(Huit heures vingt-deux minutes)
M. Grandmont : Bonjour,
tout le monde. Content de vous retrouver. On est correct?
Une voix : ...
M. Grandmont : Parfait.
Merci beaucoup. Bien, d'abord, je voudrais vous parler du projet de tramway de
la ville de Québec. On a vu que le premier ministre était donc à Paris, à
visiter... à rencontrer les dirigeants de la compagnie Alstom. Puis il nous a
annoncé dans le même élan qu'il n'était pas encore au courant, si on devrait
faire refaire l'appel d'offres pour le tramway de Québec.
Entre vous et moi, là, je trouve ça
particulièrement gênant pour le premier ministre, qui se retrouve là-bas devant
l'entreprise qui pourrait être celle qui réalise le projet, qui a déjà
participé à un appel d'offres. Le premier ministre, là, le 13 juin
dernier, s'est engagé à relancer le tramway. Comment ça se fait que, le 14 juin,
il n'a pas demandé à ses équipes de juristes de vérifier si, le tramway, on
avait besoin de refaire l'appel d'offres? C'est gênant, vraiment, de se
présenter à Paris puis de sortir ça de son chapeau. Je ne comprends pas. Moi,
je trouve que le premier ministre se met dans un embarras immense. En fait, il
nous met dans l'embarras. On a l'air d'une belle gang de pee-wees en France en
ce moment. Une nation qui ne sait pas gérer ses projets, ça n'a juste aucun bon
sens.
Alors, est-ce que... Ma question, c'est :
est-ce que le premier ministre sait ce qu'il fait? Est-ce qu'il ralentit
volontairement le projet ou il ne sait juste pas travailler? Puis il est en
train de ralentir le projet de tramway pour une cinquième fois. Ça m'inquiète.
Les gens en ont besoin. Les gens veulent le tramway, qu'ils soient pris dans le
trafic ou qu'ils soient dans le transport en commun, entassés dans les autobus
du RTC. On a besoin du tramway rapidement. Mais que le premier ministre arrête
d'avoir l'air d'un pee-wee, arrête de nous faire passer pour des pee-wees. Puis
je ne le dis pas péjorativement pour les pee-wees, les joueurs de hockey
pee-wees. Mais qu'il nous... Honnêtement, un peu de sérieux, qu'il nous
fasse... qu'il nous fasse avoir l'air de gens qui savent travailler à l'international.
Mme Labrie : Bonjour,
tout le monde. Vous savez, on est confronté à une grave pénurie d'enseignants.
Non seulement de la difficulté à les garder quand ils sont dans les classes,
mais on a aussi de la difficulté à les garder quand ils sont dans les
programmes d'enseignement. Et puis maintenant on sait qu'on a aussi de la
difficulté à avoir des inscriptions dans nos programmes d'enseignement. Donc,
le problème est grave.
Nous, on a une solution à proposer. Mon
collègue Sol Zanetti, avec ma collègue Ruba Ghazal, va débattre cet après-midi
de la rémunération des derniers stages en enseignement. On a vu que le ministre
Drainville avait ouvert la porte dans les derniers jours à la rémunération des
derniers stages. On pense que c'est une mesure pour laquelle il devrait aller
de l'avant. Ça va favoriser la rétention de ces étudiants-là, ça va réduire
leur précarité. Puis j'oserais dire que ça peut aussi favoriser le recrutement
parce qu'en fait, en ce moment, on a des personnes qui sont en situation de
choisir une carrière, un programme d'enseignement, et puis il y a des
programmes qui durent trois ans, il y en a d'autres qui durent quatre ans avec
des stages rémunérés, le programme de génie, par exemple.
Puis on a des programmes de quatre ans en
enseignement pour lesquels il n'y a pas de stage rémunéré. Ce n'est pas tentant
quand on connaît la situation de précarité financière dans laquelle vivent les
étudiants. Moi, je les comprends d'hésiter avant de choisir un programme comme
celui-là, pour lequel ça va prendre quatre ans avant de finir par avoir un
salaire. Les femmes en particulier sont un peu tannées, là, de se faire
exploiter par le système. Puis la notion de vocation, là, ça leur parle de
moins en moins. Donc, la rémunération des derniers stages en enseignement
apparaît clairement comme une façon d'envoyer le signal, là, qu'on change d'approche
par rapport à ces domaines-là qui sont en majorité féminine puis qui méritent d'avoir
des stages rémunérés, là, comme on le fait, par exemple, dans les facultés de
génie et autres. Voilà.
Journaliste : ...ça n'a pas
de clause par rapport aux modifications des conditions de...
M. Grandmont : Pardon?
Vous dites?
Journaliste : ...n'aurait pas
une clause à quelque part, là, pour contester et revenir sur l'appel d'offres?
M. Grandmont : Écoutez.
Moi, je... Mon point aujourd'hui, là, c'est de dire comment ça se fait que ça
sort maintenant, alors que le premier ministre est à Paris? Il a annoncé le 13 juin
qu'il allait de l'avant avec la phase 1 du tramway proposé par la CDPQ
Infra. Moi, si j'avais été le premier ministre, là, à la place de François
Legault, puis que j'avais pris cet engagement-là de faire avancer le tramway,
dès le 14 juin, même le 13 en journée, j'aurais demandé à mes équipes de
demander à mes juristes d'évaluer le plus rapidement possible si on a besoin de
refaire un appel d'offre, que le travail se fasse auprès des juristes,
évidemment, puis tout le monde veut que ça se fasse dans la légalité. Mais
honnêtement, là, ça fait plus de 100 jours, ça fait plus de 100 jours
que le premier ministre s'est engagé avec le tramway. Puis là, il nous sort ça
de son chapeau en direct de Paris, loin du trafic puis des médias de Québec.
Moi, je trouve ça gênant.
Journaliste : ...c'est du
théâtre?
M. Grandmont : Pardon?
Journaliste : C'est du
théâtre?
M. Grandmont : Est-ce
que c'est du théâtre? Je ne sais pas, mais il est rendu à sa cinquième. On est
rendu au moins au cinquième épisode où le premier ministre ou la CAQ ralentit
le projet de tramway. On est tannés à Québec de se faire niaiser par la CAQ,
là. Il faut que ce projet-là aille de l'avant.
Journaliste : Et ce n'est
pas... pas critiquer pour critiquer, sachant que, bon, il y a des avis, des
avis juridiques qui ont été faits? Clairement, on sent qu'il y a peut-être
anguille sous roche concernant ce contrat-là à cause de... Clairement, il y a
des craintes de poursuites. Est-ce que ce n'est pas la bonne chose à faire de
prendre son temps pour être certain de ne pas se faire poursuivre, après ça, à
gauche, par une entreprise milliardaire?
M. Grandmont : Il y aura...
il y a une évaluation à faire.
Journaliste : Parce que
Alstom aussi pourrait se revirer de bord si...
M. Grandmont : Il y a une
évaluation à faire, il y a une évaluation à faire, d'abord, sur l'aspect légal.
Il y a une évaluation à faire évidemment aussi sur les coûts-bénéfices de
refaire l'appel d'offres, avec peut-être des pénalités aussi pour Alstom, ou de
refaire... ou de ne pas le faire, de ne pas faire un nouvel appel d'offres,
avec peut-être une cause pour... Je vous l'accorde, mais le problème, c'est que
ça sorte hier en direct de Paris. C'est ça, le problème. Dès le 14 juin,
le premier ministre aurait dû se revirer vers ses employés puis dire :
Vous m'évaluez ça au plus rapidement. Moi, je veux livrer le projet le plus
rapidement possible. C'est le délai, ça n'a juste aucun bon sens.
Journaliste : Ça a été
répondu après une question d'un journaliste.
M. Grandmont : C'est-à-dire?
Journaliste : Bien,
pourquoi... à ce moment-là si... Il est allé de l'avant avec cette
information-là, il a répondu à une question d'un journaliste, ce n'est pas lui
qui l'a déclaré dans... Quand on écoute l'enregistrement, c'est que,
finalement, il a comme été un peu forcé de dire que ça prenait du temps à cause
de ça, donc...
M. Grandmont : Bien, si c'est
effectivement le cas, c'est encore plus gênant parce que...
Journaliste : ...ce n'est pas
une bonne nouvelle que, finalement, on connaisse un peu les dessous des
retards?
M. Grandmont : Si... C'est
encore plus gênant que ça ne soit pas venu de lui-même. Moi, je vous dis, là,
si ça avait été Québec solidaire au pouvoir, qui avait fait l'annonce qu'on
allait de l'avant avec le projet de tramway le 13 juin dernier, dès le 14 juin,
au plus tard, on aurait mandaté nos équipes pour que les juristes évaluent
l'ensemble de cet enjeu-là.
Donc, je salue le travail des journalistes
qui étaient présents à Paris, qui ont fait sortir le chat du sac. Le premier
ministre, visiblement, n'est pas préparé, n'est pas sérieux dans le projet de
tramway. Moi, c'est ça que ça m'indique. Ça m'inquiète.
Journaliste : Concernant les
missions à l'étranger, vous ne participez pas à ça. Est-ce que c'est...
Pourquoi, en fait? Puis qu'est-ce que vous pensez de ce qu'on apprend, là, sur
les dépenses qui ont été engagées?
Mme Labrie : Bien, écoutez,
nous, de manière générale, on a suffisamment de travail ici. On les évalue au
cas par cas, selon leur pertinence, et c'est extrêmement rare qu'on a souhaité
y participer, là. Comme je vous dis, on est assez... on est assez occupés ici,
donc je...
Journaliste : Est-ce que vous
pensez que vos collègues devraient faire la même chose?
Mme Labrie : Bien oui,
évidemment, je pense qu'on devrait chaque fois se demander si c'est une mission
qui vaut le déplacement ou pas. Nous, c'est ce qu'on fait.
Journaliste : 36 voyages, 700 000 $,
100 000 $ pour la Géorgie. On aide combien de groupes communautaires
avec ça?
Mme Labrie : On aide beaucoup
de monde, avec ça, c'est sûr, mais, après ça, je pense que c'est du cas par cas
pour les missions à l'étranger. Et puis certaines peuvent valoir la peine,
d'autres moins.
Journaliste : ...critiquez
constamment les dépenses du gouvernement. Vous l'appuyer, celle-là, vous êtes
pour?
Mme Labrie : Moi, je n'en
faisais pas partie, de cette mission-là, ça fait que je ne suis pas en mesure
de vous dire qu'est-ce qu'ils ont fait là-bas puis si celle-là valait la peine.
Journaliste : ...gouvernement.
Ça, c'est une dépense des deniers publics, de l'impôt des contribuables. Est-ce
que c'est justifié?
Mme Labrie : Bien, c'est aux
gens qui sont allés de justifier ce qu'ils ont fait là-bas.
Journaliste : ...vous
critiquez les Kings de Los Angeles, vous critiquez toutes sortes
d'investissements du gouvernement. Ce n'est pas vous autres qui avez pris la
décision. Là, vous n'étiez pas là, vous n'avez pas pris la décision. Moi, je
vous demande : Est-ce que vous critiquez cette dépense-là?
Mme Labrie : Nous, on a pris
la décision de ne pas y aller à cette mission-là.
Journaliste : ...les autres,
est-ce qu'ils... 700 000?
Mme Labrie : C'est à eux de
répondre à cette question-là.
Journaliste : Donc, vous
critiquez les Kings, mais vous ne critiquerez pas vos pairs, c'est ça?
Journaliste : Est-ce que vous
prenez des gants blancs parce que vous faites partie du band, c'est quoi?
Pourquoi vous faites si attention, là, avec votre réaction?
Mme Labrie : Bien, moi, je ne
fais pas partie du band, mais...
Journaliste : ...Québec
solidaire, là, vous avez quand même des membres qui siègent à cette
instance-là, donc.
Mme Labrie : Oui, bien sûr,
comme toutes les formations politiques, là.
Journaliste : ...faites
des... Pourquoi vous faites tant attention à votre réaction alors que vous n'y
étiez pas, là?
Mme Labrie : Bien, parce que
je fais toujours attention, moi, de ne pas mettre tout dans le même panier, là.
J'aime bien apporter des nuances, en politique, je trouve qu'il en manque trop
souvent, par ailleurs. Donc, ce que je vous dis c'est : C'est du cas par
cas, puis moi, je ne suis pas allée dans cette mission-là, je ne sais pas ce
qu'ils y ont fait, en Géorgie, c'est à eux de l'expliquer puis d'en évaluer la
pertinence, mais nous, en tout cas, on n'est pas allés, donc, je ne peux pas
vous dire ce qui s'est passé là.
Journaliste : ...justement
ça, le problème, le fait qu'on n'ait aucune idée de ce qui se passe, la
population, dans ces affaires-là. On nous dit : Oui, c'est rendu public
sur le site de l'Assemblée nationale, mais, habituellement, quand le premier
ministre part en mission, on connaît le détail, la feuille de route, qu'est-ce
qu'ils vont y faire.
Mme Labrie : Exact. C'est une
bonne question.
Journaliste : Là, en ce
moment, 36 voyages dont on n'a aucune idée de ce qui s'est passé
réellement là-bas, on ne sait même pas le détail des factures, d'ailleurs, de
ce que les élus ont fait ou consommé, et tout, donc...
Mme Labrie : Vous soulevez
des questions qui sont 100 % pertinentes. Moi, je pense que c'est les gens
qui participent à ces missions-là qui devraient être capables d'expliquer
pourquoi ils y participent, c'est quoi la pertinence d'y aller? Et, dans bien
des cas, peut-être que la pertinence peut être remise en question,
effectivement. Mais moi, je trouve que les généralisations, parfois, c'est la
mauvaise track.
Journaliste : La fin des
missions de recrutement à l'étranger pour les infirmières, entre autres, du
Maroc, d'à peu près toute l'Afrique, sauf peut-être pour la Tunisie, est-ce que
ça vous semble être la bonne décision? Le gouvernement dit que, pour des
raisons éthiques, on ne peut plus justifier d'aller recruter du personnel
là-bas.
Mme Labrie : Moi, ce que
j'aurais à vous dire là-dessus, c'est que c'est dans les cliniques privées qu'on
devrait recruter des infirmières en ce moment. Il y en a beaucoup des
infirmières au Québec, le problème c'est qu'elles ne veulent pas travailler
dans le réseau public. Elles ont... elles ont massivement investi les agences
ou les cliniques privées dans les dernières années notamment, parce que les
gouvernements ont décidé de renvoyer des chirurgies ou toutes sortes d'autres
soins dans les cliniques privées. Donc, nous, ce qu'on dit depuis longtemps,
c'est que les infirmières devraient être sollicitées pour travailler dans le
réseau public.
Journaliste : Il y a un
problème aussi dans les embauches à l'étranger?
Mme Labrie : La question se
pose effectivement, oui, parce que ce sont des pays qui ont besoin également de
personnel médical. Mais, dans tous les cas, il y a beaucoup d'infirmières au
Québec, là. Le problème qu'on a ici, ce n'est pas qu'il y a une pénurie
d'infirmières au sens strict, c'est qu'on a une pénurie d'infirmières qui
veulent travailler dans le secteur public. Elles sont au privé en ce moment.
C'est là qu'on devrait les recruter.
Journaliste : Sinon, sur un
autre sujet, j'aimerais vous entendre sur les coupes à l'aide sociale.
Mme Labrie : Oui.
Journaliste : Qu'est-ce que
vous pensez de la décision qui a été prise par rapport aux allocations pour
contraintes temporaires à l'emploi?
Mme Labrie : Oui, la ministre
essaie de faire une réforme de l'aide sociale à coût nul. D'abord, on ne lutte
pas contre la pauvreté à coût nul dans la vie, là, ça ne se pourra pas, il y
a... À peu près la seule mesure qui peut se faire à coût nul, c'est la question
des gains de travail que j'ai déjà mise de l'avant. Ça, ça ne coûterait rien à
l'État, là. Il y a des personnes aptes à l'emploi qu'on pourrait dire que c'est
un désincitatif à travailler en ce moment, là, quand ils sont plafonnés à
200 $ de gains de travail. Puis, au-delà de ça, bien, effectivement, dans
le projet de loi qu'on a sous les yeux en ce moment, à l'article 25, il
est question de retirer, là, une bonne liste de gens qui avaient accès à une
reconnaissance de contraintes temporaires. Je vais être bien honnête avec vous,
là. Moi je ne suis même pas convaincue qu'il y a des économies à faire avec ça,
parce que parmi ces gens-là, la plupart d'entre eux vont probablement avoir
quand même la reconnaissance d'une contrainte de santé, sauf que ça va leur
prendre plus de paperasse, plus de délais pour la faire reconnaître.
Tu sais, il y a des gens, par exemple,
là-dedans, qui sont des parents d'enfants handicapés. Bien, moi, j'en ai
rencontré des mères sur l'aide sociale, là, monoparentales qui a un enfant
handicapé, là, puis quand l'école les rappelle trois fois par semaine pour
aller chercher leur enfant parce qu'ils ne sont pas capables de le prendre en
charge parce qu'on n'a pas les ressources qu'il faut, ces personnes ne peuvent
pas travailler, là.
Journaliste : Mais, si je
peux me permettre, pour les enfants handicapés, ils pensent le rattraper. Il y
a... Ces personnes-là auraient par un autre chemin accès aux allocations, c'est
plus...
Mme Labrie : Exact. Moi, je
pense que par un autre chemin...
Journaliste : Enfant
handicapé d'âge préscolaire.
Mme Labrie : Oui. Je pense
effectivement que, par un autre chemin, la plupart de ces gens-là vont
probablement avoir accès à une reconnaissance qui vont leur permettre d'avoir
l'allocation supplémentaire, mais ça va leur prendre des démarches. Ça va... Il
va falloir qu'elles aillent voir un professionnel de la santé, qu'elles
remplissent de la paperasse, qu'elles attendent des délais de traitement de ces
demandes-là.
Donc au final, moi je ne suis même pas
convaincue qu'il y a tant d'économie à faire là-dedans. Même au niveau de
l'âge, par exemple, là, notamment les personnes de 58 ans, là, et plus
font partie de celles qui sont visées. À 58 ans et plus, là, une personne
qui est sur l'aide sociale, là, a probablement d'autres facteurs dans sa
situation personnelle qui fait en sorte qu'elle ne peut pas travailler.
Journaliste : ...58 ans,
c'est quand même jeune. Ce n'est pas un peu jeune pour être catalogué vieux
puis inapte à l'emploi?
Mme Labrie : Bien, ces
personnes-là, plusieurs d'entre elles ont des situations de vie qui font
qu'elles ne pourront pas travailler et elles vont devoir prendre un autre
chemin beaucoup plus compliqué pour se le faire reconnaître. Est-ce qu'on va y
gagner vraiment? Moi, je pense que ça va accabler ces gens-là de plus de
démarches administratives. Ça risque de générer des consultations dans le
réseau de la santé, même si c'est pas seulement devant les médecins qu'ils vont
pouvoir se présenter pour ça, ils vont devoir le faire quand même devant les
professionnels de la santé. Donc moi, je ne trouve pas que c'est la bonne voie
à prendre, là, celle que la ministre choisit puis je ne suis même pas
convaincue qu'il y a des économies à faire là-dessus, sincèrement.
Journaliste : Il y a une
escalade actuellement entre l'Iran, Israël, Palestine, puis il y a eu des
débordements à Montréal, comment vous voyez ça tout ça?
Mme Labrie : C'est très
inquiétant puis c'est tout ce que je peux vous dire là-dessus. C'est très
inquiétant de voir la situation dégénérer en ce moment. Je... je trouve qu'on a
un rôle à jouer quand même là-dessus. Il y a des... Il y a de
l'approvisionnement militaire dans la région qui provient notamment du Canada,
donc c'est quelque chose avec lequel on n'est pas à l'aise. Il y a des
ressortissants canadiens et québécois qui ne sont pas en sécurité en ce moment
dans cette région-là. On est inquiets de ça, oui.
Journaliste : On dirait,
hier, que le départ... que l'annonce du départ futur de Mme Rizqy — elle
va terminer son mandat — a comme relancé un peu les débats sur
comment on peut rendre l'Assemblée nationale, disons, plus facile quand... si
on est élus puis on a des enfants. Puis, M. Jolin-Barrette, lui, qui a mis de
l'avant le vote électronique, puis c'est vrai que, dans un récent projet de
loi, je pense que vous y participiez, des conseils municipaux maintenant... les
élus municipaux qui sont en congé maternité peuvent participer au conseil à
distance.
Mme Labrie : ...
Journaliste : Puis là, bon,
je comprends qu'il y a le contexte d'une réforme parlementaire qui... puis ce
n'est pas tous les partis qui s'entendent, mais sur le sujet du vote électronique
de présence à distance dans certaines circonstances, est-ce que vous seriez
ouverts à ça?
Mme Labrie : Moi, le
départ de... le départ annoncé en 2026 de Marwah Rizqy parce qu'on l'a encore
avec nous quelques années, heureusement, c'est une excellente députée, ça
m'attriste beaucoup. Marwah, de toute évidence, adore son travail. Elle est par
ailleurs une excellente députée. Donc, moi, je trouve ça extrêmement dommage
pour la démocratie québécoise qu'on se prive d'une personne comme ça parce que,
et elle a raison de le dire, la conciliation travail-famille pour un élu, c'est
extrêmement difficile. L'Assemblée nationale est une institution qui est en
retard sur son temps. Je vais dire comme ça pour choisir des mots polis.
Effectivement, là, on le voit qu'au fédéral, qu'au municipal, il y a eu des
changements qui ont été faits. La question se pose ici. Puis moi, j'invite à ce
que la réflexion se poursuive là-dessus ici.
Journaliste : Vous,
personnellement, comme vous, seriez-vous favorable, dans certaines
circonstances, de faire de la distance sur le banc des participants du temps,
il y a des commissions parlementaires. Parfois il y a des invités maintenant
qui sont... tout de même de Montréal en visioconférence. Donc, est-ce qu'on
pourrait avoir des élus, des fois, qui puissent faire ça aussi?
Mme Labrie : Écoutez, moi
je pense que c'est une excellente nouvelle, notamment au niveau municipal. Et
c'était suite à des démarches d'élus municipaux, justement pour favoriser la
conciliation travail famille que ça a été fait. C'est une avancée. Je pense que
tout doit être mis sur la table ici à Québec. On doit réfléchir à ça. J'espère
que j'ai de plus en plus de collègues qui ont une sensibilité à ces
questions-là. Parce que se priver d'élus de talent comme ça, c'est un problème,
je vous dirais. Puis on a besoin, dans une démocratie saine, d'avoir une
représentation diversifiée. Ça passe notamment par la parité, ça passe aussi
par la représentation de gens qui viennent de générations différentes, qui ont
des situations de vie différentes. Et ça, ça prend des jeunes parents à
l'Assemblée nationale, ça en prend parce qu'ils ont une réalité particulière
qui mérite d'être entendue ici à l'Assemblée nationale. Ça fait que si on a des
circonstances de travail qui rendent ça extrêmement difficile pour les jeunes
parents de faire de la politique active, bien, on a un problème parce que ces
gens-là vont être éventuellement sous représentés.
Journaliste
: Vous,
M. Grandmont, est-ce ce n'est pas un peu aberrant de donner le pouvoir à
des élus municipaux, de faire quelque chose que vous, vous n'avez pas le droit
de faire.
M. Grandmont : Bien, je
ne me prononcerai pas directement sur un moyen en particulier parce que je
pense qu'il faut qu'on ait la discussion ici à l'Assemblée nationale. Par
contre, je d'accord avec vous sur le fait qu'il y a d'autres paliers de
gouvernement qui ont décidé d'évoluer, de trouver des moyens suite à des
pressions des élus eux-mêmes. Puis la pandémie aussi a été quand même un moment
où on a pu expérimenter d'autres façons de travailler. Donc moi, ce que
j'appelle, c'est un peu comme comme ma collègue Christine, je pense qu'on est
dus, pour avoir cette discussion-là, ici, à l'Assemblée nationale, on a besoin
de se moderniser, on a besoin d'avoir une représentativité très grande. On a
besoin de l'apport et de la parole des jeunes femmes et des jeunes parents ici
à l'Assemblée nationale. Ce n'est pas juste pendant le congé parental. Après
aussi parce que le congé parental c'est une chose, mais la vie, l'usure, là, le
bout le plus dur, là. Puis j'ai trois enfants moi aussi, dont une qui a
seulement 11 ans, c'est le après qui est difficile, c'est quand on...
quand ils sont plus grandes, quand ils sont plus grands. C'est d'avoir à
conjuguer tout le temps. C'est cette vie parentale, puis la vie à l'Assemblée
nationale avec une espèce d'investissement très important des deux côtés de la
médaille, puis en même temps la culpabilité des deux côtés parce qu'on n'est
jamais capable d'être à 100 % d'un bord ou de l'autre. Ça fait que oui, je
pense qu'on est mûr pour cette réflexion-là. On est vraiment mûr pour se
renouveler, améliorer, moderniser les questions qu'est l'Assemblée nationale.
Mme Labrie : Par
ailleurs, juste pour compléter, en. Nous ont déposé une motion aujourd'hui où
on invite justement les parlementaires à se prononcer sur la question du congé
parental. On pense qu'on devrait aller de l'avant avec ça, mais c'est
effectivement pour la fin de cette discussion-là, parce que ce n'est pas
seulement...
Journaliste
: ...
Mme Labrie : On vous l'a
transmis, on demande, c'est une motion générale. Non, non, ce n'est pas...
Journaliste
: ...pour
l'ensemble de la population québécoise.
Mme Labrie : Bien, en
fait. Nous, notre position politique à Québec solidaire, c'est que les élus à
l'Assemblée nationale devraient avoir accès au RQAP, comme les autres parents.
Ça devrait être ça, les modalités pour les élus comme pour tous les autres,
pour tous les autres parents au Québec. C'est ce qui serait le plus équitable
pour tout le monde. Ça me semble juste. Après ça, ce n'est pas ça qu'on se met
dans la motion, là. On invite simplement à ce que les partis s'entendent pour
qu'il y ait un congé parental, et ça devrait à mon sens être seulement le début
de cette conversation-là, parce que comme Étienne l'a mis de l'avant, ce n'est
pas seulement la première année de vie que c'est difficile, la conciliation.
Une voix : ...
Mme Labrie : Well, no. No, we don't have access to RQAP. We don't. We can take a
maternity opportunity leave if we want, but the situation is that we will have our full salary. So, there is the big
culpatibility, because it's not just that we have this treatment and the other
parents doesn't have their full salary when they take a parent leave.
Une voix : ...
Mme Labrie : We do, but nobody is replacing us. So, we have to live with this
culpability of having a full salary, staying at home with our kids. So, it's...
well, it places the MNA in a situation where you don't feel justified to take
this maternity opportunity leave, you feel you have to go back as soon as
possible. So, I think most often we see a few weeks or three months, or... it's
very short.
Journaliste :
...took a month, I believe.
Mme Labrie :
Yes, because there is this big
culpability. It's not just that we don't have the same conditions that other
citizens have here, that's what we want. I feel happy to be the same...
Journaliste :
And you're saying : The whole
system needs to be modernized to be... to reflect more young parents, and...
Mme Labrie :
That's what I'm hoping for, because
it's not only the first year after the birth of a child that you have
difficulties to deal with family and politics. It's hard for at least 20 years
long, and some... some MNAs have... are «proche aidant» too, it's... and it's
conciliation, too, yes.
Journaliste
: Merci.
M. Grandmont : Merci. Thank you.
(Fin à 8 h 43)