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Conférence de presse de M. Paul St-Pierre Plamondon, chef du troisième groupe d’opposition, et M. Pascal Paradis, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de lutte contre le racisme

Version finale

Monday, October 28, 2024, 10 h 30

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Dix heures vingt-neuf minutes)

Le Modérateur : Bonjour. Bienvenue à tous. Nous assisterons aujourd'hui à la conférence de presse du Parti québécois concernant le dépôt de son plan pour un modèle viable en immigration. S'adresseront à vous le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, le député de Jean-Talon, Pascal Paradis, la porte-parole du Parti québécois... la porte-parole nationale du Parti québécois, Méganne Perry Mélançon, et les co-porte-parole Stephan Fogaing et Stéphane Handfield. Sans plus tarder, je vous laisse la parole, M. St-Pierre Plamondon.

M. St-Pierre Plamondon :Merci, M. Carabin. Donc, bonjour, tout le monde. Très content d'être avec vous ce matin en équipe pour vous présenter un document, quand même très attendu, d'orientations du Parti québécois en matière d'immigration. Ça s'inscrit dans une séquence de documents. Il y a un an, il y a eu le budget d'un Québec indépendant, ce document sur... une réplique au modèle canadien, qu'on surnomme l'initiative du siècle. Il y aura également un document sur les questions et réponses de comment fonctionnera un Québec indépendant, on appelle ça le Livre bleu. Et cette séquence se terminera en 2026 par la publication d'un document sur la citoyenneté dans un Québec indépendant.

D'abord, avant de commencer cette présentation sur le document qui s'intitule Un Québec libre de ses choix pour un modèle viable en immigration, je remercie mes collègues ici présents. C'est un travail colossal de 97 pages qui se veut une réponse aux politiques fédérales en matière d'immigration, mais une réponse également à l'absence de planification sérieuse et rigoureuse de la part du gouvernement du Québec en matière d'immigration, une volonté de chiffrer, de planifier, de réfléchir à chaque catégorie d'immigration.

On sait que le débat a beaucoup évolué au cours des dernières années. Il y a quelques années à peine, parler de réduire l'immigration nous valait des épithètes pas toujours élogieuses. On voit une transformation complète du discours à tous les paliers du... de gouvernement, et ça s'explique.

En termes d'immigration, en termes de hausse, là, lorsqu'on parle de 652 000, donc, personnes, et qu'on essaie de détailler les catégories qui forment l'immigration, temporaire comme permanente, au Québec... En fait, si on compare la période de la Révolution tranquille jusqu'à Philippe Couillard, donc de 1960 à 2014, durant ces années il y a eu moins d'immigration au Québec que sous l'égide de François Legault. Donc, il faut prendre la mesure de ce qui vient de se passer. Et, des fois, ce qu'on propose aujourd'hui pourrait être qualifié de radical. Je commence en vous disant que ce qui est radical, c'est d'avoir augmenté autant les seuils, tant temporaires que permanents. Et essentiellement ce que le Parti québécois propose, c'est de revenir à des seuils qui s'appliquaient il y a à peine 15 ans. Donc, il n'y a rien de radical, si ce n'est qu'une volonté de corriger une absurdité, une dérive idéologique qui a des conséquences très sérieuses sur le logement, les services, le français, on y reviendra, mais c'est le retour à des modèles qui sont viables. Rappelons que le Québec, au début des années 2000, accueillait à peu près 35 000 personnes, et le français était en progression à Montréal, et Montréal était un des endroits, comme le reste du Québec, où le logement était le plus abordable en Amérique. Donc, c'est de revenir à un modèle qui fonctionnait.

Ce qui me force à constater, dans notre volonté de chiffrer, là... le constat le plus important, c'est que tant que le fédéral contrôlera nos frontières, nos aéroports et exercera la majeure partie des pouvoirs en immigration, malheureusement il n'y a pas de modèle viable possible. Pourquoi? Parce que le programme temporaire fédéral compte pour 70 % des temporaires. Nous, on pense qu'il faut l'abolir, mais le fédéral ne fera pas ça. Parce que, sur les demandeurs d'asile, il faut changer l'approche complètement. On laisse attendre 3 à 4 ans les demandeurs sur le territoire. On veut un changement d'approche, mais on n'a pas le pouvoir.

Et ce que l'épisode de Roxham, l'épisode des changements de visas aux aéroports témoigne, c'est que le fédéral est capable de saboter nos orientations. Il y a quelque chose de profondément antidémocratique dans ce qui s'est produit au cours des dernières années, en fait, dans les 10 dernières années. Les politiques en immigration ont été imposées alors qu'elles n'ont jamais été présentées aux électeurs, ni à l'échelle du Québec ni à l'échelle fédérale, et il y a quelque chose de très troublant dans les... de voir les conséquences. Donc, sans son indépendance, le Québec est condamné à être dans une posture défensive pour tenter de limiter le recul du français qui aura lieu, limiter des crises sans précédent en matière de services et de logement. Et nous, notre but ici, c'est de planifier tant ce qu'un gouvernement du Parti québécois fera avant l'indépendance et ce que le gouvernement du Parti québécois fera après l'indépendance, parce que bon nombre des solutions ne sont pas possibles dans le Canada.

C'est important de dire qu'au-delà de la responsabilité du fédéral, la CAQ a surprenamment une très grande responsabilité dans ce qui s'est produit. Peut-être pas la plus grosse partie de la responsabilité, mais au-delà de la dérive idéologique du fédéral, on doit souligner que la CAQ a participé à l'augmentation du nombre d'immigrants temporaires en faisant passer les travailleurs temporaires sous son égide de 17 000 à son arrivée à environ quatre 80 000 en date d'aujourd'hui. Ça, c'est purement la CAQ. La CAQ a également induit en erreur l'électorat en parlant de baisse des seuils en 2018. Ce ne fut pas le cas. En 2022, François Legault a affirmé que ce serait suicidaire d'aller à plus que 50 000 permanents par année. Ils ont fait exactement l'inverse, on est rendu autour de 65 000. Donc, on doit mentionner également que le gouvernement du Québec a sa part de responsabilité. Ce qui a le plus d'impact en ce moment, ce sont les politiques fédérales sans la consultation du Québec, mais c'est étonnant de voir la disparité entre le discours de la CAQ et ce qu'ils ont fait au cours des dernières années.

Petite mise en contexte, là sur les chiffres. Puis je m'excuse, on n'a pas ici, dans cette salle-ci, de moyens... de télévisions, là, mais, en gros, on voit les courbes de l'immigration, toutes les catégories, la rouge étant le total depuis l'arrivée au pouvoir de la CAQ. C'est quand même spectaculaire, comme je vous disais, ça ne se compare pas à ce qu'on a connu depuis le début du siècle, depuis les dernières décennies. Le poids démographique du Québec dit qu'on va continuer à diminuer dans le Canada, avec toutes les conséquences sur notre très peu de pouvoir politique qu'on a déjà. On accueille au Québec et au Canada plus de personnes en proportion de notre population que n'importe où dans le monde, c'est dans le document, nettement par-dessus la moyenne de l'OCDE. Et le déficit de logement atteint un nouveau record. Et, comme on le voit, il y a une disparité très grande entre la courbe bleue, qui est l'accueil de personnes, et la construction de logements. Et selon toutes les études qu'on a déposées, ce sont... c'est impossible de bâtir du logement en proportion du nombre de personnes qu'on accueille en ce moment.

Ce qui m'amène à parler de la responsabilité des gens qui, au cours de la dernière décennie, ont mis en place ces politiques-là. Ce que le document démontre, c'est que ce sont des politiques qui sont largement fondées sur des mensonges, des inexactitudes intentionnelles, comme les principes suivants. On nous a dit pendant des années que l'augmentation des seuils d'immigration temporaire comme permanents permettait de faire face à la pénurie de main-d'œuvre. Les études sont claires, ça ne permet pas de venir à bout de la pénurie de main-d'œuvre et certaines études suggèrent même que ça creuse la pénurie de main-d'œuvre, étant donné que, non seulement un immigrant qui est travailleur, il est aussi consommateur, ce qui génère de la demande pour d'autre travail, mais en situation de crise de logement, là, il y a même une étude du suggère que, pour un immigrant, on a besoin de cinq travailleurs. Donc, première inexactitude.

On a répété également — Marc Miller l'a fait hier à Tout le monde en parle — que l'immigration permet de rajeunir la population. C'est faux. Ce n'est pas ce que les études disent. C'est un impact marginal sur l'âge moyen des travailleurs et sur le rajeunissement de la population.

Donc, le document se penche beaucoup sur les origines de l'initiative du siècle. Pourquoi a-t-on pris une direction basée sur des inexactitudes, comme, par exemple, le fait que plus d'immigration, c'est plus de richesse? C'est une erreur flagrante, flagrante sur la compréhension du PIB, qui est la taille de l'économie, versus le PIB par habitant, c'est-à-dire combien par personne. Ça, c'est un indicateur imparfait, mais c'est un indicateur de la richesse. Des documents, donc, qui émanent du début du mandat de Justin Trudeau. Et ça soulève pour nous la question des conflits d'intérêts dans ce gouvernement-là, de pourquoi on a voulu nous imposer des hausses si substantielles. Et ça soulève toutes sortes de questions de conflits d'intérêts. Donc, on se penche sur les origines de l'Initiative du siècle en soulignant que c'est fondé sur plusieurs mensonges qui ont été répétés par des médias également, qui ont également leur part de responsabilité, puisque ce n'est pas très difficile de conclure que ce sont des inexactitudes, que ce sont des mensonges.

Dans le dernier point que j'aimerais faire, c'est important pour moi de mentionner que le débat ici, et je l'ai répété tellement de fois, il porte sur le modèle d'immigration et les seuils. Jamais vous n'allez entendre le Parti québécois blâmer des individus. Et notre but, c'est un modèle durable et la paix sociale. Donc, aux Québécois issus de l'immigration, vous êtes Québécois. Puis, les conséquences sur le logement ou les services, on le vit tous ensemble, puis on a intérêt, un intérêt commun à trouver un modèle qui est durable. Et ça, ça me tient à cœur. Et mes adversaires, nos adversaires ont souvent tenté, justement, de déformer. C'est ce que Marc Miller a souvent fait, là. On déforme nos propos pour dire qu'on casse du sucre sur les immigrants. On n'a jamais fait ça, on ne le fera jamais. On est simplement à la recherche d'un modèle qui n'est pas une dérive idéologique. Il me semble que ce n'est pas trop demandé.

Et, avant de passer en revue chacune des propositions qu'on fait, il y en a 12, je veux simplement dire que chiffrer, c'est important. Quand on nous dit que c'est arbitraire, les chiffres du Parti québécois, je suis curieux de comprendre pourquoi, lorsque Jean Charest a augmenté les seuils de 35 000 à 50 000 au nom de la pénurie de main-d'oeuvre, personne ne lui a demandé pourquoi 50 000, personne ne trouvait que c'était arbitraire. Lorsque Justin Trudeau a fait exploser le nombre d'immigrants temporaires, personne ne s'est interrogé sur les chiffres, personne n'a demandé de justificatif. Et, même chose pour François Legault, lorsqu'il décide de revenir sur son engagement électoral et de faire passer les seuils permanents au Québec de 50 000 à 65 000, qui a demandé à François Legault de justifier son chiffre? Qui a dit que c'était arbitraire? Quand il fait passer, François Legault, les chiffres temporaires de 17 000 à 84 000, c'est arbitraire.

Donc, vous comprendrez que nous, on part de la logique que, si on veut donner une chance à la crise du logement puis à la crise des services et rétablir un niveau de français... donner un avenir aux Français, en fait, on part de la prémisse qu'il faut diminuer substantiellement l'immigration temporaire et diminuer les seuils permanents, et on se fonde sur des modèles qui ont déjà fonctionné au Québec au début des années 2000, simplement. Mais je souligne l'arbitraire de ce qui vient de se produire et l'absence de reddition de comptes de gens qui ont littéralement créé une crise. Dans le cas de Justin Trudeau et de son gouvernement, les fonctionnaires fédéraux ont averti Justin Trudeau : Vous allez causer une crise du logement sans précédent. Ils ont procédé quand même. Donc, j'insiste sur ce point-là.

Et voici les 12 propositions, là, qui sont des principes directeurs. À noter, en terminant, que ces principes directeurs ne sont pas un programme électoral. On s'est fondé sur les chiffres de 2003-2024. Évidemment qu'on devra refaire les calculs parce que ces orientations-là vont s'appliquer, en fait, en 2026. Même chose pour chiffrer l'accompagnement des entreprises, etc., ça fera partie de notre programme. On est ici devant un document d'orientation et de principes politiques.

Donc, le Parti québécois propose, dans un premier temps, numéro 1, de doter le Québec d'une politique cohérente et fonctionnelle en immigration en abolissant le programme fédéral de travailleurs temporaires, PMI, en resserrant les normes de traitement des demandes d'asile et en accélérant le traitement... en accélérant, pardon, leur traitement et en donnant l'entièreté des pouvoirs en immigration au gouvernement du Québec.

Deuxièmement, le Parti québécois veut réduire au moins de la moitié l'immigration temporaire qui passera sous un mandat du Parti québécois de quatre ans, de 600 000 à environ... dans une fourchette, là, de 250 000 à 300 000 résidents non permanents, tout ça dans un mandat, donc, de quatre ans.

Numéro 3 : fixer des seuils d'immigration permanente respectant la capacité d'accueil du Québec au niveau qu'on avait avant l'ère Charest, donc à 35 000 résidents permanents ou immigrants permanents par année.

Numéro 4 : décréter un moratoire sur l'immigration économique permanente provenant de l'extérieur du Québec, c'est-à-dire que nous recruterons parmi les temporaires sur le territoire, mais ne nous... nous ne ferons plus appel, jusqu'à nouvel ordre, à des candidatures de l'extérieur du Québec pour combler les cibles d'immigration permanente.

Cinquième : Traiter rapidement les dossiers liés à la réunification familiale en ce qui a trait aux conjoints et aux enfants. Donc, on s'engage à complètement réduire la liste d'attente dans l'espace de seulement deux ans.

Numéro six : Resserrer les critères de sélection des travailleurs étrangers temporaires en établissant notamment une nouvelle liste des métiers en tension et une hiérarchie des priorités, tout en reconnaissant formellement la dépendance au milieu... du milieu agricole aux travailleurs étrangers temporaires.

Numéro sept : Effectuer un vrai virage vers l'automatisation et la robotisation des secteurs de notre économie qui sont en pénurie de main-d'œuvre, qui le sont toujours.

Numéro huit : Exiger un numéro... un niveau, pardon, de compétence en français plus élevé, tant au point d'entrée que pour le renouvellement des permis, pour la grande majorité des temporaires et des étudiants étrangers, en priorisant les personnes affichant un niveau de français intermédiaire au point d'entrée et un niveau de français avancé pour le renouvellement des permis.

Sur les temporaires, numéro neuf : Établir à 40 000 le nombre de travailleurs étrangers temporaires issus du programme québécois de travailleurs temporaires et remplacer les permis de travail restreints à un employeur unique par désormais des permis de travail régionaux et sectoriels.

Numéro 10 : Établir à environ 50 000 le nombre d'étudiants internationaux par année, ce qui est un niveau similaire à ce qui existait avant l'arrivée au pouvoir de la CAQ.

Numéro 11 : Revoir la politique de financement des universités en rapport aux étudiants étrangers pour revenir à un régime qui s'apparente davantage à ce qu'on connaissait avant 2018, avant la déréglementation, là, de... du financement des universités, on y reviendra.

Et numéro 12 : D'ici à l'indépendance du Québec, accueillir des demandeurs d'asile en fonction de notre poids démographique. Après l'indépendance du Québec, resserrer les normes de visa, les délais de traitement et les critères de première vérification à l'entrée en matière de demandes d'asile, à l'instar des réformes instaurées dans la majorité des pays occidentaux au cours des trois dernières années.

Donc, ce sont les 12 grandes orientations de notre document, un document de 97 pages sur lequel... pour lequel je vous invite à poser toutes les questions que vous jugez pertinentes. Merci.

Le Modérateur : Merci, M. St-Pierre Plamondon. On va passer à la période des questions en commençant avec Louis Lacroix, Cogeco.

Journaliste : Bonjour. J'ai deux petits questionnements d'abord en partant, là. Vous... Par exemple, le point un, bon, vous dites : Doter le Québec d'une politique cohérente, tout ça, de même qu'en octroyant l'entièreté des pouvoirs en immigration au gouvernement du Québec, mais ça relève du fédéral, ça, de décider si le Québec a les pouvoirs en immigration ou pas.

M. St-Pierre Plamondon :Exactement.

Journaliste : Alors, pourquoi est-ce que le fédéral déciderait de faire ça, alors qu'il... qu'il a toujours refusé de le faire?

M. St-Pierre Plamondon :Bien, ce que le document démontre, c'est qu'on va faire un certain nombre de demandes qui risquent d'être à nouveau refusées, là, c'était la prétention de François Legault qu'un mandat fort permettrait de récupérer ces pouvoirs-là, et c'est l'indépendance du Québec qui va nous permettre de récupérer...

Journaliste : ...pour dire : Il faut se séparer, dans le fond?

M. St-Pierre Plamondon :Clairement, parce que c'était la prétention de François Legault et ça a été un échec sur toute la ligne. Et, sans les pouvoirs en immigration, sans la possibilité de réduire et de mettre fin au programme fédéral des travailleurs temporaires, sans aucun contrôle sur la question des réfugiés, sans aucun contrôle sur nos aéroports et nos frontières, non, il n'y aura pas de modèle durable. Donc, l'indépendance est un incontournable.

Journaliste : Et c'est un peu le même questionnement avec la... votre proposition numéro 12, là, où vous dites notamment que... bon, resserrer les normes de visa, etc., puis d'accueillir le poids démographique du Québec en tant que demandeurs d'asile, là, 22 %. Ces demandes-là existent déjà depuis... depuis des années, puis le fédéral en fait fi en envoyant énormément de demandeurs d'asile chez nous. Alors, pourquoi est-ce qu'un gouvernement du Parti québécois serait capable de le faire alors que les autres ne sont pas capables?

M. St-Pierre Plamondon :Je partage votre pessimisme, mais on s'engage à le demander quand même. L'ironie dans l'histoire des relations Québec-Canada, surtout sur la question de l'immigration, c'est que ce sont des gouvernements indépendantistes ou des périodes indépendantistes qui ont donné lieu aux ententes actuelles. C'est... Donc, on va faire la demande. Je partage votre pessimisme, mais on va quand même tenter de faire bouger les choses à la journée un d'un gouvernement du Parti québécois. Mais vous avez raison de noter que, sans l'indépendance et donc sans la possibilité de décider par nous-mêmes, les chances sont minces.

Journaliste : O.K. Mais je veux juste terminer avec les demandeurs d'asile. M. Legault, lui, dit qu'il y en a trop déjà en ce moment, là, qu'il faut... il y en a 160 000 selon ses chiffres à lui, chiffres qui sont contestés par le fédéral, et il dit qu'il faut en retourner ou, en fait, il faut en... je n'ose pas utiliser le terme «déporter», mais en déplacer 80 000. Vous feriez quoi, vous, avec les demandeurs d'asile qui sont déjà sur le territoire?

M. St-Pierre Plamondon :Ça, ici, c'est la répartition des demandeurs d'asile. Donc, on voit le total du Canada, puis, ensuite, on voit que c'est le Québec qui, nettement, en accueille le plus, suivi de l'Ontario. Mais regardez les provinces qui nous ont dit non, là, parce que les provinces ont été sollicitées en disant : On peut-tu s'entendre puis coordonner tout ça? Elles nous ont toutes dit non, puis regardez leur niveau. Donc, en effet, c'est très compliqué de voir comment on va arriver à cette répartition-là. Nous, on pense qu'à l'entrée on pourrait avoir un système de coordination, mais sinon...

Journaliste : Mais ceux qui sont déjà sur le territoire?

M. St-Pierre Plamondon :Je ne veux pas créer de fausses attentes. Si on avait de la bonne foi de la part du fédéral et des autres provinces, il y aurait des incitatifs qui amèneraient certaines familles à considérer d'aller dans une autre province. Mais il n'y a personne qui ferait déménager du monde, ce serait vraiment par incitatifs. Normalement, lorsque quelque chose est planifié... là, ça, c'est un chaos, là, c'est vraiment un chaos orchestré par le fédéral, mais s'il y avait eu de la bonne foi, évidemment... À l'aéroport, ce qu'on voit à l'étranger, c'est la possibilité de donner des conditions à l'entrée, c'est-à-dire rendez-vous à tel endroit parce que c'est là qu'on a préparé des ressources pour vous. Ça se fait. Mais là, si on ne voit pas le caractère intentionnel de ce que le fédéral a fait au cours des dernières années, là...

Combien de fois le gouvernement du Québec est intervenu sans qu'il y ait de réponse? Je veux dire, c'est... Je sais que les Québécois et Québécoises, des fois, ont de la misère à voir ça, mais c'est intentionnel de la part du Canada, il n'y a pas de volonté de trouver une solution. On ne peut pas être durant autant d'années d'une dérive idéologique, on ne peut pas créer de toutes pièces une crise du logement alors que tes propres fonctionnaires à Ottawa te disent : Ça va arriver, faites attention. Il y a un caractère intentionnel qui m'amène à penser qu'il ne faut pas rêver en couleur. Je ne prendrai pas le chemin de François Legault et de m'inventer des histoires qui n'arriveront pas, d'où le caractère nécessaire de l'indépendance. Ça ne nous empêchera pas comme gouvernement d'essayer, on va réitérer des demandes qui sont évidentes. Mais à nouveau, je partage qu'en toute probabilité ce n'est pas ça qui va arriver.

Le Modérateur : Thomas Laberge, La Presse canadienne.

Journaliste : Oui. Excusez, avant, je vais vous amener sur un autre sujet, là, pour une collègue, votre réaction à la démission de la P.D.G. de la DPJ, là, ce matin.

M. St-Pierre Plamondon :Je vais finir tout ce qui touche l'immigration, puis ensuite on prendra les autres sujets.

Journaliste : C'est bon, parfait. J'aimerais revenir, là, sur ce que vous avez dit à mon collègue, là. Vous dites : On s'attend à faire des demandes qui vont être refusées par Ottawa. Dans votre plan, vous misez beaucoup, évidemment, sur l'indépendance pour atteindre vos objectifs. À quel point la stratégie de vous faire dire non par Ottawa fait partie du calcul pour mousser l'indépendance, finalement?

M. St-Pierre Plamondon :Ce n'est pas tant une question de calcul. Le jour où on convient comme société que l'immigration qui nous a été largement imposée par le fédéral est intenable et cause des crises sans précédent, notamment sur le plan du logement, il faut une solution. C'était la prétention de François Legault que son mandat fort permettrait de faire plier le fédéral et d'être entendu. Ça n'a pas eu lieu. Et dans quel cas, la seule solution, logiquement, c'est de sortir du Canada. Donc, ce n'est pas tant une question de calcul ou de stratégie. On a l'obligation de réitérer les demandes du Québec, on va le faire au jour un, mais en toute probabilité, c'est parce qu'on vient de jouer dans ce film-là. François Legault tape sur la table, là, périodiquement, puis la situation se détériore parce qu'on n'est pas entendus, parce qu'essentiellement, comme on le démontre dans le document, on a que le cinquième des sièges dans le Parlement à Ottawa. Donc, ce n'est pas nos intérêts, c'est l'intérêt de d'autres gens qui décident.

Et regardez le comportement des premiers ministres ou des premiers ministres en devenir à l'échelle canadienne. Ils ne font pas campagne pour gagner le Québec parce qu'ils n'ont pas besoin du Québec pour devenir premiers ministres. Vous regardez aussi le silence de Pierre Poilievre toutes ces années-là. Est-ce que le Parti conservateur a dénoncé les seuils d'immigration imposés par Ottawa? Pas un mot. Et quand vous écoutez Pierre Poilievre sur l'immigration et le logement, il ne mentionne jamais, en fait, l'immigration, il parle de logements puis de construire des maisons. Or, toutes les études qu'on dépose ici démontrent qu'on ne bâtira jamais assez de logements pour le nombre de personnes qu'on accueille. Un dossier récemment parlait de 1,2 million de logements en retard au Québec. Donc, il y a vraiment un mensonge, une hypocrisie sur ce sujet-là, et le rôle du Parti québécois, c'est d'en parler de manière responsable, juste mais sans pour autant se conter d'histoires. Et c'est ce que ce document-là, on l'espère, pourra permettre de faire.

Journaliste : Vous misez beaucoup sur la robotisation. Donc, ma compréhension de votre discours, c'est que vous admettez que, si on réduit drastiquement les seuils, ça va être un impact sur la pénurie de main-d'œuvre, vous dites en même temps que ça n'a pas de lien. J'aimerais juste que vous clarifiiez ce point-là, parce que, je veux dire, si ça n'a pas d'impact sur la pénurie de main-d'œuvre, on n'a pas besoin d'investir dans les robots pour remplacer les immigrés qui ne seront pas là.

M. St-Pierre Plamondon : Alors, les études qui portent spécifiquement sur le Québec suggèrent que les seuils astronomiques, peut-être, en ce moment, aggravent la pénurie de main-d'œuvre, donc on n'admet pas rien... soit que ça a un effet neutre, mais, rendu à un certain seuil astronomique, ça peut avoir un effet négatif sur la pénurie de main-d'œuvre. Dans tous les cas, la dépendance à de l'immigration temporaire qui est bon marché, au niveau de l'intérêt d'un employeur de payer le moins cher possible pour la main-d'œuvre, cette dépendance croissante est un frein direct à l'innovation, la recherche et le développement et la robotisation.

Donc, on s'est penché sur les pays qui ont eu des défis similaires et plus graves, en fait, là. Le Japon et la Corée du Sud sont quand même des cas où la pénurie de main-d'œuvre était flagrante, et, plutôt que de miser sur l'immigration temporaire, ils se sont tournés vers la recherche et le développement, l'automatisation et la robotisation, ce qui fait que le déficit, le retard du Québec et du Canada en matière d'automatisation par rapport à ces pays-là, quand on regarde le ratio de robots par 10 000 travailleurs... il y a cinq fois plus d'automatisation et de robots dans les pays que je viens de mentionner, l'Allemagne aussi a fait ce virage-là, qu'au Canada.

Donc, on nuit à notre prospérité économique si on s'empêche d'innover et d'automatiser en allant chercher un nombre toujours croissant de travailleurs temporaires. Et c'est ça, l'essentiel de notre message. On va revenir à des seuils qui ont plus de bon sens et accompagner les entreprises dans une démarche nécessaire pour la prospérité économique, à savoir : optimiser, innover, automatiser.

Journaliste : ...pour que je comprenne bien, donc, ce que vous dites, au fond, c'est que, oui, l'immigration permet de palier, dans une certaine mesure, à la pénurie de main-d'oeuvre, mais, ce que vous dites, c'est que ça ne devrait pas être ça, la solution, ça devrait être la recherche et le développement. C'est bien ce qu'on comprend?

M. St-Pierre Plamondon : Il y a même un doute sur le fait qu'au seuil actuel la pénurie de main-d'œuvre pourrait être aggravée par les seuils actuels. Mais c'est sûr que, microéconomiquement, une entreprise qui est dans le besoin, va dire : Moi, donnez-moi un travailleur maintenant. Ça, on le comprend. D'ailleurs, notre plan, il est progressif puis il fait une liste des secteurs qui sont plus fragiles, là, pour qu'on y aille graduellement. Mais, macroéconomiquement, c'est un frein à l'innovation. Ce n'est pas optimal du tout en termes de productivité. Donc, nous, on est prêts à accompagner les entreprises pour optimiser, innover plutôt que, pour les années à venir, là, de toujours faire augmenter, faire croître le nombre d'immigrants permanents et temporaires. Ce n'est pas une solution à long terme.

Journaliste : Alain Laforest, TVA. Juste pour poursuivre là-dessus, votre programme, il est de combien pour aider les entreprises? Parce que les PME réclament davantage. Puis vous êtes un peu dans la même veine de ce que prône la CAQ, là, depuis 2018 là, l'automatisation...

M. St-Pierre Plamondon : La CAQ parle puis elle ne faire rien.

Journaliste : Oui. Vous, vous allez faire quoi? Parce que vous parlez...

M. St-Pierre Plamondon : Bien, nous autres, nous on commence...

Journaliste : ...là, vous parlez. C'est le même programme que la CAQ propose.

M. St-Pierre Plamondon : Non, parce que la CAQ...

Journaliste : Au niveau de l'automatisation, quel budget vous allez mettre pour aider les entreprises à tout automatiser?

M. St-Pierre Plamondon : Deux points. La CAQ n'a jamais chiffré sa diminution de l'immigration. Elle parle, puis elle ne fait pas le travail, elle ne planifie pas. Il n'y a pas de rigueur. C'est juste des communications.       Spécifiquement sur la robotisation et l'automatisation, je comprends que la CAQ a mentionné deux fois, là, dans son plan, le mot «automatisation», mais le retard dont je vous parle par rapport à d'autres pays dans le monde, il est indéniable. Donc, le constat d'échec, il est dans les faits. Et, comme je vous disais, ça, c'est notre document d'orientation, et le programme sera dévoilé en 2026, pour une raison...

Journaliste : Donc, c'est de la communication que vous faites aujourd'hui là-dessus, là.

M. St-Pierre Plamondon : Non. 97 pages de communication avec... Combien de notes de bas de page? Là, je veux dire... Non, ce n'est pas de la communication, c'est de la planification. Et, sur le point spécifique de combien, vous comprendrez qu'il y a une raison pour publier ce document-là deux ans avant les élections. On est très conscients que ça va susciter des réactions. On est passés, chez les temporaires, d'environ 100 000 à 600 000 temporaires dans le temps de le dire. Les entreprises se sont habituées. On le sait, qu'on va avoir de la rétroaction de tout le monde. Donc, quand, en début de document, on dit : Ceci n'est pas notre programme, ça veut également dire qu'on va prendre la peine d'écouter chaque secteur économique, chaque secteur universitaire qui vont avoir des représentations.

Et donc notre orientation préliminaire, elle est claire : nous diminuerons les seuils permanents et les immigrants temporaires par plus que la moitié, un peu plus que la moitié. Mais une fois qu'on a notre orientation puis qu'on est fixés sur ça, il y a des ajustements qui auront lieu, puis tout ça va se transformer par des engagements chiffrés, comme vous le voulez, lors des élections de 2026. Et c'est ça, la planification. C'est ça que la CAQ ne fait pas. Par étapes, écouter tout le monde, chiffrer chaque élément, amener du sérieux dans la planification. C'est ce qu'on veut faire et c'est ce qui nous distingue de la CAQ.

Journaliste : En tout respect, la nouvelle aujourd'hui, là, c'est la démission de la directrice nationale de la DPJ. Compte tenu de l'heure, j'aimerais ça avoir votre réaction là-dessus.

Des voix : ...

M. St-Pierre Plamondon :J'aimerais ça conclure sur l'immigration.

Journaliste : ...11 h, là. C'est parce que ça va aller à 11 h 30. Les bulletins de nouvelles sont à 12 h, là. Ce n'est pas plus long. Que vous le dites tout de suite ou vous le dites tantôt, ça revient à la même chose. Moi, j'ai besoin d'une réaction.

Le Modérateur : Vous pouvez prendre quelques secondes.

M. St-Pierre Plamondon :Bon, bien, la réaction du Parti québécois, bien évidemment, c'est qu'on prend acte de cette démission-là dans l'espoir que ça amènera des changements dans le réseau de la DPJ. On espère aussi que cette démission-là, ce n'est pas le cas d'un ou une bouc émissaire, là, donc tenir une seule personne responsable d'une situation sur laquelle on se penche de manière récurrente au Québec depuis des années. Je veux entendre le gouvernement sur sa responsabilité dans ce qui est clairement une série de nouvelles inacceptables du côté de la DPJ, dont le gouvernement doit se porter garant.

Journaliste : Donc, le ministre a une part de responsabilité?

M. St-Pierre Plamondon :Bien sûr.

Journaliste : À quel niveau?

M. St-Pierre Plamondon :Il est le ministre. Donc, à un moment donné, là, on peut couper des têtes, là, quand que ça ne va pas bien, il peut y avoir des cas où une démission ou un congédiement est justifié, mais ultimement, quand on est rendu à sa septième année de gouvernance, si ça ne change pas au niveau de la DPJ, c'est la responsabilité du gouvernement et du ministre. Moi, c'est de ça dont je veux entendre parler. Puis évidemment qu'on espère qu'un événement comme celui-là va amener des changements qui donnent des résultats.

Le Modérateur : Merci. Geneviève Lajoie, Journal de Québec.

Journaliste : Bonjour. Tout à l'heure, vous avez évoqué le fait qu'ironiquement c'est sous des gouvernements du Parti québécois qu'il y a eu le plus de gains en immigration face à Ottawa. Est-ce que, donc, si vous prenez le pouvoir, si vous faites les mêmes demandes que François Legault, parce que c'est à peu près les mêmes demandes, au niveau du poids des demandeurs d'asile, ce genre de choses, et si jamais le gouvernement fédéral qui est en face de vous accepte en partie ce que vous demandez plus que ce qu'il accepte pour François Legault... est-ce que, dans ce cas-là, ça risque de nuire à votre stratégie pour convaincre les Québécois de faire du Québec un pays?

M. St-Pierre Plamondon :Moi, je travaille pour le Québec, puis les gens qui sont ici, on travaille pour le Québec en toutes circonstances. Si un gouvernement fédéral éventuellement nous donne les pleins pouvoirs en immigration, on va les prendre.

Journaliste : Mais ça va... ça risque de vous nuire pour, après ça, convaincre les Québécois de voter oui à un prochain référendum.

M. St-Pierre Plamondon :Mon travail, c'est de travailler pour le Québec. Demeurera des questions fondamentales sur la culture, la langue, les transferts en santé. On a obtenu 1 milliard sur six. Notre système de santé va mal. La diplomatie, la possibilité de faire nos lois dans plein de domaines, important pour nous, puis ce n'est pas... c'est Ottawa qui décide pour nous.

Il faut voir l'indépendance du Québec dans l'histoire longue du Québec dans le Canada. L'histoire longue nous enseigne que, quand tu as seulement, en ce moment, là, le cinquième des voix... des sièges à Ottawa, ce n'est pas tes intérêts qui vont primer dans ce que décide le fédéral. Et moi, je rêve, sur le plan international, qu'on existe. Donc, je pense que l'argument de rayonner à l'ONU, rayonner dans les organisations internationales, avoir notre équipe de hockey qui bat Team Canada en finale des Olympiques demeurera toujours là. On mérite d'exister. C'est tout.

Journaliste : Dans le document, bon, il y a une partie sur... effectivement, qui dresse un portrait assez pessimiste des projections du poids démographique du Québec dans le Canada. Donc là, vous trouvez que l'immigration, donc, ce n'est pas nécessairement la solution à la pénurie de main-d'oeuvre. Mais est-ce que ce n'est pas parce que le... au Québec, en fait, on ne fait pas assez d'enfants? C'est ça qu'on voit dans les chiffres, là, de plus en plus. Est-ce que vous vous engagez quand même à ce qu'il y ait une politique pour augmenter le nombre de naissances au Québec? Si on ne choisit pas l'immigration, il faut choisir autre chose, vous choisissez aussi la robotisation, mais est-ce qu'il n'est pas temps aussi d'avoir des politiques de natalité?

M. St-Pierre Plamondon :Bien, première chose, on n'abolit pas l'immigration, on ramène l'immigration a des seuils qui fonctionnaient au début des années 2000. Une fois que cette part d'immigration continue à exister, se pose en effet la question du recul du taux de natalité. L'un des facteurs déterminants pour ce taux de natalité... en fait, il y en a deux, le logement — clairement, s'il n'y a pas de logement, ça a un impact sur la décision d'avoir des enfants ou pas — le niveau de service. Ce n'est pas pour rien que le Parti québécois a mis de l'avant les CPE, puis regardez l'enfer qu'a vécu un grand nombre de parents dans la recherche de places en garderies privées, conventionnées, non conventionnées, CPE. Ça a un impact très grand sur la décision ou non d'avoir un enfant de plus. Je le sais, là, je l'ai vécu.

Donc, on va se concentrer sur le fait de régler des crises qui ont une influence négative sur le taux de natalité au niveau du logement, des services. Notre réflexion peut peut-être aller plus loin dans le programme de 2026, mais c'est relié, parce que si nos seuils d'immigration sont trop élevés, il n'y a pas de logement, le logement coûte très cher, les gens sont étouffés au niveau du paiement de leur hypothèque et du loyer, est-ce qu'ils vont prendre la décision d'avoir un enfant ou un enfant de plus? Les deux sont reliés.

Journaliste : Donc, il y a une partie de... donc l'immigration, ça peut en effet nuire aux décisions...

M. St-Pierre Plamondon :Au taux de natalité.

Journaliste : Au taux de natalité.

M. St-Pierre Plamondon :Dans un certain seuil. Puis il faut toujours être prudent, là, ce n'est pas l'immigration, c'est des seuils astronomiques. Tu sais, ce n'est pas l'immigration, l'enjeu. Il y aura toujours de l'immigration et les Québécois issus de l'immigration sont québécois à part entière comme les autres. Ce n'est pas ça, là, c'est vraiment... on nous a imposé une dérive idéologique dont les conséquences étaient annoncées. On a décidé de procéder pareil. Plus surprenant encore de la part de François Legault, comment expliquer, avec toutes ces déclarations, que ce soit lui qui ait procédé à la hausse des seuils permanents puis à la hausse des temporaires de 17 000 à peu près 80 000 du temporaire qu'il contrôle lui-même à Québec? Incompréhensible.

Journaliste : Je vais me permettre quelques questions à ce moment-ci, M. St-Pierre Plamondon. François Carabin, Le Devoir. Un peu dans le même ordre d'idée, dans quelle mesure, selon vous, est-ce que l'immigration actuellement, l'immigration massive, là, a un impact sur l'identité québécoise, la culture québécoise?

M. St-Pierre Plamondon :Bien, le document qu'on a produit ici ne porte pas sur la citoyenneté, on va se pencher là-dessus lors du document qu'on publie en 2026, parce que ce sont des vraies questions. L'intégration, l'impact sur la langue, la culture, comment on agence, est-ce qu'on est dans l'interculturalisme ou la convergence culturelle? Pour moi, ce sont des questions légitimes. Le document qu'on dépose aujourd'hui porte davantage sur le logement, les services, le recul du français, et donc cherche à amener des calculs ou des orientations précises pour chacun des postes d'immigration. On n'a pas vraiment exploré les questions culturelles et identitaires autour de l'immigration, mais on va le faire en bonne et due forme dans un document qu'on produit en 2026, parce que ce sont d'autres questions qui intéressent tant...

Une voix : ...

M. St-Pierre Plamondon :Bien non, on va justement cesser de faire de la politique comme on le voit en ce moment, c'est-à-dire sur la base de choses qui sont lancées. On va se préparer, vous allez voir un document étoffé, comme on l'a fait pour le budget de l'an 1, comme celui-ci, qui va porter spécifiquement sur ces questions-là, qui sont importantes.

Journaliste : Parce que, d'une certaine façon, vous vous dressez quand même les impacts, dans ce document-là, de l'immigration sur la langue française, par exemple. Est-ce qu'il n'y a pas un lien qui peut être établi entre, je ne sais pas, moi, la diminution de la prépondérance du français et une certaine diminution de...

M. St-Pierre Plamondon :Oui, ça, on en parle, parce que ce qu'on dit, essentiellement, c'est qu'il y a un moratoire sur l'immigration venant de l'extérieur du Québec pour privilégier, pour l'immigration permanente, ceux qui sont déjà sur le territoire. Mais quel est le critère utilisé? Un niveau élevé de Français en termes de maîtrise et une intégration déjà démontrée au milieu de travail. Donc, ce faisant, on aide la situation du français.

Ce que le document démontre, vous l'avez démontré déjà dans notre plan sur le français, c'est que le transfert linguistique des allophones en ce moment au Québec est à peu près un sur deux vers le français puis un sur deux vers l'anglais. Donc, à long terme, ça ne peut que causer l'effritement du français. C'est juste mathématique. Pour maintenir un niveau de français constant au Québec, tu as besoin d'une intégration à 90 % en français chez les allophones. Et c'est quand même complexe, là. Donc, pour s'approcher de ça, on propose un certain nombre de mesures dans ce plan-là, mais il faut le lire aussi en conjonction avec notre plan sur la langue française. C'est faisable.

Tu sais, moi, je suis optimiste. On est devant des années de pauvreté intellectuelle dans nos politiques publiques. Les seules personnes qu'on doit blâmer, c'est ce gouvernement fédéral et ce gouvernement du Québec, qui, dans le cas du Québec, n'a pas réfléchi, dans le cas du fédéral, a intentionnellement réfléchi à comment ils imposaient leurs dérives idéologiques au Québec. Mais on peut en sortir, démocratiquement, avec des politiques réfléchies, équilibrées et respectueuses de tout le monde.

Journaliste : Rapidement, vous... vous tenez à dire, depuis le début de ce point de presse, que les immigrants sont des Québécois. Vous êtes Québécois. C'est ça que vous avez dit. Qu'en est-il des immigrants temporaires, donc les demandeurs d'asile, les travailleurs étrangers temporaires?

M. St-Pierre Plamondon :Donc, les immigrants temporaires sont temporaires, ils ont convenu de certaines conditions qui les amènent à être temporaires, et donc c'est normal, que leur statut demeure temporaire. Mais ce qui est nouveau à deux niveaux dans ce document-là, c'est que nous, on dit : On est bien mieux de puiser chez les temporaires qui se sont intégrés en français que d'aller chercher à l'étranger. Donc, bonne nouvelle pour eux.

On dit également que, pour ce qui est de la réunification familiale, parce que c'est un sujet sensible quand c'est les conjoints puis les enfants, on est capables de faire mieux au Québec. Donc, la liste d'attente n'existera plus après deux ans de gouvernance du Parti québécois, après quoi on va fixer, puis ça, il y a eu peut-être eu un malentendu, là, après quoi on va fixer le taux de traitement des demandes de réunification de sorte qu'il n'y ait plus de liste d'attente. Donc là, évidemment, je ne peux pas donner de chiffres, là, je l'avais dit, entre 5 000 et 10 000, mais, en fait, c'est... c'est de l'astrologie, là, parce qu'on ne le sait pas.

Mais l'engagement, l'orientation du Parti québécois, c'est qu'une fois qu'on aura écoulé la liste d'attente pour les catégories conjointes et puis enfants, on va simplement s'assurer qu'on traite de manière à ce qu'il n'y ait plus ces listes d'attente là. Donc, c'est ça qui change dans l'orientation, dans la façon de se comporter si un gouvernement du Parti québécois prend le pouvoir.

Le Modérateur : Merci. Sébastien Desrosiers, Radio-Canada.

Journaliste : Bonjour, M. St-Pierre Plamondon. D'abord, une question peut être technique ou mathématique, mais vous dites vouloir réduire de moitié le nombre d'immigrants temporaires établis au Québec de 600 000 à 300 000. Or, quand on regarde par catégories, vous voulez 40 000 travailleurs étrangers, 50 000 étudiants étrangers. On arrive à 90 000. Il reste des demandeurs d'asile, là, qui ne font pas partie de l'équation.

M. St-Pierre Plamondon :Qui sont nombreux.

Journaliste : Bien, qui sont nombreux, mais à moins que vous en prévoyiez 210 000 par année, on n'arrive pas à 300 000. Alors, c'est une réduction beaucoup plus importante au fond, là, que vous prévoyez.

M. St-Pierre Plamondon :Donc, le total de temporaires en ce moment est ici, là. On travaille sur ce qui est la partie du Québec, de manière à réduire substantiellement les étudiants internationaux, les immigrants permanents sous notre gouverne, les PTET à 40 000. Mais ensuite, on est conscient que, dans ces catégories-là, surtout les demandes d'asile, il y a un traitement qui doit se faire, là, des demandes. Donc, dans votre calcul, vous devez inclure les demandeurs d'asile qui vont voir un traitement de leur demande. Vous devez aussi comprendre que, lorsqu'on demande l'abolition du PMI, l'abolition va venir dans le programme québécois dans un Québec indépendant. Puis il y a certaines catégories des PMI, diplomates, professeurs, qui vont être intégrées dans le système québécois. Donc, si vous voulez le détail de comment on se retrouve dans une fourchette de 250 000 et 300 000, on peut faire ensemble l'équation.

Journaliste : O.K., mais vous assumez donc qu'il y a des travailleurs du PMI qui vont venir... être admis dans le PTET. Donc, ce n'est pas 40 000, au fond, votre cible pour les travailleurs étrangers temporaires?

M. St-Pierre Plamondon :Bien, on pourra vous donner, là, quel est le nombre de PMI qui vont rentrer dans le PTET, dans le calcul, mais soyez conscients que, pour la très grande majorité des PMI, ce sont des travailleurs temporaires qui, en fait, ne correspondent pas précisément à un secteur économique ou un emploi. Et c'est ça qu'on veut changer. Mais évidemment qu'ensuite, Québec indépendant, il va avoir des diplomates, puis il va y avoir des professeurs invités, puis toutes sortes d'exceptions, donc... Et c'est pour ça aussi qu'on se donne une fourchette, là, on vise entre 250 000 et 300 000. On sait qu'on va avoir beaucoup d'interactions avec la société civile puis des lobbys au cours des prochains mois qui vont avoir lu ce document-là puis qui vont nous faire des représentations en disant : Vous avez oublié telle exception. Puis notre but, ce n'est pas d'avoir raison. Notre but, c'est de revenir à un modèle qui est viable. C'est tout.

Journaliste : Vous faites référence dans le document à quelques reprises à la capacité d'accueil du Québec. À combien vous chiffrez la capacité d'accueil du Québec en termes de nombre d'immigrants admis par année?

M. St-Pierre Plamondon :Nous, on se fonde sur des modèles qu'on a déjà testés au Québec et qui fonctionnaient. Donc, si à 35 000 permanents, on n'avait aucune crise du logement et même une progression du français au début des années 2000, on juge que c'est grosso modo notre capacité d'accueil parce que ça a été démontré que ça fonctionnait, alors que les chiffres actuels nous démontrent que ça génère des crises, français, services, logement.

Évidemment, il y aura toujours des débats d'idées et d'orientations sur cette recherche de la capacité d'accueil, mais de se fonder sur des modèles qui ont déjà fonctionné au Québec me semble un point de départ plus intelligent que de se fonder sur des dérives idéologiques qui nous ont amenés dans le mur, en gros.

Journaliste : O.K. Donc, pour vous, la capacité d'accueil, c'est, au fond, l'addition de vos cibles...

M. St-Pierre Plamondon :L'addition des cibles qui sont fondées sur un modèle qui a déjà fait ses preuves. Puis, encore là, sur les temporaires, on est pas mal plus généreux que le nombre de temporaires qu'il y avait il y a six, sept ans à peine, là. Parce qu'on est conscients aussi qu'il y a un caractère graduel. On ne veut pas créer de choc, mais on veut créer une remise en question de certains secteurs qui, clairement, ont complètement changé leurs façons de procéder, là.

Journaliste : Puis peut-être juste une dernière, si vous me permettez, mais est-ce que, pour vous, l'immigration est devenue l'un des principaux arguments, sinon le principal argument qui favorise la tenue d'un référendum?

M. St-Pierre Plamondon :Non. Pour moi, le principal argument pour que le Québec devienne un pays, c'est notre existence à l'international et notre capacité de faire valoir nos intérêts dans une démocratie qui nous représente, c'est le fait d'exister. Puis ensuite, que ce soit la santé, la culture, le français, l'immigration, c'est en fait un boléro de Ravel, c'est toujours le même problème d'un gouvernement qui décide pour nous mais qui ne nous représente pas puis qui a d'autres intérêts qui revient. Et je trouve ça dommage pour ma génération qu'on n'ait pas écouté les politiciens qu'on aimait le plus. Tu sais, au fond, tout le monde parle en bien... je le sais, je suis le 10e chef du Parti québécois, on me parle toujours de René Lévesque puis on me parle toujours de Jacques Parizeau, mais la vérité, c'est qu'on ne leur a pas donné raison puis on a donné raison à Pierre Elliott Trudeau, puis à Jean Chrétien, puis aujourd'hui à Justin Trudeau. Ça a des conséquences sur nos vies. On est dans une posture défensive vis-à-vis un gouvernement qui nous impose des choses qui n'ont pas de bon sens. Puis là on vient de perdre six, sept ans à entendre François Legault taper un peu sur la table, puis il ne se passe rien.

Le Modérateur : Merci. Fanny Lévesque, La Presse.

Journaliste : ...sur les questions de Sébastien, parce que c'est juste un peu confondant. C'est-à-dire votre modèle, par exemple, sans indépendance, là... Parce qu'à quel point, finalement, l'indépendance est nécessaire au succès de votre plan?

M. St-Pierre Plamondon :Bien, il est largement nécessaire, parce qu'on est obligé, à la lumière des échecs de la CAQ, de présumer que le même sort nous attend lorsqu'on fera des demandes au jour un d'un gouvernement du Parti québécois, parce que le Québec ne sera pas indépendant au jour un d'un gouvernement. Mais, en même temps, on fait ces demandes-là. Donc, je pense que le document est assez clair sur le fait que notre lecture politique de la situation, c'est qu'il y a des limites à répéter toujours les mêmes gestes en s'attendant à un résultat différent, mais, par principe, parce qu'on travaille toujours pour le Québec, les demandes évidentes vont être refaites sous un gouvernement du Parti québécois, en sachant que les choses, peut-être, peuvent changer. On ne peut pas prédire la politique, mais on peut s'engager à toujours travailler pour le Québec.

Journaliste : Mais donc, en ce sens-là, à partir de quand on pourrait voir une diminution de l'immigration sous un gouvernement du Parti québécois, par exemple?

M. St-Pierre Plamondon :Bien, elle est immédiate dans plein de catégories, là, dans le sens où, lorsqu'on dit qu'on ramène de 80 000 à 40 000 l'immigration temporaire sous le contrôle du gouvernement du Québec, lorsqu'on ramène à 50 000 le nombre d'étudiants internationaux, lorsque... Tu sais, il y a plusieurs mesures qui s'appliquent immédiatement qui feront une différence, surtout sur le logement. Tu sais, l'impact le plus immédiat, à mon avis, ce sera sur le logement.

Mais, à nouveau, c'est parce que le défi, il est ici, là. Il faut blâmer la CAQ pour des décisions absolument incohérentes par rapport à ce qu'ils nous disaient pendant des années. Mais le plus gros, c'est le fédéral qui nous impose un modèle d'immigration. Puis c'est pour ça qu'on passe tant de temps sur l'initiative du siècle. C'est pour que la population puisse prendre acte de cette dérive et de l'absence de considération du Québec, alors que... puis je sais que c'est mon adversaire, François Legault, mais on ne peut pas se plaindre qu'il n'a pas interpelé le fédéral. Il a mis trop de temps à mon goût. Moi, je lui ai écrit en 2021 pour lui dire que la situation des temporaires deviendrait problématique. Il a dormi sur cette lettre-là pendant deux ans, mais, au final, il a quand même fait la demande à la fin. Puis il n'y a pas de bonne foi. Donc, si vous regardez la proportion venant du fédéral, on ne peut pas passer à côté. Si on recherche un modèle durable puis on n'est pas prêts à se mentir à nous-mêmes, on ne peut pas passer à côté de ce que le fédéral fait et contrôle. Malgré nos demandes, ce n'est pas nous qui contrôlons.

Journaliste : Puis, donc, sur les mesures que vous pouvez contrôler, vous vous engagez à appliquer ça...

M. St-Pierre Plamondon :Immédiatement.

Journaliste : ...dans les 100 premiers jours d'un mandat de gouvernement...

M. St-Pierre Plamondon :Immédiatement. Ça fait partie de notre programme.

Journaliste : Mais c'est donc dans la première année.

M. St-Pierre Plamondon :Oui, évidemment, là, je veux dire, il y a un certain nombre de jours, là, pour mettre un chantier, là, une loi, des nouvelles normes. Et ça, dans le programme, vous allez le voir. C'est à dire que moi, je m'attends... par exemple, par rapport aux universités, on change le financement des universités pour que ce ne soit plus une course aux étudiants étrangers. Bien, évidemment, dans la prochaine année, je vais rencontrer les recteurs et rectrices des universités qui vont venir me faire des représentations sur des choses hyperpointues, comme l'importance des deuxièmes et troisièmes cycles en recherche par rapport au premier cycle, les créneaux d'excellence qui ont bâti certains programmes.

Tu sais, tout ça va se traduire dans le programme une fois qu'on aura écouté équitablement tout le monde. Mais c'est important d'annoncer ses couleurs parce que s'il n'y a pas d'orientation préliminaire, bien, il n'y a pas de discussion éclairée, il n'y a pas d'objectif. Et c'est ça, l'histoire de la CAQ, la septième année, rien de chiffré, il n'y a pas d'objectif, puis il y a juste des déclarations. Mais la situation, elle, ne s'améliore pas.

Le Modérateur : Merci. On va passer aux questions en anglais. Cathy Senay, CBC.

Journaliste : Go with Philip Authier.

Le Modérateur : Philip Authier, The Gazette.

Journaliste : Why thank you. It's interesting what you just said about... that you would speak to a... Good morning...

M. St-Pierre Plamondon : Good morning.

Journaliste : ...to the rectors. You're proposing to put a ceiling on the number of foreign students in the English-speaking universities. And we know...

M. St-Pierre Plamondon : And French-speaking universities.

Journaliste : OK, yes, well, I'm reading the part here now that talks about... that it's an untenable reality... the number of English speaking foreign students in the Montreal region is untenable, it is equivalent to the population of Granby or Drummondville.

M. St-Pierre Plamondon : It is.

Journaliste : Now we know the universities are still... from the effects of the CAQ's decision about tuition, and many of them are losing... enrollment is dropping. What do you have to say to them about this idea? I noticed you also said you don't want to act to the detriment of these universities, and you're also a McGill graduate, so I would... in there too. But do you... What do you have to say? Are you putting the anglophone universities in danger with your policy?

M. St-Pierre Plamondon : Not at all because we're changing the way universities will be financed. What changed under Philippe Couillard is that it became a race to how many foreign students you can attract. Because instead of making of pool of revenues and then redistributing to universities, it became that all the revenues that you can find with one more international student, you keep it for yourself.

So, just to give you an idea, the number of international students between 2005 and 2012 was between 25 000 and 35 000. And now we're up to 125 000. And that's because of that incentive. We're bringing it back to 50 000 while telling universities, English speaking or French-speaking : Your financing needs are now not related to how many foreign students you'll attract. It's no more a race about attracting the most... And in the case of English-speaking universities, they had the most increase in foreign students. But what really matters for universities is their level of financing, and that's why we'll sit down with them saying : From now on, it will not be connected with how many students, international students you attract, and there are costs that are under... under evaluated costs for each student. So, we'll do the math with each university saying : The intention here is to maintain a level of financing that is up to the objective of the universities. We are strong on... as you can read, but we had commitments about what proportion of the budget should be invested in research and development.

So, we'll sit down. Each university has a specific case. So, we need to be careful not to do identical measures for each university, and that will enable us to have a program that has thought of all those dimensions. But it would be harmful to English speaking universities if we would keep the same financing system. But we will change that system to something more similar to what we had prior to 2018.

Journaliste : I know you like to talk a lot about the century initiative, and which was... the argument was that we need a lot more population to make up for labor shortages in Canada. That was essentially the... you know, they wanted to add to the population. And you've... you've challenged this in the past. Last week, we saw the Trudeau Government reducing the number of immigrants that are... that they will allow in Canada. So, do you think the trend is the way you're going, towards fewer, fewer temporary and full-time immigrants? Do you think you're on the right side of the equation at this time, given that it was... this just happened last week in Ottawa, and now, you're doing it, you're proposing it if the PQ becomes a government?

M. St-Pierre Plamondon : It's the trend worldwide. I have to admit, I don't believe a single word in what Marc Miller and Justin Trudeau said. Remember that they said that lowering the immigration targets was «casser du sucre sur les immigrants». In the Roxham file, in the airport file, they were totally in bad faith. They associated the... They went with so many declarations such as newcomers in Canada will build their own house. Doesn't make sense. So, I don't trust their honesty for a second on that topic. They... It's not their intention, it's not what they've done over the past years.

Now, of course, for us, it's a different environment. Three years ago, almost three years ago, when we asked that Roxham be closed, the context was... especially from the federal Government, the context was very detrimental to the Parti Québecois. People said that we were this and that. We're no more in that environment. Yet, if you look at the figures, the impact on temporary workers from the federal program is so little. It's really not changing the situation of Québec. And, even on the permanent immigration, we are more or less in the targets of the Century Initiative, because they went overboard, they went way further than the Century Initiative, and then, they went further than their target. And so, when they reduce it, if you take the average, we are within the Century Initiative.

And that Century Initiative is wrong. It's based on the very stupid assumption that growing the GDP makes you richer. But, like, even a CEGEP student understands that growing the size of your economy has nothing to do with wealth. So, they can't be that stupid. They were intentioned, they had an intention. In the same way that saying that more immigration, higher immigration will solve the worker shortage, the evidence is worldwide, is constant, and it's the same case for Ontario and Québec, it's not true. And they knew. It's impossible that they're that stupid. They knew.

And I think they have a responsibility, they will have to give... be accountable, they will have to be accountable. Just as certain media said those lies so many times, I think it's misinforming the population. And it had such a tremendous impact on our society. I can't believe that we went through those lies for so many years. Good thing that we're not in that environment anymore. But do I trust them? Do I trust any word of what they say on that topic? The answer is no.

Le Modérateur : Cathy Senay, CBC.

Journaliste : I just would like to go back, Mr. St-Pierre Plamondon, to the the plan of the PQ for anglophone universities. So, if you look at... on page 80, the proportion of the total number of French students in anglophone universities, it's 29 % for McGill, 24 % for Concordia, the average is 23 %. Now, you want to bring down this number, this proportion to 20 %. The PQ has been protecting or has... has had the perpetration to protect anglophone institutions for years, and it started with René Lévesque. So, you give the signal to those anglophone institutions that you will target them with this new plan and the 20 % cap.

M. St-Pierre Plamondon : No. Themselves, they will want to reduce the percentage when there will be no financial incentive in bringing more and more students. When you see 29 % for McGill and 24 % for Concordia, it's to steep raise in comparison from 10 years ago. And the reason they did that is that they would get more money if they attract one more student. By the day, we say: It's no more a financial source of revenue. They will not want to keep it at 29 % and 24 %, because they will have no incentive to do so, but they will have the cost related to doing it.

So, what matters to me is the level of financing, is to sit down with them and say : How your global financing of your activities has evolved over the past ten years and where we should fix that level according to your needs, not according to a race to how many students from... internationally you attract. So, it's just putting the right incentives towards the mission of the institution. The mission is to educate and research. So, the conversation I will have with McGill, Concordia, Bishop and so on is : According to those objectives, educating and researching, what's your need? And we'll have a conversation on what matters.

What the Couillard government said... has done is just to transform that conversation into a race as to how many students from international... from abroad you can attract. And it's just the wrong incentive with the... it's just a disconnection between the policies and the objectives.

So, no, I don't think it's problematic at all if we understand that the way of financing universities will change and will go back to something more similar than what we had prior to 2018.

Journaliste : The number of permanent immigrants under a PQ government would be reduced, like, to... like enormously and the number of temporary immigrants as well. Perceptions are hard. They are really tenacious. How will you counter those perceptions that the PQ government would be anti-immigration?

M. St-Pierre Plamondon : We're not doing politics based on perception. We're doing politics based on the best public policy. So...

Journaliste : But how would you make sure that you're not like an anti-immigration government with those numbers?

M. St-Pierre Plamondon : Those numbers are those from the beginning of the 2000s when the French language was stable, and housing was stable, and services were stable.

So, if you take the stance of a Quebecker that is from first or second generation of immigration, they have the exact same incentive or interest in having systems that work and have it... having a social climate that works. We go through, in that document, what's happening right now in Europe, where the situation is very tensed because they were not wise enough to adjust their policy model in time. We think that, if we get back to a durable, to a sustainable model right away, everybody wins because you get back to something that works. If it works, people are happy, and it is in the interest of Quebeckers from... who are from first or second generation of immigration to have services, to have housing.

So, that's why it's very important for me to just say over and over that we're all Quebeckers and we basically have the same interests. What's at stake here is the federal imposing policies that are just pure nonsense based on an ideological... ideological fugazi, something that is just in orbit. And unfortunately, the cost for our society of those years of just telling lies to the population are very high. I don't tolerate that we have so many people that are homeless in Québec. It's not right. We shouldn't accept that health services, that education...

Take education. We have the equivalent of 52 schools right now just for hosting kids that have just emigrated, and of course we'll do it. But, in terms of capacity, in terms of people in the system, of course it has an impact. So, it's just the wrong policies.

And you'll hear from our discourse on a constant basis, we will target the policies and the people who are responsible for those policies. We will never target the people who, rightly so, think it's fun to live in Québec. Once they're Quebeckers, they're Quebeckers, and they have the exact same interest. They want services. They want something that works. They want a climate... social climate that is... has always had the reputation of being very easy going in Québec.

Journaliste : One last question on the resignation of the head of Québec's youth protection system, Mrs. Catherine Lemay. On Friday, Québec solidaire and Québec liberals were asking for her resignation. So, now that's done, how do you react?

M. St-Pierre Plamondon : It's in no way a guarantee that things will change. So, once you take note of that one person leaving office, are you before a change in the way the DPJ works? How many years have we been talking about reforms and making... So, there's... there's clearly a responsibility of that Government and that Ministry... Minister, sorry. So, it's too easy to... We've done... we've seen this in the health system as well. Something doesn't work in Côte-Nord? Fire someone. And sometimes, it might be justified, sometimes not. But, at the end of the day, the Government is responsible. And they cannot say anymore: Oh! It's the Liberals, we've just taken office. They've been there for a while, and it's incomprehensible that we're still in a situation where we read news about the DPJ and we're just: How can that still be the case?

Journaliste : For Lionel Carmant, there is a responsibility?

M. St-Pierre Plamondon : Clearly.

Le Modérateur : Merci à vous. C'est ce qui met fin à cette conférence de presse.

(Fin à 11 h 35)