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Point de presse de M. Pascal Paradis, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de sécurité publique

Version finale

Thursday, October 10, 2024, 13 h 50

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures cinquante-quatre minutes)

M. Paradis : Bonjour. Merci de votre présence. Alors, ce matin, le Parti québécois a demandé un mandat d'initiative à la Commission des institutions. Nous sommes, comme beaucoup de Québécoises et Québécois, très préoccupés par l'aggravation du phénomène des gangs de rue et par le recrutement notamment des jeunes. Encore aujourd'hui, encore hier, il y avait des incidents très graves de criminalité qui impliquent des jeunes qui ont été rapportés.

Et ce matin, Paul St-Pierre Plamondon a posé la question en Chambre au premier ministre sur l'importance de tenir cette commission parlementaire, d'avoir ce débat pour notamment disposer des bonnes données, poser les bons constats et déterminer quelles sont les meilleures solutions. Et le premier ministre a parlé notamment d'effectifs policiers, parce que c'est important. Il y a la partie prévention. Il y a la partie aussi répression, lutte à la criminalité. Et les chiffres sont importants, et la vérité a son importance. Et ce que nous a dit le premier ministre ce matin n'est pas la vérité.

Nous avons parlé tout à l'heure à Yves Francoeur, qui est le président de la Fraternité des policiers et policières de la ville de Montréal, parce qu'on veut en avoir le cœur net. On nous dit : Il y a 1 100 policiers qui ont été ajoutés par la CAQ dans les dernières années. Or, ce n'est pas vrai. Ça, c'est le nombre de personnes qui passent par l'école de police, et donc ça ne traduit pas nécessairement le nombre de policiers dans les rues. Il y a des variations, notamment, compte tenu du nombre de retraites, de départ, etc. Et le premier ministre nous a encore parlé, de même que le ministre Bonnardel, de 225 policiers additionnels à Montréal. Or, ça ne s'est jamais concrétisé.

Voici un tableau tiré des rapports annuels du Service de police de la ville de Montréal 2018 à 2023. Ce que le tableau démontre très clairement, c'est que de 2018 à 2023, on parle de -136 policiers au Service de police de la ville de Montréal, c'est-à-dire moins 3 %, -2,98 %. C'est ça, la vérité. Le premier ministre et le ministre nous parlent du programme Centaure à partir de 2021. Même constatation, de 2021 jusqu'à 2023, c'est moins de policiers aussi, -68 policiers, donc moins, moins de policiers. C'est ça qu'on voit ici sur ce tableau, très clairement.

Même chose sur la criminalité. On a parlé du fait que là, il y a des phénomènes qui préoccupent les Québécoises et les Québécois, et le premier ministre s'est concentré sur une donnée sur la violence armée pour dire que ça diminue. Or, cette donnée-là isolée, d'autres experts l'ont déjà dit, aujourd'hui même, en réaction au commentaire du premier ministre. Ils ont dit : Oui, mais attendez, là, ça ne traduit pas la réalité, ce n'est qu'un critère parmi d'autres.

Et là ce que... ce qu'est la réalité, c'est que les services de police nous parlent d'une augmentation considérable de plusieurs crimes graves à Montréal mais partout au Québec. Par exemple, le Service de police de la ville de Montréal, pour son bilan annuel 2023, confirme une hausse importante des vols de véhicules à moteur, plus 22,7 %; des crimes contre la personne, des crimes contre la personne, plus 29,4 % par rapport à 2018; des voies de fait, plus 10 % en un an; les incendies criminels, 52 % d'augmentation depuis 2018; les crimes haineux, 353 l'an dernier, une hausse de 174 %.

Donc, il y a plusieurs données qu'il faut considérer et qui démontrent que ce que... ce qui nous a été affirmé ce matin en Chambre n'est pas vrai. Et de toute façon, les nouvelles, jour après jour, nous le confirment aussi. Le phénomène des gangs de rue, du recrutement des jeunes s'est aggravé, et nous avons été unanimes à adopter une motion mardi dernier en disant qu'il faut passer à l'action. Passer à l'action, ça commence par une commission parlementaire, où on va avoir des vraies données, des vrais experts, des corps policiers, notamment, du milieu de l'éducation, de la protection de la jeunesse, des parents, les intervenants, les organisations communautaires, qui vont venir ensemble poser le constat d'aujourd'hui, parce que la situation a évolué.

Journaliste : ...je vous écoute, je me pose la question. Je comprends que vous souhaitez avoir une commission parlementaire. Cela dit, bon, on a quand même beaucoup de faits entre les mains. Donc, vous êtes déjà capable d'avoir une position, c'est-à-dire que vous, vous demandez plus de policiers.

M. Paradis : Ça fait partie des solutions d'augmenter les effectifs policiers, ça fait des mois qu'on le demande, ça fait des mois qu'on l'exige. Mais il y a d'autres solutions aussi qui doivent être appliquées rapidement sur le terrain en matière de prévention aussi, en matière de services communautaires, mais aussi en matière de lutte à la criminalité. Il faut s'adapter à une nouvelle situation, et c'est ce que les chefs de police nous disent partout à travers le Québec. On a besoin de ressources. On a besoin d'un nouveau plan, et le gouvernement ne cesse de nous ramener des années en arrière, en disant : Bien, oui, on a ça. On a fait ça en 2021. On a fait ça depuis qu'on est arrivés.

La situation, elle évolue rapidement sur le terrain. Et ce qu'on a eu aujourd'hui, c'est une illustration patente du besoin d'avoir un véritable dialogue franc avec de véritables données, parce qu'on a un gouvernement qui tourne les coins ronds ou maquille certaines données pour se présenter sous un meilleur jour. Ce n'est pas le temps de faire de la politique. C'est le temps de faire des constats sur ce qui se passe sur le terrain, parce que ça concerne des centaines de jeunes, dont on nous dit que certains sont littéralement utilisés comme chair à canon actuellement par les groupes armés. On a ce portrait-là encore dans les médias ce matin. Il faut agir de manière urgente.

Journaliste : ...M. Bonnardel disait qu'il allait rencontrer, je pense, demain matin, les chefs de la SQ puis du SPVM. Est-ce que ce n'est pas là un signe que, justement, il prend ça au sérieux?

M. Paradis : Bien, c'est très bien. Mais qu'est-ce qui va ressortir de ces rencontres-là, qui vont avoir lieu à huis clos? Est-ce qu'on va avoir le même genre de données après, ou on va avoir des données partielles, ou des données qui ne correspondent pas à la réalité, qui ne sont pas vraies? C'est pour ça qu'une commission parlementaire, ça permet d'avoir un débat franc, où on va établir la... le véritable portrait de la situation pour agir rapidement.

Alors, c'est ce qu'il nous faut. Il y a... C'est un levier, là, très important qu'on a, là. Nous, on est les députés. Les députés, on a dit ensemble mardi dernier qu'on était préoccupés face à l'aggravation d'un phénomène qui préoccupe d'ailleurs les Québécoises et les Québécois, et qu'il faut qu'on passe à l'action. Passons à l'action.

Journaliste : ...peuvent vraiment faire lorsqu'on parle de luttes de pouvoir, finalement, dans des... de conflits entre groupes criminels. Je veux dire, même le ministre de la Sécurité publique, là, il n'est pas policier, là, ce n'est pas lui qui est dans les enquêtes. Donc, qu'est-ce que vraiment les politiciens peuvent faire dans ce contexte-là de...

M. Paradis : Il y a beaucoup de choses qu'on peut faire, et c'est notamment réunir tout le monde, mobiliser tout le monde, libérer la parole aussi et obtenir des données justes et à jour. Les gens à qui on parle actuellement nous parlent aussi d'un grand problème de la loi du silence qui est imposé, de l'omerta. Les gens ont peur. Parce que c'est ça, là, on parle de crime organisé, de gangs armés qui imposent leur loi. Alors, les parents nous disent : Je les vois les situations, mais on n'arrive pas à y parler, on n'arrive pas à en parler. Ça fait que, oui, parlez-en, parlez-en pour qu'on fasse le point sur cette situation, qu'on regarde les choses en face et franchement, pour pouvoir agir ensuite.

Journaliste : Je me demandais... la motion du 0,05?

M. Paradis : Oui, ce matin. Oui, on a voté.

Une voix : ...

M. Paradis : On s'est abstenus.

Journaliste : Qu'est-ce qui cloche avec... C'est parce que j'essaie de comprendre votre... la position du Parti québécois sur cette question-là. Là, on commence à avoir beaucoup, beaucoup d'études. Il y a presque toutes les provinces, à part le... bien, en fait, toutes les provinces, parce que le Yukon n'est pas une province, là, mais il y a juste le Yukon puis le Québec qui ne l'ont pas fait, plein de choses qui démontrent que ça réduit les risques, ça réduit... La SAAQ parle de neuf décès de moins peut-être en moyenne par année avec cette mesure-là. Qu'est-ce que ça vous prend?

M. Paradis : Oui. Nous, on l'a dit ce matin : On est prêts à avoir le débat. Ayons le débat puis surtout changeons cette attitude du gouvernement, encore une fois, là, qui nous cache des informations, mais ayons le débat.

Journaliste : ...à avoir sur cette mesure-là?

M. Paradis : Bien, ça sert à ça les débats parlementaires, à en discuter pour prendre les meilleures décisions. Alors, on est prêts, nous, à avoir le débat.

(Fin à 14 h 03)

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