(Onze heures trente minutes)
M. Roberge : Bonjour. Merci d'être
présentes et présents. Merci de vous être déplacés. Donc, effectivement,
aujourd'hui, je viens vous donner davantage d'explications sur le projet de loi
n° 74, Loi visant principalement à améliorer l'encadrement
relatif aux étudiants étrangers. Donc, d'abord, un peu de contexte et quelques
chiffres. Il faut savoir que ce projet de loi s'inscrit dans un contexte qui
est particulier. On sait qu'on a plus de 600 000... on peut appeler ça des
résidents non permanents ou des immigrants temporaires sur le territoire
québécois. Une part de ces résidents non permanents sont des étudiants
étrangers. Environ 24 % des immigrants temporaires sur le territoire
québécois sont des étudiants étrangers.
Il faut savoir aussi que, sur 10 ans,
entre 2014 et 2024, nous sommes passés de 50 000 étudiants étrangers
à plus de 120 000 étudiants étrangers. C'est une augmentation
extraordinaire, écoutez, une augmentation de 140 %. Tout le monde
comprendra que la population du Québec n'a pas augmenté de 140 %. Le
nombre d'étudiants dans nos centres de formation professionnelle, dans nos
cégeps, dans nos universités n'a pas augmenté de 140 %. Donc, c'est quand
même quelque chose qui est extraordinaire. C'est une situation sur laquelle on
doit se pencher, évidemment.
Encore un petit peu d'information sur le
contexte. Il faut savoir qu'environ 80 % de ces étudiants étrangers sont
en enseignement supérieur, donc dans les cégeps et les universités, environ
10 % sont en formation professionnelle et un peu moins de 10 % sont
dans les écoles primaires et secondaires, ce sont les enfants d'autres
immigrants temporaires.
Dans le contexte aussi, je peux vous
donner deux exemples qui... qui nous interpellent, et, je pense, qui devraient interpeller
à peu près tout le monde, des exemples de dérapages. Il y a, par exemple, un
collège privé, que je ne nommerai pas ici pour l'instant, un collège privé de
formation professionnelle qui a vu son nombre d'étudiants étrangers augmenter
de 246 % en même pas un an et demi, 246 % de hausse d'étudiants
étrangers entre le 1er janvier 2023 et le 15 mai 2024. Donc, on voit
ici qu'il y a quand même un dérapage. C'est comme si, dans ce cas-ci, comme
dans d'autres, l'enseignement, l'éducation ne serait plus une mission sociale,
une mission économique, mais un modèle d'affaires pour vendre la citoyenneté
québécoise et canadienne à des gens plutôt que de vendre la qualité du diplôme,
la qualité de la formation, la réponse aux besoins de main-d'oeuvre.
Exemple encore plus frappant, un autre
établissement privé qui a vu, lui, sa clientèle d'étudiants étrangers augmenter,
entre le 1er janvier 2023 et le 15 mai 2024, de 1 392 %,
donc presque 14 fois plus d'étudiants en même pas un an et demi. Donc, on
voit, là, qu'il y a clairement des dérapages.
En 2023, presque 60 %, donc,
58,7 % des étudiants étrangers sont dans la grande région de Montréal.
Ensuite, bien, ils sont répartis, je vous dirais, assez globalement dans le
reste du Québec, dans les différentes régions, dans les centres, par exemple,
dans la capitale nationale, 10,2 % des étudiants étrangers sont dans la
Capitale-Nationale, en Mauricie, 5 %, Saguenay-Lac-Saint-Jean, 4,9 %,
Estrie, 4,1 %. Donc, on voit que c'est vraiment concentré dans le Grand
Montréal.
Il faut faire attention. Ni moi, ni mes
collègues, ni l'ensemble du gouvernement ne voyons la présence d'étudiants
étrangers comme un problème à régler. Ce serait un raccourci. Ce n'est pas le
cas. Ce n'est pas la vision qu'on voit. La présence d'étudiants étrangers,
c'est surtout quelque chose qui contribue au rayonnement de nos établissements
d'enseignement. C'est surtout aussi des opportunités pour faire, je vous
dirais, des gestes concrets pour combler des besoins de main-d'œuvre dans des
secteurs spécifiques puis nous aider aussi à répondre à la demande en termes de
services publics. Donc, attention, le gouvernement du Québec ne s'attaque pas
aux institutions, ne s'attaque pas aux étudiants étrangers comme si c'était un
problème à régler, un bloc monolithique dont on voudrait se débarrasser. Ce
n'est pas le cas. Cependant, le très grand nombre d'étudiants étrangers peut
poser problème, nous amène à se poser des questions, puis il y a des exemples
aussi qui nous interpellent.
Évidemment, quand on pense à la pression
exercée par le grand nombre d'immigrants temporaires, dans le nombre
d'étudiants étrangers, on peut penser aux services publics santé, éducation,
quand on parle d'étudiants qui sont plus jeunes, on peut beaucoup penser au
logement aussi.
Le projet de loi vient se poser comme une
solution à une situation qui est complexe. Et c'est pour ça qu'on a besoin du
projet de loi, parce que le projet de loi vient nous donner de l'agilité
gouvernementale, il vient nous donner une nouvelle capacité à faire nos propres
choix et surtout à faire de meilleurs choix. Donc, le projet de loi nous donne
de nouveaux leviers, nous permet d'obtenir davantage d'informations. Donc,
c'est un projet de loi qui est porté par le ministre de l'Éducation, mais qui
va permettre aussi au ministre de... porté par le ministre de l'Immigration,
mais qui va permettre à la ministre de l'Enseignement supérieur et au ministre
de l'Éducation d'obtenir davantage d'informations, d'informations plus fines
pour prendre ensuite de meilleures décisions. Ça va nous permettre de fixer
avec plus d'agilité le nombre de demandes et d'acceptations d'étudiants
étrangers en fonction des régions, en fonction des ordres d'enseignement, en
fonction des établissements puis en fonction des programmes, en fonction,
justement, de la vitalité de nos institutions qu'on veut préserver, de la
préservation de programmes d'études en région, qui, des fois, restent ouverts
grâce aux étudiants étrangers. Donc, on veut accompagner ces établissements-là
dans la cueillette d'information, mais aussi, ensuite, plus tard, dans la mise
en place des modifications qui viendront.
Pour le gouvernement du Québec, le réseau
de l'éducation, ces institutions, ce n'est pas un modèle d'affaires, c'est un
mandat social, un mandat économique, qu'il a, ce réseau, et il faut agir avec,
je vous dirais, précision. Il faut être chirurgical lorsqu'on intervient dans
notre réseau scolaire, dans notre réseau d'enseignement supérieur, et c'est
vraiment ce que nous permettra de faire ce projet de loi là.
Je précise et je rappelle qu'on veut
préserver vraiment les programmes en région. Je sais très, très bien que
plusieurs programmes sont parfois gardés en vie dans des régions grâce à la
présence d'étudiants étrangers, et ces programmes-là permettent ensuite à des
Québécois de suivre leur formation près de chez eux et de demeurer en région.
Évidemment qu'on voudra préserver ça, comme on veut, d'ailleurs, préserver la
vitalité de la langue française au Québec.
Donc, c'est certain qu'il y a la question
des régions, il y a la question de la vitalité des institutions, il y a la
question des programmes en fonction des besoins de main-d'oeuvre, mais il y a
aussi, évidemment, la question de la langue française. Je vous l'ai dit tout à
l'heure, il y a une grande partie des étudiants étrangers qui sont dans le
Grand Montréal, là où la langue est le plus menacée.
Donc, voilà, c'est un projet qui va nous
permettre de développer davantage d'agilité et qui va nous forcer, qui va nous
amener à travailler en équipe. Parce qu'à la fin les recommandations mèneront à
des décrets gouvernementaux, mais sur recommandation de trois ministres qui
travailleront en collaboration, c'est-à-dire Immigration, Enseignement
supérieur et Éducation. Je vous remercie et je suis prêt à prendre vos
questions.
Le Modérateur : Merci, M.
Roberge. On va passer à la période de questions et, en commençant, on peut
aller à Sébastien Desrosiers, Radio-Canada.
Journaliste : Bonjour, M.
Roberge. Vous avez le contrôle, d'une certaine façon sur les étudiants
étrangers qui viennent s'établir ici. Avant d'obtenir un permis d'études, ils
doivent obtenir un certificat d'acceptation du Québec. Jusqu'à tout récemment,
on pouvait lire, dans le plan stratégique du ministère de l'Enseignement
supérieur : «Attirer davantage d'étudiants internationaux est une priorité
gouvernementale.» Alors, est-ce que vous reconnaissez votre responsabilité dans
le fait qu'il y en a trop, des étudiants étrangers, aujourd'hui, au Québec, si
tel est votre avis?
M. Roberge : Je pense qu'il
faudrait dire... attirer des étudiants internationaux dans certains secteurs en
fonction des besoins de main-d'œuvre régionaux et en tenant compte des créneaux
d'excellence aussi. Je vais vous donner un exemple, par exemple, les sciences
de la mer, les sciences de l'océan, de la biologie marine à Rimouski, je pense
que c'est très important, puis on peut très bien comprendre, à Québec, cette
spécificité, ce créneau d'excellence qui est à Rimouski, par exemple.
Journaliste : Mais est-ce que
vous reconnaissez que ce n'est pas la faute d'Ottawa, au fond? Vous avez une
responsabilité dans le fait qu'il y en a 120 000, étudiants étrangers,
maintenant au Québec.
M. Roberge : Ce projet de
loi, c'est la phase deux de quelque chose qui avait été commencé lorsque
j'étais ministre de l'Enseignement supérieur, poursuivi par la ministre
Danielle McCann, qui avait, je vous dirais, fait un premier tour de roue, un
premier resserrement, parce qu'il y avait des dérapages et... Mais, cependant,
ce qu'on voit, c'est qu'en ce moment le gouvernement du Québec, oui, a une
compétence en enseignement supérieur, compétence sur les étudiants étrangers,
vous avez raison de le dire, mais on n'a pas le bon outil. C'est comme si on
avait un marteau pour faire rentrer une vis, et ça ne permet pas de faire les
choses correctement, élégamment et avec précision.
En ce moment, on peut seulement définir un
plafond maximal du nombre d'étudiants étrangers. Le nombre de CAQ que nous
émettons, les certificats d'acceptation du Québec, voici ce qu'on contrôle,
mais on ne peut pas déterminer en fonction de nos besoins de main-d'oeuvre, en
fonction de la pérennité de certains programmes régionaux. Donc, en ce moment,
on n'a pas l'outil correct, législatif. On a la compétence, en matière de
compétence provinciale ou fédérale, mais il nous manque l'outil législatif.
Donc, aujourd'hui, on vient se donner l'agilité nécessaire.
Journaliste : Donc, c'est
pour ça que vous ne l'avez pas fait jusqu'ici, je comprends bien. Et il n'y a
pas de cible dans votre projet de loi. De combien il faut diminuer le nombre
d'étudiants étrangers au Québec, à votre avis?
M. Roberge : C'est certain
qu'il va y avoir une diminution, d'accord? Par contre, je ne m'avancerai pas
aujourd'hui sur une diminution ni en nombre total ni un pourcentage, parce que
la réflexion et l'analyse se font en ce moment par mes deux collègues en
analysant leurs réseaux. Donc, moi, je m'occupe, là, de nous donner l'outil
législatif qui va nous permettre d'être agiles, puis, après ça, bien, en
équipe, on verra dans quel programme il peut y avoir des resserrements ou pas,
mais l'analyse va se faire en parallèle. Mais, de toute façon, si on ne faisait
que l'analyse, en ce moment, sans voir aussi législatif, ça ne serait pas
utile, tu sais. S'acheter une boîte de vis quand tu as juste un marteau, ça ne
sert à rien.
Le Modérateur : Fanny
Lévesque, La Presse.
Journaliste : Oui. Bonjour,
M. Roberge. Juste pour continuer sur la question de mon collègue, je comprends
que vous n'avez pas de cible, là, puis que vous allez faire l'analyse de tout
ça, mais il y a quand même un débat important, au Québec, en ce moment, sur la
réduction du nombre d'immigrants temporaires. M. Legault a des demandes très
précises là-dedans. Ottawa vous demande d'en faire plus. Vous agissez
aujourd'hui avec un projet de loi, mais vous devez quand même... Je veux dire,
quand vous dites que vous allez réduire le nombre d'étudiants étrangers, est-ce
qu'on parle d'une réduction importante, d'une réduction modeste? À quel point
ça va avoir un effet dans le portrait total de l'immigration temporaire au
Québec?
M. Roberge : Ça va être une
réduction adéquate. Écoutez, pour l'instant, je vous dirais qu'il faut y aller
dans l'ordre et en séquence. Donc, aujourd'hui, j'arrive avec le projet de loi,
et, en même temps qu'on va étudier le projet de loi, mes collègues vont
recueillir des informations, ils vont faire l'analyse. Ce serait vraiment
prématuré de vous annoncer aujourd'hui des chiffres.
Par contre, on va vouloir agir assez
rapidement puisque, comme on veut avoir un meilleur contrôle, plus d'acuité,
puis une première réduction dès septembre 2025, ça veut dire qu'on va venir
vous voir assez rapidement cet automne ou au début de l'année 2025, en
vous annonçant des chiffres et des cibles. Mais, si je ne vous les dis pas
aujourd'hui, ce n'est pas parce que je veux les cacher, c'est parce qu'on ne
les a pas. On fait cette... en ce moment.
Journaliste : Dans le projet
de loi, il y a, je pense, à l'article 3, il semble avoir des détails, là,
sur... On dit qu'«une décision peut être prise en tenant compte des
orientations, des objectifs fixés au plan annuel d'immigration — puis,
après ça, on dit ça, c'est nouveau, là — et, au besoin, de favoriser
une diversité en provenance des demandes de sélection, des considérations
humanitaires, situations susceptibles de compromettre la santé, sécurité et le
bien être des personnes immigrantes». Est-ce que ça, ça vise les demandeurs
d'asile? Parce que, est-ce que vous avez ajouté quelque chose parce qu'il y a
aussi une nouvelle réalité qui existe, que, donc, des étudiants entrent ici
comme étudiant puis, ensuite ça, font une demande d'asile? Est-ce que c'est ça
que ça vient encadrer, cet article-là?
M. Roberge : Bien, on touche
effectivement cette situation-là. Parmi les choses qu'on veut regarder, une
fois qu'on aura ces outils législatifs là, c'est de s'assurer que les gens qui
viennent ici viennent réellement pour étudier, pour apprendre, pour contribuer,
qui ne viennent pas ici sous un prétexte qui est faux, c'est-à-dire en arrivant
en tant qu'étudiant étranger, alors qu'en réalité ils ne veulent pas étudier, ils
voudraient faire une demande d'asile, ou des gens qui prétendraient avoir la
capacité financière de payer leurs études, mais que, dans le fond, ne
l'auraient pas. On va tenir compte de tout ça.
Journaliste : Donc, c'est une
priorité, là, peut-être de réduire, de s'attaquer à cette réalité-là précise
que vous remarquez, qui est en augmentation, là, sur les demandes d'asile.
M. Roberge : Bien, ce qu'on
veut, en réalité, c'est que, lorsqu'on... lorsqu'on admet... plutôt que de dire
ce qu'on ne veut pas, je vais dire ce qu'on veut. Ce qu'on veut, avec cet
outil-là, c'est admettre un nombre d'étudiants étrangers qui respecte notre
capacité d'accueil, qui ne vient pas causer des problèmes de logement puis de
pénaliser les gens qui sont déjà sur le territoire. On veut admettre des
étudiants étrangers qui vont venir nous aider à répondre à nos enjeux de
services publics puis qui vont nous permettre de maintenir des programmes en
région, qui vont nous permettre de maintenir des créneaux d'excellence, qui
vont nous permettre d'aller dans des secteurs où on a de grandes pénuries, et
qui vont nous permettre de renforcer la qualité de langue française. Donc, si
on ne coche pas ces cases-là, bien, c'est possible qu'on sera dans une des
cibles de réduction. Maintenant, il faut regarder ce programme par programme,
institution par institution. On n'arrivera pas avec du mur-à-mur. On ne viendra
pas s'attaquer, là, à des institutions qui sont importantes pour le Québec et
ses régions.
Journaliste : Mais, pour vous,
par exemple, un étudiant qui arrive ici puis qui fait, ensuite de ça, une
demande d'asile, est-ce que c'est un prétexte valable, l'entrer pour...
M. Roberge : Bien,
idéalement... En fait, une demande d'asile, ça devrait se faire même, je vous dirais,
à partir de son pays d'origine. Ça, ça serait la bonne manière en réalité.
Alors, quand quelqu'un arrive ici avec un visa de touriste puis une demande
d'asile, ça peut poser des problèmes. D'ailleurs, il faut dire, à peu près un
demandeur d'asile sur trois, au bout du compte, est refusé par le gouvernement
canadien. Donc, on veut des étudiants qui sont des étudiants étrangers, pas des
demandeurs d'asile qui utilisent des visas étudiants pour faire des demandes
d'asile... les Québécois s'attendent à un État qui est efficace puis qu'il y a
des outils législatifs pour atteindre ces objectifs.
Journaliste : Est-ce que ça
pourrait être interdit, au final, ça, ce processus-là?
M. Roberge : Bien, on va
analyser les choses. Je vous dirais qu'il y a une partie qui appartient à
Ottawa aussi, parce qu'il y a l'admission d'abord dans une institution. Après
ça, il y a l'analyse du gouvernement du Québec, analyse que nous allons pouvoir
faire beaucoup mieux avec la loi actuelle, et donc l'émission ou pas du
certificat d'acceptation du Québec, donc, ici, peut venir la nouvelle
limitation. Et après coup... après quoi Ottawa fait, parmi ceux qu'on a émis,
une deuxième évaluation. Puis eux aussi resserrent en ce moment. J'ai eu des
conversations avec le ministre Miller et le ministre Leblanc, eux aussi veulent
resserrer pour être certains qu'il n'y a pas des enjeux de sécurité aussi.
Le Modérateur : Merci.
Claudie Côté, TVA.
Journaliste : Bonjour, M. le
ministre. Juste pour être clair sur les cibles, là, je comprends que vous ne
l'avez pas encore, vous allez faire des... Vous allez y arriver dans les
prochaines semaines, prochains mois. 120 000, c'est trop?
M. Roberge : Oui, 120 000,
c'est trop.
Journaliste : Donc, si, au
terme de votre consultation, le chiffre avoisine 120 000 étudiants
étrangers, qu'est-ce que vous allez faire?
M. Roberge : Bien, ça... je
suis convaincu que nous ne serons plus à 120 000, je ne peux pas dire où
on va être, parce que, déjà, dans les analyses préliminaires que l'on a, on
voit des institutions qui abusent, on voit des dérapages. Donc, il y a des
choses qui sont évidentes qui nous démontrent tout de suite qu'on ne sera plus
à 120 000 puis il y a d'autres choses qui demandent une analyse plus fine,
puis c'est pour ça qu'on va vous revenir.
Journaliste : Vous avez dit à
ma collègue, Fanny Lévesque, que la sensibilité régionale, c'est important,
parce que le pouvoir que vous vous donnez avec le projet de loi, mal utilisé,
pourrait avoir des conséquences fâcheuses. C'est quoi, les garde-fous, dans le
projet de loi qu'il y a pour éviter des conséquences fâcheuses?
M. Roberge : Bien, c'est le
fait que la décision sera une décision gouvernementale, appuyée par trois
ministres, trois ministères qui ont des perspectives différentes et qui
consultent le réseau avant de faire des recommandations. Donc, le fait qu'on a
une vision intégrée qui est transversale, je pense que ça peut rassurer les
gens, les régions, les institutions.
Journaliste : Mais, ultimement,
le pouvoir, c'est le ministre de l'Immigration qui l'a.
M. Roberge : Ultimement,
c'est le gouvernement. C'est une recommandation qui est conjointe. Donc, ce
projet de loi ne place pas le ministre de l'Éducation au-dessus de ses
collègues.
Journaliste : Ça peut être
une décision qui est politique, quand même, de déterminer qu'on en accueille
moins, par exemple.
M. Roberge : Je ne me
cacherai pas que, quand on est au gouvernement, on prend des décisions
politiques, mais, pour moi, "politique", c'est un mot noble. Quand
les gens me disent : Ah! vous faites de la politique. Certainement, on
sert les Québécois, certainement, on fait de la politique, on ne s'en cache
pas, mais je pense qu'on peut faire de la politique pour les bonnes raisons, en
prenant soin des gens.
Le Modérateur : Thomas
Laberge, La Presse canadienne.
Journaliste : Merci. Bonjour,
M. Roberge. Ce n'est pas de l'ingérence, ça, dans la gouvernance des
universités, de leur dire le nombre d'étudiants qu'ils vont pouvoir prendre?
M. Roberge : Bien, pas du
tout. Je pense que ce ne serait pas normal si les politiques migratoires de
l'État québécois étaient gérées, définies par, quoi, 60, 70 institutions
différentes qui ont toutes leurs perspectives, là. Je pense à plus de, quoi...
plus de 40 cégeps, plus 18 universités, je ne sais pas combien de
collèges privés. Ce n'est pas normal que des politiques d'immigration qui ont
des impacts ensuite sur la santé, sur l'éducation, sur le logement ne soient
pas prises par le gouvernement québécois, lui qui a une vision transversale,
qui peut considérer à la fois l'économie, les relations internationales, les
créneaux d'excellence.
Donc, non, je ne pense pas que c'est de
l'ingérence, je pense que c'est de la bonne gouvernance. Je pense que les
Québécois s'attendent à ça du gouvernement.
Journaliste : Puis vous leur
avez parlé, aux universités, aux cégeps, ils sont d'accord avec votre
initiative?
M. Roberge : Ce sont mes
collègues qui discutent avec leurs réseaux respectifs, je sais que les
conversations sont commencées.
Journaliste : O.K. Puis les
échos sont bons?
M. Roberge : Il faudra leur
demander. Écoutez, c'est eux qui font les conversations avec les réseaux
respectifs. Mais je pense que les explications que l'on donne aujourd'hui sont
de nature à démontrer le sérieux du travail qu'on fait puis à rassurer les
gens. Mais il ne s'agit pas de sortir des épouvantails puis penser qu'on s'en
va s'attaquer à des cégeps ou des universités régionales ou des centres de
formation professionnelle publics. On n'est pas là du tout.
Journaliste : On ne peut pas
s'empêcher de noter une distance de ton quand vous parlez des des secteurs
d'immigration que Québec contrôle, que ceux qu'Ottawa contrôle. Quand vous
parlez d'Ottawa, vous donnez des cibles précises. Vous dites qu'on... qu'il
faut qu'on répartisse la moitié des demandeurs d'asile du Québec ailleurs.
Lorsqu'on vous demande des cibles ici, pour le Québec, vous n'êtes pas capable
de nous répondre. Vous dites : On verra plus tard, on va être chirurgical.
Vous faites preuve de beaucoup plus de nuance lorsque vous parlez des
immigrants ici qu'à Ottawa. Ça ne vous fait pas réaliser la complexité de la
chose et que peut-être qu'à Ottawa aussi, ils ont ce genre d'enjeu là à prendre
en compte?
M. Roberge : Je pense que la
comparaison est boiteuse, parce que nous n'avons pas perdu le contrôle de notre
réseau d'éducation ou de notre réseau d'enseignement supérieur, comme Ottawa a
perdu le contrôle sur la question des demandeurs d'asile, comme Ottawa avait
perdu le contrôle carrément sur ses frontières avec le chemin Roxham. La
preuve, c'est qu'ils l'ont fermé ensuite, hein, donc... Et on sait très bien
qu'en grande majorité les étudiants étrangers qui arrivent au Québec sont des
apports à la nation québécoise et que ce sont des atouts pour les institutions.
Et, quand on se compare, au Québec, par
rapport au reste du Canada, je pense que ce qu'on fait dans notre réseau
d'enseignement supérieur montre qu'on le fait assez bien. Tandis que, quand on
regarde notre comparatif demandeurs d'asile Québec-Canada, on voit bien que, écoutez,
c'est le bar ouvert et ça n'a aucun sens que le Québec reçoive deux fois plus
de demandeurs d'asile que sa proportion de la population canadienne. Donc,
c'est normal qu'on le dise.
D'ailleurs, le ministre Miller l'a dit
lui-même qu'il est allé beaucoup trop loin. Donc, c'est vrai qu'on va y aller
avec circonspection, qu'on va réduire le nombre d'étudiants, mais qu'on ne
traite pas de la même manière les étudiants étrangers qui passent par un
processus de sélection et qui gardent des programmes à vie versus des gens qui
demandent l'asile au Canada, au Canada, mais qui finalement sont hébergés au
Québec par les Québécois. Donc, on ne traite pas sur la même manière.
Journaliste : Je vais me
permettre quelques questions à ce moment-ci. Bon, je sais que vous parliez, là,
de la réaction des universités. On a déjà une réaction, notamment du réseau de
l'UQ qui émet de vives préoccupations à la suite de la volonté exprimée par le
gouvernement du Québec. On mentionne que la plupart des étudiants, notamment
dans le réseau de l'UQ, parlent français, ont le français comme langue d'usage.
On dit aussi que, pendant la durée de leurs études, il y a plusieurs étudiants
qui permettent de combler la pénurie de main-d'œuvre. Qu'est-ce que vous répondez
à des préoccupations comme celles-là? Puis je vous dirais aussi qu'est-ce que
vous répondez aux préoccupations qui vont sans doute être émises par McGill et
Concordia, les grandes universités anglophones auxquelles vous avez déjà imposé
des restrictions dans les derniers mois.
M. Roberge : Bien, d'abord,
je peux comprendre que les institutions voient ce projet de loi là et émettent
des préoccupations. Je comprends parce que le gouvernement du Québec se permet
d'agir là où il agissait peu parce qu'on n'avait pas les outils suffisamment
précis pour agir là de manière précise. Donc, je peux comprendre qu'ils se
posent des questions à ce moment-ci. Cependant, je pense qu'ils ont l'oreille
de leur ministre Pascale Déry. Et au réseau UQ, je peux vous dire : C'est
certain que le fait que vous donniez des cours en français, bien, c'est
rassurant, c'est rassurant parce que c'est un des éléments qu'on va considérer,
mais pas le seul, seul, vraiment pas le seul. Est-ce que ce sont des étudiants
qui gardent des programmes en vie? Est-ce que ce sont des étudiants qui gardent
des chaires de recherche en vie? Est-ce que ce sont des étudiants qui sont dans
les secteurs prioritaires? C'est d'autres critères qu'on va considérer, mais
qu'on va considérer avec le réseau.
Journaliste : Vous avez parlé
plus tôt de préserver les programmes en région. Je pense que c'est une
intention que vous avez. Qu'est-ce qui constitue une région plus précisément?
Parce que, bon, dans le Grand Montréal, on comprend qu'il y a certains...
certaines décisions que vous allez devoir prendre. Mais qu'est-ce qui constitue
une région à vos yeux puis est-ce que, dans ces endroits-là, il pourrait même y
avoir une augmentation du nombre de demandes d'étudiants étrangers acceptés
annuellement?
M. Roberge : Bien, quand je
dis qu'on veut préserver des programmes dans des secteurs importants,
particulièrement en région, c'est parce que je sais que c'est... c'est souvent
en région que le nombre d'étudiants étrangers permet de garder des cohortes.
C'est des petits groupes, là, à 14 étudiants, dont sept étudiants
étrangers, je ne pense pas qu'il y en a tant que ça dans le Grand Montréal,
mais s'il y en a, là, on va les considérer, on va les considérer, on ne fera
pas de mur à mur, puis on va regarder chaque situation comme telle. Mais je
pense que c'est pas mal plus présent, par exemple à Baie-Comeau ou à Rimouski,
les très petites cohortes gardées en vie grâce à un nombre X d'étudiants
étrangers.
Ceci dit, écoutez, ça se peut que dans
un... dans un programme donné, grâce aux étudiants étrangers, il y ait cinq
groupes de 20, puis qu'à la réflexion, on va dire, bien, finalement, à quatre
groupes de 20 ou à trois groupes de 20, le programme n'est pas du tout menacé,
on atteint la cible puis on ne voit pas tellement la plus-value pour la nation
québécoise, tout bien considéré, d'avoir autant d'étudiants. Donc, il va
falloir être très, très agiles, très très agiles dans la manière de faire les
choses. Puis, oui, mes collègues vont avoir besoin de la participation des
institutions.
Journaliste : J'ai quelques
questions. J'ai deux questions, en fait, de notre collègue Patrick Bellerose,
du Journal de Québec, qui n'a pas pu être là aujourd'hui. Il aborde... il
demande d'abord : Vous avez évoqué la nécessité de protéger la langue
française avec votre projet de loi, pouvez-vous nous expliquer comment celui-ci
ou les décrets à venir vont s'appliquer différemment selon les universités
anglophones et francophones?
M. Roberge : Bien, il ne
s'agit pas de s'attaquer au réseau anglophone, pas... pas du tout. Cependant,
ça peut être un élément qui va être considéré, à savoir dans quelle langue le
programme est donné. On sait qu'il y a presque 60 % des étudiants
étrangers qui sont dans la région de Montréal. Donc, si on veut réduire les
nombres, évidemment qu'il va y avoir des nombres qui forcément vont être
réduits dans la région de Montréal, et on sait que les grandes institutions
anglophones sont dans la région de Montréal. Quand je dis ça, là, je dis des
évidences. Mais il ne s'agit pas de dire : Bon, bien, ça y est, grâce à ce
projet de loi là, nous allons nous attaquer à telle ou telle institution. Ce
n'est pas l'intention gouvernementale. Donc, je veux rassurer les gens, là, il
n'y a pas personne en ce moment qui est dans la mire du gouvernement ou du
ministre.
Journaliste : O.K. Je... et
je pense qu'il y avait une deuxième question. Excusez-moi, je ne l'avais pas
vue. Quel pouvoir vous donne ce projet de loi que vous n'avez pas présentement
pour faire l'analyse de la situation dans les établissements?
M. Roberge : C'est un pouvoir
qui donne... C'est un projet de loi qui permet au ministre de l'Éducation et à
la ministre de l'Enseignement supérieur de demander et d'obtenir des
informations ayant plus de granularité, c'est le nouveau terme maintenant, là,
donc plus précis en fonction des programmes, en fonction des cohortes parce
qu'on sait, les institutions ont une autonomie académique qui n'est pas
menacée, mais parfois l'obtention de données peut être compliquée. Donc, avec
la loi, ça va être plus facile, puis l'obtention de données va nous permettre
de prendre les meilleures décisions. Donc, je pense que les institutions vont
être très ouvertes à partager les informations parce qu'ils ne voudraient pas
que des décisions soient prises sur de mauvaises bases évidemment.
Le Modérateur
: On avait
quelques questions de... étudiante en journalisme, ou ça fait le tour?
Journaliste : J'avais....
Bonjour.
M. Roberge : Bonjour, bienvenue.
Journaliste : Bonjour, M. le
ministre, merci. J'avais une question concernant... Je reviens sur la question
de la langue française et de sa priorisation. Est-ce que vous... vous pourriez,
dans le futur, émettre des quotas par pays en fonction si... par exemple, on
sait que, il me semble, un tiers des étudiants étrangers sont français si je ne
m'abuse. Est-ce que vous iriez aller enfin émettre des quotas à certains pays,
des priorités dans les délivrances de permis d'études?
M. Roberge : Ce n'est pas
dans nos intentions de dire qu'on va sélectionner des étudiants dans certains
pays, ou plutôt... ou même dire : Surtout pas de ce pays-là. On ne sait
pas, ce n'est vraiment pas dans nos intentions. Ce n'est pas ça... ce n'est pas
ça dans notre grille d'analyse.
Journaliste : À moins d'être
du côté des établissements, pas...
M. Roberge : Région, secteur,
besoin de main-d'oeuvre, priorités gouvernementales, langue, maintien des
programmes, taille des cohortes, on est davantage là-dedans. Mais il y a une
analyse fine, là. Tu sais, les des gens qui vont prendre ça puis vont vouloir
se faire des peurs vont le faire. Il y a des gens qui aiment ça, là, c'est
l'Halloween puis les épouvantails vont s'agiter, mais ça va durer quelques semaines,
puis après ça les gens vont voir que le travail est sérieux, rigoureux. Il va
falloir qu'ils rentrent leurs épouvantails puis qu'ils soient un peu plus
sérieux. Je m'attends un peu à ça, mais moi, je vous dis : Écoutez, là,
gardons la tête froide, analysons le projet de loi. Moi, je suis disposé à
l'améliorer. Quand on va faire les auditions particulières, on va écouter
attentivement les groupes. Ce projet de loi là va être amélioré. Chaque fois
que j'ai... je pense que c'est mon septième projet de loi, il y a toujours eu
des amendements suite aux gens qui sont venus parler en commission. Ça fait que
moi, je suis convaincu qu'il va être adopté dans une version supérieure à ce
qui est là, même s'il est très bon. Donc, moi, je dis : Plutôt que de critiquer
ou de se faire peur, venez nous parler, puis on va l'améliorer.
Journaliste : Peut-être une
question sur l'adoption d'ici Noël. C'est ce que vous avez dit?
M. Roberge : Bien, je le
souhaite ardemment parce qu'on veut vraiment amorcer, je vous dirais, un
nouveau cycle à partir de septembre 2025, puis ça va se faire graduellement sur
quelques années. Il ne faut pas penser... on n'arrive pas d'une manière ni mur
à mur ni drastique. D'accord? On va... Mais on veut commencer en septembre
2025, donc il faut agir quand même assez, assez promptement.
Le Modérateur
: Parlons
de «promptement», on me dit qu'il faut y aller promptement pour les questions
en anglais.
M. Roberge : Oui,
excusez-moi, je fais peut-être des réponses trop longues, là.
Le Modérateur
: Donc,
je vais commencer avec Franca Mignacca, Global.
Journaliste : Good afternoon.
M. Roberge :
Good afternoon.
Journaliste :
You mentioned that there is no specific
schools being targeted by this bill. I understand that you're not specifically
targeting anglophones institutions, but are you still saying, then, that
there's still a possibility they might face consequences with this bill?
M. Roberge : Well, we will
discuss with all the universities, and colleges, and CEGEPs, and my colleague,
Pascale Déry, will do so, and I know she had a lot of discussions with all the
universities and CEGEPs and colleges. So, there will be a lot of
considerations, but in concrete terms, those new levers that we will have with
this bill would enable us to set the numbers of foreign students according to a
number of criterias such as... regionalization, excuse me, strategic
programs... study and categories of institutions.
But, also, the Government has a duty to
promote and ensure the vitality of the French language, of course, and to do
everything in its power to reverse the decline that we know now. But we didn't
target any university and we won't do so.
Journaliste : We heard, as
well, the Federal Immigration Minister, Mark Mueller, said, a few weeks back,
that he is concerned, he has seen an alarming increase in the number of
international students seeking asylum. Just how much of an issue is that here,
in Québec? Have you noticed an increase in the number of students seeking
asylum, for example?
M. Roberge : I don't have
those numbers, but I had some discussions with my colleague Mr. Miller, and we
share the same thought : we should analyze better the profile of each
student who wants to study here, in Québec.
Le Modérateur : Merci. Olivia
O'Malley, CTV.
Journaliste : Good afternoon.
You talk about analyzing better these students. So what criteria specifically
will you keep an eye out for when determining the best students, quote,
unquote, to come to Québec?
M. Roberge : I think we will
have to do this job with our partner, the Federal Government, because I think
it's more the part of the Federal Government. But working together, maybe we
can do a better job analyzing those profiles.
Journaliste : Is there
anything that you think you should keep an eye out for that might kind of sound
an alarm that someone might be trying to stay longer and not just as a student
and contribute to Québec society?
M. Roberge : Well, I think
I'll let my colleague, Pascale Déry, answer, because this is really specific to
the job that she will do after that we have those new powers with the bill, you
know. My job is to increase our agility with this bill, but I won't become the
minister of... of «Enseignement supérieur» or the minister of Education. We
will do this together, and each minister will have to do its part, and I won't
do the part of my colleague.
Le Modérateur : Phil Authier,
The Gazette.
Journaliste : Good afternoon.
We know the Premier Legault has said that there are some, I guess, private
institutions that are abusing the system, the foreign student system. And as
you said yourself, some of them are using it as a money machine for their own
needs. What... Of the 120,000 international students in Québec, what percentage
would you say are related to abuse of the system and what percentage is
legitimate and students that are really coming here for their future?
M. Roberge : I don't have all
those numbers right now. I don't have those numbers. We are still analyzing our
network.
Journaliste : Right. But how
big is the abuse? How much abuse is going on as well?
M. Roberge : «Abuse», it's a
huge word.
Journaliste : Well, he used
it.
M. Roberge : Yes, well, I
gave two example of some specific, really huge increase of the number of
students within like 16 months. I think those are obvious, obvious cases, but I
won't make a statement and judge all the universities and colleges with those
facts. We should analyze really carefully before to take action.
Journaliste : We know that
McGill, Concordia and Bishop's have been very destabilized by the other
measures that the Government has taken on tuition, and they
were watching this today to see how far you're going to go on reducing the
number of international students. And now they seem to be in a situation where
there's still uncertainty. What can you say to Concordia, McGill, and Bishop's
to reassure them that they're not going to take a hit in their numbers of
students?
M. Roberge :
Well, I'm saying : Let's work
together. Let's discuss with us and with Pascale Déry. When Pascale Déry and I
announced some measures in 2023, I've heard some concerns where it really
exaggerates by those universities. Seeing what happens right now in Concordia
and Bishop's and in McGill, I think McGill have more students than the last
year. And if I read what they've said one year ago, it was like... it was like
the end of the world. But I don't think, it's the end of the world right now on
those universities. So, everybody should analyze this carefully. And I don't
think they have to be afraid. Let's discuss together how we can do it in the
best ways.
Le Modérateur :
Cathy Senay, CBC.
Journaliste :
Just to clarify this point, Minister
Roberge, about why the they should not be afraid, since with this bill, you
have specific criteria to reduce the number of foreign students and that
includes institution? So, why they should not be afraid?
M. Roberge :
Well, because we will reduce the
numbers with some criteria that are well chosen. And we don't want to reduce
just to reduce. We don't want to say: O.K. Let's cut and discuss after. We
discuss first, and if we need some some students coming from other countries,
well, they will still continue to go here in Québec. So, it's... we didn't
today take any decision, but to increase our agility. That's it.
Journaliste :
O.K. The fact and the matter is Québec
has the control to increase or reduce the global number of foreign students...
M. Roberge :
Which is normal.
Journaliste :
...why don't you do it? If you are
saying that 120,000 foreign students is too many, why don't you just... freeze
or reduce it?
1rob Oh! Well, you're asking why, why, why I don't reduce right now the
number before to adopt this bill? Because if I reduce... if the Government
reduce the number right here, right now before to discuss with the institution,
before to increase our agility, I think we could really hurt our institutions,
hurt some programs, vital programs for the Québec, for the economy, for our
services. And we don't want to do that.
Journaliste : Merci.
Le Modérateur : Ceci met fin
à la conférence de presse.
(Fin à 12 h 12)