. Je pense qu'on devrait y avoir des...

Journaliste : ...le Parti libéral n'a pas une position historique depuis Jean Lesage là-dessus, là, aide médicale à mourir.

M. Beauchemin : Non, effectivement, mais, je veux dire, ça évolue dans la société. De temps en temps, on va en avoir d'autres, situations comme ça. Mais je pense que ça, c'en est une profonde.

Journaliste : Mais moi, je me souviens que Jean Charest avait... avait cessé de financer certaines... certains CPE ou garderies où il y avait justement une importante présence religieuse. Ça avait été une décision, là, j'étais reporter. Donc, ça, est-ce que ce n'est pas libéral aussi, là?

M. Beauchemin : Bien oui, parce que ça ne respectait pas, à ce moment-là, les règles du jeu pour les CPE. C'était... C'était ça qu'était l'enjeu. Donc, respectons les règles du cursus, respectons qu'il soit bel et bien enseigné. Puis à partir de là, je pense qu'on est... on est sur la même page, là.

Journaliste : Maybe I chose the wrong words.

M. Beauchemin : OK.

Journaliste : Je n'ai peut-être pas choisi le bon mot en anglais.

M. Beauchemin : C'est correct. Je n'ai peut-être pas bien compris.

Journaliste : Oui. Bien... Mais sur cette question-là, si vous voulez que les membres rediscutent la question en congrès, c'est comme vous voulez revisiter la question. C'est ça. You want to revisit this issue. That's your position.

M. Beauchemin : As a candidate, that's that I would like to have done. As a militant, that's what I would like to have done. And the militants have a voice and they should be expressing it.

Journaliste : Ce que vous dites, c'est que si le congrès en vient à une position qui est différente de celle du caucus, le caucus devrait revoir, reconsidérer sa position?

M. Beauchemin : Bien là, c'est là où est-ce que c'est... c'est... c'est ça qui est compliqué un peu, là. Mais c'est là où est-ce que, justement, si le caucus décide de ne pas vouloir le faire, bien, ils ont le droit aussi de ne pas vouloir le faire. Mais moi, je pense que....

Journaliste : ...mais qui devrait le faire?

M. Beauchemin : En tant que militaire puis en tant que candidat, c'est ce que je souhaiterais. En tant que membre du caucus, je comprends la décision du caucus. C'est ça, la ligne. Elle est un peu difficile, là, mais c'est ça, la ligne. Puis je pense que ce qui est important ici, c'est qu'au minimum les membres peuvent s'exprimer. Puis c'est ça que le rapport de Madwa et d'André nous ont rapporté en se promenant à travers tout le Québec. Les militants veulent être entendus, donc écoutons-les.

Journaliste : Il y a un collègue du Devoir, Marie-Michèle Sioui, qui soulevait cette question-là, là. Les écoles de l'école Belz... Les élèves, pardon, de l'école Belz finissent leurs études sans diplôme ni qualification. Malgré tout, ils reçoivent des subventions jusqu'en 2025, là, juin 2025. Est-ce que ça, ce n'est pas un... ça vous... ça vous... Est-ce que vous êtes à l'aise avec ça, vous?

M. Beauchemin : Bien, est-ce que le cursus est bel et bien représenté? Est-ce qu'il...

Journaliste : Bien, sûrement pas, parce qu'ils n'ont pas de diplôme ni qualification.

M. Beauchemin : C'est ça. Ça fait que, s'il ne l'est pas, bien là, on a un enjeu. Ça fait que ça, à ce moment-là, le ministère de l'Éducation a un rôle de s'assurer de rentrer là-dedans puis de comprendre qu'est-ce qui se passe, là. On...

Journaliste : M. Roberge a parlé d'une radiographie. Est-ce que ça ne prouve pas que c'est nécessaire de passer aux rayons X toutes les écoles?

M. Beauchemin : Bien, qu'il appelle ça une radiographie, moi, ce que je veux dire, c'est qu'on en a, des institutions privées et publiques, partout, là, O.K. Puis, clairement, le ministère n'est pas capable de se mettre la main dans l'engrenage partout pour comprendre les fins détails de tout ce qui se passe partout. Ça fait que là, on a peut-être un enjeu, là, au niveau de l'exécution de la tâche gouvernementale. C'est à un autre niveau de conversation.

Mais le point étant que c'est important que tout soit bel et bien fait pour que... On parle de nos jeunes, on veut les éduquer, ça fait qu'assurons-nous, là, que le cursus puis que... Puis le cursus, il peut évoluer dans le temps, là. On va rentrer l'intelligence artificielle là-dedans, éventuellement, là. Ça fait qu'assurons-nous que ce soit bien fait.

Journaliste : Je me souviens que Michelle Courchesne avait retiré des subventions qu'elle avait finalement concédées aux écoles juives en 2005 parce que, justement, il y avait été démontré que ces écoles-là ne suivaient pas le curriculum. Ça, c'est libéral ou non?

M. Beauchemin : Puis ça, c'était la bonne décision à prendre parce que, s'ils ne suivent pas le cursus puis qu'ils ne sont pas capables de faire en sorte que les étudiants, quand ils graduent de là, ont été capables d'arriver avec... ont le diplôme nécessaire, bien, il y a un enjeu, il n'y a pas la livraison du service demandé en échange du 60 %.

La Modératrice : Merci.

M. Beauchemin : Merci à vous.

(Fin à 9 h 25)

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