(Huit heures vingt-sept minutes)
Mme Labrie : Bonjour, tout le
monde. Contente de vous voir ce matin. Ça ne va pas bien dans le réseau de la
santé et des services sociaux. Après plusieurs années de promesses du
gouvernement de la CAQ, il n'y a rien qui se concrétise encore pour améliorer l'accès
aux soins. Un demi-million de personnes malades qui ont de la misère à avoir
des services en première ligne au Québec, c'est phénoménal encore. Moi, je l'entends
très régulièrement, que le GAP, ça ne fonctionne pas très bien. On l'entend de
la part des citoyens. Des scandales après scandales en protection de la
jeunesse. Encore, le ministre qui essaie de s'en sortir en mettant sous
tutelle. Moi, une tutelle, j'en ai déjà vu une dans ma région, je peux vous
dire que ça n'a pas donné grand-chose, on fait encore les manchettes chez nous
pour les problèmes avec la protection de la jeunesse.
Et puis ce qui... ce qui me... ce qui me
fâche le plus en ce moment, je vous dirais, c'est cette directive qu'il y a eu
dans le réseau de la santé et des services sociaux pour ne pas donner accès au
programme de soins dentaires aux personnes qui font affaire avec le réseau de
la santé et des services sociaux. Moi, j'ai demandé à la commission des droits
de la personne et de la jeunesse et au Protecteur du citoyen de se pencher
là-dessus. J'estime que c'est de la discrimination envers les gens, cette
directive. Évidemment que nous, on veut que le Québec signe une entente pour
aller chercher sa part de financement pour qu'on puisse développer notre propre
programme, mais, en attendant, il n'est pas question de priver les gens de
services et de soins, en fait, auxquels ils devraient avoir droit. Donc, je
trouve ça scandaleux, cette directive-là, puis j'espère qu'ils vont reculer.
Mme Zaga Mendez : Merci,
Christine. Bonjour, tout le monde. Aujourd'hui, je suis ici pour parler des
mines, puis ça va vous surprendre parce que, ce matin, je ne vais pas vous
parler du statu quo environnemental de la CAQ, mais plutôt celui des libéraux.
Parce qu'en ce moment les libéraux, le Parti libéral du Québec est en train de
saboter les avancées qu'on trouve dans le projet de loi sur les mines.
Moi, je travaille sur ce dossier depuis
deux ans, puis, depuis 10 ans, qu'on n'a pas ouvert et qu'on n'a pas mis à
jour cette loi. Et ce que j'ai à côté de moi au Parlement, ce n'est pas l'aile
parlementaire libérale, c'est l'aile parlementaire des multinationales. Parce
que je pense que les libéraux sont en train d'oublier que les claims et l'exploration
minière, en ce moment, c'est fait chez les gens du Québec, ça se passe dans la
cour des Québécois et Québécoises. Puis il est temps de mettre le bien commun
en avant... intérêts privés.
Dans le projet de loi, je nous rappelle,
on prévoit de soustraire les claims miniers dans les terres privées. On parle
aussi d'instaurer un BAPE pour tout projet minier. Et quand les libéraux s'opposent
puis essaient de saboter ces avancées, bien, ils sont en train de protéger les
intérêts des minières et des multinationales avant les intérêts des Québécois.
On dirait qu'ils n'ont pas appris de leur échec, nommé Plan Nord. On ne peut
pas continuer avec cette mentalité du «drill, baby, drill» en 2024. Et j'espère
que la ministre va se tenir debout devant ces lobbys miniers puis les lobbys du
Parti libéral.
Journaliste : Mme Labrie,
on va revenir sur la santé. Hier, le gouvernement, le Conseil des ministres a
décidé de démissionner les deux têtes dirigeantes du CISSS de la Côte-Nord.
Vous en pensez quoi? Trouvez-vous que c'est le moyen de régler les problèmes
là-bas?
Mme Labrie : Bien, ça
ressemble à une stratégie pour donner l'impression qu'ils font des choses. Pour
moi, c'est une façon d'essayer de rassurer les gens sans vraiment mettre en
place des solutions, même chose avec la tutelle par ailleurs. C'est deux
stratégies qui ressemblent à de la diversion.
Journaliste : Le niveau des
barrages qui semble être le même que l'année dernière, qui a fait un... faire
un trou de 1,3 milliard de dollars dans le Trésor public, est-ce que...
qu'est-ce que vous dites de ça? Est-ce que ça vous inquiète particulièrement?
Mme Zaga Mendez : Bien, c'est
très inquiétant parce que c'est une conséquence, un, des changements
climatiques, mais aussi du fait que nos infrastructures, surtout celles d'Hydro-Québec,
ne sont pas encore toutes adaptées aux effets des changements climatiques. Et c'est
pour ça qu'il y a quelques semaines, nous avons demandé de chiffrer les coûts
de l'adaptation. Et là-dessus, il faut inclure combien ça va coûter adapter nos
barrages, revoir nos infrastructures. Parce qu'à la fin de la journée, ceux et
celles qui vont payer plus, bien, c'est les gens du Québec, parce qu'on va voir
peut-être les tarifs augmentés. On ne veut pas se rendre là, alors il faut
adapter nos infrastructures aux changements climatiques, en commençant par les
barrages.
Journaliste : Comment on fait
ça?
Mme Zaga Mendez : Bien, je ne
suis pas une experte en hydroélectricité, malheureusement. De ce que je sais, c'est
qu'il existe de l'expertise au sein d'Hydro-Québec puis des différents
ministères. On demande au ministère de l'Environnement de nous chiffrer le coût
de l'adaptation. Je pense qu'on a l'expertise au Québec de le faire. Il faut le
montrer et le faire rapidement, sinon, c'est plus tard que la facture va être
plus salée.
Journaliste : Ce n'est pas un
petit peu étonnant de vous voir aujourd'hui défendre un projet de loi caquiste,
vous en prendre aux libéraux?
Mme Zaga Mendez : Moi, ça
fait deux ans que je travaille sur ce dossier-là, et, depuis deux ans, il y a
un milieu qui est extrêmement mobilisé, ce sont les municipalités partout à
Québec. L'UMQ est venu nous dire que ces avancées qui sont dans le projet de
loi sont souhaitables. Et, pour une fois, moi, je peux le dire, la ministre a
fait preuve d'écoute. Je ne défends pas l'entièreté du projet de loi. Je
défends les avancées qui sont là pour les gens du Québec, qui sont en train de
voir en ce moment leurs terrains privés, leurs chalets, leurs maisons se faire
claimer. On ne peut pas faire le développement minier comme ça. Et là, on a eu
l'écoute de la ministre.
Et puis, de l'autre côté, ce que je vois,
c'est le Parti libéral qui ramène les propos des minières. Les minières ne
veulent pas que... veulent continuer à claimer dans la dans la cour du monde, c'est
ça qu'elles veulent. Quand on parle de soustraire les territoires privés, les
minières s'opposent à ça, et le Parti libéral continue à défendre ces propos.
Pour moi, c'est inacceptable. Moi, aujourd'hui, je présente une motion pour
faire... pour voir la vraie couleur du Parti libéral. Est-ce qu'ils sont pour
les multinationales ou pour les gens du Québec?
Journaliste : Pour ou contre
une commission parlementaire sur la violence armée puis le recrutement des
jeunes? C'est ce que demande le Parti québécois.
Mme Labrie : C'est une très
bonne proposition. C'est un enjeu qui inquiète tout le monde, évidemment, à
commencer par les parents et puis les jeunes eux-mêmes par ailleurs. Donc, oui,
on va... on est prêts à travailler là-dessus.
Journaliste : Le troisième
lien, là, qui serait super haut pour laisser passer le Queen Mary 2,
est-ce qu'il faut que le gouvernement protège l'industrie des croisières dans
son plan du futur pont du troisième lien?
Mme Labrie : Il faut que le
gouvernement comprenne qu'ajouter des autoroutes ne réduit pas les problèmes de
circulation. Peu importe la hauteur de ce pont-là, ça ne va pas résoudre les
problèmes de circulation à Québec. Le consensus scientifique, il est extrêmement
clair. On n'en a pas besoin, de troisième lien, et, si on en avait un, ça
augmenterait les problèmes de circulation à Québec. C'est ça, la réponse à
votre question.
Journaliste : Parlant de
consensus scientifique, j'aimerais vous amener sur Éduc'alcool. Partagez-vous
les préoccupations de vos collègues libéraux à propos de l'organisme? Monsef
Derraji accusait Éduc'alcool de promouvoir de la pseudoscience, il demandait de
définancer carrément l'organisation et de faire comparaître le P.D.G. de la SAAQ
et les ministres Girard et Guilbault.
Mme Labrie : C'est sûr que
leur posture soulève des questions, je vous dirais, parce qu'il y en a un,
consensus scientifique clair sur le fait qu'abaisser, là, le seuil à 0,05 pour
des sanctions administratives ça améliorait la sécurité sur nos routes, hein?
Puis nous, tout ce qu'on souhaite, c'est éviter le plus de décès puis
d'accidents possible, là, sur nos routes.
Donc, la décision à prendre... puis ce
n'est pas à Éduc'alcool de la prendre, c'est au gouvernement, c'est... la
décision à prendre, c'est de commencer à imposer des sanctions administratives
à partir de 0,05. Nous, on invite le gouvernement à le faire. Mon collègue,
Étienne Grandmont, s'est exprimé à plusieurs reprises là-dessus, déjà, puis la
décision n'est pas entre les mains d'Éduc'alcool, elle est entre les mains du
gouvernement.
Journaliste : Mais la
question, c'est le financement à Éduc'alcool, savoir si cet organisme-là est
encore crédible en raison de ses sources de financement.
Mme Labrie : Bien, ça pose
des questions. Leur position, en ce moment, soulève des questions. Peut-être
qu'ils ne sont pas à jour, mais il en existe, des études plus à jour, là, qui
nous indiquent clairement, là, la direction à prendre, comme société, pour
améliorer la sécurité publique. Donc, moi, je pense que c'est ça qu'on devrait
écouter. C'est à eux de se justifier, là, de leur position, actuellement. Moi,
je ne la comprends pas, leur position, elle n'est pas à jour avec les consensus
scientifiques.
Journaliste : ...du taux
d'alcoolémie toléré dans le sang, il y a une enquête du Devoir qui mentionnait
ce matin qu'Éduc'alcool, systématiquement, minimise les risques liés à la
consommation d'alcool et exagère les bénéfices. Est-ce qu'à vos yeux cet organisme-là
devrait recevoir de l'argent des contribuables?
Mme Labrie : Ça soulève
énormément de questions, effectivement. Puis on sait que leur financement, il
vient notamment, là, de l'industrie de l'alcool. Donc, ça pose des questions
sur la manière dont est financé cet organisme et puis est-ce que ça oriente
leurs positions. Bien, c'est à eux d'y répondre, en fait.
Journaliste : ...dire, tu
sais, on a déjà des organismes de santé publique qui peuvent faire de la
promotion des saines habitudes de vie. Donc, ce n'est pas un peu étrange qu'on
se rabat sur un organisme qui a beaucoup de crédibilité à cause de ça mais
qui...
Mme Labrie : Bien, ils en ont
perdu pas mal, là, en tout cas, moi, je vous dirais, là.
Journaliste : Mais, tu sais,
il reste quand même qu'ils ont des redevances, là, ils touchent de l'argent
public. Donc, ça, est-ce que c'est un modèle à revoir, selon vous?
Mme Labrie : La question se
pose. Bien, moi, ce que je voudrais, en fait, c'est une ministre qui base ses
décisions, pas sur ce qu'Éduc'alcool dit mais sur les consensus scientifiques.
C'est ça qu'elle devrait faire, la ministre Guilbault, en ce moment.
Journaliste : Est-ce qu'on
les débranche?
Mme Labrie : La question se
pose, comme je vous dis. Moi, je n'ai pas pris le temps de faire l'étude de
tout ça, là, mais...
Journaliste : ...le consensus
scientifique. La référence, depuis des années, au Québec, c'est Éduc'alcool.
Là, il y a un problème, là... il manque d'eau dans le barrage pour les
alimenter, là.
Mme Labrie : Est-ce que la
référence devrait plutôt être la santé publique? Probablement, oui. Si la
référence était Éduc'alcool, pour la ministre, puis c'est ça qui l'empêche de
bouger, alors on a un énorme problème, là.
Journaliste : ...c'est une
référence, là. Là, ça l'est moins, peut-être, aujourd'hui? Est-ce que,
justement, on ne doit pas faire en sorte qu'on se retourne vers le Dr Boileau
plutôt qu'Éduc'alcool?
Mme Labrie : Bien, on devrait
se tourner vers les consensus scientifiques les plus récents, et, de toute
évidence, ils pointent dans la direction de sanctions administratives à partir
de 0,05. Moi, c'est ce que j'ai le goût de suivre, comme élue, comme citoyenne
aussi. Donc, c'est ce que je voudrais voir le gouvernement faire.
Ce qu'on veut, là, c'est qu'il y ait le
moins d'accidents et de décès possible sur nos routes, hein? Les victimes de
ces accidents-là, ce n'est pas seulement les personnes qui les vivent, c'est
aussi leurs proches, c'est des familles. Il faut penser à ça, là, ça a des
conséquences. Même pour une personne qui ne perd pas la vie, ça peut avoir des
conséquences sur toute la suite de leur parcours de vie, là, d'avoir été blessé
dans un accident de la route. Donc, la décision à prendre, elle est claire, là,
là-dessus. On veut minimiser ces types d'accidents là. Il faut appliquer des
sanctions à partir de 0,05, on a toutes les indications qui nous disent que ça
aurait un effet important.
Journaliste : We are
expecting Minister Roberge to table a bill today on international students. I
recognize you can't comment on the bill itself because you haven't seen it, but
when it comes to international students, do you feel that they are an issue
when it comes to temporary immigration? Do you feel that we should be taking in
less in Québec?
Mme Labrie : Well, we'll have
a look at the bill, for sure, we have to reconsiderate the amount of temporary
immigration in Québec, that's what we said a long time ago, but what I also know is that it's not international students that are
the main «fardeau»...
Mme Zaga Mendez : Burden.
Mme Labrie : ...burden on public services. They are... They contribute to
science. They are working in universities. So, we will have a look at the bill.
And what we want is that there is no negative effects in our regions and in our
universities...
Journaliste :
When it comes to the regions, being a
MNAs... I mean, just what exactly is your concern here when it comes to that?
Mme Labrie :
I know that universities are worried
that there would be an impact in their community. There are a lot of
international students. They contribute to research. So, we have a lot of
programs where there is sometimes, majority of the students that comes from
international countries. So, it's an important part of the research that we do
in our universities actually, so they are worried. We will have a serious look
at this project, at this bill.
Journaliste :
Do you fear that they could potentially
close institutions if the... goes down because of this?
Mme Labrie :
Well, we have to look at the bill.
Close institutions seems like too big... But for some programs, it will be very
difficult to survive if the amount of international students is very... if it
drops too much. So, that's why we will have a serious look at this. It will be
an issue for some programs, for sure.
Journaliste : Merci.
Mme Labrie : Merci beaucoup.
(Fin à 8 h 40)