(Onze heures vingt-trois minutes)
La Modératrice : Bonjour et
bienvenue à ce point de presse du député de Marquette et porte-parole de l'opposition
officielle en matière de saines habitudes de vie, Enrico Ciccone, ainsi que son
collègue porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé et député
de Pontiac, M. André Fortin. Aussi, ici présents, nous avons la
porte-parole de Parlons obésité, Mme Cynthia Falardeau, également du Dre Julie
St-Pierre et de Dr Yves Robitaille. La parole est à vous.
M. Ciccone :Alors, merci beaucoup. Vous avez... On vous a présenté nos
invités de marque, qui sont ici avec nous aujourd'hui. Et également j'aimerais
d'entrée de jeu remercier mon collègue, là, de Pontiac, qui est responsable de
la santé chez... au Parti libéral, qui me laisse énormément de place en matière
d'obésité. Pourquoi? Parce que, pour ceux qui me connaissent, là, vous savez
mon intérêt et mes combats pour la santé de nos jeunes et des moins jeunes et
notamment leur protection aussi. Quand... On est ici aujourd'hui parce que,
quand on est interpellé comme législateur par des spécialistes de la santé, en
l'occurrence ici en matière d'obésité, puis qu'ils nous disent que...
aimeraient aller plus loin avec les soins, mais ils n'ont pas tous les outils
nécessaires pour faire leur travail, alors, on se doit d'écouter. On se doit
également de répondre à l'appel. Quand on lève un drapeau rouge au niveau des
spécialistes, notamment ici au Québec, on n'a pas le choix d'être présents.
Je vous rappelle, depuis 2019, les
interventions que nous avons faites en matière d'obésité. Le 30 octobre
2019, nous avons présenté une motion pour faire reconnaître l'obésité en
étant... comme étant une maladie, qui a été refusée par la CAQ. Le 8 juin
2023, questions au ministre en matière également d'obésité chez les jeunes
Québécoises et Québécois. Alors, on est revenus à la charge par la suite,
conjointement avec la présentation d'une motion, qui demande au gouvernement la
mise en place d'une politique claire de prévention et de prise en charge des
gens souffrant d'obésité. Et je n'ai pas besoin de vous dire comment elle a été
reçue du côté de la CAQ, on le sait tous. Le 8 décembre 2023, questions au
ministre également concernant la hausse marquée aussi, encore une fois, d'obésité
chez les jeunes Québécoises et Québécois. Mais malgré toutes les interventions
dans ce dossier, le gouvernement n'a toujours pas mis en place des mesures
concrètes.
Il est important également de mentionner
qu'il y a des jeunes comme des adultes qui, malgré leurs efforts pour améliorer
leurs habitudes de vie et favoriser un poids santé, n'y arrivent tout
simplement pas.
Avant de passer la parole aux invités, je veux
juste rappeler qu'il y a près d'un Québécois sur trois qui vit avec l'obésité.
En 1997, l'OMS reconnaît l'obésité comme une maladie chronique, et l'obésité
est une maladie grave et évolutive qui est associée à plusieurs complications,
dont la maladie cardiovasculaire, l'hypertension artérielle et le diabète. Et
ce qui est ironique, en terminant, dans tout ça, c'est que le Québec demeure la
seule province canadienne qui ne reconnaît pas l'obésité comme étant une
maladie et qui n'évalue pas également les médicaments contre l'obésité. Alors,
la question est : Pourquoi? Et, sur ce, je passe la parole à
Mme Falardeau de Parlons obésité.
Mme Falardeau (Cynthia) : Bonjour.
Alors, Cynthia Falardeau. Je suis, oui, porte-parole de Parlons obésité, qui
est un comité, en fait, qui rassemble les gens afin de venir à la défense des
droits des patients. Je souhaite être ici aujourd'hui pour avoir... en fait,
permettre d'avoir la chance aux autres de vivre ce que moi j'ai vécu, d'avoir
accès aux médicaments, d'avoir accès à cette perte de poids là afin d'éviter
d'avoir les maladies associées à l'obésité.
Donc, aujourd'hui sera mise en ligne une
pétition afin de reconnaître l'obésité en tant que maladie chronique, mais
aussi d'avoir la chance pour les patients de vivre la même expérience que moi
et d'avoir accès aux médicaments qui pourront, je le souhaite, sauver peut-être
des vies, mais avoir aussi une meilleure qualité de vie. Alors, je souhaite que
le gouvernement considère cette demande.
Mme St-Pierre (Julie) : Alors,
je suis ici aujourd'hui à titre de médecin spécialiste, mais aussi à titre de
professeur-chercheur depuis 20 ans en obésité. J'ai décidé de me présenter
à l'Assemblée nationale pour défendre, bien entendu, les patients d'abord et
avant tout face à une maladie, une maladie que le Québec ne reconnaît pas et
qui est codifiée par toutes les plus grandes sociétés savantes à travers le
monde. Malgré de multiples représentations auprès du cabinet du ministre Dubé,
auprès de ces élus de la CAQ, malheureusement, force est de constater qu'ils ne
souhaitent pas nous écouter. Je suis extrêmement déçue, au nom de tous les
spécialistes du Québec, de voir que M. Dubé, le ministre de la Santé,
refuse de considérer cette maladie chronique qui cause des milliards de dollars
en soins de santé au Québec, refuser qu'elle soit reconnue et prévenue avant
d'en arriver aux complications graves.
M. Robitaille (Yves) : Bien,
merci beaucoup, Dre St-Pierre. Je vais marcher un peu dans vos pas. Alors que
l'obésité est maintenant une maladie... est reconnue comme une maladie
chronique par la majorité des sociétés savantes, par l'OMS, on doit cesser de
faire la sourde oreille à ce fait-là. L'obésité est une maladie, et, comme
toutes les maladies, on doit avoir comme soignants, comme professionnels de la
santé, l'opportunité de prendre en charge ces maladies-là d'une façon globale
et complète, ce qui comprend modification des habitudes de vie, certes, mais
c'est souvent insuffisant. Et on a maintenant de disponible de la médication qui
permet de pallier un trou entre la prise en charge des habitudes de vie et la
chirurgie bariatrique et pourra même éventuellement remplacer la chirurgie
bariatrique.
Alors, on a besoin d'un accès à cette
médication-là. Et, à mon sens à moi, que la législation prévoit que les
traitements de l'obésité sont exclus de toute discussion, toute analyse, c'est
un non-sens dans une société moderne, qui vit dans un monde moderne. On est
rendu en 2024. On n'est plus en 2015. On n'est plus en 2050... pas... en 1915, en
1950. Je suis désolé. Il est temps qu'on se mette au jour et qu'on reconnaisse
qu'une maladie chronique doit être traitée avec les meilleurs outils possibles.
Merci.
M. Ciccone :Merci beaucoup. J'aimerais juste... Je vais faire mon rôle
de poser des questions. Bien, j'aimerais entendre la Dre St-Pierre, justement,
sur 1 $ investi au Québec sur l'obésité, qu'est-ce que ça rapporte à notre
société?
Mme St-Pierre (Julie) : Depuis
2019, l'OCDE et l'Organisation mondiale de la santé ont eu une grande rencontre
à Paris, où est-ce qu'ils ont été capables de mettre en lumière que chaque
dollar qu'on investit dans la prévention de l'obésité rapporte 6 $ en cinq
ans. C'est 26 milliards de dollars au Canada avec une grande part qui
revient au Québec : moins d'emplois, moins d'assurance, plus d'absentéisme
au travail, plus de complications cardiovasculaires, hypertension, maladies du
cholestérol, AVC, diabète, et 15 cancers associés. Donc, si ce n'est pas
une maladie qui a des conséquences graves d'un point de vue économique au
Québec, je me demande bien, à ce moment-là, qu'est ce qu'on fait ici.
M. Ciccone :Merci beaucoup, Dre St-Pierre. Et en terminant,
Mme Falardeau vous a mentionné qu'elle a... qu'elle est l'autrice d'une
pétition que je vais fièrement parrainer. Elle est présentement sur le site de
l'Assemblée nationale. Et je terminerai en vous la lisant :
«Attendu que le nombre de personnes
adultes atteintes d'obésité au Québec correspond à 28,6 % de la
population. Attendu également que l'Organisation mondiale de la santé définit
l'obésité comme une maladie chronique complexe, se caractérisant par une
adiposité excessive qui peut altérer la santé des individus.
«Attendu que l'obésité est associée à un
excédent important d'utilisation de services de santé et conséquemment engendre
des coûts supplémentaires majeurs qui peuvent être évités.
«Attendu que chaque réduction de 1 %
de la prévalence de l'obésité entraînerait des gains fiscaux nets de
229,7 millions de dollars chaque année au Canada. Attendu qu'il
existe maintenant des solutions médicamenteuses permettant la prise en charge
de l'obésité.»
Et l'intervention réclamée se résume
ainsi : Nous, soussignés, nous demandons au gouvernement du Québec de
reconnaître l'obésité comme étant une maladie chronique et de rendre accessible
la médication permettant de mieux contrôler cette maladie.
Alors, j'invite les citoyens à signer
cette pétition. Alors, c'est ce qui met un terme à la conférence de presse.
Merci beaucoup.
(Fin à 11 h 33)