(Neuf heures)
M. Beauchemin : Comment ça
va? C'est vendredi matin. Bonjour. Donc, aujourd'hui j'ai une interpellation
avec la CAQ. Le sujet va être le manque de vision de développement économique,
une vision pour la CAQ qui date donc des années 80. La CAQ a vraiment une
mentalité, au niveau du développement économique, qui date d'une autre époque, une
époque où est-ce qu'on avait du taux de chômage beaucoup plus élevé. Cette
vision-là, elle est dépassée.
Vous savez, ça fait plus de cinq ans,
quasiment maintenant six ans, que la CAQ nous rapporte une production...
une productivité, un gain de 0 % depuis son entrée au pouvoir. On a gagné
la palme d'or des faillites au Canada avec ce gouvernement-là. C'est...
60 % de toutes les faillites canadiennes sont au Québec, et ce, sous le
gouvernement de la CAQ. La CAQ nous parle tout le temps du produit intérieur
brut par habitant, mais la vraie façon de regarder ça, c'est le produit
intérieur brut net de l'inflation par habitant. Puis la réalité, là, c'est que,
quand on le regarde de cette façon-là, on perd du terrain au Canada. On a eu
des déficits records, une augmentation des dépenses de 58 %, pendant la
même période, une augmentation de l'inflation de 19 %. Les bilans, là,
pour les services de santé et les services éducatifs, tous les services de l'état
ne sont pas au rendez-vous en plus.
Ça fait qu'on doit reprendre le contrôle
de notre économie. Puis moi, ce que je pense, ce qui serait important, c'est d'avoir
une vision moderne, une vision qui va soutenir l'innovation, la productivité, l'entrepreneuriat
et, évidemment, là, le repreneuriat. On doit investir en recherche et
développement et aussi faire le pont avec l'innovation. Ça fait que moi, ce que
je pense qu'il est important de considérer aussi, c'est le réflexe caquiste,
quand ça ne va pas bien, de vouloir pelleter par en avant, de vouloir hypothéquer
l'avenir de nos jeunes en pigeant dans les contributions du Fonds des
générations, en nous laissant un déficit de 11 milliards de dollars.
Alors, voilà. Donc, on va avoir une belle interpellation. Je vais avoir le
ministre devant nous pour deux heures. Alors, j'ai bien hâte.
Journaliste : Juste pour être
clair, là, avant que je pose ma question, là, vous vous revendiquez bien, les
libéraux, d'être le parti de la rigueur budgétaire?
M. Beauchemin : On se
revendique d'être le parti de l'économie. Puis, pour moi, ce qui est
important... Parce que, quand on parle de la rigueur budgétaire, comme vous le
faites, là, ce qui est important, c'est que la base de tout, c'est une saine
gestion de nos finances publiques. On doit avoir, donc, un examen régulier et
récurrent des dépenses pour s'assurer qu'elles sont optimales. On est
fiduciaires de l'argent des Québécois. Donc, assurons-nous que nos dépenses
sont bien faites. De l'autre côté, c'est des revenus, puis, pour avoir des
revenus au rendez-vous, il faut avoir une économie de l'avenir, une économie,
justement, de propriétaires, une économie de propriété intellectuelle pour s'assurer
qu'on est propriétaires et gagnants dans l'économie mondiale. Ça fait que l'équilibre
de tout ça fait en sorte qu'on va être capables d'avoir des finances publiques
en ordre. Et donc nous, on est... au Parti libéral, on est le parti de l'économie,
pour justement s'assurer que l'économie va dans la bonne direction.
Journaliste : Bon, le
gouvernement a annoncé, là, entre autres, qu'il ne voulait pas que les
ministères augmentent leur budget, décrète un gel de recrutement.
M. Beauchemin : Oui. Oui.
Journaliste : Vous n'êtes pas
contre ça, là, au nom de la rigueur budgétaire, là?
M. Beauchemin : Mais, écoutez,
gel de recrutement, sauf en santé, en éducation, chez Investissement Québec,
chez Hydro-Québec, à la Société des alcools, chez Loto-Québec, donc, on va s'entendre
qu'il y a quand même là-dedans, là, une perte de services que le citoyen va se
retrouver à avoir quelque part, mais ce n'est pas de façon uniforme qu'on va le
ressentir.
Mais, juste si on prenait l'exemple de la
francisation, dans la francisation, là, on a les immigrants temporaires. Il y
en a eu 3 600 qui étaient en classe pour apprendre à parler français qui
se sont fait dire : Non merci, retournez chez vous. Bien, bizarrement, là,
dans le critère de renouvellement du permis temporaire pour nos travailleurs
temporaires, ils doivent être capables de se franciser.
Journaliste : ...d'embauche,
pas de francisation, là. Donc, vous dites : Ce n'est pas une bonne idée de
franciser, mais vous dites : Ça prend de la rigueur budgétaire.
M. Beauchemin : Non, non. Ce
que je dis, c'est une bonne idée, de les franciser. Il faut absolument les
franciser.
Journaliste : ...je vous dis.
Ce n'est pas une bonne idée, le gel de recrutement, mais c'est une bonne idée
d'aller vers la rigueur budgétaire?
M. Beauchemin : Bien, nous,
notre approche aurait été autre. Nous, notre approche aurait été de faire
croître l'économie, de trouver une façon d'investir pour que le côté revenu de
l'équation fasse en sorte que justement, on n'ait pas de déficit. C'est ça, la
vision caquiste qui ne marche pas. Parce qu'eux ont dépensé comme des marins en
cavale pendant toutes les dernières années. Malheureusement, ils n'ont pas été
capables de bien gérer les finances publiques. Ça a donné ce que ça a donné.
Puis là, aujourd'hui, on se retrouve dans une situation où est-ce qu'ils n'ont
pas le choix. Ils doivent avoir à faire des coupes de services. Ils ne veulent
pas utiliser les termes «coupes de services». Ils ne veulent pas dire ce qui se
passe en réalité, mais ils ont un examen de conscience à faire, à savoir
pourquoi qu'ils ont été seulement à partir de cette année en charge de
surveiller, justement, de faire un examen des dépenses. Pendant les six
dernières années, ils n'ont rien fait de ça.
Journaliste : Mais est-ce que
c'est responsable... Dans le contexte, avec le déficit, là, il faut, vous
l'avez dit, redresser la situation. Est-ce que c'est responsable de prendre une
décision comme celle-là, de faire un gel de recrutement dans la fonction
publique?
M. Beauchemin : Bien, c'est responsable
de faire un examen de l'ensemble des dépenses de l'appareil gouvernemental pour
s'assurer justement qu'elles soient optimales. Si c'est le gel de recrutement
qui est le choix du gouvernement, moi, je n'ai pas tous les chiffres devant
moi, je ne peux pas vous dire si c'est la meilleure décision que ce
gouvernement-là va prendre. Mais, chose certaine, c'est important de s'assurer
que les dollars des Québécois soient bel et bien dépensés de façon
intelligente.
Journaliste : ...au caucus
pour que vous sortiez pour vous opposer à la... changement de position sur les
écoles religieuses?
M. Beauchemin : Moi, je suis
un joueur d'équipe. Ça fait que ce qui s'est passé au caucus va rester au
caucus. J'ai voté, comme vous l'avez vu, avec le caucus là-dessus. Mais moi, en
tant que candidat, ma vision, elle est différente. Je suis sorti puis j'ai...
je me suis exprimé sur le sujet.
Journaliste : C'est quoi
votre position comme candidat?
M. Beauchemin : Bien, comme
candidat, moi, je considère qu'on doit continuer à donner le choix aux parents
d'envoyer les enfants dans les écoles qu'ils veulent.
Journaliste : Qu'est-ce...
Qu'est-ce qui empêche... Dans le... cette proposition-là, dont la motion
faisait l'objet, d'arrêter de donner des subventions aux écoles religieuses,
qu'est-ce qui empêche là-dedans les parents d'envoyer... de continuer à envoyer
leurs écoles dans... leurs enfants dans ces écoles-là? Comment ça limite le
choix des parents?
M. Beauchemin : C'est parce
que là, on fait un amalgame en ce moment. Il se passe de quoi dans une école,
dans le secteur public, qui n'est évidemment pas une bonne histoire du tout,
O.K. Puis là, on se retourne de bord puis on attaque le financement des écoles
privées. Puis les écoles privées, là, elles ont un rôle à jouer aussi, là.
Elles sont là pour justement donner un choix aux parents d'envoyer leurs
enfants à l'école de leur choix. Puis là, soudainement, on enlèverait ça comme
en réponse au fait que le gouvernement n'est pas capable...
Journaliste : Pourquoi on
enlèverait le choix? Les parents pourraient toujours envoyer leurs enfants dans
ces écoles-là...
M. Beauchemin : Bien, on le
rend... on va le rendre inaccessible. C'est ça, l'histoire. Ça fait que la
réalité, là, O.K., c'est qu'on a un enjeu dans le secteur public, on l'a vu
avec la situation de Bedford. On a des mécanismes à l'intérieur du ministère de
l'Éducation pour prendre soin de ces situations-là, pour faire le ménage, pour
s'assurer que la réglementation soit bien faite. Mais là, on fait un amalgame
avec ça pour se dire que, bien, on va attaquer maintenant le financement dans
les écoles privées à la place. C'est... C'est comme de deux choses totalement
différentes.
Journaliste : ...il y a-tu un
problème?
M. Beauchemin : Au niveau?
Journaliste : Des écoles de
confession religieuse.
M. Beauchemin : Moi, je pense
que le 60 % qu'on donne au gouvernement pour justement aider les écoles
religieuses, là, subventionner les écoles religieuses est là pour que le cursus
soit bien représenté, que la réglementation soit bien représentée, que
l'ensemble du cursus soit bien enseigné à nos enfants. Si, au-delà de ça, la
partie privée qui est financée par les parents les amène à faire des activités
parascolaires, c'est le choix des écoles, c'est le choix des parents. C'est la
liberté de choix ici que je veux défendre.
Journaliste : Là, on ne parle
pas de... on ne parle pas d'activités parascolaires, là. Oublions Brébeuf,
Lévis, là. Mais il y a certaines écoles dont la pratique religieuse est
imbriquée dans le cursus. Ça, êtes-vous d'accord avec ça ou pas d'accord?
M. Beauchemin : Bien, si
c'est imbriqué dans le cursus, c'est que ça ne répond pas au cursus. Donc, pour
moi, ce qui est important de se rendre compte, là, c'est que le cursus, il est
uniforme. Que tu sois dans le public ou dans le privé, il est uniforme.
Assurons-nous que ça, ce soit livré tel quel, point à la ligne.
Journaliste : Donc vous avez
la position de la CAQ?
M. Beauchemin : Bien, moi,
j'ai la position que je veux représenter en tant que candidat, là.
Journaliste : ...mais la CAQ,
c'est ce... c'est ce qu'ils prétendent actuellement. Ils vont vérifier si tout
le monde dans les écoles privées applique le cursus. Donc, vous, si on applique
le cursus, vous n'avez pas de problème?
M. Beauchemin : Bien, je n'ai
pas de problème, parce que, si le cursus est effectivement bel et bien enseigné
tel que... tel que doit, bien, à ce moment-là, on fait... on fait ce qu'il
faut. On veut permettre aux parents d'avoir un choix d'envoyer leurs enfants
dans les écoles de leur choix.
Des voix : ...
Journaliste : ...vous n'êtes
pas synchronisé avec la position de votre caucus qui veut couper le
financement.
M. Beauchemin : Bien, moi, je
suis candidat à la course à la chefferie...
Journaliste : Comme Denis
Coderre, Denis Coderre...
M. Beauchemin : ...et, comme
les autres...
Journaliste : Ce n'est pas au
chef par intérim à décider, ça va être aux membres.
M. Beauchemin : Bien, vous
savez, en plus de ça, c'est une question de fond. Ça fait que, moi, en tant que
candidat, en tant que militant du Parti libéral, je considère que c'est une
question de fond pour le Parti libéral. Et on a des instances qui peuvent
prendre du temps à justement faire ces analyses-là. On a des militants. On
vient de sortir d'un processus avec le comité de la relance où est-ce qu'on
s'est promené tout partout. Et ce que les militants nous disaient : Écoutez-nous,
s'il vous plaît. Alors, c'est ça qu'on devrait faire, on devrait les écouter.
Je pense que, si on veut représenter les Québécois, on devrait commencer par
être bien capable d'écouter nos propres membres.
Journaliste : ...vous
reprochez à votre parti de ne pas avoir écouté les membres, prendre position
aussi rapidement. Ça s'est fait vite, là, votre changement de cap au parti.
M. Beauchemin : Moi, je suis
un joueur d'équipe...
Journaliste : ...vous
dites : On aurait dû écouter les membres. C'est ce que vous avez dit dans
votre message twitter aussi.
M. Beauchemin : Ce que je
dis, c'est qu'en tant que candidat, ma vision, O.K., c'est qu'on doit écouter
les membres de notre parti, effectivement.
Journaliste : ...le député
Fred Beauchemin n'a pas écouté les membres en prenant... en acceptant de
prendre cette position-là.
M. Beauchemin : C'est les
deux chapeaux que je porte. C'est ça, la difficulté de la situation dans
laquelle... Mes collègues qui sont dans la course à la chefferie, qui ne sont
pas des élus, peuvent dire ce qu'ils veulent n'importe quand. Moi, en tant que
candidat à la course à la chefferie, je prends position là-dessus, en tant que
membre du caucus...
Journaliste : ...voté hier,
là.
M. Beauchemin : Bien, je
pense qu'il y en a qui étaient absents, là, mais...
Journaliste : Oui, bien, tu
peux t'absenter, là, si tu n'as pas le goût de voter dans une situation x.
M. Beauchemin : Oui, mais je
pense qu'il y a des raisons... Il y avait des raisons...
Journaliste : Bien, il y a
des gens qui ne sont pas d'accord dans votre caucus sur cette position-là.
M. Beauchemin : Écoutez, ce
qui se passe au caucus puis à l'intérieur...
Journaliste
: ...au
caucus, il y a des gens qui pourraient rallier votre campagne, éventuellement,
là.
M. Beauchemin : ...excusez-moi.
Ce n'était pas avec cette intention-là que je suis sorti. Moi, c'est
fondamental, dans ma tête, là, dans mon cœur, la liberté de choix. Donc, avec
ça, O.K., je me suis exprimé, point à la ligne. Que d'autres me suivre
là-dessus, tant mieux. Mais, je veux dire, la réalité, c'est que j'ai parlé du
fond du cœur, j'ai vraiment dit ce que je pense sur cet enjeu-là. Puis, s'il y
a d'autres collègues dans le caucus qui pensent comme moi, c'est correct, mais
mon intention n'était pas de faire ça pour les attirer envers ma candidature...
Journaliste : ...où la
commission politique en viennent à prendre position qui va dans le sens de
celle que vous prônez, là, est-ce que le caucus devrait revoir son changement
de position, est-ce qu'il devrait reconsidérer ça?
M. Beauchemin : Les congrès
des membres, les conseils généraux, les colloques, tout ça, c'est de
l'information additionnelle qui rentre dans le mix pour que l'équipe puisse
prendre des décisions en fonction de l'ensemble des militants puis l'ensemble
de toutes les parties prenantes qui aident au Parti libéral d'avancer dans la
société québécoise. Ça, c'est important. Est-ce que toutes les décisions qui
sont prises par les militants dans l'entière totalité devraient être
absolument, tout le temps, reflétées dans la plateforme politique de l'aile
parlementaire, par exemple? Là, là-dessus, je pense qu'il y a peut-être des
moments où est-ce que ça ne sera pas le cas. Ça, c'est sûr et certain. Puis il
va avoir des moments de bonnes discussions. Mais pour un élément de fond comme
ça, moi, je pense que c'est important d'écouter notre base.
Journaliste : Mais, pour
vous, on parle de quelles écoles dans ce cas-ci? Brébeuf est, dans les faits,
laïque depuis plus de 30 ans. Donc, pour vous, est-ce que c'est une école
qui était visée par la motion hier, alors que, pour certains de vos collègues,
si on parle de la cinquantaine d'écoles religieuses où la religion fait partie
du cursus?
M. Beauchemin : Oui, bien, ce
qui est important, O.K., pour ne pas y aller avec des exemples spécifiques,
moi, je parle des subventions aux écoles privées, là, O.K., religieuses, toutes
ces définitions-là, de la façon que les écoles sont définies, s'il y a des
amalgames, à savoir comment une peut être définie par rapport à l'autre, est-ce
que l'autre est vraiment comme une polytechnique, est totalement système
public, etc. Il n'y a pas de définition uniforme.
Ça fait que moi, je reviens à la base
là-dessus. Ce qui est important, O.K., c'est que les Québécois, avec le
60 % qu'on donne aux écoles privées, s'ils veulent envoyer leurs enfants
dans ces écoles-là, si le cursus est respecté, si la réglementation est
respectée, je n'ai aucun enjeu avec ça. Puis je pense que de faire le
contraire, c'est d'enlever un droit, un droit de choix.
Journaliste : Est-ce que ça
rend mal à l'aise, parce que le Parti libéral prend, quand même, beaucoup de positions
sur des sujets assez sensibles? Je ne dis pas que ça va toujours à l'encontre
de vous, ce que vous avez prôné, mais là il y a une course à la chefferie,
donc, ça va inévitablement faire en sorte que le chef qui va être élu va devoir
marcher sur la peinture, sur une situation ou une autre. Par exemple, des
écoles confessionnelles dans votre cas, par exemple, sur le troisième lien,
Denis Coderre a dit qu'il était pour, alors que votre position... est contre.
Ça ne vous rend pas mal à l'aise que le parti prenne autant de positions fermes
sur les choses comme ça?
M. Beauchemin : Bien,
écoutez, ça fait partie de la game. Moi, je pense que c'est bon que le parti
puisse trouver une façon de s'exprimer puis de faire avancer ses dossiers. Pour
la course à la chefferie, chaque candidat doit naviguer là-dedans ou au
meilleur de ses habiletés. Moi, j'ai une couche additionnelle de difficulté que
je suis un élu actuel. Donc, c'est pour ça qu'en entrée de jeu, j'ai dit que
j'étais un joueur d'équipe, je vais respecter, et toujours, donc, la ligne du
caucus. Mais en tant que candidat, je peux m'exprimer, puis c'est ce que je
fais aujourd'hui. Puis malaise il y a, mais moi, je vais tout le temps parler
du fond de mes tripes puis je vais parler au niveau fondamental, ce que je
crois qui est essentiel pour l'avenir.
Journaliste : ...malaise ou
c'est dans le caucus?
M. Beauchemin : Bien, moi, je
n'en ai pas perçu...
Journaliste : Mais vous avez
dit «malaise».
M. Beauchemin : Bien non,
mais j'ai utilisé votre mot, mais, je veux dire, la réalité, qu'il y en un ou
pas, ce n'est pas grave. Je pense que la course à la chefferie va permettre à
tous les candidats de s'exprimer, puis ils devront le faire en fonction de pour
ce que... de leurs valeurs à eux autres.
Journaliste : ...si on parle
à Frédéric Beauchemin lui-même, mettons, là, troisième chapeau.
M. Beauchemin : Bien, je n'ai
pas de malaise avec la décision que le caucus a prise. Je suis joueur d'équipe.
On discute à l'intérieur du caucus, on dit nos opinions. La décision est prise,
on y va. C'est ça, la game. C'est une game de... comme une game de football. On
avance dans la même direction. Parallèlement à ça, moi, à l'extérieur des
lignes de la game de football, par exemple, bien, je suis un joueur qui va être
coach éventuellement, disons, là.
Journaliste : Mais vous
avez... vous n'avez pas de malaise, même si vous avez dit : Moi, j'ai
exprimé la position au fond de moi-même puis je ne suis pas d'accord avec celle
du caucus. Mais vous n'avez pas de malaise?
M. Beauchemin : Bien non,
parce que le rôle, vraiment, est indépendant, là. Tu sais, la course à la
chefferie, c'est vraiment indépendant. Je dois m'exprimer, je dois avoir le
choix de pouvoir m'exprimer comme les autres qui sont candidats à la course à
la chefferie ont le choix de faire puis de s'exprimer comme ils le veulent à ce
moment-là. Je ne vois pas... C'est vraiment... il faut vraiment que je fasse
une ligne, un mur de Chine, là, pour que ça soit séparé, là.
Journaliste :
You… I understand, you are… you are showing
solidarity with the caucus and you don't want to breach caucus secrecy, but as
the leader… as a candidate running for the leadership, you've said numerous…
last night and today again, that you're not happy with this decision, because
it did not go before the members, it was not… it was a decision taken by the
caucus and membership never had a chance. So, are you, today, saying we need to
review… the party needs to review this decision?
M. Beauchemin :
I'm saying that, from my perspective,
such a deep and profound change into the liberal culture, for the last almost
60 years now, O.K., should have been consulted. From my perspective, it should
have been consulted with the membership. I mean, we need to listen to the
membership. The membership has actually told us, «avec le comité de la
relance», that that's one essential thing that we needed to do. So, I think
it's important to realize that if you actually want Quebeckers to, you know, listen to us as a party, we first have to listen to
our own members, to reflect their aspiration as to what their views are and
which direction the party should go.
Journaliste :
So, if you're saying : You have to
listen to the members, this decision has to be reviewed, that's what you are
saying?
M. Beauchemin :
Well, there is going to be a «congrès»
November 9th… 8th, 9th and 10th...
Journaliste :
Why wouldn't say it now? I mean, with
all of the… the «bémols» you said about this decision and all the disastrous
things you are predicting will happen, students will not be able to go to the
class, to schools, and there are… of course, there are members of your own
caucus who are not happy about this, this is now pretty clear. Why won't say
the policy commission needs to review this or that the party needs to review
this decision, because you're on the wrong path?
M. Beauchemin :
Well, I think that what's important
here is that they actually do the job. You know, we do have this instance
called «la commission politique», and their role is to actually do that, and
they're working on something, and hopefully we'll be able to debate that.
That's the objective. I'm not saying I'm against that or for that, I'm just
saying that should be the process. And I'm happy the party have these instances
where people are able to verbalize their thoughts as to which direction we
should be taking for the party.
Journaliste :
But if you're saying it's part...
there's a process, you want that… you want this reviewed, you want this
decision reviewed? That seems pretty clear.
M. Beauchemin :
I want this decision to be discussed at
the congress with the members to come up with their own views on it, for sure.M. Robitaille, avez-vous une question pour moi?
Journaliste : Oui, j'étais en
ondes. J'ai couru. Pardon.
M. Beauchemin : O.K. Comment
ça va?
Journaliste : Donc, vous,
vous êtes à l'aise avec le fait...
M. Beauchemin : O.K.
Journaliste : ...par exemple,
que le ramadan soit obligatoire dans une école. Est-ce que c'est... Êtes-vous à
l'aise avec ça?
M. Beauchemin : Est-ce que
c'est le cas? Est-ce que ça répond au cursus scolaire? Si c'est le cas puis ça
répond au cursus scolaire, honnêtement, je serais surpris, mais si c'est le
cas, donc ça répond au cursus. Moi, ce que je veux, c'est que le 60 %
qu'on donne aux écoles privées soit là pour s'assurer que le cursus scolaire
soit bel et bien enseigné tel quel à tous les étudiants, et ce, de façon
uniforme. Par la suite, O.K., ça donne le choix aux parents d'envoyer leur
enfant aux écoles de leur choix.
Journaliste : Mais est-ce que
c'est... Tu sais, est-ce qu'on accepte, par exemple, que, dans certaines
écoles, les filles et les garçons soient traités différemment?
M. Beauchemin : Bien non, justement,
la réglementation, toutes nos valeurs québécoises doivent être en place, là.
Donc, l'ensemble de l'oeuvre, c'est-à-dire égalité homme-femme, s'assurer
justement de tout ce que vous venez de mentionner, là, ce soit... ce soit clair
et net et précis, là. Ça fait partie du cursus. Donc, pour moi, il n'y a pas
de... il n'y a pas de deux poids, deux mesures ici.
Journaliste : ...qui ne veut
pas enseigner le cours, là maintenant c'est citoyenneté québécoise. Êtes-vous à
l'aise qu'on subventionne une école comme celle-là?
M. Beauchemin : S'ils ne
répondent pas... Si les gens... Si les institutions ne répondent pas à la
demande du ministère de s'assurer que le cursus soit bel et bien représenté, là
on a un enjeu. Et c'est là où est-ce qu'est le problème. Parce que le problème
existe ailleurs comme dans le public. Puis Bedford, c'est là qu'il y a eu
l'enjeu, parce qu'ils n'ont pas répondu. Le ministère n'a pas été capable
d'aller faire des inspections, de faire la surveillance, de s'assurer... La
CAQ, là-dessus, là, O.K., ils n'ont pas été capables de faire leur job. Ça fait
que leur job, là, c'est de s'assurer que justement ça soit bien exécuté, cette
histoire-là. Ça fait que, si ce n'est pas bien exécuté, bien, on a un enjeu.
Donc, si... supposons que, dans une école privée, le cursus n'est pas bien
représenté, bien, on a un enjeu.
Journaliste : J'aimerais
juste une précision, par contre, sur ce que vous avez dit tantôt. Vous avez
dit : Sur les enjeux de fond, le parti devrait écouter ses membres. C'est
quoi, un enjeu de fond?
M. Beauchemin : Bien oui,
c'est un enjeu de fond.
Journaliste : Non. Mais je
veux dire, c'est quoi, pour vous, un enjeu de fond...
M. Beauchemin : Bien, ça,
c'en est... O.K. Excusez. Oui, ça, c'en est un. Ça, c'en est un parce que ça
fait plus de... la commission Parent, qui a eu cette entente-là qu'on allait
aider les écoles privées subventionnées, là, O.K., on allait les aider à
permettre un choix pour les Québécois d'avoir accès à une éducation. Il y en a
que c'est plus de confessions religieuses, à l'époque, etc. Tout ça, O.K.,
c'est... c'est... c'est comme dans l'esprit libéral, là, du Québec moderne.
Puis moi, je pense qu'on doit continuer à aller dans cette direction-là.
Journaliste : Où est-ce que
vous tracez la ligne entre un enjeu de fond puis un enjeu...
M. Beauchemin : Bien, par
exemple, l'aide médicale à mourir, ça peut quand même être un enjeu assez
personnel. Je pense qu'on devrait y avoir des...
Journaliste : ...le Parti
libéral n'a pas une position historique depuis Jean Lesage là-dessus, là, aide
médicale à mourir.
M. Beauchemin : Non,
effectivement, mais, je veux dire, ça évolue dans la société. De temps en
temps, on va en avoir d'autres, situations comme ça. Mais je pense que ça, c'en
est une profonde.
Journaliste : Mais moi, je me
souviens que Jean Charest avait... avait cessé de financer certaines...
certains CPE ou garderies où il y avait justement une importante présence
religieuse. Ça avait été une décision, là, j'étais reporter. Donc, ça, est-ce
que ce n'est pas libéral aussi, là?
M. Beauchemin : Bien oui,
parce que ça ne respectait pas, à ce moment-là, les règles du jeu pour les CPE.
C'était... C'était ça qu'était l'enjeu. Donc, respectons les règles du cursus,
respectons qu'il soit bel et bien enseigné. Puis à partir de là, je pense qu'on
est... on est sur la même page, là.
Journaliste :
Maybe I chose the wrong words.
M. Beauchemin : OK.
Journaliste : Je n'ai
peut-être pas choisi le bon mot en anglais.
M. Beauchemin : C'est
correct. Je n'ai peut-être pas bien compris.
Journaliste : Oui. Bien...
Mais sur cette question-là, si vous voulez que les membres rediscutent la
question en congrès, c'est comme vous voulez revisiter la question. C'est ça. You want to revisit this issue. That's your position.
M. Beauchemin :
As a candidate, that's that I would
like to have done. As a militant, that's what I would like to have done. And
the militants have a voice and they should be expressing it.
Journaliste :
Ce que vous dites, c'est que si le congrès en vient à une position qui est
différente de celle du caucus, le caucus devrait revoir, reconsidérer sa
position?
M. Beauchemin : Bien là,
c'est là où est-ce que c'est... c'est... c'est ça qui est compliqué un peu, là.
Mais c'est là où est-ce que, justement, si le caucus décide de ne pas vouloir
le faire, bien, ils ont le droit aussi de ne pas vouloir le faire. Mais moi, je
pense que....
Journaliste : ...mais qui
devrait le faire?
M. Beauchemin : En tant que
militaire puis en tant que candidat, c'est ce que je souhaiterais. En tant que
membre du caucus, je comprends la décision du caucus. C'est ça, la ligne. Elle
est un peu difficile, là, mais c'est ça, la ligne. Puis je pense que ce qui est
important ici, c'est qu'au minimum les membres peuvent s'exprimer. Puis c'est
ça que le rapport de Madwa et d'André nous ont rapporté en se promenant à
travers tout le Québec. Les militants veulent être entendus, donc écoutons-les.
Journaliste : Il y a un
collègue du Devoir, Marie-Michèle Sioui, qui soulevait cette
question-là, là. Les écoles de l'école Belz... Les élèves, pardon, de l'école
Belz finissent leurs études sans diplôme ni qualification. Malgré tout, ils
reçoivent des subventions jusqu'en 2025, là, juin 2025. Est-ce que ça, ce n'est
pas un... ça vous... ça vous... Est-ce que vous êtes à l'aise avec ça, vous?
M. Beauchemin : Bien, est-ce
que le cursus est bel et bien représenté? Est-ce qu'il...
Journaliste : Bien, sûrement
pas, parce qu'ils n'ont pas de diplôme ni qualification.
M. Beauchemin : C'est ça. Ça
fait que, s'il ne l'est pas, bien là, on a un enjeu. Ça fait que ça, à ce
moment-là, le ministère de l'Éducation a un rôle de s'assurer de rentrer
là-dedans puis de comprendre qu'est-ce qui se passe, là. On...
Journaliste : M. Roberge a
parlé d'une radiographie. Est-ce que ça ne prouve pas que c'est nécessaire de
passer aux rayons X toutes les écoles?
M. Beauchemin : Bien, qu'il
appelle ça une radiographie, moi, ce que je veux dire, c'est qu'on en a, des
institutions privées et publiques, partout, là, O.K. Puis, clairement, le
ministère n'est pas capable de se mettre la main dans l'engrenage partout pour
comprendre les fins détails de tout ce qui se passe partout. Ça fait que là, on
a peut-être un enjeu, là, au niveau de l'exécution de la tâche gouvernementale.
C'est à un autre niveau de conversation.
Mais le point étant que c'est important que
tout soit bel et bien fait pour que... On parle de nos jeunes, on veut les
éduquer, ça fait qu'assurons-nous, là, que le cursus puis que... Puis le
cursus, il peut évoluer dans le temps, là. On va rentrer l'intelligence
artificielle là-dedans, éventuellement, là. Ça fait qu'assurons-nous que ce
soit bien fait.
Journaliste : Je me souviens
que Michelle Courchesne avait retiré des subventions qu'elle avait finalement
concédées aux écoles juives en 2005 parce que, justement, il y avait été
démontré que ces écoles-là ne suivaient pas le curriculum. Ça, c'est libéral ou
non?
M. Beauchemin : Puis ça,
c'était la bonne décision à prendre parce que, s'ils ne suivent pas le cursus
puis qu'ils ne sont pas capables de faire en sorte que les étudiants, quand ils
graduent de là, ont été capables d'arriver avec... ont le diplôme nécessaire,
bien, il y a un enjeu, il n'y a pas la livraison du service demandé en échange
du 60 %.
La Modératrice : Merci.
M. Beauchemin : Merci à vous.
(Fin à 9 h 25)