To use the Calendar, Javascript must be activated in your browser.
For more information

Home > News and Press Room > Press Conferences and Scrums > Point de presse de M. Vincent Marissal, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de santé, et Mme Ruba Ghazal, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’éducation

Advanced search in the News and Press Room section

Start date must precede end date.

Point de presse de M. Vincent Marissal, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de santé, et Mme Ruba Ghazal, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’éducation

Version finale

Wednesday, October 23, 2024, 8 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Huit heures trois minutes)

Mme Ghazal : Bonjour, bonjour, tout le monde. Bonjour, tout le monde. Donc, heureuse d'être ici avec vous et avec mon collègue, Vincent.

Hier, à l'Assemblée nationale, on a adopté une motion à l'unanimité demandant à ce qu'on protège le principe de la laïcité et qu'on le promeuve dans les écoles. Si on veut être cohérent avec cette idée-là de laïcité, avec ce principe-là, normalement, on devrait ne financer aucune école privée confessionnelle avec de l'argent public. En ce moment, il faut savoir qu'on donne plus de 200 millions de dollars par année à des écoles, une cinquantaine d'écoles confessionnelles. Donc, par souci de cohérence, on devrait arrêter de le faire. Moi, c'est pour ça qu'hier j'ai envoyé à la Commission de la culture et de l'éducation une demande de mandat d'initiative pour que nous, ici, les législateurs, on écoute les experts pour discuter de cette question-là sur les écoles privées, confessionnelles, qu'on finance avec de l'argent public. Et j'espère que ça va être accepté puis qu'on va pouvoir le faire.

Et, ce matin, je vais déposer une motion pour aussi évaluer la possibilité d'étudier la question. Moi, j'ai bien entendu M. Bernard Drainville à Tout le monde en parle en fin de semaine, quand il s'est fait poser la question sur le plateau, il avait dit, par rapport au financement des écoles privées confessionnelles : Est-ce que ça va continuer toujours comme ça? J'ai entendu un iota d'ouverture où il a dit : Bien, peut-être qu'un jour ça arrêterait. Ce n'était pas un engagement, mais c'était quand même une ouverture. Donc, je lui demande, à lui et à son gouvernement, de faire preuve de la même ouverture et d'adopter, d'accepter la motion où on ne dit pas qu'il faut arrêter de financer les écoles privées confessionnelles, ce qui est la position de Québec solidaire, mais simplement d'étudier la possibilité.

MM. Roberge et Drainville, hier, ils ont dit qu'ils allaient regarder toutes les mesures possibles à prendre pour s'assurer de la laïcité dans les écoles. Bien, j'aimerais ça qu'ils mettent, dans toutes les mesures qu'ils vont étudier, celle-là, d'arrêter de financer les écoles privées confessionnelles. Voilà. Merci.

M. Marissal : Bonjour. Rapidement, vous avez vu probablement, ce matin, la sortie de la Fédération des médecins spécialistes du Québec qui sonne l'alarme. Je ne sais pas si ça devrait me conforter de voir qu'il y a des gens qui pensent comme nous ou m'inquiéter, parce que là, les médecins disent exactement la même chose qu'on dit : On est en train de vider nos salles d'opération au public, qu'on a payées avec notre argent, pour envoyer le personnel dans les cliniques privées qui ne font pas assez de volume, ce qui fait qu'on a le pire des deux mondes. Les listes d'attente continuent de s'allonger, les gens ne se font pas soigner, les gens souffrent. Et, pendant ce temps-là, nos salles d'opération fonctionnent parfois à 50, parfois à 60 %. C'est le pire des deux mondes. Le privé, là, c'est un piège à contribuables, on paie deux fois. On paie de nos impôts, après ça, on paie pour aller au privé, puis on va payer plus cher avec l'idée de M. Dubé avec les CMS. M. Dubé est en train de faire, avec les cliniques privées, ce que les gouvernements précédents ont fait avec les agences de placement. Il s'est mis le doigt dedans, rendu au coude. Avant longtemps, on va y passer au complet, on ne sera pas capable de reculer. Alors, moi, je dis à M. Dubé : Vous avez un mandat, c'est de protéger la population, c'est de soigner la population, pas de faire des deals avec le privé. Alors, je lui demande de reculer là-dessus.

Journaliste : ...les optométristes vont quitter la RAMQ pour s'en aller au privé.

M. Marissal : Oui, là, il faut faire attention parce qu'il y a une grosse négo en ce moment entre les optométristes et le gouvernement. Je ne suis pas à la table de négo puis je ne négocie ni pour l'un ni pour l'autre, mais je veux que le gouvernement protège la population. Il faut de toute façon qu'on ait une entente avec les optométristes. Les gens ont des yeux, les gens ont besoin de se faire soigner les yeux. C'est la responsabilité du gouvernement d'arriver avec une entente.

Là, vous avez remarqué, en plus, ce matin, il s'est passé quelque chose que moi aussi, je craignais puis qu'on devrait tous craindre. Santé Québec, là, n'existe pas encore légalement. Santé Québec doit commencer ses activités le 1er décembre. Pourtant, dès hier, on a dirigé des journalistes vers Santé Québec, et c'est Santé Québec qui répond à la place de ministre. Santé Québec n'est même pas encore en fonction, c'est le 1er décembre. Ça fait que ça n'a pas été long que M. Dubé a pris ses gros problèmes, là, puis il les a envoyés chez Santé Québec, puis il a dit : Arrange-toi avec ça.

Alors, où est-ce qu'elle est, la responsabilité ministérielle? Santé Québec n'est pas encore en fonction. Le ministre existe toujours. Je veux bien qu'il ne se lève pas, là, en Chambre si je pose des questions sur la pauvreté des enfants à Montréal, mais là il ne se lèvera plus sur rien, puis il va envoyer ça à Santé Québec? C'est ce qu'on craignait. Puis Santé Québec n'existe pas encore, puis ça arrive déjà.

Alors, moi, je suis pas mal inquiet. Quant aux optométristes, il y a une négo, il faut qu'on règle ça, et là il y a de la négo et il y a du tirage évidemment.

Journaliste : C'est quoi, la solution... de la chirurgie? C'est de...

M. Marissal : On a autour de 500 plateaux opératoires au Québec. Il y en a la moitié qui fonctionne à moitié. Moi, je dirais logiquement, là, puis M. Dubé, c'est un comptable, là, c'est mathématique, c'est ce que la FMSQ dit aussi, c'est mathématique : il faut faire du volume. Le volume, il doit se faire dans nos salles d'opération. Nos salles d'opération ont besoin de personnel. On y revient encore. Là, M. Dubé, il a fait un pacte avec le privé en disant : Tu vas me faire les plus urgents, là, ceux qui attendent depuis deux ans, trois ans. Et tant mieux pour ces gens-là, mais le privé ne sera jamais capable de faire le volume, sauf que le privé vient nous shipper notre personnel. C'est des vases communicants. Si vous ouvrez une clinique privée en face du CHUQ, là, il y a quasiment un corridor souterrain, là, qui passe, là, vous perdez du monde au CHUQ qui s'en vont à la clinique privée. C'est mathématique.

Alors, si M. Dubé n'en veut plus, d'hôpitaux publics, si M. Dubé n'en veut plus, de salles d'opération, bien, qu'il le dise, là, qu'il mette tous ses yeux dans... «tous ses yeux», tous ses oeufs dans le privé puis qu'il nous le dise honnêtement, parce que, là, il est sur les deux tableaux en même temps puis on a le pire des deux mondes.

Journaliste : Comment vous expliquez la position du gouvernement sur les écoles confessionnelles. Vous dites avoir entendu de l'ouverture de la part de M. Drainville.

Mme Ghazal : Bien, tu sais, moi, je sais que, si moi, je lui posais la question, il me dirait que je veux éliminer toutes les écoles privées du Québec, là. Mais, à Tout le monde en parle, il a... je ne sais pas, j'ai senti... où il se faisait vraiment poser des questions. Je pense qu'à l'intérieur de lui, il voit que c'est incohérent. Je veux dire, c'est logique, on dit que, dans une société laïque, on ne peut pas... ce n'est pas à l'état, ce n'est pas sa responsabilité d'enseigner des cours de religion. Mais là il y a une cinquantaine d'écoles, là, de toutes les confessions possibles qui enseignent la religion, qui font des prières, qui... en fait, je... toutes les valeurs, là, de la religion de cette école-là qui sont enseignées à des élèves. Et ces écoles-là ont le droit d'exister, là. Mais le problème, c'est qu'elles reçoivent à plus... 60 % et plus du financement public.

Donc, je pense qu'à l'intérieur de lui, M. Drainville voit que c'est incohérent. Il y a une position de son gouvernement à l'effet de continuer le statu quo pour toutes sortes de raisons. Moi, je ne suis même pas en train de lui demander ce matin de changer d'idée, je ne suis même pas en train de lui demander ce matin de prendre la décision puis de dire : On va arrêter de financer l'école, les écoles privées confessionnelles par souci de cohérence, je lui demande seulement dans la... vous allez voir, là, la motion, là, comment elle est écrite, je lui demande seulement de dire : Je vais... On va étudier la possibilité, on va mettre ça dans la liste des solutions possibles à étudier.

Journaliste : S'il le sentait tant que ça, que c'est incohérent, il aurait probablement déjà agi. Il a déjà refusé une de vos demandes en ce sens-là. Comment vous expliquez ça?

Mme Ghazal : Bien, il doit avoir... Écoutez, je ne sais pas. Je ne suis pas dans sa tête, je ne suis pas dans les discussions à l'intérieur de son caucus ou du Conseil des ministres. Et je ne lui demande même pas de tout me révéler ça puis de nous le dire publiquement, simplement d'envisager la possibilité. Il va y avoir plusieurs choses qui vont être étudiées, plusieurs pierres qui vont être tournées pour voir comment est-ce qu'on s'assure que la laïcité soit appliquée dans nos écoles. Ça en fait partie.

Journaliste : Est-ce qu'il y a assez de surveillance dans ces écoles-là pour voir si les enfants reçoivent l'éducation appropriée, donc qui suivent le cursus scolaire, qui mériteraient qu'on puisse donner des subventions gouvernementales?

Mme Ghazal : Bien, visiblement, non. Parce que, pour les écoles, là, on parlait de l'école Bedford, qui est une école primaire où ça a pris sept ans avant d'agir, mais dans les écoles privées, il y a des écoles privées confessionnelles qui ne respectent pas le programme pédagogique. Et c'est arrivé à plusieurs fois. Il y a la commission, là, qui étudie est-ce qu'on donne une subvention ou pas, qui regarde si ces écoles-là méritent leur subvention. Il y a beaucoup de manquements souvent. Il y a des recommandations qui sont mises en place. Est-ce que tout ça est bien suivi? Ce n'est pas clair. Même le financement. C'est-à-dire que le montant d'argent public qui est mis dans les écoles privées confessionnelles n'est pas vraiment connu. Moi, je me suis basé sur une étude récente de l'IRIS cette année qui dit que c'est 204 millions, mais il y a eu une étude ou une évaluation qui a été faite il y a quelques années, en 2021 par Radio-Canada, c'était 121 millions. Qui dit vrai? J'ai déjà posé la question aux crédits il y a deux ans à M. Drainville et il m'a dit : On ne le sait pas. On sait combien on donne pour les écoles privées de façon générale, dans le pot des écoles privées, c'est plus de 700 millions de dollars. Il y a une partie pour les écoles privées confessionnelles. Et sa réponse a été : On ne le sait pas, on ne tient pas de registre. Mais moi, je lui demande au moins de commencer à regarder ça.

Journaliste : ...des écoles de ce type là, parce que je donne l'exemple de Québec, par exemple, Saint-Charles-Garnier, c'était les Jésuites. Bon, il n'y a plus vraiment de religion dans cette école-là, mais c'est encore associé aux Jésuites, là. C'est la même chose pour le séminaire Saint-François, c'était le père Boulé qui a monté ça, c'était un prêtre. Bon, c'était... il n'y a plus vraiment de religion dans cette école-là, mais c'est encore associé au père Boulé. Donc, est-ce qu'on enlève ces subventions à ces écoles-là? Comment on trace la ligne?

Mme Ghazal : Bien là, il y a toute la question par rapport au financement des écoles privées, mais pour ce qui est des écoles privées confessionnelles, il y en a une cinquantaine qui enseigne, qui donne des cours, qui prient.

Journaliste : ...à Saint-Charles-Garnier, ils peuvent prier, il y a des cours de religion au SSF encore, ce n'est pas juste le cours de morale, c'est une école privée.

Mme Ghazal : Bien, justement, ce serait le genre de question qu'on pourrait étudier aussi dans le... dans le mandat d'initiative. On aurait des experts qui nous diraient, par exemple, où on trace la ligne, etc. Ce serait des choses qu'on pourrait regarder puis étudier. En ce moment, il y a une liste qui existe, là, où on les définit comme confessionnelles comme elles, elles se définissent comme telles, comme l'école Loyola aussi, qui est allée... qui est même en cour, jusqu'en Cour suprême en ce moment, ou, en tout cas, qui est en cour, parce qu'elle conteste le fait de donner le cours de CCQ, le nouveau cours, là, Citoyenneté, culture québécoise. Donc, elle conteste ça, là. C'était ça, à Bedford, là, les 11 enseignants qui refusaient de donner des cours à la sexualité et CCQ. Bien, cette école-là, qu'on finance par des millions, refuse de suivre le programme pédagogique.

Journaliste : Comment vous avez réagi, vous, à toute cette histoire-là? Justement, en... par le fait que vous êtes originaire du Liban, etc. Comment, personnellement, avez vous réagi quand vous avez appris, justement, toute cette histoire, les 11 professeurs qui ont pris le contrôle d'une école, qui ont essayé de faire du prosélytisme auprès des... bien, qui n'ont pas essayé, qui ont réussi, pendant sept ans, là, à faire du prosélytisme, etc.? Sur le plan personnel, qu'est ce que ça a suscité chez vous?

Mme Ghazal : Extrêmement choquée qu'on n'ait pas protégé ces enfants-là. Vous savez, on parle beaucoup du tronc commun. Quand on vit en société, ici, c'est le modèle interculturaliste, c'est-à-dire que chez nous, à la maison, on peut avoir une langue, on peut avoir une religion, une culture, mais comment est-ce qu'on s'intègre au tronc commun, là, qui est la langue, la culture, les valeurs du Québec? Il n'y a aucun endroit de mieux pour s'intégrer au Québec pour ces enfants-là que l'école. Moi, c'est comme ça que je suis devenue Québécoise. Je dis souvent que je n'ai pas juste appris le français, la grammaire, et tout ça, j'ai aussi appris la culture et à devenir québécoise et aujourd'hui à être une représentante du peuple québécois à l'Assemblée nationale, et ça, ça se fait à l'école. Donc, qu'on n'ait pas permis à ces enfants-là d'avoir accès à une éducation de qualité, parce qu'il y a ça aussi, il n'y a pas juste la question de la religion, toutes les formations, là, les cours et aussi la culture québécoise, moi, ça me choque horriblement. J'ai envie de savoir qu'est-ce que ces enfants-là ont appris de la société québécoise?

Journaliste : Mais pourquoi l'intégration chez vous s'est faite de façon admirable et chez d'autres personnes, bien, ils ne semblent pas vouloir même s'intégrer à la société québécoise?

Mme Ghazal : Mais de façon très, très, très générale, là, mais genre largement, là, la majorité, il y a une intégration. Je veux dire, il y a une intégration au Québec qui est réussie...

Une voix : ...

Mme Ghazal : Il faut arrêter de penser que des histoires comme la mienne, c'est des anecdotes, puis on est peu. Ça, il faut être déconnecté du Québec moderne puis vivre dans ses fantasmes d'un Québec passé, comme M. Legault le fait souvent, de penser que les immigrants ne s'intègrent pas. Ce n'est pas vrai. Ce n'est pas la réalité du terrain.

Après ça, il y a des pommes pourries, absolument, il y a des pommes pourries. Sur l'histoire de l'école Bedford, il y a plusieurs, plusieurs couches. Il y a Mme Rachida Azdouz qui en parle de façon admirable, où est-ce qu'elle dit : Oui, il y a l'aspect religieux. Il y a l'aspect aussi de méthodes rétrogrades. Tu sais, on peut ne pas avoir de religion puis penser que la meilleure éducation, c'est un enseignement... en enseignant devant un tableau noir, puis les élèves, c'est silence, puis ils ne peuvent pas interagir. Ça aussi, c'est une méthode d'enseignant... d'enseignement qui n'a pas rapport avec la religion, mais qui est rétrograde et qui peut aussi être enseignée. Donc, il y a aussi un aspect administratif, il y a l'aspect du droit de gérance. Donc il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de couches à ce cas-là. Et c'est des pommes pourries.

Journaliste : ...il y a beaucoup la notion de ghetto, là. Vous, on... Les Québécois parlent que les gens veulent venir ici puis implanter leur façon de vivre. Est-ce que ça... Ce n'est pas ça que vous pensez, là.

Mme Ghazal : Au Québec, là, on n'est pas en France. Au Québec, il n'y a pas de ghetto. Est-ce qu'il y a, par exemple, des quartiers où est-ce qu'il y a une majorité d'une culture ou d'une autre? Absolument. Puis, souvent, dans ces quartiers-là, il y a des...

Journaliste : ...il y a une école puis il y a environ une douzaine de mosquées autour d'une école. Donc, il s'est créé une espèce de...

Une voix : Il y a un microcosme.

Mme Ghazal : Bien, c'est pour ça qu'il va falloir...

Journaliste : C'est pour ça, c'est autour de cette école-là. Donc, tu sais, c'est... Peut-être que le mot ghetto est trop fort, mais il y a clairement des secteurs à Montréal où les gens vivent un peu renfermés. On le voit aussi avec les...

Mme Ghazal : Et c'est pour ça qu'il va falloir, comme le disait Gabriel hier, faire un post-mortem pour savoir qu'est-ce qui s'est passé, qu'est-ce qui a manqué. Comment ça se fait qu'il y a, par exemple, un centre qui...

Journaliste : ...

Mme Ghazal : Non. Moi, ce n'est pas ça que je vois. Est-ce qu'il y a des... Moi, tu sais, je veux dire, quand je suis arrivée au Québec, on est allés dans le petit Liban. C'est le quartier de... C'est exactement là, là. Mais moi, je suis plus vieille que lui. Ça fait que ça fait quelques années. Donc, c'était normal, on venait d'arriver, on voulait avoir nos références. Ça fait qu'on est allés dans le petit Liban où il y a des Palestiniens, des gens du Moyen-Orient. Ça, c'est dans ville Saint-Laurent. Ça fait que c'est là qu'on a été pendant quelques années. Puis après ça, bien, plus tard, on est allés... On a fait un peu le processus habituel. Mes parents sont à Laval encore aujourd'hui. Il y a une communauté plus grande de gens issus de la communauté palestinienne, libanaise, irakienne, etc. Et on avait aussi des amis italiens, tout ça. Donc, est-ce que c'est un ghetto? Non, je veux dire, ce n'est pas dans un ghetto dans le sens négatif et dans ce qu'on vit en France. On n'est pas... Il faut arrêter de vivre avec... de prendre nos fantasmes pour des réalités et descendre dans la rue puis aller dans ces quartiers-là.

Journaliste : ...vous êtes ici puis ça n'a pas changé.

Mme Ghazal : Il y a eu une évolution de la société, mais c'est le Québec moderne. Il ne faut pas... Je veux dire, il y a des changements. Puis c'est pour ça qu'il faut faire les choses... Il faut s'assurer que l'école soit un lieu d'intégration, peu importe d'où sont nés les petits Québécois, les petites Québécoises. C'est parce qu'ils soient nés ou qu'ils ne soient pas nés au Québec, c'est des petits Québécois et des petites Québécoises sans aucune distinction.

Journaliste : Et quand vous entendez M. St-Pierre Plamondon dire que ça prend plus de mixité dans les écoles, qu'est-ce que ça suscite chez vous?

Mme Ghazal : Bien, moi, depuis que je porte le dossier éducation, depuis 2022, je parle de la mixité scolaire tous les jours, tout le temps. Dans notre école... Dans notre école à trois vitesses, il y a une ségrégation scolaire qui a été faite. Et malheureusement le gouvernement de la CAQ, lui, ne reconnaît pas ça. Lui-même, M. Legault, a démontré une ouverture par rapport à... jeunesse qui veut une école à 100 vitesses, où est-ce qu'on sépare tous les élèves en silos selon leurs intérêts, selon leurs forces, etc. Il existe dans notre école publique, aujourd'hui, dans nos... dans notre système d'éducation, une ségrégation par rapport aux élèves qui sont plus forts ou dont les parents sont plus riches et peuvent les envoyer dans les écoles privées. Ça fait en sorte qu'il y a un écrémage dans les écoles publiques qui est fait, où est-ce qu'il y a des enfants d'une certaine catégorie socioéconomique qui s'en vont dans les écoles privées. Ou même dans les écoles publiques elles-mêmes, il y a des élèves qui vont dans des projets particuliers qui sont beaucoup plus forts, qui restent avec des élèves plus forts. Les élèves avec plus de difficultés, bien, ça....

Journaliste : ...ils parlent de mixité.

Mme Ghazal : ...sociale.

Journaliste : Ils sont plus Québécois, là. Culturelle, plus de Québécois, là. Pour employer le mauvais terme, les «de souche». Mais qui est de souche, là?

Mme Ghazal : Bien, posez-lui la question. Moi, je...

Journaliste : ...êtes-vous d'accord avec ça? Ou bien vous trouvez que...

Mme Ghazal : Bien, c'est une mixité. Il y a une mixité socioéconomique, une mixité aussi de diversité, de culture, etc. Ça, c'est très, très important puis c'est... pour l'intégration. Après ça, la façon qu'on fonctionne dans les quartiers, je veux dire... Moi, j'aimerais ça savoir qu'est-ce qu'il propose exactement. Je ne comprends pas très bien qu'est-ce qu'il dit. Est-ce qu'on... Je veux dire, l'école Bedford, c'est un quartier... c'est une école avec un bassin. Le bassin, dans l'école, il y a...

Journaliste : ...en fonction de l'origine ethnique?

Mme Ghazal : Bien non, c'est une mixité sociale, absolument. La mixité scolaire est importante en fonction sociale.

Journaliste : ...les origines ethniques des gens, il dit... il laisse entendre que trop de personnes qui ne sont pas nées au Québec, ça peut avoir un effet néfaste sur les écoles...

Mme Ghazal : Moi, j'inviterais M. St-Pierre Plamondon à aller visiter les écoles avec moi. Moi, je suis en train de faire une journée des écoles partout au Québec et à Montréal. Puis ça me ferait plaisir qu'on aille parler avec les gens qui travaillent dans ces écoles-là.

Journaliste : En lien un peu avec ça, Sherbrooke a vraiment un problème au niveau de la francisation, des cours de francisation, là. Le ministre dit : On doit gérer les budgets. On n'a pas de somme supplémentaire. Ça, ça n'aide pas là. 

Mme Ghazal : Moi, ce que j'aimerais, c'est que le gouvernement de la CAQ, M. Roberge, par rapport à la question de la francisation, qu'il s'assume puis qu'il dise : Nous sommes en train de faire de l'austérité. Nous sommes en train de faire des coupes budgétaires. Et ça, ça veut dire qu'il va avoir une réduction des services, notamment, en francisation pour les gens qui viennent ici, au Québec, et qui veulent apprendre le français, qui sont sur des listes d'attente et à qui on ferme la porte.

Donc, si, au moins, il s'assumait au lieu d'aller avec des faux-fuyants en disant que non, non, non, on a augmenté les budgets, tout va bien, la réalité du terrain, c'est qu'on est en train d'empêcher des gens qui veulent se franciser à apprendre le français. Ce n'est pas très, très fort pour des gens qui veulent défendre le français au Québec.

Journaliste : On this topic, actually, we've had media reports, stories, for weeks now, about those cuts in francisation classes. The Minister, Minister Roberge said that it's financial reasons. I mean, do you understand what's happening?

Mme Ghazal : It's incoherent to... for the Government of the CAQ to say that they want to protect the French language. They want that everybody speaks French in the workplace, etc., and, at the same time, they are cutting the courses, French courses for people who come from outside and who want to integrate, in Québec, in French and to learn French. There's an incoherence. I invite Mr. Roberge to say that he's closing the courses, and he doesn't want people to get French courses and to assume his decision, which is a very, very bad decision, and we don't agree with that.

Journaliste : What can be the impact? We saw like a story in Le Devoir this morning. It has like emotional impacts for even teachers, for people that were following classes or wanted to follow classes.

Mme Ghazal : Absolutely. We are closing these courses for these people, and it has an impact also on «les centres de services scolaires», it has impact on the teachers. It has an impact on the teachers. And this is incoherent for a society that said that we want to... The French language, we care about it, and we want to protect it. The very good way to protect it is to permit to these people who come from outside, who want to learn the French language, who want to integrate in the Quebeckers society, it's a good... a bad decision to close that door for them, and this is what Mr. Roberge is doing. And I invite him to open the courses and to permit to these people to learn French, because if not, what we are going to do, they will not learn French and we are continuing to reduce the French-speaking people in Québec.

Journaliste : What do you make of the PQ leader? There was a poster in a library in Merci, Hochelaga-Maisonneuve, of a little girl wearing a hijab. And the PQ leader said, you know, this is a religious kind of invasion. Now, the Canadian Muslim Forum is pushing back on that, saying, you know... What do you make of this situation?

Mme Ghazal : Well, you know, like for me, personally, to see a very small girl wearing hijab like I have... Comment on dit «un malaise»?

Journaliste : A discomfort.

Mme Ghazal : Yes, I have a discomfort on that. But I want to ask M. St-Pierre Plamondon, what is his solution. Like here, we are legislators, so we do law. We don't micromanage every single decision taken by people working, for example, in this library. So, I want to ask him what is his solution about that. He wants to forbid all these posters. Is it our role to do that?

Journaliste : The library says... says that, you know, this is representative of the community. We do have Muslim people who come here and that might be wearing a hijab... to that response?

Mme Ghazal : Well, this is, like, their decision. As I said, like, me, personally, I have a discomfort to see a so little girl wearing this hijab, because surely it's not her own decision, she's not an adult, but at the same time, like, is it our... my role or our role, as legislator, to tell the library and the people working at the library what to do and to micromanage them? I would like Mr. Paul St-Pierre Plamondon to say what is his solution when he's pointing this situation?

Journaliste : Just to be clear, your discomfort stems mostly from the age of the girl pictured, essentially.

Mme Ghazal : Yes, the age of this person wearing a hijab, like, you know... yes, yes.

Journaliste : Do you think the use of, you know, not extremism, that's not the word that you used, but religious invasion to show that in the poster?

Mme Ghazal : Absolutely not. This is not the situation in Québec. There's no Islamist or religious invasion in Québec. This is the connected of the reality of what we're living in Québec.

Journaliste : Just on the PQ's assertions that there isn't enough social diversity and not enough ethnic diversity in Québec schools, is this something you agree with, or is it more an issue of, as you said, the three tiered system.

Mme Ghazal : All the children and who are studying in our schools in Québec are Quebeckers. They... If they are born in Québec or not, they are all Quebeckers. Now, what's important is to have mixity, social... socioeconomical mixity — we say that? — «mixité socioéconomique» in our schools, and this is... we need to fight against the three speeds school. And this is what... we have proposals in Québec about that... in Québec solidaire about that. It's not about an ethnic thing. It's about to have all children to learn together in our schools. Thank you.

(Fin à 8 h 28)

Participants


Document(s) Related